1er Mai – Du Rana Plaza à Paris, n’oublions pas les travailleuses !
Il y a des anniversaires dont on se passerait bien.
Des actions solidaires internationales ont eu lieu ce 24 avril dernier, en mémoire des 1135 ouvrières et ouvriers du textile, en grande majorité des femmes, tués dans les décombres du Rana Plaza, dont le bâtiment insalubre s’est effondré au Bangladesh en 2013. Les victimes et leurs familles attendent encore réparation. Et les multinationales demeurent libres de toute responsabilité juridique.
Deux ans après la catastrophe du Rana Plazza, dans le monde entier, à la même heure, de midi à 13h, des travailleurs-euses de plus d’une centaine de pays, ont organisé en ce jour d’anniversaire, des rassemblements de commémoration pour exprimer leur indignation.
Deux ans, c’est le temps qu’il a fallu à Benetton pour envisager de participer à l’indemnisation des victimes, pour un montant de 1,1 million de dollars, alors que les organisations en faveur des droits humains en réclament 5. Avant elle, il avait fallu 16 mois à Auchan, et une plainte déposée par le Collectif Ethique sur l’étiquette et 2 autres organisations, pour contribuer au fonds d’indemnisation.
Deux ans, et il manque toujours 6 millions sur les 30 millions nécessaires pour assurer une indemnisation juste et complète des victimes.
Deux ans pour déposer en France une loi imposant un devoir de vigilance aux multinationales en matière de droits humains et de l’environnement, votée en première lecture par l’Assemblée nationale le 30 mars dernier. Pourtant dite « Rana Plaza », cette loi indispensable risque d’être enterrée si le gouvernement ne l’inscrit pas à l’ordre du jour du Sénat. Or, rien n’est moins sûr.
Deux ans après la tragédie, les droits des ouvrières-ers sont toujours bafoués : conditions de travail déplorables et attitude antisyndicale de la part des employeurs, qui se traduit parfois par des agressions contre les représentantes-s syndicaux.
Deux ans après, restons mobilisées et soutenons ces ouvrières et leurs familles jusqu’à réparation pour les victimes. Les femmes sont bien souvent les premières à souffrir des bas salaires et du non respect des lois qui encadrent les conditions de travail.
Le ras-le-bol s’empare de ces ouvriers, surtout des femmes et des enfants qui assemblent nos t-shirts pour des salaires misérables. Nous ne pouvons laisser passer ce deuxième anniversaire de l’une des plus grandes catastrophes industrielles, sans contrepartie pour les blessés et les familles des victimes vivant dans une grande pauvreté.
1er Mai, on veut l’égalité, pas du muguet !
Les travailleurs-euses du monde n’ont donc sans doute jamais eu autant de raisons de prendre la rue ce 1er Mai 2015.
Dans une période marquée ici par la poursuite des politiques d’austérités qui ne font qu’accroître la précarité des femmes, les plus touchées par les temps partiels, les bas salaires ou le chômage. rappelons que les femmes sont toujours considérées comme des salariées de seconde zone : elles gagnent en moyenne 27% de moins que les hommes, elles sont 82% à être à temps partiels, occupent la majorités des emplois à horaires décalés, et touchent en moyenne une pension de retraite inférieure à 30% à celle des hommes. Les inégalités femmes-hommes persistent encore et toujours dans le monde du travail.
Le sexisme s’exprime par une violence économique contre les femmes ne forçant pas le respecte ni la considération des hommes sur nous et se répercute irrémédiablement dans d’autres sphères d’oppressions : secteurs d’acitivités réduits (idem aux tâches domestiques), représentativité et rôle décisionnaires défaillants (l’éducation ne pousse pas à s’affirmer, 13% de cadres), et bien souvent, le physique prime sur les compétences (sexisme ordinaire, racisme et actes machistes).
En cette journée internationale de luttes des travailleurs-ses, le message est donc clair. Du Rana Plaza à Paris, exigeons l’indemnisation des ouvriers-ères du textile et forçons le respect des droits de tous les travailleurs mais surtout, des travailleuses du monde. C’est ensemble et dans un même combat que nous pourrons venir à bout de cet odieux système qui profite aux riches, pourtant beaucoup moins nombreux et n’accorde toujours pas l’égalité de droits entre les hommes et les femmes. Pour une fois oublions notre tour de taille ce 1er Mai 2015 et partageons nous équitablement entre hommes et femmes, les parts du gâteau.
https://sanscompromisfeministeprogressi ... ailleuses/