FN - RN et ses satellites

...Sans Papiers, antifascisme...

Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 01 Mai 2011, 12:23

Le site officiel de Marine Le Pen piraté NouvelObs

Le pirate "Kader11000" revendique un "viol" du site de la présidente du Front national "comme une réponse aux femmes musulmanes en France". Le FN va porter plainte.

Le site internet officiel de la présidente du FN Marinelepen.com, créé l'hiver dernier durant la campagne interne du parti, a été piraté entre mercredi et jeudi 28 avril.

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L'image d'une femme portant un foulard islamique (issue d'un blog) et un message pour les "musulmanes en France" sont ainsi apparus en page d'accueil, accompagnés d'une musique orientale. La photo était surplombée d'un texte décousu qui revendique un "viol" du site de Marine Le Pen "comme une réponse aux femmes musulmanes en France", des femmes "pures et chastes".

Le pirate, identifié comme "Kader11000" en haut du navigateur, a également écrit : "Le jour où tu [Marine Le Pen] arriveras au siège présidentiel, je piraterai tous les serveurs français". "Kader11000", le pseudonyme aurait déjà été utilisé lors de piratages contre des sites liés à la présidence algérienne en 2009, souligne Clubic.

Contacté par Nouvelobs.com, l'avocat du Front national, Wallerand de Saint-Just, affirme qu'"une plainte contre X va être déposée aujourd'hui ou demain". "Soit il s'agit d'un jeune crétin de 15 ans qui a voulu s'amuser, soit de spécialistes situés hors de France", estime-t-il.

"Une attaque très suspecte"

Toujours inaccessible, le site Marinelepen.com devrait être "remis en ligne d'ici quelques minutes", précise jeudi en fin de matinée le secrétaire général du Front national, Steeve Briois, à Nouvelobs.com.

Interrogé sur ce piratage, le journaliste spécialisé Damien Bancal évoque "une attaque très suspecte". "A ce niveau, tout pirate qui se respecte affiche une signature claire, avec un lien vers un forum ou une adresse e-mail. Ici, ce n'est pas le cas. De plus, le texte ne veut pas dire grand chose... C'est étrange", poursuit-il.

Le responsable du site Zataz va jusqu'à envisager ainsi "un coup monté en interne au FN".
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 02 Mai 2011, 20:14

1er-Mai:Marine Le Pen, “combattante” de “la France Libre”01 mai 2011

Marine Le Pen avait décidé que son premier défilé du 1er-Mai, en tant que présidente du FN, devait rendre hommage à la fois “à Jeanne d’Arc et aux travailleurs”.

Tel n’a pourtant pas été le centre de gravité de son discours, tout entier placé sous le signe de “la liberté”, puisque le FN se propose de “briser les chaines du peuple français”.

Dans ce discours d’une heure, le mot “liberté” a été ainsi prononcé pas moins de 77 fois (contre six mentions pour “Jeanne d’Arc” et trois pour le terme “travailleur(s)”). D’ailleurs des drapeaux inédits de couleur bleue avaient fait leur apparition dans le cortège, surtout chez les jeunes du FNJ, où “liberté” était inscrit en blanc. Ce terme a même gagné, cette année, les slogans officiels avec un “France, Marine, Liberté” scandé à de nombreuses reprises.

L’an passé, Jean-Marie Le Pen avait étonné son monde avec une allocution limite “lutte des classes”. Il avait mis “l’exploitation” au coeur de son intervention, avait insisté sur le “terrible besoin de fraternité” qui se faisait sentir en France. Il avait encore défendu les acquis sociaux comme “résultat du partage des fruits de la croissance et de la productivité au profit des salariés”. Et avait déploré que “depuis une dizaine d’années, ce partage qui était favorable aux salariés, évolue au profit du capital financier”. Bref, un discours assez inusité pour un leader frontiste qui nous avait fait titrer: “Jean-Marie Le Pen se prend pour Arlette Laguiller”.

“Indigne collaboration”

Paradoxalement, alors que la nouvelle direction du FN insiste sur son “virage social”, le discours de Marine Le Pen version mai 2011 est allé moins loin que celui de son père en ce domaine. Soucieuse sans doute de ne pas perdre l’oreille des petits commerçants, artisans et petits patrons - longtemps conçus comme une chasse gardée par le FN - elle a réintroduit les thématiques poujadistes traditionnelles qu’elle avait jusqu’alors assez peu utilisées. Elle s’est ainsi interrogée sur “la liberté du patron de PME, du commerçant, de l’artisan, écrasés par une bureaucratie de plus en plus insupportable, taxés toujours plus lourdement” ou sur “la liberté du contribuable”. “Nous libérerons nos PME, nos artisans, nos commerçants des pesanteurs administratives et fiscales” a t-elle encore ajouté.

La présidente du FN a par ailleurs dénoncé à plusieurs reprises la grande distribution, un thème qu’elle compte développer à l’occasion de la campagne de 2012.

Mais la grande affaire du discours, a été “la France libre”. C’est-à dire, pour Marine Le Pen, la reconquête par la France de sa souveraineté, qui a été confisquée par l’Europe et diverses institutions internationales. “La France doit s’affranchir d’une Union européenne qui n’a eu de cesse de nous affaiblir et de réduire nos libertés” a t-elle indiqué. Et mettant en avant son projet de “République référendaire”, elle a promis un référendum sur le sujet en des termes un peu abscons.

Puisqu’il y a combat pour la France libre, il y a désormais les résistants et les “collabos”. Les résistants, c’est le FN. Les ennemis, ceux qui ont choisi “le confort de la servilité” sont nombreux. Il y a les “euromaniaques”, “les gouvernants de gauche et de droite qui ont consenti à l’entreprise anti-républicaine d’écrasement de la souveraineté”, plus généralement les “élites autoproclamées”.

Par ailleurs, Marine Le Pen s’en est pris à tous ceux qui, à ses yeux, tuent tout débat: “les pseudos-experts”, “les nouveaux prêtres de la mondialisation”.

Sur deux registres, la numéro un du FN s’est montrée particulièrement virulente: celui de la liberté syndicale et celui de la liberté de la presse. ” La presse devra être libérée de la dictature de la bien pensance et de la pression des intérêts politiques ou financiers”. Elle a pris la défense de Elisabeth Levy, Robert Ménard, Eric Zemmour, Philippe Cohen, Natacha Polony, Luc Ferry, Frédéric Taddeï, Emmanuel Todd et Ivan Rioufol, qu’elle juge “victime des petits Torquemadas des temps modernes”, citant explicitement le Nouvel Observateur.

Conformément à sa stratégie de rupture avec “l’ancien FN”, elle s’est placée dans la continuité de Victor Schoelcher ( auteur du décret abolissant l’esclavage en 1848) et de Charles de Gaulle. Elle a qualifié la collaboration sous l’Occupation d’“indigne”.

La présidente du Fn a enfin réaffirmé son angle d’attaque sur l’immigration, “armée de réserve du capitalisme” et “esclavage des temps modernes“, qui permet, selon elle, de peser à la baisse sur le salaire des Français.

***

Bruno Gollnisch privé de tribune. Présent dans le défilé, le rival malheureux de Marine Le Pen au congrès de Tours, Bruno Gollnisch, n’a pas eu les honneurs de la tribune place des Pyramides. La raison officielle? Seul le bureau exécutif - auquel n’appartient plus M. Gollnisch- y était convié cette année.

Affluence: pas de saut quantitatif. Le cortège a réuni entre 3200 participants selon la police et 20000 selon le FN. Pour notre part, nous n’avons pas vu de différence fondamentale avec l’an passé. Nous avions alors estimé à 5000 l’affluence place des Pyramides. Ce qui a du être grosso modo le cas pour ce cru 2011. En un mot, les scores électoraux des cantonales et les enquêtes d’opinion hissant Marine Le Pen au second tour en 2012 ne se sont pas traduits en participation militante accrue au défilé du 1er mai.

Les skins font peau neuve. Dans le cortège, nous avons pu reconnaitre les skinheads déjà présents l’an passé, mais qui cette fois, étaient habillés “casual”, c’est-à-dire “polo-jean-baskets”. Bref les skins ont fait peau neuve ( lire ici notre précédent post). Les consignes de la direction du FN avaient averti les responsables départementaux de ne pas faire monter dans les cars toute personne ayant un look de skinheads ou en “treillis-rangers”.

Syndicalistes ou pas syndicalistes? Un “cortège de syndicalistes frontistes” devait être dans les premiers rangs du défilé. Ce cortège s’est réduit à deux personnes (Thierry Gourlot et Fabien Engelmann) tenant une petite banderole :”Pour un syndicalisme national”.

Special guests. Nous avons pu rencontrer deux militants pro-Gbagbo lors du défilé, venus apporter leur soutien à Marine Le Pen. Ces derniers, Français d’origine ivoirienne, nous ont déclaré vouloir “organiser la diaspora africaine en sa faveur” pour 2012.

Place des Pyramides, on pouvait voir, outre le GUD d’Edouard Klein, Serge Ayoub, patron des skins parisiens de Troisième voie.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 03 Mai 2011, 22:16

DU F-HAINE AU F(U)N ?

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Campagne interne de succession à la tête du Front national (FN), sondages plaçant Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2012, bons résultats lors de cantonales pourtant marquées par l’abstention, multiplication d’interventions médiatiques propices à sa banalisation : le FN redevient audible dans la société française. Un nouveau cycle s’ouvre pour le parti d’extrême droite.

Une erreur serait de réduire la poussée frontiste à une pure construction médiatique, à une manipulation politique, comme certains s’empressent de l’analyser. Une autre serait de rester sur de vieux schémas ou de se laisser berner par l’habillage et de crier à la révolution stratégique. Les mêmes avaient, le plus souvent, enterré le FN et ne s’étaient pas préoccupés d’analyser, dans la durée, les évolutions de ce courant en perpétuelle mutation.

Le bon vieil adage giscardien du « changement dans la continuité » illustre la situation du FN : changements d’équipes, de structures, d’habillage, exploration de nouveaux territoires, mais continuité familiale, de stratégie (la dédiabolisation déjà tentée dans les années 1990), d’amitiés avec les franges radicales de l’extrême droite, et sur le fond programmatique.

Parti en travaux…

Depuis la scission de 1998, de nombreux cadres et militants ont quitté le FN. Même si la « primaire » entre Gollsnich et Marine Le Pen lui a donné l’occasion de renouer avec des adhésions1, le FN n’a toujours pas reconstitué un appareil militant national performant. La présence dans 400 cantons de moins qu’en 2004 ainsi que les candidatures fantômes2 voire « atypiques »3, le recrutement de candidats via Internet prouvent cette carence. En plus d’une crise structurelle, le FN est plombé par d’importants soucis financiers (dette de plusieurs millions d’euros envers F. Le Rachinel, vente du Paquebot - ancien siège du FN - en stand-by, conflits prud’homaux).
Tout cela n’a pas empêché le FN d’obtenir de bons résultats aux cantonales tant face à l’UMP que face aux formations de gauche, de confirmer son enracinement électoral à l’est de l’axe Nord-Pas-de-Calais/Paca4 et de progresser dans des régions jusque-là relativement épargnées par le vote frontiste, porté par « la vague brune marine ».

… mais continuité du parti

Le processus menant de la « primaire » frontiste aux cantonales a contribué au redressement du parti par un nouvel « effet Le Pen » comparable à celui des années 1980. Le parti d’extrême droite récolte ainsi les fruits du travail d’actualisation de son discours et de restructuration de l’appareil entamé dès 2002.
Le congrès de Tours a permis de maintenir la famille frontiste unie, contrairement à ce que souhaitaient les partisans de B. Gollnisch extérieurs au FN (MNR, NDP et PDF), qui voyaient dans la stratégie de Marine Le Pen un dévoiement des « fondamentaux », et l’occasion d’une recomposition de l’extrême droite autour de sa frange « orthodoxe » le plus souvent issue (départs ou exclusions) du FN.
C’est finalement en restant au FN que les « intransigeants » font le plus de tort à Marine Le Pen. En effet, celle-ci cherche à rendre le FN respectable afin de capter les déçus du sarkozysme issus de la majorité présidentielle le moment venu. Pour cela, il s’agit de se débarrasser, en apparence, des nostalgiques de la Collaboration et de l’Empire colonial français ainsi que du « folklore » néonazi mettant en péril la tactique de dédiabolisation et de banalisation du parti à l’œuvre ces dernières années. Le traitement, conflictuel au sein du FN, du cas de l’élu frontiste Alexandre Gabriac, pris en photo en train de faire le salut nazi, éclaire les contradictions tactiques à l’œuvre au sein du FN sans pour autant être la preuve d’une rupture dans la filiation historique du parti.

Continuité programmatique

Un œil sur le fond programmatique du FN finit de nous convaincre que, derrière le « relooking », il reste bien d’extrême droite, raciste, antisocial, dangereux pour les travailleurs. Ceux qui y voient un tournant social récent oublient que ce tournant s’est opéré… dès 1995 ! à cette époque, le FN pro-Reagan des années 1980 tourne le dos au libéralisme et porte un discours pseudo social, avec comme clef de voûte la « préférence nationale » (une société d’apartheid social, inégalitaire à la recherche de boucs émissaires) et le protectionnisme. Le FN tente aussi de renouer avec l’activité catégorielle que ce soit par la relance du « Cercle national des Juifs français » ou celui des « travailleurs syndiqués » avec la création de syndicats « libres », déjà tentée dans les années 1990.
Rien de nouveau donc, si ce n’est l’audience de ces initiatives. Ainsi, il n’était pas envisageable il y a quelques années, que Marine Le Pen puisse être pressentie comme invitée à Radio J (invitation annulée par la mobilisation des associations juives de France), ou que des « coming out » de militants frontistes dans les syndicats puissent être organisés.

Nouvelle période

Au-delà du renouvellement générationnel de ses dirigeants, c’est donc moins le FN qui a changé que son environnement. Depuis des années, la société française est « travaillée » par des discours xénophobes, sécuritaires, destructeurs de solidarité qui ont préparé le terrain à la validation des thèses frontistes. En 2007, la stratégie « néoconservatrice » menée par Nicolas Sarkozy, qui devait réduire durablement l’électorat Front national à peau de chagrin en lui confisquant son discours, a prouvé ses limites. Elle se retourne contre la droite au pouvoir, sur fond de rejet de sa politique sans alternative crédible à gauche (le retour du débat sur la candidature unique escamote, pour sa part, la question cruciale de la politique à mener).
Le venin d’extrême droite a été distillé depuis longtemps, au plus haut sommet de l’état. La stratégie de dédiabolisation du FN n’en est que plus aisée à mettre en œuvre, puisque des éléments de son programme sont dans le débat public. Si les paroles s’envolent, les lois et projets restent et tendent à une inflexion constitutionnelle faisant reculer toujours plus le droit du sol et pouvant rendre légale la préférence nationale. La crise du capitalisme finit de rendre audibles les propositions économiques protectionnistes du FN, alors que le capital de sympathie de ce parti se « limitait » jusque-là aux questions d’immigration et de sécurité.

Nouvelles postures

Le retour du FN dans le jeu politique est favorisé par une véritable stratégie Internet et la mise en place de structures telles que le « think tank » Idées Nations, chargé de la production idéologique ou l’existence d’une garde rapprochée, un « shadow cabinet », très réactive. L’exploration de « nouveaux territoires » par le FN annonce une activité du parti d’extrême droite en direction de nouveaux secteurs de la société. La vigilance s’impose donc.
Le discours social, s’il n’a rien de nouveau, fait partie de la stratégie frontiste visant à élargir son électorat (l’adresse de Marine Le Pen aux fonctionnaires et aux services publics), tout comme le sont les repositionnements thématiques autour de la République, la laïcité, l’état régulateur, l’écologie… Autant de terrains que le FN prétend occuper afin d’être perçu comme l’alternative crédible aux partis du « Système ».

Il est indispensable de démontrer que le FN n’est toujours pas « un parti comme les autres », mais qu’il n’est pas pour autant le parti « anti-système » qu’il prétend représenter.
Il est urgent de repenser les formes de l’action antifasciste en fonction des terrains qu’occupent le FN et de renouer avec une vigilance antifaciste à la fois unitaire et de masse.
Au-delà de ces résistances, la construction d’une alternative crédible de gauche, en rupture avec la société capitaliste, est, plus que jamais, à l’ordre du jour.

Eliane Berthier

1. En 2004, le nombre d’adhérents était d’environ 18 000. Le siphonnage de 2007 a créé un important reflux. Au congrès de Tours, en janvier 2011, 22 000 adhérents pouvaient élire le nouveau président.
2. Lefigaro.fr, 24 mars 2011.
3. Dans l’Est, un vieillard de 80 ans reclus dans sa maison de retraite ; une call-girl gothique dans le Nord ; à Strasbourg 6, le candidat FN, qui depuis dément, déclarait aux Dernières Nouvelles d’Alsace « regretter que les résidents étrangers n’aient pas le droit de vote en France alors qu’ils ont le devoir fiscal ».
4. Lors des régionales de 2010, le FN obtenait 22, 87 % en Paca ; 22, 2 % dans le Nord-Pas-de-Calais ; 19, 38 % dans le Languedoc-Roussillon ; 19, 30 % en Picardie ; 18, 44 % en Lorraine.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 05 Mai 2011, 19:08

France - Le Front national à la manœuvre pour tenter d’élargir son électorat vers les classes populaires 31 mars 2011 in Lutte de classe n°135 (avril 2011)

Le Front national, qui avait perdu une partie de son électorat au moment de l’élection de Sarkozy en 2007, semble revenir à ses scores du début des années 2000. Cette évolution est due en grande partie au va-et-vient d’une frange de l’électorat entre l’UMP et le FN : l’électorat réactionnaire, xénophobe et antiouvrier, nombreux dans ce pays, oscille suivant les circonstances entre le vote pour la droite classique et le vote pour la droite extrême. Sarkozy a su capter cet électorat en 2007, avec ses discours réactionnaires sur la valeur du travail et contre la « fainéantise »… Il est en train de le reperdre.
Des résultats pour l’instant difficiles à interpréter

Les sondages qui, début mars, donnaient Marine Le Pen gagnante du premier tour de la présidentielle dans tous les cas de figure, et les commentaires des journalistes à la recherche de sensationnel, n’ont qu’une valeur très relative. Quant aux résultats des cantonales, ils ne reflètent un progrès de l’influence du Front national – en particulier par rapport aux cantonales précédentes – qu’en pourcentage. Le résultat le plus significatif des cantonales de 2011 est le chiffre record de l’abstention, expression de la désaffection, sinon du dégoût, de la majorité de l’électorat à l’égard du jeu politique.

Les scores du Front national ne sont nullement le « raz-de-marée » ni la « percée historique » que la presse toujours avide de sensationnalisme se complaît à décrire. Ils représentent certes un succès politique pour le parti d’extrême droite : ne serait-ce que, alors que les règles électorales ont été durcies puisqu’il faut à présent obtenir 12,5 % et non plus 10 % des inscrits pour se maintenir au second tour, parce que le FN s’est qualifié pour le second tour dans quelque 400 cantons, contre 276 en 2004.

Certes, les scores les plus élevés du FN ont été réalisés dans certains des cantons ouvriers du pays : Nord, Pas-de-Calais, Picardie, Doubs, etc. Mais comment tirer des enseignements précis de ces chiffres, quand on sait qu’en Alsace par exemple, dans les quartiers pauvres de Strasbourg, le FN atteint certes des scores de 28 à 30 % et plus…. mais dans des bureaux où l’abstention atteint parfois les 82 % ?
Nouvelle démagogie sociale

L’ électorat traditionnel d’extrême droite est fait de dizaines ou de centaines de milliers de petits bourgeois hargneux – commerçants, patrons de café, petits patrons, policiers, militaires en retraite ou pas, calotins traditionnalistes de tout poil – qui vouent une haine indifférenciée à tout ce que les réactionnaires du passé appelaient « l’anti-France » – syndicalistes, communistes, Noirs, Maghrébins, fonctionnaires, chômeurs, jeunes, etc. Le FN reste particulièrement implanté électoralement dans ces milieux. Par exemple lors des dernières cantonales, dans un bureau de vote de Rosny-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, dont dépend une importante caserne de gendarmerie, le FN a dépassé les 45 %. Plus parlant encore : dans un bureau de vote de Versailles, sur le plateau de Satory, où tous les inscrits sont des militaires et leurs familles, le parti de Marine Le Pen obtient 52,94 % !

Si elle est importante, dans un pays comme la France, cette frange réactionnaire de l’électorat ne permet néanmoins pas de dépasser un certain score aux élections. Si le FN veut réellement peser sur la vie politique, plus qu’il ne l’a fait jusqu’à maintenant, il doit trouver une base électorale plus large, en allant chercher des voix dans les milieux populaires, voire dans des milieux qui votent traditionnellement à gauche. C’est ce qui explique sans doute le très ostensible virage opéré dans la démagogie du Front national.

Cette politique a été testée dans le Nord, à Hénin-Beaumont, autour de la personne de Marine Le Pen, depuis 2007. La commune ouvrière d’Hénin-Beaumont, dans l’ancien bassin minier, était un terrain d’expérimentation idéal pour le Front national : décimée par le chômage et la pauvreté, Hénin-Beaumont a de plus été marquée par des scandales politico-financiers à répétition, qui ont fini par conduire le maire socialiste Gérard Dalongeville en prison, en 2009. Marine Le Pen, cette grande bourgeoise de Saint-Cloud, fille de millionnaire, qui a baptisé ses trois enfants à l’église catholique intégriste parisienne de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, a réussi à s’y faire passer pour une défenseuse des ouvriers, des pauvres et de la moralité en politique. Elle obtint, en 2009, 39,34 % des suffrages au premier tour des municipales, et 47,62 % au second tour.

Fort de ce succès, le Front national a alors entrepris une opération plus générale de séduction vis-à-vis des travailleurs. Oh, bien sûr, les vieux thèmes du Front national sont toujours là : la dénonciation haineuse des immigrés et aujourd’hui de l’islam, le discours sécuritaire, le nationalisme hystérique… Mais s’y sont ajoutées de nouvelles thématiques : Marine Le Pen se dit aujourd’hui ennemie de « l’utralibéralisme », elle s’en prend verbalement aux grands patrons et aux banquiers, elle dénonce « les profits honteux du CAC 40 », fustige les bas salaires et les suppressions de postes dans la Fonction publique. Si l’immigration est toujours dénoncée, c’est sur un ton légèrement différent : Marine Le Pen explique aujourd’hui que l’immigration est « organisée par les patrons du CAC 40 pour peser à la baisse sur les salaires des ouvriers français ». Les fonctionnaires, longtemps désignés par le FN comme des « fainéants » responsables de tous les maux du pays, sont à présent courtisés : dans une lettre et une vidéo adressées aux fonctionnaires et disponibles sur le site de ce parti, Marine Le Pen dit vouloir dissiper le « malentendu » existant entre les fonctionnaires et le Front national : voilà celui-ci devenu l’ami et le défenseur de la Fonction publique mise à mal par le gouvernement ! « Le réseau local de l’État n’est plus que l’ombre de lui-même. […] L’école est saignée à blanc […], l’hôpital public est exsangue, et nombre de professionnels de santé s’alarment des conditions de travail et d’accueil des patients. » Il n’est pas jusqu’aux privatisations qui ne soient montrées du doigt par le FN, il est vrai dans son insupportable style patriotico-lyrique : « Comment ne pas évoquer ce qui serre le cœur de tous les Français : la grande braderie de notre patrimoine national […]. La cession au secteur privé de nos trésors nationaux constitue un crime impardonnable contre le peuple de France. »

Le programme du FN a été soigneusement édulcoré de tout ce qui pouvait apparaître comme favorable aux riches. Pour être remplacé par… rien, à l’heure actuelle, puisque sur le site du FN le programme économique et social est inaccessible, ne portant que la mention : « cette partie du programme est en cours de réactualisation, merci de revenir dans quelques jours. » Il y a encore quelques mois, on y trouvait par exemple la proposition de plafonner l’impôt sur le revenu à 20 % des revenus, une sorte de super-bouclier fiscal. Ou encore celle d’en finir avec la durée légale hebdomadaire du travail ou l’âge légal de la retraite. Tout cela a été discrètement relégué aux oubliettes, permettant à Marine Le Pen d’affirmer avec aplomb qu’elle est favorable aux 35 heures ou au maintien de la retraite à 60 ans.

Dans la même veine, le FN mène une campagne pour s’attirer les sympathies des militants syndicaux, y compris ceux de la CGT, que Le Pen père a pourtant si souvent fustigée comme « crypto-soviétique ». Peu après qu’un militant de la CGT, Fabien Engelmann, eut annoncé qu’il serait candidat du FN aux cantonales, et que la CGT eut engagé, tout à fait légitimement, une procédure d’exclusion à son encontre, Bernard Thibault adressait aux différentes fédérations de son syndicat une lettre où il encourageait les militants à ne pas tolérer la présence de militants frontistes dans leurs rangs. La réponse du FN à cette lettre est instructive. Dans un communiqué d’une vingtaine de lignes où sont utilisés six fois les mots de « travailleurs » ou de « monde du travail », le FN écrit notamment : « Que monsieur Thibault se rassure, le Front national ne s’inscrit en aucune manière dans une quelconque démarche »d’entrisme". Il se trouve simplement que, de façon logique, son projet économique et social de défense et de protection des travailleurs attire un nombre croissant de Français du privé et du public, y compris au sein de la CGT. Bernard Thibault ne peut supporter que plus d’un tiers des ouvriers et des employés se tournent vers la candidature de Marine Le Pen selon les derniers sondages… À force de fréquenter les cocktails mondains, les allées du pouvoir, et de succomber à ses tentations, Bernard Thibault a perdu tout contact avec la réalité des travailleurs. »

Tout cela n’est bien sûr que de la poudre aux yeux. À la moindre occasion, le naturel reprend le dessus. De façon ridicule, comme lors du débat télévisé entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, où la première reprocha au second… de défendre ceux qui ont guillotiné Louis XVI ; ou de manière plus sérieuse, comme lors du mouvement sur les retraites de l’automne 2010, pendant lequel Marine Le Pen, tout en rompant avec la position traditionnelle du FN et en réclamant le maintien de la retraite à soixante ans, déclarait : « Ensemble, gouvernement et syndicats jettent la France dans le chaos. Voilà des semaines que la France s’installe dans le chaos, entre grève, manifestations et blocus. »

Reste que ce n’est pas la tonalité qui domine, depuis plusieurs mois. Et le discours social du FN semble porter, si l’on en croit un certain nombre de réactions entendues ou rapportées par la presse : il est peu probable qu’il y a dix ans encore on eût pu lire dans Le Monde le témoignage d’un « cégétiste » affirmant : « Je vote FN pour le social, pour la défense de la Sécurité sociale. Pas sur les immigrés. »
Un parti de démagogues, un programme à géométrie variable

Il y a donc eu une certaine évolution depuis la fondation du « Front national pour l’union française », en octobre1972. Celui qui s’autoproclame aujourd’hui, bien prétentieusement, « premier parti ouvrier de France » était, à l’origine, un ramassis de vieux vichystes sur le retour, de royalistes attardés, de quelques jeunes nazillons issus de mouvements étudiants, avec à sa tête une figure de proue en la personne de Jean-Marie Le Pen, ancien parachutiste et tortionnaire pendant la guerre d’Algérie, reconverti dans la gestion d’une maison d’édition de chants nazis.

À la présidentielle de 1974, Le Pen obtint 0,75 % des voix. Et en 1980, le Front national annonçait 270 adhérents.

C’est peu de temps après l’arrivée de Mitterrand au pouvoir que le FN entama son ascension électorale. Si ses scores nationaux restèrent d’abord modestes, les premières percées eurent lieu notamment aux élections municipales de 1983 à Dreux et dans le 20e arrondissement de Paris. Ce fut en juin 1984, aux élections européennes, que le Front national confirma sa percée, cette fois au niveau national, en obtenant 10,95 % des suffrages – soit plus de deux millions d’électeurs.

À partir de là, le parti de Le Pen s’est maintenu presque constamment au-dessus des 10 %, dans toutes les élections. En 1986, à la suite de l’introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives, il obtint 35 députés, avec des scores dépassant déjà les 20 % dans les Bouches-du-Rhône ou les Alpes-Maritimes et les 10 % dans le Nord, l’Oise, la Seine-Saint-Denis ou le Val-de-Marne.

Si les fondamentaux du FN – c’est-à-dire le nationalisme et la démagogie anti-immigrés – sont restés les mêmes depuis sa fondation, le reste du programme du parti a très largement varié, en fonction des vents dominants et des possibilités électorales. Bien loin des discours d’une Marine Le Pen, qui pose aujourd’hui à la championne de l’antilibéralisme et prétend regretter les privatisations, le FN écrivait en 1986 dans son programme : « Ce n’est pas à l’État de gérer notre économie. […] Pour entreprendre cette véritable révolution libérale, il faut désétatiser l’économie, valoriser l’entreprise et le profit. » Il s’agissait alors de supprimer l’impôt sur les plus-values et l’impôt sur la fortune, de privatiser EDF et La Poste, et de diminuer (« de 200 000 ») le nombre de fonctionnaires. Et tout le programme de Le Pen tenait dans cette formule dégoulinante de mépris, et surtout très stupide : « Lorsque les travailleurs liront les journaux économiques plutôt que les journaux de courses, quand ils joueront leur chance à la Bourse au lieu de confier leurs économies au Loto, […] alors sera enterrée la lutte des classes et rétablie la véritable solidarité nationale. »

Ce discours était bon pour les années quatre-vingt, époque où le FN visait essentiellement le milieu des petits patrons et petits commerçants. Opération réussie : à l’élection présidentielle de 1988, le FN arriva largement en tête dans cette catégorie. C’est ensuite, au début des années quatre-vingt-dix, que le parti d’extrême droite, très largement aidé, nous y reviendrons, par les passages de la gauche au pouvoir et ses innombrables trahisons des espoirs et des intérêts des travailleurs, commença à mordre sur l’électorat ouvrier. Au soir du premier tour de 2002, pour donner le ton de sa campagne pour le second, Le Pen lançait à la télévision : « N’ayez pas peur de rêver, vous les petits, les sans-grade, les exclus, […] vous les mineurs, les métallos, les ouvrières et les ouvriers de toutes les industries ruinées par l’euromondialisme… »

Le Front national, depuis, n’a jamais cessé de faire mine de s’adresser aux plus démunis, et il le fait plus que jamais aujourd’hui. Cela ne représente évidemment pas un changement dans la nature de ce parti ni dans son idéologie : ce qui caractérise les démagogues, c’est précisément d’être capables d’adapter leurs discours aux besoins de la cause en toutes circonstances. Le discours du FN répond tout à fait à une formule utilisée par Trotsky dans les années trente, à propos d’autres démagogues – les fascistes : il est « le fruit de l’acoustique oratoire ». L’orateur lance des idées, n’importe quelles idées, et ne reprend que ce que l’écho lui renvoie, c’est-à-dire ce qui fait mouche. Même si le FN a abandonné aujourd’hui en grande partie ses discours haineux contre les syndicalistes, même s’il ne dit plus, publiquement du moins, qu’il est contre le droit de grève et le salaire minimum, cela ne signifie pas qu’il ait changé de nature mais uniquement qu’il a besoin des votes populaires. Cela ne change rien au fait que le Front national reste ce qu’il est : un parti bourgeois, viscéralement antiouvrier, et porteur de dangers mortels pour le monde du travail.

Mais contrairement à ce que prétend la gauche, le combat contre le Front national ne se fera pas sur le terrain électoral. Et encore moins en donnant ses voix à cette gauche gouvernementale, qui est en grande partie responsable de l’ascension de l’extrême droite.
Les responsabilités écrasantes de la gauche…

Ce n’est évidemment pas par hasard si le Front national a démarré son ascension peu après l’arrivée au pouvoir du PS et du PC, et surtout après le « tournant de la rigueur » de l’été 1982, lorsque le Premier ministre Mauroy lança une série de réformes violemment antiouvrières. C’est sur le terreau de la déception profonde causée par cette politique qu’a prospéré le Front national.

Oh, ce n’est pas, comme le prétend une presse toujours désireuse de mettre la poussée de l’extrême droite sur le dos des ouvriers, que les membres du PC soient massivement passés au FN. Pas plus, comme le prétendent les mêmes, à cause des manœuvres de Mitterrand pour « favoriser » le Front national afin de faire éclater la droite. Croire que l’émergence de courants d’opinion importants dans la société est le fait de ce genre de tripatouillages est une vision stupide de la politique.

En revanche, la profonde déception provoquée par l’action du gouvernement de gauche à partir de 1982 a détourné bon nombre de militants ouvriers de la politique : cette déception a été à la mesure de l’espoir, pour tous ceux qui avaient cru, en 1981, que Mitterrand allait « changer la vie ». De très nombreux militants, à qui leur direction n’avait pas donné d’autre objectif depuis des décennies que de porter la gauche au pouvoir grâce au bulletin de vote, se sont retrouvés totalement déboussolés et privés de toute perspective lorsque cette même gauche, une fois aux affaires, les trahit lamentablement, et toute la classe ouvrière avec.

Cette déception a fait rendre leur carte du PC et du PS – quant ce n’était pas déchirer leur carte électorale – à des dizaines de milliers de militants. Beaucoup de ces militants, qui constituaient naguère un réseau dense dans les entreprises et les quartiers populaires, ont peu à peu abandonné le combat, cessé de défendre leurs idées, cessé de se battre au quotidien contre les idées réactionnaires ou racistes. Des racistes, des sympathisants de l’extrême droite, il y en a toujours eu dans les milieux ouvriers, en particulier dans les milieux professionnels et la petite maîtrise. Il y en avait notamment dans les régions où le petit patronat, qui travaille parfois à côté des ouvriers, donne le ton et distille sans entrave sa vision de la société. Mais pendant longtemps, dans beaucoup d’entreprises et de quartiers, ils trouvaient sur leur chemin des militants de gauche, en particulier ceux du Parti communiste, qui en prenaient le contrepied, qui les combattaient au jour le jour, qui les ostracisaient. Sans compter que la présence militante des militants du PC contribuait à forger un minimum de conscience politique parmi les travailleurs. Certes, le PCF lui-même a véhiculé bien des idées réactionnaires – nous y reviendrons – mais il n’a pas véhiculé seulement cela. À travers nombre d’associations sportives, culturelles, voire caritatives, le PCF réussissait à créer un tissu de liens humains et sociaux qui n’était pas favorable à l’émergence d’idées d’extrême droite.

Lorsque cette présence militante du PC a commencé à décroître, les idées réactionnaires et ceux qui les portaient ont relevé la tête et se sont engouffrés dans le boulevard qui leur était ouvert.

Et ce sont les politiciens qui ont aujourd’hui des grimaces de dégoût, lorsqu’ils évoquent les pauvres qui votent pour le FN, qui ont de quoi inspirer du dégoût. Qui a laissé les patrons fermer des milliers d’usines, et ruiner des régions entières ? Qui a privé les travailleurs de toute perspective politique, en affirmant, comme le fit Jospin en 1999, que l’État ne pouvait rien face aux licenciements ? Qui a laissé le chômage se développer, jusqu’à peser profondément sur la vie de tous dans les milieux populaires ? Qui a laissé la misère s’étendre peu à peu, jusqu’à devenir un cancer qui ronge toute la société, qui modifie les rapports sociaux et les rapports humains, qui pousse les travailleurs vers le chacun pour soi et la haine des plus pauvres que soi ? Qui a laissé les quartiers populaires à l’abandon, les transformant en ghettos pour pauvres livrés à la violence des bandes de petits et grands voyous ? Ce sont les gouvernements qui se sont succédé depuis trente ans, et en particulier les gouvernements de gauche, qui ont trompé et déçu les travailleurs. Pendant des décennies, les militants du PC et du PS se sont échinés à expliquer que les transformations sociales ne viendraient plus des luttes mais des élections ; puis, ces partis ont montré que, même élus, ils n’avaient finalement rien à apporter aux travailleurs. Avant enfin, en 2002, de les faire voter pour Jacques Chirac.

Au fil des années s’est donc répandue la conviction que la gauche et la droite sont les deux faces d’une même pièce. C’est ce constat que le FN exprime aujourd’hui par la formule « en finir avec l’UMPS »… pour le détourner à son usage électoral en le réduisant à l’expression « Tous pourris ».

La tactique des « Fronts républicains », tant vantée par la gauche, renforce d’ailleurs ce sentiment, et donne aux électeurs tentés par le FN l’impression qu’en effet il faut que ce parti soit bien différent des autres pour que tous s’allient contre lui [1]
… même sur le terrain de la xénophobie

De plus, il n’y a pas que la droite parlementaire pour partager avec l’extrême droite la démagogie xénophobe et les discours contre les travailleurs immigrés.

Les dignitaires de la gauche au pouvoir y sont bien souvent allés de leur petite phrase pour dire, eux aussi, que l’immigration était tout de même « un problème », et tenter ainsi de récupérer quelques voix à Le Pen. Cela a commencé très tôt dans les années quatre-vingt, avec la petite infamie du Premier ministre Mauroy disant, à propos des immigrés grévistes dans plusieurs usines de l’automobile, au début de 1983 : « Les principales difficultés qui demeurent sont posées par des travailleurs immigrés dont je ne méconnais pas les problèmes, mais qui, il me faut bien le constater, sont agités par des groupes religieux et politiques qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises. » Par la suite, bien d’autres ont rajouté leur petite touche : François Mitterrand lui-même, expliquant en décembre 1989, en parlant de l’immigration, que « le seuil de tolérance a été atteint dans les années soixante-dix » ; Michel Rocard, déclarant en janvier 1990 que « le temps de l’accueil de la main-d’œuvre étrangère est désormais révolu […] nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde » ; Édith Cresson, Premier ministre, qui osa répondre en 1991, lorsqu’on lui reprocha d’avoir remis au goût du jour les « charters » de Pasqua pour expulser les clandestins : « Les charters, ce sont des gens qui partent en vacances avec des prix inférieurs. Là, ce sera totalement gratuit et ce ne sera pas pour des vacances. » Sans oublier le ministre de l’Intérieur de Jospin, Jean-Pierre Chevènement, qui justifiait en 1999 la publication d’une circulaire rouvrant la chasse aux sans-papiers en déclarant : « L’activité en matière d’éloignement des étrangers se situe à un niveau anormalement bas. […] J’attache du prix à ce que, dans les derniers mois de 1999, une augmentation significative du nombre d’éloignements effectifs intervienne. »

Quant au PCF, sa responsabilité est d’un autre type, parce qu’il a une influence bien plus importante sur la classe ouvrière que le PS. Si aujourd’hui toute une partie de la classe ouvrière peut se revendiquer, sans y voir de problème, d’un nationalisme affiché, c’est bien parce que le PCF, depuis des décennies, a lui-même milité dans ce sens, en réintroduisant dans la classe ouvrière le poison du nationalisme que le mouvement ouvrier, jusqu’aux années trente, avait toujours combattu. Ce n’est pas l’extrême droite qui a écrit : « Beaucoup étaient avec nous, avec tous les bons Français, dans le combat pour la liberté et pour la France. Le sang des catholiques, des communistes, des Français et des Françaises de tous les partis et de toutes les croyances, le sang de tous nos martyrs a fécondé notre sol et scellé notre unité nationale. » C’est le stalinien Maurice Thorez, en 1946. Plus tard, dans les années quatre-vingt, le PCF axa ses campagnes électorales sur le slogan « Produire et consommer français ! » Ce sont de telles insanités qui ont été répétées et répétées encore par le PC pendant des décennies, faisant de cet infect chauvinisme une banalité communément admise et reprise chez les militants ouvriers. À tous ceux que ce slogan Produire français a convaincus, il ne restait plus à un Le Pen que de rajouter, ce qu’il ne se priva pas de faire : « … avec des Français."

Le PCF a même apporté sa petite pierre à la banalisation de la xénophobie. C’est ainsi que Marine Le Pen ne rate aujourd’hui pas une occasion de lire un texte de Georges Marchais écrit en 1981, après que le maire PC de Vitry-sur-Seine, Paul Mercieca, eut fait raser au bulldozer un foyer de travailleurs africains : « Oui, écrivait le secrétaire général du PCF de l’époque, la vérité des faits me conduit à approuver, sans réserve, la riposte de mon ami Paul Mercieca. Plus généralement, j’approuve son refus de laisser s’accroitre dans sa commune le nombre, déjà élevé, de travailleurs immigrés. En raison de la présence en France de 4 millions et demi de travailleurs immigrés et de membres de leurs familles, la poursuite de l’immigration pose aujourd’hui de graves problèmes. […] La cote d’alerte est atteinte. […] C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage. Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine. »

Et en 1991 encore, un tract diffusé par le PCF et émanant du Comité central disait, entre autres : « L’immigration est-elle devenue aujourd’hui un vrai problème ? Notre réponse est OUI. […] Alors que toute immigration nouvelle aurait dû être arrêtée depuis longtemps (les communistes le disent depuis 1974), une immigration clandestine est organisée au mépris de la loi. […] La France peut-elle continuer à accueillir de nouveaux immigrés ? Non. » Et plus loin : « Le respect de la tranquillité des gens, des traditions et du mode de vie français – puisque nous sommes en France –, des droits et devoirs de la vie en commun est une exigence qui s’impose à tous et qui ne souffre aucune exception. »
Un vote de protestation… pour l’instant

Où en est-on aujourd’hui ?

La démoralisation, la montée de la pauvreté et du chômage, la banalisation des arguments contre les immigrés, sont autant de facteurs qui ont contribué à faire monter le vote Le Pen, y compris dans les milieux populaires. Pour autant, il ne semble pas qu’il y ait aujourd’hui un véritable électorat Front national dans la classe ouvrière – au sens d’un électorat stable, qui serait enraciné, convaincu, régulier. Les fluctuations du vote pour le FN le prouvent, et en particulier le fait qu’une partie de son électorat s’est reportée au fil des différents scrutins ou sur Sarkozy, ou sur l’abstention. L’immense majorité de ceux qui votent Le Pen aujourd’hui le font non par conviction, mais par dégoût des grands partis qui se succèdent au pouvoir.

Voter Le Pen apparaît à un certain nombre d’électeurs désorientés comme un moyen de dire son ras-le-bol, avec l’espoir que cela contrarie une classe politique détestée. C’est le symptôme d’un manque absolu de conscience et d’une profonde démoralisation, mais pas celui d’une adhésion massive des milieux populaires aux idées de l’extrême droite.

C’est d’ailleurs l’un des terrains sur lesquels il est possible de discuter concrètement avec les travailleurs tentés par le vote FN : celui-ci, comme tous les autres, n’a d’autres perspectives à offrir aux travailleurs que d’aller mettre un bulletin dans une urne et d’attendre que le sauveur suprême (en l’occurrence la sauveuse) agisse à leur place. Après avoir été convaincus de voter Mitterrand, puis Jospin, puis Chirac, puis Sarkozy qui, un moment, s’est fait passer pour l’ami des ouvriers, des travailleurs se laissent convaincre de voter aujourd’hui pour Marine Le Pen. Voter, et seulement voter ! Car si Marine Le Pen dénonce les bas salaires, ou la hausse des prix, ou le manque de logements, elle ne propose pas et ne proposera jamais aux travailleurs de lutter pour régler le problème eux-mêmes en s’en prenant aux intérêts des capitalistes. Le tract national du FN pour les élections cantonales affichait un bandeau disant : « Râler, c’est bien. Voter, c’est mieux ! » Et le texte de Le Pen se concluait par : « Votre seule arme, c’est le bulletin de vote. » Comme tous les autres politiciens de leur espèce, les dirigeants du Front national ont comme principale préoccupation de cacher aux travailleurs que le bulletin de vote n’a jamais permis de changer leur sort, et que leur seule arme, c’est la lutte et la grève. C’est toute la difficulté de la position du Front national, qui cherche à rallier les voix des démunis, tout en ne heurtant pas son électorat traditionnel de petits patrons et commerçants.

Le vote pour le Front national n’est nullement un vote « contre le système », et s’il peut ennuyer des politiciens d’autres partis, c’est uniquement parce qu’ils risquent d’y perdre leur place. La bourgeoisie en revanche n’a rien à craindre du Front national, bien au contraire : elle ne peut que regarder avec satisfaction les ouvriers se diviser entre eux, les Français s’en prenant aux immigrés plutôt qu’à elle.

Et il nous appartient aussi de dire et expliquer que répondre au Front national sur le terrain électoral, c’est-à-dire en se contentant de « voter à gauche », non seulement ne réglera pas le problème mais pourrait bien l’aggraver. Les dirigeants du Parti socialiste, tout comme ceux de l’UMP, sont des pantins au service de la bourgeoisie, et ils feront en 2012, s’ils sont élus, ce que celle-ci exigera d’eux. La politique antiouvrière d’un Strauss-Kahn futur président sera peut-être encore pire que celle de Sarkozy, il n’est que de regarder la politique actuelle des socialistes grecs contre le monde du travail pour s’en convaincre. C’est cette politique qui fait le lit du vote FN, et peut-être d’autres dangers encore plus graves à l’avenir.
Un courant porteur de dangers mortels

Le FN n’est pour l’instant ni un parti fasciste ni même un parti profondément différent de l’UMP, parce qu’il n’intervient que dans le cadre électoral, et ne s’en prend physiquement ni aux militants ouvriers, ni aux travailleurs immigrés, ni aux grèves et aux grévistes.

Si Marine Le Pen était associée au pouvoir, elle oublierait sa démagogie « sociale » aussi vite que l’a fait Sarkozy après 2007, et mènerait une politique qui ressemblerait à celle de l’UMP, en pire. En pire, parce que certainement plus brutale, plus cynique encore, plus violemment tournée contre les chômeurs, les travailleurs immigrés clandestins ou pas, et au final la classe ouvrière dans son ensemble. Prétendre, comme le fait la propagande du FN, que Marine Le Pen aurait une politique « contre le système », est un mensonge de politicienne.

Ce qui n’empêche pas que la montée et la banalisation des idées de Le Pen représentent un danger grave pour le monde du travail.

D’abord parce qu’elles contribuent à distiller dans toute la société des idées profondément réactionnaires et nauséabondes, qui pèsent sur tout le discours dominant et en particulier sur la politique menée par la droite au gouvernement.

Mais surtout, en ce qui concerne le mouvement ouvrier, parce que la propagande de ce parti est fondée sur la division entre les travailleurs, sur la volonté que les travailleurs français s’en prennent aux travailleurs immigrés. Il n’est pas dit que demain, le FN – ou un autre parti qui naîtra sur sa droite – ne passera pas des discours aux actes et ne se mettra pas à organiser des ratonnades et des attaques physiques contre les travailleurs immigrés dans les entreprises ou dans les quartiers.

La situation peut évoluer dans ce sens dans les mois et les années à venir. Peut-être a-t-elle même déjà commencé à le faire, sans que l’on puisse encore le mesurer. Si cela venait à arriver (et l’approfondissement de la crise est un facteur qui rend possible une telle évolution), si une partie croissante de la petite bourgeoisie était frappée par la crise, sa frange réactionnaire poussée vers l’appauvrissement pourrait avoir envie de « tout casser » et fournir une base sociale à des bandes qui, au nom des idées propagées par le Front national mais aussi, faut-il le rappeler, par les ténors de l’UMP, s’en prendraient physiquement aux immigrés, peut-être aux chômeurs pour les forcer à accepter de travailler pour un demi ou un quart de salaire, aux grévistes de la SNCF, aux militants syndicaux ou communistes.

C’est la raison pour laquelle tous ceux qui, dans les classes exploitées, adhèrent aujourd’hui aux idées du Front national tissent un brin de la corde qui servira peut-être demain à les pendre.

L’avenir dépend cependant surtout de la rapidité avec laquelle le monde du travail surmontera les déceptions du passé, reprendra confiance en lui-même, et retrouvera le chemin de la lutte collective. Car alors, il saura aussi renouer avec les valeurs propres à la classe ouvrière : celles de la lutte de classe, de la lutte pour l’émancipation de la classe ouvrière, l’expropriation de la bourgeoisie, le renversement de l’organisation capitaliste de la société.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 08 Mai 2011, 00:18

OFFENSIVE ANTISYNDICALE DU FN : NOUVEAU ROUND Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 100 (28/04/11)

Fabien Engelmann, Annie Lemahieu, Franck Pech, Daniel Durand-Decaudin. Point commun : syndiqués ou syndicalistes, respectivement à la CGT, FO, SUD et la CFDT. Et surtout candidatEs sur des listes Front national lors des dernières élections cantonales. Ces candidatures ont à juste titre provoqué l’étonnement : comment peut-on appartenir (depuis excluEs ou en passe de l’être) à des organisations qui défendent des valeurs de solidarité, marquées (plus ou moins) à gauche, et porter les couleurs du FN, formation aux discours et programme racistes, xénophobes et antisociaux ? Basculement de franges entières du mouvement syndical ? Entrisme, ou simple coup médiatique orchestré par le FN ?

Le fait est que ces « coming-out » ne font qu’illustrer un phénomène constant depuis une quinzaine d’années : la porosité croissante du monde du travail, y compris de franges du mouvement syndical, avec les idées les plus réactionnaires incarnées par le FN. Comment s’en étonner, dans un contexte de crise face à laquelle aucun projet de société émancipateur n’apparaît crédible aux yeux des classes populaires, et où la politique raciste d’un gouvernement engagé dans une surenchère vis-à-vis du FN ne fait que le légitimer et le banaliser un peu plus ?
Déjà en 2002, 30 % des ouvriers (et 17 % des salariés), 38 % des chômeurs avaient donné leur voix à Jean-Marie Le Pen. Neuf ans plus tard, l’étude des résultats des cantonales confirme cette tendance. Elle montre aussi que le niveau d’organisation de la classe et l’influence des syndicats joue un rôle immunitaire (relatif) face au vote FN : 3 % des sympathisants SUD, 6 % des sympathisants CGT, 8 % des sympathisants CFDT… mais aussi 15 % des sympathisants de FO ont voté FN1. Ce qui pose évidemment question : autant concernant l’orientation et l’affaiblissement des référents idéologiques « traditionnels » au sein de ces organisations ; mais aussi la nécessité de les renforcer comme autant de remparts dans la période réactionnaire actuelle.

L’influence (idéologique) du FN au sein même des organisations syndicales n’est donc pas nouvelle. En quête de « dédiabolisation », il a ici employé une de ses plus vieilles recettes : la victimisation. L’exclusion des « syndicalistes » frontistes, d’autant plus prévisible que le même coup avait été tenté au milieu des années 19902, a permis au FN de crier à la discrimination envers ses militants3… et, à travers eux, des travailleurs (français) qui ne seraient plus défendus par leurs organisations, partie intégrante du « système » face auquel le FN s’autoproclame seul opposant et alternative. à défaut de pouvoir intégrer publiquement ces organisations, le FN crée les siennes. Tout d’abord en fondant le Cercle national de défense des travailleurs syndiqués (entendez par là les candidats frontistes exclus de leurs syndicats « en violation des principes démocratiques »), puis en annonçant lors de l’entre-deux tours des cantonales par la voix de Marine Le Pen « d’ici quelques semaines la création, dans tous les secteurs où il sera possible de le faire, des syndicats libres qui accepteront en leur sein des candidats, des électeurs ou des représentants du FN. »

Coup de bluff ? Dans tous les cas, les organisations qui se réclament de la défense des intérêts du monde du travail ne peuvent faire l’économie d’un effort accru dans la lutte contre le FN, dans leurs propres rangs bien évidemment, et au-delà. On ne peut que se féliciter de l’exclusion de la CGT de Fabien Engelmann et de ses comparses, et de la réaction de cette confédération4. C’était bien le moins5. La déclaration de l’intersyndicale du 17 mars intitulée « La préférence nationale n’est pas compatible avec le syndicalisme »6 est un premier pas dans le sens d’une remobilisation face à l’extrême droite. Le principe de la préférence nationale (clef de voûte du programme du FN, proposition autour de laquelle s’articule sa xénophobie et son racisme) doit être dénoncé, et le racisme combattu.

Mais la lutte contre le FN ne saurait se résumer à la seule construction d’un indispensable mouvement antiraciste (qui devra avant tout répondre pied à pied à la politique gouvernementale), et dans lequel les syndicats doivent jouer un rôle crucial. L’appel à la mobilisation « D’ailleurs nous sommes d’ici » le 28 mai est une échéance centrale dans cette perspective. En luttant aux côtés des travailleurs sans papiers pour leur régularisation, en luttant contre toutes les formes de racisme (et notamment l’islamophobie actuelle) et les discriminations, en développant les luttes transnationales…

Les révolutions arabes dans lesquelles les travailleurs jouent un rôle important, tout comme les luttes en cours contre les plans d’austérité dans différents pays européens, sont une occasion de construire une solidarité internationaliste qui sape les bases d’un repli nationaliste que le FN appelle de ses vœux. Il s’agit également, tout en défendant un programme et une stratégie anticapitalistes seuls à même de répondre aux attentes de la population dans ce contexte de crise, de dénoncer spécifiquement le FN pour ce qu’il est : un ennemi mortel du monde du travail et de ses organisations, auquel on ne saurait laisser le moindre espace.

Alexandre Timbaud

1. Voir l’enquête « Vote au 1er tour des élections cantonales de mars 2011 selon la proximité syndicale », réalisé par Harris Interactive, le 20 mars 2011.
2. Après avoir « infiltré » des militants au sein de la CFE-CGC et de la CFTC, qui en avaient été exclus, le FN avait en 1996 lançé ses propres « syndicats » (FN-Police, FN-Pénitentiaire…) qui avaient été dissous par la justice pour non-respect des valeurs républicaines.
3. Voir le communiqué du FN du 4 avril 2011 intitulé « Non aux purges antirépublicaines dans les syndicats ».
4. Face à la provocation d’Engelmann et du FN qui appelaient à la tenue d’une conférence de presse le 28 mars devant le siège de la CGT, celle-ci a appelé ses militantEs à un rassemblement qui a réuni plus d’un millier de personnes.
5. Le plus inquiétant dans cette affaire étant la réaction de la section syndicale d’Engelmann, dont les 26 membres votèrent contre son exclusion, obligeant la confédération à lancer une procédure d’exclusion via la fédération nationale.
6. à laquelle FO ne s’est pas associée, préférant dans le cas qui la concernait ne dénoncer que son « indépendance par rapport aux partis politiques bafouée ». Les 15 % de ses sympathisants qui votent FN n’inquiètent-ils pas cette centrale ?
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 09 Mai 2011, 20:42

Front National et désindustrialisation : quand les cadres commerciaux et les administrateurs de sociétés diffent à la sortie des usines…

Ces derniers jours, deux cadres du Front National local (Laurent Brice et Christophe Szczurek) ainsi que trois militants de base, ont distribué des tracts à la sortie de deux usines : la Française de Mécanique (FM) à Douvrin, et Apéram à Isbergues, une filiale d’Arcelor-Mittal qui produit de l’acier inox.

Ces deux sites industriels n’ont pas été choisis par hasard : à Apéram c’est la suppression de 250 postes qui est annoncée avec la mise en sommeil de la tôlerie « classique » au profit de la tôlerie « moderne ». A la FM, détenue à 50/50 par Renault et PSA, des licenciements sont à craindre car Renault a annoncé la délocalisation de la production de ses moteurs légers en Espagne et en Roumanie.

Pour marquer le coup, deux vidéos (manifestement filmées en douce) ont été exhibées sur internet comme des trophées, le but étant de montrer que les militants du FN sont bien accueillis par les ouvriers.

En fait tout ce qu’on voit sur les vidéos, c’est que les ouvriers sont polis, et qu’ils acceptent tous le tract sans le regarder pour (éventuellement) le lire plus tard. Les seules réactions suscitées sont un « merci » pour quelques dizaines de tracts, et une petite conversation entre deux ouvriers qui fait:

- « Aaah les papiers, les papiers… Front Nationaaaal…woaaaaah… » (en mode mou)
-«Faut trouver une solution! »
-«Front National, ***** tu déconnes! »

Bref, quand on pense que ces vidéos sont des morceaux choisis, on se dit que ces tractages de sortie d’usine n’ont quand même rien de triomphal. De plus, les cadres locaux du FN ne sont pas les mieux placés pour s’adresser aux ouvriers : Laurent Brice, qui avait revêtu une chemise à carreaux et des santiags pour l’occasion, est cadre commercial (tout comme Steeve Briois, secrétaire général du FN ). Quant à Christophe Szczurek, qui s’est fait les dents au FNJ, il exerce la profession de… administrateur de sociétés!! Pas étonnant donc qu’ils s’entourent de militants de base pour aller tracter aux usines, car seuls ils disposent de zéro crédibilité auprès des ouvriers…

Toutefois il ne faut pas se voiler la face : le discours du Front National sur les délocalisations et la désindustrialisation rencontre un réel écho chez une partie de la classe ouvrière, qui subit de plein fouet les effets de la crise du capitalisme. Les salariés directement menacés par des plans sociaux sont donc une cible de choix pour le FN, qui compte sur l’adhésion des ouvriers à son projet au service de l’impérialisme.

Le FN a pour habitude de calibrer ses tracts en fonction du public visé : quand les tracts s’adressent à la petite bourgeoisie, (son véritable « coeur de cible »), outre l’immigration il sera surtout question de fiscalité, de soutien aux PME, à l’artisanat, etc… Mais dans le cas qui nous intéresse, les tracts sont destinés aux ouvriers, ils parlent donc de sujets qui concernent les ouvriers : les délocalisations, le travail salarié, la concurrence internationale. Le projet fasciste, au fur et à mesure qu’il avance, a besoin de mobiliser les masses de la manière la plus large possible sous la bannière du nationalisme.

Que dit le tract?

« Ne laissons pas mourir nos industries, avec Marine le Pen, remettons l’économie au service des Français ! » ou encore « Délocalisations = licenciements, une seule solution : la Nation ! »

En réalité le FN n’a que faire des intérêts des ouvriers, son objectif est au contraire de casser la solidarité ouvrière internationale et de présenter le nationalisme comme une forme de solidarité interclassiste : « Après nous, le déluge, et les autres n’ont qu’à crever », ce slogan pourrait être une simplification, certes caricaturale, du discours nationaliste frontiste.

Le FN feint d’ignorer que le « mondialisme » qu’il passe son temps à décrier n’existe pas tel qu’il le définit. Ce qui existe en réalité, c’est la circulation des capitaux dans une économie mondiale capitaliste parvenue à son stade impérialiste. Cette circulation des capitaux ne ressemble pas à un maillage dense et harmonieux, elle est au contraire totalement asymétrique et s’effectue essentiellement entre les puissances impérialistes et quelques pays industrialisés.

Dans ce contexte mondial, la France est un pays impérialiste extrêmement riche et puissant. L’exploitation des travailleurs et des ressources naturelles d’autres pays, ainsi que la conquête de nouveaux marchés locaux, est une énorme source de profit pour la classe capitaliste. Le FN prétend expliquer aux masses qui souffrent de la crise économique que la France est le petit Caliméro des pays industrialisés : en réalité, « l’intérêt supérieur de la nation française » ne peut pas exister, car le prolétariat et la classe capitaliste ont des intérêts totalement irréconciliables !

« Pour les élus FN, le moyen de sauver nos emplois est que les pouvoirs publics trouvent le courage de mettre le secteur économique au pas. Il faut rendre l’économie aux Français, la remettre au service de notre pays en retrouvant notre souveraineté nationale, notre monnaie et nos frontières. »

Mais dans une économie capitaliste, ce ne sont pas les institutions politiques qui mettent le secteur économique au pas : au contraire, c’est l’économie qui détermine le fonctionnement du système politique. Quand elle provient du Front National, cette défense d’un état planificateur ne peut signifier qu’une seule chose : l’expression de l’impérialisme le plus agressif, et donc la tendance à la guerre. La défense de l’emploi n’est qu’un argument destiné à mobiliser le prolétariat dans cette optique chauvine : c’est l’indispensable volet social du projet fasciste.

Le FN tient le « mondialisme » pour responsable de la désindustrialisation de la France, mais il n’a jamais cessé de plaider pour la défense des intérêts de la France à l’étranger (que ce soit au sujet d’Airbus, de l’indépendance énergétique, de l’approvisionnement en uranium ou en nickel, de l’intervention militaire dans les zones présentant un intérêt stratégique, etc. etc…) Le Front National a toujours tenu des propos très agressifs en matière de politique étrangère, et ses idéologues savent très bien que la France n’est pas l’île de Robinson Crusoé, que sa puissance dépend du pillage de ressources à une échelle internationale.

De plus, l’argumentaire du FN occulte le fait que la désindustrialisation trouve davantage ses causes dans les gains de productivité, que dans la concurrence internationale et les délocalisations. Mais cela, le FN ne peut pas le dire, car sa raison d’être n’est pas de faire la critique du capitalisme.

« Il est urgent de lancer un vaste plan de réindustrialisation de la France, car un pays qui ne produit rien de concret est un pays condamné. »

Cette phrase est certainement la plus réussie de tout le tract : elle pourrait exercer une étrange fascination sur toute personne qui a du mal à envisager une société « tertiaire » où aurait disparu toute activité productive, tout travail de transformation de la matière. Elle parle directement aux prolétaires qui font l’expérience au quotidien de l’exploitation, de la précarité et du chômage.

Même si cette phrase est surtout lyrique, ses implications réelles sont effrayantes. Car en quoi pourrait consister ce vaste plan de ré-industrialisation assisté par un état planificateur ? Un développement des secteurs du nucléaire ? De l’armement ? De l’industrie navale et aérienne de défense ? C’est de la production concrète, mais ça ne présage rien de bon pour le bien-être des masses. Par contre cela ferait certainement le bonheur de EADS, Dassault, Alstom, Areva, Thalès, Safran, SNPE, DCNS et Nexter (ex-GIAT industries)… Ces entreprises sont toutes spécialisées dans le secteur de l’armement, et elles présentent un avantage : l’état détient déjà une partie de leur capital!

***
Nous aussi, nous voulons produire du concret, mais pas n’importe quoi ! La production est au cœur des sociétés humaines, c’est elle qui détermine les conditions de notre existence. Nous voulons que tout le monde sans exception puisse travailler, produire et avoir une vie épanouie. Nous pensons que cela est possible sans détruire la nature, sans exploiter les êtres vivants. Cette société que nous voulons, les fascistes ne peuvent que la fantasmer, car leur projet est un projet de guerre, d’exploitation et de mort.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 11 Mai 2011, 22:40



Image

Le traditionnel défilé en l’honneur de Jeanne d’Arc a donné un aperçu du nouveau visage que veut montrer le FN. Celui d’une jeune garde relookée en “bleu Marine”, comme pour mieux cacher l’image embarrassante des skinheads.
Marketing politique
Où sont passés les phalanges d’anciens combattants qui défilaient le long de la rue de Rivoli à la gloire de Jeanne d’Arc ? Avec le temps, les rangs des anciens combattants se sont clairsemés, mais surtout, leur chef de file, Roger Holeindre, un des piliers du FN depuis sa création en 1972 a claqué la porte, après le congrès de Tours. Jeanne d’Arc, elle aussi, a failli ne pas être invitée à sa propre commémoration. A la surprise générale, “Sainte Jeanne” était absente de la première affiche du 1er mai. Devant la bronca des tradis, Marine Le Pen s’est dépêchée de rectifier le tir avec une deuxième affiche plus conventionnelle.

Mais quelque chose nous dit que les temps ont changé au FN. Ce 1er mai a donné l’occasion de préciser le relooking des troupes. Au pied des marches de l’opéra Garnier, des jeunes bénévoles, ceints de t-shirts aux couleurs bleu marine, distribuent drapeaux et t-shirts floqués du slogan “France, Bleu, Marine”. En choeur, ils chantent à tue-tête leurs louanges à destination de leur égérie “Marine présidente”, “France, Marine, Liberté”. Et crient leur besoin de “révolution”.

Cachez les skinheads !
En marge du rassemblement, quelques crânes rasés sont discrètement mis à l’écart par les services de sécurité. La présidente du FN en avait décidé ainsi en diffusant une circulaire interne auprès des secrétaires départementaux pour empêcher d’emmener dans leurs bagages “des personnes habillées en tenues folkloriques (treillis-rangers ou autres skinheads).” Les skins les plus conciliants acceptent d’enfiler un t-shirt pour se fondre dans la masse. Au FN, on pense que l’habit peut faire le moine.

Le FN version 2011 est donc plus soft. Fini les écarts de conduite, on en restera aux écarts verbaux. Ça, c’est le job de Marine. A la tribune, dans un discours habillée d’une couche de sociale, elle enjoint ses partisans à recouvrir “la liberté” et leur promet de les “libérer de leurs chaînes” pour recouvrer “la liberté perdue”. Les ennemis de cette liberté sont comme d’habitude les journalistes, vecteurs de la “pensée unique”, affirme-t-elle. Un refrain repris par quelques manifestants, qui n’ont pas hésité à nous traiter de “collabo”. Est-ce si étonnant quand on sait que Marine Le Pen entend incarner “la France Libre”?

Laurent Galinon
Image: Vivien Chareyre
Montage : Laurent et Vivien
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 12 Mai 2011, 20:17

Retour sur un pseudo buzz : Complément d'enquête consacré à la Présidentielle : la tentation de l'extrême droite

Ce lundi soir, Benoît Duquesne présente un nouveau numéro de Complément d'enquête dès 22h05 sur France 2. Sommaire

Présidentielle : la tentation de l'extrême droite

A un an de l'élection Présidentielle, quel rôle pour l'extrême droite, quelle place pour Marine Le Pen ? Toujours très bien située dans les sondages, elle a su remettre son parti au centre du débat politique et tente aujourd'hui de donner au Front National un nouveau visage. Ses idées semblent inspirer jusqu'au sommet de l'Etat... Après les déclarations de Claude Guéant sur l'immigration, c'est désormais le gouvernement et l'UMP qui donnent l'impression de courir derrière les propositions du FN. Comment récupérer ses électeurs de plus en plus nombreux ? Quelle stratégie adopter face à Marine Le Pen dans la perspective de la Présidentielle ? Complément d'enquête sur celle qui peut faire trébucher l'Elysée. Qui est vraiment Marine Le Pen ? Pourquoi séduit-elle les victimes de la crise et les déçus du sarkozysme ? Pourra-t-elle faire du FN un parti comme un autre ? Avec comme invités :
- Jean François Copé, Secrétaire général de l’UMP
- Marine Le Pen, Présidente du Front National
- Dominique Reynié, politologue, Directeur général de la Fondation pour l’innovation Politique
- Caroline Fourest, journaliste et essayiste

Les reportages :

Marine à l’abordage !

En déclarant que la shoah est "la plus grande tragédie de l'histoire contemporaine", Marine Le Pen a voulu se démarquer de son père et séduire un nouvel électorat. Portrait de la nouvelle chef de l'extrême droite Française qui depuis le mois de janvier polit l’image de son parti et exclut les militants néofascistes.

Guéant monte au front

Après des années passées dans l'ombre de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, nouveau ministre de l'Intérieur, s'est fait remarquer par ses déclarations fracassantes : « Les Français ont parfois l’impression de ne plus être chez eux », « L’accroissement du nombre de Musulmans pose problème». Reportage avec Claude Guéant et dans les allées du pouvoir où, pour contrer l'ascension de Marine Le Pen, des conseillers venus d'extrême droite ont l'oreille du Président.

Que sont les skins devenus ?

Crânes rasés, blousons noirs et rangers... Hier, dimanche 8 mai, des centaines de skin-heads, de néo-fascistes et d'ultra nationalistes marchaient dans Paris. Ils avaient disparu du paysage, on les croyait passés de mode, pourtant les "skins" se réorganisent et certains ne renient pas la violence. A Reims, quatre d'entre eux ont même été condamnés il y a quelques semaines pour avoir torturé et tué un jeune homme tout en écoutant des chants nazis.


Le Pen boycotte France 2

Dans un communiqué publié lundi à la mi-journée, le Front national annonce que Marine Le Pen ne se rendra pas sur le plateau de l'émission Complément d'enquête, consacrée à l'extrême droite et dont elle était l'invitée en deuxième partie de soirée. Contactée par leJDD.fr, la présidente du FN explique ne pas vouloir se tenir "une nouvelle fois en position d'accusée" dans ce qu'elle qualifie de "procès stalinien". Explications.

Après Vincent Peillon, Marine Le Pen. Comme l'eurodéputé socialiste début 2010, c'est au tour de la présidente du Front national de boycotter, au dernier moment, une émission politique de France 2. En l'occurrence, la patronne du FN a décliné lundi matin l'invitation qui lui avait été faite pour participer à Complément d'enquête, diffusé ce jour même, en deuxième partie de soirée. Intitulée La tentation de l'extrême droite, l'émission présentée par Benoit Duquesne prévoit, selon le sommaire consultable sur le site de la chaîne, trois reportages, ainsi qu'un échange entre Marine Le Pen et journaliste. Benoit Duquesne doit également s'entretenir du sujet avec le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé.

Problème, le menu du programme ne convient absolument pas au Front national et à sa présidente, contactée lundi matin par leJDD.fr. Si Marine Le Pen affirme qu'elle a "passé l'âge de faire des caprices", elle refuse de se "tenir une nouvelle fois en position d'accusée" dans ce qu'elle considère, ni plus ni moins comme "un procès stalinien". Qui plus est sur une chaîne publique, et donc "financée par le contribuable", rugit-elle.

Ménard pour la remplacer

Reprenant l'argumentaire du communiqué diffusé quelques minutes plus tôt par son parti, la patronne du FN déplore notamment la diffusion d'un reportage consacré aux skinheads et condamne "l'amalgame qui est fait entre ces gens et nos adhérents". "Le Front national n'a jamais rien eu avoir avec les skinheads", se défend encore celle qui avait pris les mesures nécessaires pour écarter les crânes rasés du traditionnel défilé de son mouvement le 1er mai dernier à Paris. Considérant encore que son parti était, selon elle, "insulté par de tels procédés malhonnêtes", Marine Le Pen n'écarte pas des actions en justice contre France 2, si des passages de l'émission lui semblent "diffamatoires".

Reste que cette politique de la chaise vide a dû pousser France 2 à trouver une solution de repli. En milieu de journée, son remplaçant a été trouvé, en la personne... de Robert Ménard, auteur d'un essai largement commenté intitulé Vive Le Pen !. Une option étonnante qui a été rapidement confirmée au JDD.fr par un responsable de l'émission, laquelle sera diffusée ce lundi soir à partir de 22h05.


Après Marine Le Pen, Bruno Gollnisch boycotte France 2

Alors que Marine Le Pen a fait savoir qu'elle annulait l'interview qu'elle devait accorder à Benoît Duquesne, dans le cadre du magazine "Complément d'enquête" consacré ce lundi soir à l'extrême droite, Bruno Gollnisch lui emboîte le pas.

Marine Le Pen et bruno Gollnisch provoquent encore des remous. France 2 avait déjà connu la même mésaventure lorsque Vincent Peillon avait refusé de participer à une émission politique de France 2. La chaîne du service public se retrouve dans la même situation avec Marine Le Pen. La présidente du Front National a précisé ce lundi matin qu'elle ne participerait pas au magazine Complément d'enquête et présenté par Benoit Duquesne.

Le thème La tentation de l'extrême droite prévoyait trois reportages, ainsi qu'une interview de Marine Le Pen par le journaliste. Benoit Duquesne doit également recevoir le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé qui sera bien présent. Mais, le programme ne semble pas convenir à la présidente du FN qui, contactée lundi matin par leJDD.fr, s'est expliquée en affirmant qu'elle a « passé l'âge de faire des caprices » et qu'elle refuse de se « tenir une nouvelle fois en position d'accusée » dans ce qu'elle considère, ni plus ni moins comme « un procès stalinien ». Notamment sur une chaîne publique, et donc « financée par le contribuable », dit-elle sur le site.

« C’est indigne du service public » 

De son côté, sollicité pour évoquer dans un reportage consacré à Claude Guéant ses liens d’amitié passés avec Patrick Buisson, le conseiller régional Rhône-Alpes a exigé le retrait de son interview. Contacté par Marianne2, Bruno Gollnisch s'explique : « Je croyais que c’était une émission consacrée à la vie, à l’influence de Patrick Buisson. Mais en réalité, c’est une émission sur l’extrême-droite qui se termine sur un reportage sur des skinheads torturant un individu. C’est indigne du service public. » 

Benoît Duquesne s’est dit « surpris », d’autant que Marine Le Pen avait accepté l’invitation depuis plusieurs semaines. « Je trouve pour le coup désolant de dire qu’elle découvre le titre de l’émission et la présence de ce reportage sur les skins y compris dans son contenu », a déclaré le journaliste à l'AFP. Pour lui, il s’agit « ou bien du résultat d’une mauvaise organisation ou bien de mauvaise foi puisque le sujet comme le titre étaient annoncés depuis trois semaines ».

La solution de remplacement a vite été trouvée par la chaîne puisqu'en milieu de journée, France 2 a annoncé que le nouvel invité était Robert Ménard, auteur d'un essai largement commenté intitulé Vive Le Pen !


Finalement c'est sur le forum de l'émission qu'il y a une mise au point historique intéressante :
http://forums.france2.fr/france2/comple ... 3329_1.htm

Quant à l'émission :

Extrait :

Replay : http://www.pluzz.fr/complement-d-enquet ... 22h10.html
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 13 Mai 2011, 20:20

Le FN ne veut plus d'eux

Trop fachos, trop "lookés", trop extrêmes : ce sont les recalés de l'opération « dédiabolisation » voulue par Marine Le Pen.

Anciens skinheads reconvertis en militants nationalistes « sociaux », étudiants amateurs d'actions coup de poing ou encore ex-lieutenants de Jean-Marie Le Pen prompts à « tacler » sa fille : à la droite du FN, on trouve aujourd'hui de tout. Ce sont les victimes collatérales du concept marketing préféré de Marine Le Pen : la « dédiabolisation ».

Ces derniers jours, les groupuscules nationalistes étaient de sortie. Dimanche dernier, 8 mai, au cours d'une manifestation à Paris contre le « mondialisme », entre la Madeleine et la place des Pyramides (où se dresse la statue de Jeanne d'Arc), un petit millier de personnes défilent. Leur mot d'ordre : « Europe, jeunesse, révolution ». Un cortège coorganisé par le syndicat étudiant GUD (Groupe Union Défense) et Troisième Voie, un microparti politique fondé par l'ancien skinhead Serge Ayoub. Présents également : la Nouvelle Droite populaire et le Renouveau français.

L'après-midi, ce seront des formations nationalistes mais cette fois catholiques, et parfois royalistes, qui manifesteront à leur tour. Tous ces militants, Marine Le Pen n'en avait pas voulu dans son défilé à elle, qui s'était tenu une semaine auparavant, le dimanche 1er mai : surtout pas de skins, oui à un FN « light ».

Serge Ayoub : « Batskin » reconverti

Lundi 9 mai, 20 h 30, cour d'un immeuble de la rue des Chartreux, dans le VIe arrondissement de Paris. Une trentaine de crânes rasés et de jeunes du GUD se sont donné rendez-vous pour déposer une gerbe de fleurs à la mémoire de leur « héros » : Sébastien Deyzieu, militant nationaliste mort ici après une course-poursuite avec la police, en 1994. Serge Ayoub, 47 ans, est là. Cet ancien chef des skinheads parisiens, surnommé « Batskin » pour son usage de la batte de base-ball, a fondé en novembre le mouvement Troisième Voie, afin de lutter, dit-il, contre « la domination du capitalisme globalisé et l'invasion extra-européenne ». La veille, à la tribune de la manifestation nationaliste, il avait pris la défense des « sans-grade » maltraités par le « nouveau » FN. Ayoub regrette le temps où « la force du FN était d'être politiquement incorrect » et où Marine Le Pen était venue dialoguer avec lui, en 2008. « Elle commet une erreur, dit-il, en jouant le rôle que le système veut lui faire jouer. Et si c'est de la com, c'est de la mauvaise com, car au final le résultat, c'est qu'on parle des skins... »

Edouard Klein : « gentleman facho »

Etudiant en deuxième année de droit à la faculté d'Assas, à Paris, Edouard Klein a fait renaître de ses cendres, en 2009, un des plus sulfureux syndicats estudiantins : le GUD. Fondé en 1968 dans la droite ligne d'Occident, ce mouvement a fourni à l'UMP des élus locaux et quelques ministres, et à Marine Le Pen au moins deux de ses proches conseillers. En ce mardi 10 mai, dans une brasserie proche de sa fac, Edouard lit Le Figaro en terrasse, Ray-Ban sur le nez et blouson de cuir d'aviateur sur les épaules. Le GUD, c'est aussi un look. « Nous sommes les gentlemen fachos », s'amuse Klein, qui assume la symbolique de la croix celtique, présente sur leurs drapeaux aujourd'hui et sur ceux de Mussolini hier. Les « gudards » ne cachent pas un certain goût pour la baston. A Assas, ils se disent prêts à « virer manu militari les dealers ». A Tolbiac, Jussieu ou la Sorbonne, ils se cognent avec les miltants d'extrême gauche. Ces « esthètes du nationalisme » vivent-ils mal leur mise à l'écart par Marine Le Pen ? Le GUD dit ne pas s'en préoccuper, car « le FN est un mouvement électoraliste, dirigé par une élite qui voudrait diriger le peuple plutôt que l'inverse ».

Carl Lang : un cadre devenu sniper

Il aurait pu devenir le patron du FN, dont il a été secrétaire général entre 1999 et 2005. Carl Lang dirige aujourd'hui une formation presque invisible (le Parti de la France) après avoir quitté avec fracas le parti de Jean-Marie Le Pen, dont il était très proche, en 2008. Carl Lang, c'est le FN des catholiques et des bonnes familles. Une extrême droite anti-avortement qui a défilé non pas le 1er mais le 8 après-midi. Lorsqu'il revient sur 2008 et son départ, Lang évoque immédiatement « la personnalité, humaine et politique, de Marine Le Pen » en qui il n'avait « pas confiance ». Pour ce sexagénaire, la fille Le Pen « tourne le dos au FN canal historique », avec « un discours de démagogie sociale et d'irresponsabilité économique ». Lang juge que la sortie de l'euro serait « une folie », se déclare « libéral » et dénonce l'« étatisme » prôné par Marine Le Pen. Quant à la laïcité, que revendique maintenant la nouvelle présidente du FN, il l'abhorre : « C'est du négationnisme de l'identité française. Notre histoire, c'est 2.000 ans d'héritage chrétien. La laïcité, c'est une fausse neutralité qui deviendra le cheval de Troie de l'islamisation. »

Par Tugdual Denis, Julie Mendel
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 17 Mai 2011, 23:29

Le FN, une expression du capitalisme en putréfaction

« Le nouveau visage du FN perturbe la droite » (Le Parisien, 30 novembre 2010). Les medias ne cessent de bruire du Front national : remplacement à sa tête d’un Le Pen par une autre, modernisation du parti fascisant par celle-ci, adhésion de responsables syndicaux, sondages donnant sa candidate présente au second tour de l’élection présidentielle 2012 :
La classe exploiteuse est aussi la classe dominante. Si tous les exploités étaient à spontanément conscients à tout moment, à quoi bon un programme marxiste, à quoi bon un parti révolutionnaire, à quoi bon une stratégie, des tactiques, la lutte ? Tout parti bourgeois important, en temps ordinaire, peut compter sur une base dans le peuple. Ainsi, en France, le parti gaulliste RPF-UDR-RPR-UMP a un soutien non seulement dans la bourgeoisie (capitalistes, hauts fonctionnaires), mais dans la petite bourgeoisie traditionnelle (travailleurs indépendants), la petite bourgeoisie salariée (encadrement) et même dans les couches arriérées de la classe ouvrière (classe qui ne se borne pas aux « ouvriers » de l’INSEE et des journalistes, mais englobe les « employés » et les « professions intermédiaires »).
Le Front national s’est construit comme parti bourgeois à sa droite en captant une partie de la base populaire du principal parti bourgeois. Le candidat de l’UMP Nicolas Sarkozy parvient à la reprendre au FN en 2007. Comme la crise capitaliste mondiale accentue le déclin de la France, augmente le chômage et la misère de certains quartiers et de zones rurales, et que le prolétariat apparaît incapable de tracer une voie, Marine Le Pen prépare la revanche du FN contre l’UMP en mai 2012. Elle s’appuie sur l’héritage de son père, la création d’un parti électoraliste par un individu qui, lui, est pourtant un fasciste.

La trajectoire d’un fasciste

En France, dans les décennies d’après la Deuxième guerre mondiale, il n’y a guère de place pour un parti fasciste de masse, tout au plus des groupuscules comme Occident - Ordre nouveau (dont un dirigeant est Longuet, l’actuel ministre de la défense). Cela tient d’une part au prestige du général De Gaulle, édifié avec l’aide du PS et du PCF ; d’autre part, au rôle du parti gaulliste RPF et de son service d’ordre dans les années 1950 et 1960, puis de l’UDR et de son « service d’action civique » (dirigé par Pasqua) dans les années 1960 et 1970. Les nervis gaullistes se chargent à cette époque d’intimider et d’attaquer physiquement les organisations ouvrières, en particulier le PCF, avec la complicité de la police, de la caste militaire et du banditisme.
Jean-Marie Le Pen s’est formé comme un étudiant fasciste, comme un participant aux guerres coloniales (en Indochine, en 1955, il est journaliste militaire ; en Algérie, en 1957, il est officier de renseignement à une époque où la torture est pratiquée à grande échelle), comme un député de l’UDCA en 1956 qui organise temporairement une révolte de commerçants, de paysans et de petits patrons menacés par la concurrence du grand capital et par l’ouverture des frontières. Non réélu, il fonde avec Gaultier (un ancien lieutenant des SS) la SERP, qui édite, en 1963, un disque intitulé Philippe Pétain, maréchal de France et, en 1965, Le IIIe Reich, voix et chants de la Révolution allemande.
En 1965, il devient le directeur de campagne de l’avocat des terroristes de l’OAS Tixier-Vignancour quand celui-ci se présente à l’élection présidentielle. Tixier rassemble 1,2 million de voix (5,2 % des suffrages) : l’ancien électorat de l’UDCA, la frange des fascistes et des collaborateurs orphelins de Pétain et de Hitler (ennemis de toujours du gaullisme), les déçus du gaullisme (dont des militaires et nombre de colons rapatriés d’Algérie, etc.
En 1968, Tixier et ses partisans attaquent physiquement les grévistes. Ensuite, les chemins de Le Pen et de Tixier se séparent. Tixier rejoint l’UDR ; plus tard, il participera au PFN, un parti fasciste qui concurrencera un temps le « Front national ». En 1977, le petit patron Le Pen devient riche grâce au testament de l’héritier des Plâtres et Ciments Lambert quand celui-ci décède d’une crise d’éthylisme. Il s’approprie personnellement cette fortune, désappointant les dirigeants du FN qui pensaient ainsi financer le parti. Le Pen bénéficie ultérieurement d’autres largesses. Marine Le Pen, sa fille née en 1968 à Neuilly, grandit donc dans un manoir de 430 m² situé dans un parc d’un demi-hectare.

Un parti de la 5è République

La leçon de la présidentielle de 1965 n’est pas perdue pour Le Pen. En 1972, il lance un parti pour fédérer les familles politiques qui sont à la droite des partis bourgeois traditionnels (UDR-RPR et UDF) : fascistes, monarchistes, fondamentalistes chrétiens, nostalgiques des colonies… sur le double thème du nationalisme français et de l’immigration arabe, pour tenter de dévier le mécontentement populaire vers une partie des travailleurs, souvent parmi les premières victimes du chômage.
C’est un parti anti-ouvrier car il est financé par le grand capital et parce que sa cible est une partie de la classe ouvrière. Le ralliement récent de quelques responsables syndicaux n’y change rien.
Pour autant, cela ne suffit pas à caractériser le FN comme un parti fasciste au sens strict, ne serait-ce que la xénophobie touche toutes les formations politiques bourgeoises d’Europe, y compris les partis bourgeois traditionnels. Par exemple, en 1986, le programme UDF-RPR prévoit d’« affermir l’identité nationale en luttant contre l’immigration clandestine ». En 1988, le RPR Pasqua, alors ministre de l’Intérieur et parrain de Sarkozy, déclare que « sur l’essentiel, le FN se réclame des mêmes préoccupations que la majorité ». En 1991, Chirac diagnostique une « overdose » d’immigration. Il dénonce « le bruit et l’odeur » de ces familles « avec un père, 3 ou 4 épouses, une vingtaine de gosses, qui gagnent 50 000 F de prestations sociales sans naturellement travailler ». En 1993, de nouveau ministre de l’Intérieur, Pasqua fixe l’objectif d’une « immigration zéro ».
En outre, le FN accepte la 5e République gaulliste et se tourne surtout vers les élections. Cela le différencie d’un parti fasciste dont la perspective est de mettre fin à la démocratie bourgeoise et au mouvement ouvrier, qui mobilise pour cela les bandes de petits-bourgeois et de déclassés.
Le fascisme remet en selle des classes qui se trouvent immédiatement au-dessus du prolétariat et craignent d’être précipitées dans ses rangs ; il les organise, les militarise grâce aux moyens du capital financier, sous la couverture de l’État officiel, et les envoie écraser les organisations prolétariennes, des plus révolutionnaires aux plus modérées. (Léon Trotsky, « La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne », 1932, Comment vaincre le fascisme, La Passion, p. 59)
Les partis ouvriers traditionnels qui sont ralliés à leur bourgeoisie depuis 1914 (pour le PS) et 1934 (pour le PCF) facilitent la tâche du FN. Dans les années 1970, le parti stalinien fait campagne pour « produire français » et se prononce au début des années 1980 pour la limitation de l’immigration. Le 24 décembre 1980, le maire PCF de
Les débuts du parti fascisant sont laborieux. En 1973, aux législatives : 1,3 % des voix. En 1974, à la présidentielle : 0,75 %. En mai 1981, Le Pen ne peut se présenter à l’élection présidentielle, faute de signatures de maires en nombre suffisant. Lors des élections législatives de 1981, le FN recueille 0,8 % des voix (100 000 suffrages).
Mais, trois ans plus tard, en 1984, aux élections européennes, à cause de l’incapacité du PS et du PCF à améliorer sa situation, une partie de la petite-bourgeoisie se tourne vers le Front national qui bénéficie de 10,9 % des voix (2 200 000 suffrages).
La société contemporaine se compose de trois classes : la grande bourgeoisie, le prolétariat et les classes moyennes, ou petite-bourgeoisie. Les relations entre ces trois classes déterminent en fin de compte la situation politique. Les classes fondamentales sont la grande bourgeoisie et le prolétariat. Seules ces deux classes peuvent avoir une politique indépendante, claire et conséquente. La petite-bourgeoisie est caractérisée par sa dépendance économique et son hétérogénéité sociale. Sa couche supérieure touche directement la grande bourgeoisie. Sa couche inférieure se fond avec le prolétariat et tombe même dans le lumpenprolétariat. Conformément à sa situation économique, la petite-bourgeoisie ne peut avoir de politique indépendante. Elle oscille constamment entre les capitalistes et les ouvriers. (Léon Trotsky, Où va la France ? 1934, GB, p. 19)
Le sort de son rival, le « Parti des forces nouvelles » (1974-1984). , conforte les choix légalistes et électoraux du FN. En 1981, quand le front populaire « Union de la gauche » accède au pouvoir, le PFN croit venue l’heure du fascisme. En 1982, ses nervis attaquent deux ministères dirigés par le PCF, puis un défilé d’anciens combattants du PCF. Mais il ne trouve pas de base sociale suffisante et la plupart de ses membres, dépités, rejoignent le FN ou le RPR.
En 1984, avec le passage au scrutin proportionnel voulu par Mitterrand afin de contrer le RPR, le FN, avec 9,8 % des suffrages exprimés, obtient 35 députés. Aux élections européennes de 1984, le FN récolte 11 %. Aux législatives de 1986, 9,6 % des voix. En 1998, à la présidentielle, 14,4 % ; aux législatives, 9,7 %.En 1989, aux européennes, 11,7 %. En 1993, aux législatives, 12,4 %. En 1994, aux européennes, 10,5 %. En 1995, à la présidentielle, 15 %. En 1996, aux législatives, 14,9 %. En 1999, aux européennes, 5,7 %.
Désormais, le FN est installé dans la vie politique officielle dont il respecte le cadre, d’autant que ses résultats électoraux lui assurent un confortable financement public : 1,8 millions d’euros en 2009, sans compter les indemnités des élus (voir Journal officiel, 29 décembre 2010). Pourtant, le PCF, le PS et leurs acolytes d’extrême-gauche s’obstinent à le présenter comme d’une nature radicalement différente du RPR-UMP, qui serait, lui, « démocrate » et « républicain ».

Quand le FN sert à faire voter UMP

De 1997 à 2002, le gouvernement PCF-PS-MDC-PRG-Verts dirigé par Jospin privatise à tour de bras, allège l’impôt sur les entreprises et sur les riches, renforce les lois contre l’immigration… Par conséquent, au premier tour de la présidentielle de 2002, le FN décroche 16,9 % des voix, soit plus que le candidat du PS, Jospin (16,2 %) qui est donc éliminé.
Loin d’en tirer les leçons, le PS et le PCF redoublent dans la capitulation. Le travestissement du FN en parti fasciste, qui a toujours été une exagération, leur sert alors de prétexte à voter pour le candidat du principal parti de la bourgeoisie impérialiste, comme si des bulletins de vote pouvaient protéger du fascisme (voir Révolution socialiste n° 7). La LCR, qui se prétend « section français de la 4e Internationale », appelle aussi à voter Chirac, ce qui prépare sa liquidation ultérieure dans le NPA (voir Révolution socialiste n° 30).
Le grand capital commande tant aux bandes fascistes qu’aux partis bourgeois « démocratiques ». Faire croire au caractère démocratique de la bourgeoisie, de son État, de la 5e République, de l’UMP est une mystification. La domination des producteurs par les exploiteurs, du plus grand nombre par quelques riches, est une loi fondamentale des formations sociales de classe, y compris les sociétés capitalistes aux formes les plus démocratiques. Toute l’histoire montre que la bourgeoisie n’hésite pas à réprimer les grèves et les manifestations ouvrières à l'intérieur, à menacer les autres peuples et à les soumettre par la violence à l’extérieur.
Au second tour de 2002, le candidat RPR-UMP est plébiscité avec 82,2 % des suffrages. Le Pen obtient 17,8 %. Aux élections législatives qui suivent, le Front national revient à 11,3 %. Le gouvernement UMP va appliquer la politique conforme aux intérêts de la bourgeoisie, politique largement partagée par le FN : privatisations, avantages fiscaux aux patrons, criminalisation des jeunes des quartiers pauvres, restriction des libertés démocratiques, prérogatives accrues de la police, renforcement des corps répressifs de l’État, attaques contre les travailleurs de la fonction publique et les travailleurs sans-papier, limitation du droit de grève…
En mars dernier, le PS et ses alliés remettent cela, ils appellent à voter UMP quand le FN est présent au second tour des élections cantonales... sans oser, cette fois-ci, prétendre que le fascisme risque, sinon, de triompher.

Retour au franc et sortie de l’UE

Depuis, le FN aurait radicalement changé.
Comme la fille n'a pas les mêmes idées que son père, tout est à refaire… Un vrai changement de doctrine : le père était ultralibéral, car anticommuniste, la fille se veut sociale et protectionniste. (L’Expansion, avril 2011)
La première partie du programme pour 2012 se nomme « Un socle : se réarmer face à la mondialisation » et comporte trois sortes de mesures : la sortie de l’euro, l’élévation de barrières protectionnistes, « un État fort et stratège » (Projet économique du FN, avril 2011). Cela ressemble terriblement au vocabulaire et aux thèmes récurrents du PCF, du PG, du POI et, dans une moindre mesure, du PS et de LO.
Devant une telle affirmation du rôle de l’État, ceux qui avaient appelé à voter « non » au référendum de 2005, ceux qui prétendent que le libéralisme est la cause des malheurs des travailleurs, ceux qui croient naïvement que l’État bourgeois peut réguler le capitalisme, ceux qui opposent « la finance » à « la production », ceux qui se lamentent que « Bruxelles » dicte odieusement sa loi à « la France » sont soit séduits, soit se retrouvent en triste compagnie.
La lutte contre la débâcle économique ne doit pas aboutir à la confiance en l’État, elle doit aboutir à la revendication d’un État dirigé par les prolétaires et les semi-prolétaires. (Vladimir Lénine, « La Débâcle économique et la façon prolétarienne de la combattre », 1917, OEuvres t. 25, p. 42)
D’abord, les réformistes qui considèrent que le FN est fasciste ne devraient pas être surpris par cet étalage d’étatisme bourgeois. Après tout, Mussolini et Hitler n’étaient pas si libéraux. Quand ils accédèrent au pouvoir, tous deux commencèrent par des grands travaux publics et poursuivirent par la militarisation de l’économie :
Il s’agit surtout de restituer leur rentabilité aux entreprises capitalistes par des moyens artificiels et aux dépends des masses populaires. Ces expédients, bien sûr, n’ont rien de spécifiquement fasciste ou national-socialiste… L’économie fasciste n’est qu’une forme accentuée de l’économie capitaliste dite « dirigée »… (Daniel Guérin, Fascisme et grand capital, 1936, Maspero, p. 199)
Ensuite, les travailleuses et les travailleurs ne doivent pas prendre trop au sérieux les « programmes » des démagogues de la classe dominante. Même ceux des partis bourgeois les plus établis : celui de Sarkozy ne comportait-il pas en 2007 la réduction de la dette publique, le conditionnement des exonérations de charges des entreprises à l’augmentation des salaires, l’augmentation du budget de l’enseignement supérieur de 50 %, la réduction de la présence militaire en Afrique, etc. ?
À l’examen, le « projet économique » provisoire rédigé par l’universitaire Richard Sulzer se révèle moins « social » que ne le dit la presse bourgeoise :
· il dissimule l’inflation qui serait induite par le renchérissement des importations comme le pétrole et le gaz en cas de dépréciation de la monnaie (I, A)
· il prévoit que les nationalisations des banques de dépôt seront « provisoires », autrement dit, elles seront reprivatisées après renflouement par les fonds publics (I, C)
· il dissimule que la France ne peut pas utiliser ses propres frontières pour le protectionnisme sans sortir de l’Union européenne (I, B)
· il minimise la riposte inévitable des autres États au détriment des exportations françaises et donc de l’emploi local (II, B)
· il veut baisser l’impôt sur les sociétés (II, B)
· il se propose de faire travailler plus longtemps les travailleurs âgés (II, E)
· il refuse d’annuler les intérêts et le remboursement de la dette publique antérieure (III, B)
· quand il prétend réhabiliter la dépense publique, sur 7 exemples qu’il cite, 5 sont liés au maintien de l’ordre bourgeois : police, gendarmerie, armée, tribunaux, préfectures (III, A)
· il vise à diviser les salariés et priver une partie de la classe ouvrière de ses droits (III, A)
Enfin, le programme de l’extrême-droite de la 5e République ne se borne pas à ce document provisoire : les déclarations de Le Pen et les « fiches de campagne » du FN sont plus explicitement capitalistes(voir Prométhée, 25 avril). De toute façon, aucune des promesses du FN aux salariés, aux travailleurs indépendants, aux petits patrons ne pourrait être remplie dans le cas de l’adoption de la stratégie qu’il trace pour le capitalisme français. La destruction de l’UE et le repli sur l’hexagone l’affaibliraient encore plus vite.
Le capital est un fléau international et c’est bien pour cette raison que tous les pays sont à ce point liés les uns aux autres que le naufrage des uns entrainera tous les autres dans l’abîme. (Vladimir Lénine, « Discours au congrès des ouvriers de la confection », 1926, OEuvres t. 32, p. 118)

Un reflet de l’impasse du capitalisme français et de tout le mode de production

Le Projet économique du FN ne constitue pas une simple manoeuvre électorale, il révèle aussi les difficultés du capitalisme français et, au delà, l’impasse du capitalisme mondial.
La croissance de la France est faible (+ 1,5 % en 2010), le déficit des échanges de biens et de services s’accroit (51 milliards d’euros en 2010), la part de marché des produits français dans le monde diminue (3,5 % en 2010 contre 6 % en 1993). L’affaiblissement du capitalisme tricolore dans le monde, en particulier face à l’émergence de l’impérialisme chinois, et dans l’Union européenne, où l’Allemagne s’affirme, provoque des tensions au sein de la bourgeoisie, de son État, des partis de gouvernement.
Le principal représentant de la bourgeoisie française, Sarkozy, préconise depuis le début de son mandat la dépréciation de l’euro et le protectionnisme aux frontières de l’Union européenne, sous prétexte des pratiques déloyales des pays émergents. Le nouveau programme du PS témoigne de même de ces préoccupations de la bourgeoisie française.
Le FN exprime plus nettement que l’UMP et le PS la tentation du repli national, parce qu’il représente davantage la fraction du capital qui n’a pu, contrairement aux entreprises du CAC 40 et aux principaux groupes de la banque et de l’assurance, s’insérer dans les oligopoles mondiaux. La classe ouvrière n’a à attendre, des uns comme des autres, que des coups. La racine est dans le mode de production capitaliste lui-même : le chômage et l’incapacité à unifier pacifiquement l’Europe en sont la preuve.
Le FN n’est pas un phénomène isolé. Des partis « populistes » sévissent dans tous les pays impérialistes : Tea Party aux États-Unis, One Party en Australie, PS en Finlande, DFP au Danemark, FPÖ et BZÖ en Autriche, DS et PNOS en Suisse, FN et VB en Belgique, LN en Italie, NPD en Allemagne, PVV aux Pays-Bas, Libertas et Samoobrona en Pologne, PRM en Roumanie, NS en République tchèque, BNP en Grande-Bretagne, Jobbik en Hongrie, LAOS en Grèce... Tous servent à diviser la classe ouvrière en mettant en cause, non les patrons et encore moins le capitalisme, mais une partie des travailleurs (à cause de leur nationalité, de leur religion, de leur ethnie...).
L’économie mondiale connaît crise sur crise. Le monde va être repartagé entre les anciennes puissances impérialistes et les nouvelles, en piétinant au passage les pays qui n’en sont pas ou qui n’en sont plus. Le marché mondial risque de se disloquer.
L’irrationalité du capitalisme décadent grandit. Avec son délire autarcique et raciste, le FN en témoigne.
Pour le combattre, il faut non seulement réfuter son ignominie, ses mensonges et sa folie, mais tracer une voie, celle de la révolution prolétarienne.
Pour gagner la petite-bourgeoisie, le prolétariat doit conquérir sa confiance. Il faut pour cela qu’il ait lui-même confiance en sa propre force. Il lui faut un programme d’action clair et une détermination à lutter pour le pouvoir par tous les moyens… (Léon Trotsky, Où va la France ? 1934, GB, p. 23)
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 22 Mai 2011, 04:12

Les ralliements à Marine Le Pen restent marginaux

Par Gérard Bon | Reuters – jeu. 19 mai 2011 Édité par Yves Clarisse

PARIS (Reuters) - Marine Le Pen tente de rallier des personnalités d'horizons divers à sa candidature présidentielle en 2012 afin d'élargir son assise électorale, mais ses trophées restent pour l'instant rares.
Des politologues, interrogés par Reuters, conviennent que la présidente du Front national, rompant avec l'image sulfureuse de son père, a gagné un niveau de respectabilité inédit pour sa famille politique à un an de la présidentielle.
Mais ils doutent qu'elle puisse obtenir de nombreux soutiens à court terme. "Les ralliements de personnalités au FN de Marine Le Pen sont encore marginaux", dit le sociologue Sylvain Crépon.
En revanche, le mouvement autour de la présidente du Front national pourrait s'amplifier en 2012 si elle parvient à provoquer une recomposition de la droite à la faveur d'une défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle.
"Elle ne sera pas au second tour", estime ainsi un ancien conseiller présidentiel. "Mais si Sarkozy est battu, la droite va imploser et Marine Le Pen a un espace énorme."
Marine Le Pen peut compter pour l'instant sur le soutien de l'avocat médiatique Gilbert Collard, qui se dit "mariniste", et du souverainiste Paul-Marie Coûteaux.
Le journaliste Robert Ménard a dénoncé de son côté dans un pamphlet la "police de la pensée" qui chercherait à bâillonner l'extrême droite, sans pour autant s'engager aux côtés de la présidente du FN.
Soucieuse de faire sauter le cordon sanitaire autour de son parti, Marine Le Pen a aussi affirmé qu'elle bénéficiait des conseils d'experts et de hauts fonctionnaires.

DOUTES SUR LES RALLIEMENTS

Elle a refusé de divulguer leurs noms "pour ne pas nuire à leur carrière", mais ses adversaires expriment leurs doutes.
Le FN voudrait enfin persuader l'ancien sénateur gaulliste Michel Caldaguès, 84 ans, de conduire une liste aux sénatoriales à Paris.
Le chercheur Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, ne voit rien de nouveau dans ces ralliements au compte-gouttes, soulignant qu'en 1986 Jean-Marie Le Pen avait déjà fait élire à l'Assemblée nationale des personnalités de droite dans le cadre d'un rassemblement électoral.
"Il y a une tendance curieuse à parler perpétuellement de ralliements alors qu'ils ne sont que deux ou trois", dit-il.
Pour le chercheur, les soutiens de Gilbert Collard, dont le blog est depuis longtemps repris par le site Nation presse info, proche du FN, et de Paul- Marie Couteaux, qui a beaucoup navigué d'un parti à l'autre, étaient "parfaitement prévisibles."
"Quant aux experts et hauts fonctionnaires, on est sceptiques. Nous y croirons quand ces personnes accepteront d'apparaître", dit-il.
Un constat partagé par le sociologue Sylvain Crépon.
"Les ralliements de personnalités du monde économique ou de la haute administration, s'ils s'avèrent réels, ce qui reste à démontrer, sont encore anonymes", souligne-t-il.
Sylvain Crépon note aussi que Gilbert Collard a pris soin de préciser qu'il ne prenait pas sa carte au FN, "même s'il souhaite conseiller Marine Le Pen."

RENCONTRE AVEC UN MINISTRE UMP ?

Selon lui, la dédiabolisation du Front national se manifeste davantage au niveau des intentions de vote et des perspectives d'alliances avec la droite.
"Ainsi, en 2004, 22% des sympathisants de la droite de gouvernement étaient prêts à des alliances avec le FN. Aujourd'hui, ils sont plus de 40%. Preuve que le cordon sanitaire se fissure dans une partie de l'opinion", dit-il.
Pour le sociologue, les choses changeront sans doute sur le long terme si Marine Le Pen parvient à entamer une véritable alliance avec la droite, contribuant ainsi à asseoir son parti dans une logique de gouvernement.
"Mais il s'agit là d'une perspective sur les moyen ou long termes, soit après la présidentielle de 2012. D'ici là, elle va jouer contre Nicolas Sarkozy pour le faire perdre et forcer ainsi la droite à se reconstruire avec le FN", dit-il.
Selon Le Canard enchaîné, paru mercredi, Marine Le Pen a récemment déjeuné avec le secrétaire d'Etat aux Transports, Thierry Mariani, l'un des animateurs de la Droite populaire, collectif de 44 députés constituant l'aile droite de l'UMP.
Une information démentie par Marine Le Pen. "C'est faux, j'étais dans ce restaurant mais avec six de vos confrères", a-t-elle dit au journaliste de RMC qui lui demandait de confirmer cette rencontre.
L'un des membres de la droite populaire, Christian Vanneste, a récemment milité pour la fin du cordon sanitaire à l'égard du parti frontiste en vue des élections législatives de 2012.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 23 Mai 2011, 22:39

[url=http://www.npa2009.org/content/médias-marine-le-pen%E2%80%89-en-quête-de-compléments]MÉDIAS MARINE LE PEN : EN QUÊTE DE COMPLÉMENTS Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 103 (19/05/11)[/url]

L’émission Complément d’enquête, le 9 mai dernier sur France 2 dont le thème était « Présidentielle : la tentation de l’extrême droite » ne manquait pas d’intérêt. Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’il s’agit de faire le portrait de Marine Le Pen.

Les reportages où figuraient les UMPistes et Claude Guéant ainsi que l’interview de Jean-François Copé illustraient parfaitement « la stratégie de cooptation des thèmes sans collaboration », décrite par Florence Haegel1, et ses dynamiques induites2.

La mise « au banc d’essai » des militants et le « folklore » de certains candidats frontistes (Gabriac, Durand-Decaudin…) éclairaient la xénophobie, le racisme et l’anti sémitisme virulents qui s’expriment dans les rangs du FN (mettre les Arabes dans des camps, rallumer les fours…) par des propos ou des postures peu éloignés de ceux de certains militants skinheads et néonazis d’un quatrième reportage. Soulignant d’autant plus le double langage des cadres frontistes (il ne faut pas dire « il y a trop d’immigrés en France », mais « nous sommes opposés à l’immigration clandestine et régulière car la France n’a plus les moyens de les entretenir »). Ce que l’on retient, c’est que Marine Le Pen allait faire le ménage. Mouais.

Lorsqu’il s’agit de présenter la présidente du Front national, on change de registre. On veut nous montrer « sa vie, sa famille, ses souffrances » plutôt que son parcours politique, ses amitiés et ses soutiens, ses positions politiques, ses réseaux.
Comme un copié-collé de son autobiographie, rééditée récemment, le reportage nous assigne d’emblée à l’empathie vis-à-vis de cette fillette de 8 ans, victime de l’attentat contre le domicile familial (l’attentat n’a jamais été revendiqué ni l’affaire élucidée, mais comme pour François Duprat, il n’est pas absurde d’émettre l’hypothèse d’un règlement de comptes entre factions d’extrême droite) ou encore de l’adolescente subissant le départ médiatique de sa mère (l’ex-dirigeant frontiste Lorrain de Saint-Affrique nous rappelle néanmoins l’attitude de la benjamine Le Pen au lendemain de la parution, en 1984, de Libération qui titrait Torturé par Le Pen).

Pas un mot sur sa présidence d’honneur au Cercle national des étudiants de Paris, pseudopode étudiant du FN qui visait à « démarxiser » l’université avec le soutien du GUD de l’époque. Rien sur l’amitié nouée avec ceux qui produisent aujourd’hui la propagande du FN (Chatillon, Mahé…) et gardent le contact avec les franges radicales de l’extrême droite. Rien sur ses soutiens internes néofascistes (Maillard, Bouchet père et fils) qui se sont vu affecter à des postes d’encadrement (Loire-Atlantique, FNJ).

Encore rien sur sa volonté de supprimer le droit du sol, de dérembourser l’IVG, sur le partenariat frontiste avec le Jobbik hongrois (voir Tout est à nous ! n°100) ou sur son interview à Haaretz : « Êtes-vous prête, aujourd’hui, à dénoncer le régime du maréchal Philippe Pétain et les crimes du fascisme français ? - Absolument pas ! » Pénible.
Quelques heures avant la diffusion de l’émission, Marine Le Pen annule sa participation refusant « qu’on associe le terme ‘extrême droite’ au Front national dans la mesure où cela assimile son parti à des mouvances politiques avec lesquelles elle n’entretient aucun rapport ». Rigolade !

Gabriel Gérard

1. La Revue socialiste, n°41.
2. Le week-end dernier, à Besançon, c’est aux cris de « y en a marre des bougnoules » que la secrétaire d‘État à la Jeunesse, Jeannette Bougrab, a été prise à partie par un militant UMP soutenu par un bon tiers des 150 participants à la formation régionale UMP.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 28 Mai 2011, 22:09

INTERNET: L’IMMIGRATION RÉUSSIE DE L’EXTRÊME DROITE PAR ALEXANDRE LÉCHENET LE 17 MAI 2011

Face à une presse qu'ils disent muselés par l'hégémonisme culturel, les militants d'extrême droite se sentent libres et s'installent de plus en plus confortablement sur Internet, depuis les groupes de discussions jusqu'aux pages Facebook.

Face à la stratégie de diabolisation qu’opèrent les médias grand public vis à vis de l’extrême droite, il est difficile pour ses leaders de se faire entendre, et de faire entendre leurs causes. C’est en substance le cadre de l’intervention de Jean-Yves Le Gallou le 25 octobre 2008. Ancien cadre du FN puis du MNR et fondateur du think-tank Polemia, il s’inspire du théoricien communiste Antonio Gramsci pour inciter les militants d’extrême-droite à investir massivement le web. Il développe son argumentaire en 12 thèses.

Les instruments utilisés pour influencer l’opinion n’ont jamais été aussi puissants [mais] ces moyens d’influence ont été utilisés par les élites dominantes pour imposer une idéologie de rupture avec les traditions du passé.

Raillant une idéologie du politiquement correct, il trouve en Internet “un instrument de mobilisation, un moyen de construire sa réflexion et son action de manière indépendante” et surtout “un moyen de contourner la diabolisation“. Il donne donc comme conseil aux militants d’extrême droite d’augmenter le contenu disponible.

Une présence historique

L’extrême droite n’avait pas attendu Jean-Yves Le Gallou pour asseoir sa présence sur Internet. Il avait été, en 1995, un des premiers partis à s’installer sur ce nouveau média. En 2004, Datops prétend que le Front National est le plus présent parmi les forums politiques de Usenet. Une page explique même en 2006 aux militants sur quels forums s’inscrire et comment s’y comporter. Le but est d’occuper le terrain pour “prendre la température sans le filtre des médias” et de prendre des contacts pour diffuser les idées. Un rédacteur de la Section Numérique du PS expliquait à l’époque comment, en observant les listes de discussion, on pouvait suivre les militants d’extrême droite se synchroniser pour lancer des discussions, se coordonner dans leurs réponses ou calmer l’ardeur des militants trop expansifs.

Des espaces libérés

En 2003, le MRAP avait sorti un rapport sur la Naissance d’une nouvelle extrême droite sur Internet pour “provoquer une prise de conscience sur la montée de cette islamophobie“. Principalement concentré sur SOS-Racailles, un forum reprenant la charte de SOS Racisme pour dénoncer le racisme anti-blanc et la “racaille” des banlieues, le rapport tente de démasquer les personnes tenant les différents sites pour alerter les autorités. Le réseau autour de SOS-Racailles se concentrait autour de l’hébergeur Liberty-web, basé aux USA. Selon Transfert.net, parmi les 26 sites visibles sur le portail de Liberty-web, 24 étaient “ouvertement racistes, nationalistes, catholiques intégristes, royalistes ou sionistes extrêmes“.

La réinformation

Face à ce qu’ils considèrent comme une idéologie dominante et une hégémonie culturelle, les militants d’extrême droite pratiquent sur Internet ce qu’ils qualifiient de “réinformation”. C’est notamment le rôle que veulent jouer l’agence de presse indépendante Novopress ou le site fdesouche. Ce site, démarré en 2005, présente tous les jours une revue de presse, légèrement biaisée. Célèbre pour de nombreux buzz, notamment une vidéo montrant un prof agressé à Porcheville. Il avait également servi de caisse de résonance dans l’histoire de l’agression d’un jeune dans un bus par des “racailles”.

Un des leviers à leur disposition pour essaimer leurs idées est leur présence sur les forums, notamment de jeunes. Ainsi, en 2008, Justine Brabant, du site Arrêt sur image, soulignait les stratégies d’installation des militants dans le forum 15-18 de JeuxVideo.com, et de la communauté noëliste, un groupe formé par les habitués du forum, qui se rassemble autour d’un smiley “Père Noël”. Les commentateurs de fdesouche estimaient que cette communauté, similaire dans l’esprit à 4chan, où les jeunes repoussent les limites du bon goût et le sens des valeurs, formerait un terrain favorable aux idées de fdesouche.

Investir les réseaux sociaux

Jean-Yves Le Gallou n’a fait que pointer du doigt un phénomène déjà bien en place. À la fin de sa déclaration, il le remarque en se félicitant :

Je ne peux m’empêcher d’établir un parallèle entre l’arrivée d’Internet dans les années 1995 et la montée progressive des mouvements populistes en Europe. [...] Ne boudons pas les bonnes nouvelles !

Aujourd’hui, les militants investissent les médias sociaux, faisant du Front National et du Parti Anti-Sioniste les deux partis les plus populaires sur Facebook. À l’heure où le FN souhaite se dédiaboliser, les militants assument de plus en plus facilement leurs positions. Et Internet permet une libération de la parole publique et sort les gens de leur isolement, trouvant des personnes similaires près de chez eux.

En avril 2010 d’ailleurs, Jean-Yves Le Gallou remet à jour ses thèses en parlant de la presse qui désinforme et d’Internet qui réinforme. L’occasion pour lui de reconnaître le travail accompli sur Internet et d’indiquer le nouveau terrain à conquérir pour l’extrême droite : l’humour.

A nous de nous réapproprier le rire et la dérision.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 29 Mai 2011, 15:43

Présidence des Jeunes Pour la France, un nouveau départ ? MAI 21, 2011 Par William Friedman

Après l’exclusion de Christophe BENTZ pour racialisme (comprendre : raisonnement de l’identité française par la race), et avec la difficulté que connait Philippe DE VILLIERS à trouver satisfaction dans les milieux qu’il juge à posteriori « trop droitiers » , le président du MPF pourrait-il rechercher une autre formule ?

Mathieu GOUTTEFANGEAS (blog) pourrait fort bien être l’étoile montante. iIl était déjà impliqué dans la politique locale au sein de l’UDF avant de rejoindre le MPF en 2009. Il s’intéresse d’avantage aux finances locales et aux dépense socialistes qu’au sabrage de l’antiracisme.
On peut signaler également un cadre régional comme Pierre TOULLEC, très impliqué dans la politique internationale et proche des Républicains américains. Mais peut être trop récemment arrivé chez les JPF pour prétendre à la place. Il n’en demeure pas moins que son expérience associative de longue date et son importance dans le milieu libéral-conservateur en fait une carte importante si le MPF veut occuper la place à laquelle il pouvait plus facilement prétendre au moment de sa dernière UDT.
Ou encore Arnaud LANCEAU qui occupe le poste « délégué à la rédaction » dans le mouvement, et qui ne commettrait probablement pas les « maladresses sémantiques » reprochées par P2V à Bentz.
Un quatrième homme pourrait briguer la place, c’est Nathanael ROSENFELD qui est membre de la direction nationale et responsable de la formation.
Les 4 sont des ex-Lion Ardent (au moment où ce blog représentait la tendance libérale des JPF).

Le MPF dispose de ressources qu’il ne met que très peu en avant, au profit de choix au bas mot différents.Le mouvement de Philippe de Villiers reste dans une lumière tamisée sur le libéralisme et perdure sur une ligne qui apparaît plus ou moins comme une copie modérée du FN (ni flat taxe, ni libre-échange, critique de l’Europe ambiguë dans le domaine économique et hostilité à l’alliance atlantique).

Là où un parti clairement reaganien sans complexes comme le Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP) que dirige le député-maire Gilles BOURDOULEIX, cherche à donner les moyens aux jeunes d’agir en politique. Comme par exemple Gonzague DE CHANTERAC (blog) qui s’ est imposé comme le candidat de la majorité présidentielle dans son canton en Vendée. D’où le succès de ce parti en pleine ascension qui a réussi à intégrer récemment des clubs libéraux-conservateurs. En témoigne le rapprochement avec le chercheur président de la Droite Libre Alexandre DEL VALLE.
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Re: FN & ses satellites

Messagede Nico37 » 02 Juin 2011, 00:31

FN: Vous avez dit « purges »?

L'essentiel: Yvan Benedetti, bras droit de Bruno Gollnisch est convoqué en commission de discipline le 16 juin. Il risque l'exclusion. Christian Bouchet, soutien de Marine Le Pen, est démis de ses fonctions de secrétaire départemental adjoint de Loire-Atlantique.- (Droites extrêmes)

Les militants pro-Gollnisch issus de l'Oeuvre française vont se faire de plus en plus rares au Front national. En pleine statégie de "dédiabolisation", le parti de Marine Le Pen multiplie les convocations à la commission de discipline de ces soutiens un peu "encombrants".


Fin avril, Alexandre Gabriac avait été exclu du FN, sur décision de Marine Le Pen, après qu'une photo le montrant faire le salut nazi devant un drapeau à croix gammée a été diffusée sur le site Internet du Nouvel Observateur.
En tout, il y a eu dix-sept convocations au mois d'avril dont quinze concernaient des militants pro-Gollnisch. Parmi ces quinze, treize sont de la fédération Rhône-Alpes, fief à la fois du candidat malheureux au congrès et de l'Oeuvre française, le groupuscule pétainiste et antisémite de Pierre Sidos. Au final, treize militants ont été exclus, deux cas sont en attente de décision.

Mais une dernière convocation, pour le 16 juin, concerne Yvan Benedetti. Dirigeant de l'Oeuvre française - qu'il a quitté "officiellement" le 1er aout 2010 mais dont il continue à organiser les troupes- il a été le chef d'orchestre de la campagne de Bruno Gollnisch pour le congrès. Il avait la main sur les Jeunes avec Gollnisch ainsi que sur l'association des Amis de Bruno Gollnisch. C'est un personnage important dans la galaxie des opposants à Marine Le Pen. Les marinistes ne l'aiment pas et il le leur rend bien.

En octobre 2010, il avait déjà été convoqué devant l'instance disciplinaire du Front national pour sa double appartenance au FN et à l'Oeuvre Française. Il avait été relaxé. Là, ça risque d'être plus difficile pour lui. On lui reproche notamment d'avoir agressé physiquement un militant FNJ et d'avoir participé à des manifestations le matin et l'après-midi du 8 mai non organisées par le FN (voir ici et là). S'agissant de celle du matin, M. Benedetti avait indiqué à l'AFP être là "en tant que spectateur". L'après-midi, il était dans le cortège de l'institut Civitas, tout comme Alexandre Simonnot et Cyril Bozonnet, deux cadres marinistes.
Ou encore d'avoir déclaré à une étudiante en journalisme de l'ESJ qui contribue au site Trans-Europe extrêmes qu'il était "antisioniste, antisémite, antijuif". Des déclarations qui laisse dubitatif même Louis Aliot, un de ses adversaires les plus combatifs. "Est-ce que c'est vrai? C'est tellement gros que ça me paraît suspect. Mais nul doute, le connaissant, qu'il l'assumera s'il l'a dit.". Pour l'heure, aucun droit de réponse n'a été publié sur le site de Trans-Europe extrêmes.

Fusibles "marinistes"

Un autre motif de convocation est son communiqué de soutien à Marine Le Pen après l'annulation de sa participation au Forum de Radio J. Un texte que la direction du Front juge provocateur.

Bruno Gollnisch se trouve ainsi de plus en plus isolé au sein du Front national. Déjà, la 1er mai, il avait été privé de tribune (voir ici). Aujourd'hui, celui qui a recueilli plus de 30% des voix lors du congrès interne, pourrait se retrouver sans troupes. Un problème qui pourrait se décliner au conseil régional de Rhône-Alpes, où siègent Alexandre Gabriac et Olivier Wyssa (vice-président du groupe FN) qui a démissionné avant d'avoir son exclusion prononcée.


Du côté de la direction du FN, on rejette l'idée d'un quelconque "purge" des pro-Gollnisch. "Ce sont les gens du département de l'Ain. Ils ont retiré leurs candidatures aux cantonales, deux semaines avant le dépôt officiel. Ils disaient que c'était parce que Marine Le Pen avait gagné. C'est un scandale abominable d'agir comme ça, c'est dégueulasse!", tempête Wallerand de St-Just, membre de la commission de discipline. Sur l'Oeuvre française, il ajoute qu'un "mur sera dressé entre le FN et eux. Aucun entrisme ne sera toléré. Il y a la question du positionnement politique et de leur comportement, avec la perpétuelle référence au fascisme et au nazisme".
Chez les "marinistes", on veut aussi se séparer des soutiens "embarrassants". Partisan de Marine Le Pen, Thierry Maillard est ainsi attendu devant la commission de discipline du 16 juin. Ennemi juré d'Yvan Benedetti (et inversement), il est aussi passé par l'Oeuvre française. Sur un des blogs qu'il anime, il rend hommage aussi bien à Jacques Doriot qu'à François Duprat. Ce n'est pas cela qu'on lui reproche, mais de s'être accroché avec un journaliste de France 3.

Autre "fusible" de leur camp que les marinistes font sauter: Christian Bouchet. Lui ne risque pas l'exclusion mais cette figure des nationalistes-révolutionnaires n'est plus secrétaire départemental adjoint de Loire-Atlantique. La raison officielle: le site VoxNR, clairement nationaliste-révolutionnaire, antisioniste et pro-Iranien, qu'anime M. Bouchet.

"On ne peut pas animer des sites qui n'ont rien à voir avec le Front et avoir des responsabilités", justifie Louis Aliot qui, pourtant, a la main sur Nations Presse info, site ultra-mariniste qui reprend régulièrement des textes de VoxNR.
Déjà, Marine Le Pen s'était désolidarisé de lui, lors de son interview à la radio israélienne, 90FM, au mois de mars.

M. Bouchet, quant à lui, préfère présenter cela comme sa "démission". Voici ce qu'il nous a écrit ce jour : "Je suis surpris que ma démission du poste de Secrétaire départemental adjoint ait pu vous être annoncée, et, semble-t-il, confirmée, alors que si je l'avais envisagée, je ne l'avais pas encore formalisée (...). Cette démission, maintenant effective, n'est motivée par aucune pression interne ou externe au Front national et n'a aucune raison politique ou idéologique. Ce qui m'avait conduit à l'envisager était une double nécessité : me libérer du temps pour mener à bien d'autres activités, principalement axées autour de la presse; de permettre une remise à plat de l'organisation de la fédération 44 du FN, au bureau de laquelle je continue d'appartenir et dont j'envisage de porter les couleurs lors des élections à venir.
En aucun cas, cette démission ne constitue de ma part la manifestation d'un éloignement du Front national ou d'un désaccord avec la ligne que celui-ci suit. Tout au contraire, je me félicite chaque jour de l'action de Marine Le Pen et des positions qu'elle prend, et mon soutien à celle-ci est total."
Nico37
 
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