FN - RN et ses satellites

...Sans Papiers, antifascisme...

Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 30 Juil 2011, 15:46

Tuerie d'Oslo: Il en faut pas beaucoup pour que Le Pen parle d'un " détail " la tuerie norvégienne

L'ancien leader de front national français, n'est plus à une connerie prêt. Il y avait eu le fameux " détail de l'histoire " en parlant de la shoa. Aujourd'hui il en faut pas beaucoup pour que la tuerie d'Oslo selon Le Pen, devienne un détail dans l'histoire du crime en Norvège. J-M Lepen estime que la naïveté du gouvernement norvégien et de la société norvégienne est bien plus grave que la tuerie elle même. Auraient-ils eu le même discours si un cinglé de l'extrême gauche viendrait à flinguer des sympathisants du FN, dont des membres de sa famille?

Le Pen parle d'immigration massive en n'évoquant cela: " La Norvège est un pays sympathique, mais qui n’a pas pris la mesure du danger mondial que représentent d’abord l’immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l’esprit de ce fou meurtrier (de son acte), mais encore le terrorisme, qui est un phénomène mondial ".

Que veut dire " un danger mondial en évoquant une immigration massive? La planète Terre serait-elle habitées que par des étrangers? Quand au terrorisme; la Norvège s'est quand raliée au forces de l'OTAN qui combats les islamistes talibans et leur frère d'Al Qaeda. Mais un durcissement de la politique migratoire de la Norvège, notemment musulmanes aurait-elle évité cette tuerie? Là encore Le Pen devrait se remémorer le peu de cerveau qui lui reste. Ce dernier et sa fille ont loué récemment le peuple suisse pour son refus des minarets par votation. Pourtant la Suisse était aussi dans le collimateur de Brévik. Ce dernier je le rappel a tué certainement plus de Norvégiens de souche que de musulmans ou d'étrangers " indésirables ". De plus la Norvège compte un peu plus de 13% d'étranger, contre plus de 21% en Suisse. Pourtant Le Pen comme sa fille louent toujours la Suisse pour sa politique migratoire. Donc, Le Pen se contredit quant il prétend que c'est la masse migratoire qui est le danger. Car ce n'est pas le nombre d'étranger qui portent préjudices à un pays, mais une mauvaise politique migratoire et sa gestion en tant que tel. La Norvège serait-elle irresponsable en matière d'immigration. Il semblerait que les problèmes migratoires se trouve plutôt dans les pays latins ou francophones comme la France. de part leur proximité à la Méditerranée qui voit affluer en masse des immigrés africains et maghrébins.

Brévik déteste le multiculturalisme, l'immigration et l'islam en tant que tel. Pour la première, on ne peut ni être pour ni être contre. Le mélange des cultures existent depuis que le monde est monde. Elle le fut par les invasions guerrières d'antan et elle continue et de façon différente par l'immigration et par la possibilité de se rendre aujourd'hui pour tout le monde à l'autre bout de la planète en moins de 24 heures. Quand à l'immigration, elle doit être gérée de façon responsable, mais une immigration zéro n'est pas désirable; cela entraînerait un blocage de l'économie faute de mains d'oeuvres ou de personnels qualifiés. Quand à l'islam il faut distinguer ( si je peut m'exprimer ainsi ) deux sortes de musulmans. Les intégristes et les autres. Je ne sais pas si l'on peut vraiment parler d'islamisation de l'Europe, mais il existe des musulmans inintégrables. Qui importent avec eux chez nous la charria dans leur valise. C'est le cas de plusieurs imams par exemple. Et malheureusement certains responsables politiques locaux, cèdent pour ne pas les froisser. Comme supprimer les crèches de noël à l'école ou le son des clochers d'églises mis au silence. Ce qui n'est pas normal et qui fait le lit des extrémistes islamophobes.

Et comme le terrorisme islamique est la menace du moment, il n'y a plus qu'un pas pour les amalgames. Il faut aussi pouvoir dénoncer les dangers réels de l'islamisme en Europe. Est-il normal de laisser des prêcheurs lancer des appelles au meurtre" des croisés occidentaux " comme c'est le cas en Angleterre? Le racisme anti-chrétien serait-il plus tolérable que le racisme anti-musulmans? L'Europe condamne tout propos racistes en publique qui sont dit dans les pays de l'UE. Pourquoi ne dit-elle rien aux britanniques qui laissent des imams prêcher la haine envers son prochain? Il important de pouvoir dénoncer cela sans être taxés automatiquement d'islamophobes ( sous entendu racistes ) par la bien pensante surtout issue de la gauche en général. L'immigration et l'Islam doit pouvoir être débattu sans tabou et sans pour autant parler de haine. Mais de parler de bon sens; sans quoi les électeurs continueront de faire progresser les partis d'extrême droite ou populistes et d'entendre ainsi des Le Pen dire n'importe quoi, voir des discours totalement indécents. Si la gauche et les bien-pensants ne sont pas par leur angélisme sur l'Islam intolérant responsable également de la tuerie d'Oslo; Elle l'est en tout cas en partie responsable du pourrissement du débat démocratique sur l'islam en taxant généralement d'islamophobe toute critiques, même constructives de ses adversaires politiques.

D.J


DRAME NORVEGIEN : La droite national-populiste doit assumer sa co-responsabilité intellectuelle 28 juillet 2011

Soudain, l’horreur. 72 morts, des dizaines de blessés, une froide détermination politique exposée en 1’500 pages d’un manifeste de la haine. Le monde entier regarde toujours incrédule en direction de la Norvège et partage la souffrance d’une population meurtrie. Un état de choc et une incompréhension générale. Que s’est-il passé ?

Au-delà de l’indignation et de la solidarité que nous inspire cette tragédie, se pose la question des raisons de ce drame. Or, cet acte de terreur s’inscrit clairement dans un contexte plus global : le climat politique et social créé par les partis d’extrême droite européens qui déversent inlassablement sur les populations leur haine et leurs idées racistes et anti-islamistes.

Une responsabilité que les tenants de cette idéologie de la haine n’entendent naturellement pas assumer. Diverses stratégies sont mises en place.

Premièrement, il s’agit de prétendre que l’on est confronté à acte isolé d’un aliéné. L’historien Nicolas Lebourg souligne dans Libération du 27 juillet « la stratégie du FN, c’est de psychologiser l’affaire. On dit que Breivik est fou pour retirer le caractère politique et raciste du geste ». Comme pour faire écho en Suisse aux propos du FN, Oskar Freysinger, sur les ondes du service public, affirme lui aussi que l’acte est commis par un dément et pointe du doigt les effets des jeux vidéos pour expliquer la rage du terroriste norvégien.

Deuxièmement, invoquer la récupération politique pour tenter de mettre hors-jeu l’interlocuteur, et surtout balayer d’un revers de main toute entrée en matière sur une responsabilité intellectuelle comme cause directe et indirecte du massacre commis. Ainsi, lorsque le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) écrit samedi 23 juillet dans un communiqué de presse : « Dans toute l’Europe, les partis populistes et les extrêmes droites (…) portent une lourde responsabilité dans le climat délétère qui pèse sur le continent tout entier », la présidente du Front national français, Marine Le Pen, réagit immédiatement en accusant le Mrap de « récupérer » cet événement pour « tenter de créer la confusion dans les esprits et faire progresser son combat militant ». L’objectif est évident.

Lorsque sur un réseau social, je me demande si Oskar Freysinger mettra fin à ses contacts avec les réseaux anti-islam en Europe après la tragédie norvégienne, le même argument de la récupération politique est servi comme toute réponse. Plus simple évidemment que de revenir, au moment de l’expression ultime et abjecte du discours identitaire anti-islam et anti-multiculturalité, sur sa participation en décembre 2010 aux « Assises internationales sur l’islamisation de nos pays », organisées par le mouvement d’extrême droite « Bloc identitaire » et l’association « Riposte laïque ». Ou que d’évoquer la récente invitation du conseiller national UDC au chef de file de l’extrême droite néerlandaise Geert Wilders afin qu’il donne une prétendue conférence sur l’islam à Savièse (VS). La Radio suisse romande a d’ailleurs relevé, dans l’émission Forum du 27 juillet 2011, suite à un examen de ses interviews et déclarations, la dureté des propos d’Oskar Freysinger contre l’Islam. Sa « lutte contre une fausse tolérance au dogme islamique » prendrait ainsi place dans une « situation d’avant-guerre civile ». Il dit aussi que « le bradage de la race blanche en marche » nécessiterait « une politique nataliste démesurée », consistant en pas moins de 5 enfants par famille blanche et européenne. Par ce mouvement démographique, « l’islam a perdu le combat, là on a gagné. »

Relevons que même si les partis nationalistes et leurs élus rejètent toute responsabilité ou lien intellectuels avec la tragédie d’Oslo, certaines voix parmi les plus extrémistes des mouvements national-populistes européens ont déclaré ces derniers jours se reconnaître dans les thèses défendues par Anders Behring Breivik. C’est le cas en Italie d’un élu de la Lega Nord, en France d’un candidat FN aux élections cantonales et même d’un représentant du parti du Progrès, expression danoise du national-populisme !

Soulignons également que l’UDC - citée dans le manifeste du jeune extrémiste norvégien – a vu sa direction se poser la question du maintien de la date de lancement de son initiative anti-étrangers alors qu’elle affirme l’absence de tout effet entre leur discours, celui des partis frères européens et la tragédie norvégienne. Etonnant.

Dans les faits, le lien intellectuel est bien réel entre ce genre d’actes individuels barbares et les discours et les politiques identitaires dont sont abreuvés, depuis des années, les populations européennes et les Suisses, et qui nourrissent tant en Europe qu’en Suisse, la peur, la haine et la violence. En ce sens, la droite national-populiste européenne, mais aussi suisse, est intellectuellement co-responsabie du terrorisme politique qui a fauché à Oslo des dizaines de vies innocentes.

Carlo Sommaruga, Conseiller national
Nico37
 
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 31 Juil 2011, 13:42

Jean-Marie Le Pen juge la "naïveté" de la Norvège plus grave que la tuerie d'Oslo Caroline Monnot Article paru dans l'édition du 31.07.11

Jean-Marie Le Pen grippe à nouveau la stratégie de "respectabilisation" du Front national (FN) mise en place par sa fille depuis qu'elle a accédé à la tête du parti.

L'ancien patron du FN a en effet pris quelques libertés avec la position officielle de son parti sur la tuerie d'Oslo. Ce, alors même que les actes perpétrés par Anders Behring Breivik, ce Norvégien de 32 ans qui prétendait déclencher une guerre civile européenne, en invoquant la trahison des "élites multiculturelles" face à " la colonisation" de l'Europe par les musulmans plonge toute l'extrême droite du vieux Continent dans l'embarras.

Dimanche 24 juillet, Marine Le Pen avait donné le "la" pour sa formation depuis la Trinité-sur-Mer, le berceau des Le Pen en Bretagne, où elle passe ses vacances : "Le FN condamne ces actes barbares et lâches et exprime sa totale solidarité avec le peuple norvégien." La consigne était claire : en aucun cas le Front national version Marine Le Pen ne devait relativiser les faits et pouvoir ainsi être associé, de près ou de loin, aux actes commis par Anders Behring Breivik.

S'exprimant comme il le fait chaque semaine, dans son "Journal de bord", sorte de causerie vidéo diffusée sur le site Web du FN, le président d'honneur du Front national a choisi de faire cavalier seul. Il a estimé, vendredi 29 juillet, que la "naïveté" du gouvernement et de la société norvégienne était "plus grave" que la tuerie perpétrée par Anders Behring Breivik, qu'il a qualifiée d'"accident".

Pour M. Le Pen, la Norvège est "un petit pays sympathique", "qui n'a pas pris la mesure du danger mondial que représentent d'abord l'immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l'esprit de ce fou meurtrier (de son acte), mais aussi le terrorisme, qui est un phénomène mondial".

"FAUSSE ROUTE"

Le président d'honneur du FN poursuit : "Mais la situation me paraît grave non pas par cet accident d'un individu qui, sous l'effet d'une folie, fut-elle passagère, se met à massacrer ses concitoyens. Ce qui me paraît plus grave et que démontre cette affaire c'est la naïveté et l'inaction du gouvernement norvégien (...). Vous savez que les policiers en Norvège ne sont pas armés", s'est-il étonné.

Le 23 juillet, au lendemain des attentats, Laurent Ozon, un cadre dirigeant du FN, avait écrit sur son compte Twitter : "Expliquer le drame d'Oslo : explosion de l'immigration : (multipliée par six) entre 1970 et 2009." Et encore, "Expliquer le drame d'Oslo : de 1970 à 2009, X58 (multiplication par cinquante-huit du nombre d') immigrés d'origine afro-orientale (...). Vers la guerre civile ?" Il s'était attiré la réaction immédiate de la présidente du FN. "Laurent Ozon fait fausse route", avait déclaré Mme Le Pen au Monde.

Les proches de M. Le Pen estimaient, samedi matin, que les propos de ce dernier ont été "mal compris" et qu'en aucun cas le président d'honneur du FN n'a cherché à relativiser les actes commis par Anders Behring Breivik. Mme Le Pen, restait injoignable samedi matin.

C'est la deuxième fois depuis l'accession de Mme Le Pen à la tête du FN que le président d'honneur conteste l'une de ces décisions.

Mme Le Pen qui, depuis son élection, s'est fixée pour ligne de ne pas commenter les sorties provocatrices de son père, pourra difficilement ignorer celle-ci. Le président d'honneur du FN critique une sanction disciplinaire qu'elle a prise en fonction du pouvoir discrétionnaire que lui confèrent les statuts en tant que présidente.


Norvège: Jean-Marie Le Pen maintient ses propos, dément toute provocation (AFP) publié le 30/07/2011 à 17:23, mis à jour le 30/07/2011 à 19:05

PARIS - Le président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, a maintenu samedi auprès de l'AFP ses propos sur la "naïveté" du gouvernement norvégien, qu'il avait jugée "plus grave" que la tuerie d'Oslo, tout en se défendant de toute provocation.
"La folie d'un dingo ce sont des choses qui arrivent. En revanche, les conséquences meurtrières me paraissent quand même beaucoup plus liées à la naïveté de l'Etat norvégien qu'à la folie de ce dingo", a répété Jean-Marie Le Pen.
Mais, a-t-il ajouté, "comment peut-on imaginer que je veuille diminuer la responsabilité de ce bonhomme que je ne connais pas '"
"Ce qui est irresponsable, c'est l'attitude de l'Etat norvégien, qui met une heure et demie à envoyer une police pour maîtriser cet énergumène", a-t-il déclaré.

La tuerie a fait 77 morts.

Vendredi, alors qu'il s'exprimait comme chaque semaine sur le site internet du FN, Jean-Marie Le Pen avait jugé que la "naïveté" du gouvernement et de la société norvégiennes était "plus grave" que les attaques perpétrées par Anders Behring Breivik, qualifiées d'"accident" dans ses propos.
Il avait évoqué la Norvège comme "un petit pays sympathique", "mais qui n'a pas pris la mesure du danger mondial que représentent d'abord l'immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l'esprit de ce fou meurtrier (de son acte), mais encore le terrorisme, qui est un phénomène mondial".
Samedi, contactés par l'AFP, ni la présidente du FN, Marine Le Pen, ni ses proches, Louis Aliot ou Steeve Briois, n'ont donné suite.
L'association SOS Racisme a estimé que "par ses propos, Jean-Marie Le Pen engag(eait) bien évidemment le Front national".
"L'image de respectabilité que Marine Le Pen prétendait (...) offrir (au FN) a bien du mal à ne pas exploser en vol dès que, au Front national, l'occasion d'assouvir sa haine de l'étranger et son dédain pour la vie trouvent matière à s'exprimer", a ajouté SOS Racisme.
Le parti d'extrême droite avait officiellement condamné la tuerie samedi dernier, au lendemain des faits, dans un très bref communiqué.
Mais le FN a dû également suspendre quelques jours plus tard l'un de ses candidats aux cantonales (mars 2011), Jacques Coutela, qui avait diffusé sur son blog un texte faisant l'apologie d'Anders Behring Breivik et de son islamophobie.
Samedi dernier, au lendemain des attaques, un cadre du FN, Laurent Ozon, avait également posté plusieurs messages sur Twitter où il pointait une hausse de l'immigration en Norvège, semblant faire un lien avec la tuerie.
"Expliquer le drame d'Oslo : explosion de l'immigration : X6 (multipliée par 6, NDLR) entre 1970 et 2009", disait notamment l'un de ces tweets. Il s'était ensuite défendu de toute justification des actes imputés à Anders Behring Breivik.


Jean-Marie Le Pen met sa fille dans l’embarras Dominique Albertini - Le Journal du Dimanche samedi 30 juillet 2011

En critiquant la "naïveté" de la Norvège, l’ex-président du FN brouille la communication du Front national sur le drame d’Utoya.

À rebours de la "dédiabolisation" du FN voulue par sa fille, Jean-Marie Le Pen a signé à la veille du week-end une nouvelle provocation. L’ex-leader frontiste, député européen et conseiller régional de Paca, a trouvé des justifications au drame d’Utoya. Dans une vidéo sur le site Internet du parti, il s’exprime sur la tuerie de Norvège entre deux questions sur la hausse du chômage et l’affaire DSK. L’affaire est grave, juge-t-il, mais "pas par cet accident d’un individu qui […] se met à massacrer ses concitoyens". "Ce qui me paraît le plus grave, […] c’est la naïveté et l’inaction du gouvernement norvégien" en matière de sécurité, ajoute-t-il, semblant relativiser le massacre. Selon lui, la Norvège n’aurait "pas pris la mesure du danger mondial que représentent d’abord l’immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l’esprit de ce fou meurtrier, mais encore le terrorisme, qui est un phénomène mondial".

Une sortie en contradiction avec la ligne officielle du FN. Marine Le Pen avait en effet choisi la stratégie du gros dos face aux accusations adressées aux partis national-populistes européens après la tuerie. Sans commenter l’idéologie d’Anders Behring Breivik, la direction du FN a condamné son "geste fou". Seul Laurent Ozon, haut cadre du parti et conseiller de Marine Le Pen, a tenté d’expliquer le drame en notant une "corrélation positive" avec les "tensions intercommunautaires en Norvège". Il a été rappelé à la ligne officielle par Marine Le Pen, que le JDD n’a pu joindre samedi.

Pour sa part, Ozon est satisfait de cet "apport au débat" de l’ancien président du FN : "Je ne suis pas étonné qu’il dise cela. Il y a un débat au sein du parti même s’il ne s’exprime pas. La Norvège connaît une crise sociale aux explications migratoires. Je voudrais que nous puissions en parler aux niveaux national et européen". Même compréhension pour Bruno Gollnisch. "Jean-Marie Le Pen est difficilement contrôlable, j’en ai fait moi-même l’expérience", rigole l’ex-n° 2 du FN. "Le Pen n’a fait que replacer l’événement dans son contexte". Gollnish y voit "une preuve de plus que le multiculturalisme engendre la violence, de la part des migrants comme des indigènes". Samedi, Jean-Marie Le Pen s’est défendu d’avoir minimisé le drame, expliquant que, "dans la responsabilité de cette tuerie, il y a bien sûr principalement le geste de l’assassin, mais aussi la faiblesse du dispositif normal, dans un État civilisé, de protection élémentaire des gens". En avril, l’ex-président du FN avait critiqué l’exclusion par sa fille du militant radical Alexandre Gabriac. Cette nouvelle sortie montre qu’il n’a pas renoncé à faire entendre sa voix.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 02 Aoû 2011, 22:04

OSLO.J-M Le Pen maintient ses propos et met le FN dans l'embarras
Publié le 31-07-11 à 08:18 Modifié à 11:39 par Le Nouvel Observateur avec AFP

Le président d'honneur du FN avait jugé que la "naïveté" du gouvernement norvégien était "plus grave" que les attaques d'Anders B. Breivik. Marine Le Pen n'a pas encore réagi.

Le président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, a maintenu samedi 30 juillet auprès de l'AFP ses propos sur la "naïveté" du gouvernement norvégien, qu'il avait jugée "plus grave" que la tuerie d'Oslo, tout en se défendant de toute provocation.

"La folie d'un dingo ce sont des choses qui arrivent. En revanche, les conséquences meurtrières me paraissent quand même beaucoup plus liées à la naïveté de l'Etat norvégien qu'à la folie de ce dingo", a répété Jean-Marie Le Pen.

Mais, a-t-il ajouté, "comment peut-on imaginer que je veuille diminuer la responsabilité de ce bonhomme que je ne connais pas ?"

"Ce qui est irresponsable, c'est l'attitude de l'Etat norvégien, qui met une heure et demie à envoyer une police pour maîtriser cet énergumène", a-t-il déclaré. La tuerie a fait 77 morts.

Opération de manipulation

Vendredi, alors qu'il s'exprimait comme chaque semaine sur le site internet du FN, Jean-Marie Le Pen avait jugé que la "naïveté" du gouvernement et de la société norvégiennes était "plus grave" que les attaques perpétrées par Anders Behring Breivik, qualifiées d'"accident" dans ses propos.

Martine Aubry, candidate à la primaire socialiste pour 2012, a condamné dimanche des propos "injustifiables" et comparé la volonté du FN de se donner une image différente à une "opération de manipulation".

"Les propos de Jean-Marie Le Pen relativisant les crimes sauvages de Breivik en Norvège salissent la mémoire des victimes et des blessés d'Oslo et d'Utoya. Je les condamne avec la plus grande fermeté", écrit dans un communiqué la première secrétaire du PS actuellement en congés de ses fonctions.

"Ce multirécidiviste du détail et de la haine révèle, s'il en était besoin, la gigantesque opération de manipulation baptisée 'dédiabolisation' à laquelle se livre le FN depuis plusieurs mois", poursuit-elle, en relevant que dimanche matin "aucune voix au sein de l'UMP" n'avait encore "jugé utile de dénoncer de tels propos".

"Pour ma part, jamais je ne m'habituerai aux paroles injustifiables et aux propositions intolérables du Front national que j'ai toujours combattues, au plan local comme à l'échelon national", ajoute la maire de Lille.

Le FN aux abonnés absents

Samedi, contactés par l'AFP, ni la présidente du FN, Marine Le Pen, ni ses proches, Louis Aliot ou Steeve Briois, n'ont donné suite.

L'association SOS Racisme a estimé que "par ses propos, Jean-Marie Le Pen engag(eait) bien évidemment le Front national".

"L'image de respectabilité que Marine Le Pen prétendait (...) offrir (au FN) a bien du mal à ne pas exploser en vol dès que, au Front national, l’occasion d’assouvir sa haine de l’étranger et son dédain pour la vie trouvent matière à s’exprimer", a ajouté SOS Racisme.

Apologie de l'islamophobie

Le parti d'extrême droite avait officiellement condamné la tuerie samedi dernier, au lendemain des faits, dans un très bref communiqué.

Mais le FN a dû également suspendre quelques jours plus tard l'un de ses candidats aux cantonales (mars 2011), Jacques Coutela, qui avait diffusé sur son blog un texte faisant l'apologie d'Anders Behring Breivik et de son islamophobie.

Samedi dernier, au lendemain des attaques, un cadre du FN, Laurent Ozon, avait également posté plusieurs messages sur Twitter où il pointait une hausse de l'immigration en Norvège, semblant faire un lien avec la tuerie.

"Expliquer le drame d'Oslo : explosion de l'immigration : X6 (multipliée par 6, NDLR) entre 1970 et 2009", disait notamment l'un de ces tweets. Il s'était ensuite défendu de toute justification des actes imputés à Anders Behring Breivik.

Le Nouvel Observateur - AFP


France : les attentats d’Oslo embarrassent le FN et Marine Le Pen
lundi 01 août 2011 à 11h52

Les déclarations de Jean-Marie Le Pen sur les attentats d’Oslo samedi ont provoqué le montée au créneau du PS qui a demandé à la présidente du Front national, Marine Le Pen, de condamner les propos tenus par son père la veille. Elle a, pour sa part, dénoncé une "récupération politicienne" de la gauche.

Samedi, le président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, s'est démarqué de la position officielle du parti d'extrême droite français en jugeant que la "naïveté" du gouvernement norvégien était "plus grave" que les attaques, qu'il a qualifiées d'"accident".

"La situation me paraît grave non pas par cet accident d'un individu qui, sous l'effet d'une folie fut-elle passagère, se met à massacrer ses concitoyens", affirme dans une vidéo mise en ligne vendredi sur le site internet du FN son dirigeant historique, âgé de 83 ans.

"Ce qui me paraît plus grave et que démontre cette affaire, c'est la naïveté et l'inaction du gouvernement norvégien (...). Vous savez que les policiers en Norvège ne sont pas armés", s'est encore étonné Jean-Marie Le Pen, à qui sa fille Marine a succédé à la tête du FN en janvier.

La gauche et la droite demandent une prise de position à Marine Le Pen

Après ces propos, plusieurs ténors socialistes sont montés au créneau dimanche pour appeler la présidente du Front national, Marine Le Pen, à condamner cette nouvelle "provocation" de son père, à qui elle a succédé à la tête du parti en janvier dernier et qui est président d'honneur du FN.

De même l'UMP (droite, au pouvoir), a appelé Marine Le Pen à "prendre position" et "sortir d'un faux double langage". "Derrière le changement de prénom au FN, la ligne politique reste la même", a affirmé la déléguée générale adjointe du parti, Valérie Rosso-Debord.

En pleine quête de respectabilité pour le FN, Marine Le Pen doit désormais "prendre ses responsabilités", "dire que ces déclarations sont inadmissibles", a déclaré le porte-parole du parti socialiste Benoît Hamon. "Il faut qu'elle sorte de son ambiguïté, elle qui a parlé de dédiabolisation (...) ne peut pas laisser passer ce genre de propos sans réagir", a abondé le député Pierre Moscovici, coordinateur de la campagne de François Hollande, candidat à l'investiture socialiste pour la présidentielle.

Marine Le Pen accuse la gauche de "récupération politicienne"

Dimanche soir, Marine Le Pen a dénoncé une "récupération politicienne" de la gauche, après les réactions indignées à des propos de son père.

Pour Marine Le Pen, qui réagit dans un communiqué sans mentionner son père, ces réactions "font fi des drames humains pour tomber dans la récupération politicienne". "Depuis les premières heures qui ont suivi le drame d'Oslo, plusieurs partis de gauche et associations affiliées surfent de manière particulièrement indigne et cynique sur cette tragédie pour tenter d'en tirer un détestable profit politique", écrit Mme Le Pen, en dénonçant "un comportement abject de la gauche".

"Ce n'est pas très étonnant venant de partis qui n'ont aucune solution à proposer aux vraies préoccupations des Français (...) ils préfèrent se commettre dans une polémique aussi artificielle qu'indécente pour tenter de salir le seul mouvement politique qui apporte des solutions aux problèmes des Français et une vision pour la France", fait-elle valoir. "La position du Front national sur le drame d'Oslo a été exprimée de manière très claire dès les premières heures. Elle n'a pas varié depuis", a rappelé la présidente du FN.

Le 23 juillet, dans un bref communiqué, le FN avait condamné le carnage norvégien, dénonçant des "actes barbares et lâches". Et Marine Le Pen avait pris soin de prendre ses distances avec l'acte de Breivik, furieuse de voir son parti indirectement associé à la tuerie par certaines associations ou responsables de gauche.

Mais le mot d'ordre officiel avait subi des accrocs, notamment avec les tweets d'un cadre du parti, Laurent Ozon, pointant "une explosion de l'immigration" en Norvège pour expliquer le geste de Breivik.

La direction du Front national a aussi suspendu cette semaine un de ses membres, Jacques Coutela, candidat du parti lors d'élections locales en mars, pour avoir fait sur son blog l'apologie de Breivik.

Le Vif.be, avec Belga


Le FN a deux chefs Par Dominique de Montvalon

Face à la tuerie d’Oslo, Jean-Marie Le Pen n’a pas la même analyse que sa fille. Leurs relations deviennent compliquées.

Jean-Marie Le Pen a commenté (à sa façon) la tuerie d'Oslo MaxPPP
Les socialistes – cessant de paraître ne s’intéresser qu’à leurs primaires – somment aujourd’hui, avec un bel ensemble, Marine Le Pen de condamner… son père.
Alors que la présidente du Front national avait en effet, dans un sec communiqué, immédiatement parlé « d’actes barbares et lâches » après le massacre la semaine dernière de 77 Norvégiens par un homme se réclamant dans ses fumeux écrits de l’ultra-droite quasi fascisante, Jean-Marie Le Pen, fondateur du FN et aujourd’hui son « président d’honneur », vient de réagir, lui, tout différemment.
Dans un premier temps, il qualifie de simple « accident » la conduite du tueur, et met en cause la « naïveté » de la société norvégienne face à l’immigration et au terrorisme (qu’il lie sciemment). Dans un second temps, Jean-Marie Le Pen, 83 ans, se corrige, mais très partiellement : le tueur est un « dingo » dont les actes relèvent non plus de l’accident, mais de la « folie ». Cela étant, l’eurodéputé n’en démord pas : la Norvège, ce « petit pays sympathique », n’a pas pris la mesure du « danger mondial » que représentent « l’immigration massive » et le terrorisme. Exactement la problématique d’Anders Behring Breivik.

" L’arc républicain "

Martine Aubry a accusé dimanche Jean-Marie Le Pen de « relativiser » des « crimes sauvages ». Décrivant le fondateur du FN comme un « multirécidiviste du détail et de la haine », la maire de Lille dénonce « la gigantesque opération de manipulation baptisée dédiabolisation (du Front national, NDLR) ». Traduction : Le Pen père et fille, même combat. Porte-parole de François Hollande, Pierre Moscovici parle de dérives à tonalité « négationniste », et estime que Marine Le Pen ne peut pas « laisser passer ce genre de propos sans réagir » si le FN « veut être une formation politique incluse dans l’arc républicain ».

Trois observations peuvent être faites.

1. Si Marine Le Pen ne s’est jamais cachée de vouloir un jour gouverner, et n’hésite pas à « faire le ménage » dans son parti pour qu’il soit demain « respectable » (voire « fréquentable »), Jean-Marie Le Pen, lui, n’a jamais eu cette ambition. Par tempérament, l’ancien député poujadiste est un imprécateur : plus il choque, plus il transgresse, plus il jubile. Sa fille, en même temps, sait qu’elle perdrait beaucoup à voir s’ouvrir sur sa droite une concurrence. Elle se sait donc condamnée à maintenir avec son père des relations politiques au minimum « correctes ».

2. Jean-Marie le Pen l’a senti : il y a aujourd’hui un vrai problème pour l’extrême droite dans toute l’Europe (et pas seulement en France) avec une vague anti-politique, anti-immigrés, très ultra, souvent violente, qui peut demain déborder les partis d’extrême droite classiques. On allait dire : « traditionnels ».

3. Si le « camp Hollande » et le « camp Aubry » sont également indignés par les propos de Jean-Marie Le Pen, les « hollandais », à la différence des « aubrystes » (lesquels, il est vrai, jouent la carte du « à gauche toute ») n’écartent pas l’hypothèse que le FN de Marine Le Pen puisse être considéré demain ni plus ni moins comme membre de « l’arc républicain ». Pour eux donc, jusqu’à plus ample informé : Le Pen père et fille, ce n’est pas la même chose. Entre Aubry et Hollande, une différence de plus.
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Messagede Nico37 » 03 Aoû 2011, 23:20

Oslo et le FN : Ozon persiste et signe Laureline Dupont - Marianne | Mercredi 3 Août 2011

Tandis que le Front national exclue un à un ses membres les plus radicaux, Laurent Ozon, conseiller de Marine Le Pen -censé incarner le FN nouveau et républicain voulu par la présidente- a créé la polémique en «expliquant le drame d'Oslo» par l'immigration. Il revient aujourd'hui sur ses propos et compte bien faire entendre sa voix au prochain Bureau politique du Front national.

Une présidente jeune et femme, un discours émaillé de références à la République, des purges retentissantes censées débarrasser le parti de sa frange la plus radicale, et, surtout, une nouvelle équipe de conseillers de l’ombre issus, pour certains, des hautes sphères de l’administration, le Front national version Marine Le Pen se voulait fréquentable. Alors, quand survient le drame d’Oslo et la polémique sur la responsabilité de l’extrême droite, la nouvelle patronne frontiste fait profil bas, se fend d’un communiqué minimaliste dans lequel elle condamne fermement le geste de Breivik et suspend sur le champ Jacques Coutela, ex-candidat aux cantonales, qui a qualifié le tueur d’ « icône » sur son blog.
La stratégie de communication semble parfaitement rodée : temps 1, discrétion ; temps 2, patience ; temps 3 (à venir), victimisation.

Plus de 20 ans après la profanation du cimetière de Carpentras injustement imputée au FN, les dirigeants frontistes ne se privent pas de rappeler à la moindre occasion ce « complot » dont a été « victime » le parti. En ne prenant pas part à la polémique suscitée par les attentats en Norvège, la nouvelle cheftaine frontiste espère sans doute endosser, d’ici quelques mois, les habits confortables de bouc émissaire d’une classe politique prête à tout pour entacher l’image du Front. Interrogé par le Point.fr, Nicolas Lebourg, spécialiste de l’extrême-droite, juge la réaction de Marine Le Pen « rationnelle ». De quoi permettre, selon lui, au FN de « bénéficier » de la controverse. Sauf que…

Fraîchement arrivé au Front par l’intermédiaire de « Marine », Laurent Ozon a cru « judicieux » de chercher à « expliquer le drame d’Oslo » par l’immigration via son compte Twitter. Le jour même du drame, il poste plusieurs messages sur le site de micro-blogging : « Expliquer le drame d'Oslo : explosion de l'immigration : x6 entre 1970 et 2009 Source : science po cr260107.pdf Vers la guerre civile ? », « Expliquer le drame d'Oslo : de 1970 à 2009, X58 immigrés d'origines afro/orientales. www.introfransk.cappelendamm.no Vers la guerre civile ? », « Expliquer le drame d'Oslo : projections : les immigrés représenteront 28% de la population en 2060 iFACTS2010.pdf Vers la guerre civile ? »

Relayés par le MJS, ces tweets gênent manifestement la présidente qui sort de son silence pour affirmer mollement au Monde que son conseiller « fait fausse route ». « On s’est parlé par téléphone, raconte Ozon, contacté par Marianne2. Elle m’a dit que ça ne servait à rien de faire des tweets, elle m’a précisé que j’étais membre du Bureau politique et que mon Twitter n’était pas personnel. »

Incident clos ? Marine Le Pen l’espère sans doute. Mais les sorties de route médiatisées de l’un de ses conseillers écornent l’image d’Epinal d’un parti rénové et dédiabolisé. Soucieuse de crédibiliser son entreprise de ripolinage de la façade frontiste, la nouvelle patronne a pris soin de s’entourer d’un cercle de fidèles composé de nouveaux entrants. Parmi eux, Laurent Ozon. Censé représenter la tendance écologiste du FN mariniste grâce à un bref passage chez Les Verts dans les années 90, ce sociologue de formation assure avoir rejoint Marine Le Pen fin 2010 et non le FN. « Si ce n’était pas Marine, je n’y serai pas », avait-il affirmé à Marianne la première fois que nous l’avions rencontré en février 2011.

Grâce à cette équipe remasterisée, la présidente espérait en finir avec les dérapages du parti qui faisaient les choux gras des médias. Raté pour cette fois. Selon Nicolas Lebourg, joint par Marianne2, la polémique autour des tweets de Ozon « démontre juste que lorsqu’on le présente comme un écolo c’est faux, c’est un néo-droitier, de la Nouvelle droite, c’est tout à fait naturel, structurellement naturel, qu’il tienne ce genre de discours. Il retombe sur ses marqueurs fondamentaux. » Et sape par la même occasion la fameuse « stratégie de dédiabolisation ».

De son côté, Laurent Ozon n’entend pas changer de discours et déplore le silence entendu du FN sur la tragédie norvégienne : « Je persiste : si on avait adopté l’attitude d’un parti sans complexe, déculpabilisé, on aurait été dans une position beaucoup plus forte que celle d’aujourd’hui. Je ne suis pas certain que la stratégie du hérisson soit la plus efficace mais je m’y tiens depuis. Je pense que la bonne réaction du FN aurait été de dire que j’avais raison, il faut un débat sur ce qui peut amener un type à tuer des dizaines de ses compatriotes. Ça nous aurait évité les mises au point de Jean-Marie Le Pen, qui s’est senti le goût et le devoir de préciser son sujet. »

Amer, le conseiller dit également « regretter qu’on n’ait pas jugé utile de me défendre au FN, alors que j’ai été roulé dans la boue. » Lors du prochain Bureau politique fin août, il entend bien défendre sa position : « Je rappellerai que je n’ai pas cherché à provoquer mais qu’une fois mis en cause je ne pouvais ma prendre des coups sur la gueule sans réagir. Je plaiderai pour un débat, le FN est un mouvement que Marine Le Pen a voulu démocratique dans lequel les Bureaux politiques ne sont pas des réunions du Soviet suprême. Si ce n’est pas possible, on n’en reparlera plus. »

Au FN, pas question d’admettre que les sorties d’Ozon combinées aux provocations de Jean-Marie Le Pen nuisent de près ou de loin au parti ou à sa présidente. « Nous n’avons reçu aucun mail de protestation, quand les gens sont mécontents ça se voit », assure un proche de Marine Le Pen. Mais le mouvement frontiste se serait bien passé de cette huile jetée sur le feu qui «détourne» l'attention des journalistes des sujets de fond : « Marine Le Pen travaille, elle a écrit à Christine Lagarde et au lieu de faire un article là dessus, les médias préfèrent s'attarder sur de la politique politicienne. » Finalement, le temps 3, celui de la victimisation, n'est jamais loin.
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Messagede Nico37 » 07 Aoû 2011, 21:40

Jean-Marie et Marine Le Pen, la politique à double voix 06/08/2011

Comme l’ont montré ses propos sur la Norvège, le président d’honneur du FN compte s’exprimer pendant la présidentielle. Au risque de gêner sa fille.
Par Christophe Forcari
Mais que faire de Jean-Marie Le Pen pendant la campagne présidentielle de sa fille, Marine ? Une question que certains cadres du mouvement se posent ouvertement après les propos tenus par le président d’honneur du Front national lors de la tuerie en Norvège, il y a deux semaines. Sur son blog vidéo, le vieux leader d’extrême droite avait rendu en partie responsable «la naïveté du gouvernement norvégien» face «au danger de l’immigration massive». Sommée de réagir, Marine Le Pen avait botté en touche en accusant droite et gauche de monter une polémique artificielle.

«Occupation». Pas question pour la fille de désavouer son père. «Si j’avais été en désaccord ou si ses propos m’étaient apparus choquants, je l’aurais dit», a affirmé vendredi, la présidente du FN sur Europe 1. «Pers onne ne peut faire taire Le Pen. Pas même sa fille !» commente, amusé, un cadre du parti. «C’est un homme que l’on contraint difficilement», rappelle Bruno Gollnisch, son ancien numéro 2, qui parle d’expérience. Il «reste très attaché à sa liberté de parole», ajoute Jean-François Jalkh, délégué général du FN. Quitte à saper quelque peu le travail de «dédiabolisation» menée par la présidente du FN. «On le connaît, il dit ce qu’il pense et embête ceux qui ne sont pas d’accord. Mais il ne cherche pas à plomber la campagne de sa fille», veut croire Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du parti et proche de Marine Le Pen. «Il va falloir anticiper pendant la campagne pour éviter qu’il nous sorte des trucs qui pourraient la mettre en difficulté» , résume un autre proche de la future candidate.

Beaucoup redoutent des propos comme ceux de 2005 sur «l’Occupation allemande pas si inhumaine que cela» qui avait mis en pétard sa fille. A cette occasion, elle avait clairement manifesté son désaccord en boudant les instances du parti pour une retraite à La Trinité-sur- Mer (Morbihan), le bastion familial. «Il faut éviter à tout prix de créer des problèmes inutiles comme de pseudo-dissensions entre le père et la fille. Il va falloir lui trouver un rôle où l’on pourra le "driver". Ce qui ne sera pas le plus facile», résume un cadre.

Ce n’est pas la première fois que Le Pen père met Le Pen fille dans l’embarras en faisant entendre une musique différente. Comme cela a été le cas dans le cadre de l’affaire Alexandre Gabriac, ce conseiller régional Rhône-Alpes, photographié le bras tendu devant un drapeau à croix gammée. Au printemps, alors que la commission de conciliation recommandait un simple, blâme Marine Le Pen annonçait, par communiqué, l’exclusion de ce fidèle de Bruno Gollnisch. Une décision jugée rapide par Jean-Marie Le Pen, qui ajoutait que la présidente du FN pouvait «à tout moment revenir sur sa décision». Dans le cas d’Yvan Benedetti, bras droit de Bruno Gollnisch et proche du groupuscule fasciste L’œuvre française, également exclu, en juillet, pour deux ans du FN, Le Pen s’est gardé de toute déclaration publique. Mais, à plusieurs reprises, il a tenté de faire revenir sa fille sur sa décision. Les proches de Gollnisch, eux, ne sont pas mécontents de voir la présidente du FN mise en difficulté par les propos de son père. «Jean-Marie Le Pen a parfaitement le droit de livrer son analyse politique sur les événements. Elle peut être parfaitement différente de celle de sa fille», juge un partisan de Gollnisch durant la campagne pour la présidence du FN. «Le Pen n’a pas fait le choix de se singulariser systématiquement par rapport à sa fille. Il exprime son opinion à sa manière et elle souvent de manière plus soft», commente Jean-François Jalkh.

«Frange historique». La coexistence entre le président d’honneur et la présidente en exercice risque de ne pas être évidente au cours de la campagne présidentielle. Bruno Gollnisch n’imagine pas que «Jean-Marie Le Pen ne tienne pas toute sa place dans cette campagne. Il ne dédaignera pas d’arpenter les tréteaux et je pense qu’il sera sollicité pour donner son avis sur la direction stratégique de la campagne». L’entourage de Marine Le Pen redoute de voir un FN s’exprimer à deux voix. «A elle, à titre préventif, de trouver une sorte de "gentleman agreement" avec son père. La répartition des rôles sera une des premières tâches du directeur de campagne et je lui souhaite bien du courage», confie un dirigeant. La répartition actuelle n’est pas sans avantage. «Lui, c’est lui, moi, c’est moi», pourrait dire Marine Le Pen comme Laurent Fabius alors Premier ministre l’avait martelé à propos de François Mitterrand. Surtout le soutien de son père, dans le rôle du méchant, lui permet «de mobiliser et de conserver la frange historique de l’électorat frontiste, traditionnellement lepéniste», espère Jean-François Jalkh. A charge, pour elle, de l’élargir. Pour Bruno Gollnisch, «ce n’est pas mal d’avoir deux fers au feu, avec deux styles différents. Comme l’on dit en termes de marketing, cela élargit l’offre». Pour Marine Le Pen, la cohabitation avec le président fondateur du FN n’est pas finie : il veille toujours sur son héritage.
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Messagede Nico37 » 08 Aoû 2011, 20:24

Marine Le Pen à la recherche d'un second souffle Par Guillaume Perrault

La candidate d'extrême droite, en quête de crédibilité, veut croire qu'elle n'a rien à craindre d'une campagne longue.

La présence du leader d'extrême droite dans le trio de tête des candidats à l'Élysée aux côtés des candidats PS et UMP, mesurée par les instituts de sondage, peut-elle durer? Marine Le Pen, régulièrement créditée par plusieurs instituts d'au moins 20% d'intentions de vote à la présidentielle, ne recueillait plus que 16% dans le sondage CSA réalisé les 20 et 21 juin.

Il est vrai que l'enquête de l'Ifop pour la Lettre de l'opinion, rendue publique lundi, attribuait de nouveau à la présidente du Front national 20,5 % et 21 % d'intentions de vote dans les deux hypothèses retenues, qui ne différaient que par le candidat testé pour Europe Écologie-Les Verts, Nicolas Hulot ou Eva Joly. Arguant de ces résultats, Marine Le Pen estime qu'elle «se maintient à un niveau très élevé», qui représente «un palier, pour mieux reprendre de l'élan» à la rentrée.

Personnalisation accentuée

En 2002, Jean-Marie Le Pen et son ancien bras droit devenu son rival, Bruno Mégret, avaient respectivement recueilli 16,86% et 2,34% des suffrages. Voilà neuf ans, l'extrême droite avait donc totalisé 19,2% des voix à l'élection présidentielle. C'est à peine inférieur aux intentions de vote spectaculaires dont Marine le Pen est aujourd'hui créditée.

Son entourage ne manque donc pas d'arguments pour soutenir que la présidente du FN «n'a rien à craindre d'une campagne longue». Les permanents du parti s'affairent. La personnalisation du mouvement s'accentue. L'université d'été, qui n'avait pas eu lieu l'an dernier par mesure d'économie, sera remplacée cette année par «les journées d'été de Marine le Pen», les 10 et 11 septembre à Nice où le FN s'est redressé, aux dernières cantonales.

Une «convention présidentielle» est ensuite prévue. La chasse aux 500 parrainages est lancée. Un comité de soutien, présidé par l'avocat Gilbert Collard, est en quête, lui, de people. Quelques déplacements à l'étranger sont envisagés, au gré des personnalités qui accepteraient de rencontrer Marine le Pen. Bref, un dispositif classique pour une candidate en quête de crédibilité.

Des éléments de fragilité persistent cependant chez la candidate du FN, qui se montre à la fois «avenante et carnassière», selon l'heureuse formule de l'essayiste Claude Imbert. La campagne de Marine le Pen repose entièrement sur sa personne. Aucun de ses lieutenants -Louis Aliot, Steeve Briois, Wallerand de Saint-Just- n'est connu du grand public. Cette situation semble appelée à durer et soumet l'intéressée, très sollicitée par les médias et peu portée par tempérament à la diplomatie, à un état de tension permanente.

Son caractère belliqueux lui permet de faire bonne figure dans les débats audiovisuels, qui dégénèrent souvent en match de catch. Il n'est pas sûr que Marine Le Pen montrerait la même aisance face à un contradicteur courtois et précis. Mais pour le moment, la candidate du FN avance et veut croire qu'elle ne sera pas, dans la campagne qui commence, une vedette de première partie de spectacle, reléguée au second plan une fois les stars entrées en scène.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 10 Aoû 2011, 21:04

Pour avoir une idée de l'ambiance interne au FN : http://www.drzz.fr/exclusif-drzz-fr-jai ... k-grumberg
Article très subjectif mais pas inintéressant...
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 11 Aoû 2011, 21:23

Le Pen père s’accroche
La présidente du Front national est gênée par les « sorties » de son père, omniprésent et qui n’en fait qu’à sa tête.


Mercredi 27 juillet dernier. Alors que Marine Le Pen se repose à La Trinité-sur-Mer, son père passe la matinée à Nanterre (Hauts-de-Seine), au siège du Front national. Il a fondé le FN en 1972 et, quatre décennies plus tard, il peine à « décrocher ». Pour lui, il n’y a pas de vacances. Dernière preuve en date : sa « sortie » contre la Norvège, pays à ses yeux coupable de « naïveté » face à l’immigration et au terrorisme. La gauche dénonce un nouveau « dérapage », et somme Marine Le Pen de prendre ses distances avec le « provocateur ». Or, affirme l’intéressée, « la seule chose qui puisse me faire sortir de mes gonds, c’est lorsque l’on s’attaque à mon père ».


Déplacements en province, interventions médiatiques, présence dans toutes les instances décisionnaires du FN : Jean-Marie Le Pen est loin d’avoir quitté le navire. Si sa fille s’interdit de le critiquer, de nombreux membres de son entourage aimeraient, eux, voir le tribun plus discret. « Sur le site du FN, on le voit beaucoup trop », se plaignait un membre de la « galaxie Marine » quelques jours avant le dernier dérapage. Et le même homme de se dire « fatigué » d’avoir entendu récemment « Le Pen pleurer sur les enfants de Kadhafi alors qu’il s’était moins insurgé en 1989 quand le colonel libyen avait fait abattre un avion d’UTA… ». Un autre déplore la « judiciarisation » du FN (le parti a plus que jamais le dépôt de plainte facile) : il voit là « une relepénisation du mouvement ».

"Il veille au grain"

« Jean-Marie veille au grain », corrige un autre responsable du FN : « Un certain nombre de choses le rendent grognon. A commencer par le fait de n’être plus président… » Il y aurait aussi, entre lui et sa fille, quelques désaccords idéologiques. La fameuse « dédiabolisation » ? Le Pen craint qu’elle n’entrave l’unité du FN. Il était d’ailleurs monté au créneau pour défendre Alexandre Gabriac, un élu FN pris en flagrant délit photographique de salut nazi. « Il pense que ce n’est pas au Mrap et à la Licra (associations antiracistes et de défense des juifs de France, NDLR) de dicter au FN ce que doit être son image », affirme l’un de ses proches. Plus inattendu : Jean-Marie Le Pen n’apprécierait pas la manière dont sa fille s’est faite, contre l’euro, la championne du retour au franc. « Son père considère que ce n’est pas à nous de porter la responsabilité de la fin de cette monnaie, qui va se casser la gueule toute seule », explique le même proche de Jean-Marie Le Pen.

"Le succès de sa fille ne peut pas lui faire plaisir"

En creux, quand intervient un dérapage de Le Pen père, revient toujours la même question : et si le fondateur du Front national refusait d’avoir un héritier ? Un ancien dirigeant d’extrême droite est formel : « Le grand projet de Le Pen, ce n’est pas d’installer un grand parti qui lui survive. C’est de réussir sa saga personnelle. Donc, le succès de sa fille ne peut pas lui faire plaisir. » Au mois d’avril, il semblait pourtant sur le chemin du passage de témoin assumé quand il confiait à France-Soir reconnaître les bienfaits de la rénovation du FN : « Marine a souhaité que cette agression contre nous cesse. Comme je l’ai cristallisée sur moi pendant des années, le fait d’avoir passé les rênes a pu servir la dédiabolisation. » Mais patatras, cela n’aura pas duré. Voilà qu’il récidive.

Marine Le Pen connaît mieux que personne son père. Elle décrit un homme qui « ne sait pas mettre son cœur en bandoulière. Il est trop attaché à sa liberté pour ça ». Elle s’oblige donc au fatalisme : sa liberté s’arrête là où commence celle de son… prédécesseur.


[url=http://www.leblogducommunicant2-0.com/2011/07/31/le-pen-vs-le-pen-ou-l’impossible-contorsion-communicante-du-front-national]Le Pen vs Le Pen ou l’impossible contorsion communicante du Front National[/url] par Olivier Cimelière

Depuis qu’elle a officiellement conquis les rênes du Front National en janvier 2011, Marine Le Pen s’ingénie avec ardeur à gommer les aspérités trop extrémistes que son père se plaisait à cultiver du temps où il était à la tête du parti frontiste. Côté sondages, la stratégie de communication visant à « dédiaboliser » le FN recueille un écho plutôt attentif chez les électeurs. En juin dernier, 37% se déclaraient prêts à voter (1) pour la présidente du FN dans l’optique d’un 2ème tour présidentiel contre Nicolas Sarkozy (soit 20% de plus que le score récolté par son père en mai 2002 contre Jacques Chirac). Peut-on pour autant parler de plan com’ gagnant et d’un Front nouveau ? Pas si sûr !
Malgré tous les efforts de respectabilité et d’acceptabilité entrepris par Marine Le Pen et son équipe de communicants, le Front National semble condamné à trimballer une schizophrénie récurrente qui vient ponctuellement brouiller la belle image ripolinée du mouvement. Un dédoublement de personnalité qui commence avec les saillies verbales du père dont l’influence perdure même s’il s’est mis en retrait de la vie du FN. Dernier exemple flagrant en date : les fracassantes déclarations de Jean-Marie Le Pen au sujet de l’abominable massacre commis par l’extrémiste fanatique norvégien, Anders Breivik sur l’île d’Utoya.

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Jean-Marie Le Pen, un pavé dans la mare communicante de sa fille

Sur le site officiel même du parti, l’ex-leader et fondateur du Front National n’hésite pas à critiquer « la naïveté » des autorités norvégiennes et à les qualifier de « plus graves » que le massacre commis par l’illuminé fondamentaliste chrétien. Pour lui, la Norvège est (2) « un petit pays sympathique mais qui n’a pas pris la mesure du danger mondial que représentent d’abord l’immigration massive, qui est la cause principale (des attentats), semble-t-il, dans l’esprit de ce fou meurtrier, mais aussi le terrorisme. La situation me paraît grave non pas par cet accident d’un individu qui, sous l’effet d’une folie, fut-elle passagère, se met à massacrer ses concitoyens. Ce qui me paraît plus grave et que démontre cette affaire c’est la naïveté et l’inaction du gouvernement norvégien ». Une provocante analyse qui s’inscrit en totale contradiction avec la ligne officielle impulsée par le Front National. Laquelle veut à tout prix éviter les amalgames d’image entre son discours populiste et nationaliste et des actes meurtriers à connotation xénophobe.

Du crâne rasé au crâne bien fait

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les idées courtes doivent faire place à une rhétorique toujours aussi ferme mais plus policée

Cette irruption intempestive du président d’honneur du FN est une illustration symptomatique des obstacles que la stratégie de communication frontiste s’efforce désormais de contourner pour effacer les relents sulfureux qui ont toujours collé aux basques de Jean-Marie Le Pen. Pour augmenter sa percée dans l’opinion publique, sa fille opère depuis plusieurs années un repositionnement où les idées courtes des crânes rasés de skinheads doivent faire place à une rhétorique toujours aussi ferme mais plus policée. Chercheur au CNRS, Gilles Ivaldi résume parfaitement la problématique communicante de la fille de son père (3) : « Marine Le Pen s’est construite sur deux piliers : l’option stratégique de la crédibilité et la présence médiatique ».
De fait, les mots et les thématiques vont à partir de 2006 être beaucoup plus soigneusement calibrés que les éructations ouvertement polémiques de Jean-Marie Le Pen. Ainsi, lorsque Marine Le Pen publie son livre « A contre-flots » (4), elle s’applique notamment à développer une vision dissonante de celle de son pater familias sur la Seconde Guerre Mondiale pour lequel l’occupation nazi n’était « pas inhumaine ». De même en 2009, elle récidive dans sa prise de distance envers la logorrhée paternelle au sujet de la Shoah que Jean-Marie Le Pen avait qualifiée de « détail » de l’Histoire. Au cours d’une émission télévisée, elle réaffirme ne « pas penser » que les chambres à gaz « soient un détail de l’histoire» (5).

Virage sémantique toute !

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Aux discours musclés de son père, Marine Le Pen privilégie une ligne moins segmentante

Aux discours musclés de son père, elle privilégie une ligne populiste moins segmentante et réductrice. Pour définir sa rénovation discursive, elle cite volontiers un aphorisme de Georges Bernanos (6) : « Il y a une bourgeoisie de gauche et une bourgeoisie de droite. Il n’y a qu’un peuple ». Dès lors, la sémantique frontiste va s’évertuer à se patiner tout en martelant son inflexible fonds de commerce populiste.
Jean-Yves Camus, chercheur à l’Iris (Institut de Relations Internationales et stratégiques) est convaincu de cette opération de normalisation pour mieux et plus largement irriguer les idées frontistes (7). Pour lui, la communication de Marine Le Pen fonctionne « non pas en ostracisant la radicalité mais en bannissant les provocations radicales. Elle ne demande pas aux militants d’abjurer leur radicalité mais de faire en sorte qu’elle ne soit pas un boulet ».
L’exercice d’équilibrisme rhétorique qu’emprunte le Front National n’en demeure pas moins une cosmétique communicante destinée à rendre fréquentable le parti et le sortir du ghetto politique dans lequel il a été longtemps confiné en dépit de quelques succès électoraux çà et là. Dans leur dernier ouvrage sobrement intitulé « Marine Le Pen » (8), les journalistes-essayistes Caroline Fourest et Fiammetta Venner démontent la mécanique verbale de la cheftaine du FN (9) : « La nation sert à maquiller le retour au droit du sang, la République à habiller la préférence nationale, voire la préférence culturelle et la laïcité à réhabiliter l’identité chrétienne ».

Recherche cautions désespérement

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En quête de sérieux, le FN a créé son think tank baptisé « Idées-Nations »

La tactique communicante du FN ne procède toutefois pas d’un simple rhabillage du vocabulaire référent du parti. Là où Jean-Marie recourait goulument aux postures « folkloriques » teintées d’agressivité à l’égard des juifs, des immigrés et de la nébuleuse « UMPS » pour exister dans le paysage politique, Marine Le Pen entend crédibiliser son discours plutôt d’agiter le chiffon rouge de la provoc’. Outre une purge des vieux fanas-milis de l’Algérie française et du IIIème Reich dans les instances dirigeantes du FN, elle s’est également entourée d’experts (dont beaucoup souhaitent toutefois demeurer anonymes) issus de la haute administration, du monde de l’entreprise, des intellectuels et des juristes. Ce sont eux qui ont par exemple nourri et argumenté, chiffres à l’appui, la profession de foi du Front National intitulée « 12 étapes essentielles pour sortir de l’euro » (10).
Dans le même registre de gain en crédibilité, voire de notabilisation, le Front National s’est doté depuis septembre 2010 d’un think tank entièrement dédié baptisé « Idées-Nations ». Dirigé par Louis Alliot, le compagnon à la ville de Marine Le Pen, ce club de réflexion vise à agréger les idées issues de personnes de la société civile pour alimenter la plateforme programmatique du FN en vue des élections présidentielles de 2012. Colloques, interventions de personnalités expertes dans leur domaine, rien n’est négligé pour conférer une image de sérieux loin des débordements outranciers de Jean-Marie Le Pen.

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Première grosse prise médiatique : l'avocat Gilbert Collard

Enfin, pipolisation de la vie politique oblige, le Front National s’est livré à un mercato de recrues de personnalités célèbres dont la plus emblématique provient sans nul doute du soutien officiel du très cathodique avocat Gilbert Collard. En mai 2011, le vibrionnant homme de loi est le premier à franchir le Rubicon en annonçant publiquement son ralliement à Marine Le Pen (11) : « Je n’ai pas pris ma carte au Front national, mais je suis très ami, et de longue date, avec Marine Le Pen. Je suis mariniste. Mon lien est avec elle ». En agissant ainsi, il brise un tabou qu’un autre bretteur avait déjà bien ébréché en mars 2011. Ce dernier n’est autre que le journaliste et ancien président de Reporters sans Frontières, Robert Ménard. Dans un pamphlet remarqué, le trublion s’insurge contre la petite élite qui « traite les électeurs du FN comme des crétins égarés » (12) et prend la défense de Marine Le Pen. A mesure que la campagne électorale va battre son plein, il ne serait désormais pas surprenant de voir d’autres noms connus rejoindre à leur tour le comité de soutien de Marine Le Pen et servir ainsi la stratégie de respectabilisation du FN.

Appel du pied aux médias

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Total look et pleine page dans Paris Match

Cette stratégie s’est en plus doublée d’une médiatique opération séduction de Marine Le Pen. Là encore, il s’agit d’estomper le côté para prêt à en découdre et humour bourru de corps de garde que le père a toujours eu plaisir à imprimer. Pour Marine Le Pen, cela s’est d’abord traduit par un relooking total. Loin d’être superfétatoire, celui-ci entend ainsi afficher l’image d’une femme souriante, moderne (divorcée deux fois et mère de trois enfants), adoptant des tenues plus glamour et féminines et se délestant au passage de plus de 10 kg (13). Autant dire qu’on est loin des caciques à l’air martial et cheveu ras, suintant la naphtaline des vieilles valeurs françaises.
Ce nouveau look a eu tôt fait de décomplexer une partie des médias traditionnels. Autant l’invitation d’un Jean-Marie Le Pen sur un plateau de télévision était inéluctablement précédée d’indignations et de cris d’orfraies de nombreux journalistes, autant Marine Le Pen n’a quasiment aucune difficulté à amadouer les émissions qui comptent (hormis les réfractaires avérés que sont les talk-shows de Michel Drucker et Laurent Ruquier). Là où son père morigénait sans encombre les journalistes et les assommait de blagues graveleuses à tire-larigot, elle joue au contraire la carte de la séduction. Là où son père privilégiait la presse d’extrême-droite pour décocher ses formules à l’emporte-pièce, elle snobe ostensiblement des titres comme Rivarol, Minute et Présent. De même, elle n’a pas levé le petit doigt en 2008 pour continuer à subventionner l’hebdomadaire du parti, National Hebdo en proie à des difficultés financières. Résultat : le titre a déposé le bilan.

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Marine Le Pen : moins infréquentable que le père sur les plateaux de TV

Le chercheur Jean-Yves Camus décode cette évolution à 180° à l’égard du monde des médias classiques (14) : « Marine Le Pen n’a pas besoin de la presse d’extrême-droite. Ce sont ses apparitions dans les grands médias qui lui ramènent des électeurs, pas l’éventuel soutien de journaux proches ». Un pari gagnant puisque Marine Le Pen a été invitée deux fois en 2010 dans l’émission politique d’Arlette Chabot sur France 2. C’est encore elle qui a eu les honneurs du tout premier numéro de la nouvelle émission politique de la chaîne publique, « Des paroles et des actes » animé par David Pujadas. L’heure est donc à la détente avec les médias.
Un constat dont se réjouit le directeur de la communication de Marine Le Pen, Alain Vizier (15) : « On est beaucoup moins ostracisé qu’avec le père ». Et côté journalistes, le ressenti est similaire comme le dit l’éditorialiste de RMC Info, Jean-Jacques Bourdin (16) : « Elle est plus accessible que les autres, elle n’a aucune exigence avant une interview, elle ne demande pas qu’on lui communique les sujets abordés. C’est très facile de travailler avec elle ».

Rebonds sur la Toile

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Le Web est un pilier de la stratégie de communication du Front National depuis 1997

Les gains d’image glanés par Marine Le Pen constituent en tout cas un sacré atout pour le Front National sur Internet. Premier parti politique hexagonal à avoir créé un site dès 1997, le FN mise énormément sur la viralité du Web et des réseaux sociaux pour assurer son prosélytisme électoral. Le site officiel du parti enregistre ainsi plus de 400 000 visiteurs uniques par mois (16). La page Facebook du FN (17) revendique 27400 membres, loin devant le PS (14995) et Europe Ecologie (10320).
Sur le front numérique, le parti de Marine Le Pen ne se contente pas d’engranger des « friends » mais évangélise à tour de bras en fournissant des contenus à répandre sur les forums généralistes, les sites grand public, les zones de commentaires, bref partout où le message est susceptible d’être lu. Pour Louis Alliot, vice-président du FN, il est une évidence qui ne se conteste pas (18) : « En 2012, la campagne sera numérique. Je pense que sur Internet, il y a moyen de toucher des publics très larges (…) Ce que j’aimerais, c’est réussir à convaincre des personnes qui ne le sont pas ».
Pour transformer cet entrisme numérique, le FN peut déjà compter sur le support très actif de sites particulièrement engagés dans la promotion des thèses frontistes pour ricocher dans les moindres recoins de la Toile. C’est ainsi que le blog « François Desouche » créé en 2005 par un communicant qui se veut anonyme, affiche plus de 10 000 visiteurs quotidiens au compteur (19). Autre site qui mise sur la viralité des propos : Novopress qui se définit comme une agence de presse indépendante et qui n’hésite pas à déposer ses vidéos sur les plus célèbres plateformes d’Internet. Enfin, les fans de Marine Le Pen ont créé un site baptisé Nations Presse.info dont le préambule introductif donne clairement le ton (20) : « Dotée d’un réseau de correspondants, non seulement sur l’ensemble du territoire national, mais aussi sur notre continent européen et au-delà, Nations Presse Info a la ferme volonté de promouvoir au sein de la Mouvance nationale, une réappropriation de l’information au quotidien, débarrassée de carcans idéologiques et philosophiques antinationaux ».

Conclusion – Alors brevet de bonne conduite pour le FN ?

A voir les courbes de popularité actuelles de Marine Le Pen, on pourrait penser de prime abord que la stratégie de communication visant à arrondir les angles d’attaque du Front National a porté ses fruits. Il est d’ailleurs de moins en moins surprenant d’entendre lors de dîners ou de discussions entre amis, des personnes déclarer ouvertement leur sympathie à l’égard de la cheftaine frontiste. Il y a quelques années, cet « aveu » aurait sonné comme une vilenie. Aujourd’hui, Marine Le Pen semble s’être enracinée de manière plus « acceptable » sur l’échiquier politique français à tel point que l’aile droite de l’UMP s’en préoccupe fortement sous la houlette de la « Droite populaire » et ses 35 députés et tente de récupérer une partie de la mise.
Pourtant, dans cette stratégie de respectabilité, c’est le Front National lui-même qui est son propre ennemi. Malgré les débauches d’effort pour apparaître comme un parti « normal », le FN vit régulièrement à ses dépens le célèbre adage : « Chassez le naturel, il revient au galop ». Lors du drame atroce d’Utoya en Norvège, Jean-Marie Le Pen n’a pas été le seul à déborder du cadre dans lequel sa fille aimerait mouler l’appareil. Haut cadre du FN et conseiller de Marine Le Pen, Laurent Ozon n’a pas hésité à publier sur son fil Twitter ce qu’il fallait voir dans cet attentat : «Expliquer le drame d’Oslo : explosion de l’immigration : [multipliée par six] entre 1970 et 2009 » soit une « corrélation positive » avec les « tensions intercommunautaires en Norvège » (21), déclenchant ainsi un tollé d’indignation.

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Le fil Twitter de Laurent Ozon à propos d'Oslo (capture Rue89)

Sur le même sujet, Jacques Coutela, membre du Front National a été encore plus loin. Sur son blog baptisé « La valise ou le cercueil » (sic !), le militant frontiste a posté un hommage (supprimé par la suite) à Anders Breivik présenté comme un « résistant », « une icône », « le premier défenseur de l’Occident », ou encore un « Charles Martel 2 ». Quelques jours plus tard, l’impétrant récidive en écrivant cette qu’Anders Breivik n’était pas « une icône, mais simplement un visionnaire face à la montée de l’islamisation de l’Europe »(22).
Or, le Front National n’en finit pas d’accumuler les dérapages au fil du temps. Ainsi en avril 2011, Marine Le Pen a dû exclure le conseiller régional Alexandre Gabriac après que des photos le montant en train de faire le salut nazi ont circulé publiquement. Plus récemment, deux autres élus FN ont posé problème. Candidat aux dernières cantonales à Reims, Thierry Maillard se voit reprocher la création d’une affiche électorale ayant repris la photo d’un adolescent blond des jeunesses hitlériennes. Conseiller municipal à Vénissieux, Yvan Benedetti n’a pas hésité à se déclarer « antisioniste, antisémite et antijuif » (23) devant des étudiants en journalisme. Et la liste est loin d’être close.
Autant dire le plan com’ de réhabilitation du Front National aura bien du mal à oublier le code génétique d’un parti dont la xénophobie a toujours été le fonds de commerce. Il conviendrait simplement que cela soit un peu plus souvent rappelé et remis dans le contexte plutôt que de se contenter de faire de Marine Le Pen, une égérie médiatique.

Sources

(1) – Sondage Harris Interactive pour Marianne realize du 3 au 5 juin 2001 auprès de 1449 personnes
(2) – B.V – « Jean-Marie Le Pen ressort les gros sabots » – FranceSoir.fr – 30 juillet 2011
(3) – Isabelle Ficek – « Marine Le Pen, au nom du père » – Les Echos – 12 janvier 2011
(4) – Marine Le Pen – A contre-flots – Editions Grancher – avril 2006
(5) – « Détail : Marine se désolidarise de son père » – Libération.fr – 28 mars 2009
(6) – Saïd Mahrane – « La hantise de l’Elysée » – Le Point – 7 octobre 2010
(7) – Renaud Dély – « Pourquoi elle est si dangereuse » – Le Nouvel Observateur – 23 juin 2011
(8) – Caroline Fourest et Fiammetta Venner – Marine Le Pen – Grasset – juin 2011
(9) - Renaud Dély – « Pourquoi elle est si dangereuse » – Le Nouvel Observateur – 23 juin 2011
(10) – R. Ro – « De très discrets conseillers » – L’Express – 15 décembre 2010
(11) – Guillaume Perrault – « Gilbert Collard se rallie à Marine Le Pen » – Le Figaro.fr – 11 mai 2011
(12) – Marie Guichoux – « Dans les filets de Marine ? » – Le Nouvel Observateur – 31 mars 2011
(13) – Olivier Beaumont – « Le match Le Pen – Gollnisch » – Le Parisien – 17 décembre 2010
(14) – « Les torchons brûlent » – Les Dossiers du Canard Enchaîné – juillet 2011
(15) – « La fête de gondole » – Les Dossiers du Canard Enchaîné – juillet 2011
(16) – « A tu et à Toile » – Les Dossiers du Canard Enchaîné – juillet 2011
(17) – Guillaume Champeau – « Le FN est le 1er parti sur Facebook » – Numerama.com – 5 janvier 2011
(18) – « A tu et à Toile » – Les Dossiers du Canard Enchaîné – juillet 2011
(19) – Ibid.
(20) – « Qui sommes-nous » – www.nationspresse.info
(21) – Dominique Albertini – « Jean-Marie Le Pen met sa fille dans l’embarras » – Le Journal du Dimanche – 31 juillet 2011
(22) – « Attentats d’Oslo : un membre du FN suspendu pour apologie de Breivik » – Le Monde.fr – 26 juillet 2011
(23) – Olivier Beaumont – « Marine Le Pen fait le ménage » – Le Parisien – 29 juin 2011

A lire en complément :

- Visiter le site des étudiants de l’école de journalisme de Lille qui publie notamment une cartographie très détaillé de la blogosphère d’extrême droite : http://transeuropeextremes.com/porte-vo ... chosphere/
- Caroline Fourest et Fiammetta Venner – Marine Le Pen – Grasset – juin 2011
- Nathalie Kosciusko-Morizet – Le Front Antinational – Les Editions du Moment – juin 2011
- Visiter le site Elus 2.0 pour en savoir plus sur l’extrême-droite et sa présence sur Internet
Nico37
 
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 13 Aoû 2011, 01:28

Les tourments de Farid Smahi « l’arabe du FN » Par Loïc H. Rechi, photo Vincent Desailly - article paru dans Snatch #07, avril-mai 2011

Après une quinzaine d’années passées à servir le Front National, Farid Smahi, Français d’origine algérienne, était débarqué par Marine Le Pen suite à la grand-messe du parti d’extrême droite. Rencontre triste avec un ex-joueur de waterpolo qui s’est sans doute trompé d’équipe.

«- Vous en êtes où aujourd’hui ?
- Aujourd’hui, je suis un homme libre, profondément déçu.
- Et vous allez faire quoi maintenant ?
- Je ne sais pas. Je pense que j’ai assez d’expérience politique. Je suis assez connu. Je souhaite bon vent à Marine.
- D’accord, mais vous avez de la rancoeur non ?
- Oui, elle avait une occasion extraordinaire à travers moi. Ce qu’on appelle la diversité. Tous mes amis m’appellent et me disent «non ce n’est pas possible«. Je n’ai même pas eu le droit à un conseil de discipline extraordinaire. Non, j’ai juste reçu une lettre. « T’es viré ».
- Et vous espérez toujours qu’on vous reprenne en fait ?
- (Long silence) Non je crois que la page est tournée, incontestablement. Elle n’avait pas intérêt à ce que je devienne son ennemi. Je suis une bête blessée. Mais attention, je ne suis pas n’importe quelle bête. »

Aussi loin qu’on puisse retrouver sa trace médiatique, quelque part au début des années 90, Farid Smahi a toujours fait preuve d’une constance absolue. Il suffisait de pointer un objectif et un micro dans sa direction pour que l’éclat au fond de l’oeil devienne incandescent, le débit se fasse fluide et le propos hermétique à toute contradiction. L’odeur du journaliste et la vue des caméras ont toujours transcendé l’individu. Farid Smahi fonctionne comme un organisme autotrophe, à la différence près que son processus personnel de photosynthèse se produit lorsqu’on braque une caméra sur lui. Cet amour immodéré des objectifs est pourtant le vice qui l’a perdu. Le 16 janvier 2011, sous le regard de tout ce que pays compte de journalistes politiques, il commet son plus grand coup d’éclat médiatique depuis l’annonce de son engagement avec le Front National presque quinze ans plus tôt. Lui le fidèle de Jean-Marie Le Pen; lui le type qui a servi de « caution beur » à un parti nauséabond; lui l’interlocuteur privilégié avec les harkis et la communauté musulmane – dans une certaine mesure – se désintègre littéralement en vol.

Au milieu de la cohue, un cyclone déboule, furibard contre de Marine Le Pen et ses proches conseillers. Après une décennie et demi de loyaux services, il vient d’apprendre entre deux conférences qu’il n’est pas reconduit au Bureau Politique du Front National, l’organe réflectif et décisionnel du parti. Alors quitte à rendre les armes, autant s’offrir un baroud d’honneur digne d’un scorpion encerclé par un mur de flammes bleu blanc rouge. Farid Smahi « le boxeur » tel qu’il se définit, vide son sac devant un parterre de plusieurs dizaines de journalistes et de membres du FN et crie sa rage contre Marine qu’il accuse de l’avoir sacrifié sur l’autel de la lutte contre l’islam. Puis avec un trémolo dans la voix, il s’en va non sans un ultime commentaire lourd de sens. « En 1998, le Front National était bien content d’avoir le bougnoule de service. On ne me jette pas comme ça, on me parle. Je suis un être humain de chair et de sang. »

Deux mois plus tard, le brun aux larges épaules habillées d’un costard trois pièces qui s’assoie en face de moi dans un café-restaurant de la place de la République est emprunt de précautions. Il n’a plus la lueur du combattant au fond de l’oeil. Pas plus que l’assurance et l’envie de combattre. A cinquante-sept ans, Farid Smahi est un homme brisé, laissé sur le bord de la route par le panzer Marine Le Pen. Mais le gaillard l’a bien cherché et vit une version moderne de la tragédie faustienne. S’il en est là aujourd’hui, c’est parce que sa volonté d’obtenir un poste d’élu à tout prix l’a poussé à conclure un pacte contre-nature avec Jean-Marie Le Pen, le Méphistophélès de l’extrême-droite. Smahi l’a appris à ses dépends, on ne joue pas impunément avec le feu sans se brûler.

Du water-polo au cheval de Troie

Issue d’une famille prolétarienne portée par un père qui a combattu les Nazis, la carrière de Farid Smahi débute assez loin des bassins de l’extrême-droite, plus exactement dans des piscines municipales du côté de Lyon. Après une vie de sportif de haut de niveau qui le mène en équipe de France de water-polo vers la fin des années 70, il enchaine sur une fonction d’éducateur et devient entraineur de l’équipe de Boulogne-Billancourt. Parallèlement, il s’investit dans le mouvement associatif, au sein de France-Plus, une association qui réunit des jeunes français d’origine maghrébines et notamment des enfants de Harkis comme Farid. Au sein de cette association qui mène une campagne vigoureuse pour présenter des candidats aux élections municipales au début des années 90, Farid intègre les rudiments de la rhétorique politique, développe l’embryon des idées qui ne le quitteront plus et croise régulièrement des types comme Julien Dray, Malek Boutih ou Harlem Désir. Devenu responsable du comité parisien, le gars est globalement stigmatisé au sein du mouvement et se voit régulièrement taxé de militant de droite – lui qui se considère encore de gauche. Il finit par claquer la porte avec fracas en 1993 – une vieille habitude – non sans signer au préalable une tribune dans le Quotidien de Paris qui marque le point de départ d’une longue descente aux Enfers. Dans celle-ci, Smahi dénonce l’ostracisme des partis politiques à l’égard des beurs et la « confusion » entre « honnêtes familles françaises d’origine immigrée » et « étrangers plus ou moins marginaux, délinquants ». Il ne le sait probablement pas encore mais une bonne partie des éléments de langage qui vont faire sa marque de fabrique pendant les dix-huit années suivantes sont déjà là.

Dans la foulée de son départ, il monte sa propre association « Arabisme et Francité », signe deux ouvrages dont le remarqué et provocateur Faut-il brûler les Arabes de France? et devient même chroniqueur occasionnel pour Le Figaro. Chaque page, chaque colonne, chaque ligne sont utilisées pour défendre ses idéaux de patriote français pro-palestinien déçu par la manière dont les gouvernements successifs – et la gauche en particulier – ont échoué selon lui à intégrer les populations d’origines étrangères. Mais en se posant en fervent défenseur de la suppression de la binationalité, Smahi se trouve un combat qu’il placera désormais au dessus de tout. Pour justifier son obsession sur un thème qui a contribué à le faire connaitre dans les arcanes du pouvoir, Farid Smahi tire sur ce bon vieux ressort de la peur. « Menace en cas de guerre », « Cheval de Troie », aucune expression n’est trop forte à yeux pour définir son aversion pour les individus dotés de deux nationalités, marquant toujours une différence entre « les honnêtes immigrés » et « ceux qui profitent du système ». Farid le gouailleur vomis les binationaux par tous les trous et ne se prive pas de le souligner à outrance dans ses livres ou ses chroniques publiées dans le quotidien de droite à la maquette bleutée, avec une préférence marquée pour ceux d’origine maghrébines ou israélienne.

Dans la gueule de Cerbère

A force de jouer avec le feu, Smahi finit par allumer un brasier un jour de 1997. Il propose à Jean-Marie Le Pen de déjeuner avec lui, selon ses propres mots pour « savoir s’il voulait jeter les arabes, les noirs, les juifs à la mer, une fois au pouvoir. » Les deux hommes passent deux heures à table à échanger, à se trouver des points de convergences. Smahi tombe ainsi complètement sous le charme du vétéran des guerres d’Indochine et d’Algérie à tel point qu’il en parle encore aujourd’hui comme d’un deuxième père. Accablé par le milieu politique pour avoir partagé le gueuleton interdit, meurtri des accusations qui lui sont faites, l’ancien sportif rumine sa rage et accepte finalement le marché que l’on sait, un pacte qui lui coûte au passage un divorce et de nombreuses amitiés. Les conséquences seront telles qu’à compter de 1998, il ne reverra plus ses deux premiers enfants. Mais devenu élu au conseil général d’Ile de France, Smahi grimpe les échelons dans le parti, rentre au Bureau Politique et accède au trône de la fédération de l’Essonne même s’il essuie parfois les saillies racistes de certains membres de la frange megretiste, non sans se défendre. Devenu le garant maghrébin du parti, il fait tout pour se rendre indispensable et va jusqu’à emmener Jean-Marie Le Pen sur la dalle d’Argenteuil en 2007, à trois semaines de la présidentielle, pour faire un pied de nez à Sarkozy et son fameux discours sur le Kärcher. Tout aussi actif dans l’ombre, il oeuvre notamment aux côtés de Jany Le Pen et Jean-Michel Dubois au sein de l’association « SOS Enfants d’Irak » – affiliée au parti – qui achemine des médicaments pour les enfants irakiens malades.

Quand la question de la succession du Saint-Père commence à se poser, Smahi se place instinctivement du côté de la fille plutôt que de celui de Bruno Gollnisch, le bras droit. Jusqu’au fameux congrès de Tours de janvier dernier donc. A cette occasion, Smahi, persuadé de conserver son poste au Bureau Politique décide contre toute attente de soutenir Gollnisch. Face à lui, attablé un jeudi matin dans ce café sans âme de la Place de la République, je lui demande sans pincette comment peut-on faire un calcul aussi mauvais en ayant plus de vingt ans de politique dans les pattes. Le gaillard, les yeux embrumés, la voix emplie de tristesse me répond simplement « De par sa fidélité, je ne voulais pas que Bruno fasse un mauvais score. » La suite est connue. Smahi apprend son éviction entre deux discours, pète son câble, déverse un lot d’inepties sur un complot juif et s’auto-exclus du parti, donnant à Marine – sans pitié – un motif inespéré pour se débarrasser d’un élément devenu obsolète, un frontiste qui a échoué à séduire la population française d’origine arabe.

Après avoir laissé Smahi – plus par tristesse pour lui que par mimétisme – je me suis laissé envahir à mon tour par un sentiment confus. J’ai marché vers Goncourt, un peu hagard, en pensant à ce type complètement paumé, à sa détresse qui m’a sincèrement fait de la peine. Aujourd’hui, Farid Smahi est logiquement empli de rancoeur contre ses prétendus amis frontistes d’hier, contre les Jean-Marie Le Pen et les Bruno Gollnisch qui ne l’ont jamais rappelé depuis. A ce ressentiment se mêlent sans doute aussi des regrets douloureux comme de l’eau de mer qu’on applique sur une plaie à vif; c’est qu’à cinquante-sept ans, il est sans doute trop tard à pour recommencer une carrière politique. Farid Smahi est aujourd’hui un individu à la dérive qui défend encore certaines idées par automatisme mais donne le sentiment de ne plus savoir où il en est, allant jusqu’à louer les qualités d’un Nicolas Dupont-Aignan, cinq minutes après m’avoir lu une citation d’un Alain Soral réussissant l’exploit de placer « complot juif », « francs-maçons » et « conflit des civilizations » en trois phrases. Smahi le dit lui-même, il est une bête blessée. Mais là, assis face à Smahi, on croit entrevoir au fond de ses yeux le petit garçon qui a grandi à Lyon et a fait une grosse bêtise. On en viendrait presque à lui souhaiter le droit à la rédemption, le droit de purger ses erreurs et repartir sur un bon pied, du bon côté. Au cours d’un autre entretien, c’est finalement Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite française, qui s’est chargé d’abattre la bête verbalement. « Ses tentatives de capter une partie de l’électorat d’origine arobo-musulmanes ont complètement échoué. Il ne faut pas être grand sorcier pour savoir pourquoi.Quand on est effectivement d’origine maghrébine et qu’on devient non pas seulement militant du Front mais un élu pendant aussi longtemps, on finit quand même par se poser la question de savoir à quoi on sert ? Visiblement ou il ne se l’est pas posée, ou la réponse qu’il a apporté était pas la bonne. » L’histoire de Farid Smahi est peut-être simplement celle d’un type qui se serait fourvoyé sur la manière de tirer profit de son intelligence.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 13 Aoû 2011, 13:43

Marine Le Pen : "Les curés devraient rester dans leur sacristie" Olivia Elkaim et Michel Cool - publié le 16/06/2011

La présidente du FN, qui ne réfute pas le principe de laïcité, stigmatise les prises de position des évêques sur les immigrés et les accuse de faire de la politique.

Vous êtes en rupture par rapport à l’ancien FN. Toutefois, en ne vous opposant pas au droit à l’avortement, vous avez choqué votre électorat traditionaliste. Avez-vous encore besoin des catholiques ?

Je n’ai pas une vision communautariste de la politique. Je défends tous les Français et ne cherche pas à séduire les uns ou les autres en fonction de leur religion ou de leur origine. Je ne crois pas que les catholiques se soient détournés de moi. Beaucoup partagent la même vision que moi sur ces sujets : nous sommes aujourd’hui face à une véritable incitation à l’avortement. L’État ne met pas les femmes en condition de pouvoir conserver leur enfant. On doit revenir au texte de la loi Veil, à l’avortement comme exception. Nous devons tourner la société française vers la vie. L’enfant ne doit plus être considéré comme une charge, mais comme une chance. Mais annuler la loi Veil serait inapplicable. Dans la classe politique, personne ne le réclame.

Vous utilisez beaucoup le terme « laïcité ». Ne craignez-vous pas que cela vous éloigne davantage des traditionalistes, attachés au rappel des racines chrétiennes de la France ?

En quoi est-ce contradictoire ? J’ai plaidé pour que les racines chrétiennes de la France soient inscrites dans la Constitution européenne. Elles fondent les principes de la République française : « Liberté, Égalité, Fraternité », concepts qui ne sont pas partagés par d’autres religions. La laïcité est un moyen utilisé à l’issue d’une histoire sanglante, pour que la religion ne soit plus un sujet de conflit et puisse être exercée librement dans notre pays sous un certain nombre de conditions. Tout le monde les a acceptées. Mais elles sont remises en cause aujourd’hui par des fondamentalistes musulmans.

Les catholiques assument-ils suffisamment leur identité dans notre société ?

Il y a un retour de l’identité catholique. Pendant longtemps, celle-ci a été ringardisée, méprisée, humiliée, moquée. Les jeunes générations ont le désir de vivre leur foi au grand jour, de défendre leurs convictions.

Comment l’expliquez-vous ?

Peut-être y a-t-il une exacerbation de l’identité religieuse liée à la visibilité de l’identité musulmane.

Le fait religieux est donc pour vous une affaire sérieuse, à prendre en compte ?

Oui, mais je crois aussi que la loi sur la laïcité est un bon équilibre.

Le courant maurrassien contestait cela. Ne faites-vous pas une révolution copernicienne de votre parti en prônant ainsi la laïcité ?

La laïcité s’est mise en place dans des conditions d’exceptionnelle brutalité. Mais elle a plus de 100 ans. On était arrivé à un équilibre où chacun vivait sa religion, où il y avait un respect entre espace public et privé. Il ne faut pas faire de combat d’arrière-garde. On n’est pas en 1905. La laïcité n’est pas de la même nature. Ça ne date pas de Marine Le Pen. Jean-Marie Le Pen, tout en glorifiant l’histoire de France et Jeanne d’Arc, a toujours dit que le parti était aconfessionnel.

Jeanne d’Arc est une sainte patronne de la France…

Je l’ai dit dans mon discours du 1er mai. C’est une sainte catholique et héroïne nationale. J’ai même appelé ma fille Jehanne.

Vous avez donc été sensible à la notion de laïcité positive de Nicolas Sarkozy ?

La laïcité n’a pas à être positive ou négative. Ce n’est pas un combat contre les religions. Elle ne peut pas non plus être le support d’une religion qui devrait accéder à égalité avec celle qui fonde notre civilisation. Les seuls qui dans les faits s’opposent à la laïcité ou la contestent, ce sont les fondamentalistes musulmans. Ce serait les fondamentalistes bouddhistes, je le dirais aussi. D’aucuns me rétorquent : « Et les catholiques traditionalistes, alors ? » Eh bien, ceux-ci ont parfaitement admis le concept de laïcité. Ils ne s’approprient pas la voie publique.

Ils ont parfois fait des occupations illégales d’églises.

Oui, et ils ont été condamnés en paroles sur ces sujets.

Les enquêtes montrent que le vote catholique est loin de vous être acquis. Comment l’expliquez-vous ?

Ce n’est pas étonnant puisque de nombreux curés sont devenus des responsables politiques ! Certains s’expriment dans des termes profondément injustes et très accusatoires sur le programme du Front national. Le clergé français a pris des positions éminemment politiques de lutte contre le FN. Il est sorti de son rôle et transmet des préjugés qui vont à l’encontre des principes qu’il devrait défendre.

Vous semblez agacée par les interventions de l’épiscopat sur les Roms ou la bioéthique ?

Les curés devraient rester dans leur sacristie, surtout quand on voit leurs résultats. Une partie de l’effondrement moral de nos sociétés, de l’avancée de l’individualisme et du consumérisme, est liée à l’affaiblissement de l’Église. Si les prêtres s’occupaient de leurs ouailles plutôt que de politique, cette situation serait probablement réversible.

Vous leur reconnaissez donc une certaine influence…

Bien entendu ! Je constate aussi leur perte d’influence. Leur influence doit s’exprimer dans le cadre de leur responsabilité
religieuse.

Vous discutez avec des évêques, des membres de l’épiscopat ?

Non, car on a été ostracisés par le clergé pendant de nombreuses années. J’ai tout de même le sentiment que les nouvelles générations de prêtres ne sont pas aussi idéologues que leurs aînés.

La préférence nationale, le discours anti-immigrés s’accordent mal des valeurs d’accueil prônées dans l’Évangile, comment gérez-vous ce paradoxe ?

Je ne tiens pas un discours anti-immigrés ! Cela fait 40 ans que nous répétons que nous ne nous en prenons pas aux immigrés, mais à la politique d’immigration, phénomène économique, géopolitique choisi, contraire aux intérêts de notre pays. Quelles que soient la forme de l’immigration et son origine, cela revient au même sur les finances publiques. Le fait que cette immigration vienne de pays de cultures différentes de la nôtre crée des problèmes supplémentaires. Il n’y a donc pas de paradoxe. Quant à la préférence nationale, elle consiste à accorder des avantages économiques à ceux qui ont la nationalité française. En quoi est-ce critiquable ? C’est appliqué dans d’autres pays comme la Suisse, le Maroc. À compétence égale, on donne un avantage aux Français dans l’accès à l’emploi, au logement social, aux aides sociales.

La notion de terre d’asile n’est-elle pas bafouée ?

La France a longtemps accueilli des dissidents politiques, des écrivains maudits. Mais, aujourd’hui, la France accueille légalement 200 000 personnes par an sans compter les clandestins. Elle compte aussi 5 millions de chômeurs, 18 millions de gens vivant sous le seuil de pauvreté. Moi, responsable politique, je dis : continuer à importer des chômeurs se fait selon un processus qui m’apparaît pour le coup totalement contraire aux enseignements de l’Église. C’est une sorte de nouvel esclavagisme. On va chercher dans les pays pauvres les masses qui vont peser sur les bas salaires, parce qu’elles ont des moyens limités pour défendre leurs intérêts. Je suis dans une démarche de respect des hommes. Il faut leur dire : nous n’avons plus rien à vous offrir, car notre peuple se trouve dans une très grande souffrance.

Votre politique valorise la notion de vie. Or vous voulez rétablir la peine de mort…

Je comprends que des gens soient opposés à la peine de mort par conviction religieuse. Mais l’Église a toujours fait la différence entre la vie innocente et la peine de mort appliquée en condamnation des crimes les plus violents. L’Église ne s’est jamais opposée à l’existence de la peine de mort lorsqu’elle était encadrée.

Jean Paul II et Benoît XVI se sont engagés pour l’abolition…

Les deux derniers papes représentent un moment très court de l’histoire de l’Église… C’est leur conviction, bon, très bien. En l’occurrence, il y a beaucoup de pays catholiques qui appliquent la peine de mort. Je suis réticente à mettre sur le même plan des assassins les plus épouvantables et le respect dû à la vie innocente enseigné dans notre religion. Mais je tiens compte de votre remarque, et c’est pour cela que cette mesure ne pourrait faire l’objet que d’un référendum.

Sur un sujet aussi passionnel ?

Et alors ? Le peuple n’est-il pas assez mature pour participer à ce débat ? Il faut rendre la parole au peuple ! Le débat sur l’effondrement de l’échelle des peines lié à la disparition de la peine de mort est un vrai débat. On nous a vendu la perpétuité réelle. Or, elle n’a jamais existé.

Le clergé vous a beaucoup combattu vous, votre famille et le FN. Êtes-vous toujours croyante ?

Heureusement que le clergé n’a pas atteint ma foi ! Je suis absolument croyante, mais je suis un peu fâchée avec l’Église. Du coup, je suis une catholique de parvis. Je ne dois pas être la seule en France. Je vais à l’église pour les grandes occasions, mariages, baptêmes, Noël et Pâques. Mes enfants sont baptisés, et ils ont fait leur ­communion.

Au-delà de Jeanne d’Arc, quel est votre saint préféré ?

Saint Antoine de Padoue, car je perds souvent des choses, et Saint Louis, car j’ai un amour immodéré pour la justice.

Aimeriez-vous rencontrer Benoît XVI, et que lui diriez-vous ?

Bien sûr ! Je parlerais avec lui de notre civilisation, des dangers qui pèsent sur elle par l’effet des deux nouveaux totalitarismes du XXIe siècle, après le nazisme et le communisme du XXe : le mondialisme et l’islamisme. D’un côté, le fondamentalisme religieux ; d’un autre côté, cette loi du commerce qui écrase tout, notamment par l’idée que tout est à vendre et que tout est à acheter.

Qui était Charles Maurras ?

Proche du nationaliste Maurice Barrès et influencé par le positivisme d’Auguste Comte, Charles Maurras (1868-1952) dirigea le journal L’Action française qui fédéra les mouvements d’extrême droite dans les années 1930, puis soutint le régime de Vichy. Contrerévolutionnaire et antidreyfusard, l’intellectuel prônait un antisémitisme d’État. Bien qu’agnostique, il concevait l’Église catholique, sa hiérarchie et l’élite cléricale comme le socle indispensable d’une société idéale. Ces thèses furent condamnées par le pape Pie XI en 1926.


ÉDITORIAL
Trompe-la-foi Jean-Pierre Denis - publié le 16/06/2011

La condamnation de l’Action française par Pie XI, en 1926, a marqué un tournant historique de l’Église. Ce pape ne manquait pas de courage, tant les idées de Charles Maurras avaient fini par imprégner une bonne partie du clergé et de l’opinion catholique, surtout après la séparation entre l’Église et l’État. Oui, mais voilà : pour Pie XI, le catholicisme de l’Action française était un trompe-l’œil, et même un trompe-la-foi. Le « natio nalisme intégral » n’a jamais été qu’un paganisme. Il assigne à l’Église catho lique – au mieux – un rôle de « soutien de l’ordre ». On ne saurait se situer plus loin de l’Évangile, cette insubordination de la conscience. Ajoutons ici le mot du cardinal Andrieu, archevêque de Bordeaux, en cette même année 1926 : « Catholiques par calcul et non par conviction, les dirigeants de l’Action française se servent de l’Église, ou du moins ils espèrent s’en servir, mais ils ne la servent pas. »

Pourquoi revenir sur ce point d’histoire ? Parce que, passez-moi l’expression, ce n’est pas « un point de détail ». C’est un point d’actualité. Le catholicisme qu’évoque Marine Le Pen se révèle plus proche de celui de Maurras qu’elle ne voudrait le faire croire. C’est un catholicisme un peu particulier, très anticlérical, en somme. L’histoire de la chrétienté lui fait au mieux un joli décor, à condition d’en évacuer ce qui dérange. Dès qu’il rencontre une opposition formulée au nom de la foi, il se cabre. Pour le reste, il n’en fait qu’à sa guise. Les curés ? À la sacristie ! Les évêques ? Qu’ils se mêlent de leurs affaires ! L’Évangile ? Quel Évangile ?

Voilà comment, entre cynisme et candeur, Marine Le Pen peut tenter de faire vibrer la corde sensible tout en avouant sa distance avec l’Église. En somme, rien n’a changé. La seule différence, c’est que la nouvelle présidente du Front national a sérieusement déçu la mouvance lefebvriste que chérissait son père et qui le lui rendait si bien. Elle l’a fait par esprit de génération, et aussi pour ratisser plus large, dans une époque où l’on peut se dire de culture chrétienne sans connaître grand-chose au message de l’Église. D’où le malaise de certains militants intégristes interrogés par La Vie, et que l’on découvre fort peu marinistes. Ils en voulaient plus, par conviction. Ils en ont eu moins, par opportunisme.

Après avoir convoqué pour mémoire la parole de Pie XI, point trop n’en faut, sans doute. Mais il s’est passé à Pentecôte un événement trop peu relayé. Cet événement illustre à lui tout seul la distance entre les populismes xénophobes qui fleurissent un peu partout en Europe et le catholicisme tel qu’il se comprend lui-même en ce début de millénaire. À l’initiative notamment de nos amis de la communauté de Sant’Egidio, Benoît XVI a reçu au Vatican 2 000 Roms et Sintis venus de tout le continent. Les Roms, on l’oublie trop volontairement, sont pour la plupart chrétiens et très croyants. Les recevoir, c’est donc rappeler une évidence : les marginaux de l’Europe ne peuvent être, comme l’a dit Benoît XVI, « aux marges de l’Église ».

C’est la première fois qu’un pape osait un tel geste. Benoît XVI n’a pas voulu faire là de la politique. Mais cet événement spirituel intervient dans un contexte très tendu, depuis quelques mois, sur cette question et sur toutes les questions migratoires. Notamment, en France et en Italie. Nous ne tomberons pas ici dans le travers des récupérations partisanes que nous dénonçons par ailleurs. Et pourtant ! Maurras écrivait que la république est « le règne de l’étranger ». L’Église rappelle à temps et à contretemps que l’étranger, c’est le Christ. Et tant pis si cela nous coûte de le savoir en ce temps de peur et d’inquiétude sociale.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 14 Aoû 2011, 12:44

Les numéros deux du Front national (3/4) : Bruno Mégret, le technocrate LE MONDE MAGAZINE | 27.07.11 | 10h47

Ce 11 décembre 1998, lors d'une réunion publique du Front national à Metz, Jean-Marie Le Pen, cravate et veste noire, lâche, cinglant : "Ce qui me différencie de César, qu'approchait Brutus le couteau à la main et qui releva sa toge pour se couvrir la tête, c'est que, moi, je sors mon épée et je tue Brutus avant qu'il ne me tue !" Une quarantaine de mégrétistes se lèvent alors et quittent la salle. Le président du FN se passe la langue sur les lèvres et engloutit un verre d'eau. Il vient de franchir le Rubicon en poussant son second à la scission. Le Pen avait averti quelques semaines plus tôt : "Il n'y a qu'un seul numéro au FN, c'est le numéro un."

Bruno Mégret n'a pas le profil habituel d'un cadre du FN. Il est né en 1949, d'un père énarque et centriste qui a fait carrière dans la haute fonction publique. Lui-même a intégré Polytechnique en 1969 avant de terminer ses études à l'université de Californie, centre de la contre-culture. Revenu en France, il intègre le commissariat au Plan. C'est autour d'un plateau-repas qu'il sympathise avec un collègue, Yvan Blot. Celui qui va devenir son mentor l'amène aux réunions du Club de l'Horloge, un cercle de hauts fonctionnaires aux idées radicales. "Le Club est le côté néolibéral et occidentaliste de la nébuleuse de la Nouvelle Droite, explique le politologue Stéphane François (Université de Strasbourg). Celle-ci veut faire revivre l'héritage indo-européen et préserver 'l'identité' biologique et culturelle des groupes ethniques." Les "horlogers" prennent leur carte dans les partis de droite. Bruno Mégret choisit le RPR, et Charles Pasqua le place au comité central en 1979.

RALLIEMENT

Le traumatisme de la victoire de la gauche en 1981 amène les droites à créer une noria de clubs afin de se lancer dans la bataille des idées. Pour Patrick Buisson, actuellement conseiller de Nicolas Sarkozy, ces structures doivent "former, maillon après maillon, la chaîne de la résistance à l'emprise idéologique de l'Etat socialiste". Mégret quitte le RPR et lance ses Comités d'action républicaine en 1982. S'y retrouvent aussi bien des déçus de la droite que des radicaux. En 1983, il réunit une centaine d'associations dans une confédération des clubs. La même année est marquée par le succès à Dreux du secrétaire général du Front national, Jean-Pierre Stirbois.

Cela n'impressionne pas Bruno Mégret, qui ne donne pas cher d'un FN qu'il décrit comme englué dans son passéisme et son amateurisme. Celui qui va le convaincre de s'y rallier s'appelle Jean-Yves Le Gallou. En 1985, cet énarque et membre de la direction du Parti républicain (UDF), comme du Club de l'Horloge, a été déçu par l'accueil fait à son livre La Préférence nationale. Il passe au FN, où son concept devient le mot d'ordre du parti. Avec Patrick Buisson, ils encouragent Mégret à faire le pas.

Il ne s'encarte pas, mais rallie avec ses clubs les listes du Rassemblement national présentées par le Front aux législatives de 1986. A ceux que son ralliement étonne, Mégret répond invariablement : "Mieux vaut être numéro deux au FN que numéro trente au RPR." Aujourd'hui, il résume ainsi l'impression que lui a faite sa nouvelle famille politique : "Un parti artisanal constitué de multiples chapelles issues de l'extrême droite et d'une masse de militants et de cadres nouveaux, venus pour beaucoup du RPR. Il n'existe pas de cohérence politique ni idéologique." Il va tenter d'y mettre de l'ordre.

Au sein du groupe parlementaire frontiste, entre 1986 et 1988, le profil sociologique de Bruno Mégret fait croire qu'il est un modéré alors qu'il est déjà un des plus radicaux. Le notable catholique Olivier d'Ormesson, qui permit à Jean-Marie Le Pen de rencontrer le pape Jean Paul II, doit prendre en charge l'organisation de la campagne présidentielle. Mais il se retire après que Le Pen a qualifié de "point de détail" l'utilisation des chambres à gaz par les nazis. Bonne nouvelle pour Mégret que Le Pen nomme à la place vacante, pour contrer Stirbois.

En fait, Le Pen scinde en deux le poste de second : à Stirbois ce qui relève de l'appareil, au nouveau délégué général, Bruno Mégret, ce qui a trait à la doctrine et à la propagande. "Le Pen éprouvait du mépris pour ceux qui se soumettaient à lui et il ne supportait pas ceux qui lui tenaient tête, se souvient aujourd'hui Bruno Mégret. Il ne me supportait pas mais ne me méprisait pas. Et de mon côté, il en allait de même à son égard." Stirbois meurt en novembre 1988 dans un accident de voiture. Jean-Marie Le Pen enchaîne dès lors une décennie d'erreurs stratégiques. D'abord, il liquide les soutiens du défunt. Il n'a donc plus un clan à opposer à un autre.

CONFRONTATION

Pis : il conserve la structure duale, dans le but de gêner Bruno Mégret. Il nomme au secrétariat général Carl Lang puis Bruno Gollnisch, qui ne noyautent pas l'encadrement. Carl Lang se tient à dessein en retrait. Il est conscient que tout succès personnel d'un cadre annonce sa liquidation. Le système bicéphale ne pouvait fonctionner au profit du numéro un qu'avec deux "Brutus" en concurrence : rien ne s'oppose plus à la machine mégrétiste. Pour Carl Lang, la campagne de 1988 a prouvé que Mégret était "un remarquable chef d'état-major" et que, n'eût été l'affaire du "point de détail", Le Pen aurait pu arriver au second tour.

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Bruno Mégret, numéro deux du FN, et Carl Lang, secrétaire général, le 12 janvier 1992, à Paris.AFP / JEAN-LOUP GAUTREAU

En somme, il s'inquiète plus de la fiabilité du chef que de celle du second… La voie est libre pour Bruno Mégret. Il place ses hommes, généralement issus de la Nouvelle Droite, à tous les postes-clés. L'effondrement du bloc de l'Est a rendu obsolète l'outillage idéologique anticommuniste de la vieille garde. Mégret avance son propre corpus intellectuel. Un mois après la chute du Mur, il lance la revue doctrinaire frontiste Identité. Il contrôle l'institut de formation des élus et militants. Il produit des listes de thèmes et de mots que ces derniers doivent aborder selon la profession de leur interlocuteur.

L'idéologie du FN se radicalise. Désormais, on met en avant l'opposition planétaire entre les partisans de "l'identité" et ceux du "nouvel ordre mondial". Bruno Mégret cloue au pilori la "volonté de déracinement ethnique, volonté de métissage culturel" du "système" qui utiliserait l'immigration pour assurer une "colonisation". Il lui oppose un Front national assimilé à la "Résistance".

En 1991, il avance ses "50 propositions sur l'immigration". Il propose, entre autres, une vague de dénaturalisation car "l'identité française est liée au sang". Le gouvernement de Vichy est le seul à avoir eu une telle politique. Bruno Mégret sait bien que le thème est explosif, Jean-Pierre Stirbois avait dû à plusieurs reprises démentir des propos en ce sens. Pour être certaine que le scandale éclate, l'équipe mégrétiste a pris soin de faxer le document aux associations antiracistes.

En revanche, le délégué général n'a pas averti Jean-Marie Le Pen. Les "50 propositions" sont un peu une réponse au "point de détail". Comme le dit Lorrain de Saint-Affrique, alors conseiller en communication de Le Pen : "Mégret venait de lui signifier qu'il n'avait plus le monopole du dérapage compétitif." Le clou est enfoncé.

En 1993, Bruno Mégret chapeaute le programme frontiste pour qui "un libre-échangisme sans frein détruit les économies nationales au seul profit de l'idéologie cosmopolite". Il s'agit moins de protester contre les effets sociaux de la mondialisation que d'affirmer qu'elle constitue une destruction des nations et du patrimoine génétique de leurs peuples. Cela permet à Bruno Mégret d'enclencher un tournant dans un parti dont le chef se voulait le "Reagan français".

STRATÉGIE

La transfiguration du parti ne se fait pas sans heurts. En interne, Roger Holeindre, l'un des plus vieux compagnons de Le Pen, dénonce le risque de voir le FN se muer en "parti nazi". Devant la presse, Lorrain de Saint-Affrique condamne les pulsions nazifiantes de cadres mégrétistes. Il est exclu. Car si Jean-Marie Le Pen s'agace de l'empressement de son second à le pousser vers la sortie, il valide ses orientations.

Après 1995, le putsch idéologique est repérable en trois radicalisations du discours du président du FN, accordant son imprimatur à des thèses nettement plus radicales qu'antérieurement : la dénonciation d'un complot mondialiste dirigé contre les nations et les "travailleurs" par la "fortune anonyme et vagabonde" ; l'affirmation de "l'inégalité des races" et enfin l'idée que la nationalité repose sur le sol, le sang et l'âme des peuples. Selon les principes de la Nouvelle Droite, la victoire idéologique entraîne la victoire politique. C'est là où le technocrate Mégret va découvrir que celui qu'il ne nomme plus guère que "le Vieux" reste un redoutable adversaire.

A l'été 1995, Bruno Mégret tire les conséquences de la présidentielle d'avril où Le Pen a obtenu 15 % des suffrages : la voie de la prise du pouvoir par le seul charisme du tribun ne peut fonctionner, il faut une stratégie "à la base". Elle commence avec les municipales. Pour conquérir la mairie de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), une terre déjà labourée par Stirbois, Mégret fait venir des militants de toute la France.

Fleurissent sans discontinuer des associations locales dont l'activité se limite à placer dans les boîtes aux lettres le message de telle ou telle catégorie de Vitrollais appelant à voter Mégret. La ville est conquise de haute lutte. Lui, le stratège, l'idéologue, est enfin reconnu comme un homme de terrain. Dans la légende frontiste, la victoire de Vitrolles vient dépasser celle de Dreux en 1983. L'Evénement du jeudi barre sa couverture d'un "Cet homme est plus dangereux que Le Pen".

Alors que le délégué général souhaite imposer une alliance aux droites, Le Pen veut favoriser la gauche. En 1995, il déclare que "Chirac c'est Jospin en pire". Les mégrétistes parlent de mettre fin à la "dérive monégasque" du FN. Au congrès de 1997, ils battent Marine Le Pen, qui n'est pas élue au comité central. Pour les régionales de 1998, ils parviennent à imposer leur stratégie. Le Pen prend soin d'aller sur la tombe du "nationaliste-révolutionnaire" François Duprat pour menacer : en aucun cas le parti ne doit trahir ses racines anti-système. Pendant ce temps, sur ses affiches, Mégret se présente comme "National et Républicain". Cinq régions sont gagnées par une alliance droite-FN. La dissension fait exploser la droite : les partisans de l'union quittent l'UDF pour former Démocratie libérale, qui intégrera ensuite l'UMP.

Image
Jean-Marie Le Pen, Bruno Mégret et Bruno Gollnisch, le 11 mars 2007, lors d'un meeting à Lyon.AFP / MARTIN BUREAU


SCISSION

Le succès précipite l'affrontement : ne pouvant se présenter aux futures européennes, Le Pen évoque son épouse pour conduire la liste. Mégret n'apprécie pas la provocation et condamne publiquement l'idée. Pour régler le litige, les chefs s'enferment avec, en cas de besoin, leurs trois gardes du corps respectifs devant la porte. Le 4 décembre 1998, veille de conseil national, Jean-Yves Le Gallou lâche : "La phase diplomatique est terminée, on passe à la phase militaire." Le lendemain, Jean-Marie Le Pen est hué, sifflé. La bourrasque fait éclater le FN.

Les scissionnistes créent un nouveau parti, d'abord baptisé Front national-Mouvement national, emportant derrière Mégret plus de la moitié des secrétaires départementaux et des conseillers régionaux. Les mégrétistes cultivent l'idée que la droite va empêcher Le Pen d'obtenir les 500 signatures pour la présidentielle, et qu'ils récupéreront le leadership à l'extrême droite tout en se liant aux droites. La compétition est finalement ouverte, le candidat Bruno Mégret tente de faire la différence avec un thème neuf : l'islam. Peine perdue, le 21 avril 2002, Le Pen est au second tour de la présidentielle. Pour Mégret, c'est la fin.

Retiré de la vie publique en 2008, il tire le constat suivant de ces années d'affrontement : "Deux conceptions de l'avenir du Front national s'affrontaient… Il s'agissait simplement pour Le Pen de jouir de la notoriété, du prestige et des avantages financiers que lui procurait un électorat dont il limitait l'ampleur par ses dérapages et l'ostracisation qui en résultait. Et il y avait par ailleurs ma conception, partagée par une écrasante majorité des cadres, qui cherchait à faire du FN une grande formation capable de passer des alliances, de gouverner, de perdurer et donc d'exister en dehors de Le Pen. Mes succès en tant que numéro deux ont été d'avoir créé les structures de cette grande formation. Mon échec a été de n'avoir pu empêcher le numéro un de les détruire."

En 2011, les pages Bruno Mégret et Jean-Marie Le Pen sont presque tournées, les mégrétistes sont revenus nombreux au FN. Fallait-il que tout change pour que rien ne change ?
Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg




Parcours


1949 Bruno Mégret naît à Paris. Son père est haut fonctionnaire.
1969 Il intègre l'Ecole polytechnique.
1975 Il entre au commissariat au Plan.
1976 Il devient un pilier du Club de l'Horloge.
1979 Catapulté par Charles Pasqua, il entre à la direction du RPR.
1981 Baptême du feu électoral contre Michel Rocard.
1982 Il fonde les Comités d'action républicaine.
1986 Il est élu député Rassemblement national de l'Isère.
1988 Il dirige la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen et devient numéro deux du FN où il vient de s'encarter.
1995 Candidat malheureux à la mairie de Vitrolles, il devient inéligible pour ses dépenses de campagne.
1997 Son épouse est élue maire de Vitrolles.
Décembre 1998- janvier 1999 Scission du FN et fondation du Mouvement national républicain.
21 avril 2002 Il obtient 2 % des voix à la présidentielle.
2007 Il soutient la candidature de Jean-Marie Le Pen à l'élection présidentielle.
2008 Il annonce qu'il se retire de la vie politique.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 15 Aoû 2011, 20:34

Présidentielle 2012: la galaxie de Marine Le Pen Créé le 11/08/2011 à 16h48 -- Mis à jour le 15/08/2011 à 11h18

SOUTIENS - A l'occasion de la présidentielle, «20 Minutes» fait le point sur les réseaux et soutiens des principales têtes d'affiche de la future élection...

Les «gars de la Marine», comme elle aime à les appeler, trustent désormais tous les postes d’importance à la direction du parti. Soutien fort, Louis Aliot, son compagnon, vice-président du parti, est en charge du projet. Autre mariniste important, Bruno Bilde qui occupe les fonctions de chef de cabinet.

Steeve Briois est l’homme fort du FN à Hénin-Beaumont. Après avoir été proche du «félon» Mégret, il est devenu un inconditionnel de la benjamine du «président». Il a été promu secrétaire général du parti.

Wallerand de Saint-Just est à la fois le trésorier et l’avocat du parti. Un pion essentiel dans la mécanique du FN. Christine Arnautu est une alliée de poids en Ile-de-France. Elle est la vice-présidente en charge des affaires sociales.

Marine Le Pen peut compter sur l’appui de son père. Le vieil homme n’est pas toujours d’accord avec la nouvelle orientation du parti, notamment lorsqu’il s’agit de sanctionner des hommes appartenant aux mouvements les plus extrémistes. Mais sa fidélité envers sa fille est infaillible. Bruno Gollnisch peut en témoigner.

Enfin, Me Gilbert Collard est la caution people des soutiens à Marine Le Pen. Pour l’heure, il est tout seul.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 16 Aoû 2011, 11:36

FN : Laurent Ozon, un cadre du parti, prend la porte

Laurent Ozon, membre du bureau politique du Front national depuis janvier dernier, a décidé de quitter le parti de Marine Le Pen. Peut-être le dernier acte d'une polémique qui l'avait vu expliquer la tuerie d'Oslo par l'immigration croissante en Norvège.

Le bureau politique du FN perd un de ses membres. Laurent Ozon, chargé de l'écologie au sein du parti, a annoncé dimanche sur son compte Twitter qu'il avait « démissionné hier (samedi) en soirée de toutes (ses) fonctions auprès de Marine Le Pen et dans le cadre du FN ». Et d'ajouter, lapidaire : « Effet immédiat. Communiqué demain ». Démission spontanée ou contrainte ? Le chef d'entreprise de 44 ans n'a pas précisé les raisons de son départ mais beaucoup supputent déjà que son analyse de la tuerie norvégienne d'Anders Breivik lui aura été fatale.

Juste après les faits, Laurent Ozon avait expliqué le massacre d'Oslo par « l'explosion » de l'immigration dans ce pays, ce qui lui avait valu un tirage d'oreilles par Marine Le Pen. Rien en comparaison de la punition requise contre Jacques Coutela : ce candidat FN au dernières cantonales avait été suspendu pour avoir diffusé sur son blog un texte faisant l'apologie de Breivik. Pas de sanction pour Ozon donc, juste un « rappel de la ligne du parti », avait-il alors commenté.

Une ligne « dédiabolisée » et sans polémiques inutiles, peut-être trop timorée à ses yeux. Il avait notamment reproché au FN marinisé sa « stratégie du hérisson » dans une réaction pour le site de Marianne. Celui qui se présente comme un écologiste tendance localiste ne sera pas resté au bureau politique plus de huit mois.

Les responsables du FN n'étaient pas joignables ce dimanche après-midi pour commenter l'affaire.



Laurent Ozon et le manque de liberté d'expression au FN

Conseiller de Marine Le Pen et membre du bureau politique du Front national, Laurent Ozon a quitté ses fonctions dimanche. Lundi, il a justifié son geste par le manque de liberté d'expression au sein du parti d'extrême-droite.

Laurent Ozon, chargé de l'écologie au sein du parti, a annoncé dimanche sur son compte Twitter qu'il avait « démissionné hier (samedi) en soirée de toutes (ses) fonctions auprès de Marine Le Pen et dans le cadre du FN ». Et d'ajouter, lapidaire : « Effet immédiat. Communiqué demain ». Point.

Laurent Ozon ne donnait pas vraiment d'explication sur son départ. Mais l'on se doutait bien de ce qui avait poussé ce cadre du parti à prendre la porte. Son analyse de la tuerie norvégienne d'Anders Breivik lui aura été fatale. Juste après les faits, Laurent Ozon avait expliqué le massacre d'Oslo par « l'explosion » de l'immigration dans ce pays, ce qui lui avait valu un tirage d'oreilles par Marine Le Pen. S'il n'avait fait l'objet d'aucune sanction, la présidente du FN lui avait rappelé « la ligne du parti ».

Une hypothèse confirmée par l'intéressé lui-même lundi sur RTL. Et Laurent Ozon de regretter le manque de liberté d'expression au sein du parti dirigé par Marine Le Pen, conséquence directe, selon lui, de l'entreprise de « dédiabolisation » du FN entamée par la présidente.

« Le FN s'est donné pour objectif de prendre le pouvoir. Et pour prendre le pouvoir, il faut peut-être pouvoir éviter d'aborder un certain nombre de sujets. C'est une stratégie, on verra ce qu'elle donne, a déclaré Laurent Ozon. Je pense que face à la brutalité de la situation dans laquelle nous nous trouvons tous, on ne peut pas régler un problème si on n'a pas fait un diagnostic correct et si on n'a pas la liberté de pouvoir s'exprimer dessus. » Marine Le Pen appréciera.


FN : le malentendu Laurent Ozon
C'est ce qui s'appelle un passage fulgurant au FN. Propulsé directement au bureau politique ( l'instance de direction ) du Front national lors du congrès de Tours, mi- janvier 2011, sur la seule volonté de Marine Le Pen, tout juste intronisée présidente, Laurent Ozon en claque la porte sept mois plus tard, au coeur du week end du 15 août.

C'est Laurent Ozon lui-même qui a rendu publique sa décision via son compte twitter, dimanche 14 août. "J'ai démissionné hier en soirée de toutes mes fonctions auprès de Marine Le Pen et dans le cadre du FN. Effet immédiat. Communiqué demain". Lundi 15 août dans l'après-midi, son portrait avait disparu de la galerie de photos du bureau politique sur le site officiel du FN.

Dans l'organigramme du FN, M. Ozon occupait les fonctions de délégué national à la formation, était membre de la commission d'investiture et chargé de piloter le comité d'action présidentielle ( CAP) "Ecologie".

Le 23 juillet, au lendemain des attentats d'Oslo, ce cadre dirigeant du FN, avait écrit sur son compte Twitter : « Expliquer le drame d'Oslo : explosion de l'immigration : [multipliée par six] entre 1970 et 2009. » Et encore, « Expliquer le drame d'Oslo : de 1970 à 2009, X58 [multiplication par cinquante-huit du nombre d'] immigrés d'origine afro-orientale (...). Vers la guerre civile ? » Il s'était attiré la réaction immédiate de la présidente du FN. « Laurent Ozon fait fausse route », avait déclaré Mme Le Pen au Monde.

Quelques jours plus tard, il n'en maintenait pas moins sa position sur son blog. "Je suis persuadé que l'anarchie migratoire que nous supportons (...) est un facteur de déstabilisation massive ; que cette déstabilisation provoque des tensions intercommunautaires et une augmentation rapide des violences sociales dans tous les pays qui la subissent".

Puis, le 31 juillet : "Je demande de l'aide à ceux qui souhaitent qu'un véritable débat s'engage sur la montée de la violence dans notre société comme partout en Europe, en proie à l'anarchie migratoire".

Une greffe ratée

Interrogé par Marianne 2 , il expliquait le 6 août en prévision du bureau politique du FN prévu à la fin du mois : « Je plaiderai pour un débat, le FN est un mouvement que Marine Le Pen a voulu démocratique dans lequel les Bureaux politiques ne sont pas des réunions du Soviet suprême. Si ce n’est pas possible, on n’en reparlera plus. »

La "greffe" Ozon n'a pas pris. Pour des raisons de forme et de fond. Ozon au FN, c'est sans doute l'histoire d'un gros malentendu, nourri par une certaine légèreté.

Début 2011, Marine Le Pen voit dans sa venue un "coup", une prise de guerre "écologiste" et intellectuelle, de quoi rajeunir, y compris dans les thématiques traitées, l'image du FN. Elle n'ira pas chercher plus loin et d'ailleurs ne le souhaite pas.

Laurent Ozon, lui, est effectivement "écologiste", mais dans sa version néo-droitière. Il appartient par ailleurs au courant identitaire de l'extrême droite ( qui dépasse le seul Bloc identitaire) dont le projet politique, ethno-culturel, repose sur le triptyque sur " langue, sol et sang". Lui se dit "substantialiste" ( par opposition aux "assimilationnistes").

Il est localiste, néo-païen, amateur de solstice et plus volontiers européen que nationaliste stricto sensu ( ce qui contrairement à ce qui est parfois dit ici ou là n'est absolument pas le signe d'une quelconque "plus grande modération" ou "respectabilisation" à l'extrême droite. Bien au contraire). Toutefois sur ce dernier point, "en bon disciple de Julien Freund", par pragmatisme politique, il estimera, à son arrivée au FN, que le seul outil politique est "l'Etat nation".

Surtout, Ozon est venu pour jouer un rôle de premier plan . Pas pour se faire dicter sa conduite. C'est peu dire que ses prétentions ont vite indisposé au FN, y compris dans l'entourage de sa présidente, et plus encore dans le clan des "modérés".

Au final c'est l'échec d'un casting censé incarner le "nouveau FN".


Désavoué sur Oslo, l'idéologue Laurent Ozon quitte le FN Par Nolwenn Le Blevennec | Rue89 | 16/08/2011 | 16H38

Près d'un mois après les attentats, le conseiller vert de Marine Le Pen démissionne contre la « logique de communication » du FN.

Laurent Ozon a démissionné en plein week-end du 15 août.

Samedi, le conseiller du Front national (FN) sur les questions environnementales a prévenu la présidente du parti, Marine Le Pen, qu'il renonçait à son poste au sein du bureau politique.
Dimanche, il a « tweeté » l'information.
Lundi, il s'est envolé une semaine pour Hong-Kong où il sera « difficilement joignable ».
Mardi, il a publié une note d'explication sur son blog.
Avant de partir, ce lundi, il a accepté de nous rencontrer à l'aéroport. Nous lui avons demandé si le désaccord entre lui et Marine Le Pen sur la double attaque du 22 juillet en Norvège avait tourné au conflit irréconciliable.

Marine Le Pen : « Laurent Ozon fait fausse route » sur Oslo

Après les attentats, le conseiller a tenu des propos qui ont déplu à la présidente. Fin juillet, il poste plusieurs messages sur son compte Twitter, privé à l'époque, pour tenter de « comprendre » le massacre.

Ces « explications » sont des données brutes sur l'immigration. Il pense que le massacre norvégien est arrivé dans un contexte spécifique (« anarchie migratoire ») et il est pour lui essentiel de le préciser. Selon L'Express, pour défendre ses théories,
Ozon a aussi publié sur son blog des chiffres faux reliant le viol à l'immigration.

Marine Le Pen était elle sur une ligne différente – prudente – parlant de « l'œuvre d'un déséquilibré solitaire qui devra être châtié de façon impitoyable ». Elle a déclaré par la suite :

« Laurent Ozon fait fausse route. »

Dur désaveu public. La présidente du Front a été plus conciliante avec les propos de son père, quand ce dernier a dénoncé la « naïveté » du gouvernement norvégien, plus « grave », selon lui, que la tuerie elle-même. Sur Europe 1 :

« Si j'avais été en désaccord ou si ses propos m'avaient parus choquants, je l'aurais dit. »

« Elle ne veut pas donner des prétextes pour se faire allumer »
Laurent Ozon s'est-il fâché avec Marine Le Pen ? Rencontré lundi à Roissy, il reste très poli quand il parle de la présidente du Front qu'il continue d'appeler « Marine ». Pas de rancœur apparente.

Il tient à préciser que sa démission n'a rien à voir avec ses commentaires sur Twitter. Il dit que Marine Le Pen ne l'a pas viré, cela ne fait pas partie d'une « stratégie d'épuration ». Elle lui a juste demandé de ne pas en rajouter :

« C'est normal. Elle ne veut pas donner des prétextes pour se faire allumer. »

Il assure que c'est lui qui a décidé de partir parce que le FN ne lui convenait plus. Laurent Ozon a de grandes ambitions et elles ne pouvaient pas se réaliser dans le cadre (trop petit et stratégique) du Parti.

« Avec l'immigration, les sociétés deviennent instables »

Marine Le Pen a choisi Ozon pour imaginer son programme écologique (relocalisation des activités et fin de la grande distribution, notamment), mais il a une vision politique plus large et se sent investi d'une mission de sauvetage du pays : « Je ne perds pas de vue mes objectifs. »

L'homme a été proche des Identitaires, dont il aurait bien voulu être le candidat à l'élection présidentielle, selon Arnaud Gouillon (actuel candidat). Il ne souhaite pas être cantonné aux OGM.

Sur l'immigration, il a par exemple des idées radicales. Il souhaite que les flux « cessent », la « politique migratoire » n'étant qu'une stratégie pour « déstructurer » la société. A Rue89, il avait dit :

« Il faut des sociétés relativement homogènes culturellement pour rétablir la cohésion du tissu social […]. Avec l'immigration, les sociétés deviennent instables, elles ne peuvent pas se fixer et avancer dans une direction. »

« Je ne suis pas venu au Front pour pondre des notes »
D'une manière générale, et la Norvège n'est qu'un exemple, Laurent Ozon ne veut plus avoir à tourner sa langue dix-huit fois dans sa bouche avant de parler de ces idées. Il souhaite s'exprimer comme il l'entend :

« Marine Le Pen veut créer un mouvement majoritaire. Elle est dans une logique de communication et non pas d'analyse. Elle pense que ce n'est pas la bonne stratégie de relier le massacre de Norvège aux données migratoires. Que ce n'est pas pertinent.

De mon côté, je souhaite reprendre ma liberté de parole. »

Laurent Ozon, qui a un fort souci de cohérence, pensait qu'il pourrait « poser tous les débats » au sein du Front national. Il se rend compte des limites. Dès lors, cela ne vaut plus la peine pour lui d'assumer un engagement public :

« Je suis venu au Front pour faire de la politique, et non pas pour pondre des notes sur les gaz de schiste.

Ce boulot-là, construire le programme écologique du FN, est fait et si Marine Le Pen a besoin de précisions sur tel ou tel point, je serai à sa disposition. »

« Elle pense qu'elle peut gagner sur les questions économiques »

« Dans ce climat de tensions », Ozon souhaitait aussi aller beaucoup plus vite. S'il quitte le FN, c'est parce que le rythme politique ne lui convient plus, dit-il :

« Il va y avoir un krach boursier en septembre. Le calendrier s'est considérablement accéléré. La crise économique et sociale va être grave. Il va y avoir une convergence des catastrophes.

Le temps politique ne semble plus convenir. »

L'écologiste d'extrême droite pense qu'il y a urgence et qu'on ne peut pas continuer à « dérouler » tranquillement des argumentaires et des séquences politiques (éducation à la rentrée, etc) qui relèvent des « petits calculs d'agence de com » :

« Marine Le Pen pense encore qu'elle peut gagner cette campagne sur les questions économiques. »

« Au Front, tout le monde me dit d'attendre »

Encore un idéologue déçu par le cynisme du Front ?

« Ce n'est pas le cynisme du Front, mais de la politique en général. Non ce n'est pas ça, je suis d'un naturel pragmatique.

Mais au Front, tout le monde me dit d'attendre. Je n'en peux plus attendre. »

A la rentrée, un livre « chez un petit éditeur breton »

Le conseiller du FN va sortir un livre en septembre « chez un petit éditeur breton », il s'occupe en ce moment de sa distribution. Son passage au FN aura eu l'avantage de le faire connaître.

Finalement, à part quelques notes, que laisse-t-il au parti ?

« Sous les étoiles, pas grand-chose. »
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 17 Aoû 2011, 11:34

Les numéros deux du FN (4/4) : Louis Aliot, le mariniste LE MONDE MAGAZINE | 31.07.11 | 19h06 • Mis à jour le 31.07.11 | 20h44

16 janvier 2011, congrès de Tours du Front national : Jean-Marie Le Pen annonce les résultats de l'élection au comité central. Les élus montent sur l'estrade dans l'ordre décroissant du nombre de mandats qu'ils ont reçus. Le premier est Louis Aliot.

Un score dont il lâche ensuite qu'il "fait taire les cons". Il se place au centre de la scène et nombre d'élus lui serrent la main en rejoignant les rangs. Ce rituel discret témoigne que, loin du chaos médiatique, un nouvel homme fort s'est imposé au FN. Lorsque Marine Le Pen annonce bientôt son équipe, elle dévoile qu'il est titulaire d'une nouvelle fonction : vice-président chargé du projet. Nul ne doute : il est le numéro 2. Depuis quelques mois, les médias ont rendu publique sa liaison avec Marine Le Pen. Les intéressés n'ont guère apprécié et ne souhaitent pas se soumettre à la "peopolisation". Mais une ère nouvelle s'est ouverte pour le FN.

La date de naissance de Louis Aliot lui ressemble : 4 septembre 1969. C'est un post-soixante-huitard, ayant intégré des valeurs d'autonomie individuelle (divorcé, catholique non pratiquant) tout en les rejetant comme bases sociales (il a le goût de l'ordre, de l'autorité traditionnelle). 4 septembre 1870 : c'est la date de naissance de la III[sup]e[/sup] République – autoritaire, laïque, patriote et sociale.

Issu d'un père et d'un grand-père plâtriers ariégeois, il est docteur en droit, avocat, numéro 2 d'un parti régulièrement annoncé au second tour de la présidentielle. Un processus d'ascension sociale typique de la III[sup]e[/sup] République, et dont la mise à mal a nourri le vote frontiste. Aliot, homme du Sud, aime parler de ses dix ans comme troisième-ligne au rugby. Il a l'accent marqué. Il sait le mépris des "élites" pour ce "provincialisme". En politique, être sous-estimé par ses adversaires est une chance.

ENCARTÉ À 21 ANS

Image
Le président du Front national (FN) Jean-Marie Le Pen serre la main du nouveau secrétaire général du parti d'extrême-droite, Louis Aliot, lors d'une conférence de presse pour annoncer le remplacement de Carl Lang, le 17 octobre 2005 à Saint-Cloud.AFP/MEHDI FEDOUACH[/b]

Avec lui, pour la première fois, le numéro 2 du FN est issu du lepénisme. Son grand-père paternel a eu des sympathies pour Pierre Poujade, que Jean-Marie Le Pen secondait. Son père, adepte d'un socialisme tranquille, bascule vers la droite nationaliste à son retour de la guerre d'Algérie. Sa mère est une rapatriée pied-noir d'Algérie de 1962, dont la famille, jadis communiste, a cru en de Gaulle en 1958, puis a soutenu la tentative de coup d'Etat en 1961. En 1965, l'Ariégeois et l'Algéroise militent ensemble en faveur de la candidature de Jean-Louis Tixier-Vignancour, coordonnée par Le Pen. En 1974, ils sont du 0,7 % d'électeurs qui votent Front national.

En 1986, Louis Aliot rejoint l'Union nationale interuniversitaire (UNI), un syndicat étudiant issu de la droite du RPR. Il fréquente les réunions chiraquiennes. A la présidentielle de 1988, sa mère l'amène à un meeting lepéniste. Il s'encarte en 1990 et découvre l'hétérogénéité du parti et comment le nom "Le Pen" en est le liant.

L'année suivante, il fait partie des 200 jeunes réunis pour l'université d'été du Front national de la jeunesse (FNJ). A 9 heures du matin, Roger Holeindre, le vieux compagnon de Jean-Marie Le Pen, procède au lever des couleurs. On se tient au garde-à-vous. Les ateliers de formation s'enchaînent : rédiger un tract, faire un discours, parler face à la caméra. Les étudiants sont notés. Aliot sort major.

Les années suivantes, il devient formateur. Il commence à monter dans un FNJ pris en main par le major 1990, Samuel Maréchal, gendre de Le Pen (il a divorcé de Yann en 2007) et père de Marion Le Pen, jeune candidate FN aux régionales 2010. Aliot rencontre à cette période Magali Boumaza (université de Galatasaray) : "Il avait à l'esprit la ligne qu'il applique aujourd'hui, narre la politologue. Il parlait de la République, de la laïcité, de la nécessité de combattre les communautarismes pour assurer le lien social. Mais il ne se sentait pas en rupture : il se définissait avant tout comme lepéniste. "

"COURAGEUX, INTELLIGENT, DÉVOUÉ… QUELQUEFOIS ASSEZ VIF"

En 1998, il est élu conseiller régional de Midi-Pyrénées. Quoique, de l'avis de ses ex-collègues socialistes, il prépare ses dossiers et s'abstienne de toute provocation, le travail d'élu le déçoit. Moins toutefois que la crise qui secoue le Front. Ayant intégré le conseil national, le "parlement" du parti, il y vit l'explosion du FN le 5 décembre 1998 (lire Le Monde Magazine du 23 juillet).

Révulsé d'huer et siffler son président, il rentre à Toulouse et écrit aux militants, les abjurant de demeurer fidèles. Le directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen, Bruno Racouchot, participe à la scission mégrétiste. Grâce à l'entregent de Maréchal, Aliot le remplace en janvier 1999. Cette nouvelle proximité l'émeut, il décrit un Le Pen "tout le temps de bonne humeur" et très au fait de l'histoire algérienne. En retour, le vieux chef le trouve "courageux, intelligent, dévoué… quelquefois assez vif".

Louis Aliot fait des allers-retours entre l'université de Toulouse, où il est chargé de cours de 1998 à 2005, et Montretout, la villa du clan Le Pen à Saint-Cloud. Attiré par l'idée monarchique, il consacre sa thèse au présidentialisme français. Il aime le droit et l'enseignement et imagine embrasser la carrière universitaire.

A l'université, nul ne l'a jamais entendu mélanger ses casquettes. Mais les réflexions du juriste nourrissent celles du politique. Il pointe le hiatus entre l'article 20 de la Constitution, qui prévoit que "le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation", et l'élection du président au suffrage universel direct introduite par le référendum de 1962. Sa solution, c'est la pratique référendaire. Ecrivant notes et discours pour Le Pen, coordinateur de la campagne présidentielle 2002, il introduit " la République référendaire " au cœur du programme.

"DÉDIABOLISATION"

Il entre au service de Marine Le Pen. Elle a relancé l'association Générations Le Pen, qu'avait fondée Samuel Maréchal. Aliot en prend le secrétariat général avec un but : former des cadres aptes à la "dédiabolisation". Lorsqu'elle est élue députée européenne, il devient son attaché parlementaire. La montée de "Marine" déplaît à beaucoup. Carl Lang et Bruno Gollnisch ne cachent pas leur scepticisme. Aliot remplace Lang au secrétariat général en 2005. On parle de putsch mariniste rampant, l'intéressée dément : "Louis est un proche de mon père avant d'être l'un des miens."

Les "historiques" se sentent dépossédés par la "dérive monégasque" qu'avaient fustigée les mégrétistes. Lang s'est encarté en 1978, à l'annonce de l'assassinat de François Duprat, le numéro 2 d'alors (lire Le Monde Magazine du 9 juillet). En 2009, Lang fonde le Parti de la France. Il considère que le Front s'est égaré : "Depuis 2007, le FN a fonctionné avec une structure de décision exclusivement familiale. Jean-Marie Le Pen présidait son mouvement qui était dirigé par sa fille. Aujourd'hui Marine Le Pen préside un FN dont le président d'honneur est son père et le vice-président son compagnon."

Aliot se forge une réputation de "stalinien", purgeant sans relâche le parti. Pour lui, les militants radicaux n'ont pas leur place dans un parti dont la ligne politique doit être seulement celle de son programme. Il lui paraît que si les radicaux représentaient la moitié des cadres avant la scission, ils ne sont plus que 5 % en 2011.

Dans les couloirs et sur Internet se répand l'accusation : Aliot serait l'homme du "lobby", un "sioniste" chargé de faire rentrer le FN dans le rang. Lui-même considère l'antisémitisme "délirant" et ne cache pas que son grand-père maternel est un juif algérien naturalisé français par le décret Crémieux (1870).

DÉMISSION PROPOSÉE SUITE AU "DÉTAIL" DE LE PEN

Il précise qu'il était athée, anticommunautariste et refusa d'être enterré dans un carré israélite. Aliot en est convaincu : l'ambiguïté antisémite n'a pas sa place au FN. Lorsque Jean-Marie Le Pen revient en 2008 sur le "détail", le secrétaire général reçoit des tombereaux de cartes de militants, qui disent s'être engagés par patriotisme et ne veulent pas se faire traiter de "nazis" par leurs voisins. Il publie un communiqué où il condamne implicitement la parole de son chef.

Le Pen, furieux, déclare que les cadres sont avec lui sauf ceux "directement concernés par les remous de ce problème". Aliot propose sa démission, mais le chef est trop fin politique pour ne pas comprendre ce que signifierait congédier l'insolent après cet esclandre. La purge des mégrétistes passée, nombre d'entre eux ont néanmoins réintégré l'entourage de Marine Le Pen. Ce sont les compétences qui comptent, et il est vrai que les "durs" de l'extrême droite ont souvent fourni les meilleurs cadres d'une famille politique qui en a toujours cruellement manqué.

Normaliser le parti, c'est aussi l'implanter. Aliot a choisi Perpignan. Il y a installé son cabinet d'avocat, depuis qu'avec l'appui de Roland Dumas il a endossé la robe. Pour Jean-Paul Alduy, sénateur et maire de Perpignan de 1993 à 2009, "quand Aliot prend la parole en conseil municipal, il est lisse. Il n'intervient que sur des sujets où il peut marquer sa différence de manière très positive. Il n'est pas dans une stratégie d'affrontement. Le FN vient chercher une implantation locale qui lui donne une légitimité nationale, alors même que ses scores locaux varient en fonction de la conjoncture nationale".

LABORATOIRE PERPIGNANAIS

Image
Marine Le Pen et Louis Alliot devant un centre de rétention de l'île italienne de Lampedusa, le 14 mars 2011.AFP/CHRISTOPHE SIMON

Perpignan, "c'est environ 10 % de Gitans, 12 % de RSA, 18 % de CMU et un salaire moyen inférieur d'un tiers à la moyenne nationale, précise le sociologue Dominique Sistach (université de Perpignan). La vie politique y est moins structurée par les partis que par les clientèles, les familles catalanes et la soixantaine de loges". La ville a tout pour être un laboratoire du marinisme. La communauté pied-noir avait fait monter l'ancien chef de l'OAS-Métro Pierre Sergent à 46 % aux cantonales de 1989. Sa veuve soutient Aliot qui, en meeting, rend hommage à Bastien-Thiry, autre figure de l'OAS.

En revanche, quand un blog satirique et chevènementiste local l'interroge à propos des fondateurs du FN, Aliot met en avant Georges Bidault. Dont il précise le rôle dans la Résistance, omettant de rappeler qu'il fut de l'OAS, quitta le FN au bout d'une semaine et demanda d'y rester à un proche, l'ex-Waffen SS Pierre Bousquet. Le numéro 2 du FN rêve d'un parti qui lui eût toujours ressemblé.

Aux cantonales 2011, il espère devenir conseiller général d'une circonscription populaire. L'UMP municipale est passée dans le giron de la tendance "Droite populaire". Aliot en sourit : pour lui, ses membres sont, en privé, bien plus à l'extrême droite que lui. Son adversaire UMP est un transfuge du FN. Comme le disait Duprat, "l'électeur préfère toujours l'original à la copie" : Aliot fait 34 %, l'UMP n'est pas au second tour.

DEUX SCÉNARIOS POUR 2012

La gauche se mobilise et le PS passe de 18 % à 54 %. La stratégie de la droite a été suicidaire mais il a manqué au FN le report des voix d'une formation tierce. Vice-président du Parti radical de Jean-Louis Borloo, Jean-Paul Alduy voit dans cette élection un cas d'école qui légitime l'autonomie du centre. Le local est bien le laboratoire du national.

Selon Aliot, deux possibilités s'offrent au FN pour prendre le pouvoir. Soit le vieux rêve lepéniste de voir se refaire le scénario gaulliste d'une prise impromptue du pouvoir à la faveur d'une crise majeure. Soit l'excitation des forces centrifuges au sein des droites pour aboutir à une reconfiguration dont le FN serait le pivot.

Sur cette base, deux scénarios se présentent pour 2012. Si l'UMP gagne, le discours social et protectionniste de Louis Aliot, citant Jean Jaurès et Jean-Pierre Chevènement, lui fournit d'emblée un angle pour porter le fer. Si l'UMP perd, une fraction d'élus s'en détachera-t-elle pour bâtir un parti "marino-compatible" ? Ce serait la démonstration du bien-fondé de la stratégie suivie par les numéros 2 du FN depuis quarante ans : imposer ses thèmes, faire imploser le "système" et participer à la "course au pouvoir".


Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg



Parcours

Un cadre du parti issu du lepénisme
1969 Louis Aliot naît dans une famille " Algérie française ".
1986 Il milite dans un syndicat étudiant proche du RPR.
1990 Militant au FN, il est partisan d'une ligne de modération et modernisation.
1991 Il est major de l'université d'été du Front national de la jeunesse.
1998 Il est élu au conseil régional de Midi-Pyrénées.
1999. Jean-Marie Le Pen le nomme directeur de son cabinet.
2001 Coordinateur de la campagne présidentielle FN, il lance le thème de la " République référendaire ".
2002 Il devient secrétaire général de Générations Le Pen.
2005 Secrétaire général du FN, il est surnommé " Loulou la purge ".
2008 Il est élu conseiller municipal de Perpignan.
2009 Il perd son siège suite au retour aux urnes provoqué par la " fraude à la chaussette ". Il mène la liste FN Languedoc-Roussillon aux européennes.
2010 Il est élu conseiller régional Languedoc-Roussillon.
2011 Vice-président du FN en charge du projet, il est partisan d'une ligne anti-communautariste, sociale, souverainiste et dédiabolisée.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 18 Aoû 2011, 10:02

La tragédie grecque version FN : Mieux que les Chorégies d’'Orange ? Rédigé par Clémentine Baron, le mercredi 17 août 2011 à 17h27

Le fils d’un immigré polonais recruté par le parti pour « casser du gaucho », un intellectuel perdu entre les bras de la nouvelle dirigeante d’extrême droite et une amitié incongrue dans une France en perdition, voici la première trame narrative du prochain roman de Jérôme Leroy.

Le Bloc, à paraître en octobre chez Gallimard, se présente comme une dystopie politique, dans un futur qui pourrait être proche. Il raconte une France noyée dans les « émeutes urbaines » et dirigée par une blonde extrémiste, qui rappelle vaguement quelqu’un.

L’intrigue met en scène dans une jolie gamme de couleurs, toutes les vicissitudes du pouvoir où le poids de la morale et du sacrifice lutte pour faire pencher la balance. Les deux antihéros iront jusqu’au bout pour gagner une petite place au soleil ou les faveurs de la dirigeante, qu’importent les trahisons et les crimes.

Un roman sous le signe de la tragédie grecque, qui se veut « choc » et qui fera sans doute parler de lui. La question se pose de savoir jusqu’à quel point, surtout lorsque l’on connaît l’ouverture d’esprit des personnes visées.
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