Racisme dans le Gard

...Sans Papiers, antifascisme...

Racisme dans le Gard

Messagede Kzimir » 19 Aoû 2012, 19:11

J'ai pas trouvé de sujet général sur les agressions racistes en général, donc je crée ce sujet.
Je pense qu'il y a une question spécifique à poser sur cette région (le Gard, le Var, le Vaucluse, etc.). Ce genre d'article, plus les scores du FN, donnent vraiment l'impression que le coin est gangrené par les idées d'extrême droite. Quelqu'un a une théorie sur les origines de cette implantation ? Si des gens vivent dans ce coin, la situation est vraiment aussi mauvaise qu'on peut le penser ?
Je demande tout ça parce que de là ou je suis quand je lis ce genre d'article j'ai vraiment l'impression qu'il est question d'une autre planète.

Le racisme anti-Arabes se banalise dans le Gard

Voilà près de deux semaines que William Vidal et Monique Guindon, 44 ans tous deux, sont en prison. Dans la nuit du 4 au 5 août à Aigues-Mortes (Gard), ils s'en sont pris à une dizaine de jeunes qui bavardaient devant l'épicerie Viva, à l'angle des rues du Vieux-Bourgidou et Jeanne-Demessieux, quartier du Bosquet, un endroit ni beau ni moche, situé un peu à l'extérieur de la cité fortifiée. Cette nuit-là, entre minuit et demi et 1 heure, alors qu'ils circulaient à bord de leur Citroën Xsara, William et Monique ont voulu "se faire des Arabes". Une ratonnade à eux tout seuls.

Lui était un peu alcoolisé - 1,8 gramme dans le sang - et elle, à jeun. Ils se sont arrêtés une première fois à la hauteur du groupe de jeunes gens. Lorsque l'un d'eux s'est approché pour demander s'ils voulaient un renseignement, ils ont démarré. Ils sont revenus dix minutes plus tard, armés d'un fusil de chasse. Ils se sont de nouveau arrêtés au même endroit et, sans sortir de sa voiture, William s'est écrié : "C'est pas un Arabe qui va me donner un renseignement !" Puis il a tiré une première fois en l'air.

Effrayés, les jeunes se sont enfuis, les uns à gauche vers le terrain de basket, les autres à droite dans un lotissement. William et Monique ont alors entamé la poursuite - "la chasse à l'homme", dira le procureur. Fenêtres de la voiture grandes ouvertes, William brandissait son fusil tandis que Monique criait : "On est en France ici. On est chez nous !"

La scène s'est prolongée pendant une vingtaine de minutes, le temps pour William de tirer au moins neuf coups, de blesser un jeune à l'épaule et au bras, de viser une dame et sa fille de 9 ans qui passaient en voiture. A ses côtés, Monique - la plus vindicative, selon les jeunes - rechargeait le fusil. Alertés, les gendarmes ont fini par intercepter le couple, qui a été condamné dès le 6 août par le tribunal correctionnel de Nîmes en comparution immédiate pour "violence avec armes et incitation à la haine raciale". William a pris quatre ans ferme et Monique, deux ans. Incarcérés à l'issue de l'audience, l'un et l'autre ont fait appel du jugement.

Par miracle, il n'y a eu ni mort ni blessé grave, mais l'affaire laisse un profond traumatisme et les victimes restent sous le choc : "On n'a jamais eu de souci avec personne. On est tous né ici. On est allé à l'école ici. Tout le monde nous connaît."

Agés de 20 à 25 ans, les uns sont étudiants en master à Montpellier, les autres ingénieur dans une société à Marseille ou vendeur en téléphonie, ou encore employé saisonnier dans la commune. Aucun d'eux n'a jamais eu affaire à la police, pas plus qu'ils n'ont eu "la moindre embrouille" avec leurs agresseurs. Lesquels, tous deux également habitants et natifs d'Aigues-Mortes, ne sont pas non plus des voyous. Certes, William a écopé d'une condamnation pour conduite en état d'ivresse, mais de là à brosser le portrait d'un dangereux délinquant, il y a un pas.

Depuis plusieurs années, William et Monique vivent ensemble dans cette petite ville du coeur de la Camargue où, l'été, les touristes se pressent par milliers le long des rives du canal et dans les rues étroites à l'intérieur des remparts. Lui travaille au cimetière où la municipalité l'emploie. Un honnête travailleur, qui boit sûrement plus qu'il ne faudrait mais sans déchoir pour autant. Probablement un brave type ! C'est en tout cas ce qu'assurent tous ceux qui, dans la ville, le connaissent et prennent aujourd'hui sa défense, n'hésitant pas, sur Internet, à fustiger la justice trop clémente "avec les Arabes" et trop dure "avec les Français".

ATMOSPHÈRE LOURDE

"Ils oublient la gravité des faits", s'agace le procureur de la République de Nîmes, Robert Gelli, qui "n'avait jamais vu ça : un tel niveau de violence qui aurait pu tourner au carnage". Réaction identique du préfet du Gard, Hugues Bousiges, qui, tout en condamnant "avec la plus grande fermeté ces actes", regrette que "manifestement, des gens n'ont pas compris la gravité des faits et la sanction qui a suivi". Seul Cédric Bonato, maire (PS) d'Aigues-Mortes, refuse de commenter les faits, soucieux, selon ses proches, de "pacifier" une situation décrite comme explosive.

C'est que, loin de manifester la moindre compassion à l'égard des jeunes tirés comme des lapins, nombre de ses administrés ont choisi le camp des coupables avec d'autant moins de complexes qu'"il n'y a pas eu mort d'homme". Tout juste une sorte de jeu, peut-être un coup de sang qui, dans leur esprit, doit bien se justifier d'une manière ou d'une autre. "Pour eux, la justice est injuste. Ils sont en incapacité de comprendre", indique un responsable local qui souhaite conserver l'anonymat.

Les autorités administrative et judiciaire locales ne le dissimulent pas : une atmosphère lourde de menaces plombe ce coin du Gard où la population tend de plus en plus à se replier sur elle-même et où, à chaque élection, le Front national réalise des scores importants.

Gilbert Collard, l'un de ses représentants, a été élu député dans cette circonscription en juin avec le soutien tacite des élus de la droite locale. "Les propos qu'on tenait sous le manteau il y a quelques années émergent aujourd'hui dans la sphère publique", constate le procureur Gelli.

Ainsi, le 5 août, dans les heures qui ont suivi la ratonnade, des jeunes gens ont profité d'une course camarguaise au Cailar, à quelques encablures d'Aigues-Mortes, pour faire irruption dans l'arène au cri de : "On n'a pas de bougnoules chez nous ! On est des fachos !" La mairesse a aussitôt condamné cet acte et le parquet de Nîmes a ouvert une enquête préliminaire afin de retrouver les auteurs. Même le président (PS) du conseil général du département, Damien Alary, s'inquiète de ces dérives de plus en plus fréquentes. L'élu voit dans "cette escalade le résultat de dix ans de banalisation d'un discours de rejet".

Un Aiguemortais, impliqué dans les affaires de la commune, s'alarme également de ce passage à l'acte : "Quand les difficultés sociales et économiques pèsent sur cette terre camarguaise, il est de bon ton de rendre l'autre responsable. La haine de l'autre est exacerbée." Au premier trimestre 2012, le taux de chômage dans le département atteignait 13,1 %.

Chacun ici garde en mémoire un épisode tragique de l'histoire locale qui remonte au 16 août 1893. Ce jour-là, des ouvriers aiguemortais ont massacré des immigrés italiens venus pour échapper à la misère, et ouvriers comme eux aux Salins du Midi. Il y eut au moins 8 morts côté italien, et les autochtones, relayés par la presse locale, en profitèrent pour rivaliser de propos nationalistes et xénophobes contre "les ritals".


http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html
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Re: Racisme dans le Gard

Messagede altersocial » 20 Aoû 2012, 12:23

A Aigues-Mortes, les soutiens à un couple, condamné pour avoir tiré sur des jeunes en tenant des propos racistes, ne se cachent pas.
Le pépé sourit, puis il dit : «Ils ont mal visé. Les Arabes, faut tous les massacrer.» A côté de lui, une brochette de retraités attendent que l’après-midi passe à l’ombre des remparts de la petite ville d’Aigues-Mortes, dans le Gard. Ils disent : «C’est bien vrai.» Ou pire. Bien pire. Un bras lance un salut nazi. Rires. A quelques mètres d’eux, des touristes les dévisagent effarés. Les retraités ne s’en rendent pas compte. Dix jours plus tôt, un fait divers est venu briser l’apparente tranquillité de la bourgade camarguaise et réveiller le démon raciste chez certains.

Le 4 août, peu après minuit, dans le petit quartier du Bosquet, à l’extérieur des remparts, un couple passe au ralenti à bord d’une Picasso verte devant le parking de l’épicerie Vival où les jeunes du coin viennent étirer les soirées en été. L’un d’eux s’approche demandant s’ils ont besoin d’un renseignement. La voiture repart. Elle revient quelques minutes plus tard. Un canon de fusil de chasse sort de la fenêtre conducteur. Un homme d’une quarantaine d’années crie : «C’est pas les Arabes qui vont nous donner des renseignements. On est en France.» Sa compagne dit : «On est chez nous.» L’homme tire deux coups en l’air. Puis pointe son arme sur les jeunes et les prend en chasse. La plupart sont partis se cacher, où ils pouvaient. L’un d’eux raconte avoir attendu dans un buisson, un autre a sauté dans le jardinet d’un pavillon tout proche.

Plombs. En tout, une dizaine de coups de feu. Dont deux sur la voiture d’une femme rentrant dans le quartier avec sa fille de 9 ans. L’homme tire, sa passagère recharge. «C’était comme une chasse à l’homme, elle disait "courez, courez" en rigolant. Il faisait sombre, on ne comprenait rien. J’ai pensé que j’allais mourir», raconte l’un des jeunes, encore fébrile. Un seul sera blessé, légèrement. Sur son bras, son dos, l’entrejambe, il y a quatre petits trous de plombs. William Vidal, 44 ans, employé municipal passionné de chasse, avait pris des cartouches «petit gibier».

Lors de leur garde à vue, William Vidal et Monique Guindon minimiseront les faits en assurant n’avoir tiré qu’en l’air et en expliquant avoir répondu à des «insultes» proférées par les jeunes. Ils nieront la dimension raciste de leur geste. Ils disent juste ne plus supporter les personnes qui «squattent» le soir devant l’épicerie et qui les insulteraient régulièrement. Les dépositions approximatives du couple, par ailleurs passablement alcoolisé, ne tiennent pas face aux treize témoignages concordants recueillis dans la foulée par les gendarmes, et aux constatations faites sur place. Jugés trente-six heures plus tard en comparution immédiate, il écopera de quatre ans ferme, elle de deux. Le caractère raciste sera retenu comme circonstance aggravante.

Le geste n’a pas ému grand monde. Les victimes ont le sentiment d’avoir vécu une agression «très grave» traitée en simple fait divers. Ils ne peuvent s’empêcher de penser à ce qui se serait passé «si un Arabe avait tiré sur des Français de souche». Le maire socialiste n’a pas souhaité réagir publiquement. Le lendemain des faits, il était cependant allé rencontrer les jeunes. «Il nous a dit que c’était intolérable. Il nous a parlé du massacre des Italiens à Aigues-Mortes en 1893 [1]. Le parallèle est bizarre : on est français, on est nés ici», explique une des victimes. Pour lui, cette «confusion» en dit long sur le «malaise face aux enfants d’immigrés». Après l’agression, ils ont tenté de contacter la Licra et SOS Racisme. «Ils ont dit qu’ils nous rappelleraient», constate un des jeunes un peu amers. «On se sent seuls», ajoute un autre.

désinhibiteur. D’autant que la condamnation du couple à de la prison ferme, elle, a suscité de très vives réactions. Quelques jours après, un comité de soutien était monté sur Facebook par des proches du couple afin, notamment, de recueillir des dons pour aider à l’éducation de leurs enfants durant leur incarcération. Puis une pétition «contre l’emprisonnement de William Vidal et Monique Guindon» était lancée sur Internet, recueillant plus de 800 signatures en quelques jours. Sur le texte, il est stipulé sans raison que les jeunes «fêtaient le ramadan». Un lien renvoie vers un article du Midi libre rappelant que l’auteur des tirs, ancien pompier volontaire, avait sauvé un enfant de la noyade deux ans auparavant. Ces soutiens ont été vite débordés par l’emballement violemment raciste. Le compte Facebook a été supprimé cette semaine. Sur Internet, l’affaire est devenue un aimant à extrémistes racistes et islamophobes.

A Aigues-Mortes, chez certains, elle s’est révélé un terrible désinhibiteur. L’un des jeunes, un ingénieur biomédical qui a grandi ici, s’interroge. «On sait qu’il y a du racisme dans la région, on passait outre, parce qu’il n’y a pas que ça, loin de là. Mais, depuis qu’il y a eu ce passage à l’acte, on n’est pas bien.» Un de ses amis raconte avoir le sentiment «qu’en devenant victime [il est] devenu coupable». «J’ai l’impression de voir dans le regard des gens qu’on est responsables de les avoir mis en prison.»

Le Gard est le seul département français où le Front national est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle. A Aigues-Mortes, dans la circonscription où a été élu Gilbert Collard, les votes FN ont frisé les 40% aux législatives. Devant les remparts de la vieille ville, les retraités qui soutiennent «William» espèrent que l’avocat frontiste s’emparera de l’affaire pour le procès en appel.

(...)

(1) Sept travailleurs immigrés italiens avaient été tués et une cinquantaine blessés par des habitants de la ville. Aucun assaillant n’a été condamné.
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Re: Racisme dans le Gard

Messagede niouze » 20 Aoû 2012, 18:21

Je pense qu'il y a une question spécifique à poser sur cette région (le Gard, le Var, le Vaucluse, etc.). Ce genre d'article, plus les scores du FN, donnent vraiment l'impression que le coin est gangrené par les idées d'extrême droite. Quelqu'un a une théorie sur les origines de cette implantation ? Si des gens vivent dans ce coin, la situation est vraiment aussi mauvaise qu'on peut le penser ?
tout d'abord je n'est aucune idée sur l'implantation du fn , je pourrait te répondre que c'est peut etre du a une forte implantation pied noirs mais dans ce cas comment expliquer aussi les fort scores du fn dans une autre region que je connait bien qu'est la picardie ou il n y a pas de pied noir ?
ensuite le gard est plutot disparatre ainsi dans le nord vers les cevennes (à ales par exemple) si mes souvenir sont bon le score du fn est dans la moyenne national, idem a nimes , tandis que dans le sud dans des moyen bled genre st gilles ils font tout peté (marine premiere a la presidentiel de mémoire)

a saint gilles par exemple c'est clair qu'il y a de forte tension entre la population "d'origine etrangere " et la population "de souche" (au point que chacun frequente son bistrot et que la seul fete votive (les fetes de village local) auquel j'ai "participer" c'est terminer en guerre de clan entre les deux bistrot (ou les gros beauf "de souche" ont quand même sorti les armes a feu ) maintenant t'expliquer pourquoi , j'en sais rien , ptet une histoire d'anes boiteux du grand pere ^^
apres tout ce que je peut dire sur cette region c'est que comme en picardie le chomage y est endémique , le pauvre souvent montrer du doigt (et particulierement par les politiques ) comme source de tout les maux !
ceci dit personnellement la plupart des gens que je (ai) frequente n'est pas raciste mais bon j'avoue ne pas fréquenté tout le monde !
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