Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

...Sans Papiers, antifascisme...

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Messagede bipbip » 25 Jan 2018, 15:39

Entretien Pierre, accompagnateur en montagne : « Nous ne sommes pas des passeurs »
A la différence des guides de haute montagne, qui encadrent l’alpinisme, l’escalade ou le ski, l’activité des accompagnateurs en montagne se concentre sur la randonnée pédestre en été et en raquette l’hiver. Ils transmettent des connaissances sur le milieu montagnard, la faune, la flore, le patrimoine et l’histoire des territoires parcourus. Pierre1, qui a préféré conserver l’anonymat, est accompagnateur en montagne depuis une dizaine d’années dans le Sud-Est de la France et habite dans le Briançonnais, dans le département des Hautes-Alpes. Il explique comment s’organise l’aide aux migrants qui traversent, au péril de leur vie, les cols de l’Echelle ou de Montgenèvre pour rallier la France.
... https://www.alternatives-economiques.fr ... s/00082620


9ème détention de Cédric Herrou : Communiqué de SOMICO 06 – Récit de Cédric Herrou – Revue de presse
http://www.roya-citoyenne.fr/2018/01/9e ... de-presse/
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede bipbip » 04 Fév 2018, 16:06

GRAND FORMAT. Briançonnais, ce sont eux, les premiers de cordée solidaire !

Plus d'un millier de Briançonnais se sont mobilisés pour parer aux urgences des migrants qui arrivaient à leurs portes dans les pires conditions. Une chaîne exceptionnelle portée par la fraternité. Rencontre avec ceux qui donnent sens à la dignité.

L'image a fait la une de tous les médias. À l'appel des professionnels de la montagne, plus de 350 personnes ont formé, le 17 décembre 2017, une cordée solidaire lézardant sur les pentes abruptes du versant français du col de l'Échelle (Hautes-Alpes). Partis du village de Névache, à 20 kilomètres de Briançon, ils sont venus crier leur refus que les Alpes deviennent « le cimetière des personnes en détresse ». Un tombeau pour migrants, en provenance pour l'essentiel d'Afrique de l'Ouest, en majorité mineurs, qui, depuis la fermeture drastique de la vallée de la Roya et de Vintimille, empruntent cet itinéraire excessivement dangereux. Le col de l'Échelle (1 762 m), fermé à la circulation en hiver ; une trouée entre l'Italie et la France particulièrement exposée pour ceux qui ne connaissent rien aux dangers de la montagne. Un danger accru par la présence de forces de gendarmerie qui, selon Stéphanie Besson, accompagnatrice en montagne et l'une des coordinatrices du mouvement Tous migrants, « ne les empêche pas de passer, mais, au contraire, leur fait emprunter d'autres chemins plus risqués pour échapper à la police, frôlant ainsi la mort ».

Depuis janvier 2017, plus de 2 000 exilés ont franchi ce col devenu symbole de la souffrance migratoire et de l'engagement citoyen du Briançonnais.

... https://humanite.fr/grand-format-brianc ... ire-649836
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede bipbip » 15 Fév 2018, 22:30

Martine Landry

Le procès de notre militante de nouveau reporté

La décision sur le procès contre Martine Landry, militante d’Amnesty International France et de l’Anafé, poursuivie pour « délit de solidarité » a été à nouveau reportée au 11 avril 2018.

... https://www.amnesty.fr/refugies-et-migr ... au-reporte
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Messagede bipbip » 21 Fév 2018, 17:31

Pour mettre hors-la-loi le « délit de solidarité »

« Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 Euros ». Cette disposition introduite dans la réglementation par le décret-loi de 1938 dans un climat particulièrement xénophobe figure encore, quatre-vingt ans après, dans le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda, articles L. 622-1 et suivants).

Or cette pénalisation de l’aide à l’entrée et au séjour a été déviée de sa cible. Elle était censée sanctionner les personnes et les organisations qui font du passage illégal des frontières un business hautement lucratif, exploitant les personnes étrangères qui souhaitent entrer ou séjourner sur le territoire français. Mais elle sert souvent de fondement à des poursuites, voire à la condamnation, d’aidant⋅e⋅s solidaires qui ne tirent aucun profit de leurs actions, seulement dictées par le refus de laisser les personnes sur le bord de la route. Il s’agit de ce que les associations ont dénommé « délit de solidarité ».

Sous la pression de mobilisations successives, plusieurs réformes législatives ont prétendu mettre fin au « délit de solidarité » en dressant des listes d’immunités. Or, dans le Calaisis, à Paris, dans la vallée de la Roya, à Briançon et ailleurs, de multiples personnes solidaires ont été récemment poursuivies, souvent condamnées, sur le fondement de cet article L. 622-1 du Ceseda.

À partir d’un argumentaire juridique détaillé, le collectif « Délinquants solidaires » propose, sous la forme d’un amendement, une définition plus précise du délit qui clarifiera les actes passibles de poursuites tout en restant conforme au droit de l’Union européenne.

... https://www.solidaires.org/Pour-mettre- ... solidarite
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede bipbip » 13 Mar 2018, 01:23

Une maraude, dix douaniers et un bébé…

Rendez-vous mercredi 14 mars à 9h à la PAF de Montgenèvre pour soutenir le camarade maraudeur convoqué

Samedi 10/03/18, Montgenèvre aux alentours 21h,

Une maraude ordinaire comme il s’en passe tous les jours depuis le début de l’hiver.

Au pied de l’obélisque une famille de réfugiés marche dans le froid. La mère est enceinte. Elle est accompagnée de son mari et de ses deux enfants (deux et quatre ans). Ils viennent tout juste de traverser la frontière, les valises dans une main, les enfants dans l’autre, à travers la tempête.

Nous sommes deux maraudeurs à les trouver, à les trouver là, désemparés, frigorifiés. La mère est complètement sous le choc, épuisée, elle ne peut plus mettre un pied devant l’autre. Nos thermos de thé chaud et nos couvertures ne suffisent en rien à faire face à la situation de détresse dans laquelle ils se trouvent. En discutant, on apprend que la maman est enceinte de huit mois et demi. C’est l’alarme, je décide de prendre notre véhicule pour l’ emmener au plus vite à l’hôpital. Dans la voiture, tout se déclenche. Arrivés au niveau de la Vachette, elle se tord dans tous les sens sur le siège avant. Les contractions sont bien là… c’est l’urgence. J’ accélère à tout berzingue. C’est la panique à bord. Lancé à 90km/h, j’ arrive à l’entrée de Briançon…et là, barrage de douane.

Il est vingt-deux heures. « Bon sang, c’est pas possible, merde les flics ! ». Herse au milieu de la route, ils sont une dizaine à nous arrêter. Commence alors un long contrôle de police. « Qu’est ce que vous faites là ? Qui sont les gens dans la voiture ? Présentez nous vos papiers ? Ou est ce que vous avez trouvé ces migrants ? Vous savez qu’ils sont en situation irrégulière !? Vous êtes en infraction !!! »… Un truc devenu habituel dans le briançonnais. Je les presse de me laisser l’emmener à l’hôpital dans l’urgence la plus totale. Refus ! Une douanière me lance tout d’abord « comment vous savez qu’elle est enceinte de huit mois et demi ? » puis elle me stipule que je n’ai jamais accouché, et que par conséquence je suis incapable de juger l’urgence ou non de la situation. Cela m’exaspère, je lui rétorque que je suis pisteur secouriste et que je suis à même d’évaluer une situation d’urgence. Rien à faire, la voiture ne redécollera pas. Ils finissent par appeler les pompiers. Ces derniers mettent plus d’une heure à arriver. On est à cinq-cent mètres de l’hôpital. La maman continue de se tordre sur le siège passager, les enfants pleurent sur la banquette arrière. J’en peux plus. Un situation absurde de plus.

Il est vingt-trois heures passé, les pompiers sont là… ils emmènent après plus d’une heure de supplice la maman à l’hosto. Les enfants, le père et moi-même sommes conduits au poste de police de Briançon à quelques centaines de mètres de là. Fouille du véhicule, de mes affaires personnelles, contrôle de mon identité, questions diverses et variés, on me remet une convocation pour mercredi prochain à la PAF de Montgenèvre. C’est à ce moment-là qu’on m’explique que les douaniers étaient-là pour arrêter des passeurs. Le père et les deux petits sont quant à eux expulsés vers l’Italie. Pendant ce temps-là , le premier bébé des maraudes vient de naître à Briançon. C’est un petit garçon, naît par césarienne. Séparé de son père et de ses frères, l’hôpital somme la PAF de les faire revenir pour être au côté de la maman. Les flics finissent par obtempérer. Dans la nuit, la famille est à nouveau réunit.

La capacité des douaniers à évaluer une situation de détresse nous laisse perplexe et confirme l’incapacité de l’État à comprendre le drame qui se trame à nos maudites frontières.

Quand à nous, cela nous renforce dans la légitimité et la nécessité de continuer à marauder… toutes les nuits.

Signé : Un maraudeur en infraction.

Rendez-vous mercredi 14 mars à 9h à la PAF de Montgenèvre pour soutenir le camarade maraudeur convoqué


https://grenoble.indymedia.org/2018-03- ... et-un-bebe
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede bipbip » 15 Mar 2018, 04:27

Convoqué par la police après avoir sauvé du froid une femme enceinte et deux enfants

Le week-end dernier, lors d’une maraude dans les Alpes, à la recherche de migrants perdus dans le froid de l’hiver, un citoyen a secouru une famille transie et épuisée. Il a donné aux deux jeunes enfants de 2 et 4 ans et à leurs parents de quoi se réchauffer. Puis, comprenant que la femme est enceinte de 8 mois et demi, il décide de l’emmener à l’hôpital. Arrêté en chemin par les douaniers, il se voit reprocher de transporter des personnes en situation irrégulières et il est sommé de se présenter à la Police aux frontières le mercredi 14 mars à 9h. Un rassemblement de soutien aura lieu ce même jour. Témoignage.

... https://www.bastamag.net/Convoque-par-l ... te-et-deux
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Messagede Pïérô » 15 Mar 2018, 15:32

Est-ce que nous souhaitons nous taire depuis nos montagnes et nos campagnes ?

Nous qui signons ces textes sommes réunis autour de la colère et des questions que suscite la politique européenne envers les migrant.e.s. Nous qui voulons lutter pour un monde sans frontières, contre les impérialismes, d’où qu’ils soient, et accueillir dignement celleux qui arrivent, après souvent plusieurs mois de « voyage ». Nous, pluriel-les prises aux côtés des personnes directement concernées dans les mailles des filets, nous autres empêtréEs dans « l’urgence » de la mise à l’abri de tous les dangers posés par le régime raciste et inhumain des frontières.

Depuis Briancon

Les maraudes nocturnes en montagne des derniers mois ont sans aucun doute remplies leur objectif premier d’éviter que les personnes qui tentent de traverser la frontière française dans le Briançonnais se retrouvent seules dans le froid à la merci d’un refoulement en Italie par les forces de police. Les maraudeurs apportent en solidarité vêtements, boissons chaudes et nourriture, quelques informations sur les droits face à la police. Nous avons observé ces dernières semaines une nette recrudescence des passages, jusqu’à 20 certains soirs malgré l’hiver toujours froid.
Peut-on corréler ce phénomène avec la forte médiatisation des solidarités montagnardes ?
Peu à peu s’est aussi renforcée la certitude que les passeurs sont non loin derrière les exilé-es, ce qui a placé les équipes dans un sentiment inconfortable d’être instrumentalisées. Si la dépendance aux coxeurs pour la traversée de cette frontière est sans doute liée à un manque d’information sur les itinéraires de passage (lignes et arrêts de bus, trains), on ne peut sous-estimer l’effet psychologique de leur présence : lorsqu’on doit traverser, on se sent sûrement moins isolé et vulnérable lorsqu’on a donné sa con ance à quelqu’un, qu’on l’a payé, parce qu’il garantit le passage, et qu’il est souvent de sa propre communauté d’origine.
La dénonciation des passeurs par les équipes de maraudes auprès des voyageurs, initiée depuis peu, vise sûrement à éviter le paiement d’une somme importante et l’abus nancier qu’il représenterait, mais cette posture re ète une morale qui refuse de se percevoir comme privilégiée parce que située du côté confortable des papiers d’identité et de la liberté de circulation. Une autre conséquence possible de l’interventionnisme solidaire et de la critique des passeurs est une légitimation des maraudes en lieu et place du système des passeurs désignés comme escrocs. Cette substitution s’inscrit dans un schéma plus large : à cette frontière physique comme ailleurs dans les parcours migratoires, dans les camps ou les PRAHDA, des « solidarités humanitaires » participent à la gestion des mouvements de personnes sans souci des modes d’organisation communautaires. Soyons vigilant-es à ce que cette dénonciation ne soit pas utilisée par la rhétorique étatique qui saurait habilement la retourner contre le mouvement de solidarité en justi ant d’intensi er les contrôles frontaliers pour limiter la traite des personnes.
Avec ces passages quotidiens, on assiste à une forme de laissez-passer que l’on peut comprendre motivé par le contexte hivernal et par le souci des autorités de préserver le peu d’image humaniste qu’il leur reste, suite aux dénonciations d’abus policiers systématiques à Calais ou aux remous provoqués par les récentes circulaires Collomb encourageant à plus de persécution contre les personnes exilées. Conscient des dangers de la montagne en hiver, le ministère ne souhaite peut-être pas provoquer trop de dégâts humains à cette frontière à l’heure actuelle, d’autant que les touristes y sont nombreux. Autant éviter le scandale. Les moto-neige de la PAF circulent donc abondamment en plein jour pour rassurer les skieurs en famille et peut-être éloigner les indésirables des photos de vacances, mais on n’entend pas trop parler d’abus policiers par ici. Quoique. A deux reprises dans la semaine du 12 au 18 février, des interpellations violentes ont été observées contre des migrants. Les violences gratuites relatées expriment-elles la frustration des policiers de la PAF ou une certaine éthique républicaine ?
Alors que le soleil se réinstalle de semaine en semaine, les passages reprennent peu à peu aussi au col de l’Échelle après un mois d’arrêt dû notamment à la neige trop abondante. Plus d’une quinzaine de personnes ont traversé par là cette semaine, dont un homme, disparu depuis qu’il a laissé son groupe et a préféré redescendre du côté italien. Nous portons notre attention sur les risques encourus par celles et ceux qui rêvent de venir en France dans le contexte actuel de dégel et de risques d’avalanches. Pourtant, reprendre les maraudes quotidiennes à l’Échelle pourrait représenter une forme d’encouragement pour les gens en attente de l’autre côté des montagnes, comme une garantie d’être secouru pendant la traversée, et toute incitation multiplierait les risques d’accident.
Ces jours-ci, la neige fond et laisse apparaître les premières tâches de terre sous-jacente, mais aussi du kaki. A Montgenèvre hier soir, on pouvait voir sur le parking à l’entrée du village 4 camions militaires et 2 jeeps là où on ne voyait jusqu’alors qu’un véhicule. On croisait aussi un groupe de 8 soldats portant skis à l’épaule, de ces chasseurs-alpins qui s’entraînent pour la reprise de la traque d’étrangers en situation irrégulière.
Dans moins d’un mois ce sera la n des vacances pour les zones françaises A, B, C. La n des vacances ? Le retour des patrouilles aux cols, et l’heure de fermer la frontière ?

Ici a Veynes ... depuis le CHUM Centre d hebergement d urgence pour mineurs

Depuis le 9 septembre, le CHUM a accueilli plus d’une centaine de jeunes arrivant de la frontière italienne, car les institutions n’ont pas eu la volonté de mettre en place les dispositifs suf sants. Face à ces lamentables moyens, ce lieu a voulu montrer qu’un accueil digne et réactif est possible.
Les centres d’accueil ouverts par l’Etat, répondent à une politique hypocrite dont le but n’est nullement d’accueillir dans le respect des lois, sans parler d’humanité, mais consiste à une stratégie d’exclusion du territoire.
Les associations, mandatées au rabais par le département, proposent un pseudo-parcours d’accompagnement, qui nit souvent par un retour à la rue, sans accès aux soins ni repères dans les périples de l’administration bleublancrouge.
Administrations, qui sont en charge de reconnaître la minorité des jeunes, avec une évaluation très controversée, arbitraire, froide et cinglante, où l’oubli de dates précises sur les mois de voyage effectués, un peu trop de poil au menton ou le fait de ne pas avoir voyager seul excluent les personnes d’un possible avenir dans les Hautes-Alpes. Et nous savons que c’est la même déroute dans les autres départements. Sous couvert des politiques nationales, l’Inspection académique, la CPAM, l’Agence Régionale de Santé, l’Aide Sociale à l’Enfance, le Département, la Préfecture, les mairies, la PAF entravent l’accès à leur droit d’EXISTER.
Le 13 mars aura lieu à Gap, le procès d’expulsion du CHUM : ce lieu autogéré, organisé par des gens qui demandent à minima que les institutions respectent la loi, et qui propose beaucoup mieux qu’elles. Ce procès, c’est la seule réponse of cielle de notre Etat face à nos dénonciations, et l’on voit que pour protéger ses remparts, le rouage est huilé : huissiers, traitement des demandes d’expulsion, dans ce sens cela fonctionne bien !
Fait de briques et de brocs, le CHUM est un lieu de vie, de passage, d’échange, d’entraide qui répond à l’urgence constante et à un besoin criant d’humanité.
Au quotidien, écœuré par cette triste politique, le CHUM est rythmé de récups, de dons, de permanences médicales, d’accompagnements juridiques, de moments de partage, de visites prévues ou spontanées qui font du bien. Il continue à vivre, malgré nos grosses cernes qui nous empèchent d’oublier cette réalité.

Collectif Allexois de Solidarite

Au CAO à Allex, les premiers arrêtés de renvoi ont été exécutés. Des personnes dublinées qui se font renvoyer dans le pays européen dans lequel leurs empreintes ont été, pour la première fois, relevées. Des Afghan.e.s, des Irakien.e.s... se retrouvent (ou sont en passe de se retrouver) donc en Suède, en Autriche, en Bulgarie... Ces situations sont malheureusement les premières d’une longue série. Le collectif est en pleine réfexion sur les actions de résistance à mener.
A côté de cela, il faut chaque jour veiller à ce que le minimum soit assuré par les services de l’Etat (rien ne va de soi, pas même pour aider à l’achat de couches et de lait pour les bébés) et compléter, pour que des rencontres puissent avoir lieu, pour que la vie soit simplement vivable, un minimum, pour que celles et ceux qui arrivent puissent être aussi considéré.e.s autrement que simplement comme migrant.e.s : comme des femmes et des hommes, avec des désirs, des histoires, des talents... Et qu’ils et elles puissent le dire, le montrer et le partager !
Parallèlement, la lutte pour que les enfants puissent être scolarisés à l’école municipale, se poursuit, par différents biais. On espère pouvoir bientôt vous donner des nouvelles à ce sujet.
Pour l’heure il n’y plus aucun enfant en obligation légale d’être scolarisé. La tension avec la municipalité est donc un peu retombée. Nous continuons d’opérer « à froid »
Des histoires de vie plus trashs les unes que les autres des ami-e-s survivant-e-s aux réactions inconcevables des administrations et de l’état en passant par l’oppression imposée par les lois et les ics, une réalité nous pète sans cesse à la gueule sans savoir toujours comment l’exprimer : la violence des situations multiples que cette lutte nous fait vivre.
Ils-elles ont traversé un périple inimaginable. Leurs histoires ne sont jamais décrites ici ou là comme ils-elles nous les racontent. Tortures, soumission, viols, esclavage, enfermement, aucun mot ne peut exprimer, dépeindre réellement ce qui leur est arrivé. Le silence.
Les médias qui tentent de raconter, eux même, passent souvent à côté de leurs récits.
Chaque jour, pourtant, dans leurs têtes, dans nos têtes, ces traumatismes persistent et ne laissent pas le sommeil tranquilliser nos esprits.
Chaque jour également depuis leur arrivée en Europe, une autre forme de violence s’impose : celle d’un état raciste et oppressant qui, sous couvert de lutte contre le terrorisme et de sécurité intérieure, oubli d’entendre la parole de ces hommes, femmes et enfants, qui n’entrevoient plus que des solutions inimaginables après leur long voyage.
Retourner au pays. Se voir contraindre à faire marche arrière, vers des territoires qui ne peuvent pas/plus les accueillir. Pays tiers, premiers pays d’arrivée, Dublin, et les lois « asile et immigration » en cours, ne font que renforcer les impasses et noyer leurs histoires dans des entretiens impersonnels et uniquement constitués de « critères ».
Chaque jour, les incertitudes sont plus nombreuses. Lorsque la grosse machine humanitaire s’en mêle, ces histoires ne sont toujours pas entendues, cette violence continue d’être prise en pitié.
Alors quoi ? Devrions nous nous laisser contraindre encore et toujours par des « procédures » ? Devrions nous continuer à nous laisser enfermer dans des formulaires ? Contraints à répondre sagement de nos « droits » alors que l’état lui même se dé le de ses « devoirs » ?
Quand bien même nous continuons à avancer avec ces mots, « droits » et « devoirs », nous aimerions pouvoir nous en défaire. Car il n’est pas juste question que l’état respecte les lois. De toutes façons, ces lois sont régie par l’état.
Quand bien même ces lois sont celles qui permettront ou non à nos amis d’avoir des papiers, sommes nous simplement contraint.e.s de tenter de les comprendre pour les faire appliquer ?
Des papiers. Ils-elles en ont pleins depuis qu’ils-elles ont mis le pied en Europe. Guda, Pada, entretien à l’OFFI, à l’OFFPRA, récépissé de circulation. Ils-elles ont aussi et avant tout leur histoire, écrite de préférence dans un français compréhensible par l’administration, rangée parmi tous les autres papiers dans un classeur.
Revenons à la violence.
L’oppression est permanente.
Elle devient tantôt un moteur, tantôt une pluie de larmes, tantôt une rage enfouie qui ne demande qu’à être crachée.
La stratégie de l’état, cet état policier qui répond lui aussi par la violence en limitant le passage aux frontières avec des jeeps de militaires, des camions de gendarmerie, une traque coûteuse, est bien de ne pas nous laisser le choix.
Est ce que nous souhaitons nous taire ?
Non. Le silence est déjà bien assez prégnant dans la bouche des camarades.
Nous ne sommes pas investi-e-s dans ce combat pour aider ces exilé-es que bon nombre montrent du doigt. Nous ne sommes pas là que pour agir en solidarité avec eux-elles. Nous ne serons pas des gestionnaires de la misère engendrée par ce monde de mort, comme si nous agissions depuis l’extérieur. Ce sont nos propres vies qui sont en jeu ici aussi. Ce n’est pas une guerre des blancs contre les noirs. Mais encore et toujours des riches contre les pauvres. Et notre rage part de là aussi.
Cette violence que l’état nous impose est bien un signe étouffé du combat éternel du refus d’être broyé par un système de riches imposés par les riches.
Chaque jour nous tentons de transformer cette violence, ces violences, en rage.
Chaque jour, cette rage grandie. Chaque jour, une part conséquente de cette rage est aussi enfouie, réprimée, au plus profond de nos ventres.
Un jour, il n’y aura plus que le choix d’expulser cette rage de nos corps, de nos vies, pour ne pas qu’elle nous consume. Un jour, nos rages rassemblées seront plus fortes que leurs lois, et nous n’aurons plus qu’à y croire.
Nous y croyons déjà d’ailleurs.

Arrivée sur le sol français, après deux, trois, quatre, cinq refoulements.
Avoir peur de se faire prendre. La police est là, de toute façon. Les militaires aussi. Armés.
Les montagnes sont des frontières.
Nous sommes des criminel-les.
J’ai froid. J’ai mal aux pieds.
Je suis en France. Arrivé-e-s. Pris-e en charge. Des gens. Je mange. Je met un pull. J’ai un lit pour dormir.
Si je veux, je reste. Si je veux, je pars.
Pour aller où ?
Là bas, à Briançon, on me propose Paris, Marseille. Si je suis mineur, Gap. A Gap, il ne reconnaissent pas la minorité. Il croient tou-te-s que je mens. Je reste un peu. J’ai besoin de me reposer.
Je découvre la vie en France. Brièvement, car dans la zone des 20 km autour de la frontière, même si je suis en France, même si je suis mineur, je peux me faire attraper à n’importe quel moment par la police. Je fais attention.
Je peux partir. Je peux prendre le bus. Je peux prendre le train. Je rencontre des personnes qui me proposent de venir chez elles. C’est la route. C’est la chance. J’y vais.
Je comprend que je dois me rendre à la préfecture pour faire une « demande d’asile ». C’est comme ça ici. Je dois me déclarer pour faire ma « demande d’asile ». Pour avoir des papiers. Les personnes qui m’accueillent me proposent de m’accompagner. Je viens de Guinée, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Mali, je viens d’anciennes colonies françaises. Je parle français. Je ne parle pas le même français qu’ici, mais je parle français.
Je me rend à la PADA (plateforme d’accueil des demandeurs d’asile). Je prend rendez vous pour ma demande. On m’enregistre. On me donne un papier déclarant que j’ai bien été enregistré. Et un rendez vous dans une autre ville, une grande ville. C’est le GUDA (Guichet unique des demandeurs d’asile) cette fois-ci. C’est à Grenoble. C’est dans trois semaines. J’ai mon papier. Mais je ne me sens pas en sécurité. On m’explique les démarches, la « procédure ».
Trois semaines plus tard, je vais à Grenoble. Je dois m’enregistrer, c’est la « procédure ». Je rencontre la personne de l’accueil, une autre me fait entrer dans son bureau. Elle me pose des questions. Il faut regarder dans les chiers. Mes empreintes. Une première machine véri e si mes empreintes ont été enregistrées. Ils ne trouvent pas. Une deuxième machine. C’est EURODAC et VISABIO. Mes empreintes. On me demande de raconter. Je raconte. Je demande parfois un traducteur. Je parle sousou, bambara, malinké, je parle français, mais je demande un traducteur car ce n’est pas
le même français. Même si je comprend, je ne peux pas être à l’aise pendant une, deux, trois heures. J’ai besoin d’un traducteur pour que ce soit plus précis. Pour que je comprenne mieux. Parfois je le demande plusieurs fois et j’explique même que je ne peux pas lire ce qu’on me demande de lire. Il n’y a pas toujours de traducteur.
Je raconte par où je suis passé. Ils ont trouvé mes empreintes. A la sortie du bateau, oui, je m’en souviens. Et la deuxième fois ... non, je ne m’en souviens pas. J’ai fais une demande d’asile en Italie ?
Ah bon. Vous êtes sur-e ? Souvent, je n’ose pas poser la question. Je ravale mes larmes seulement. De toute façon,
je ne me sens pas en con ance. Je me sens jugé.e. Je ne sais pas ce qui est à dire ou non. Je raconte ce qu’on me demande de raconter. Mais mes empreintes en Italie, dans ce campo, à cette date... non, je n’ai pas fait de demande en Italie. Non, je ne veux pas demander l’asile en Italie. De toute façon, je ne comprend pas ce qu’ils me racontent
en Italie. Les femmes qui nous donnent à manger nous alpaguent comme si nous n’étions rien. Les endroits où l’on dort, c’est le froid et c’est dur. Si j’ai mal quelque part, il faut que je fasse comme si j’étais à l’agonie, sinon je sais que personne n’écoutera. Et quoi que j’ai : doliprane.
Ils m’ont fait des prises de sang, trois fois. Je n’ai jamais eu les résultats. La semaine dernière, une femme a même mis un coup de fer à repasser brûlant sur la joue d’un ami.
Alors non, je n’ai pas fait ma demande d’asile en Italie.
Au rendez vous, la femme me donne des documents à lire. Je ne peux pas toujours les lire. Mais il devrait y avoir un traducteur ...
Je signe. J’ai déposé ma demande. Je suis en « procédure Dublin ». Je suis en catégorie 2 si ils n’ont trouvé mes empreintes qu’une seule fois. En catégorie 1 et 2 si ils ont retrouvé mes empreintes 2 fois.
Je ne me souviens pourtant pas d’avoir fais ma demande là bas.
Au téléphone, un frère me dit qu’ils l’ont renvoyé en Italie. Un autre est déjà revenu ici. Encore un autre me dit qu’il lui ont donné l’asile. J’espère. Je doute.

Depuis Gap

La Maison Cézanne depuis son ouverture en avril 2016 a accueilli 200 personnes.
Actuellement 14 habitants y vivent, plus des familles avec des enfants en bas âge logées par le 115 dans un hôtel, sans possibilité de se faire à manger. Elles préparent donc leurs repas dans la cuisine du premier étage et occupent une chambre attenante le temps de la journée. Cela met beaucoup d’animation avec 4 enfants de 7 mois à 6 ans ! Le nombre total de personnes concernées par le quotidien à Cézanne est de 25.
Aucun militant n’habite la Maison. Au moment de l’ouverture ils étaient bien sûr présents, géraient tous les problèmes avec les habitants qui arrivaient d ‘Afrique de l’Ouest, d’Erythrée ou de Tunisie. Mais au l des mois, des désaccords sont apparus avec des membres du collectif ‘’Un Toit Un Droit’’ chargé de la gestion de la Maison.
On a reproché aux militants l’occupation permanente d’une chambre. Malgré cela, des repas, des soirées invitant des gens de l’extérieur étaient organisés .... Mais peut-être lassés par la répétition des dif cultés, ces militants ne sont maintenant plus présents. Une A.G regroupant membres du collectif et habitants était organisée chaque semaine, les échanges étaient dynamiques, riches et respectueux des différences, on sentait de la part de chacun une réelle implication. Petit à petit, la fréquence de ces A.G s’est espacée.
Les quelques militants présents passent plusieurs fois dans la semaine, ils aident dans l’élaboration des dossiers auprès de l’administration et de divers organismes (préfecture, CPAM, PASS, urgences de l’hôpital....) et essaient d’impliquer les habitants dans la gestion de la Maison. Tant bien que mal, ils s’organisent, essaient de récupérer, dif cilement, de l’argent !! Le gaz coûte cher pour 25 personnes dont beaucoup ne béné cie pas de l’ADA (Aide aux Demandeurs d’Asile, allocation mensuelle d’environ 360 euros attribuée à une personne seule pendant l’instruction d’un dossier par l’OFII - deux mois sont nécessaires pour qu’elle soit effective.....et est suspendue dès que l’instruction connaît une dif culté.... dès lors les problèmes nanciers de la Maison Cézanne s’accentuent.)
Mais depuis bientôt deux ans et malgré les dif cultés accumulées, la Maison et ses habitants tiennent le coup ! La Mairie, propriétaire du bâtiment a mis du temps à réagir à cette occupation ‘’illégale’’ d’une maison vide depuis 10 ans !!
Rappel d’un historique de vie :
Ouverture le 18 avril 2016, rendue nécessaire pour la mise à l’abri d’une famille tunisienne avec 4 enfants.
05 avril 2017 : passage d’un huissier, mandaté par la Mairie, ordonnant l’évacuation du lieu. 09 mai : audience au Tribunal de Gap, bizarrement reportée à la demande de la partie adverse qui n’avait certainement pas travaillé son dossier !
19 septembre 2017, décision de mise en délibéré repoussée au mois de novembre :
la juge ordonnera l’évacuation de la Maison pour le 21 juillet 2018 ! 8 mois de délai !!!
De recours en reports ..... 2 ans et 3 mois de vie .... et la rumeur dit que ce ne serait peut-être pas ni !
Les témoignages des habitants sont unanimes, tous identiques à celui de Mamadi, Ibrahima, Mohamed qui déclarent : « La Maison Cézanne doit rester ouverte longtemps ; nous sommes à l’abri, vraiment tranquilles et soutenus par les militants à qui nous devons montrer notre solidarité et notre amitié. Ils montrent pour nous beaucoup de disponibilité. »
Certains habitants, après un passage à la Maison Cézanne, sont pris en charge par le réseau WELCOME qui les place chez des bénévoles.
Longue vie à la Maison Cézanne qui, après elle, a vu s’ouvrir la Maison Marcel à Briançon et la Maison des chefs de gare à Veynes appelée CHUM (Centre d’Hébergement d’Urgence des Mineurs isolés).
Ces trois lieux, que l’Etat voudrait fermer mais ne peut ignorer, répondent à une obligation d’accueil hélas insuf samment mise en place dans notre pays !
En 2017, entre 1300 et 1900 migrants sont arrivés dans les Hautes-Alpes par les cols frontaliers.......
Bienvenue à eux !

DE L’AUTRE COTE DES ALPES

Le dispositif-frontiere se perfectionne. RFI et ONG collaborateurs du systeme.

Du coté italien, entra Bardonnèche et Clavière, le dispositif frontière se perfectionne. Durant le dernier mois, RFI (Réseaux Ferroviaire italienne) a amélioré son système de contrôle et de sélection qui est appliqué à l’intérieur des gares dans la Haute Val Susa, en particulier sur Bardonnèche. Pour le système ferroviaire, la présence continue des exilées à l’intérieur de la gare représente « un problème de sureté pour les cheminots en service et un malaise pour les passagers en attente de prendre des trains ». D’ici la décision d’engager deux vigiles qui contrôlent le stationnement dans la salle d’attente et jettent dehors tous ceux qui n’ont pas de ticket. On est en pleine saison de ski ; la présence de dizaines de migrants qui remplissent encore la dernière gare avant la frontière, avant de tenter de rejoindre à pied la France ou parce que déjà repoussés par la police française et reconduits ici, déstabilise l’ordre d’une petite ville comme Bardonnèche qui vit, l’hiver, de touristes et skieurs.
Sélection et exclusion. Diviser et cacher pour mieux contrôler
Fonctionnel en ce sens-là est aussi le prolongement des horaires d’ouverture, maintenant aussi diurnes, de la petite salle de l’ONG Rainbow4Africa, adjacente à la gare de Bardonnèche mais séparée de celle-là, à l’intérieur de laquelle les voyageurs coupables d’être sans-papiers peuvent trouver « refuge » sans se mélanger aux touristes et navetteurs.
Cette ONG fonctionne grâce au travail de plusieurs bénévoles qui s’alternent à la gare. Leur boulot a commencé au mois de novembre, aux portes de l’hiver, quand, après différentes pressions sur l’administration, elle a obtenu en concession l’usage de la salle à la gare. L’humanitarisme débarqué à la frontière grâce à R4A a donné la possibilité à des dizaines de personnes de ne pas passer la nuit au froid, d’avoir habits et médicaments, mais il est bientôt devenu un des engrenages qui permettent à la machine des refoulements de fonctionner, en assumant un visage plus acceptable.
Et la gendarmerie et la PAF l’utilisent, déportant à la gare de Bardonnèche des dizaines de personnes bloquées chaque jour et chaque nuit au border, où ils savent que Rainbow4Africa est là, prête à mettre un pansement à la brutalité de la frontière et de plus en plus à les réinsérer dans le circuit institutionnel.
Dans le même temps, la possibilité pour les solidaires d’intercepter, parler et chercher une complicité avec les migrants s’est réduite au minimum, à partir du moment où les opérateurs de l’ONG semblaient plus dèles aux directives du commissariat de police (qui formellement règle l’usage de la salle) qui prévoit que dans l’intérieur de la salle y transitent seulement les « autorisés ». De plus, Rainbow4Africa a recruté des « médiateurs culturels » qui semblent chercher à dissuader les migrants de tenter de passer la frontière, et des légaux qui opèrent de fait une sélection entre ceux qui ont quelque possibilité d’entrer en France « légitimement », et ceux pour qui c’est mieux de rentrer dans les structures d’accueil de lesquelles ils ont échappé. Le nouveau « paquet Bardonnèche » prévoit en n que, pour ceux qui veulent, il y ai un service navette de la Croix Rouge Italienne qui accompagne les migrants au Campo de la Croix Rouge de Settimo Torinese.
Semble dans cette façon démarrer, quoique en mode encore peu structuré, un système de contrôle complet du destin du migrant, qui passe à travers la sélection et la réintégration dans le circuit d’accueil institutionnel.
Sur l’autre front, il y a Clavière, localité immédiatement en dessous du Col de Montgenèvre, qui en jugeant du nombre de personnes, semble être plus récemment le point du passage privilégié pour qui veut passer. Ici, pour le moment, le grand transit de migrants qui tentent de traverser à pied ou en bus la frontière ne semble toucher ni la mairie, selon laquelle le « phénomène » n’existe pas, ni la curie (église) locale, dont le prêtre, après la demande par quelques citoyens d’utiliser les espaces réchauffés de l’église pour donner un abri d’urgence à qui de passage dans ces jours très froid (avec températures même inferieures à -15° et l’inexistence de places couvertes où se réparer), a nié toute aide.

All Cops Are Borders.
Le problème majeur continue d’être la présence de la gendarmerie et de la police des frontière française, qui patrouille les rues et les pistes enneigées avec des nouvelles motoneiges, parfois alertées par les autistes mêmes de la compagnie de bus RESALP, utilisé par qui de passage veut arriver au border.
Le dispositif frontière se perfectionne. Et il assume le semblance du gendarme et de la PAF française qui vient à Bardonnèche pour contrôler qui monte dans les trains en départ pour Modane. Il suf t de n’être pas blanc et de ne pas ressembler pas à un touriste pour se faire contrôler. Prend le visage du médiateur linguistique qu’invite à rentrer dans le système institutionnel de l’accueil et offre des passages gratos jusqu’à le Campo de la Croix Rouge sur Torino. A la tête des vigiles qui jettent hors de la gare qui n’a pas de ticket. Le système se structure, en se préparant à l‘été.
Si jusqu’ici l’intérêt principal a été ce de ne pas rendre trop visible le « phénomène » et chercher à éviter les morts pour ne pas se faire mauvaise publicité, protéger l’image et le tourisme de ces villes de frontière, on verra qu’est-ce qu’il va se passer quand la neige fondra et nira l’hiver, complice naturelle du dispositif frontalier en haute montagne.
Le printemps amènera des nouveaux scénarios en frontière, numéros différents de ceux d’aujourd’hui et une pluie d’argent dans la vallée pour multiplier les tentacules et l’ef cience du dispositif de contrôle et de sélection préventif.


https://mars-infos.org/est-ce-que-nous- ... -nous-2898
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede Lila » 18 Mar 2018, 22:10

Jeunesse de France, la solidarité n'est pas un délit

Martine Landry comparaît le 11 avril en audience correctionnelle à Nice pour aide au séjour irrégulier après avoir porté assistance à deux adolescents guinéens à la frontière italienne. Dans une lettre ouverte, la militante de 73 ans exhorte les générations futures à refuser une société fondée sur le rejet de l'empathie et de la fraternité.

à lire : https://www.nouveau-magazine-litteraire ... rite-delit
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede bipbip » 25 Mar 2018, 16:13

MOBILISATION DE SOUTIEN aux solidaires par-delà les frontières

SOUTIEN aux solidaires par-delà les frontières,Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue, poursuivis par les identitaires de Defend Europe

LUNDI 26 ET MARDI 27 MARS 2018

ANTIBES ET NICE

Durant l’été 2017, une expédition raciste a tenté d’entraver le sauvetage en mer des migrants en mer Méditerranée par les ONG. Telle une milice fasciste, les principaux dirigeants identitaires européens ont affrété le « navire C-Star » contre les associations humanitaires et les personnes qui fuient la guerre et la misère, parmi lesquelles des enfants.

Heureusement, sur l’une et l’autre rive, des centaines de militants antiracistes et antifascistes se sont mis en réseau pour les en empêcher. Dès lors, la débâcle de l’expédition Defend Europe a été retentissante : première alerte en Égypte, blocage du bateau à Chypre, abandon du projet d’escale en Crète, manifestations en Sicile, nouvel abandon en Tunisie, panne au large de la Libye et, enfin, capitulation au large de Malte suivie de la fuite des chefs identitaires européens.

Quelques mois après cet échec total, Defend Europe contre-attaque en justice pour se venger.

Les chefs identitaires allemand, français et italien de Defend Europe poursuivent Yannis Youlountas, seul membre visible du réseau antifasciste Defend Mediterranea, opposé à l’action de Defend Europe, pour « diffamation » et « injures publiques », principalement pour l’utilisation du mot « nazi » dans plusieurs communiqués tels que : « Les nazillons toujours coincés sur leur bateau », « La croisière nazie s’amuse », « Un navire d’aide aux migrants envoyé au secours des nazillons en panne » ou encore « Décidément, le bateau nazi au pavillon mongol nous fait beaucoup rire ».

Ils poursuivent également Jean-Jacques Rue, journaliste satirique et ami de Yannis, pour avoir partagé et commenté, avec beaucoup de colère, de verve et non sans humour, l’une des publications de ce dernier.

Ils leur demandent à tous les deux des sommes colossales (plusieurs dizaines de milliers d’euros chacun) non seulement dans le but de gagner beaucoup d’argent, mais aussi de mettre en grandes difficultés ces deux militants aux revenus modestes. Jean-Jacques Rue risque même jusqu’à 3 ans de prison pour un soi-disant appel au meurtre, alors que c’est, au contraire, l’action de vouloir gêner les actions de sauvetage en mer qui est à l’évidence une mise en danger de la vie d’autrui.

Le procès aura lieu le mardi 27 mars 2018 à 13h30 au Tribunal correctionnel de Nice.

Nous vous invitons à venir soutenir et rencontrer Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue durant trois moments de discussion, de partage, de convergence de luttes et de solidarité par-delà les frontières :

LUNDI 26 MARS À ANTIBES au cinéma Le Casino (avenue du 24 août)

18h30 Projection de Sur la route d’Exarcheia - Récit d’un convoi solidaire en Utopie de Eloïse Lebourg (57 minutes) qui raconte l’aide internationale apportée aux exilé.e.s bloqué.e.s en Grèce et au mouvement social grec à travers le regard de 4 enfants participant à un convoi venu de France, de Suisse et de Belgique.

19h30 Rencontre avec Yannis Youlountas, Jean-Jacques Rue et plusieurs personnages des films

20h30 Projection de L’Amour et la Révolution - Non, rien n’est fini en Grèce de Yannis Youlountas (1h17) qui raconte l’actualité des luttes et des solidarités en Grèce, notamment avec les exilé.e.s

21h50 repas partagé

MARDI 27 MARS À NICE devant le Palais de Justice 13h30 RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN FACE A LA XÉNOPHOBIE

(avant et pendant le procès de Yannis et Jean-Jacques)

MARDI 27 MARS À NICE à la salle de FSGT (27, rue Smollet)

Accueil et rencontre, dès la fin du procès

19h30 Projection de Sur la route d’Exarcheia - Récit d’un convoi solidaire en Utopie de Eloïse Lebourg

20h30 débat « Construction de la solidarité par-delà les frontières »

puis repas partagé et musique !

Comité de soutien de Yannis et Jean-Jacques

et SOlidarité MIgrant.e.s COllectif 06 : Artisans du monde 06, ATTAC France, Citoyens solidaires 06, Défends Ta Citoyenneté !, FCPE, FSU 06, LDH section de Nice, Ligue des Droits de l’Homme Paca, Mouvement de la Paix, MRAP 06, Planning familial 06, RESF 06, Roya Citoyenne, Solidaires 06, Solidaires étudiant.e.s Nice, Syndicat des Avocats de France, Vallées solidaires 06

Réseau antifasciste DEFEND MEDITERRANEA

et d’autres collectifs, organisations et associations de France, de Grèce et d’ailleurs. Liste en cours, nous contacter à l’adresse courriel ci-dessous (collectifs, organisations et associations uniquement).

Contact comité de soutien de Yannis et Jean-Jacques : yetjj(at)youlountas.net ou 06 18 26 84 95

Pot commun « Solidarité avec Yannis et Jean-Jacques » : https://www.lepotcommun.fr/pot/hvfshv5n

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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede bipbip » 30 Mar 2018, 21:41

« DELIT DE SOLIDARITE » : Une association accusée d’avoir distribué des tentes à Calais

Image

https://www.solidaires.org/DELIT-DE-SOL ... s-tentes-a
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede bipbip » 12 Avr 2018, 15:50

Solidarité. Les Briançonnais accusent l’État

En provenance d’Italie, plus de 120 migrants sont arrivés à Briançon ce week-end. Démunies, les associations citoyennes ont réquisitionné la gare pour les héberger.

Gare de Briançon, mardi 10 avril, 8 h 50. Une banderole accrochée sur les vitres « Soutien aux exilés. Gare occupée ». Plus loin, « SOS Alpes solidaires ». Pas de banderole syndicale, mais le logo de l’association briançonnaise Tous migrants et du réseau Refugees Welcome.

... https://www.humanite.fr/solidarite-les- ... tat-653436
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede leo » 25 Avr 2018, 17:49

L'Etat prend 3 otages pour faire des exemples et intimider toutes les personnes solidaires qui se mobilisent concrètement aux côtés des migrants, en particulier des deux côtés de la frontière avec l'Italie.

Lors du procès de Gap, les 3 camarades n'ont fait que demander du temps pour préparer leur défense. C'est un minimum. Résultat : prison préventive jusqu'au 31 mai !!!

Libération immédiate pour Eleonora, Théo et Bastien !


TROIS POTES EN PRISON

Cela fait des mois que des personnes s’organisent depuis la vallée de la haute Durance jusqu’en Italie en solidarité avec les migrant-es et contre les frontières.

Dimanche, suite à une rencontre-débat sur le thème des frontières en Italie, une marche spontanée est organisée de Clavière à Briançon. Elle aura pour but de permettre le passage de la frontière a une trentaine d’exilé-es. Elle fait aussi réaction au renforcement croissant du dispositif policier et militaire , et à la présence, le même weekend, du groupe fasciste « Génération identitaire » sur le territoire.

Cette manifestation s’est déroulée sans encombre jusqu’au refuge solidaire. En fin d’après midi, 6 personnes ont été interpellées de manière arbitraire et placées en garde à vue, un camarade s’est fait violemment tabassé et des personnes gazées. Le motif de la garde à vue: « aide à l’entrée d’étranger-es en situation irrégulière », avec comme circonstance aggravante, le délit en bande organisée.

Trois d’entre eux-elles ont été relâché-es, et les 3 autres se sont vus prolongé-es leur garde à vue. Ce mardi, ils-elles comparaissaient en comparution immédiate à Gap (l’info est venue de l’avocat commis d’office, il semble que tout ait été fait pour que personne ne soit au courant). Ils-elles ont refusé la comparution immédiate et demandé le report de l’audience, fixée finalement au 31 mai. D’ici l’audience, le tribunal a décidé de les placer en détention préventive.

Nous étions une trentaine à assister à l’audience sous haute surveillance : 8 camions de crs devant le tribunal, PSIG et police dans la salle. L’entrée au tribunal était conditionnée à la présentation et la photocopie d’une pièce d’identité.

Dans la mesure où la comparution immédiate a été refusée, le tribunal devait statuer sur le devenir des 3 personnes en attendant l’audience.

Le procureur basait son réquisitoire absurde sur le contexte politique local. Il a en effet tenté de faire porter aux prévenu-es tous les événements du week end (citant le texte du carnaval sauvage contre les frontières, un communiqué de tous migrants, et bien sûr la marche de dimanche). Le carnaval de gap et la marche de dimanche sont deux événements distinct, et si l’objectif est de juger les participant-es à ces événements, alors pourquoi ne sommes nous pas 600 en prison???? Il a ensuite fait part de sa crainte d’une réitération des actes tant que les personnes ne sont pas jugées. Il serait préférable d’incarcérer les potes plutôt que de leur laisser la possibilité de commettre de nouveaux délits … de solidarité. N’étant pas sûr de lui, le proc requiert la détention préventive mais ouvre la porte à un simple contrôle judiciaire pour s’assurer que les prévenu-es ne se volatilisent pas.

Face à ce réquisitoire hasardeux, les avocat-es fournissent divers documents : promesse d’embauche pour l’un, attestations d’inscription en fac pour les autres, contrats de location et même attestations d’hébergement en france en attendant l’audience. Ce qui constitue des garanties de représentations suffisantes. Les avocat-es mentionnent ne jamais avoir eu des dossiers aussi complets pour une comparution immédiate.

Avant la délibération, une sorte de sérénité était palpable dans la salle. Mais quelques minutes plus tard le délibéré est rendu : mandat de dépôt et détention préventive. A gap pour les copains (le proc aura même l’indécence de signaler au juge que la prison est déjà pleine à craquer) et à marseille pour la copine. Nous sommes sous le choc.

Désormais les choses sont claires, tu peux faire de la prison pour avoir participé à une manifestation ayant permis à une trentaine de personnes de traverser la frontière.

Un cap est clairement franchi en matière répressive est c’est insupportable. Encore plus insupportable lorsque l’on entend le proc parler des individus de génération identitaire comme pacifistes. Rappelons qu’ils avaient affrété un bateau l’an passé pour empêcher l’assistance des secouristes en méditerranéenne, et que là ils s’improvisent police aux frontières avec de gros moyens, qu’ils ont saccagé une partie de la montagne,qu’ils incitent la mise en danger de personnes, et que l’état choisit de ne pas les poursuivre…

Nous constatons sans surprises que police, justice et état veulent prendre ces 3 personnes en exemple et stopper la solidarité. Nous ne sommes pas dupes. Ne répondons pas aux tentatives d’intimidation et de division du pouvoir. Soyons tous délinquants solidaires! Nous appelons à des rassemblements massifs. Plus que jamais nous avons besoin de soutiens physiques!

Face à une décision si politique, la réponse doit être massive, politique et médiatique.
Nos camarades sont en prisons. Pour certain-es, venu-es pour la première fois dans le briançonnais et sans savoir exactement dans quoi ils-elles mettaient les pieds. Ils-elles risquent des mois et des mois de prison encore, suite au jugement. D’autres arrestations, incarcérations, sont à prévoir! Faisons pression sur le gouvernement pour qu’il comprenne qu’on ne laisse rien passer!

RDV

jeudi midi au parc de la Schappe à briancon

et vendredi à 18h devant la maison d’arrêt de gap, place grenette.

Nous exigeons la libération immédiate de nos camarades prisonnier-es!

Nous n’oublions pas non plus le passage à tabac dimanche dernier d’un de nos camarade par les flics.

Plus que jamais continuons la lutte collective en acte !

Ni oubli ni pardon




Source : https://valleesenlutte.noblogs.org/post ... en-prison/
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede Béatrice » 27 Avr 2018, 20:28

Six fourgons de CRS pour 80 personnes !

Rassemblement de soutien aux trois personnes incarcérées de la marche de Clavière à Briançon

Le rendez-vous était donné à 18 heures devant la maison d'arrêt de Gap. Le bouche-à-oreille a ramené 80 personnes, activistes ou non, bénévoles d'associations ou pas, pour protester contre la mise en détention provisoire de deux Suisses et d'une Italienne.

https://www.ledauphine.com/hautes-alpes ... outien-aux


Trois militants « solidaires » des migrants placés en détention

https://reporterre.net/Trois-militants- ... -detention
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede Béatrice » 28 Avr 2018, 18:54

GAP : Marche de la solidarité ce jour :

Le JT 19/20 Provence-Alpes https://france3-regions.francetvinfo.fr ... ence-alpes


Migrants : le parquet de Gap "pris en flagrant délit" d'usage de deux poids et deux mesures :
pas de poursuites pour les Identitaires affirmant avoir remis des migrants à la police et garde à vue pour trois militant-e-s solidaires des migrants !

Pas de poursuites pour les Identitaires affirmant avoir remis des migrants à la police


Depuis une semaine, le groupuscule Génération identitaire occupe le col de l’Échelle (Hautes-Alpes). Une zone qu’il considère comme un «point stratégique de passage des clandestins».

Il n’y aura finalement pas de poursuites. Vendredi, le parquet de Gap a classé sans suite une enquête préliminaire concernant des militants d'extrême droite qui avaient affirmé avoir « raccompagné » des migrants à la frontière franco-italienne dans la nuit de jeudi à vendredi dans les Hautes-Alpes.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/a ... 687341.php


Le gouvernement en renfort de Génération identitaire ?


En envoyant des forces de police surveiller la frontière après l'opération antimigrants de la milice d'extrême droite au col de l'Échelle le 21 avril, le gouvernement laisse entendre qu'il lui donne raison.
https://www.politis.fr/articles/2018/04 ... ire-38746/



Communiqué de plusieurs syndicats du 05
: https://valleesenlutte.noblogs.org/file ... 18V3-1.jpg



mercredi 2 mai 2018 à 10h à Montgenèvre

Conférence de presse en faveur des trois condamné·es de Briançon
https://04.demosphere.eu/rv/2054


jeudi 3 mai 2018 à 12h à Gap :

Rassemblement de soutien aux trois condamné·es de Briançon
https://04.demosphere.eu/rv/2056
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
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Re: Manifeste : La solidarité, plus que jamais un délit ?

Messagede bipbip » 02 Mai 2018, 15:45

NON ! M. Collomb n’a pas assoupli le délit de solidarité !

Communiqué du collectif Délinquants Solidaires

Le combat pour en finir avec le délit de solidarité avait bien engagé : il se solde pour celles et ceux qui ont tenté de le porter au sein de l’assemblée nationale par une amère défaite en rase campagne. Seul a survécu l’amendement dérisoire du gouvernement, enrobé de beaux discours et sous les applaudissements de la majorité. Le délit de solidarité a de beaux jours devant lui.

Rarement un sujet absent d’un projet de loi n’aura mobilisé tant de députés lors de son examen. Lors de la discussion par l’assemblée nationale du projet de loi « pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », ils étaient nombreux, dans chacun des groupes parlementaires, à avoir déposé des amendements portant sur le « délit de solidarité » : pour mieux le sanctionner sur les bancs situés le plus à droite de l’hémicycle, pour le supprimer sur tous les autres, majorité comprise.

La longue histoire du « délit d’aide directe ou indirecte » commis par une personne ayant « facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d’un étranger en France »1 a amplement démontré toute son ambivalence. Censé pénaliser les « passeurs » qui tirent profit des obstacles à l’entrée et au séjour en France pour maltraiter et exploiter les migrant⋅e⋅s, on a vu comment il peut devenir un « délit de solidarité » c’est à dire permettre de poursuivre une personne « coupable » d’une action désintéressée et solidaire.

Les ministres de l’intérieur successifs n’ont pas cessé de proclamer que le délit de solidarité n’existe pas. « J’observe qu’en 65 années d’application de cette loi, personne en France n’a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière » (Eric Besson, 23 mars 2009). En 2012, Manuel Valls affirmait à son tour avoir mis « fin au délit de solidarité qui permet de poursuivre l’aide désintéressée, apportée […] à des étrangers en situation irrégulière ». Dès le début de l’examen du projet de loi (mardi 19 avril) Gérard Collomb éludait le sujet : « vous avez soulevé en particulier la question du délit de solidarité. Je veux d’ores et déjà souligner ici que ce délit n’existe pas ».

Pourtant, à plusieurs reprises, des vagues de poursuites et de condamnations d’aidant⋅e⋅s ont provoqué de larges mobilisations contre le délit de solidarité. Des réformes successives ont prétendu répondre à cette émotion en dressant des catalogues d’immunités : lois « Chevènement » de 1998, « Sarkozy » de 2003 et 2009, « Besson » de 2011 et « Valls » de 2012. À chaque fois, la fin du délit de solidarité était annoncée… Mais le catalogue d’exemptions prévues par la loi 2 a à chaque fois conservé toutes ses ambiguïtés au dispositif 3.

Comment le ministre a neutralisé la dynamique parlementaire pour une suppression du délit de solidarité…

La loi « Collomb » de 2018 serait-elle la bonne ? Les circonstances s’y prêtaient. Les fortes solidarités récentes dans le Calaisis, à Paris, dans la vallée de la Roya, dans le Briançonnais ou ailleurs et les multiples poursuites judiciaires engagées contre des aidant⋅e⋅s avaient eu de larges échos. Plusieurs rédactions de la loi avaient été suggérées afin de supprimer ce délit tout en restant en conformité avec le droit européen 4 et bon nombre des amendements proposés s’en inspiraient.

Lors de la séance matinale de l’Assemblée nationale du dimanche 22 avril, quatre intervenant⋅e⋅s – membres du Modem, de l’UDI, de LREM et de la GDR – ont présenté leurs amendements visant à la suppression du délit 5. Le ministre de l’intérieur a alors annoncé que le gouvernement déposait une proposition de rédaction destinée à « aménager le régime d’exemption pénale » de ce délit dont, quelques jours plus tôt, il niait l’existence. Entre temps Macron avait établi la feuille de route : pénaliser les « gens qui aident, consciemment ou inconsciemment, les passeurs. Ceux-là, je ne veux pas les affranchir du délit de solidarité car ce qu’ils font est grave » (BFM-TV, 15 avril).

L’amendement du gouvernement, est-il annoncé, adopte « une ligne juste et responsable » entre l’immunité des aides quotidiennes et la sanction de « toutes celles qui voudraient détourner la volonté de l’État de contrôler les frontières ». Que ceux qui s’inquiètent de la difficulté à discerner ces intentions se rassurent : une circulaire adressée aux instances judiciaires en précisera les contours.

Puisque ce qu’il faut protéger c’est le contrôle des frontières – et non les migrants exploités –, l’amendement purement destiné à étouffer la contestation reprend la tradition des remèdes cosmétiques au catalogue des immunités : les exemptions à l’aide au séjour s’appliqueront aux déplacements en France aux fins d’apporter certaines aides, auxquelles est ajouté l’accompagnement « linguistique et social » ; tout cela « sauf si l’acte a donné lieu à une contrepartie directe ou indirecte ou a été accompli dans un but lucratif ». Or la jurisprudence sait hélas se montrer inventive en matière de contrepartie directe ou indirecte, ou, à l’inverse, tatillonne quand il faut caractériser les atteintes à l’intégrité physique, devenues « conditions de vie dignes et décentes ».

Le combat pour en finir avec le délit de solidarité avait bien engagé : il se solde pour celles et ceux qui ont tenté de le porter au sein de l’assemblée nationale par une amère défaite en rase campagne. Seul a survécu l’amendement dérisoire du gouvernement, enrobé de beaux discours et sous les applaudissements de la majorité. Le délit de solidarité a de beaux jours devant lui.


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