FN - RN et ses satellites

...Sans Papiers, antifascisme...

Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 02 Juil 2011, 12:01

Exclusion ou suspension de l'élu FN ? Posté le 30/06/2011 à 15:37

Yvan Benedetti comparaissait ce mercredi devant la commission des conflits du FN. Ce proche de Bruno Gollnisch, conseiller municipal de Vénissieux, devait répondre de quatre reproches : la participation à une manifestation parallèle à celle du FN lors du 8 mai, l'agression du nouveau secrétaire départemental jeunes du FN, un communiqué de presse un peu trop grinçant à l'égard de Marine Le Pen et des propos antisémites tenus à une étudiante en journalisme. "Je ne sais pas à quelle sauce je vais être mangé", nous a confié l'intéressé, au sortir de la convocation. Selon lui, les échanges ont été "courtois". Bruno Gollnisch et Jean-Marie Le Pen qui siègent à la commission sont intervenus à plusieurs reprises.
Au final, la commission a émis un avis, recommandant la suspension d'Yvan Benedetti pour deux ans. C'est Marine Le Pen qui tranchera, ce vendredi ou en début de semaine prochaine. Elle devrait soit suivre cette sentence, soit aller au-delà et prononcer l'exclusion de l'élu vénissian. "Le suspendre deux ans, c'est un peu comme l'exclure, il ne reviendra sans doute pas", souffle un proche de Marine Le Pen.


COMMUNIQUE D' YVAN BENEDETTI

Il se dit et s’écrit beaucoup trop de choses depuis mon passage devant la commission des conflits du Front National, le mercredi 29 juin 2011.

Durant plus d’une heure, j’ai eu l’occasion de répondre point par point aux nombreux chefs d’accusation dont je faisais l’objet, que ce soit à propos du communiqué de soutien à Marine Le Pen que j’avais publié en réaction à l’annulation del’invitation de la présidente du Front National sur Radio J ou encore des déclarations que me prêtait une élève en école de journalisme, en mal de publicité et à la recherche d’une bonne note à ses examens de fin d’année.

Je ne suis ni dans l’après-FN, ni dans l’après-Le Pen, mais toujours membre du Front National dont j’ai défendu les couleurs à toutes les dernières élections législatives, municipales, régionales et cantonales. Avec beaucoup d’autres, derrière Jean-Marie Le Pen, nous avons fait face à l’adversité pour maintenir à flots le mouvement, suite à la déroute des élections législatives de 2007, jusqu’à la renaissance électorale des régionales de 2010. J’ai été, avec ma collègue DanicaLjustina, un des rares élus lors des municipales de 2008. Lors du dernier congrès du mouvement, qui s’est tenu à Tours le 16 janvier, les adhérents du Front m’ont fait l’honneur de m’élire en bonne place au Comité central. Il me semble qu’aujourd’hui,personne ne peut douter de mon attachement à notre mouvement et à ses militants que j’ai appris à connaître et à aimer tout au long de mon engagement militant.

Je suis donc serein, dans l’attente de la décision de la Présidente du Front National.

Yvan BENEDETTI
Conseiller municipal de Vénissieux
Membre du Comité central du Front National
Secrétaire départemental adjoint du Rhône
Nico37
 
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 04 Juil 2011, 18:39

Le grand ménage continue au FN Dominique Albertini - Le Journal du Dimanche samedi 02 juillet 2011

Après une première tournée d'expulsions en avril, le parti de Marine Le Pen devrait prochainement pousser vers la sortie un très proche de Bruno Gollnisch. Purge ou simple lifting “dédiabolisant”?

Secrétaire départemental FN du Rhône, Yvan Benedetti n’a jamais caché son hostilité à Marine Le Pen, ni sa sympathie pour les idées nationalistes radicales. Ce sont elles qui l’ont conduit devant la commission de discipline du parti mercredi. Lui et plusieurs autres militants pourraient faire l’objet de sanctions allant jusqu’à l’expulsion du Front National.

Il est notamment reproché au conseiller municipal de Venissieux de s’être déclaré “antisioniste, antisémite, antijuif” devant un journaliste. Péché mortel en ces temps de dédiabolisation : une suspension de deux ans aurait été requise, la décision finale revenant à Marine Le Pen. Seulement, Yvan Benedetti est également un proche de Bruno Gollnisch, rival malheureux de cette dernière. Et dénonce dans sa probable mise à l’écart “une véritable purge pour isoler et marginaliser” son champion.

Bras tendus

Celui-ci s’est fait discret depuis sa défaite face à Marine Le Pen. Pré-retraite ou réserve tactique? “Si elle n’est pas au second tour en 2012, ça pourrait basculer”, admet un mariniste. D’où la thèse d’une purge préventive. En avril déjà, une quinzaine de gollnischiens -la plupart issus de leur place forte, Rhône-Alpes- ont été mis à la porte. Pour insubordination, comme ce cadre de l’Ain démissionnaire à quelques jours des cantonales. Ou pour ultradicalisme : le jeune Alexandre Gabriac, coupable de salut hitlérien, mais aussi un membre du DPS (le service de sécurité du FN) accusé de gérer un blog néonazi. Dans une lettre à Marine Le Pen, celui-ci menace : “Dois-je vous donner la liste de gens dont nous avons une photo bras tendus, de vos proches au DPS et même au bureau politique et au comité central?” Ambiance...

Du côté de la direction du parti, on nie toute épuration : "On demande seulement que les cadres du mouvement soient disciplinés et efficaces. Il n'y a pas et il n'y aura pas de purge", affirme le secrétaire général Steeve Briois. Un avis partagé par plusieurs proches de Gollnisch, comme Bruno Subtil, son ex-directeur de campagne : “Des sensibilités différentes persistent, mais Marine a gagné et nous avons désormais le même combat”. Pas question d’afficher ses différences à quelques mois de la présidentielle.

Par ailleurs, des marinistes n’étaient-ils pas aussi convoqués devant la commission de discipline, pour des sujets de discipline ou de dérapages racistes? “Briois fait du caporalisme, il veut mettre le parti en coupe réglée”, lâche l’un d’eux avant de se reprendre : “Des divisions, il y en a pas plus chez nous qu’à l’UMP ou au PS”. A cet égard au moins, le FN est un parti comme les autres.


Une nouvelle purge anti-Gollnisch au FN ? Par Fabien Fournier Posté le 29/06/2011 à 14:43 | lu 1145 fois

Après Alexandre Gabriac et Olivier Wyssa, le parti d'extrême droite pourrait perdre un autre élu ce mercredi. Yvan Benedetti, conseiller municipal de Vénissieux, comparait en commission des conflits du FN. Il avait affirmé à un blog qu'il était "antisioniste, antisémite, antijuif". Cet élément radical est un proche de Bruno Gollnisch. L'intéressé estime qu'il s'agit de "purges" visant le rival de Marine Le Pen.

Après Alexandre Gabriac et Olivier Wyssa, un autre élu rhône-alpin va-t-il être exclu du Front National ? Yvan Benedetti, conseiller municipal à Vénissieux et proche de Bruno Gollnisch, passe ce mercredi en commission des conflits du parti. L'avis de cet organe n'est que consultatif et c'est la présidente, Marine Le Pen qui tranchera dans la foulée. L'élu ne se fait guère d'illusion sur son sort. "J'entends le menuisier qui fabrique mon cercueil", plaisante-t-il, détaché.

"Nos amis juifs ont toute leur place au FN"

Parmi les reproches qui lui sont faits, un billet publié sur son site après l'annulation en mars dernier de l'interview de Marine Le Pen sur Radio J. Il venait au secours de sa présidente, tout en ajoutant qu'à son sens, cet épisode démontrait qu'il "ne sert à rien de s'engager dans une forme quelconque de repentance au service d’une prétendue dédiabolisation". Un crime de lèse-majestée. "Ce n'est pas à lui de définir la ligne du mouvement", tranche Steeve Briois, secrétaire général du FN et bras droit de la présidente. L'autre motif de sa convocation tient à ses propos tenus à une étudiante en journalisme et publiés sur le site Trans Europe extrêmes : il lui a confié être "antisioniste, antisémite, antijuif".

De l'humour, s'est-il ensuite défendu. "Ce sont des sujets que je n'aborde jamais. Des questions complexes qui ne sont pas libres de réflexion à cause des lois liberticides", développe aujourd'hui Yvan Benedetti. Steeve Briois note qu'il n'a jamais demandé un droit de réponse pour corriger le tir. Ces louvoiements apparaissent incompatibles avec la nouvelle ligne du parti. "Le Front national est un mouvement ouvert à tous dès lors que la patrie passe avant la religion. Nos amis juifs y ont toute leur place", expose le secrétaire général du mouvement à la flamme tricolore.

Un ex-dirigeant de l'Oeuvre française

Bruno Gollnisch regrette cette procédure. "La judiciarisation des problèmes qu'il peut y avoir dans le mouvement est fâcheux. Nous sommes une famille", invoque-t-il. Le vice-président du FN juge la convocation d'Yvan Benedetti "abusive" notamment parce que celui-ci a déjà été entendu à l'automne dernier par la même commission. On lui avait alors demandé de choisir entre le FN auquel il appartient depuis six ans, et l'Oeuvre française, groupuscule radical d'extrême droite dont il est membre depuis vingt ans. Selon Steeve Briois, il était même l'un des dauphins de son fondateur, Pierre Sidos. L'Oeuvre française est une organisation radicale qui ne cache pas son opposition à la démocratie et sa préférence pour un régime autoritaire. "Un Français 100% ne peut être physiquement qu'indo-européen, politiquement gallo-romain, spirituellement greco-latin" énonce leur site Internet. Marine Le Pen a plusieurs fois dénoncé les tentatives d'entrisme de leurs membres qui sont désormais personæ non gratæ au FN. Elle veut à tout prix lisser le parti pour le dédiaboliser.

Le FN "soutient une politique socialiste"

Du coup, l'aile droite du parti a le blues. "On ne parle plus du combat contre l'avortement ou des racines chrétiennes du pays au profit de la laïcité. On ne propose plus de supprimer l'impôt sur le revenu. On soutient une politique socialiste", s'emporte Olivier Wyssa. Avant Benedetti et après Gabriac, ce conseiller régional originaire de l'Ain avait été aussi exclu. Une décision à laquelle il porte une responsabilité : il avait démissionné fin janvier de son poste de secrétaire départemental du FN dans l'Ain. Et dans la foulée, avait abandonné sa candidature aux cantonales quelques semaines avant l'élection. "Je n'étais pas en phase avec les orientations nouvelles", argue-t-il. Dans son sillage, dix autres membres du FN, proches de lui, ont été exclus. Chez eux pointe la nostalgie de l'ancien président, Le Pen père. "Lui avait réussi à unir les différentes tendances de la droite nationaliste", souligne Olivier Wyssa. Bruno Gollnisch regrette cet ostracisme à l'égard des éléments radicaux. "Il n'y a pas de raison d'entourer de suspicions les gens venus du mouvement nationaliste. C'est paradoxal alors que des personnes du mouvement marxiste viennent à nous, du PCF voire du NPA", observe le leader frontiste.

Des purges anti-Gollnisch ?

Au total, parmi les 17 convocations du mois d'avril (dont celle d'Alexandre Gabriac), quinze concernaient des proches de Bruno Gollnisch selon un blog du Monde (lire ici). Et parmi ces 15, treize étaient Rhônalpins, le fief du challenger de Marine Le Pen à la présidence du parti. La stratégie de dédiabolisation du FN converge avec celle d'exclure des soutiens de Bruno Gollnisch. Pour Yvan Benedetti, il n'y a pas de doute : il s'agit bien d'une "purge". "Si ce n'est pas une purge, je ne sais pas comment ça s'appelle", renchérit Olivier Wyssa. "Ce serait fâcheux d'en donner l'impression" euphémise Bruno Gollnisch. Steeve Briois refuse ce procès. "Quinze secrétaires départementaux ont été récemment changés. Or parmi eux, douze étaient en faveur de Marine. On n'a pas alors parlé de purge mariniste", relève-t-il.


Yvan Benedetti, ex-bras droit de Gollnisch, prépare un après-FN musclé

Il ne se fait aucune illusion et ne cherche pas à arranger son cas. Yvan Benedetti, conseiller municipal FN de Vénissieux (Rhône), sait qu'il va se faire exclure du Front national. Il est passé devant la commission des conflits (instance disciplinaire du parti d'extrême droite), mercredi 29 juin, pour les raisons que nous évoquions ici, le 1er juin

Yvan Benedetti devrait être exclu du FN.

Dirigeant de l'Oeuvre française, groupuscule antisémite et pétainiste - qu'il a quitté "officiellement" le 1er aout 2010 mais dont il continue à organiser les troupes- il a été le chef d'orchestre de la campagne de Bruno Gollnisch pour le congrès. Il avait la main sur les Jeunes avec Gollnisch ainsi que sur l'association des Amis de Bruno Gollnisch. C'est un personnage important dans la galaxie des opposants à Marine Le Pen. Les marinistes ne l'aiment pas et il le leur rend bien."Si je devais parier, je miserai un gros paquet d'argent sur mon exclusion", nous a-t-il déclaré à la sortie de sa convocation devant la commission. C'est Marine Le Pen, en tant que présidente du FN, qui, en dernier ressort, décidera de la sanction à appliquer.

Elle était composée d'Alain Jamet qui la présidait, de Jean-Marie Le Pen, Wallerand de St Just (trésorier du FN), Steeve Briois (secrétaire général), Bruno Gollnisch, Marie-Christine Arnautu (vice-présidente chargée des affaires sociales), Bruno Subtil, Huguette Fatna, Eric Domard (directeur de cabinet de Marine Le Pen) et Christian Maréchal. Benedetti pouvait espérer compter deux soutiens en les personnes de Gollnisch et Subtil.

Promotion "Maréchal Pétain".

Benedetti dirige aussi Jeune nation, une structure liée à l'Oeuvre et qui essaime sur la région Rhône-Alpes. Chaque année, il organise un "camp école nationaliste" (voir ici pour le cru 2009), qui prend le nom d'une figure du panthéon nationaliste. En 2009, c'était José-Antonio Primo de Rivera, le chef historique de la Phalange espagnole. En 2010, Marcel Bucard, leader d'un groupuscule fasciste français dans les années 1930 et collaborationniste. Cette année, en guise d'ultime provocation, la promo prendra le nom du "Maréchal Pétain". Une information parue sur le site de Jeune nation, à la veille de l'audition d'Yvan Benedetti. "J'ai été très étonné qu'ils ne m'en parlent pas", s'amusait-il mercredi après-midi.

Yvan Benedetti avait prévu de se défendre en faisant le procès de la "dédiabolisation". "Je leur ai dit que la dédiabolisation était un monstre froid qui dévorera ses enfants. Une fois que le monstre aura digéré les anachroniques que nous sommes [les militants issus de l'Oeuvre française], les prochains sont les historiques du parti. Dont Jean-Marie Le Pen. Marine doit tuer le diable, on ne sait pas où ça s'arrêtera", a-t-il affirmé à Droites extrêmes.

De toute manière, Yvan Benedetti est déjà dans l'après-FN. "Pas question" ,pour lui, de rejoindre la coalition des ex du FN menée par Carl Lang, Roland Hélie et Robert Spieler. Celui qui se définit comme "nationaliste révolutionnaire" et qui refuse "l'électoralisme" serait plutôt tenté par un activisme plus musclé. Dans lequel pourraient le rejoindre Alexandre Gabriac, exclu définitivement, Jérôme Guigue ou encore Christophe Georgy, tous deux sous le coup d'une exclusion d'une durée de 6 mois.

NB du 30 juin : Yvan Benedetti a diffusé, jeudi 30 juin au matin, un communiqué de presse où il affirme qu'il n'est "ni dans l’après-FN, ni dans l’après-Le Pen, mais toujours membre du Front National". Il ajoute: "J’ai défendu les couleurs [du FN] à toutes les dernières élections législatives, municipales, régionales et cantonales. Avec beaucoup d’autres, derrière Jean-Marie Le Pen, nous avons fait face à l’adversité pour maintenir à flots le mouvement, suite à la déroute des élections législatives de 2007, jusqu’à la renaissance électorale des régionales de 2010. J’ai été, avec ma collègue Danica Ljustina, un des rares élus lors des municipales de 2008. Lors du dernier congrès du mouvement, qui s’est tenu à Tours le 16 janvier, les adhérents du Front m’ont fait l’honneur de m’élire en bonne place au Comité central. Il me semble qu’aujourd’hui, personne ne peut douter de mon attachement à notre mouvement et à ses militants que j’ai appris à connaître et à aimer tout au long de mon engagement militant. Je suis donc serein, dans l’attente de la décision de la Présidente du Front National."
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Re: FN & ses satellites

Messagede barcelone 36 » 08 Juil 2011, 19:13

très bon Dossier, je conseille vivement!

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Les dégâts de la Marine 84 p., 5,35 €.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 09 Juil 2011, 17:16

"Le Monde Magazine" : François Duprat, le nationaliste-révolutionnaire

Les numéros deux du Front national (1/4) | LE MONDE MAGAZINE | 08.07.11 | 16h55 • Mis à jour le 08.07.11 | 17h18

Nous sommes le 18 mars 1978. Claude François est mort depuis une semaine et l'Amoco Cadiz vient d'inonder les côtes bretonnes de pétrole. Ce samedi est la veille du second tour des élections législatives. La gauche, dit-on, peut les remporter.

Sur les hauteurs du village du Trait, entre Rouen et Le Havre, le professeur d'histoire-géographie François Duprat s'apprête à rejoindre le collège Victor-Hugo de Caudebec-en-Caux pour faire cours. Son épouse a sorti la Citroën GS bleue du garage. Elle est au volant, il est trop myope pour conduire. Gascon au verbe rocailleux et au physique imposant, passionnément provocateur, possédant une aisance rhétorique exceptionnelle, François Duprat est le numéro deux d'un parti encore méconnu, le Front national.

Il a tenu tous les rôles à l'extrême droite : activiste, chroniqueur, théoricien et stratège. Avec lui la politique tient autant de la commedia dell'arte que du film noir. A 8h40, sur la route départementale 982, sous un ciel bleu et sec, la bombe placée sous le siège du passager propulse la voiture à une trentaine de mètres.

Des débris de l'automobile sont projetés alentours, des tracts frappés d'une croix celtique jonchent le sol. Duprat est déchiqueté sur le coup. Son épouse est grièvement blessée.

Informé de l'attentat, Jean-Marie Le Pen s'est précipité au siège du parti. Aux jeunes militants présents, il lance : "Vous voyez, mes petits, quand je vous disais que la politique n'est pas un jeu…" François Duprat était atypique, résolument atypique. Né en 1940 dans une famille de gauche – son père, ancien résistant, est sympathisant communiste –, il a pourtant rejoint en 1958 le mouvement néofasciste Jeune nation. Un petit groupe violent qui constitue des stocks d'armes. Son chef, Pierre Sidos, fils d'un collaborateur fusillé à la Libération, réclame la "séparation de la synagogue et de l'Etat".

Toute sa vie, Duprat racontera avoir d'abord été trotskiste, de tendance "lambertiste". Il s'agit en fait du penchant de son frère aîné. "Il aimait entretenir le mystère, il savait très bien que des rumeurs courraient sur lui et faisaient de lui un gauchiste plus ou moins traître, mais cela accroissait son aura", se remémore son ancienne camarade Catherine Barnay. Duprat connaît effectivement la mouvance gauchiste, ses idées et ses méthodes. Il lui a consacré plusieurs ouvrages.

Lorsqu'en 1975, il réfléchit à la stratégie syndicale que pourrait développer l'extrême droite, il s'inspire des tactiques d'infiltration dans les syndicats des lambertistes, dont il a souvent vanté la discipline et l'usage de la violence. Il vend même ses analyses sur ces milieux aux Renseignements généraux. Il entretient aussi des contacts avec la police judiciaire et les services d'espionnage. Ce sont des relations complexes : Duprat est moins une "balance" qu'un consultant extérieur, il informe mais conserve son autonomie.

C'est une figure du Quartier latin dans les années 1960. Pour rire, il traite ses camarades de "vermines fascistes" ou de "rats visqueux"… Il porte l'imperméable kaki des dirigeants d'Occident, Alain Madelin, Alain Robert, Patrick Devedjian, Hervé Novelli, Xavier Raufer, qui feront de belles carrières par la suite. En 1967, ses liens avec les RG lui valent pourtant d'être exclu du groupe.

"UN FASCISME SOURIANT"

En 1969, on le retrouve à Ordre nouveau, dont il est la tête pensante. Ce mouvement néofasciste est le plus important qu'ait jamais connu la France, avec environ 1 500 membres. Il mêle actions violentes antigauchistes et participation aux élections. Au congrès de 1972, François Duprat rédige un rapport préconisant la création d'une structure parallèle réutilisant la vieille idée de "compromis nationaliste" mise en place pour la création d'un "front national" en 1934 : unir toutes les extrêmes droites.

Il prône la participation aux mouvements sociaux pour montrer que l'extrême droite est du côté du peuple et l'engagement dans la "course au pouvoir" par les élections en renonçant à la tentation putschiste. Les néofascistes du Mouvement social italien (MSI) ont obtenu en 1970 des succès sur cette ligne. Ordre nouveau récupère même sur ses affiches la flamme du parti transalpin, en la mettant aux couleurs françaises, et une note interne demande aux militants de pratiquer… "un fascisme souriant".

Mais comment donner vie à ce Front national ? Les groupuscules activistes refusent d'y adhérer et les personnalités contactées pour en devenir la vitrine déclinent l'offre. Ordre nouveau est en contact avec Jean-Marie Le Pen depuis décembre 1971. L'ex-député poujadiste et para en Algérie est une légende à l'extrême droite. Il a déclaré que le FN n'aurait de sens que "si la rigueur des principes demeurait intacte" mais qu'en aucun cas il ne serait l'otage des radicaux. Si Duprat apprécie le talent oratoire de Le Pen, il le trouve un peu saltimbanque.


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François Duprat en 1972.AFP

Le 5 octobre 1972, une réunion houleuse va quand même accoucher d'un FN avec trois coprésidents : Le Pen, François Brigneau (ex-milicien représentant Ordre nouveau) et Guy Ribeaud, un proche de l'ancien résistant Georges Bidault, qui claquera la porte au bout d'une semaine. François Duprat et Jean-Marie Le Pen se retrouvent donc côte à côte dans ce Front naissant.

Pas pour longtemps. En février 1973, Le Canard enchaîné révèle que, pour préparer les élections municipales, François Duprat s'est rendu à l'hôtel Matignon pour négocier avec les gaullistes. Jean-Marie Le Pen dément. Mais, soupçonné par ses camarades de chercher à saborder les élections pour le compte d'une droite qui craint la victoire de la gauche, Duprat est exclu d'Ordre nouveau comme du FN. Le scrutin est un désastre. Ordre nouveau cherche à se renforcer par d'autres moyens et organise un meeting le 21 juin au Palais de la Mutualité, à Paris, sur le thème provocateur : "Halte à l'immigration sauvage !"

Deux mille gauchistes menés par la Ligue communiste prétendent empêcher la réunion par la force. Les heurts sont sévères avec la police, qui tente d'éviter l'affrontement direct entre gauchistes et fascistes, mais le meeting est tenu. Au matin, on dénombre 76 policiers blessés. Le gouvernement réagit par la dissolution d'Ordre nouveau et de la Ligue communiste.

Quant à Duprat, qui a toujours dénoncé les thèses biologiques et racistes, déclarant que le Front national est mort-né, il fait cette année-là un aller-retour au Nouvel ordre européen, une internationale néonazie. Jean-Marie Le Pen, malgré les protestations de ses amis, décide de réintégrer Duprat dans le parti et lui confie d'abord sa presse. Il n'a pas le titre de numéro deux mais Jean-Marie Le Pen, l'évoquant en 2011, le qualifie de "vice-président". Chose rare, Le Pen est impressionné par sa personnalité et, fait unique dans l'histoire des "numéros deux" du FN, plie parfois face à lui.

A cette époque, Duprat fédère autour de lui les radicaux du FN, tels les anciens Waffen SS Pierre Bousquet et Jean Castrillo. Pour ce dernier, au congrès de 1976, "c'était Duprat qui menait la danse". Un tiers des candidats aux législatives de 1978 sont ses affidés. Selon le cadre dirigeant Franck Timmermans, "Le Pen avait une grande admiration pour ce jeune professeur qu'il découvrait et qui était une mine d'informations et d'explications".

SUR LE TERRAIN SOCIAL

En matière électorale, fidèle à ses méthodes, Duprat cherche à vendre au plus offrant les consignes de vote pour le second tour. Il sait d'autant mieux que l'argent n'a pas d'odeur qu'il a travaillé avec le Redressement économique. Cette officine dirigée par d'ex-collaborationnistes est présidée par un ancien haut fonctionnaire de Vichy, Etienne Michel, qui s'occupe du lobbying de groupes industriels et du financement politique, surtout pour la gauche non-communiste, un peu pour l'extrême droite.

Duprat ne fait pas mystère de ces opérations et laisse courir les rumeurs qui lui attribuent à tort un enrichissement personnel. Estimant que, pour être crédible, le FN doit avoir des notables provinciaux, il organise le secteur normand pour en faire une vitrine. Les jeunes fidèles qui l'entourent se surnomment ses " mousquetaires ". Son véhicule, une GS, lui apporte son propre surnom : "Guide Suprême". Duprat fait des allers-retours à Paris pour participer aux réunions de direction du Front, arrivant en avance pour rencontrer son agent traitant des Renseignements généraux.

A partir de 1976, Duprat tente de fédérer la kyrielle de groupuscules néofascistes et néonazis au sein de ses Groupes nationalistes-révolutionnaires (GNR), à la lisière du FN. L'ex-partisan de l'OAS est devenu un fervent défenseur des régimes égyptien et syrien. Il a créé deux associations antisionistes et entretient des contacts avec les bureaux parisiens de la Ligue arabe. Ses GNR sont l'avant-garde d'un "mouvement de libération nationale" car, selon lui, la France comme la Palestine seraient occupées par les sionistes. Le "mensonge des six millions de morts" de la Shoah serait le biais permettant la culpabilisation et la soumission des peuples. Duprat est le premier à mettre en place une telle propagande négationniste.

Dans le même temps, il veut un Front national "attrape-tout" : les tracts mélangent allègrement libéralisme débridé et ouvriérisme. Il réussit à imposer un thème et un slogan : "Un million de chômeurs, c'est un million d'immigrés en trop." Dans une note interne aux sections, il demande "la suppression immédiate de tout tract FN à connotation raciste". Il est convaincu que, sur le terrain social, le thème de la lutte contre l'immigration séduira les classes populaires parce que la désindustrialisation et le chômage croissant ont démonétisé les référents communistes. François Duprat parie, en visionnaire, que les partis traditionnels de droite rejoindront le FN sur ce thème mais que "l'électeur préfèrera toujours l'original à la copie", selon la formule que Jean-Marie Le Pen rendra fameuse.

SULFUREUX MARTYR

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Jean-Marie Le Pen assiste aux obsèques de François Duprat, le 22 mars 1978 en l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à Paris. AFP/-


Dans le même temps, Duprat explique à ses militants des GNR qu'ils doivent être au FN ce que les SA furent au parti nazi, car sans ce mélange entre violence révolutionnaire et stratégie électorale, jamais le III[sup]e[/sup] Reich n'eût éclos. Pariant sur une victoire de la gauche aux législatives de 1978, il imagine un scénario : grâce aux provocations gauchistes et néofascistes, le pays plongera dans le chaos. S'appuyant sur ses amis dans les forces armées, le nationalisme prendra le pouvoir. Toujours ambigu, Duprat condamne cependant les attentats d'extrême droite et déclare qu'en cas de victoire de la gauche, son camp se rangera auprès des "néogaullistes". Les temps sont troubles, nourrissant les fantasmes.

En 1977, Michel Poniatowski, ministre de l'intérieur proche du président Giscard d'Estaing, promet à la gauche une salve d'attentats si elle gagne. Selon un manuscrit jamais publié auquel travaille Duprat lorsqu'il meurt, l'une des principales éminences patronales aurait organisé un possible coup de force, avec des factions militaires et des civils nationalistes, devant placer Poniatowski au pouvoir… Aux législatives de 1978, dans sa circonscription, Duprat n'engrange que 0,7 % des voix. Le FN fait en moyenne 0,8 %. Jean-Marie Le Pen culmine à 3,9 % des suffrages. Le 18 mars, la grande majorité des citoyens ne sait pas qui est l'homme qui vient d'exploser avec sa voiture, ni ce qu'est ce Front national.

A l'extrême droite, toutes les rumeurs circulent après l'attentat contre Duprat. L'hommage que publie le journal du FN attribue le crime à ceux qui auraient voulu faire taire le négationniste. Mais le Front désigne aussi son concurrent, le Parti des forces nouvelles formé par des anciens d'Ordre nouveau. Puis l'extrême gauche est pointée du doigt.

En fait, au sein de l'extrême droite, les hypothèses les plus folles courent. Aurait-il été éliminé à la demande d'anciens du milieu qu'il aurait fait chanter ? Pour ses doubles jeux avec les services ? Pour avoir pris langue avec le Mossad dans la traque des criminels nazis ? Afin de faire peur à l'électorat de droite et le mobiliser ? A cause de ce livre sur l'argent et la politique qu'il s'apprêtait à publier ? Le non-lieu prononcé en 1982 clôt la recherche de la vérité judiciaire. Au FN, une deuxième période s'annonce : les fidèles de François Duprat vont être rapidement épurés par Jean-Pierre Stirbois, l'homme qui monte. Et le sulfureux Duprat devient un martyr désincarné à qui Jean-Marie Le Pen rend hommage tous les ans.

Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg



Parcours

1940 François Duprat naît à Ajaccio, dans un milieu de gauche. 1958 Il devient militant néofasciste. Années 1960 Il entretient des contacts avec les services de police et de renseignement. 1964-1967 Il est cadre du mouvement Occident.
A partir de 1967 Il théorise l'idéologie antisioniste et négationniste de l'extrême droite.
1969-1973 Il est le stratège d'Ordre nouveau.
1972 Il rédige le rapport préconisant la création du Front national.
1974 Il organise la campagne présidentielle de J.-M. Le Pen (0,75 %). 1975 Il devient professeur d'histoire-géographie dans un collège public en Normandie. 1976 Au congrès de Bagnolet, les amis de Duprat montent dans les instances de direction du FN.
1978 Il invente le slogan : "Un million de chômeurs c'est un million d'immigrés en trop". Candidat aux législatives en Normandie, il réalise 0,7 % des voix au premier tour, le 12 mars. Il meurt le 18 mars dans l'explosion d'une bombe sous sa voiture. Depuis, J.-M. Le Pen lui rend un hommage annuel.


Aller plus loin

François Duprat. Une histoire de l'extrême droite, webdocumentaire de Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg, Manifeste nationaliste-révolutionnaire, de François Duprat, Ars Magna, 2006 (1re éd. 1976).
Histoire du négationnisme en France, de Valérie Igounet, Le Seuil, 2000, 690 p., 28 €.
Le monde vu de la plus extrême droite. Du fascisme au nationalisme-révolutionnaire, de Nicolas Lebourg, Presses universitaires de Perpignan, 2010, 260 p., 20 €.
Nombreuses études relatives à Duprat sur tempspresents.wordpress.com
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Messagede Nico37 » 10 Juil 2011, 13:00

Marine Le Pen mobilise plus que son père Paris | 05.07.2011 | 13:02

FRANCE | Bannissant les néofascistes – trop voyants – de sa fête du 1er Mai, la cheffe du Front national se pose en rassembleuse

Marine Le Pen a mobilisé, hier à Paris, plusieurs milliers de partisans lors du cortège organisé traditionnellement le 1er Mai par le Front national (FN), sous l’égide «de Jeanne d’Arc et des travailleurs français». Le défilé aurait rassemblé 3200 personnes selon la police, et 20 000 selon le FN. Seule certitude, la nouvelle présidente du mouvement attire nettement plus de monde que son père, dont les cortèges étaient bien moins fournis ces dernières années.

Pas de symbole sulfureux

Marine Le Pen a banni de «son» défilé les skins au crâne rasé et autres porteurs de treillis ou de croix celtique, symbole néofasciste. Pour les crânes rasés, il faudra attendre que les cheveux repoussent. Hier matin, les cuirs chevelus du FN étaient encore nombreux à briller au soleil parisien. En revanche, nous n’avons pas rencontré la moindre tenue d’assaut. Quant à la croix celtique, elle a fait l’objet d’une chasse toute particulière. De jeunes Italiens de Mantoue situés juste devant nous, place de l’Opéra, l’ont subie à leur détriment. A peine avaient-ils brandi le drapeau néofasciste que des jeunes frontistes portant maillot bleu marine leur ont demandé fermement de cacher cette croix celtique qu’ils ne sauraient voir.

A un an de l’élection présidentielle, la candidate du Front national s’est voulue rassurante et rassembleuse afin d’augmenter son capital de sympathie auprès des classes moyennes et ouvrières. Tout ce qui pouvait rappeler le passé sulfureux du FN a donc été balayé. Son ancien rival au sein du Front, Bruno Gollnisch – qui, lui, revendique le patrimoine politique et culturel de l’extrême droite française – a ainsi été écarté de la tribune d’honneur, installée à l’arrivée du défilé, place des Pyramides.

L’immigration stigmatisée

Le discours de Marine Le Pen a parachevé cette manœuvre. Il se composait à la manière d’un gratin. La couche supérieure évoquait la France éternelle, celle de Jeanne d’Arc, dont la statue dorée surplombait l’oratrice, qui semblait communier avec la sainte dans la même identité blonde. Toutes les grandes figures nationales étaient convoquées, de droite comme de gauche, même celle de Victor Schœlcher, qui a mis fin à l’esclavage. Or, cet homme d’Etat du XIXe siècle fut un haut dignitaire du Grand Orient de France, obédience maçonnique qui combat l’idéologie du Front national. Mme Le Pen ratisse vraiment très large.

La deuxième couche, bien épaisse, du discours de la cheffe frontiste rendait hommage aux travailleurs français, et tout particulièrement aux syndicalistes qui ont été exclus de la CGT et de FO pour s’être présentés à des élections sous l’étiquette du FN.

Enfin, la troisième couche — le fond du gratin rhétorique — stigmatisait l’Europe unie, l’euro, le capitalisme mondialisé et, surtout, l’immigration. Marine Le Pen retrouvait ainsi les «fondamentaux» de son mouvement qu’elle semble tenir d’une main ferme.
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Messagede Nico37 » 12 Juil 2011, 22:13

Argumentaire anti-FN Par le Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP). Le 12 juillet 2011.

Le jeudi 23 juin 2011 sur la chaîne de télévision France 2, lors de l’émission animée par le journaliste David Pujadas à 20h35 « Des paroles et des actes », Madame Le Pen a été mise en scène. Jacques Nikonoff, porte-parole du M’PEP, participait à l’émission. Tous les thèmes du FN ont été passés au laminoir : l’immigration, la politique nataliste, le communautarisme, la préférence nationale, la sortie d’extrême droite de l’euro, le protectionnisme…

Jacques Nikonoff a montré que Marine Le Pen était une politicienne attrape-tout que le microcosme politico-médiatique nourrit tout en se défendant du contraire. La version d’extrême droite de la sortie de l’euro qu’elle préconise enfoncerait davantage encore le pays dans la crise et n’a rien à voir avec la sortie de gauche de l’euro.

Pour accéder au compte rendu intégral de cette émission, cliquez ici : http://www.m-pep.org/spip.php?article2089
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Messagede Nico37 » 14 Juil 2011, 15:26

Alerte à la lepénoactivité Le Monde libertaire # 1631 du 14 au 20 avril 2011

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Les crépitations de notre compteur Geiger-Führer

Lundi 4 avril, une conférence de presse a réuni trois groupuscules fangeux : Bloc identitaire (BI), Riposte laïque (RL), Résistance républicaine (RR). Il s’agissait de statuer sur la place des musulmans en France : « Il est possible de résoudre tous nos problèmes avec quelques mesures simples et de bon sens pour les musulmans, comme celles qui ont déjà été utilisées sous Napoléon pour que les juifs puissent devenir des citoyens français à part entière. » Sus aux mahométans, tel était le mot d’ordre de cette conjugaison des imbéciles. Pris entre le marteau UMP et l’enclume FN, il faut bien, pour exister, abattre des cartes prétendument inédites. Alors s’associent dans le même projet de bouter le musulman hors de France : le BI, excroissance national-beaufiste revendiquant un combat contre le « discours jacobin ultrarépublicain » dans lequel « la notion de citoyenneté républicaine désincarnée – et sans relation avec la filiation – est en opposition totale avec [sa] vision de l’identité charnelle et enracinée », précisant qu’« au concept de « France des lumières », [ils opposent] celui de la terre et des morts de Barrès 1 » ; RL et RR, revendiquant au contraire un républicanisme jusqu’au-boutiste – « Je suis une folle de 1789, de la République, des Lumières », explique Christine Tasin 2, la présidente de RR (compagne du président de RL, Pierre Cassen), autrefois passée par le souverainisme de Chevènement. Tous trois forment des diverticules 3 grotesques de ce « con-glomérat » insensé que sécrète une certaine France : un nationalisme qui se veut à la fois républicain, issu des Lumières (revendication première – et usurpation ultime – de RR) et barrésien ; un antilibéralisme pour mieux faire accroire (RR encore, BI également) qu’il y va de la survie de la classe ouvrière 4 ; un culte de l’apéro saucisson-pinard (moins classe que celui de l’Être suprême…) ; une haine des immigrés non européens, vus comme des envahisseurs, des voleurs d’emplois français ; une obnubilation fanatique quant à l’islam, qui serait non « pas seulement une religion, mais un projet politico-religieux totalitaire 5 » ; etc.

Tasin évoque ses accointances avec le FN de Marine Le Pen : « Son discours n’est pas xénophobe mais républicain et laïque. Il me semble le plus proche des valeurs que je porte. Quand elle dit, « stop à l’immigration », c’est du réalisme politique 6. » Elle a d’ailleurs écrit à Bernard Thibault, en défense de ce syndicaliste CGT qui s’est présenté sur une liste FN aux cantonales de mars. Elle l’admoneste ainsi sur son blog, au nom de la charte d’Amiens : « Une foule de cégétistes appuyée par des gauchistes et des sans-papiers (dont on se demande quelle est leur légitimité à manifester, eux qui osent défier les lois et la police), a hurlé sa haine et son intolérance, au passage de Fabien Engelmann. Ce dernier a été insulté, menacé physiquement, par une foule haineuse qui lui crachait dessus. Quelle terrible image pour votre organisation syndicale, qui se réclame des valeurs émancipatrices de la classe ouvrière, et prétend lutter contre le fascisme ! […] Osez dire que Fabien Engelmann ne défend pas mieux que vous les travailleurs français ET immigrés en s’opposant par son engagement politique à la venue d’une main-d’œuvre illégale qui fait baisser les salaires et monter le chômage des travailleurs. » Tout cela se passe de commentaires, en notant tout de même qu’Engelmann est membre de RR…

On appelle « oxymore » l’association de deux termes incompatibles (l’eau sèche, par exemple) ; on appelle « chimère » un monstre d’aspect composite. Tout cela relève de l’oxymore et du chimérique, mais tout cela fonctionne néanmoins, car le contexte idéologique actuel permet cette prospérité. Face aux chimères que sont les religions, d’autres chimères : des groupuscules aux paroles incantatoires (république, peuple, nation…), où le bicot a cédé la place au barbu, où le national-libéral se pare des vertus de l’anticapitalisme, où la saucisse et la Morteau ont remplacé la faucille et le marteau, où le péril arabe est perçu à chaque coin de rue. En un mot : la F(rance).

Religion, nein danke

Il faut être clair : la critique d’une seule religion est l’indice éloquent du travestissement d’un racisme pas encore totalement assumé. En revanche, la critique de toutes les religions est une nécessité, un combat vital. Aussi, face à ces confusions délibérément entretenues, cette lutte contre toutes les Églises et sectes ne doit pourtant pas s’estomper. La religion, ce pouvoir et cet instrument du pouvoir (pouvoir d’humains sur des humains, via le pouvoir d’une vue de l’esprit : une entité transcendante), ne peut rester indemne de nos plus sévères réprobations, dans le droit fil du plus essentiel pilier de la révolution anthropologique portée par le mouvement anarchiste : Ni dieu ni maître.

Marc Silberstein - Groupe Louise Michel de la FA

1. Manifeste du Bloc identitaire sur son site.
2. Liberation.fr, 2 mars 2011.
3. En anatomie, cavité normale ou pathologique communiquant avec un organe creux.
4. Au point que des syndicalistes, des syndiqués, s’y laissent prendre. Voir dans le présent Monde libertaire l’article de J.-P. Anselme.
5. Or les religions, notamment les trois monothéismes, ne sont rien d’autre que des projets à visée totalitaire.
6. Liberation.fr, 2 mars 2011.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 15 Juil 2011, 21:36

Le vieux n'a pas encore raccroché, il a la main sur la campagne de sa fille...

Jean-Marie Le Pen aux étangs d'Aix jeudi 09.06.2011, 14:00

Le Front national a réservé les étangs d'Aix, récemment ouverts, pour sa fête départementale qui se déroulera dimanche 12 juin à Aix-Noulette.
Jean-Marie Le Pen en sera l'invité d'honneur.
Avec une salle de 200 m² totalement indépendante pouvant accueillir jusqu'à 200 personnes assises, des étangs de pêche situés au bout d'un chemin, en dehors de la ville, accolé à un bois, le Front national a trouvé aux étangs un endroit calme. Mais la venue de Jean-Marie Le Pen s'est vite ébruitée dans le village et dans les alentours. « Ce sont des clients comme les autres. Ils nous ont sollicités pour avoir un parcours », explique le propriétaire des étangs d'Aix. Quant à Alain Lefebvre, maire de la commune, cela lui est égal. « Cela se passe chez un privé. Ce qui est sûr, c'est que je n'irai pas », ironise-t-il.
Très vite, le Front national a également su que nous avions enquêté sur sa venue à Aix. Le secrétaire départemental du parti, Laurent Brice, très mécontent que nous ayons posé des questions (et donc fait notre travail) a interdit à L'Avenir de l'Artois d'être présent à la conférence de presse organisée le 12 juin, à 11h30, après nous y avoir invités. La liberté de la presse, une notion floue pour le Front national, épinglé à ce sujet plusieurs fois en France par l'association Reporters sans frontière.

C. J. et D. C.


FN : À Aix-Noulette, Jean-Marie Le Pen à la pêche aux voix pour Marine lundi 13.06.2011, 05:13 - La Voix du Nord

Les étangs d'Aix-Noulette ont accueilli hier la fête départementale du Front national. Un événement qui a pris une dimension importante avec le passage de Jean-Marie Le Pen. Alors que depuis la rocade conduisant à Aix, les affichettes de la candidate Marine Le Pen indiquait la route, c'est en son absence qu'a eu lieu la journée de politique et de détente. Son père dira simplement qu'elle est sur le terrain à Perpignan. ...

Les leaders locaux du FN ont guidé leur invité parmi la foule des militants, 300 personnes qui étaient présentes, autant que peut en contenir la salle du restaurant. Tout le monde a patienté le temps de la conférence de presse. Ensuite Jean-Marie Le Pen a dû se frayer un passage pour accéder à la place qui lui était réservée à table, sous les applaudissements des militants. Au passage il prend plaisir à poser pour les journalistes ou pour les conjoints qui veulent prendre la photo de leur épouse en sa compagnie.


À peine assis, l'homme politique a tout juste le temps de boire un verre d'eau avant que ses supporters affluent pour les autographes. Il faudra les arrêter pour permettre à Jean-Marie Le Pen de se restaurer, mais peu de temps. Une demi-heure plus tard, il reprend la parole devant les militants À la tribune, Jean-Marie Le Pen reste redoutable, arrosant son auditoire de petites phrases assassines qui suscitent les applaudissements des militants.

L'homme politique aguerri jongle avec les mots comme avec les sujets. Il parle des ces affaires qui touchent la classe politique. Le député européen frontiste dénonce cette complaisance « émanant de la bourgeoisie qui gouverne ce pays ». Pour lui l'analyse est simple : « ces dirigeants sont d'anciens soixante-huitards qui ont évolué depuis l'extrême gauche parfois jusqu'à la droite et qui restent liés entre eux par leurs frasques de jeunesse et l'anarchisme de l'esprit de 68 ». Jean-Marie Le Pen pointe du doigt « la caste des dirigeants français qui sont aujourd'hui directeurs de banque, de journaux, ministres... » Lui affirme préférer parler « des vrais problèmes », comme la délocalisation ou l'immigration « qui va poser à notre pays un problème de survie ». Il apprécie donc l'intervention de Marine Le Pen sur la double nationalité.

Le fondateur du FNgarde cependant le meilleur pour la fin quand, à Aix-Noulette, il parle de l'ancien et de l'actuel président de la République. Il évoque également la prochaine échéance électorale. Les sondages favorables à Marine Le Pen semblent avoir légèrement fléchi ces derniers jours : « C'est normal, depuis l'affaire DSK, on ne parle que des socialistes », dit le fondateur du FN. En attendant, il se demande qui seront les candidats des autres partis. Il attend dont la sortie « des déchirements socialistes après les primaires » et il pense que Nicolas Sarkozy ne sera pas candidat. En tout cas, il est persuadé que les électeurs vont « choisir une autre direction que celle qui a été prise depuis 30 ans ». •

D. B.
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Messagede Nico37 » 17 Juil 2011, 16:13

Jean-Pierre Stirbois, l'apparatchik

Les numéros deux du Front national (2/4) | LE MONDE MAGAZINE | 15.07.11 | 17h36

Au soir du 11 septembre 1983, la tension ne cesse de monter sur la place de la mairie de Dreux, dans l'Eure-et-Loir. La soirée du second tour de l'élection municipale partielle est animée. La foule scande : "Stirbois, fasciste et assassin !", "Stirbois, salaud, le peuple aura ta peau !". La liste qui a remporté la victoire compte des chiraquiens, des centristes et des frontistes, dont le numéro deux du Front national, Jean-Pierre Stirbois.

Une semaine auparavant, ce dernier avait bousculé l'échiquier politique avec le "coup de tonnerre de Dreux" : sa liste obtenait près de 17 % des voix au premier tour et il allait réussir l'exploit – obliger les droites à fusionner avec le FN. L'homme de cette victoire historique qui fait connaître le Front national aux Français est l'inverse de Jean-Marie Le Pen. L'un est austère, l'autre brillant, l'un est un tribun, l'autre un apparatchik.

Jean-Pierre Stirbois est un fils d'ouvrier né en 1945. Adolescent, il est proche de l'OAS-Métro-Jeunes. En 1965, il participe à la campagne présidentielle du candidat d'extrême droite Jean-Louis Tixier-Vignancour, dont Jean-Marie Le Pen est l'animateur. Stirbois y rencontre à cette occasion une militante prénommée Marie-France, qui va partager sa vie affective et politique.

La déroute électorale qui suivra va provoquer une lutte fratricide entre Tixier et Le Pen. Stirbois choisit le premier puis s'en va participer au lancement du Mouvement jeune révolution. "Solidariste", ce groupe réunit des anciens de l'OAS-Métro-Jeunes, leur idole est le capitaine Pierre Sergent. Au retour de son service militaire en 1969, Stirbois prend en charge le secrétariat national. "C'est là que vont se former le style et les méthodes d'organisation du futur numéro deux du FN", estime l'historien Jonathan Preda.

Stirbois veut construire une élite révolutionnaire apte à l'action clandestine. Il est lié avec Aginter Press, une officine portugaise de contre-subversion très impliquée dans les actions terroristes qui frappent l'Italie. La découverte dans sa cave d'armes et de matériel destiné à la production d'explosifs lui vaut d'ailleurs un an de prison avec sursis en 1971. L'organisation vit alors des crises successives. En 1975, Stirbois renomme son noyau de fidèles l'Union solidariste et fonde une imprimerie. Dix ans plus tard, elle tournera à 90 % pour le FN.

Un drame va précipiter le rapprochement de Stirbois avec Le Pen. Lors de la venue à Paris, en 1977, du chef de l'Etat soviétique Leonid Brejnev, le militant solidariste Alain Escoffier s'immole par le feu. L'ensemble de l'extrême droite est en deuil. Le 23 février 1977, à la messe funèbre, tous les groupes d'extrême droite font corps. Sur le parvis de l'église, Jean-Marie Le Pen et Jean-Pierre Stirbois discutent. Ils se reverront et l'Union solidariste adhérera en bloc au FN.

FORMULES CHOCS

Dix ans après, Stirbois se souvient clairement de ses débuts auprès de Jean-Marie Le Pen : "Je m'imaginais que le Front national était une organisation puissante, mais découvris vite que s'il y avait un chef, des idées et quelques bonnes volontés, il manquait de structures et de militants encadrés…" Le couple Stirbois décide de s'implanter à Dreux en 1978 et commence à quadriller les quartiers populaires. Un élu local aura ce mot : "C'est curieux que Stirbois soit au Front national, il a l'air normal". Le solidariste se lance dans une OPA sur le Front. La tension monte avec la tendance nationaliste-révolutionnaire de François Duprat qui a perdu son chef assassiné dans un attentat à la voiture piégée en 1978 (lire Le Monde Magazine du 9 juillet).

Stirbois est pro-israélien et récuse toute connotation fascisante qui, à son sens, freine le développement du FN. Ses adversaires l'accusent d'être un "agent sioniste", son vrai nom serait "Stirnbaum". Il crie à la provocation, traite ses détracteurs de "nazillons" et applique la formule de Lénine : "Le parti se renforce en s'épurant"… En deux ans, les radicaux sont liquidés. Après avoir pris la direction du comité de soutien à la candidature Le Pen pour la présidentielle de 1981, en vain car le nombre de signatures ne sera pas atteint, il récupère le secrétariat général. Travailleur acharné, il veut édifier un véritable appareil maillant la France entière et s'initie aux formules chocs, lançant en 1982 un tonitruant : "Immigrés d'au-delà de la Méditerranée, retournez à vos gourbis !".


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Jean-Marie Le Pen et Jean-Pierre Stirbois, président et numéro deux du FN,, lors d'une conférence de presse avant les élections municipales de Dreux, le 6 septembre 1983.AFP / Gabriel Duval

Dans une France qui est passée du "changer la vie" de François Mitterrand à la "rigueur" de Jacques Delors, dans une ville de Dreux où un habitant sur cinq est un immigré, un sur dix chômeur, Stirbois obtient un premier succès aux cantonales de 1982 (12,6 %) qui lui permet d'aboutir à une union RPR-FN aux municipales de 1983. Son slogan est sans ambiguïté : "Inverser le flux de l'immigration à Dreux". La gauche gagne mais l'élection est annulée. On doit revoter en septembre. Le couple Stirbois se lance cette fois sous la seule bannière du Front. Tout l'été, ils vont à la rencontre des Drouais. Des Parisiens viennent les aider, mais pas Jean-Marie Le Pen : il est en vacances. En septembre, c'est le "coup de tonnerre" qui donne des ailes à Stirbois. Certains frontistes pensent qu'il est temps de changer de chef.

Reste que le succès apporte de nouvelles difficultés. Des transfuges des droites rejoignent le FN, mais leur culture politique a peu à voir avec celle des "historiques". Le ton monte. Persuadé que le vivier naturel de l'électorat frontiste se situe dans les milieux populaires, Stirbois craint l'embourgeoisement et redoute que la droite veuille détruire son parti de l'intérieur. Main de fer dans un gant d'acier, il provoque des scissions, menace les déviants, constitue des dossiers sur les cadres. En 1986, grâce à une modification de la loi électorale, le FN entre à l'Assemblée avec 35 députés, élus sur des listes de "rassemblement national" alliant FN et divers droite.

BRAS DESSUS BRAS DESSOUS

L'image de Stirbois évolue. Celui qui avait purgé les radicaux est perçu comme leur chef de file. Il est en permanence suspecté de préparer un putsch ou une scission. Aux journées parlementaires frontistes de 1987, Stirbois et Le Pen arrivent bras dessus bras dessous, afin de démentir le conflit. Les journalistes interrogent le président du Front sur son avenir. "Faites très attention de vouloir dépouiller l'ours pendant qu'il est encore vivant, rétorque Jean-Marie Le Pen. Il peut encore très bien vous enlever la tête d'un coup de patte." Pour contrer l'influence de son secrétaire général, Jean-Marie Le Pen fait monter Carl Lang et Bruno Mégret dans l'appareil. Dans la presse, Stirbois menace : "Le FN était en 1983 une entreprise artisanale, il est devenu une PME et maintenant presque une grande surface. Si le chef d'entreprise fait preuve de mollesse, l'affaire périclitera. Je suis sans mollesse."

Cette idée d'un duel entre les deux têtes du parti n'est pas partagée par Lorrain de Saint-Affrique. Alors conseiller en communication de Le Pen, cet ex-giscardien est un ennemi de Stirbois. Il est aujourd'hui loin de l'extrême droite. Il considère qu'en aucun cas le numéro deux n'a voulu déstabiliser le chef : "Il aurait pris une balle pour Le Pen". Conscient qu'il a les qualités d'un apparatchik et non d'un leader populiste, Jean-Pierre Stirbois serait resté à sa place. En cas d'empêchement de Le Pen, il n'imaginait pas le remplacer mais aurait souhaité introniser Bruno Gollnisch, qui avait su prouver sa fidélité au parti après l'avoir rejoint en 1983. Par-delà certaines tensions, Stirbois confortait Le Pen dans sa position de patron assurant l'équilibre entre tous.

La base de la démarche de Stirbois est de faire subir à la droite une double pression. Par la droite : il s'agit de caricaturer ses thèmes (néolibéralisme, antifiscalisme, antimarxisme) pour démontrer qu'ils sont identiques à ceux de la gauche et poser le FN comme la "vraie droite". Par la gauche : dès 1982, il affirme que seul le FN peut aller chercher des voix populaires, et donc assurer une alternance à la gauche. Il reprend comme un étendard le qualificatif de "national-populiste" apposé par les politistes au parti. Pour lui, "ceux qui votent traditionnellement à gauche parce qu'ils s'imaginent depuis toujours que la gauche défend les travailleurs vont petit à petit comprendre que le mouvement qui défend le mieux les travailleurs français, c'est le Front national". La sociologie électorale va dans son sens : entre 1984 et 1988, la part des ouvriers votant FN est passée de 8 à 19 %.

"UN PARTI PUR ET DUR"

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Jean-Marie Le Pen et son service d'ordre font le coup de poing avec des manifestants, après une conférence de presse, le 19 mai 1984 à Olivet (Loiret). Dans le fond à droite, Jean-Pierre Stirbois.AFP / Frank Perry




Pour les cantonales de 1985, Stirbois défend l'idée que le Front n'appelle pas à voter pour la droite au second tour. Il souhaite l'affaiblir afin de la contraindre à une alliance aux législatives à suivre. Le président du FN rêve d'être ministre de la défense du gouvernement de cohabitation, mais préfère la méthode douce. "Stirbois a dit à Le Pen qu'il commettait une erreur, que seule une stratégie de rupture ferait plier le RPR et l'UDF", relate son camarade Jean-François Touzé. Le débat reste en suspens. Il se repose au lendemain du premier tour de la présidentielle de 1988 où Le Pen a obtenu 14 % des voix. Depuis un an, Stirbois plaide pour que le Front fasse voter Mitterrand. Au bureau politique, Le Pen dit qu'"il faut faire voter Chirac". Stirbois rétorque sèchement : "Pourquoi ?".
Finalement, Le Pen prône l'abstention ou le vote Chirac mais son second glisse un bulletin François Mitterrand dans l'urne.

Stirbois se lance ensuite à corps perdu dans la campagne pour le "non" au référendum sur le statut de la Nouvelle-Calédonie. Le soir du 5 novembre 1988, il tient meeting à Dreux. Dans une référence lourde de sens, un clin d'œil à Pierre Sergent, ancien chef de l'OAS-Métro qui a été élu député FN de Perpignan, il se déclare prêt à retourner en Nouvelle-Calédonie "mettre sa peau au bout de ses idées". Après avoir ainsi menacé la France d'une nouvelle OAS, il reprend la route dans sa Golf GTI et percute un arbre. Le maître d'œuvre de la deuxième période du FN meurt sur le coup.

L'émotion est intense au Front national, et la rumeur enfle : Jean-Pierre Stirbois aurait été assassiné, comme François Duprat. Les amis du défunt se retrouvent à la Mutualité pour une soirée d'hommage. Roger Holeindre, vieux compagnon de Le Pen, salue celui qui "a chassé du FN les incapables et les voyous [pour bâtir] un parti pur et dur".

Mais cette disparition va entraîner l'élimination de ses affidés. En 1990, son camarade Michel Schneider tente de renverser la vapeur en adressant un courrier aux principaux cadres de l'extrême droite. Son texte est une charge contre l'autoritarisme et la "banalisation conservatrice" de Jean-Marie Le Pen qui le mènerait vers la droite, et donc "dans le cul-de-sac". Son objectif est de construire un courant national-populiste poussant Marie-France Stirbois. C'est un échec. Quand Bruno Mégret conquiert, via son épouse, la mairie de Vitrolles, il débaptise l'avenue Jean-Marie-Tjibaou (leader kanak assassiné) pour la renommer avenue Jean-Pierre-Stirbois. L'apparatchik disparu a intégré le rayon des symboles du parti frontiste.

Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg



Parcours

1945 Jean-Pierre Stirbois naît dans un milieu ouvrier. Adolescent, il est proche de l'OAS-Métro-Jeunes.
1965 Il participe à la campagne présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour.
1969 Il est nommé secrétaire national du Mouvement jeune révolution.
1975 Il fonde l'Union solidariste.
1977 Lui et son groupuscule rejoignent le Front national.
1978 Stirbois devient le numéro deux du FN et le bras droit de Jean-Marie Le Pen après l'assassinat de François Duprat. Il entame aussitôt la purge des fidèles de ce dernier.
1980 En vue de la présidentielle, il est à la tête du comité de soutien à Jean-Marie Le Pen.
1981 Il accède au poste de secrétaire général du FN.
1983 Il obtient près de 17 % au premier tour des municipales de Dreux.
1984 Il est élu député européen.
1986 Les législatives voient l'élection de 35 députés FN. Stirbois est vice-président du groupe parlementaire.
1988 Il échoue à imposer à Jean-Marie Le Pen une consigne de vote pour Mitterrand. Il meurt le 5 novembre dans un accident de voiture.

Aller plus loin

Le Pen. Biographie, de Gilles Bresson et Christian Lionet, Le Seuil, 1994, 476 p., 23,20 €.
Les Nationalistes en France : La montée du FN, 1983-1997, de Roland Gaucher, Jean Picollec, 1997, 446 p., 24,70 €.
Les Droites nationales et radicales en France, de Jean-Yves Camus et René Monzat, Presses universitaires de Lyon, 1992.
Le Front national à découvert, sous la direction de Nonna Mayer et Pascal Perrineau, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1998.
"A l'école du militantisme extrême : le cas des courants “solidaristes” de 1969 à 1972", de Jonathan Preda.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 21 Juil 2011, 21:55

Le Parti populaire monte au Front (national)

Dans le journal L’Echo, Misckaël Modrikamen, patron du petit Parti populaire, a avoué la séduction qu’exerçait sur lui Marine Le Pen, présidente du Front national français. Le PP passerait-il de la « droite décomplexée » à l’extrême droite affirmée ? Sa « frontnationalisation » est en marche.

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Fondé par l’ex-avocat vedette de l’« affaire Fortis », le Parti populaire pourrait devenir le partenaire officiel en Belgique du Front national français.

Depuis son apparition récente dans le paysage politique belge, le Parti populaire (PP), de l'ex-avocat Misckaël Modrikamen, se présente comme une alternative à la classe politique traditionnelle. Malgré des scores encore marginaux (ce qui est normal pour une nouvelle formation dans le système électoral belge), il a réussi à faire élire un premier député fédéral en juin dernier grâce au système électif indirect. Depuis son mandataire unique a été exclu du parti suite à des propos jugés racistes, et a fondé une dissidence des plus folkloriques.

Avec des accents poujadistes, le PP tente officiellement de représenter en Belgique une « droite décomplexée ». Une « nouvelle droite » populiste, patriotique, protectionniste, mais aussi ultralibérale et sans aucun complexe au sujet de la critique de l’Islam, de l’immigration et de l’insécurité. Des thématiques chères aux formations nationalistes populistes de droite radicale qui, partout en Europe, se développent avec des succès certains en Hollande, au Danemark, en Suède, en Hongrie et en France.


Petit Degrelle

Jusqu’à récemment encore, Misckaël Modrikamen a toujours refusé d’être assimilé à la droite extrême et ses images d’Épinal. Certains avaient osé le comparer à un « petit Degrelle », le chef charismatique de l’extrême droite francophone des années trente.

Profitant de l'implosion du Front national belge et de sa disparition des parlements, Modrikamen semble vouloir occuper l'espace national-populiste désormais vide « à la droite de la droite ». Avec son discours populiste, comme jadis le FN, il louche également sur l'électorat populaire du Parti socialiste, dont des franges ont déjà dans le passé été séduites par un « vote protestataire » en faveur de l'extrême droite.

Ce n'est donc pas étonnant que Mischaël Modrijkamen, fondateur et patron absolu du PP, avoue maintenant au grand jour son attirance pour Marine Le Pen et son « nouveau » Front national. Une formation qui n'appartiendrait plus, selon lui, à l'extrême droite classique. Dans L'Echo du 13 juillet dernier le président du Parti populaire s'est ainsi clairement exprimé : « Un mouvement de retour vers les aspirations du peuple grandit en Europe, avec Wilders, avec Marine Le Pen. Elle est en train de transformer le Front national en un parti de gouvernement. Ce n'est plus une extrême droite, critiquable, mais une droite qui s'assume avec un côté populaire. Notre parti s'inscrit dans ce mouvement. Il va décoller ». L’Echo n'hésitera d’ailleurs pas à titrer sans équivoque l’interview: « Le PP dans la lignée de Marine Le Pen ».

Image
Pour L’Echo du 13 juillet 2011 : la stratégie du Parti populaire de Mischaël Modrikamen est claire…

Petit milieu « néoréac »

Le leader populiste belge profitera encore de cet entretien accordé à L'Echo pour dire tout le bien qu'il pense de la N-VA, le parti nationaliste-libéral de Bart De Wever, et de plusieurs politiciens du Mouvement réformateur (MR), comme Denis Ducarme, Alain Destexhe ou Jacqueline Galand. Des politiciens ayant tout récemment renoués d’une certaine manière avec les discours populistes - et xénophobes - des années quatre-vingt du Parti réformateur libéral (PRL), le pilier-fondateur du MR ().

Toujours à l’occasion de cette interview, Mischaël Modrikamen liste aussi ses principales cibles : le laxisme, le communautarisme (de et en faveur de populations immigrées), le bourgmestre PS de Molenbeek Philippe Moureaux... Ces sympathies politiques et ces ennemis revendiqués par Modrikamen sont aussi, comme par hasard, ceux d'un petit milieu « néoréac ». Ce courant idéologique conservateur et réactionnaire est conduit par un ancien journaliste antisioniste radical (et ex-sympathisant de l'extrême gauche stalinienne !) qui a trouvé une confidentielle assise médiatique dans un journal satirique d'ultradroite. Vraiment un hasard ?
Sur un même front Modrikamen et ce milieu « néoréac » s’opposent à la « bartophobie »… une « maladie » qui toucherait le monde politique francophone par son opposition systématique à Bart De Wever et son Alliance néoflamande (N-VA).

Partenaire belge du FN ?

L’aveu de l’attirance du chef du Parti populaire belge pour la présidente du Front national français pourra-t-il permettre au premier de représenter tout prochainement, dans notre pays, le courant politique de la seconde ? C’est d’autant plus possible que les FN locaux (ils ne sont plus aujourd’hui que trois), complètement groupusculisés, restent empêtrés dans d’interminables « guerres de clans ».

Dans cette perspective, Marine Le Pen pourrait avoir l’idée de faire de Mischaël Modrikamen son partenaire officiel en Belgique. Un acquis pour celle qui souhaite ardemment « dédiaboliser » son parti. L’abandon de ses liens avec une extrême droite belge francophone devenue complètement ridicule, et une alliance politique avec le PP, plus crédible et sans racines fascistes, serait pour Le Pen fille une aubaine. Et peut-être un propulseur électoral pour le populiste Parti populaire de Mischaël Modrikamen.

Manuel ABRAMOWICZ
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 23 Juil 2011, 14:26

Union locale CGT - Auchel

C’est contre le patronat, la misère et le chômage qu’il faut lutter. Pas contre les immigrés et les pauvres !

LA CGT brise 6 MENSONGES de l’INTOLERANCE et de la HAINE pour faire face aux chants des sirènes de l’extrême droite populiste et identitaire…et ses alliés !

1) « Les immigrés ont la priorité pour obtenir les logements HLM »

Mensonge. Trois ménages immigrés sur quatre vivent dans les logements privés. Les étrangers occupent 7 fois plus souvent des logements précaires et 4 fois plus souvent des logements surpeuplés que les Français de même condition sociale. Un quart des familles manquent soit d’un W.C. soit d’une installation sanitaire. Un dixième seulement des HLM est occupé par une famille étrangère. Il y a encore 10 ans, 9,5 % des HLM étaient occupés par des cadres supérieurs. Le gouvernement Balladur avait augmenté en 1993 le plafond d’accès aux HLM, défavorisant ainsi encore plus les familles les plus nécessiteuses. Dans le même temps, alors que des milliers de familles prioritaires attendent un logement, il y a des milliers de logements vacants, malgré la loi.
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2) « Les immigrés coûtent cher à la Sécu »

Mensonge. Jacques Chirac avait repris ce mensonge en affirmant que grâce aux aides sociales, une famille d’immigrés vivait mieux qu’une famille française. Une enquête des élèves de l’ENA (l’Ecole Nationale d’Administration qui forme les élites) démontre que les étrangers cotisent plus qu’ils ne perçoivent dans les deux secteurs déficitaires de la Sécu. Ils cotisent à hauteur de 7,6 % pour le régime maladie alors qu’ils ne touchent que 6,3 % des prestations. De même ils cotisent à hauteur de 7,9 % pour les retraites alors qu’ils n’en perçoivent que 5 %. Par ailleurs, ayant rarement les moyens de cotiser à une mutuelle complémentaire, le taux de remboursement des dépenses médicales n’est que de 51% pour les immigrés contre 77,8 % pour les Français.
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3) « Les immigrés sont la cause principale de la délinquance »

Mensonge. A condition sociale identique, la délinquance n’est pas plus élevée chez les immigrés que chez les Français. La petite délinquance est généralement plus importante dans les milieux défavorisés où se retrouvent les immigrés venant des pays pauvres. Sur les condamnations prononcées, 18,7 % concernent des étrangers, mais 1/4 de ces délits se rapporte à des infractions liées aux lois sur l’immigration. Infractions qui ne cessent d’augmenter du fait d’une législation de plus en plus dure et sévère pour les « illégaux ». Le harcèlement incessant de la police explique aussi le fait que les immigrés soient plus souvent mis en cause. D’ailleurs, pour une même infraction, 35 % des personnes seront envoyées au parquet si elles sont françaises contre 63 % si elles sont maghrébines ou français issus de l’immigration notamment nord-africaine.

4) « La France aux français » ?

Imbécile. Être français de souche est totalement dénué de sens dans un pays où 32% des français ont des grands-parents d’origine étrangère.
La population française actuelle est le fruit de siècles d’immigrations et de métissages incessants, qui en font sa richesse et sa diversité.

Non, nos ancêtres ne sont pas tous d’irréductibles Gaulois !
Non, il n’y a pas 65 millions de français et 6 milliards d’étrangers !
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5) « Les immigrés ne s’assimileront jamais » ?

Assimilation (déf. Scientifique) : « processus par lequel un être vivant en transforme un autre en sa propre substance » Les immigrés n’ont pas à « s’assimiler » car personne n’est en droit de forcer un individu à abandonner ou à détruire son identité et sa culture. En revanche, il faut favoriser le processus de participation active et collective à la société, de membres variés et différents, tout en acceptant leurs spécificités culturelles, sociales et morales qui, elles, enrichissent la société.

CONTRE L’ASSIMILATION : Il faut se battre pour une vraie citoyenneté : Droit de vote pour les immigrés. Régularisation de TOUS les sans-papiers. Interdiction des partis xénophobes et racistes.
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6) « 4 millions de chômeurs, 4 millions d’immigrés » ?

Mensonge. Il n’y a aucune corrélation entre le chômage et l’immigration : 17% d’immigrés en Suisse et « seulement » 5% de chômeurs. En France, la proportion d’étrangers n’a pas évoluée depuis 1974, alors que le nombre de chômeurs a plus que triplé. Les immigrés sont les premières victimes du chômage et de la précarité (25% des immigrés sont au chômage, 40 % dans la précarité) ; ils sont utilisés comme « amortisseurs de la crise » et « bouc émissaires » de tous les maux de cette société qui met les êtres humains au service des économies. De plus, les immigrés subissent la discrimination à l’embauche ainsi que leurs enfants et leurs petits enfants (par exemple il faut être français pour être fonctionnaire).
Non, les immigrés ne prennent pas le travail des français mais Oui les multinationales françaises s’accaparent des richesses dans les pays du Sud !

Rappelons que les pays d’Afrique notamment, sont pillés depuis des siècles par les colonisateurs, auxquels ont succédé les multinationales et les groupes occidentaux, cette bourgeoisie a toujours été protégée par des milices et des armées dirigées par les grandes puissances.

Rappelons que dans les années 30, les nazis menaient campagne en Allemagne avec comme slogan « 400 000 chômeurs, 300 000 juifs ; la solution est simple ! ». Ce slogan a abouti à l’extermination de 6 millions de juifs et de 500 000 tziganes... et à 100 millions de morts !

La Maison de l’Artois installée à Auchel est la copie conforme de la Maison Flamande installée à Lambersart. Les « identitaires » sont une ramification occulte du Front National et des extrémistes fascistes européens, ils agissent comme une secte (gourou et adeptes sous emprise).

Il suffit de se rendre sur internet pour découvrir réellement qui ils sont et comment ils agissent. Les « identitaires » ont des liens étroits avec les catholiques intégristes et les milieux financiers bourgeois.

Dans les années 1920/1930, les « identitaires » d’aujourd’hui étaient les « Croix de Feu », mouvance factieuse, ultra catholique et royaliste qui demandait la reconnaissance des identités régionales et leur souveraineté, d’où aujourd’hui les Maisons identitaires qui s’installent un peu partout, et bien sûr en toute légalité…

Mais en Allemagne en 1933, le parti nazi était aussi légalement constitué…et « ne faisait » que 30% aux élections… Tout le monde connaît la suite de cette « légalité » et de cette banalisation des idées racistes, xénophobes et identitaires…et les conséquences mondiales des alliances politiques entre la droite dites Républicaine et la droite extrémiste, arme de guerre ultime du capitalisme en crise, contre les intérêts des travailleurs et des Peuples : 100 millions de morts dont 75 000 camarades de la CGT !

A Propos du Capitalisme, Karl MARX écrivait : « A 50%, il est téméraire ; à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines et à 300%, il ne recule devant aucun crime ».
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 24 Juil 2011, 10:22

Le FN attaque Fourest Caroline Vigoureux - leJDD.fr jeudi 21 juillet 2011

Depuis plusieurs semaines, le Front national tempête contre la biographie de la présidente du FN signée par Caroline Fourest et sobrement intitulé Marine Le Pen. Jeudi, le parti a décidé de déposer une citation à comparaître pour diffamation et injure.

Le 23 juin dernier, Marine Le Pen et la journaliste Caroline Fourest s’affrontaient à travers un vif échange sur le plateau de l’émission Des paroles et des actes, sur France 2. Au cœur de la discorde : la biographie de la présidente du FN écrite par l’essayiste et fustigée par Marine Le Pen qui accuse la journaliste de livrer de fausses informations sur sa vie.

Mercredi, le FN a décidé d’aller plus loin. Le parti frontiste et ses leaders ont cité à comparaître au tribunal de Paris Caroline Fourest et Fiammetta Venner, les accusant de diffamation et injure dans ce livre paru début mai. Au total, quelque 17 passages du livre sont visés par la citation directe, déposée mercredi au tribunal correctionnel aux noms du FN, de Jean-Marie et Marine Le Pen, ainsi que du vice-président du parti, Louis Aliot.

Des propos peu amènes envers Le Pen

"Ce bouquin renferme énormément d’erreurs matérielles. Il est sectaire, diffamatoire et injurieux. C’est clair comme de l’eau de roche", s’agace Me Wallerand de Saint-Just, avocat et trésorier du parti, contacté par leJDD.fr. Au total, quelque 120.000 euros de dommages et intérêts sont réclamés.

De son côté, Caroline Fourest était injoignable jeudi, selon Grasset, sa maison d’édition. Elle a tenu à se couper du monde pendant ses vacances, explique-t-on.

Le FN reproche notamment aux auteurs d'avoir utilisé une ancienne interview de la mère de Marine Le Pen, Pierrette, parue en 1988 dans les revues Globe et Rolling Stone. La première épouse de Jean-Marie Le Pen y jugeait alors très sévèrement son ancien mari.

D'anciens responsables du FN, comme Fernand le Rachinel et Jean-Claude Martinez, sont également poursuivis pour des propos rapportés dans le livre au sujet des Le Pen, père et fille, que le FN n’a pas vraiment apprécié.

"Il y a plus de gens qui diffament le parti"

Ces derniers mois, Marine Le Pen multiplie les recours en justice. La leader frontiste a engagé plusieurs actions en diffamation ou injure, notamment à l'encontre de Georges Tron, Rama Yade ou Jean-Luc Mélenchon.

Plus récemment, le FN avait aussi annoncé avoir assigné fin juin France Télévisions pour un numéro de l'émission Complément d'enquête, diffusé début mai sur France 2 et consacré à l'extrême droite.

Nouvelle stratégie de défense ? "Tous ceux qui diffament le FN et ses dirigeants se retrouvent avec une action en justice", prévient Wallerrand de Saint-Just, assurant qu’il y a "plus de gens qu’avant qui critiquent le parti".
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 26 Juil 2011, 21:21

Oslo: la tragédie qui embarrasse le FN Par David Doucet, publié le 25/07/2011 à 13:05

Le double attentat commis à Oslo par un militant d'extrême droite inquiète le Front national qui craint des répercussions sur son image.
L'attentat commis à Oslo par le militant d'extrême droite Anders Behring Breivik embarrasse sérieusement le Front national. Craignant les risques d'amalgame entre cet attentat et la mouvance nationaliste dans son ensemble, le député européen du FN, Bruno Gollnisch n'a pas attendu les critiques pour crier à la "manipulation médiatique".
Visiblement agacé par la présentation faite par les médias d'Anders Behring Breivik, décrit comme un "fondamentaliste chrétien", Bruno Gollnisch a dénoncé dans un communiqué samedi, un "nouveau Carpentras". Une affaire dans laquelle le Front national avait été accusé de la profanation d'un cimetière juif en 1990. Selon l'ex-numéro deux du FN, l'appartenance présumée à la franc-maçonnerie rendrait peu crédible cette description du meurtrier.
Oubliant au passage d'exprimer la moindre solidarité à l'égard des victimes norvégiennes, le député européen n'hésite pas non plus à comparer le double-attentat qui a eu lieu à Oslo avec celui de la synagogue de la rue Copernic en 1980 ou à la tuerie de Nanterre en 2002, perpétrée par un déséquilibré, militant chez les Verts. "La vérité, c'est qu'il ne saurait exister de responsabilité collective. Un assassin n'engage que ses complices effectifs et lui-même", explique l'ancien rival de Marine Le Pen pour la présidence du FN.
Selon le politologue Jean-Yves Camus, la réaction de Bruno Gollnisch est plutôt logique en tant que représentant de l'aile radicale du FN. "Il craint certes l'amalgame fait par certains media entre le tueur d'Oslo et les idées nationalistes mais surtout redoute que ses adversaires au sein du FN s'en servent pour légitimer d'autres exclusions afin d'éviter qu'un jour un adhérent connu pour ses idées radicales commette un acte violent", explique ce chercheur associé à l'IRIS.
Même embarras du coté de Marine Le Pen
Du coté de Marine Le Pen, le même embarras était perceptible mais pas pour les mêmes raisons. Il a fallu attendre 48 heures pour qu'elle réagisse laconiquement à la tragédie: "Le Front national condamne ces actes barbares et lâches et exprime sa totale solidarité avec le peuple norvégien."
Samedi, le site d'informations du FN, Nations presse infos, se montrait d'une grande prudence, expliquant que nul ne connaissait encore le coupable. Dans l'entourage de Marine Le Pen, l'un de ses conseillers souhaitait même sortir "des actes de contrition" en expliquant "les causes de cet attentat" qu'il impute à "l'explosion de l'immigration en Norvège". Selon lui, ce geste est le signe précurseur d'une "guerre civile sur l'Europe".
Marine Le Pen a choisi une position inverse en condamnant fermement l'attentat. Fidèle à sa politique du prétoire, elle a même menacé de porter plainte contre le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), dont un communiqué expliquait que les partis d'extrême droite portaient "une lourde responsabilité dans le climat délétère qui pèse sur le continent tout entier".
"L'extrême droite tente de dépolitiser l'acte"
Dans d'autres mouvement d'extrême droite, la gêne est tout aussi palpable. Contacté par LEXPRESS.fr, le président du Bloc Identitaire Fabrice Robert estime qu'"Anders Behring Breivik a profondément desservi sa cause en accomplissant ce geste" car "nombreux sont ceux qui vont pointer du doigt les mouvements populistes désormais".
"Nous partageons peut-être des valeurs convergentes mais ça n'engage pas notre responsabilité, il n'y a aucun appel au terrorisme dans nos programmes", s'est défendu le patron du Bloc identitaire.
Selon le sociologue Yannick Cahuzac, spécialisé dans l'étude de l'extrême droite sur le web, ce malaise est aujourd'hui assez largement partagé sur les sites nationalistes."Ils tentent de psychologiser l'affaire afin d'en dépolitiser l'acte. Certains sites mettent en avant l'appartenance du tueur à la franc maçonnerie ou l'histoire de la tuerie de Nanterre pour délégitimer la critique du racisme d'Anders Behring Breivik."
Le Parti du progrès, un référent idéologique pour le nouveau FN
"Anders Behring Breivik est issu du parti du Progrès (FrP), l'un des partis populistes nordiques qui ont servi d'exemple au Front national voulu par Marine Le Pen", explique l'historien Stéphane François.
"Sur le plan idéologique, la profession de foi d'Anders Behring Breivik est d'ailleurs caractéristique de ces partis populistes nordiques qui sont à la fois conservateurs et occidentalistes. Dans leur défense des valeurs européennes, ils développent un très fort rejet de l'islamisme et du multiculturalisme" tout en rejetant le racisme et le folklore néo-nazi, explique ainsi ce spécialiste de l'extrême droite.
Il y a quelques années, ces partis populistes nordiques, souvent issus de scissions avec les conservateurs, avaient rompu avec l'extrême droite traditionnelle. En 1997, raconte le politologue Jean-Yves Camus, le FN de Jean-Marie Le Pen avait envoyé un télégramme de félicitations à Carl Hagen, dirigeant du Parti du Progrès, après son excellent score aux élections. Hagen s'était alors distancié du FN en expliquant qu'il trouvait Jean-Marie Le Pen "extrémiste et raciste".


Norvège: un conseiller de Marine Le Pen déclenche un tollé à gauche Par David Doucet, publié le 25/07/2011 à 18:56

Laurent Ozon a déclenché une polémique en tentant d'expliquer les causes qui avaient pu pousser le meurtrier d'Oslo à commettre ce carnarge.
Décidément les attentats commis en Norvège embarrassent sérieusement le Front national. Après le communiqué ambigu de Bruno Gollnisch, un conseiller de Marine Le Pen a déclenché une polémique en tentant d'expliquer les causes qui avaient pu pousser Anders Behring Breivik à commettre le double attentat qui a eu lieu à Oslo.
Epinglé par le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) qui a réalisé des captures d'écran de son compte twitter, Laurent Ozon citait la hausse de l'immigration en Norvège pour expliquer les motivations d'Anders Behring Breivik.
Par la voix de sa présidente Laurianne Deniaud, le MJS a fustigé cette "rhétorique lamentable d'explication de la tuerie par l'immigration" et demandé à Marine Le Pen de dire si "elle s'associait à cette analyse" ou "d'en tirer toutes les conséquences immédiatement".

Le FN est plutôt embarrassé

Au Front national, on est plutôt gêné aux entournures. "Sa position n'engage pas le Front national", a répondu laconiquement le directeur de la communication du Front, Alain Vizier. L'état-major frontiste est d'autant plus embarrassé que Laurent Ozon est l'une des figures montantes du FN mariniste. Membre du bureau politique, il est considéré comme l'un des auteurs du discours de Marine Le Pen à Tours, lors de son accession à la présidence du FN.
Contacté par LEXPRESS.fr, Laurent Ozon maintient ses propos et explique qu'il n'a pas voulu justifier l'acte mais en expliquer les causes. "Ce qui m'intéresse c'est de comprendre ce qui peut motiver un acte comme celui-là. A partir du moment où l'on sait que son manifeste de 1500 pages est structuré et argumenté, il me semble utile de débattre de ses motivations et de la situation sociale en Norvège".
Ce proche conseiller de Marine Le Pen déclare également qu'il "se réserve le droit de porter plainte contre le MJS" qui a réalisé des "captures tronquées de conservations privées".

Laurent Ozon? Un pur produit de la Nouvelle Droite

Ancien proche d'Antoine Waechter, Laurent Ozon est fréquemment décrit comme un écologiste. Son discours n'étonne pourtant pas l'historien Stéphane François, spécialiste de l'extrême droite. "Il est issu des milieux écologistes mais il a toujours défendu une vision enracinée, identitaire et différencialiste de l'écologie. Il a intégré et digéré les thèses de la Nouvelle Droite, d'Alain de Benoist." Dans les années 1970 et 1980, ce groupe de réflexion entendait gagner la batailles des idées contre la gauche en


"En France, le Parti du progrès ne serait pas considéré comme d'extrême droite" Le Point.fr - Publié le 25/07/2011 à 20:06 - Modifié le 25/07/2011 à 20:53
Jean-Yves Camus, politologue, décrypte l'idéologie du parti auquel a adhéré de 1999 à 2006 l'auteur présumé des attentats d'Oslo.

Vendredi dernier, deux attaques terroristes ont causé la mort de 76 personnes à Oslo. La première visait le quartier des ministères de la capitale, la seconde le rassemblement de six cents jeunes du Parti travailliste, formation de centre gauche au pouvoir. L'auteur présumé, Anders Behring Breivik, a revendiqué la teneur politique de son attaque sur Internet. Ce fondamentaliste chrétien, extrémiste et islamophobe, avait annoncé qu'il voulait "résister au marxisme culturel et au multiculturalisme qui mine la Norvège".

De 1999 à 2006, Anders Behring Breivik a adhéré au Parti du progrès (FrP). Cette mouvance norvégienne d'extrême droite a remporté un quart des sièges du Parlement (le Stortinget) lors des élections législatives de 2009. Elle est aujourd'hui la deuxième force politique du pays. Jean-Yves Camus, politologue, chercheur associé à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques) et spécialiste des nationalismes et extrémismes en Europe, dresse le portrait de ce parti à la ligne politique complexe, anti-immigration, anti-islam, mais en faveur du libre-échange.

Le Point.fr : comment décrire l'idéologie du Parti du progrès ?

Jean-Yves Camus : c'est une formation de la droite populiste xénophobe. Les politologues norvégiens ne le considèrent pas comme un parti d'extrême droite dur, car il n'est ni néofasciste, ni néonazi. Les membres qui partagent ces idées-là en sont expulsés. Il reste le parti le plus à droite de l'échiquier politique norvégien, opposé à l'immigration de manière générale, et à l'immigration musulmane en particulier. Son programme économique refuse la présence d'un État providence et demande de distribuer plus largement aux Norvégiens les bénéfices de la manne pétrolière venant de la mer du Nord.

Comment expliquer la montée en puissance du FrP en Norvège ?

Le FrP prend le contre-pied du reste du spectre politique, il sort du politiquement correct. Et puis, il n'a jamais fait partie du gouvernement, c'est donc plus facile d'affirmer ce qu'il ferait à sa place. Déjà en 1987, il remportait 10 % des suffrages. La société norvégienne a ensuite connu une mutation profonde, sous les effets de la mondialisation. Aujourd'hui, 8 % de la population totale est d'origine migrante. Or, la Norvège n'est pas un pays colonialiste, elle n'a pas de tradition d'échanges comme la France ou la Grande-Bretagne, où les migrants proviennent en grande partie des pays colonisés. L'adaptation au multiculturalisme est par conséquent plus difficile.

En quoi le Parti du progrès se distingue-t-il de l'extrême droite française ?

Le Parti du progrès n'est pas issu de l'extrême droite traditionnelle. C'est le cas du Front national, même s'il évolue avec Marine Lepen et sa stratégie de gain de respectabilité. En France, le FrP ne serait assurément pas considéré comme un parti d'extrême droite, il serait situé entre la Droite populaire et le Front national. Les idées d'Anders Behring Breivik vont beaucoup plus loin, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il a quitté le Parti du progrès (en 2006, NDLR).

Certains leaders du FrP (Carl I. Hagen, Erik Gjems-Onstad) comparent l'invasion nazie avec l'immigration des musulmans. N'est-ce pas une vision d'extrême droite dure ?

Le Parti du progrès reste un parti démocratique, qui participe aux élections et ne compte pas utiliser la force pour arriver au pouvoir. Mais cette idée associant nazisme et islam est effectivement dangereuse : les radicaux face à l'islam deviennent les nouveaux résistants. C'est une vision totalement inepte, qui se diffuse depuis les attentats du 11 Septembre 2001. Ils ne font pas de différence entre islam et islamisme, et c'est extrêmement inquiétant.

Quel pourrait être l'impact des attentats sur la popularité du Parti du progrès ?

C'est sûr que le parti aura du mal à remonter la pente, même s'il a joué la carte de la transparence en affichant sur son site l'ancienne adhésion d'Anders Behring Breivik. Cependant, il est difficile de mesurer l'impact que les attentats pourraient avoir sur le vote de la population norvégienne. Les élections législatives étant prévues en 2013, il est encore trop tôt pour se prononcer.


Tuerie d'Oslo: un candidat FN suspendu du parti pour apologie du suspect (AFP) – Il y a 3 heures

PARIS — Le secrétaire général du Front national, Steeve Briois, a annoncé mardi à l'AFP la suspension de Jacques Coutela, son candidat dans l'Yonne aux cantonales de mars, qui a posté sur son blog un texte faisant l'apologie du suspect des attaques meurtrières d'Oslo.
"Il a été suspendu aujourd'hui de ses fonctions, dans l'attente de son passage devant la commission des conflits", chargée des questions disciplinaires et des sanctions, a indiqué M. Briois, en précisant que Jacques Coutela n'était qu'"un adhérent lambda".
Sur son blog, baptisé "la valise ou le cercueil", un texte, qui a été retiré mardi, présente Anders Behring Breivik comme un "résistant", "une icône", "le premier défenseur de l'Occident", ou encore un "Charles Martel 2".
"La raison de l'action terroriste du nationaliste norvégien : combattre l'invasion musulmane, voilà ce que l'on vous cache", dit ce billet, signé Jacques Coutela.
"Je n'ai pas écrit ces propos, je les ai trouvés sur internet et publiés sur mon blog, pour informer", a réagi Jacques Coutela, interrogé par l'AFP après l'annonce d'une plainte pour "incitation à la haine raciale" du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap).
M. Coutela, qui était candidat aux cantonales de mars 2011 à Saint-Florentin (Yonne), a ajouté qu'il ne cautionnait pas "le terrorisme, d'où qu'il vienne, même s'il vient de mes idées".
"La duplicité de Marine Le Pen ne trompe personne ! Alors qu'elle pousse des cris d'orfraie contre le Mrap (...), elle adoube des candidats FN racistes qui assurent la promotion de Anders Behring Breivik", a dénoncé le Mrap.
Par ailleurs, un cadre national du FN, Laurent Ozon, épinglé lundi par le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) pour ses commentaires sur Twitter après la tuerie, a confirmé à l'AFP qu'il ne ferait l'objet d'aucune sanction, mais que Marine Le Pen lui avait rappelé "la ligne du parti", comme l'a indiqué Le Monde mardi.
Laurent Ozon, qui avait été nommé par Marine Le Pen au bureau politique du FN, en janvier dernier, a posté samedi plusieurs messages sur Twitter où il pointe une hausse de l'immigration en Norvège, semblant faire un lien avec la tuerie.
"Expliquer le drame d'Oslo: explosion de l'immigration: X6 (multipliée par 6, NDLR) entre 1970 et 2009", dit l'un de ces tweets.
Il s'est néanmoins défendu de toute justification des actes imputés à Anders Behring Breivik.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 28 Juil 2011, 02:09

Le problème norvégien du Front National Par DOMINIQUE ALBERTINI

Face aux attaques contre les discours nationaux-populistes, le parti frontiste tente de faire le gros dos. Mais il doit déjà gérer les déclarations polémiques de deux de ses membres, dont l'un a été aujourd'hui suspendu de ses fonctions.

Le Front national craignait de subir le contre-coup politique de la tuerie d'Utoya. C'est ce qui est en train de se produire, alors que les commentaires sur la tragédie laissent peu à peu la place à un procès du nationalisme et des discours anti-islam.

A l'heure actuelle, seuls des partis et des organisations de gauche (PS, NPA) ont relié le drame norvégien à la diffusion de ces idées en Europe, via des partis populistes tels que le Front national. Mais celui-ci redoute que l'amalgame soit repris plus largement dans les prochains jours et ne donne un mauvais coup à sa stratégie de dédiabolisation.

«Climat délétère»

Premier à dégainer, dès ce week-end, le Mrap. Dans deux communiqués successifs, l'association antiraciste dénonce le «climat délétère en Europe», entretenu par les «droites extrêmes». Et notamment, selon elle, le Front national et la Droite populaire (aile dure de l'UMP). Le Mrap affirme ainsi que «les déclarations de la présidente du Front national théorisant sur l'occupation musulmane ainsi que l'obsession de la Droite populaire contre les bi-nationaux font souffler un vent mauvais sur la démocratie».

Une charge peu goûtée par Marine Le Pen qui, dans un communiqué intitulé «Honte au Mrap», a annoncé son intention de poursuivre l'association pour diffamation. Peu après, le Mrap a annoncé qu'il portait plainte à son tour contre Jacques Coutela, candidat FN aux dernières cantonales en Bourgogne. Sur son blog (intitulé «La valise ou le cercueil»), un article qualifie en effet le tueur norvégien de «premier défenseur de l'Occident», un «Charles Martel 2» et appelle à en faire «une icône».

Contacté par Libération.fr, Coutela se défend d'être l'auteur de l'article – qui a depuis été retiré du blog: «Quelqu'un a dû me l'envoyer – je ne sais plus qui – et je l'ai posté, car mon blog est une sorte de revue de presse. Mais je ne suis pas du tout d'accord avec les assassinats». Dans un nouvel article, le militant FN met d'ailleurs les choses au point: Anders Behring Breivik «n'est pas une icône, mais simplement un visionnaire face à la montée de l'islamisation de l'Europe».

Mardi après-midi, le secrétaire général du FN Steeve Briois a indiqué que Jacques Coutela a été suspendu de ses fonctions, "dans l'attente de son passage devant la commission des conflits", chargée des questions disciplinaires et des sanctions, et précisé que l'intéressé n'était qu'"un adhérent lambda".

« L'anarchie migratoire peut générer des répliques de l'événement »

Autre frontiste pris pour cible, et d'un autre calibre: Laurent Ozon, conseiller de Marine Le Pen, membre du bureau politique, délégué à la formation et en charge des questions d'écologie. Samedi, ce cadre du Front à publié sur Twitter une série de messages visant à «expliquer le drame d'Oslo» par l'immigration, chiffres et faits-divers à l'appui. «Propos choquants et scandaleux», a jugé le Mouvement des jeunes socialistes, qui demande à Marine Le Pen «si elle s'associe à cette analyse et à ces propos».

Contacté, Laurent Ozon développe son explication: «J'entends dire que la Norvège est un royaume sans problèmes, le pays des bisounours. En réalité, c'est une société chamboulée par des tensions communautaires importantes. J'ai réagi en sociologue, pas en politique, en essayant de comprendre les raisons d'un tel acte – ignoble. Je pense que les conditions sociales liées à l'anarchie migratoire peuvent générer des répliques de l'événement dans beaucoup d'autres endroits».

Le FN en position défensive

Une argumentation que se garde bien de reprendre la direction du FN. Laurent Ozon reconnaît que Marine Le Pen l'a appelé pour lui «rappeler la position du parti», et qu'il s'est fait «engueuler». «Le Front craint d'être mis en cause par amalgame, explique-t-il. Il adopte une position "faible" pour éviter de prendre des coups.» Loin des tentatives de théorisation du geste de Breivik, la plupart des cadres du parti préfèrent voir dans la tuerie «l'œuvre d'un fou», selon les termes du secrétaire général du FN Steeve Briois, pour qui les Français sauront «faire la différence» entre les envies de croisade du Norvégien et le discours du Front national.

Même ton apaisant chez Bruno Gollnisch. Pour l'ex-numéro 2 du parti, aujourd'hui membre du Bureau politique, «le FN a un rôle pacificateur». «Compte tenu de l'exaspération d'un certain nombre de gens vis-à-vis des violences commises par des étrangers, il y aurait sans doute de la frustration, de la vengeance, des actes criminels» si le parti frontiste ne «canalisait pas» l'indignation populaire. Bruno Gollnisch a dénoncé un «nouveau Carpentras» – référence à la profanation de tombes juives, en 1990, dont le FN fut un temps rendu indirectement responsable.

Une thèse largement reprise sur Internet par la «fachosphère», où se mêlent théorie du complot, crainte que le massacre d'Utoya ne porte un coup dur aux idées nationalistes et, plus rarement, intérêt, voire fascination pour le geste de Breivik.

Un véritable débat public est-il sur le point de débuter sur les discours populistes et islamophobes de certains partis, comme l'annoncent les adversaires du Front national? Ira-t-on vers une mise en question du multiculturalisme, comme l'espèrent Laurent Ozon et quelques autres au sein du FN? L'ardeur des autres partis à exploiter la tragédie norvégienne apportera un début de réponse.


AU FN, LA "DÉDIABOLISATION" À RUDE ÉPREUVE Adrien Gaboulaud - Parismatch.com

Au Front national, on ne peut pas dire n’importe quoi. Qualifier d’«icône» Anders Behring Breivik, le terroriste responsable de la mort de dizaines de personnes en Norvège, aura ainsi valu à un adhérent du FN une suspension et un passage devant la commission des conflits. Le parti de Marine Le Pen n’a pas l’intention de laisser saper l’entreprise de «dédiabolisation» entamée par la présidente depuis son élection à la tête du parti d’extrême droite.

Depuis plusieurs mois, le FN a réagi promptement à chaque polémique, potentielle ou avérée, menaçant la nouvelle image de Marine Le Pen et de son parti. Après les élections cantonales, un militant ayant été photographié en train de faire un salut nazi avait été expulsé par le parti. Peu après, la direction du FN avait insisté pour que le rassemblement traditionnel du parti le 1er mai ne soit pas peuplé de skinheads. Avec la suspension de Jacques Coutela, l’auteur du blog qui a publié les propos favorables au tueur norvégien, la direction frontiste continue donc son grand ménage dans les rangs du parti.

«NOUS SOMMES DES GENS DÉCENTS»

Si l’on en croit, le secrétaire général du FN et conseiller municipal d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois, joint par ParisMatch.com, le «contrôle interne» ne se relâchera pas. «Martine Le Pen a été élue sur cette ligne-là. Ceux qui ont des idées qui flirtent avec le nazisme ou l’apologie du nazisme n’ont pas leur place», ajoute-t-il. Toutefois, la sévérité à l’égard des propos tenus sur le drame norvégien est à géométrie variable. Laurent Ozon, un cadre du parti qui avait écrit sur Twitter, peu après le drame, que l'immigration en Norvège avait été multipliée par six en trente ans, a été simplement sermonné. «Laurent Ozon, c’est un sociologue. Il n’a pas fait l’apologie d’un crime. Il n’a pas mis en valeur le tueur d’Oslo. Il essaye de comprendre ce qui a pu pousser cet homme à la tuerie», justifie Steeve Briois, qui tacle toutefois: «Ce n’est pas la meilleure solution quand on est politique.»

Marine Le Pen et ses lieutenants ont en effet préféré dénoncer la tuerie. Dimanche, déjà, la présidente avait condamné le massacre. «C’est l’acte d’un fou, avant tout. Ce n’est pas un acte lié à ses idées», assure de son côté Steeve Briois, qui glisse au passage qu’il «serait bon de reparler de l’éventualité de remettre la peine de mort». Mais pour des associations telles que le Mrap, il y a une corrélation entre les idées défendues par le FN et les justifications utilisées par Anders Behring Breivik. De quoi énerver l’élu, qui clame que les membres du Front national sont «des gens décents». «Lorsqu’il y a eu la tuerie de Nanterre par un militant écolo en 2002, on n’a pas crié avec les loups pour dire que les Verts étaient composés de criminels!», lance-t-il.

Alors qu’au cours des six derniers mois, Marine Le Pen a paru imposer son agenda -prières dans la rue, binationalité, rejet des migrants arrivant par voie de mer-, la tragédie norvégienne place le FN sur la défensive. En outre, la candidate à la présidentielle ne progresse plus dans les sondages. «Une stagnation aux alentours de 20%, c’est quand même remarquable», avance Steeve Briois. Certes, Marine Le Pen fait pour l’instant mieux que n’a jamais fait son père. Mais rien ne dit que l’embellie durera si la candidate doit passer son temps à surveiller les dérapages de ses partisans.


L'extrême droite européenne dénonce des «amalgames» Par Thomas Vampouille 25/07/2011 | Mise à jour : 18:48

Face à ceux qui pointent du doigt le rôle des idées véhiculées par les partis populistes dans le massacre d'Oslo, l'extrême droite européenne tente de marquer ses distances avec un acte qu'elle dénonce.

Rejet du multiculturalisme, dénonciation de l'«islamisation de l'Europe», connexions avec des partis populistes, le profil du responsable de la tuerie d'Oslo fait tourner les regards vers l'extrême droite européenne. Le parti du Progrès (FrP), formation de la droite populiste norvégienne, l'a reconnu dès samedi : Anders Breivik a compté parmi ses adhérents de 1999 à 2006. L'homme a même animé une section locale de jeunes du parti entre 2002 et 2004. De là à conclure à la responsabilité des idées véhiculées par l'extrême droite dans son passage à l'acte vendredi, il n'y a qu'un pas que plusieurs n'ont pas hésité à franchir.

En France, le porte-parole du parti socialiste Benoît Hamon, a ainsi dénoncé «l'idéologie du choc des civilisations, de l'incompatibilité des cultures, de l'impossibilité de construire des mondes au-delà de nos sociétés habituelles», menant selon lui «à la haine, à la destruction, au terrorisme». «En Hongrie, au Danemark, en Finlande, en Belgique ou en France, les thèses d'extrême droite gagnent du terrain. Aucun parti d'extrême droite ne doit être banalisé», conclut-il. L'accusation la plus directe est venue du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap). «Dans toute l'Europe, les partis populistes et les extrêmes droites (…) portent une lourde responsabilité dans le climat délétère qui pèse sur le continent», a ainsi dénoncé l'organisation, qui pointe nommément le Front national et le collectif Droite populaire, l'aile droite de l'UMP.

«Beaucoup de gens jouent avec le feu»
Ces prises de positions ont suscité la colère du Front national, qui menace les auteurs de «basses manoeuvres de ce type» de poursuites judiciaires. «Le Front National est évidemment parfaitement étranger à la tuerie norvégienne, qui est l'oeuvre d'un déséquilibré solitaire qui devra être châtié de façon impitoyable», a affirmé Marine Le Pen la présidente du FN. Et le député européen Bruno Gollnisch, ancien numéro 2 du parti, de dénoncer les «manipulations contre la droite nationale». En pleine ascension électorale dans plusieurs pays d'Europe, les équivalents du FN ont réagi de la même manière. «C'est de l'amalgame», a déclaré l'homme fort de la formation flamande Vlaams Belang, Filip Dewinter. Le chef de file de l'extrême droite néerlandaise, Geert Wilders, a quant à lui condamné la double attaque en Norvège, affirmant que son auteur était un «esprit violent et malade».

Reste que pour le politologue français Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, le massacre pose la question de «la responsabilité de ces idées qui depuis dix ans présentent l'Europe comme un continent en voie d'islamisation et tous les musulmans comme des ennemis de l'Occident». «Beaucoup de gens jouent avec le feu; à un moment donné nécessairement c'est un climat qui génère une volonté de passer à l'action et de ne pas se contenter de demandes de restrictions des modalités d'arrivée des immigrants ou de restrictions d'acquisition de la nationalité», analyse-t-il. D'un autre côté, relève-t-il, les partis d'extrême droite jouent un rôle de «frein à l'expression la plus violente des idées racistes» en les canalisant par le vote. Jusqu'à ce qu'«une série de gens les quittent parce qu'ils trouvent que leur idéologie n'est pas assez radicale». Dans un message posté en 2009 sur Internet, Anders Breivik faisait ainsi part de ses frustrations à l'égard du FrP, où selon lui «la résistance se limite à écouter les agences de relations publiques et à sortir deux ou trois déclarations avant chaque élection pour s'assurer les voix de la base».

Avec AFP


Tuerie d'Oslo : l'extrême-droite pointée du doigt 26/07/11

Alors que la Norvège tente de se remettre du choc et de l'émotion provoqués par les évènements funestes qui ont eu lieu vendredi 22 juillet, la responsabilité de l'extrême-droite en Europe dans la radicalisation de la société et la montée de l'islamophobie semble être peu à peu mise en cause. Le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, a ainsi appelé à une "réponse politique" de l'Union européenne face à la montée de l'extrême-droite, même si la Norvège ne fait pas partie de l'Union Européenne. La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, a quant à elle déploré que "trop peu de dirigeants [se dressaient] pour défendre la diversité et l'importance de sociétés tolérantes et démocratiques où tout le monde est le bienvenu".

Après la tuerie commise en Norvège par Anders Breivik, les discours des partis européens d'extrême droite sont donc montrés du doigt. Dans une interview exclusive à Touteleurope, trois spécialistes des pays scandinaves ou de l'extrême droite apportent leur éclairage.

Un homme isolé mais non sans liens avec l'extrême-droite

Mais peut-on réellement rattacher Anders Behring Breivik, l'auteur présumé de l'attentat d'Oslo et du carnage d'Utoya, au mouvement du terrorisme d'extrême-droite alors qu'il aurait agi seul et qu'il n'appartiendrait à aucun réseau ou parti ? Ne s'agit-il pas juste d'un homme isolé et marginal aux positions radicales ?

Jean-Yves Camus, chercheur associé à l'IRIS
"Au plan électoral et de l'influence politique, la famille des droites populistes xénophobes est extrêmement représentée en Scandinavie".

Pour Jean-Yves Camus, chercheur associé à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), les deux ne sont pas incompatibles.

Il met ainsi en avant deux théories qui ont émergé dans les années 1980 aux Etats-Unis et qui s'appliquent parfaitement aux transformations opérées par la mouvance d'ultra-droite afin d'éviter que les mouvements traditionnels (tel que le mouvement néo-nazi) ne soient infiltrés facilement par la police comme c'était le cas à ce moment-là.

Ces deux théories sont celle du "loup solitaire" (un homme qui agit seul du début de la conception de son acte jusqu'à sa réalisation) et celle de la "résistance sans chef" (une petite cellule composée d'un ou deux hommes qui ne se connaissent pas, sans organisation pyramidale traditionnelle).

Si Anders Breivik semble être l'un de ces loups solitaires, cela ne veut pas dire avec certitude qu'il n'a jamais été en contact avec d'autres personnes ou organisations. Ainsi Jean-Yves Camus explique que certains experts "considèrent que finalement c'est un concept un petit peu tronqué et qu'il n'existe pas de loups solitaires à 100%".

"En Grande-Bretagne, tous les spécialistes qui ont étudié les affaires de terrorisme d'ultra droite des dernières années ont constaté qu'à un moment donné toutes les personnes impliquées avaient un lien personnel et pas seulement virtuel, avec une organisation, aussi petite soit-elle d'ultra-droite".

Cyril Coulet, spécialiste des pays scandinaves
"Il y a dans ces sociétés une impatience croissante à l'égard d'un processus d'intégration qui pour certains habitants tarde à porter ses fruits".

Cyril Coulet, spécialiste des pays scandinaves, montre quant à lui qu'idéologiquement parlant, l'homme d'Oslo se rattache à une certaine forme d'extrême droite, lié à son attitude négative envers les étrangers.

Tout en précisant bien que "les actions qu'il a commises se singularisent car les cibles traditionnelles des groupes d'extrême-droite ne sont pas des ressortissants nationaux".

Anders Breivik a été adhérent au Parti du progrès de 1999 à 2006, un parti de droite à tendance xénophobe. Pour autant, il faut rappeler qu'il n'était plus membre du parti au moment des faits et que ce dernier n'est pas un parti d'extrême-droite stricto sensu.

Cyril Coulet affirme en effet que le Parti du progrès est avant tout un parti populiste, le rejet de la population étrangère n'ayant pas été son premier thème de campagne lorsqu'il a tenu ses premiers succès électoraux dans les années 1970. Jean-Yves Camus précise que le Parti du progrès appartient aux droites populistes xénophobes en rupture avec l'extrême droite traditionnelle, n'ayant pas de racines néofascistes ou néonazis, agissant dans un cadre démocratique et ayant pour optique de participer au gouvernement.

Le poids de l'ultra-droite à tendance xénophobe en Scandinavie

Bien que certains partis d'extrême-droite européens comme le Vlaams Belang (Belgique) appellent à ne pas faire "l'amalgame", il est difficile de ne pas mettre en parallèle cet évènement avec la montée de l'extrême-droite en Scandinavie (Danemark,Finlande, Norvège, Suède) ces dernières années. Des partis d'ultra-droite qui ont clairement assuré leurs succès électoraux grâce à la dénonciation de la présence d'immigrés ou de l'islamisation de la société.

Jean-Yves Camus fait le point sur la situation. "Au plan strictement électoral et au plan de l'influence politique, ces partis sont des partis majeurs en Scandinavie depuis un certain temps", explique-t-il.

Le fait est que ces formations politiques à tendance xénophobe sont désormais représentées au sein du Parlement sur l'ensemble de la péninsule scandinave. Les scores électoraux sont éloquents : 13% des voix pour le Parti du peuple danois (2007), 22,9% pour le Parti du progrès norvégien (2009) et 19.1% pour les Vrais Finlandais (2011). De même les Démocrates suédois ont tenu une représentation au Parlement après les élections de septembre 2010, ce qui n'était pas le cas jusqu'ici.
Tensions en Europe autour des communautés étrangères et de l'islam

Dans tous les cas, cet acte fait prendre conscience qu'il existe de profondes tensions au sein de la société norvégienne, et de façon plus générale en Europe, autour de ses communautés étrangères.

Comme l'explique Cyril Coulet, "il y a dans ces sociétés une impatience croissante à l'égard d'un processus d'intégration qui pour certains habitants tarde à porter ses fruits". Et d'ajouter : "de ce point de vue là j'aurais tendance à croire que les pays scandinaves ne sont pas très différents de la société française".

De même, Jean-Yves Camus met en avant la modification profonde des sociétés scandinaves, qui étaient encore assez homogènes culturellement et religieusement il y a 25 ans, et qui "comme toutes les sociétés européennes, sont des sociétés désormais globalisées". Il en résulte une cristallisation des frustrations d'une partie de la population qui a le sentiment que le multiculturalisme ou l'intégration ne peut pas fonctionner. Des crispations sur lesquelles les partis d'extrême-droite s'appuient largement pour gagner du terrain.

Tout aussi surprenant, les partis d'ultra-droite scandinaves dénoncent l'Islam au nom même des valeurs de tolérance et d'égalité qui sont propres aux sociétés nordiques. En effet, selon Jean-Yves Camus, ils désignent l'Islam comme l'ennemi de la civilisation occidentale, un nouveau totalitarisme qui renierait les libertés des minorités, la liberté de pensée ou même le statut des femmes.

Une fracture de la cohésion sociale norvégienne ?

Mais cet évènement ne risque-t-il pas d'entacher l'égalitarisme social-démocrate, si cher à la Norvège ? N'est-il pas révélateur d'un début de fracture d'une cohésion sociale qui a été pendant longtemps une caractéristique fondamentale du pays ?

Pour André Grjebine, directeur de recherche à Sciences Po au Centre d'Etudes de Recherches Internationales (CERI), le consensus social et le conformisme dans ces pays nordiques sont si forts qu'ils se révèlent parfois trop étouffants.

Si étouffants qu'il est parfois difficile de faire entendre ses opinions, tant la pression des pairs, des voisins ou des collègues est importante. C'est ce que l'on comprend lorsque l'on apprend qu'Anders Breivik a rédigé un manifeste de près de 1500 pages, qu'il a gardé si longtemps secret.

André Grjebine, directeur de recherche au CERI
"La cohésion sociale en Norvège est parfois trop étouffante".

De ce fait, des explosions sociales apparaissent et servent finalement d'exutoire. "Dans des moments où la société évolue de manière relativement lente, ce consensus ne pose pas de problème", explique M. Grjebine, "mais dans une période de très forts changements ou de malaise social, les sociétés apparaissent de plus en plus agressives à force de fuir le débat".

A cela s'ajoute le fait que la Norvège a fondé sa cohésion sociale sur l'homogénéité de sa population. En effet, l'immigration non occidentale date seulement du début des années 1970 et a augmenté de manière très rapide. Ainsi en 2009, les citoyens norvégiens d'origine immigrée, c'est-à-dire dont l'un des deux parents est immigré, représentaient 14.7% de la population norvégienne. La moitié de ces immigrés est non occidentale. A Oslo, c'est 21,7% de la population qui est non occidentale, dont 35,7% de jeunes âgés de moins de 17 ans.

"Avant la crise, le consensus portait sur des politiques. A présent, le consensus est moins sur des faits que sur le fait qu'il y ait un consensus", ajoute le directeur de recherche. Celui-ci devient une fin en soi, et il n'est alors pas politiquement correct de le remettre en cause. Mais derrière l'enthousiasme affiché, se trouvent des frustrations qui éclatent tôt ou tard.

Ce qui est sûr, c'est que les conséquences pour la Norvège et les autres pays de la péninsule scandinave, où le sens de la communauté entre pays nordiques est très fort, risquent d'être importantes. Au-delà du choc et de l'émotion, il semble d'ores et déjà clair qu'une action seulement rhétorique, consistant à déplorer ce qui s'est passé, ne suffira pas.

"Etant donnée l'ampleur du drame, ce sera difficile de ne pas avoir une action politique" affirme Cyril Coulet. Ces mesures risquent de porter par exemple sur la vente des armes à feu (la Finlande a annoncé revoir sa législation dans ce domaine) mais cela pourrait aussi amener à s'interroger sur le rôle de l'extrême-droite en Europe. C'est en tout cas la voie que semblent prendre de nombreux responsables politiques aujourd'hui.


Extrémisme: la responsabilité des partis populistes est-elle engagée ? 25. juillet 2011, 22h38 Sébastien Jost | Le Matin

Pour le spécialiste du terrorisme Mathieu Guidère, Anders Breivik est «un néofondamentaliste chrétien» qui pourrait faire des émules.

Pour Mathieu Guidère, auteur de l’ouvrage «Les nouveaux terroristes» et directeur d’un programme universitaire de veille sur la radicalisation dans le monde, Anders Breivik, qui a tué 76 personnes vendredi en Norvège, est un terroriste solitaire. Son rejet de l’islam et du multiculturalisme, ce sont des thématiques qu’on retrouve aux quatre coins de l’Europe. Hier, de nombreux politiques ont d’ailleurs dénoncé les thématiques xénophobes et islamophobes développées par certains partis et pouvant encourager des comportements radicaux.

Anders Breivik n’est pas le seul à dénoncer l’«islamisation» de l’Europe ou le multiculturalisme. Quelle est cette idéologie?
Globalement, on peut la définir comme le médiévalisme. C’est une vision qui rappelle celle du Moyen Age, donc, où les individus étaient définis non en raison de leur appartenance à une nation, à un canton ou à une profession mais à une confession. On n’est pas Suisse ou Genevois mais chrétien ou musulman.

Où se situent ses racines ?

Ce néofondamentalisme chrétien est né après les attentats du 11 septembre. Il y a eu un véritable bouleversement lorsque Bush a commencé à parler de croisade, à utiliser des références religieuses. Au même titre que les islamistes se croient envahis par les croisés, les fondamentalistes chrétiens estiment qu’ils sont envahis par les musulmans et que la culture chrétienne a été corrompue par le multiculturalisme.

La Suisse est-elle épargnée par cette vision ?

Dans sa définition de l’identité nationale, l’UDC intègre cette composante religieuse. Cela est plus ou moins marqué selon les régions et les personnes.

Les thématiques développées par les partis populistes sont-elles le terreau d’actes radicaux ?

Après ce qui vient de se passer en Norvège, les partis de droite nationalistes européens vont devoir s’interroger sur le message politique qu’ils véhiculent et leur référence aux thématiques comme «l’invasion» ou «l’islamisation de l’Europe». Car on sait maintenant qu’il existe des gens capables de tuer de sang-froid près de quatre-vingts personnes pour combattre le multiculturalisme.

Rien à voir avec des mouvements extrémistes comme les néonazis ?

Non. Les néonazis sont fondamentalement racistes. Ils pensent être des hommes supérieurs. Ce n’est pas le cas d’Anders Breivik, qui se définit comme non raciste. Il n’a pas attaqué des Noirs ou des Arabes mais des Norvégiens. Il s’en est pris à ceux qu’il considère comme les héritiers du marxisme, un mouvement qui a cassé l’idée de nation: les socialistes. Il les considère, comme tous ceux qui prônent l’ouverture et l’acceptation de l’autre, comme des ennemis internes.

D’autres actes tels que celui-ci sont-ils envisageables ?

On ne peut exclure qu’Anders Breivik fasse des émules. Si une telle chose a pu se produire en Norvège, elle peut se produire partout. D’autres individus ont cette perception dangereuse du monde. Ils se voient comme des résistants, des révolutionnaires, des défenseurs de la chrétienté.

Pensez-vous qu’Anders Breivik a agi seul ?

C’est un terroriste solitaire, un irréductible individualiste. Il a peut-être bénéficié de complicité de la part de personnes qui lui ont fourni des informations. Mais il a tué seul.

498 cibles désignées en suisse

Anders Breivik avait désigné 498 cibles en Suisse, un des pays les plus infestés «par le lavage de cerveau multiculturel». Dans le collimateur du Norvégien, centrales nucléaires, raffineries et hommes politiques de tous bords, sauf UDC. Les démocrates du centre rejettent d’ailleurs avec véhémence le reproche qui leur est fait de manipuler des thématiques dangereuses. «Evoquer les problèmes est sain dans une démocratie, réagit Yvan Perrin, vice-président de l’UDC. Nous n’allons pas nous autocensurer par crainte qu’un déséquilibré récupère nos propos.» Autre vision chez les Verts suisses. «Des partis se positionnant contre l’islam ont une influence sur l’empoisonnement du climat politique, ce qui peut conduire des gens dérangés à tuer», relève Ueli Leuenberger, président du parti. «Ce qui vient de se passer est très complexe et très grave, note Christophe Darbellay, son homologue du PDC. Il faut donc être très prudent avant de tirer des conclusions politiques. Cela étant dit, les motivations du tueur fou rappellent beaucoup certains aspects du discours des partis populistes. Ceux qui polarisent jouent avec le feu. Ils doivent donc accepter qu’éclate un incendie qui les dépasse.»
Nico37
 
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 29 Juil 2011, 03:31

Néonazis, la toile d'araignée en Provence Publié le jeudi 28 juillet 2011 à 06H59

La tuerie d'Oslo met en lumière les radicaux de l'ultradroite. Enquête sur leurs réseaux régionaux.

Des Marseillais photographiés lors d'un "R.A.C.", concert de "rock against communism", organisé par des skinheads. Outre le salut nazi, les trois doigts levés sont une référence au IIIe Reich.
Photo Archives
"Je serai étiqueté comme le plus grand monstre (nazi) depuis la Seconde Guerre mondiale." Cette phrase figure en bonne place dans Une déclaration européenne d'indépendance - 2083, le document rédigé en anglais par Anders Behring Breivik.

Long de 1500 pages, ce texte a été posté sur internet peu de temps avant que celui que la police norvégienne qualifie de "fondamentaliste chrétien" massacre 76 personnes à Oslo. Breivik cultivait d'autres liens avec les nostalgiques du IIIe Reich, comme le montre son inscription en 2009 sur un forum néonazi suédois.

Conséquence, le jeune homme est d'ores et déjà considéré comme un héros dans les milieux les plus radicaux de l'extrême droite. Dès le lendemain de son arrestation, sa profession de foi était reprise par des centaines de sites, dont certains animés par des skinheads et des extrémistes basés dans le sud de la France.

La Provence et le Languedoc constituent en effet une place forte de cette mouvance. Enquête.

Les ultras de Carpentras

En 1990, la découverte de 34 tombes profanées dans le cimetière juif de Carpentras horrifie la France. Six ans plus tard, quatre des auteurs sont arrêtés : il s'agit de skinheads néonazis. L'un d'eux fait partie du PNFE, un groupuscule créé en 1987 par un dissident du Front national.

À la même époque, huit nostalgiques du IIIe Reich sont interpellés dans le Var : ils seront condamnés pour avoir diffusé une revue incitant à la haine raciale et profanation de tombes.

L'axe Aix-Montpellier

Les néonazis présents dans le sud de la France sont essentiellement des skinheads. Ils sont tout au plus quelques dizaines et généralement liés aux mouvances "White Power", "Blood and Honour", "Combat 18" et "Hammerskins".

"Dans les années 90, la branche française des 'Charlemagne Hammerskins' était dirigée par Hervé Guttuso, un Marseillais qui s'est réfugié à Londres pour échapper à la police et qui a été condamné à 4 ans de prison en 2004", rappelle le Groupe d'informations antifascistes Reflex(es). Difficiles à situer, ces activistes sont toutefois principalement implantés dans les Bouches-du-Rhône. Ils se retrouvent à Aix et dans l'agglomération de Montpellier.
Loin d'être isolés, ils sont connectés à des groupuscules semblables dans le reste de la France et à l'étranger, comme le montre la cavale de Jérémy Recagno, condamné pour des agressions racistes à Aix et à Salon (voir ci-dessous).

Régulièrement, les néonazis sudistes organisent clandestinement des concerts de "R.A.C.", le "rock against communism". L'un d'eux a eu lieu durant l'été 2009 dans la campagne aixoise. Monté par la section du Languedoc de "Blood & Honour", il a attiré une centaine de personnes. Parmi les groupes présents, on trouvait Fraction, créé en 1994 dans la région niçoise par les futurs responsables du Bloc Identitaire (1), Fabrice Robert et Philippe Vardon.

Front national, les liaisons dangereuses

Depuis la scission de la fin des années 90 avec les mégretistes, puis le départ en 2005 du maire d'Orange Jacques Bompard, le Front national affirme avoir coupé avec les durs de l'extrême droite. Un discours revendiqué avec encore plus de force depuis l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti créé par son père. Dans les faits, on constate que le FN s'est rapproché en 2008 du Bloc Identitaire, dont des adhérents figuraient parmi ses candidats lors des municipales à Marseille.

Plus récemment, lors de la campagne des dernières cantonales, le responsable de la fédération des Bouches-du-Rhône, Laurent Comas, était assisté par un ancien skinhead néonazi : en 2004, ce dernier a été condamné à 2 ans de prison pour détention d'armes de guerre et d'éléments entrant dans la composition de bombes artisanales. Confronté à ces informations, Laurent Comas a tenté de minimiser l'affaire, en se désolidarisant de celui qui était jusqu'alors son bras droit sur le terrain.

(1) Créé en 2002 lors d'une réunion à Salon après la dissolution d'Unité Radicale, le groupuscule dont faisait partie le jeune homme qui a tenté d'assassiner Jacques Chirac durant le défilé du 14-Juillet.

Vitrolles : dans l'ombre de Bruno et Catherine Mégret

Dans les couloirs du Paquebot, le siège du Front national, on le surnommait "Fafounet"… Ami des païens et des nationalistes révolutionnaires les plus radicaux, Bruno Mégret s'est appuyé en 1995 sur les gros bras du Groupe Union-Défense (Gud) pour assurer le service d'ordre de la campagne des municipales à Vitrolles.

Aussi, dès l'élection de sa femme à la mairie, en 1997, Bruno Mégret transforme la ville en terre d'asile pour des baroudeurs plus ou moins aguerris. Outre des hommes qui ont combattu en Croatie comme Patrick Bunel, qui est nommé responsable de la police municipale, ou en Afrique comme les mercenaires François-Xavier Sidos et Yan-Yves Étienne, les Mégret accueillent des durs de l'extrême droite.

Ainsi Gérard Le Vert, président du Cercle Charlemagne : selon le rapport d'enquête parlementaire sur le service d'ordre du FN, il aurait organisé des fêtes néonazies dans son château de Saint-Léger-sous-Bevray ("Du folklore", assurait-il). En 1990, celui qui s'occupera un temps de la police municipale de Vitrolles participe à un voyage en Bavière chez l'ex-officier SS Egon Bartenbach.

En 1999, Gregory Reemers est embauché par la mairie pour un "emploi-jeune" au cybercafé de Vitrolles, où il passe son temps à réaliser des tracts et des affiches pour le MNR : venu du Havre, ce skinhead est le principal rédacteur de Viking, un fanzine néonazi, et organise des concerts de rock identitaire. Autre exemple avec Yvain Pottier, considéré comme le leader du groupe néonazi Verwolf (ce qu'il a toujours démenti). Cette mouvance a prospéré à Vitrolles jusqu'à l'automne 2002, date de la défaite de Catherine Mégret.


L'ex-candidat FN Jacques Coutela ferme son blog

Sur le blog de l'ancien candidat du Front national aux élections cantonales à Saint-Florentin, on continue de faire l'éloge d'Anders Behring Breivik. Le Front national cherche à éteindre l'incendie et lâche Jacques Coutela. Lui, ferme son blog.

Le visage de Jacques Coutela, 63 ans, s’affiche désormais sur le site Internet de la plus grande télévision norvégienne, TV2. Le commentaire à la gloire du tueur norvégien Anders Behring Breivik posté mardi sur le blog de l’ancien candidat du Front national aux élections cantonales de Saint-Florentin provoque l’indignation en Norvège où ont été tuées au moins 76 personnes vendredi dernier.

Après la suppression du commentaire – validé « par erreur » par M. Coutela – décrivant Breivik comme une icône, et l’annonce de la plainte du MRAP pour apologie de crime, le blog de l’ex-candidat FN est devenu l’objet de tous les déchaînements. Insultes contre Jacques Coutela mais aussi éloges encore plus appuyés de Breivik « le résistant à l’invasion musulmane ».

« Je les laisse s’exprimer, expliquait hier Jacques Coutela. Mais j’en ai marre de ce torrent médiatique. Je vais fermer le blog. »

Visiblement éprouvé, Jacques Coutela est désormais lâché par le Front national. Suspendu dans l’attente d’une commission de discipline, l’ancien candidat FN est considéré comme « un simple adhérent » par le secrétaire général du FN, Steeve Briois, interrogé par le site LexTimes.fr.

Édouard Ferrand, président du Front en Bourgogne, parle, lui, d’un « homme délirant et inconséquent ».

« Je comprends que le FN m’abandonne, assure Jacques Coutela. On attaque le Front à travers moi. »

Mais l’ancien candidat n’a pas été toujours traité avec aussi peu d’égards par son parti. Avec 18,7 % des voix le 20 mars dernier, il a joué les trouble-fête dans le canton de Saint-Florentin finalement remporté par l’UMP.

[...] Alexandre Stobinsky alexandre.stobinsky@centrefrance.com


FN : Les massacres en Norvège et la "purge" des radicaux

En condamnant la folie meurtrière du norvégien Anders Breivik et en suspendant ses membres qui auraient des propos trop radicaux sur le sujet, le FN pourrait profiter des massacres en Norvège, perpétrés la semaine dernière.

Un tout petit peu moins d'une semaine après l'attentat d'Oslo et la tuerie de l'île d'Utoya qui ont ensanglanté la Norvège, la tension n'est pas retombée d'un point de vue politique. La sauvagerie des actions a mis en lumière les dangers de certains qui, au nom d'une idéologie extrême, peuvent tuer. Pointés du doigt depuis une semaine : les mouvements d'extrême-droite européens, et donc, en France, le Front national.


Longtemps, le parti de Marine Le Pen n'a pas su comment réagir. Il aura fallu un communiqué du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) qui, dès samedi, fustigeait « les partis populistes et les extrêmes droites ». « Le Front National est évidemment parfaitement étranger à la tuerie norvégienne, qui est l'œuvre d'un déséquilibré solitaire qui devra être châtié de façon impitoyable », a répondu dimanche Marine Le Pen, condamnant le massacre perpétré par Anders Behring Breivik.

Œufs

Politiquement, la présidente du Front national marche sur des œufs. Certains membres du parti sont moins clairs qu'elle, à l'image de Laurent Ozon qui, sur son Twitter puis sur son blog, a essayé d'analyser les attaques norvégiennes. Pour ce membre du bureau national du FN, « l'anarchie migratoire que nous supportons et que supportent de nombreux pays européens (mais aussi d'autres comme le Maroc) est un facteur de déstabilisation massive. (…) Cette déstabilisation provoque des tensions intercommunautaires et une augmentation rapide des violences sociales dans tous les pays qui la subissent. »

Un autre membre du FN, Jacques Coutela, candidat dans l'Yonne lors des dernières cantonales, a été suspendu du parti après avoir présenté Anders Behring Breivik comme une « icône », un « résistant ».

Union

Des œufs donc, pour Marine Le Pen, mais qui, à terme, pourraient être bénéfiques à la présidente du Front national. Interrogé par Le Point, Nicolas Lebourg, professeur à l'université de Perpignan et spécialiste de l'extrême droite, estime que le parti d'extrême-droite pourrait en sortir renforcé.

D'une part, accusé d'être en parti responsable, le Front national pourra, une fois les âmes calmées, montrer sa bonne foi. Nicolas Lebourg prend pour exemple l'attentat de la rue Copernic et la profanation du cimetière de Carpentras dont on a cru, un temps, qu'ils avaient été commis par d'anciens membres du FN. « Dans les deux cas, Jean-Marie Le Pen avait laissé passer le vent et a pu dire, après coup : "Vous avez vu, il y a eu un lynchage médiatique, nous n'avions aucun rapport avec tout cela, c'était un coup de l'establishment, etc », précise le professeur.

De plus, cette affaire, comme l'a montré l'exclusion de Jacques Coutela, pourrait permettre au Front national de s'unir en lui « permettant de "purger" quelques radicaux de plus », avance Nicolas Lebourg.


Un sénateur roumain dédouane Breivik AFP Publié le 28/07/2011 à 11:32

Un sénateur du Parti démocrate libéral (PDL, au pouvoir en Roumanie), Iulian Urban, a défendu sur son blog l'auteur présumé du carnage en Norvège, mettant en cause le "multiculturalisme imposé" par les leaders de l'Union européenne. "Ce n'est pas (Anders Behring) Breivik qui a commis l'attentat mais les leaders actuels de l'UE", écrit M. Urban, admettant que cette hypothèse puisse sembler "choquante".

"Sciemment ou non, les responsables politiques poussent la politique européenne vers une forme d'extrémisme qui transforme l'Europe en une poudrière", affirme le sénateur, évoquant des propos ou des mesures des leaders européens jugés contradictoires, où s'entremêlent tolérance et politiques anti-immigration. "Dans ce chaos, il est étonnant qu'un seul Européen ait appuyé sur la gâchette pour exprimer la frustration envers l'indifférence et l'hypocrisie de la classe politique européenne devant l'islamisation et l'immigration illégale qui, selon le discours politique même, mettent en danger la civilisation et la culture européennes", a poursuivi le sénateur.

Connu pour des prises de position anti-Roms et des appels en faveur du rétablissement de la peine de mort, M. Urban estime qu'il est "injuste que ceux qui n'acceptent pas les musulmans soient qualifiés de Nazis". "Le multiculturalisme nous a été imposé dans de fortes doses et aujourd'hui des fous réagissent de manière violente", conclut-il.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole du PDL Sever Voinescu a assuré qu'il s'agissait d'"opinions personnelles" de M. Urban, qui a néanmoins été appelé à "s'expliquer". "Si les explications de M. Urban sont en contradiction avec la doctrine du PDL, la direction du parti décidera des suites à donner à cette affaire", a-t-il indiqué.
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