Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

...Sans Papiers, antifascisme...

Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede altersocial » 02 Fév 2014, 09:31

Quenelle à Air France : la CGT condamne et va «prendre des dispositions»

Image

«Libération» révélait hier une photo montrant trois responsables de la CGT de la compagnie, effectuant le geste polémique, lors d'un conflit social.

La CGT s’est dit prête à «faire toute la lumière sur les pratiques» de certains de ses représentants à Air France, après la publication par Libération d’une photo les montrant en train d’effectuer une «quenelle», le geste de ralliement des dieudonnistes.

Selon le syndicat, le geste «fait référence sans ambiguïté et de façon assumée au salut nazi, à l’antisémitisme». La CGT assure qu’elle «prendra les dispositions au sein de ses organisations pour que les valeurs de liberté qu’elle porte ne soient pas détournées et pour que son image ne soit pas salie ou manipulée».

De son côté, la direction d’Air France s’est dite «extrêmement choquée» après la publication d’une photo montrant trois responsables de la CGT de la compagnie effectuant une «quenelle». «Air France est aux côtés de toutes les personnes qui se sentiraient blessées par de tels comportements et n’hésitera pas à prendre les mesures appropriées», a déclaré un porte-parole de la compagnie.
Discours trouble du porte-parole de la CGT

Le cliché, qui a choqué au sein de la compagnie, a été pris le 8 novembre sur un parking de l’aéroport de Roissy, lors d’un conflit social dans la filiale locale de Swissport Cargo, un géant mondial de la logistique aéroportuaire. En compagnie d’autres militants, on y voit trois responsables du syndicat CGT Air France effectuer une «quenelle» : David Ricatte, secrétaire et porte-parole de la CGT Air France, Pascal Belrose, l’un des secrétaires de section et Laurent Dahyot, membre de la commission exécutive du syndicat.

Plusieurs cégétistes d’Air France affichent en outre leur soutien à l’humoriste sur internet. David Ricatte assure néanmoins que le geste n’avait «aucune connotation raciale, religieuse ou communautaire». Pourtant le 11 janvier, trois jours après l’interdiction du spectacle de Dieudonné à Nantes, David Ricatte a posté sur son compte Twitter une vidéo de soutien très particulière. Il s’agit d’un détournement du film la Chute, consacré aux derniers jours d’Adolf Hitler, dont les sous-titres ont été détournés.


lire aussi :

Des syndicalistes de la CGT pris en flagrant délit de «quenelle»
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede bipbip » 05 Mar 2014, 01:04

Tiré du mensuel Alternative Libertaire de février

Dieudonné, néo-naze

Le buzz déclenché par l’« affaire Dieudonné » a le mérite de rendre manifeste que le pseudo-comique est maintenant à 100 % un propagandiste d’extrême droite. Raciste comme le gouvernement, fraudeur du fisc comme les capitalistes, il n’a rien d’anti-système, mais demeure dangereux de par le succès qu’il rencontre.

Au premier abord, les discours de Dieudonné ont l’apparence de la démence. Ainsi quand, il y a deux ans, il estimait dans une interview à la télévision iranienne que, le sionisme, c’était « la perversion, le vice, le mensonge », qui veut « à la fois fois exister en souterrain et au grand jour », et que « en dessous, c’est toute la planète qui est touchée et infiltrée par cette maladie ».

Pourtant, Dieudonné est parfaitement lucide et conscient de ce qu’il fait. Il manie la provocation avec habileté pour se poser en victime et renforcer la croyance de ses supporters en un grand complot des « sionistes » (entendre les juifs), qui tireraient les ficelles au coeur du système.

Le mois de janvier aura été une illustration de ce phénomène. À l’origine, une remarque au cours d’un « sketch » sur le journaliste Patrick Cohen, regrettant que ce dernier n’ait pas fini en chambre à gaz, entraîne une indignation plutôt compréhensible. Quelques quenelles plus tard, Valls rebondit sur la polémique en appelant les préfets à annuler les spectacles de l’antisémite.

Antisémitisme sans ambiguïté

À Nantes, le 9 janvier, l’arrêté de la préfecture de Loire-Atlantique interdisant le spectacle qui devait se tenir le soir même est d’abord suspendu par le tribunal administratif de Nantes, mais la décision est elle-même annulée par le Conseil d’État quelques heures plus tard. Une telle rapidité de jugement, exceptionnelle de la part de la plus haute autorité administrative de l’État, ne pouvait que laisser penser à des esprits qui, comme celui des dieudonnistes, ont déjà des penchants conspis, que des pressions au plus haut niveau avaient eu lieu. Peut-être n’ont-ils d’ailleurs, pour une fois, pas tout à fait tort.

Certes, Dieudonné sort de l’épisode doté d’une réputation d’antisémitisme sans ambiguïté pour beaucoup de gens. Mais pour une minorité trop dépolitisée pour voir à travers les grosses ficelles de la stratégie Dieudonné, il est maintenant auréolé du prestige du résistant, de celui contre qui « tout le monde » au sein du « système » est.

Pourtant, Dieudonné n’a rien d’anti-système. Son antisémitisme, sans doute sincère, est aussi un fonds de commerce, qui lui permet de remplir ses salles et de vendre des billets plusieurs dizaines d’euros, en substituant des provocations racistes monomaniaques à un humour en panne.

Dieudonné est aussi, comme bien des capitalistes français, un fraudeur fiscal : en octobre 2012, une partie de ses biens avait été saisie pour permettre au fisc de recouvrer 887 000 euros d’impôts impayés. Le commerce de la haine est manifestement lucratif.

Dieudonné est également visé par une enquête pour blanchiment et « organisation frauduleuse d’insolvabilité », pour échapper aux amendes, d’un montant total d’environ 65 000 euros, infligées notamment pour ses propos antisémites.

Amalgame

Dieudonné n’est pas non plus antisioniste, si on entend par là le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien en lutte pour ses droits. Jamais, en effet, il n’a apporté un quelconque soutien concret à ce mouvement. Pire, il n’a fait que rejoindre la droite pro-israélienne dans l’amalgame juif/sioniste que des organisations comme le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s’efforce d’effectuer afin de pouvoir assimiler tout mouvement de solidarité avec les Palestiniens à une forme d’antisémitisme – alors même. On l’a vu encore récemment avec la campagne menée contre la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanction (BDS), menée à l’appel de la société civile palestinienne pour mettre en place, pacifiquement, une pression économique sur Israël. Des militantes et militants de BDS ont ainsi pu être poursuivis et parfois condamnés ces dernières années.

Dieudonné, par l’amalgame qu’il favorise entre l’antisionisme dont il se réclame, par exemple avec la liste présentée aux européennes de 2009 avec Alain Soral, et l’antisémitisme qu’il propage effectivement, fait ainsi cause commune avec les ennemis du peuple palestinien.

Par son antisémitisme, Dieudonné se fait aussi l’alter ego de toutes celles et ceux qui, jusqu’au sommet de l’État, s’efforcent de profiter de l’angoisse suscitée par la crise pour stigmatiser une population. Comme Manuel Valls, spécialiste des propos racistes contre les Roms et les musulmans.

Propagandiste dangereux

Mais si le racisme semble être, malheureusement, l’une des choses les mieux partagées en France aujourd’hui, on peut toutefois noter que les sorties de Dieudonné font couler plus d’encre que d’autres, pourtant du même acabit. Ainsi, Gilles Bourdouleix, député-maire de Cholet (Maine-et-Loire), avait déclaré à propos des Roms : « Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez ». À propos d’une population qui faisait, comme les juifs, l’objet d’un projet d’extermination de la part des nazis, les propos n’ont pas grand chose à envier à ceux de Dieudonné sur Patrick Cohen. S’il a dû démissionner de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), l’homme politique a conservé ses mandats sans susciter le quart de l’indignation actuelle. Mais comment en serait-il autrement quand le ministre de l’Intérieur lui-même affirme que les Roms n’ont pas vocation à s’intégrer en France, et encourage les expulsions ?

Dieudonné n’en est pas moins un propagandiste dangereux car couronné de succès depuis un bon moment. Outre ses spectacles, pour lesquels il était parvenu à vendre parfois dans les 5 000 billets, comme à Nantes, ses vidéos diffusées sur YouTube ont cumulé 40 millions de vues depuis mars 2011 sur sa chaîne « iamdieudo », et il est suivi par 260 000 abonnés. Sachant qu’il se montre régulièrement avec des personnalités d’extrême droite, comme le négationniste Robert Faurisson, ou tout récemment avec Serge Ayoub, à qui il a offert une tribune pour que le leader d’extrême droite puisse diffuser sa désinformation sur le meurtre de Clément Méric, assassiné par ses ouailles. Dieudonné fait planer le risque d’une popularisation des idées d’extrême droite, racistes et conspirationnistes. Il est à prendre au sérieux. Si le gouvernement vient seulement de se rendre compte du danger, nous le combattons depuis des années, et nous continuerons.

Vincent (AL Paris-Sud)

http://alternativelibertaire.org/?Antif ... e-neo-naze


Dieudonné-Soral : À nous de les faire taire !

L’interdiction des spectacles de Dieudonné pose la question de la légitimité de l’État à régenter et encadrer les esprits. Plutôt que par la répression étatique, c’est bien par l’action directe des exploité-e-s que l’on viendra à bout des idées et discours racistes et fascistes.

Entre deux remarques racistes sur les Roms ou les musulmans, Manuel Valls a subitement annoncé que contre les blagues antisémites de Dieudonné, il fallait sévir, et interdire ses spectacles. Vœux exaucé le 9 janvier pour le spectacle de Nantes, sur décision du Conseil d’État.

Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris, veut quant à elle faire fermer la Main d’Or, le théâtre du pseudo-comique. Enfin, le député UDI Meyer Habib souhaite déposer un projet de loi pour interdire la quenelle...

Outre que ces propositions ne font que renforcer Dieudonné dans son statut de victime du « système », on ne peut pas souscrire, en tant que libertaires, à l’idée que l’État puisse légitimement déterminer ce qui est idéologiquement ou historiquement vrai ou pas, et interdire ce qui va en sens inverse.

Car, lorsqu’on voit la libération de la parole raciste dans les plus hautes sphères gouvernementales, les opinions farfelues sur les immigré-e-s mais aussi sur l’esclavage, la Première Guerre mondiale, la guerre d’Algérie ou Mai 68 exprimées par certains hommes politiques, on a des sueurs froides à l’idée de leur laisser imposer arbitrairement leur vision de l’histoire ou de la société.

La question de soutenir des lois, des décrets visant à interdire quelque opinion, discours, geste ou organisation que ce soit ne se pose donc pas. On ne pourrait pas non plus soutenir l’interdiction de telle ou telle organisation d’extrême droite sans reconnaître implicitement la légitimité de l’État à avoir droit de vie et de mort sur les organisations politiques, y compris d’extrême gauche, et donc son droit à nous dissoudre si tel était son bon plaisir. Même si on n’irait pas manifester contre l’interdiction du Front national ou de telle ou telle organisation néo-nazie...

Action directe

Cela ne signifie pas pour autant que toutes les opinions se valent, qu’elles doivent pouvoir être indifféremment déversées dans l’espace public, que les milices d’extrême droite ont toute leur place en démocratie, ou que le négationnisme doive être enseigné dans les écoles au même titre que la vraie histoire de l’Holocauste – parce qu’ainsi « chacun pourra se faire son opinion »... Ces propos, ces idées, ces organisations doivent être combattus et anéantis, mais pas en gémissant auprès de l’État pour qu’il envoie les forces de répression faire le sale boulot. C’est aux exploité-e-s de s’en charger par l’action directe. Cette action directe, c’est d’abord un combat d’idées à mener contre les fascistes, à travers un travail de contre-propagande dans les entreprises et les quartiers où l’idéologie dieudonnesque pousse.

C’est aussi un travail de perturbation des activités des fachos de tout poil sur le terrain. Ainsi, lorsque des grenouilles de bénitier viennent prier devant les centres IVG pour l’âme des avortons, comme récemment devant l’hôpital Tenon à Paris, il n’y a pas lieu d’en appeler à la préfecture pour qu’elle interdise cette prière de rue. Il faut par contre mobiliser pour que le plus grand nombre de militantes et militants féministes et progressistes viennent les déloger.

Il faut faire pareil devant les spectacles de Dieudonné. Les empêcher de se tenir plutôt que de prier pour qu’ils soient interdits. Déjà lorsque la liste « antisioniste » de Soral et Dieudonné était venue parader, en mai 2009, sur un marché populaire parisien, il était du devoir des antiracistes de venir lui signifier fermement leur désaccord, ce qui avait amené à la garde à vue de plusieurs d’entre eux. Quatre ans et demi plus tard, l’État se dit que finalement, c’est vrai que Dieudonné est un peu antisémite, et qu’il faudrait faire quelque chose. Et si, pour commencer, il arrêtait de réprimer celles et ceux qui se mobilisent sur le terrain contre le racisme et le fascisme ?

Vincent (AL Paris-Sud)

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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede Kzimir » 14 Mar 2014, 12:35

Point de vue : Le danger antisémite

Nous assistons actuellement au succès grandissant de discours antisémites. Ce succès témoigne d’une tendance de fond dans la société française.
Depuis quelques années, les saillies antisémites de l’ancien comique Dieudonné sont de plus en plus écoutées. Si beaucoup de ceux qui se photographient faisant des quenelles semblent provenir de la clientèle habituelle de l’extrême droite (notamment des forces de répression), on peut aussi y voir des syndicalistes, des jeunes des quartiers, etc. Signe que l’antisémitisme est assumé, beaucoup font ce salut dans des lieux qui n’ont rien à voir avec le sionisme, et tout à voir avec l’histoire juive (mémorial de la déportation, maison d’Anne Frank, école où a frappé Mohammed Merah…). La reprise de slogans antisémites (« Juif, la France n’est pas à toi », etc.) dans la manif « Jour de colère » est aussi un signe de cette progression.


Le vieux démon de l’antisémitisme

Dieudonné n’a pas inventé l’antisémitisme. Mais c’est la première fois depuis des décennies que celui-ci s’affiche de manière aussi populaire. Au XIXe siècle, l’antisémitisme a été une constante du discours politique, y compris chez des penseurs socialistes. Il permettait de fusionner la judéophobie traditionnelle et un anticapitalisme mal digéré opposant travail national et capital juif, tout en donnant à la petite bourgeoisie un bouc émissaire à sa crainte de paupérisation. L’antisémitisme permettait donc d’unir la religion, les travailleurs et la bourgeoisie dans la recherche d’un ennemi fantasmé tout en renforçant une pseudo-communauté nationale.

Depuis, les lignes ont bougé. L’affaire Dreyfus a permis de sortir une première fois l’antisémitisme du camp progressiste. La défaite du nazisme a rendu inaudible tout discours ouvertement antisémite, qui rappelait à la fois la Shoah et la Collaboration. Enfin, la création d’Israël en 1948 a changé la vision des juifs. Ceux-ci sont alors assimilés aux kibboutz, à la colonisation, ou à l’alliance franco-israélienne, tandis que l’image classique d’assassins de prophète perd son importance (même si elle reste prégnante chez la frange la plus réactionnaire du clergé musulman ou catholique).

L’influence du conflit palestinien

Parallèlement, de plus en plus de Français et de Françaises ont commencé à prendre parti dans le conflit israélo-palestinien, parfois selon des lignes communautaires. Ainsi, les institutions juives, comme le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), ont adopté une ligne de soutien sans nuance à la politique israélienne  [1] . En même temps, les deux bords ont fait des tentatives pour internationaliser le conflit, notamment en jouant sur la dynamique communautaire. Pour compenser le déséquilibre des forces en présence, côté palestinien ; pour pousser de plus en plus de juifs à émigrer en Israël afin de gagner la «  guerre démographique  », côté israélien. Enfin, certains groupes politiques ont cherché à utiliser le conflit pour politiser les français issus de l’immigration.

Ces identifications communautaires ont été instrumentalisées pour créer une confusion entre antisémitisme et antisionisme  [2]. Celle-ci est d’autant plus facile que la différence n’était pas toujours claire sur le terrain (ainsi, le Hamas est à la fois la force la plus active de résistance à l’occupation et un parti vecteur d’un projet de société fasciste et antisémite)  [3] et que l’extrême gauche française, très impliquée dans le soutien à la cause palestinienne, a parfois fait l’impasse sur la lutte contre l’antisémitisme.

Et aujourd’hui ?

Ce qui inquiète, c’est surtout la popularité grandissante que peuvent connaître ce type de discours. Elle s’explique parce que dans un contexte de crise, une partie de la population cherche des responsables. Le racisme a alors pour objectif est de souder la communauté nationale autour du combat contre un bouc émissaire. L’antisémitisme en est une variante permettant de récupérer une thématique anticapitaliste en paraissant cibler les dominants (faisant ainsi l’impasse à la fois sur la bourgeoisie non juive comme sur le prolétariat juif). La progression des discours racistes est donc en cohérence avec la situation historique. C’est ce qui explique que le gouvernement tente de lutter contre l’antisémitisme tout en continuant les attaques contre les Roms et les musulmans. Il s’agit plus ici de désaccords sur le choix de la cible que d’un réel antiracisme (qui nécessiterait la mise en avant d’une alternative sociale crédible).

Ce qui pourrait faire que le discours antisémite soit repris dans notre camp social, c’est qu’il pervertit des notions progressistes en mots d’ordres fascistes. Il nous faut donc être d’autant plus clair sur ces points. Le capitalisme est un système économique intégré au niveau mondial permettant l’exploitation d’une classe par une autre par le biais de la propriété privée des moyens de production. Les antisémites et les complotistes le voient comme domination de groupes mystérieux qui contrôleraient le monde dans l’ombre (illuminatis, «  lobby juif  », etc.). Au niveau international nous soutenons ceux qui se battent contre l’oppression, en Palestine comme ailleurs. Soral et consorts préfèrent soutenir tout les ennemis supposés du Nouvel Ordre mondial (de Poutine à Assad en passant par le Hamas), appuyant ainsi des massacreurs et des mini-impérialismes. Nous luttons contre le racisme, pour la fin des inégalités basées sur une origine, une religion, ou une nationalité. Les racistes préfèrent fantasmer sur une réconciliation à l’ombre du drapeau tricolore contre un ennemi fantasmé (ici les juifs, ailleurs les musulmans).

Pour lutter contre l’antisémitisme, nous devons également interroger les notions de minorités nationales, de communautarisme, etc., et les questions qu’elles posent du point de vue de l’auto-organisation  [4]. Si le mouvement libertaire est traditionnellement plutôt hostile au communautarisme, le développement du racisme risque de nous forcer à réfléchir de nouveau à tout ça, au nom de la nécessaire organisation autonome des racisé-e-s.

Dany (AL Toulouse)


[1] Ce soutien prend appui sur l’idée qu’Israël serait de nature la deuxième patrie de l’ensemble des juifs, et qu’en conséquence la défense des intérêts des juifs de France passerait par la défense des intérêts israéliens.

[2] Par les antisémites comme par des groupes sionistes, ces derniers comptant par là discréditer toute critique de la politique israélienne.

[3] 3. Cette confusion est par exemple présente dans le texte «  Pourquoi Dieudonné n’est pas fréquentable  », qui termine en faisant de Cheikh Yassine un combattant antisioniste.

[4] 4. Ce que fait notamment un texte comme le récent « Face à l’antisémitisme, pour l’autodéfense ».


http://www.alternativelibertaire.org/?P ... antisemite


Je précise que l'article est en point de vue, ce qui signifie qu'il ne s'agit pas d'une expression d'AL mais seulement du signataire. La raison principale en est des désaccords concernant l'influence du conflit du palestinien.
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede bipbip » 11 Avr 2014, 06:42

À quoi sert Dieudonné ? Et qui en profite ?

Antisémitisme, sionisme, humoriste, liberté d’expression, antisystème… , tout se mélange. Si on essayait d’y voir clair ?

Ils disent la même chose.

Commençons par une anecdote. La veille du jour de l’an, je rentre de Gaza, la tête pleine des horreurs des effets du blocus. Je suis dans la voiture qui me ramène de l’aéroport et le téléphone sonne. C’est France-Bleu-Provence qui veut m’interviewer … sur Dieudonné, pas sur Gaza. « L’affaire » ayant fait du bruit jusqu’au Caire, je suis vaguement au courant. Sans trop réfléchir, je leur dis : « Ecoutez, je ne sais pas si Dieudonné est un agent du Mossad, mais s’il ne l’est pas, c’est que le Mossad est devenu franchement très con, ce à quoi je ne crois pas ». Je sens un grand blanc chez mon interlocutrice. J’embraye : « Car enfin, Dieudonné et les partisans inconditionnels d’Israël disent la même chose : que juif = sioniste ou que les partisans d’Israël sont propriétaires du génocide nazi ». « Et puis, Valls qui affirme que les Roms n’ont pas vocation à vivre en France est-il qualifié pour nous donner des leçons d’antiracisme ? »

Il m’est parfois arrivé de passer sur les médias. Mais cette fois-ci, mon refus de choisir entre Dieudonné et Valls ne correspondait pas à ce que les médias souhaitent. Et mon interview n’a pas été diffusée.

Le rôle historique de l’antisémitisme

Les Juifs, pour reprendre les termes de Hannah Arendt, ont été les parias de l’Europe, considérés comme des « Asiatiques inassimilables ». Il y a eu un consensus antisémite en Europe contre les Juifs, considérés comme un obstacle aux rêves fous de pureté « ethnique » ou « raciale ».

Le sionisme a transformé les Juifs en en faisant des colonisateurs européens au service de l’Occident. Les Juifs européens d’aujourd’hui ne sont plus des parias ou des dominés. L’islamophobie a remplacé l’antisémitisme comme dénominateur commun de toutes les idéologies de haine et d’exclusion. L’extrême droite est aujourd’hui plutôt pro-israélienne à l’image de ces dirigeants (le Flamand Dewinter, le Néerlandais Wijlders ou l’Autrichien Strache) partis à Jérusalem visiter la Knesset et le musée Yad Vashem à l’invitation de leur « collègue » Lieberman.

Il est piquant de voir le n° 2 du CRIF (William Goldnadel) devenu l’avocat de l’ancien rédacteur en chef du journal « Minute » (Patrick Buisson) comme si les antisémites traditionnels étaient devenus fréquentables.

L’antisémitisme n’a bien sûr pas disparu, mais il n’est plus l’instrument des dominants pour écraser les dominés. Quelqu’un comme Valls qui proclame tous les jours son « philosémitisme » (« par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël ») pense en même temps que « les Roms ont vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie ».

Dieudonné est-il antisémite ?

La question peut paraître stupide, mais de nombreuses personnes, surtout dans les quartiers populaires, nient cette évidence. Ils affirment que c’est de l’humour et/ou de la provocation et que c’est parfaitement licite.

Humour, l’affirmation vieille de plus de 10 ans où Dieudonné expliquait que « la traite des Noirs a été financée par des banquiers juifs ».

Humour raffiné, la composition de la « liste antisioniste » présentée aux élections de 2009. Pour éviter les poursuites judiciaires, je laisse aux lecteurs/trices le soin d’aller voir la biographie des grandEs humoristes/humanistes que sont Yahia Gouasmi, Alain Soral, Ginette Skandrani, Maria Poumier, Pierre Panet ou Christian Cotten. Pierre Panet est décidément un grand humoriste. Présent sur la liste du FN dans le XIIème arrondissement de Paris, il a indisposé les dirigeants de ce noble parti stupéfaits de découvrir un négationniste sur leurs listes.

Humour encore le fait d’intégrer Faurisson à son spectacle ou de manifester son amitié pour Serge Thion.

La bonne question n’est pas : « est-il antisémite ? » mais « comment et pourquoi l’est-il devenu ? ». Je pense qu’au départ, c’est « la concurrence des victimes », l’idée juste qu’on a minimisé un crime aussi long et épouvantable que l’esclavage et la traite des Noirs alors que la Shoah (je préfère le terme « génocide nazi ») est devenue quelque chose qu’on doit célébrer, parfois sans prendre le recul pour en comprendre les ressorts. Dieudonné est devenu monomaniaque de la dénonciation de l’esclavage. Les sionistes sont devenus monomaniaques de la Shoah au point de nier les autres génocides. Là aussi, des formes de pensée parallèles, la concurrence des victimes c’est dangereux.

L’antisémitisme de Dieudonné est devenu obsessionnel et il a repris un certain nombre de stéréotypes classiques (« Les Juifs maîtres du monde », « Les Juifs et l’argent », « Les Juifs et les médias »).

Un formidable cadeau au sionisme.

L’Etat d’Israël a été déclaré coupable du crime d’apartheid par le Tribunal Russell sur la Palestine. Aux yeux d’un nombre croissant de citoyenNEs du monde entier, Israël aujourd’hui, c’est l’Afrique du Sud d’autrefois et il faut boycotter ce pays colonialiste qui pratique des crimes de guerre. La dernière défense des partisans de la politique israélienne, c’est de brandir l’antisémitisme, c’est de dire que critiquer Israël, c’est de l’antisémitisme, c’est de s’approprier le génocide nazi et de l’utiliser pour empêcher toute critique.

En Israël même, ce qui maintient le « consensus » dans la société pour écraser les PalestinienNEs, c’est le complexe de Massada, ce sentiment collectif que les victimes ont été, sont et seront toujours les Juifs, que personne ne les aime et qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se défendre.

La guerre israélo-palestinienne n’est ni raciale, ni religieuse, ni communautaire. Elle porte sur des questions universelles fondamentales : le refus du colonialisme et l’égalité des droits. Qui dit le contraire ? les sionistes et les amis de Dieudonné. Pour les sionistes, les Juifs ont vécu en exil, ont fait leur retour dans leur pays et les Palestiniens n’existent pas ou sont des intrus. Pour Dieudonné, le mal que les sionistes infligent aux Palestiniens est intimement lié à la nature perverse des Juifs. Les sionistes disent : « c’est parce que tout le monde nous persécute qu’il nous faut un pays dominant ses voisins » ; Dieudonné leur répond : « c’est parce que les Juifs dominent le monde qu’ils persécutent les Palestiniens ».

Discours parallèles et complémentaires pour que le choix n’existe qu’entre deux formes de barbarie et de racisme.

Nous savons que l’instrumentalisation du génocide nazi par les sionistes est une escroquerie. Les sionistes n’ont joué qu’un très faible rôle dans la résistance juive au nazisme. Certains de leurs dirigeants se sont fortement compromis avec le nazisme. Et les millions de victimes de l’extermination n’avaient rien à voir avec le projet colonial qui a détruit la Palestine. Comme Dieudonné pense que juif et sioniste, c’est pareil, il multiplie les allusions obscènes sur le génocide et fréquente allègrement les négationnistes. Cela sert qui ?

Si Dieudonné n’existait pas, les sionistes l’auraient inventé. Il n’est hélas pas le seul. On trouve un tout petit nombre d’individus qui affirment que « Les Juifs sionistes et antisionistes sont les deux faces d’un même problème » ou que « la cause palestinienne est mal défendue là où la parole antisémite est brimée alors qu’elle est bien défendue là où cette parole est libre ».

Deux discours voisins

Nous vivons une période de racialisation des conflits. L’Occident est en plein dedans avec « La guerre du Bien contre le Mal » et le « choc des civilisations ». Le mal, ce sont les Arabes, les Musulmans, les bronzés, les quartiers, les pauvres. Et la Bible vient au secours de ce mode de pensée avec les Chrétiens sionistes pour qui les Arabes, c’est Armageddon et il faut les expulser.

Israël est l’élève modèle de ce discours. Mais la France aussi qui discrimine et ostracise touTEs les descendantEs de l’immigration post-coloniale.

Dieudonné fait comme les sionistes. Il essentialise les gens selon leur origine ou leur identité supposée. Il répond à la haine et la discrimination par la connerie raciste. Il ne connaît rien à la Palestine. Là-bas, celles et ceux qui soufrent savent que juif et sioniste, ce n’est pas pareil. Ils ont connu ou entendu parler de Michel Warschawski, d’Amira Hass, de Gideon Lévy ou de Juifs non Israéliens comme Stéphane Hessel ou Noam Chomski.

Antisystème, quelle blague !

La popularité de Dieudonné vient d’un sentiment diffus. Il est perçu comme un mode de rupture, comme quelqu’un « d’antisystème ».

En vérité Dieudonné occupe un créneau précis : capter une partie du vote des « quartiers » au profit du Front National.

La rupture avec le système, c’est la lutte contre les ravages du capitalisme, c’est renouer avec la lutte des classes, c’est réinventer une véritable égalité sociale et l’égalité des droits.

L’idéologue qui inspire Dieudonné (Alain Soral) a beau avoir appelé son mouvement « Egalité et Réconciliation », il ne prône ni l’un ni l’autre. Il s’inspire clairement de ce qui a fait la force du fascisme : transformer la colère sociale en colère raciste, briser le mouvement ouvrier et faire disparaître les traces de son histoire.

Historiquement, Le Pen c’est l’Algérie Française, la torture, la stigmatisation permanente de « l’immigré » et de ses symboles supposés (les mosquées, le voile …). Que la violence de la crise pousse des gens dans les quartiers à entendre ce discours n’a qu’une seule source : la volonté d’une rupture avec le système.

Il est tragique que la « gauche » qui a historiquement incarné cette soif de changement soit à ce point devenue inaudible. Elle est jugée responsable du chômage, de l’abandon, des discriminations, de la désagrégation du tissu social et de la montée du racisme.

Interdire Dieudonné n’a pas de sens. Surtout quand c’est Valls qui s’en mêle et qui prétend combattre Dieudonné au nom des « valeurs républicaines ». Quelles valeurs ? Celles de la république française héritière des guerres coloniales ? Celles qui en organisant la destruction des acquis sociaux a transformé des territoires entiers en zones sans présent ni avenir ? Il faut combattre Dieudonné idéologiquement. Il n’est pas une victime. Il est la face complémentaire de l’idéologie dominante.

Pierre Stambul

http://www.ujfp.org/spip.php?article3146
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede Nyark nyark » 30 Avr 2014, 10:58

La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede Kzimir » 30 Avr 2014, 19:00


Le truc est intéressant, mais quelques points me semblent douteux.
Par exemple :

L'illusion que l'anticapitalisme antisémite populaire de droite, ou d'extrême droite, pourrait avoir une dimension « progressiste »

Perso je ne crois jamais avoir entendu quelqu'un défendre ce genre de trucs. Et pourtant j'ai eu pas mal de discussions sur l'antisémitisme avec pas mal de militants de différentes orgas. Ou alors c'est très très très très caricaturé.

La volonté des courants gauchistes actuels de reprendre à leur compte les théories multiculturalistes et postcoloniales anglosaxonnes

Ce point me semble encore plus douteux. Justement parce qu'on considère assez rarement comme faisant partie des privilégiés des victimes blanches d'autres oppressions. Cette histoire d'extrême gauche qui opposerait le camp des "blancs" au camp des "non-blancs" me semble soit une mauvaise compréhension des positions du PIR. Par contre il faut faire une différenciation entre une idéologie raciste et un système d'oppression raciste (ce qu'aujourd'hui l'antisémitisme n'est pas, mais qu'il pourrait devenir).

Cette confusion volontaire entre des phénomènes et des dimensions aussi différentes a pour principal objectif de minorer voire de déconsidérer la critique de l’antisémitisme moderne, au nom de la lutte contre l’islamophobie, contre les thèses des néoconservateurs mais aussi contre le rationalisme et l’universalisme, jugés, au choix, soit trop occidental, soit « trop blanc » soit implicitement « trop juif », ou les trois à la fois.

Et par quel phénomène la lutte contre l'islamophobie aurait pour conséquence l'abandon de la lutte contre l'antisémitisme ? Parce que perso les deux me semblent aller ensemble, à condition qu'on comprenne les deux comme faisant partie d'un même phénomène, le racisme, dont la fonction est d'unifier une communauté nationale contre un ennemi intérieur réel ou fantasmé.

Enfin, les points 11 et 12 me semblent faire la confusion entre les positions habituelles de l'extrême gauche et celles prises dans la sphère conspirationniste. Or j'ai l'impression que depuis quelques années, après une confusion initiale, un vrai travail est fourni par la plupart des orgas progressistes pour se différencier des thèses conspis.

Pour finir, de manière générale j'ai un peu du mal avec les arguments du genre "l'extrême gauche dit ça", "les gauchistes disent ceci". Si on parle d'organisations réelles et de prises de positions réelles, autant les préciser, mais il me semble pas y avoir masse de points commun sur la question entre les positions du PIR, du NPA, de la FA, etc.
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Fusillade au Musée Juif de Bruxelles

Messagede altersocial » 24 Mai 2014, 22:03

Suite à la manifestation dieudonnarde antijuive du 4 mai :

:arrow: Bruxelles: Le rassemblement antisémite dispersé par la police

... la LBCA fait ce rapprochement aujourd'hui :

Fusillade au Musée Juif à Bruxelles: "Ce qui s'est passé était prévisible"

"Ce qui s'est passé était prévisible", a réagi le président de la Ligue belge contre l'antisémitisme (LBCA) Joël Rubinfeld, après qu'une fusillade a fait trois morts et un blessé grave samedi après-midi au Musée Juif de Belgique, dans le centre de Bruxelles.

"Cela devait hélas arriver. Nous assistons ces dernières années à une libération de la parole antisémite. Elle reprend du poil de la bête, notamment à travers les discours de l'humoriste Dieudonné ou du député Laurent Louis", estime M. Rubinfeld. "La fusillade de ce samedi est le résultat inévitable d'un climat qui distille la haine."

"Le plus important aujourd'hui est d'arrêter les responsables de la fusillade, qui, pour moi, n'est autre qu'un acte terroriste, et de les traduire en justice. Mais demain, il faudra également user de tous les moyens légaux pour faire taire les prêcheurs de haine qui ont une responsabilité dans la propagation du virus antisémite", ajoute-t-il.

"Il s'agit d'un combat qui ne concerne pas que la communauté juive mais l'ensemble du pays et ses valeurs fondamentales", a-t-il conclu.
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede Kzimir » 31 Juil 2014, 11:06

Un article du Monde Libertaire que je trouve pour une fois plutôt bon (si l'on excepte la fin sur le sionisme, comme si la définition du truc n'avait pas bougée).

Les pièges antisémites

Depuis les « affaires » Dieudonné, les Jours de colère et les dernières frasques de Jean-Marie Le Pen, l’antisémitisme semble de retour. En réalité, il n’a jamais disparu, mais il était peut-être moins visible et peut-être qu’à force de crier au loup les médias avaient saoulé les gens.
Avant toute chose, une question de terme. Nous pensons qu’il faut utiliser le terme « antisémitisme », même si étymologiquement il n’est pas exact (tous les juifs ne sont pas sémites et tous les sémites ne sont pas juifs) étant donné que c’est le terme qu’utilisent la plupart des Juifs pour parler de cette oppression.
Le constat qu’on peut faire, c’est en tout cas une restructuration de l’antisémitisme.
Tout d’abord, c’est la fin de l’antisémitisme traditionnel du FN. Sans entrer dans les détails, force est de constater que leur image s’est lissée, au moins sur cette question, et les dernières sorties de Jean-Marie Le Pen servent aussi cette image, finalement. En effet, elles donnent l’impression que l’antisémitisme, c’était avant, mais que dans le nouveau FN de Marine Le Pen les choses sont claires là-dessus.
On peut aussi constater que tous les politiciens de toutes les chapelles, ainsi que tous les journalistes, sont unanimes sur cette question. De même qu’au FN ils ne voient aucun problème à l’islamophobie ou au racisme anti-Rrom, ils ne laisseront jamais passer la moindre remarque antisémite. Et ils passent des heures à se demander si telle attaque contre telle personnalité juive est antisémite ou non. Il est évident que cette clarté est de façade et leurs luttes médiatiques, parce que axées sur un antiracisme moralisateur et clairement à double vitesse, sont inefficaces, voire contre-productives.
De fait, la lutte contre l’antisémitisme semble être devenue, pour les esprits faibles, le centre du « système », vu que c’est la seule chose (si on ne creuse pas trop) qui semble relier tous les partis et tous les médias. Cela permet donc à un couple Soral-Dieudonné de prospérer sur la théorie du complot juif. Classique, certes, mais toujours efficace.
Du côté antifasciste radical, on constate un total abandon de cette lutte. On peut donner comme exemples les mois où Dieudonné a été sur le devant de la scène médiatique et où, un peu partout, être antisémite était quelque chose d’acceptable. Pendant ce temps, les organisations antifascistes n’ont fait que sortir des textes. De bons textes, sans doute, mais rien de concret.
Ou encore, on peut constater que les meurtres antisémites sont systématiquement oubliés dans la liste des crimes racistes cités régulièrement. Ou bien, le 7 juin dernier, lors de la manifestation en hommage à Clément Méric, le mot « antisémitisme » n’a pas été prononcé dans la moindre prise de parole finale, alors même que quatre personnes avaient été assassinées une semaine auparavant devant le Musée juif de Bruxelles. La liste est longue, mais c’est à se demander si, pour les antifascistes, l’antisémitisme n’existe pas, ou si le fait qu’il semble combattu médiatiquement nous pousse à ne pas en parler.
La seule réaction contre Dieudonné et Soral a été que, dernièrement, nombre d’antifas ont décidé de leur couper l’herbe sous le pied en se mettant à soutenir tous azimuts les luttes palestiniennes, à se déclarer antisionistes toutes les cinq minutes, même à créer un collectif Antifa pro-Palestine. Et à défiler derrière des banderoles « Contre le sionisme et le fascisme » aux cris de « Paris-Gaza, antifa », comme s’il y avait le moindre rapport entre le calvaire que vivent les Gazaouis sous l’occupation israélienne et sous l’oppression du Hamas et la situation du fascisme à Paris. Nous reviendrons plus bas sur le caractère suicidaire de cette stratégie.
Les effets de l’abandon total de la lutte contre l’antisémitisme sont clairs. Les juifs qui veulent se défendre se tournent vers les seules organisations qui leur proposent quelque chose : l’extrême droite juive. La renaissance récente du Bétar, après de longues années de sommeil, n’est pas un hasard. La Ligue de défense juive (LDJ), qui était plus ou moins en conflit larvé avec le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), peut aujourd’hui prendre la tête d’une manifestation contre l’antisémitisme sans que les autres participants soient plus choqués que ça.
Qui plus est, la volonté de couper l’herbe sous le pied de Dieudonné-Soral en occupant le terrain propalestinien peut sembler une bonne idée mais, en réalité, c’est une stratégie suicidaire à long terme. En effet, en centrant nos luttes autour des questions palestiniennes, nous accréditons la thèse des néonazis comme quoi cette question est centrale. Si nous ne pouvons nous déclarer antifascistes ou anticapitalistes sans ajouter immédiatement que l’on est aussi antisionistes, alors nous accréditons la thèse comme quoi le sionisme est un problème essentiel dans nos vies, au même niveau que le capitalisme. De même, utiliser le symbole des doubles drapeaux rouge et noir en y ajoutant le drapeau palestinien veut dire que nous sommes pour l’anarchie, pour le communisme certes, mais surtout pour la Palestine.
Cela contribue à l’hégémonie culturelle des fascistes. Au final, il est anecdotique de savoir si l’on se dissocie publiquement d’un Dieudonné ou qu’on est clair sur l’antisémitisme, puisqu’au final on dit la même chose que lui : nos combats principaux, et donc nos problèmes principaux, sont liés au sionisme. Nous n’avons pas la même acception du mot sioniste que lui, sans doute, mais au final, qui s’en soucie ? De plus, l’utilisation systématique du terme « antisioniste » est une erreur sémantique qui induit des erreurs politiques. Le sionisme est la volonté de constituer un foyer national juif, c’est une lutte de libération nationale. Aujourd’hui, ce foyer national existe, donc le sionisme n’existe plus. Comme le dit un ami à moi : « Le sionisme est mort en 1948, assassiné par David Ben Gourion. »
Si l’on continue à se dire « antisionistes », et non pas contre la politique ou l’existence de l’État d’Israël, on va dans le sens de Dieudonné. Le sionisme devient un concept a-historique et l’on cherche des spécificités à l’État d’Israël, qui au final n’en a pas tant que ça : l’apartheid n’est pas une invention israélienne, tout comme le colonialisme.
Pour revenir à notre propos, centrer les luttes anticoloniales sur la question palestinienne a pour effet direct d’invisibiliser la plupart des autres luttes de libération nationale. En somme, il y a du monde pour la Palestine, moins pour le Sahara occidental, et le Tibet, tout le monde s’en tape.
Pour conclure, on peut dire que les fascistes de différentes obédiences sont en train de gagner clairement l’hégémonie culturelle. Pour la LDJ comme pour Dieudonné, le sionisme est la question centrale. Et nombre de camarades tombent dans le panneau et en font le centre de leurs luttes.
Il nous faut réinvestir la lutte contre l’antisémitisme. Avoir une attitude décomplexée à l’égard de l’État d’Israël : nous sommes contre tous les États, contre tous les colonialismes, contre toutes les oppressions.

Bali
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http://www.monde-libertaire.fr/antifasc ... ntisemites
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede Pïérô » 31 Juil 2014, 13:01

La question est évidemment d’importance, je trouve juste qu’il exagère en disant que cette dimension a disparue, et d’ailleurs il y a nombres d’éléments sur ce forum qui reflètent bien qu’elle n’est pas oubliée. Alors peut-être que d’où il est, à la FA, ou dans certains milieux antifas, c’est ce qu’il ressent, mais je n’ai pas cette impression du côté d’AL par exemple, dans nos échanges au sein de l’organisation, dans la communication (comme le montre d’ailleurs le dernier communiqué d’AL : http://alternativelibertaire.org/?Soute ... lestiniens ). Il y a eu dernièrement aussi un article sur la question sur le site de La horde : http://lahorde.samizdat.net/2014/07/24/ ... stinienne/.

Il y a donc là des choses à partager, et dans cette dimension de la lutte et de la vigilance contre l’antisémitisme, mais pas en partant du principe que cette dimension n’existe plus.
Ensuite si en ce moment la mobilisation s'appuyant sur la révolte par rapport au massacre, et la solidarité lui parait centrale, c'est parce que cette actualité est quotidienne, alors que l'actualité des autres terrains de luttes est un peu en vacances. Il n'y a pas de choix politique d'en faire une priorité en hierarchisant les luttes.
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede Kzimir » 31 Juil 2014, 15:39

De là ou je suis, à AL, c'est également ce que je ressent. AL n'a pas communiqué quand il y a eu l'affaire Merah, ou les meurtres antisémites de Bruxelles, ou quand des manifs propals finissent en cramant une épicerie kasher, ou quand un connard balance des cocktails molotovs sur un espace culturel juif une heure après une manif. La seule prise de position consiste à nuancer les trucs sur la Palestine en rajoutant un paragraphe du genre "l'antisémitisme, c'est pas bien quand même". C'est bien en dessous de ce qui serait nécessaire, tout simplement parce qu'il y a de manière non-dite une idée comme quoi c'est un truc un peu secondaire (ce qui constitue une incompréhension complète du rôle social de l'antisémitisme). Et je ne parle même pas des magnifiques prises de position quand il y a eu les trucs avec Dieudo au début de l'année ...
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede Pïérô » 01 Aoû 2014, 00:41

C'est pas faux, mais il faudrait pondre des communiqués plus souvent et sur d'autres sujets d'importance aussi, et trop peu de camarades investissent ce travail de communication.

Il y a aussi une dimension qu'il ne faudrait pas oublier, c'est qu'il y a des personnes et associations juives (UJFP, UAVJ) qui se mobilisent contre la politique d'Israêl et en soutien aux palestiniens. Et c'est ce qu'il faut faire apparaitre aussi pour contrebalancer les confus, les antisémites, et le discours du CRIF. Il faudrait arriver sur deux front à faire le tri et le ménage dans le camp dit antisioniste en éjectant les antisémites, et dénoncer le prétexte de l'antisémitisme qui sert au gouvernement complice à interdire des manifs et en autoriser d'autres, comme celle en soutien à l'Etat d'Israël de ce jeudi.
Je trouve que le tract d'AL à differ dans les manif est pas mal fait : http://www.alternativelibertaire.org/?L ... tine-vivra
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede Blackwater » 01 Aoû 2014, 16:52

Le problème de ce tract, c'est que, quand il dénonce l'antisémitisme, il parle uniquement de la galaxie Dieudo-Soral, et pas de l'islamisme intégriste, tout autant dangereux et dont les alliés du Hamas par exemple à la tête de l'Iran tue des centaines de personnes toutes les semaines. Plus simplement, l'antisémitisme, quand il vient du milieu islamiste qui est présent dans nos manifs, Israël s'en sert pour justifier ses agressions.
Il est aussi de notre devoir de faire comprendre que le Hamas et l'islamisme en général n'a pas, et ne doit pas avoir, le monopole de la résistance palestinienne.
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede Pïérô » 01 Aoû 2014, 23:31

Exact, il y a là une vrai lacune dans le tract, tract qu'il faudrait remodeler de ce point de vue.

Elément intéressant aussi je trouve là :
Billet de Mona Cholet à propos du traitement par les politiques et les médias français de la guerre à Gaza
On ne s’y intéresse que pour enfermer encore davantage les « Arabo-musulmans » dans leur caricature antisémite ; pour traquer les quelques abrutis qui, bien que noyés dans des rassemblements de plusieurs milliers de personnes parfaitement pacifiques, en deviendront aussitôt l’emblème. On aborde les manifestants avec une malveillance plus ou moins subtile. Et on explique à ceux qui persistent à descendre dans la rue que, pour éviter les voisinages déplaisants, ils feraient mieux d’abandonner définitivement le terrain.
http://www.ujfp.org/spip.php?article3424

Il y a de quoi faire un tract en recto-verso. :)
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Re: Dieudonné et ses sbires fafs, antisémites, etc...

Messagede Kzimir » 02 Aoû 2014, 09:23

Sur les manifs, je ne sais pas si c'est aussi conscient que ça de la part des médias. Pour un journaliste, des crétins qui font une quenelle ou font partir en couille une manif sont des bons clients : Ils fournissent des belles photos, permettent de faire des reportages spectaculaires, etc. tandis qu'une manif ou ils se passe rien c'est pas vendeur. Je pense que sur ce point ça vient plus de la paresse et de la recherche de l'image choc de la part des journalistes que d'une volonté de décrédibiliser la cause palestinienne.
Ceci dit, je vais peut être me faire l'écho de l'horrible propagande sioniste, mais je suis convaincu que si nos manifs se retrouvaient d'un seul coup infiltré par des fachos classiques, genre par le Renouveau Français, plutôt que par des barbus et des soraliens, on aurait une réaction beaucoup plus directe. Pour ce que j'en ai vu jusque là, on cherche plus à les marginaliser (en étant plus nombreux, en les mettant dans des cortèges à part, en se tirant vite fait avant qu'ils récupèrent la manif, etc.) qu'à les sortir (ou à se casser nous, si les dégager n'est pas possible).
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