Antigones, L'extrême droite à la manœuvre. Tragiques les réacs bourgeoises versaillaises contre Femen.
Et en moins réussi côté mise en scène, malgré l'effort évident, mais en tentative "dynamique" relevant d'une sortie de patronage ou de scouts redéguisées avec un son tout pourri, mais encore plus affirmé côté réac en version "marseillaise" avec une partie des mêmes actrices
http://lahorde.samizdat.net/2013/06/01/ ... ecryptees/« Antigone doit mourir ! » – les Antigones décryptées
Fidèles à elle-même, la mouvance identitaire, assistée de quelques éléments issus du Renouveau français (cf. photo), s’est lancée dans une nouvelle aventure médiatique. Seraient-ils arrivé à faire l’unité au sein de l’extrême droite radicale ? Pas exactement, car «ils» sont en fait des femmes issues de ces différents milieux, qui se sont associées et nous ressortent un vieux serpent de mer : un groupe de femmes à l’extrême droite. Prétendument actives et pas seulement décoratives (pourtant elles tiennent les banderoles lors des manifs), elles veulent, dans un mouvement pernicieux, faire croire à l’opinion publique que des femmes se mobilisent à droite sur le modèle des mouvements féministes d’émancipation. Mais c’est une imposture, car il n’y a dans ce mouvement aucune valeur d’émancipation, seulement un plaidoyer réactionnaire en faveur du rôle traditionnel de la femme.
Les Antigones, apolitiques ? Pourtant, autour de la banderole, on reconnait :
- Sixtine Jeay (A), ancienne du Renouveau français, passée chez les nationalistes-révolutionnaires du MAS (Mouvement d’Action Sociale), et qui fricote avec les identitaires toulousains ; Marie Charlotte Beauregard (B) et Jade Reynaud-Fourton (C), militantes chez les Identitaires cannois, entourées de quelques autres militantes de Génération identitaire; Elodie Jaskolska (D), qui se définit elle-même sur son profil Facbook comme « entièrement européenne, catholique, militante identitaire à Rebeyne & Génération Identitaire » ; Eva Ferré (E), sympathisante identitaire.
Depuis quelques jours, on peut ainsi lire dans la presse mainstream des articles faussement naïfs qui présentent les Antigones, un groupe de jeunes femmes prétendument apolitiques, pas forcément catholiques (mais leur porte-parole si), et surtout sages et calmes. Elles sont souriantes, jeunes et avenantes (pas forcément belles, leur but n’est pas de faire fantasmer tout le monde), maquillées discrètement d’un soupçon de rouge à lèvres et vêtues d’un blanc virginal. Inutile de détailler le « message » politique qu’elles vendent à la presse ; il est bien plus intéressant de creuser leurs références et leurs valeurs, telles qu’elles apparaissent dans leur marketing politique.
Antigone : un mythe
Accompagnant leur logo (une femme qui semble tendre les mains dans un geste de supplication, comme une vierge à l’enfant, mais sans l’enfant), elles se sont affublées d’un (pré)nom évocateur : celui de la vierge martyre de Sophocle, qui se réclame des lois « divines, non écrites et intangibles ». Et les voilà aux prises avec un mythe controversé depuis qu’Anouilh l’a monté à sa sauce sous l’Occupation : ces militantes d’extrême droite, qui veulent s’opposer aux FEMEN, ont choisi cette figure de la mythologie grecque pour se présenter comme les incarnations d’une rébellion féminine qui ferait la peau au féminisme.
Or leur choix est révélateur : Antigone, c’est l’Antiquité grecque, comme un pendant à la sempiternelle Jeanne d’Arc. On se renouvelle à peu de frais, on fait semblant de s’éloigner des carcans catholiques en reprenant les classiques étudiés en classe. C’est donc aussi le choix d’une certaine jeunesse bourgeoise, celui d’adolescentes qui aiment à s’identifier à une fière rebelle issue d’une famille royale. On reconnaît là aussi la patte des Identitaires et leurs figures mythiques un poil transgressives (les apaches parisiens) ; le sanglier quant à lui reste plus difficile à expliquer (Asterix…)
Mais Antigone, c’est celle qui souffre d’être la fille d’un couple incestueux et qui ne sait pas quelle est son identité (dur, pour des Identitaires). C’est la femme qui n’existe pas pour elle-même, qui ne se révolte pas pour ses semblables, mais pour les hommes de sa famille ; celle qui ne se solidarise pas avec l’autre figure féminine de son entourage, sa sœur Ismène, à qui elle interdit de l’accompagner dans sa révolte. C’est la femme qui ne veut exister que par l’homme, son père, son frère, son époux, son fils à venir.
Alors, certes, Antigone va au bout de son engagement : elle brave le pouvoir, mais ce n’est pas elle qui affronte un destin tragique, ce n’est pas elle qui endosse la démesure de la révolte. Sa révolte est sans objet, elle est tournée vers la mort, pas vers les vivants et surtout pas vers ses sœurs les femmes.
Antigones : le mythe de l’engagement féminin à l’extrême droite
Marie-ThérèseAu pluriel, les Antigones ont les mêmes caractéristiques : ce qui leur importe, c’est que la femme reste à sa place comme complément de l’homme. Elles mettent en avant l’idée de complémentarité, qui sape par avance toute idée d’émancipation, toute solidarité féminine. On est en pleine schizophrénie : elles se regroupent entre femmes pour promouvoir non pas leur liberté à conquérir mais pour rappeler qu’elles veulent rester à leur place, comme avant. Leur rébellion face au pouvoir vient appuyer celles de leurs pères, de leurs maris, de leurs frères, de leurs fils à venir ; peu leur importe ce qui peut arriver à leurs futures filles, à leurs sœurs, amies très chères ou mères. Elles cherchent désespérément leur place dans la société qu’elles veulent réactionnaire, ce pour quoi, tournées vers le passé, elles sont prêtes à se révolter. On retrouve ici les caractéristiques de la révolution conservatrice, passéiste et traditionaliste, assorties de ce qui leur donne un petit frisson : la copie de l’engagement des femmes qui travaillent ensemble à leur émancipation, et des méthodes d’infiltration qu’elles voudraient dignes des James Bond girls. Sauf que… la chère Yseul aurait pu être sympa et prévenir ses potes fafs qu’ils allaient se faire ridiculiser par les FEMEN le 12 mai, non ?
Mais qu’elles n’oublient pas ! La vierge de Sophocle va au bout de son combat absurde : elle se pend dans le tombeau où l’a enfermé le pouvoir… comme d’autres sont venus en finir à Notre-Dame.
Tina
Les Antigones, déjà oubliées ?
Qu’il est loin le temps où les Antigones faisaient rêver les journalistes ! À l’instar des autres acteurs du « peuple de droite » qui découvrait l’année dernière les frissons des manifestations contre le gouvernement Hollande, elles ont disparu de l’actualité. Certains s’étaient demandé de quel bord elles étaient, allant jusqu’à s’imaginer que, mais non, elles n’étaient pas d’extrême droite, malgré les liens montrés par La Horde ici.
Ce mois-ci, on a pu les retrouver en Espagne, en bonne compagnie, aux Journées de la Dissidence, organisées à Madrid du 8 au 11 novembre. Ceci explique peut-être qu’on ne les ait pas vues sur les Champs-Elysées, à moins qu’elles partent du principe que le bonnet rouge leur va moins bien que leurs tenues virginales.
Des organisateurs d’extrême droite
Les Jornadas de la Disidencia étaient organisées pour la huitième année par le MSR, Mouvement Social-Révolutionnaire espagnol, un mouvement d’extrême droite tendance national-révolutionnaire, comme son nom l’indique.
es principaux contacts en France sont : Christian Bouchet (époque Nouvelle Résistance), Pierre Vial (Terre et Peuple) et enfin… le Front national. On voit ainsi Juan Antonio Llopart, son dirigeant, avec Bouchet et Le Pen père lors d’événements où ils se sont rencontrés.
Par ailleurs, on note la déco du lieu de la rencontre : sur ses affiches, le MSR affiche clairement sa ligne et ses héros, Brasillach et Duprat, deux illustres figures de l’extrême droite française.
Voilà qui invite les Antigones : mais les amis du MSR sont-ils les amis des Antigones ?
Un programme éloquent
Pour répondre à cette question, regardons d’un peu plus près le programme des festivités : le doute n’est plus permis dès qu’on voit qui les Antigones ont eu l’occasion de côtoyer pendant ces trois jours. Le vendredi 8, c’était Alexandre Gabriac de Jeune Nation (anciennement Jeunesses Nationalistes, interdites après l’assassinat de Clément) qui faisait un topo sur « La France qui lutte », puis Jens Pühse du NPD allemand qui expliquait en quoi le NPD était « une alternative nationale » et enfin un intervenant espagnol qui présentait le « syndicalisme national ». Le lendemain, elles ont croisé un intervenant croate, un représentant du parti social-nationaliste syrien, et Valentin Rusov de Russie.
Le clou de ces journées était, à n’en pas douter, la journée du dimanche avec ses « vedettes » de l’extrême droite : Douguine, qui n’est plus à présenter et un mystérieux E. Z. d’Allemagne dont l’exposé, intitulé « Les lois contre l’Histoire » annonçait la couleur. Il s’agissait en effet d’Ernst Zündel, une figure centrale de la sphère négationniste. Entre ces deux pointures… les Antigones.
Un contact espagnol tout dévoué à l’extrême droite la plus radicale
Circulo_AthenaMais alors, qui a invité les Antigones à ces journées ? C’est une certaine Carmen Martin Patial, une vieille briscarde de l’extrême droite espagnole qui a invité la très médiatique Iseul Turan des Antigones. On retrouve ainsi Patial en 2009 en tête de la liste que le MSR présentait aux élections européennes. Deux places derrière elle, Erik Norling, un néonazi revendiqué qui a fait partie de la CEDADE (Cercle espagnol des Amis de l’Europe). Inspirée par l’exemple de ses copines françaises de blanc vêtues, Patial a fondé en juin 2013 une sorte de pendant espagnol des Antigones, le Circulo Atenea, dont les chevaux de bataille sont la lutte contre l’avortement et contre le féminisme comme lutte d’émancipation (voir affiche).
À l’instar des Antigones, les Athéniennes (cathos ou païennes) se présentent comme anti-FEMEN avec un discours intellectuellement malhonnête qui réduit le féminisme à l’apparition médiatique des FEMEN, essayant de s’approprier l’étiquette féministe, gage à la fois d’une posture anti-système et médiatiquement fréquentable. Ça ne vous rappelle rien ?
Et voilà. Pour celles et ceux qui avaient bien du mal à situer les Antigones sur l’échiquier politique, gageons que désormais, les choses seront plus aisées ! Elles ne sont pas national-conservatrices, non, elles sont juste d’extrême droite, et leur donner la première étiquette sous prétexte de vouloir « faire la part des choses » ne revient qu’à rentrer dans leur jeu politico-médiatique.
http://lahorde.samizdat.net/2013/11/20/ ... -oubliees/