L’inceste, un viol institué

L’inceste, un viol institué

Messagede MélusineCiredutemps » 31 Mai 2012, 08:01

"Rien vu, rien entendu"

Info du CRIFIP reçue par le CLAS :

Depuis un peu moins d'un mois, la BD militante du Collectif les Moutons Noirs "Rien vu, rien entendu" dénonçant l'inceste et la pédocriminalité sous un registre jamais employé auparavant est en vente. Elle est fort bien accueillie par les lecteurs et lectrices ainsi que lors des festivals BD où sont régulièrement invités les auteurs du collectif. Pour que cesse le tabou et que le collectif puisse continuer de dénoncer d'autres crimes, nous avons besoin que vous fassiez connaître cette BD essentielle ou mieux, n'hésitez pas à vous la procurer

http://www.i-editions.com/catalogue/livres/?id=140

D'autre part, nous nous permettons de vous transmettre le courrier ci-joint. Vous pouvez, si vous le souhaitez, faire suivre ce courrier à vos contacts, aux candidats aux élections législatives et signer la pétition :

http://www.change.org/petitions/nous-ex ... -d-inceste

Merci, nous comptons sur vous .
Bien solidairement.

Le CRIFIP.
Contact presse : 0689707770

Collectif Les Moutons Noirs http://lesmoutonsnoirs.wordpress.com/
Acheter notre livre (disponible le 9 mai) http://www.i-editionscom/catalogue/livres/?id=140CRIFIP http://www.crifip.com
MélusineCiredutemps
 

L’inceste, un viol institué

Messagede MélusineCiredutemps » 15 Nov 2012, 00:18

La psychanalyse à l’épreuve de la réalité de l’inceste

Résumé : Le complexe d’Œdipe formulé par Freud évacue presque totalement la responsabilité des adultes dans la genèse des troubles psychiques. Un refoulement qui est toujours d’actualité dans les pratiques et les théories psychanalytiques fidèles à la théorie des pulsions. Cette façon de considérer les choses a amené beaucoup de psychanalystes à ignorer, voire masquer les abus réels subis par les enfants.

La psychanalyse et les avancées thérapeutiques qu’elle a suscité durant le siècle dernier ont joué un rôle majeur dans la mise en lumière des traumatismes infantiles fondamentaux que sont l’inceste et les abus sexuels. Pour autant, l’histoire qui noue la découverte sociale de l’inceste et la construction de la psychanalyse est tout à fait paradoxale. Elle est faite de découvertes inédites et de réflexions fécondes, de faux-pas, de véritables tromperies, de révélations courageuses et de redécouverte tardives. Pour comprendre ces paradoxes, il est nécessaire de remonter au fil de cette histoire.

Une régularité ahurissante

Il y a plus d’un siècle, en 1886, le docteur neurologue Sigmund Freud pris connaissance à la morgue de Paris, auprès du professeur Brouardel, des terribles abus fréquemment perpétrés sur les enfants et dont on pouvait observer les conséquences. Le jeune Freud fut fortement marqué par cette expérience et dix ans plus tard, en 1896, il parvint au terme d’une démarche qui lui avait fait prendre conscience d’une terrible réalité, à la fois scientifique et personnelle. Au cours des années écoulées, Sigmund Freud en était venu à penser que la quasi-totalité des patientes et des patients qu’il soignait ou observait alors avait en fait été abusés ou maltraités sexuellement durant leur enfance et que leurs troubles étaient dus essentiellement à ces traumatismes. Leurs souvenirs et témoignages se recoupaient avec une régularité ahurissante qui ébranlait profondément le jeune docteur et théoricien. Il en fit mention dans ses notes, et exprima son étonnement et ses interrogations notamment dans sa correspondance, en partie occultée par les archives freudiennes et récemment mise à jour par J.M Masson (voir J.M. Masson – Le réel escamoté). Un peu moins d’un an plus tard, en 1897, Freud ne croit plus à sa neurotica , c’est-à-dire à l’hypothèse du traumatisme originaire, et élabore, en peu de temps, le complexe d’Oedipe qui remplacera désormais avantageusement la » théorie de la séduction » élaborée à force d’observations durant les années précédentes. Freud sera peu généreux en explication en ce qui concerne les raisons qui présidèrent à un tel bouleversement.

Pourquoi ?

Un extrait d’une lettre de Freud envoyée à Fliess, le 21 Septembre 1897, fait mention du motif explicite de ce revirement : » la surprise de constater que dans chacun des cas, il fallait accuser le père de perversion, le mien non exclu … alors qu’une telle généralisation des actes commis envers les enfants semblait peu croyable. » La seule raison évoquée ici par Freud pour ignorer dorénavant ses propres conclusions sur la genèse des troubles psychiques, est que cette hypothèse semble » peu croyable » au vu du nombre très important d’abus qu’il lui aurait alors fallu d’abord constater et déduire en général. On peut comprendre une telle surprise, le besoin de précaution scientifique, et l’effroi devant une telle conclusion, mais cette seule réticence a suffi alors à invalider une hypothèse pourtant issue de multiples observations et recoupements.

Après l’enterrement du père, un rêve

Évidemment, on n’aura pas manqué de noter avec stupeur que Freud inclut son propre père parmi ceux qu’il tient lui-même au nombre des » pervers « . En effet, le motif affectif et profond de ce changement soudain consiste vraisemblablement en ce que les observations originales de Freud menaient celui-ci à accuser son propre père, décédé récemment en octobre 1896, ainsi qu’en témoigne également cet autre extrait d’une lettre adressée à son grand ami, le docteur Wilhelm Fliess : » Malheureusement mon propre père était un de ces pervers, il est cause de l’hystérie de mon frère (dont les états sont dans l’ensemble des processus d’identification) et de certaines de mes sœurs cadettes. La fréquence de ce type de rapport me donne souvent à réfléchir. » Pendant la nuit qui suivit l’enterrement de son père, Freud fit un rêve empreint de culpabilité et y lu une pancarte : » On est prié de fermer les yeux. » On est prié de fermer les yeux sur quoi ? se demande-t-on … Freud peut fermer les yeux du père défunt, certes, mais aussi fermer les yeux sur les fautes du père décédé, peut-on supposer. Un autre élément sans doute d’importance très notable est que l’influent ami intime avec qui Freud a correspondu pendant des années, Wilhelm Fliess, que la plupart de ses biographes s’accordent à désigner comme le sujet d’une affection transférielle de la part de Freud, fut lui-même un père incestueux, comme le révélera plus tard le témoignage de son propre fils, Robert Fliess.

En définitive, le complexe d’Oedipe que formula Freud en 1897 évacuait brusquement et presque totalement la responsabilité et la culpabilité des adultes dans la genèse des troubles psychiques, par exemple dans l’hystérie féminine pour laquelle Freud avait pourtant affirmé : » le fondement de l’accès hystérique est un souvenir, la revivification d’une scène ayant joué un rôle important dans la maladie. » (note de 1892). Mais le complexe œdipien est en contradiction plus que superficielle avec ces conclusions et fit à nouveau de l’hystérie une malédiction sans causes externes au sujet, le produit d’un fantasme.

Genèse ignorée du mythe d’Œdipe

Il est alors sans doute utile de rappeler que le mythe original d’Œdipe, dans son intégralité, ne se résume pas à la seule culpabilité du fils condamné à un destin tragique qui le mènerait sans raison à l’inceste maternel et au parricide, comme le voudrait la version freudienne. La tragédie œdipienne débute en réalité par un crime perpétré par Laïos, le père d’Œdipe et roi de Thèbes, qui séduit, enlève et tue le jeune Chrysippe. La malédiction qui s’abat sur lui et sa descendance est la conséquence et punition de ce crime dont Œdipe n’est que le bouc émissaire. Cette genèse ignorée par la psychanalyse et par Freud, pourtant érudit et passionné en la matière, est l’image parfaite du refoulement profond des causes réelles de la souffrance des patients et patientes du célèbre docteur. Tout ce qui précède est autrement plus brillamment démontré par l’ouvrage de la psychanalyste Marie Balmary (in L’Homme aux Statues ou La Faute Cachée du Père) qui s’est attachée à étudier les origines de la psychanalyse.

Ce refoulement opéré par Freud est malheureusement toujours d’actualité dans les pratiques et les théories d’une psychanalyse qui reste fidèle à la théorie des pulsions.

Pourtant, dès l’origine du mouvement psychanalytique, quelques thérapeutes et théoriciens ont pris au sérieux la parole des patients qui leurs livraient émotions et souvenirs intimes : il s’agit de thérapeutes comme Sandor Ferenczi ou Wilhelm Stekel, disciples puis dissidents de Freud. Pour Sandor Ferenczi, l’héritier spirituel un moment pressenti du père de la psychanalyse, son différend avec Freud et sa mise à l’écart par celui-ci résida clairement dans le fait que Ferenczi ne se décidait plus à remettre en question la réalité des traumatismes rapportés par ses différents patients. Certains textes et discours, dont notamment La confusion de langue entre les adultes et les enfants qui décrivait déjà à l’époque assez précisément et courageusement la dynamique psychologique de l’abus sexuel et incestueux, le tinrent définitivement à l’écart du courant analytique officiel. Ferenczi déclarait notamment que : » le complexe d’Œdipe pourrait bien être le résultat d’actes réels commis par des adultes, c’est-à-dire de passions violentes à l’égard de l’enfant, qui alors développe une fixation, non par désir, mais par peur. » ou encore » L’objection, à savoir qu’il s’agissait de fantasmes de l’enfant lui-même, c’est-à-dire de mensonges hystériques, perd de la force, par suite du nombre considérable de patients en analyse qui avouent eux-mêmes des voies de fait sur des enfants. « . Et bien que Ferenczi demeura longtemps discret dans cette remise en cause, cette position ne manquait pas de heurter les thèses freudiennes. Wilhelm Stekel, marginal au sein du mouvement psychanalytique, voyait lui la cause des troubles sexuels et psychiques de ses patients dans la position psychologique d’esclavage familial vécu infantilement par beaucoup d’entre eux et dans leur haine refoulée vis-à-vis de leurs parents (Wilhelm Stekel – L’Homme Impuissant ; La Femme Frigide). Mais la plupart de ces considérations furent très vite marginalisées et oubliées par le mouvement psychanalytique, alors en plein essor. Les analystes désirant être intégrés au mouvement en confirmaient les thèses majeures, y compris au sein de leur propre analyse didactique, en y intégrant le complexe d’Œdipe.

Le nourrisson est vu comme un être hostile

Le lieu de la théorie et de la pratique psychanalytique se tint désormais dans la mise à jour de la sexualité refoulée et de l’inconscient avec pour trame fondamentale » l’Œdipe « , c’est-à-dire le fantasme sexuel spontanément développé par l’enfant et projeté sur le parent de sexe opposé. Cette façon de voir a conduit la psychanalyse classique à attribuer systématiquement aux enfants des envies et des besoins sexuels démesurés, d’ordre obsessionnel, presque exclusivement de nature égoïste, hostile et orientés de façon altruiste uniquement sous la contrainte externe et éducative. La cause des troubles psychiques se trouvait placée dans le complexe d’Œdipe, complexe qui pouvait demeurer non-résolu pour des raisons plutôt mystérieuses. Par la suite, de nombreux thérapeutes et théoriciens de la psychanalyse ont développé des thèses plaçant les désirs pervers de l’enfant au cœur de la maladie psychique et de la problématique de l’inceste. Freud avait en son temps déjà qualifié l’enfant de » pervers polymorphe « , identifiant des désirs sexuels violents et sauvages dans beaucoup de leurs gestes et attitudes normales. Par la suite, Mélanie Klein développa de la même manière la théorie dite du » nourrisson cruel « , avide de la dévoration sadique du sein maternel, et parvint même à situer le complexe d’Œdipe dans les tout premiers mois de la vie de l’enfant. Un thérapeute reconnu comme Edward Glover a pu dire : » Par rapport aux critères sociaux de l’adulte, le petit enfant normal est tout simplement le criminel né. » (E.Glover – 1970 – cité dans La Connaissance Interdite de Alice Miller). Ainsi, tout un tas d’attitudes infantiles ont pu être interprétées par la suite non pas pour ce qu’elles manifestaient (tristesse, joie, colère, peur, anxiété, excitation, curiosité, etc…) mais pour des » caprices » intrinsèquement hostiles ou bien des manœuvres stratégiques œdipiennes destinées à satisfaire des envies et des rivalités sexuelles inévitables. On ne peut évidemment pas affirmer que de tels phénomènes n’existent absolument pas, mais ils sont beaucoup moins inconditionnels que ce qu’a prétendu la théorie analytique, c’est à dire qu’ils sont éminemment dépendants du contexte affectif qui nourrit l’enfant. L’interprétation œdipienne a, en revanche, toujours été faite au bénéfice de la thèse de l’innocence de l’adulte dans sa relation à l’enfant.

Abus réels ignorés

Par la suite, cette façon de considérer les choses a amené la psychanalyse et beaucoup de psychanalystes à complètement ignorer, voire à masquer les abus réels subis par les enfants. Les abus et attitudes abusives ont même été amplement justifiés par plusieurs spécialistes et non-spécialistes, sous couvert de pratiques et théories d’avant-garde, comme au cours des années soixante-dix et comme le fit par exemple la célèbre psychanalyste Françoise Dolto interrogée par la revue Choisir :

» Choisir – Mais enfin, il y a bien des cas de viol ?F. Dolto – Il n’y a pas de viol du tout. Elles sont consentantes.

Choisir – Quand une fille vient vous voir et qu’elle vous raconte que, dans son enfance, son père a coïté avec elle et qu’elle a ressenti cela comme un viol, que lui répondez-vous ?

F. Dolto – Elle ne l’a pas ressenti comme un viol. Elle a simplement compris que son père l’aimait et qu’il se consolait avec elle, parce que sa femme ne voulait pas faire l’amour avec lui. «

Et plus loin :

» Choisir – D’après vous, il n’y a pas de père vicieux et pervers ?F. Dolto – Il suffit que la fille refuse de coucher avec lui, en disant que cela ne se fait pas, pour qu’il la laisse tranquille.

Choisir – Il peut insister ?

F. Dolto – Pas du tout, parce qu’il sait que l’enfant sait que c’est défendu. Et puis le père incestueux a tout de même peur que sa fille en parle. En général la fille ne dit rien, enfin pas tout de suite. » (Entretien cité dans Le Viol du Silence de Eva Thomas)

Évidemment, quand on connaît l’impact considérable qu’a pu avoir une psychanalyste comme Françoise Dolto sur beaucoup d’éducateurs ou de parents, on frémit d’avance en imaginant les conséquences engendrées par de tels propos. Cet impact est d’autant plus grand pour les patients ayant dû renoncer à leurs souvenirs et émotions d’enfants sous la pression d’un thérapeute réticent à entendre la vérité. Il faut ici également bien se rendre compte comment les défenses psychiques développées par une victime d’inceste peuvent être en partie manipulées au cours d’une cure répondant aux dogmes de l’analyse classique. De fait, la plupart des souvenirs de scènes traumatiques ne se manifestent aux victimes que sous la forme de symptômes physiques, de troubles sexuels, d’angoisses cryptées, de fantasmes, de rêves ou de régressions sans rapport avec un traumatisme consciemment remémoré par le sujet. Il est donc aisé pour un thérapeute de dire à son patient que ces images et émotions sont des fantasmes œdipiens, irréels et sans support historique dans la vie de celui-ci, dans la mesure où ces souvenirs censurés sont effectivement vécus, défensivement, comme étant irréels par le psychisme du patient. La plupart des victimes trouvent là un renforcement intense à leurs propres refoulements, ce qui n’apaise généralement pas longtemps, malheureusement, les angoisses infantiles profondes qui les assaillent. Le but définitif d’une analyse a longtemps été, et est encore fréquemment, d’affranchir les parents et les adultes de toute responsabilité vis-à-vis de l’enfant, de toute culpabilité quant au mal qu’on lui a fait ou bien de leur pardonner immédiatement pour ensuite en charger l’analysé lui-même, en situant la cause ultime du mal vécu dans un inexplicable » complexe d’Œdipe mal résorbé « . Il ne s’agit pas pour ici de faire croire que l’enfant est un être affranchi de désirs ou de sensations d’ordre sexuel, mais de dire que sa sexualité est en de nombreux points tout à fait distincte de celle de l’adulte et surtout qu’il n’est pas prêt à supporter l’intensité d’un désir ou d’une excitation sexuelle mature ; prenons-en pour preuve les dégâts colossaux infligés aux victimes et les séquelles psychiques qui les affligent. En cas d’abus, l’enfant introjecte ces désirs adultes et en fait les siens, faute de pouvoir s’y soustraire : » De faux souvenirs masquant de vrais fantasmes ou de vrais souvenirs éclatant en fantasmes ? » est finalement la question à laquelle la psychanalyse se doit de répondre réellement.

Protéger les bourreaux

La pratique psychanalytique, aujourd’hui, a déjà quelque peu évolué, heureusement. Elle a su prendre en compte certains faits indépassables et quelques thérapeutes ont dénoncé publiquement les abus thérapeutiques qui redoublaient les abus sexuels vécus par les patients. Il y a désormais d’assez nombreux thérapeutes, psychanalystes ou non, qui reconnaissent la réalité des traumatismes infantiles dans la genèse des troubles psychiques et y accordent véritablement toute leur attention. Parmi les spécialistes connus qui se sont exprimés très clairement à ce sujet, on peut noter les noms d’Alice Miller ou plus récemment de Susan Forward. On sait désormais que les enfants peuvent se rendre malades non seulement par le refoulement de désirs ou de haines cachées, mais aussi simplement par amour, pour protéger leurs bourreaux qui se trouvent bien souvent être leurs propres parents et leur proche entourage.

Ces discours restent néanmoins confidentiels et peu connus d’un public qui est par ailleurs assez souvent familiarisé à la thèse classique de l’Œdipe. Une proportion encore majoritaire de professionnels reste fidèle aux dogmes de la théorie freudienne et ne laisse pas un patient évoquer ses souvenirs sans émettre un doute sur la réalité de ceux-ci ou sans les accueillir de façon négative (ce que les patients font d’ailleurs très bien pour eux-mêmes), d’autant plus que même des thérapeutes déclarant par principe être attentifs à l’étiologie traumatique peuvent y être sourds dans les faits ou assez dissuasifs pour ne pas y être confrontés. On peut également constater que la grande majorité de la littérature psychanalytique spécialisée reste souvent muette ou cryptique quant à l’inceste considéré autrement que comme un fantasme infantile. Le dogme psychanalytique reste également souvent emprunt d’une approche intellectualiste manifestant un goût prononcé pour les grammaires hermétiques et les néologismes cryptés qui sont un gage d’emprise savante vis-à-vis des non-analystes et des analysés eux-mêmes, et ce qui dédouane souvent les thérapeutes de prendre en compte des observations parfois très simples et vérifiables concernant leurs patients ou des cas similaires. Cette tradition concourt inévitablement à la non-reconnaissance du vécu émotionnel des victimes d’inceste.

Justifications de la violence à l’égard des enfants

Certains diront que cet aveuglement est maintenant révolu, qu’il est circonscrit à la méthode analytique, qu’il n’existe pas dans les nouvelles méthodes thérapeutiques enseignées ou que les thérapeutes actuels sont dorénavant à l’abri de tels phénomènes. Cet aveuglement, la négation ou la mise en doute des traumatismes subis sont malheureusement toujours d’actualité, quotidiennement pratiqués en thérapie et enseignés aujourd’hui encore aux étudiants dans les facultés de psychologie. Beaucoup d’autres types de thérapies, classiques, réformées et actuelles détournent activement le regard des traumas réels pour ne s’intéresser qu’à des fictions psychologiques ou à des traitements symptomatiques superficiels. Toutefois, cette façon de masquer les faits et la réalité du sort fait à l’enfance n’est pas une invention de la psychanalyse ou de la psychologie : c’est un modus vivendi de l’autorité sociale et familiale humaine dont certaines valeurs en sont encore largement partagées, comme l’amour inconditionnel aux parents, le renoncement à soi, la minimisation de ses propres souffrances (actuelles et infantiles), la justification de la violence à l’égard de l’enfant (claques, fessées et diverses humiliations) ou la projection des désirs de l’adulte dans l’enfant (le mythe de l’enfant sexuellement précoce, violent ou pervers) . Il faut tout de même insister sur ce fait essentiel que la révélation de l’inceste et des maltraitances entraîne nécessairement l’accusation du père, de la mère ou de la famille, et des valeurs éducatives partagées par l’immense majorité de la population. Rien ne semble socialement plus dangereux que cette mise en accusation et ce bouleversement de l’ordre établi de l’adulte sur l’enfant, du plus fort sur le plus faible… Il suffit d’observer les énormes difficultés et résistances rencontrées en matière de lutte contre la maltraitance pour s’en convaincre. Le père ou la mère introjectés en chacun de nous intiment de garder silence et nous rappellent que l’ » on est prié de fermer les yeux » ! Nous savons aujourd’hui que seule une fraction infinitésimale des abus est réellement signalée. Cela tient au fait qu’un enfant est toujours incapable de se défendre et n’est presque jamais libre de parler mais aussi que, dans les rares cas où il tente de s’exprimer, il faut l’entendre réellement et de ne pas se réfugier derrière des » théories boucliers « . Mais c’est encore trop peu souvent le cas. Quant aux victimes devenues adultes, leur sort dépend souvent d’une oreille attentive, d’une émotion partagée et ainsi libérée qu’elles ne trouvent fréquemment que tardivement, de longues années après les faits et après de multiples thérapies sans succès.

La psychanalyse à l’épreuve de la réalité

La psychanalyse grâce à son orientation à l’écoute du sujet est pourtant l’une des thérapies les plus efficaces à l’aide de ses patients en général et dans la mise à jour de leurs traumas infantiles en particulier. Elle est surtout une aide précieuse et vivement utile à tous ceux qui sont pris aux pièges de leurs propres défenses psychiques et de leurs blessures biographiques. Si on la compare à l’approche rationalisante, et pas nécessairement rationnelle, de la psychiatrie institutionnelle qui neutralise chimiquement ses malades au lieu de les comprendre ou de certaines psychothérapies qui leur enseigne des techniques d’autocontrôle au lieu de les écouter, l’analyse demeure une solution entière, peut-être une des seules capables d’être vécue activement et en profondeur par le sujet. Mais on doit pouvoir reconnaître frontalement ses propres erreurs et son aveuglement ancien ou actuel pour ne pas sacrifier la vérité à ses propres théories. C’est sans doute seulement ainsi que la psychanalyse pourra, avec le concours de nouvelles découvertes, donner le meilleur d’elle-même et partager avec cœur toutes ses avancées techniques pour le bien de tous.

En fait, il faut que la psychanalyse et ses suivants se mettent à l’épreuve de la réalité de l’inceste pour pouvoir devenir pleinement utiles à ses victimes. Il faut que les victimes d’abus trouvent l’écoute qui leur est nécessaire et ne se laissent pas entravées par des pratiques ou des propos aliénants, qu’elles sachent que leur parole est plus importante que les arguments théoriques qu’on leur oppose.

Il y a plus de cent ans, l’une des patientes hystériques du collègue de Freud, le docteur Breuer, a un jour produit d’elle-même le procédé associatif et cathartique de la psychanalyse : en racontant ses souffrances et associations spontanées à son médecin, elle constata avec surprise la disparition progressive de ses symptômes. Le message essentiel qui en demeure est qu’une parole écoutée et partagée appelle la guérison !

Quelques-uns des livres pillés (!) pour cet article :

Balmary, Marie – L’Homme aux statues ou la faute cachée du père – 1979 – Aubier // Bigras, Julien – L’enfant dans le grenier – 1977 – Hachette // Freud, Sigmund – Introduction à la psychanalyse – Payot // Ferenczi, Sandor – Psychanalyse IV – 1982 – Payot // Ferenczi, Sandor – Journal clinique – Payot // Forward Susan – Parents toxiques, comment échapper à leur emprise – 1989 – Stock // Gruyer F., Fadier-Nice M., Sabourin P. – La violence impensable – 1991 – Nathan // Mainguy, Colette – La Juive – 2001 – Stock // Miller, Alice – La connaissance Interdite – 1990 – Aubier // Miller, Alice – C’est pour ton Bien – 1984 – Aubier // Miller, Alice – La souffrance muette de l’enfant – Aubier // Thomas, Eva – Le viol du silence – 1986 – Aubier.

Vincent Caux, psychologue.

http://crimecontrelhumanite.com/2012/08 ... -linceste/
MélusineCiredutemps
 

Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Pïérô » 10 Nov 2013, 14:48

Livre à paraître :
Jeanne Cordelier et Mélusine Vertelune
Ni silence, ni pardon L’inceste : un viol institué

Préface de Marie-France Casalis cofondatrice du Collectif féministe contre le viol
• Des récits sur un sujet toujours mal connu, sur lequel il existe beaucoup de mythes : les agressions à caractère sexuel dans l’entourage familial.
• Comment surmonte-t-on les traumatismes de l’inceste ? Pourquoi doit-on briser le silence ?
• Les contradictions de certaines anarchistes.

Près de 25 % des filles subissent une expérience à caractère sexuel avec un adulte avant l’âge de treize ans. Les deux tiers des victimes d’agressions sexuelles sont âgés de moins de dixhuit ans. Dans 98 % des cas, l’agresseur est de sexe masculin, mais plus de 20 % des agresseurs sont âgés de moins de dix-huit ans. Et notre société érotise outrageusement les filles, ce qui n’est pas sans conséquence.
Les récits de Jeanne Cordelier et de Mélusine Vertelune portent sur un type d’agression à caractère sexuel particulier, celui qui est défini comme incestueux. La fillette, qui en est victime, est complètement démunie, car une personne censée la protéger et l’aimer l’agresse, en fait son objet sexuel. La plupart du temps, la fillette se tait, par honte, par peur, par soumission à son entourage, parce qu’elle sait qu’elle ne
sera pas crue. Et si elle parle, on la fait taire. Ainsi, en toute impunité se perpètrent des crimes aux conséquences dévastatrices sur les plans physique et psychologique.
Or, certaines, un jour, décident courageusement de briser le silence, un silence lourd, étouffant, accablant. Mélusine Vertelune nous raconte sans fard ce qui a été son calvaire quand son frère plus âgé l’a agressée à répétition pendant de nombreuses années. Il ne peut être alors question de pardon, mais de solidarité contre les dominants, les agresseurs, les criminels.

Sommaire

Préface
Marie-France Casalis, cofondatrice du Collectif féministe contre le viol
Première partie : Jeanne Cordelier
La Mort de Blanche-Neige, quelques extraits
Le Majeur droit
Chut, extraits de Premier Bal
Deuxième partie : Mélusine Vertelune
Avant-propos
Environ mille trois cents viols…
Postface : Viol, inceste et anarchisme
Annexes
* Collectif libertaire antisexiste (CLAS), Communiqué contre le viol
* Communiqué, les agresseurs

Les auteures :
* Jeanne Cordelier a publié de nombreux romans, dont La Dérobade, qui explorent, entre autres, les conséquences des agressions sexuelles dans l’enfance.
* Mélusine Vertelune brise enfin cette « véritable conspiration des oreilles bouchées », y compris dans le milieu dans lequel elle milite : l’anarchisme.

m.editeur@editionsm.info
www.editionsm.info/
Personne ressource : Richard Poulin
Parution : février-mars 2014
Prix : 12,95 $ ; 12 € | PDF 9,99 $
Pages : 112 ; format : 10,5 x 18 cm
ISBN : 978-2-923986-90-6
Collection : Militantismes

http://collectif-libertaire-antisexiste.fr.nf/
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Contre les violences faites aux femmes

Messagede Nyark nyark » 08 Mai 2014, 13:32

samedi 17 mai 2014
Rencontre avec JEANNE CORDELIER et MELUSINE VERTELUNE pour la parution de leur essai "Ni silence ni pardon : l’inceste, un viol institué" en présence du Collectif féministe contre le viol - 18h30 -


Le livre est préfacé par Marie-France Casalis, cofondatrice du Collectif féministe contre le viol.

• Des récits sur un sujet toujours mal connu, sur lequel il existe beaucoup de mythes : les agressions à caractère sexuel dans l’entourage familial.

• Comment surmonte-t-on les traumatismes de l’inceste ? Pourquoi doit-on briser le silence ?

• Les contradictions de certainEs anarchistes.

Près de 25 % des filles subissent une expérience à caractère sexuel avec un adulte avant l’âge de treize ans. Les deux tiers des victimes d’agressions sexuelles sont âgés de moins de dix huit ans. Dans 98 % des cas, l’agresseur est de sexe masculin, mais plus de 20 % des agresseurs sont âgés de moins de dix-huit ans. Et notre société érotise outrageusement les filles, ce qui n’est pas sans conséquence.
Les récits de Jeanne Cordelier et de Mélusine Vertelune portent sur un type d’agression à caractère sexuel particulier, celui qui est défini comme incestueux.
La fillette, qui en est victime, est complètement démunie, car une personne censée la protéger et l’aimer l’agresse, en fait son objet sexuel. La plupart du temps, la fillette se tait, par honte, par peur, par soumission à son entourage, parce qu’elle sait qu’elle ne sera pas crue. Et si elle parle, on la fait taire. Ainsi, en toute impunité se perpètrent des crimes aux conséquences dévastatrices sur les plans physique et psychologique.
Or, certaines, un jour, décident courageusement de briser le silence, un silence lourd, étouffant, accablant.

Mélusine Vertelune nous raconte sans fard ce qui a été son calvaire quand son frère plus âgé l’a agressée à répétition pendant de nombreuses années. Il ne peut être alors question de pardon, mais de solidarité contre les dominants, les agresseurs, les criminels.

Jeanne Cordelier a publié de nombreux romans, dont La Dérobade, qui explorent, entre autres, les conséquences des agressions sexuelles dans l’enfance.

Mélusine Vertelune brise enfin cette « véritable conspiration des oreilles bouchées », y compris dans le milieu dans lequel elle milite : l’anarchisme.

Ni silence, ni pardon est publié par les éditions M.

http://www.violetteandco.com/librairie/ ... -db480.jpg

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La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Lila » 01 Aoû 2014, 14:28

Interview de Jeanne Cordelier et Mélusine Vertelune dans l’émission "Femmes libres" de radio libertaire

à écouter : http://collectif-libertaire-antisexiste.fr.nf/
Téléchargement de l’émission : http://clas.olympe.in/mp3/itw.mp3 (cliq droit "enregistrer la cible sous")
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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Lila » 02 Sep 2014, 17:49

Rencontre à la librairie Fahrenheit 451

Samedi 6 septembre à 14h
Présentation du livre "Ni silence, ni pardon - L’inceste : un viol institué" par Jeanne Cordelier et Mélusine Vertelune.

Avec la participation de l’association Viols-Secours
http://www.viol-secours.ch/site/


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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Lila » 27 Sep 2014, 17:01

Vendredi 10 octobre, présentation et débat autour du livre de Jeanne Cordelier et de Mélusine Cordelune, avec la présence de Mélusine, à 20h, Antigone, café-bibliothèque, 22 rue des violettes, 38100 Grenoble

Samedi 11 octobre à 15h, conférence/débat autour du livre "Ni silence, ni pardon L’inceste : un viol institué" par Jeanne Cordelier et Mélusine Vertelune à la librairie lyonnaise La gryffe, 5 rue Sébastien Gryphe Lyon 7e.
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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Lila » 15 Nov 2014, 17:18

Interview de Mélusine Vertelune, à propos du livre "Ni silence ni pardon : l’inceste, un viol institué" co-écrit avec Jeanne Cordelier (M éditeur)

- Comment est née l’idée de faire cet ouvrage ensemble ?

La création, en juin 2006, du Collectif Libertaire Anti-Sexiste, la rencontre avec Jeanne en juin 2007 puis la lecture de La Dérobade [1], ont beaucoup contribué à la prise de conscience qui a permis ma sortie du déni en juin 2008. Les premières personnes à qui j’en ai parlé sont d’autres membres du CLAS dont certaines m’ont alors révélé qu’elles aussi avaient subi des agressions sexuelles par des membres de leur famille durant leur enfance. Nous avons donc décidé d’écrire une brochure contenant nos cinq témoignages.

Dans l’optique d’en ajouter d’autres, j’ai contacté le Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV). Delphine Reynaud, qui en est la coordinatrice, m’a beaucoup aidée et conseillée, en particulier concernant les démarches judiciaires que j’ai pu faire malgré la prescription des faits au niveau pénal (signalement au Parquet des MineurEs et saisine de la Commission d’Indemnisation des Victime d’Infractions). A la lecture de mon récit, Delphine et les autres membres du CFCV ont estimé qu’il pouvait être un excellent support pour les groupes de paroles qu’elles animent. Le CFCV, dont l’une des fondatrices, Marie-France Casalis, a rédigé la préface, soutient donc notre projet depuis ses débuts.

Au fil du temps, ce premier projet a été mis à mal par les souffrances qu’il réveillait chez certainEs d’entre nous et par des difficultés matérielles et administratives liées à nos situations de précarité économique. C’est ainsi que les trois autres personnes n’ont pas réussi à écrire leurs témoignages et ont renoncé à participer à ce projet. Deux d’entre elles ont quand même participé à la rédaction du communiqué du CLAS contre le viol qui est en annexe du livre.

Puis, nous nous sommes rendu compte que le volume total des textes justifiait un livre plutôt qu’une brochure. Alors, comme j’ai beaucoup apprécié L’être et la marchandise de Kajsa Ekis Ekman [2], que je venais de lire, j’ai contacté Richard Poulin de M éditeur qui a répondu favorablement.

- Pouvez-vous expliciter le titre "Ni silence ni pardon : l’inceste, un viol institué" ? Quelle signification aurait le pardon dans ces cas-là pour vous ? En quoi l’inceste et le viol en général font système ?

Depuis des siècles, le système patriarcal impose à ses victimes le silence et le pardon. L’application de ces deux injonctions lui sert à se maintenir, se renforcer et se justifier de la façon la plus perverse qui soit.

La loi du silence garantit l’impunité pour les agresseurs. Elle arrange celleux qui choisissent de ne pas soutenir clairement les victimes puisqu’elle engendre l’illusion de la non-existence de ce qu’elles subissent. Elle condamne les victimes au déni et au renoncement à la justice et à la dignité. Elle limite considérablement le potentiel de solidarité entre les victimes, elle nous divise, nous enferme et nous invisibilise. Ce qui n’existe pas n’a pas de voix, celles qui n’ont pas de voix n’existent pas...

Le viol est un acte de torture irréversible et irréparable, motivé et justifié par la misogynie la plus profonde, y compris lorsque la victime est de sexe et/ou de genre masculin. Il rempli un rôle fondamental pour le système patriarcal puisqu’il sert à signifier que l’intégrité et la dignité des dominéEs ont moins de valeur que la volonté capricieuse, d’asservir, d’instrumentaliser, de démolir et de terroriser des dominants. Lorsqu’on a subi un viol, il y a une part de nous qui est définitivement morte. On ne peut pas la "réparer" et elle ne renaîtra pas. Dans le meilleur des cas et sous certaines conditions, autre chose peut, peut-être, naître à sa place. Pardonner le viol revient à signifier que les violeurs ont raison de violer puisque la valeur des victimes est tellement infime que, finalement, le viol n’est pas si grave, pas assez grave en tout cas pour ne pas être pardonné. Celleux qui font l’apologie du pardon de façon plus ou moins assumée, qu’illes le fassent au nom des dogmes religieux ou en se prétendant "expertEs" de part leurs activités professionnelles ou associatives, voudraient nous faire croire qu’il pourrait y avoir des intérêts communs et un terrain d’entente équitable entre les agresseurs et les victimes. Ce discours toxique est un mensonge mortifère, indigne et dégradant qui nous condamne touTEs au statu quo et freine l’accès à des soins dignes de ce nom pour les victimes. Dans cette guerre-là, il ne peut y avoir que deux camps, celleux qui se prétendent neutres se rangent, en réalité, dans le camp des agresseurs.

« La femme qui ne pardonne pas est la femme qui juge, la femme en colère, la femme qui se refuse ; elle a perdu sa volonté d’être une femme telle que les hommes la définissent. Le pardon d’une femme représente son engagement continu à être présente pour lui, à rester en relation avec lui, à lui permettre de demeurer mâle par contraste. Sa charité, sa miséricorde, sa grâce (ce n’est pas pour rien que les hommes ont personnifié chacune de ces abstractions comme féminines dans la légende et l’art !) sont en fait les emblèmes de la subordination féminine à l’éthique du violeur. » (John Stoltenberg) [3]

Les victimes de viol qui se soumettent à l’injonction de pardonner restent malades. Elles ne peuvent pas se reconstruire car elles ont fini par adhérer à l’idée qu’elles ne valent pas grand-chose. Consciemment ou inconsciemment, elles donnent leur autorisation pour que d’autres viols soient commis. Lorsque celui à qui elles ont pardonné est un membre de leur famille, elles exposent leurs propres enfants à subir des viols à leur tour puisqu’elles n’ont pas rompu la relation avec le violeur et ses complices. C’est ainsi que se reproduit l’inceste au sein d’une même lignée familiale.

L’inceste est l’une des formes de viols les plus fréquentes et les victimes de l’inceste sont systématiquement sommées de se taire et de pardonner.
Comme toutes les formes de viols, l’inceste fait intégralement partie du système patriarcal. Il en est à la fois une conséquence et un ressort. C’est en cela que l’inceste est un viol institué. Il est institué par le patriarcat qui rabaisse au rang d’objets, voire de déchets, les femmes parce qu’elles sont des femmes et les enfants parce qu’illes sont des enfants.

Actuellement, en France unE enfant sur vingt-quatre est victime d’inceste. Sept victimes d’inceste sur dix sont des petites filles dont les agresseurs sont des hommes. Le système judiciaire est lui-même profondément machiste. Il faut lire, à ce propos, l’excellent article de l’anthropologue Dorothée Dussy intitulé "Une justice masculiniste : le cas des affaires d’inceste" tiré du livre qu’elle a coordonné : L’inceste, bilan des savoirs [4].

Chaque jour, en France, deux enfants meurent de la violence parentale. Le caractère massif et systématique de cette violence ainsi que l’impunité des adultes bourreaux ne seraient pas possibles si les enfants étaient vraiment considéréEs comme des personnes à part entière. La structure patriarcale de notre culture exclue légalement et socialement les enfants du droit commun, de la citoyenneté et de l’Humanité.

Dans l’ancien code civil, les enfants et les femmes étaient assimiléEs à du bétail appartenant à un "chef de famille" qui avait le droit de disposer de leur vie et de leur corps selon ses envies... La loi a changé davantage que les mentalités et la pensée dominante accorde toujours aux adultes le droit d’exercer la violence sur les enfants, notamment au nom du "respect de la vie privée au sein des familles".

- Vous décrivez des schémas de familles dysfonctionnelles : d’après vous, le potentiel d’inceste existe-t-il dans toutes les familles ?

Plus les adultes qui dirigent une famille adhèrent aux valeurs patriarcales, plus les enfants de cette famille, en particulier les petites filles, sont en danger de subir des sévices de toutes sortes, notamment des sévices sexuels, parce que l’idéologie de ses parents autorisent le fait qu’unE enfant puissent être objectivéE et sacrifiéE. Cette adhésion peut se manifester sous sa forme conservatrice, d’inspiration religieuse, comme c’est le cas des parents qui participent aux "Manifs pour tous". L’adhésion aux valeurs patriarcales peut aussi se manifester sous sa forme libérale, celle qui s’apparente à la prétendue "libération sexuelle", comme c’est le cas de ma mère qui ne respectait pas mon intimité, faisait occasionnellement l’apologie de la prostitution et achetait des magazines pornographiques qui traînaient sur le sol du salon.

- En tant qu’enfant, aviez-vous déjà conscience du caractère anormal de la relation ?

Je savais que des rapports sexuels n’étaient pas censés avoir lieu entre des personnes "liées par le sang". J’avais appris que cela s’appelait "l’inceste". Par contre, je n’avais pas encore compris le fait que l’inceste, en réalité, n’est pas une "relation entre deux personnes qui font quelque chose ensemble". Je n’avais pas encore compris que l’inceste est un viol commis par un individu en position de domination du fait des privilèges patriarcaux qui lui sont attribués par sa famille. Je n’avais pas encore compris que l’inceste est un viol infligé à une personne vulnérabilisée du fait de la place à laquelle elle est assignée au sein de sa famille.
Ceci est l’une des causes du sentiment de culpabilité que j’ai éprouvé et qui a profondément diminué l’estime que j’avais de moi-même. La violence de la réalité dans laquelle je me trouvais enfermée entravait ma capacité de penser et de comprendre ce que je subissais. Cet état de sidération et la terreur qui m’envahissait sont à l’origine des difficultés scolaires qui m’ont poursuivie durant plusieurs années.

- La violence des mères est très présente dans vos récits : quelle est leur part de responsabilité dans vos histoires familiales ? Et comment l’expliquer d’un point de vue féministe ?

C’est principalement ma mère qui a éduqué son fils. C’est elle qui a choisi de lui inculquer les "valeurs" masculines auxquelles il adhère depuis son enfance et au nom desquelles il s’est autorisé à devenir un individu égocentrique, cynique, sadique et narcissique. C’est elle qui l’a initié à l’objectification, à la persécution et à la destruction des êtres que la pensée dominante classe dans des catégories inférieures à la sienne. L’important pour elle a toujours été et est toujours que, quoi qu’il fasse, son fils ne se sente jamais coupable de rien. Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours vu et entendu ma mère se revendiquer "féministe". Mais aussi loin que remontent mes souvenirs j’ai toujours vu et entendu ma mère se comporter d’une façon qu’on peut qualifier de "machiste".
Aucun système de domination ne resterait en place s’il ne pouvait compter sur la collaboration plus ou moins consciente et plus ou moins active d’une partie des dominéEs. Pour survivre à la suprématie masculine et échapper à sa violence, certaines femmes se soumettent aux règles patriarcales, en adoptant le rôle de la fidèle ménagère, et transmettent ce qu’elles croient être une bonne stratégie de survie à leurs filles. Elles deviennent des sortes de martyres serviables et soumises qui se sacrifient pour les hommes qui les possèdent et auxquels elles consacrent toute leur existence. Ma grand-mère était l’une d’entre elles. Certaines femmes, souvent dotées d’un niveau de conscience un peu plus élevé, choisissent de se démarquer et de se désolidariser des autres femmes en collaborant activement et consciemment au système qui les opprime. Elles espèrent échapper ainsi au sort que subissent les autres femmes. Cette forme d’adhésion à l’idéologie machiste est celle de la marquise de Merteuil dans Les liaisons dangereuses [5], des taulières de maisons closes et de ma mère.

- Ce qui est le plus révoltant dans vos récits, c’est la passivité des adultes, qui n’interviennent pas, ne repèrent pas, ne signalent pas.
Comment expliqueriez-vous cette absence de réaction, d’empathie, d’intervention de l’entourage a posteriori ?


La plupart des gens ont moins d’empathie pour les femmes que pour les hommes et la plupart des gens ont moins d’empathie pour les enfants que pour les adultes. Alors beaucoup de gens ont un sérieux déficit d’empathie pour les petites filles... D’autre part, beaucoup de gens sont comme ma mère et mon frère. Ils se réjouissent de la souffrance infligée à leurs victimes et aux victimes de ceux auxquels ils s’identifient. Plus nombreux encore sont les lâches qui préfèrent faire semblant de ne rien voir et de ne rien savoir.

- Vous décrivez également des périodes d’anorexie et de boulimie. Pourquoi cette autodestruction comme conséquence de l’inceste ?

J’avais l’impression d’être à la fois vide et impure, alors il fallait que je me remplisse et que je me purge. Je n’ai jamais eu beaucoup d’argent et la nourriture, même consommée comme une drogue, coûte moins chère que toutes les autres drogues, surtout la nourriture destinée à être vomie, car quand on a prévu de la vomir on achète celle qu’on estime indigne d’être digérée. Quand je me gavais, je ne pensais pas. J’avais l’impression que rien d’autre n’existait à part les sensations produites par le fait de manger. Même le temps ne s’écoulait pas. Quand je faisais mes crises de boulimie, je recherchais cette sensation d’anéantissement. Tout ensevelir sous la nourriture, y compris mes rêves et mes espoirs. Puis venait la sensation d’impureté, la honte qui m’étouffait et alors je vomissais. Ensuite je m’effondrais, épuisée. Je buvais un thé et je me roulais un gros pétard pour être bien assommée et "comatais" jusqu’au moment où j’étais obligée de faire autre chose, ou jusqu’à la prochaine crise. Si j’avais eu plus d’argent, peut-être que j’aurais pris de l’héroïne.

- Les victimes d’inceste témoignent souvent de leur sentiment de culpabilité. Comment peut-on renverser ce sentiment de culpabilité ? Avez-vous suivi une thérapie ? Ou sinon, qu’est-ce qui vous a permis de faire votre cheminement ?

Ce sentiment de culpabilité est produit par le caractère misogyne de la culture : le comportement et le discours de l’agresseur, ceux de l’ensemble des agresseurs et de leurs alliéEs qui s’organisent pour défendre leurs privilèges et enfin les représentations véhiculées depuis des siècles par tous les vecteurs du système : les religions, les États, la prostitution, les chansons dites "paillardes", les médias, la publicité, etc... C’est ma conscience politique qui m’a donné la capacité de détruire ce sentiment de culpabilité. J’ai suivi une psychothérapie qui m’a aidée à me libérer de l’emprise que ma mère exerçait sur moi. Mais dans mon cas, et je crois que ça pourrait être le cas de bien d’autres survivantes, c’est le féminisme qui a été véritablement thérapeutique. Le système patriarcal nous met dans la tête que nous ne sommes rien, que nous ne valons rien, que nos existences sont insignifiantes, qu’en tant que femmes, nous n’avons pas le droit de vivre librement, dignement et décemment. Comment ne pas souffrir psychiquement en vivant dans un environnement aussi toxique, où les lois sont dictées par un mensonge aussi énorme ? Pour ne pas en souffrir, il faudrait que nous ne soyons pas ce que nous sommes : des humainEs. Le machisme pue la mort. C’est un poison qui nous rend malades. Son antidote est le féminisme.

- Avez-vous encore besoin de la reconnaissance de ses actes et de sa responsabilité par l’auteur de ces crimes ? Avez-vous gardé des contacts avec votre famille ?

Dès que je suis sortie du déni, j’ai compris qu’il fallait cesser d’attribuer une quelconque crédibilité à mon frère. J’ai compris qu’il était impératif de ne plus le laisser avoir le moindre impact sur ma vie. J’ai décidé de ne pas tenir compte de ce qu’il pouvait dire, penser ou faire car j’avais enfin compris que tout ce qui émane de cet individu est toxique et n’a donc aucune valeur. Ma sortie du déni a été brutale et radicale. J’ai eu immédiatement conscience que mes souvenirs étaient bien réels. Je ne voulais pas que ma survie et ma reconstruction dépendent de ce sale type. Je ne voulais pas lui laisser exercer le moindre pouvoir sur mon existence. J’ai décidé de ne plus m’imposer sa présence et j’ai fait en sorte de ne plus avoir à la supporter. Plus tard, j’en ai fait autant avec ma mère. Et grâce à cette rupture totale et définitive, je suis aujourd’hui plus heureuse de vivre que jamais.

- Vous parlez du risque de diffamation en début d’ouvrage, quelles sont les précautions que vous avez prises ?

J’ai accompli les démarches qui m’ont été conseillées par le CFCV (dont je parle plus haut) et j’ai utilisé des pseudonymes pour rédiger mon récit. Dans mon cas, le risque d’attaque en diffamation est, à présent, très amoindri par le fait que mes démarches ont abouti à une reconnaissance officielle de mon statut de victime et du fait que l’acte dont j’ai été victime a effectivement été commis par mon frère. Cependant, je ne regrette pas les précautions que j’ai prises pour ne pas être trop facilement identifiée à la lecture de mon texte car au-delà du risque d’attaque en diffamation, la stigmatisation à l’égard des victimes de viol et en particulier des victimes d’inceste peut rendre nos conditions de vie très compliquées.

- Seriez-vous pour l’abolition du délai de prescription, l’inclusion du crime d’inceste dans le code pénal ?

Oui, absolument. Ce serait la moindre des choses. J’estime même que l’inceste devrait être considéré et traité en tant que crime contre l’Humanité.

- D’après vous, quels seraient les dispositifs à mettre en place pour prévenir l’inceste ?

Il faudrait que les organisations et les personnes censées être progressistes cessent de se montrer indifférentes à notre combat. Il faudrait qu’un mouvement de grande ampleur entre en marche sur les bases d’une analyse féministe. Il faudrait que les médias cessent de faire le choix de ne pas donner la parole aux survivantEs de l’inceste.

En plus de cela, il faudrait revoir tout le système éducatif et social, que l’objectif véritable des services sociaux soit de protéger et défendre les enfants et non plus de "gérer" les enfants et les pauvres afin de maintenir les privilèges des adultes et des riches.

Pour cela, il faudrait augmenter le nombre et la qualité des lieux de placement d’urgence, faire en sorte que les policiers, les juges et les services sociaux n’aient plus la possibilité de mettre les bourreaux et les agresseurs en position de négociation. Il faudrait également que la mission de protection de l’enfance ne soit plus le monopole des Conseils Généraux. Car du fait de ce monopole, les enfants victimes issuEs de familles qui ne demandent pas d’aide financière ont très peu de chance d’être repéréEs. Or l’inceste, comme les autres formes de viols, est commis au sein de toutes les classes sociales. Enfin, il faudrait qu’il y ait des services médico-sociaux en contact direct avec les enfants dans tous les établissements scolaires y compris les établissements privés.

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Pour aller plus loin :
http://clas.olympe.in/spip.php?article9
http://www.cfcv.asso.fr/
http://sisyphe.org/spip.php?article4766
http://clas.olympe.in/spip.php?article142

Propos recueillis par T. Hoang


Notes

[1] La Dérobade de Jeanne Cordelier, éd. Phébus 2007

[2] L’être et la marchandise de Kajsa Ekis Ekman, M Éditeur, 2013

[3] John Stoltenberg - chapitre 1 de Refuser d’être un homme - M Éditeur/Syllepse, 2013

[4] L’inceste, bilan des savoirs, coordonné par Dorothée Dussy, les Editions La Discussion, 2013

[5] Les liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos, 1782


http://collectif-libertaire-antisexiste.fr.nf/
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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Lila » 17 Jan 2016, 18:43

4 millions de victimes de l'inceste en France : moi qui pensais être seule à l'avoir subi

LE PLUS. 4 millions de personnes ont déjà été victimes d'inceste, soit 6% de la population française. Un chiffre qui monte à 9% chez les femmes. C'est ce que dévoile, ce mercredi, un sondage Harris Interactive pour l'AIVI, association internationale des victimes de l'inceste. mercredi matin. Isabelle Aubry, présidente de l'organisation, violée par son père pendant des années, réagit.

à lire : http://leplus.nouvelobs.com/contributio ... -subi.html
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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Pïérô » 07 Fév 2016, 00:49

Paris, samedi 13 février 2016

Ni silence ni pardon. L'inceste : un viol institué

Rencontre et débat avec Jeanne Cordelier et Mélusine Vertelune pour leur ouvrage Ni silence ni pardon. L'inceste : un viol institué (Editions MEditeur)

à 16h30, Publico, librairie du Monde libertaire, 145 rue Amelot, Paris 11e

Près de 25 % des filles subissent une expérience à caractère sexuel avec un adulte avant l'âge de treize ans. Les deux tiers des victimes d'agressions sexuelles sont âgés de moins de dixhuit ans. Dans 98 % des cas, l'agresseur est de sexe masculin, mais plus de 20 % des agresseurs sont âgés de moins de dix-huit ans. Et notre société érotise outrageusement les filles, ce qui n'est pas sans conséquence. Les récits de Jeanne Cordelier et de Mélusine Vertelune portent sur un type d'agression à caractère sexuel particulier, celui qui est défini comme incestueux. La fillette, qui en est victime, est complètement démunie, car une personne censée la protéger et l'aimer l'agresse, en fait son objet sexuel. La plupart du temps, la fillette se tait, par honte, par peur, par soumission à son entourage, parce qu'elle sait qu'elle ne sera pas crue. Et si elle parle, on la fait taire. Ainsi, en toute impunité se perpètrent des crimes aux conséquences dévastatrices sur les plans physique et psychologique. Or, certaines, un jour, décident courageusement de briser le silence, un silence lourd, étouffant, accablant. Mélusine Vertelune nous raconte sans fard ce qui a été son calvaire quand son frère plus âgé l'a agressée à répétition pendant de nombreuses années. Il ne peut être alors question de pardon, mais de solidarité contre les dominants, les agresseurs, les criminels.


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Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Lila » 13 Mar 2016, 19:40

L'inceste : un sujet toujours tabou ?

Actuellement, les viols et les agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans sont qualifiés et punis par la loi, mais l'inceste, lui, n’était pas défini en tant que tel...

Quand on n’est pas concerné par la transgression du tabou de l’inceste, on est surpris d’apprendre que le mot "inceste" ne figure pas dans le code pénal. Je devrais employer l’imparfait car le 12 mai dernier, l’Assemblée nationale a introduit ce mot dans la loi sur la protection de l’enfant. L’inceste avait fait une brève incursion dans le code pénal en 2010. Mais, le 16 septembre 2011, le Conseil Constitutionnel avait jugé le texte inconstitutionnel au motif - entre autres - que les "membres de la famille" susceptibles de commettre cette infraction étaient mal précisés par le législateur.

Emission France Culture : http://plus.franceculture.fr/partenaire ... -l-inceste
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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede clateuf » 25 Juil 2016, 21:02

Interview de Mélusine Vertelune à propos du livre co-écrit avec Jeanne Cordelier réalisée pour le Monde Libertaire

Dans le titre du livre chaque mot a son importance, et il n’est pas anodin que ses premiers mots soient « ni silence » : le premier travail à faire, c’est celui-là, rompre le silence ?


Beaucoup de gens parlent du viol en général, du viol en théorie. C’est facile. Tant que le viol est perçu comme une violence exceptionnelle qui ne pourrait être commise que par un inconnu, condamner le viol n’engage à rien. Tant que la représentation que l’on se fait du viol est cantonnée à une agression brutale commise contre une victime qui se débat, qui crie son non consentement et qui sera ensuite capable d’aller porter plainte contre son agresseur toute seule comme une guerrière invaincue, il est facile et n’engage à rien de déclarer que l’on combat le viol.

Lire la suite ici : http://clas.pe.hu/spip.php?article286
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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Lila » 23 Oct 2016, 19:10

Pédophilie/Délai de prescription : donnons le temps aux victimes d'obtenir justice !

Aujourd'hui en France, il existe un délai de prescription concernant les violences faites aux enfants : tortures physiques et/ou psychologiques, viols, violences incestueuses. Nous ne pouvons plus tolérer que des faits d’une gravité insupportable ayant des conséquences sur la vie entière des victimes puissent être prescrits et que donc, les coupables puissent ne jamais avoir à répondre de leurs actes.

Pétition : https://www.change.org/p/p%C3%A9dophili ... src-no_msg
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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Lila » 15 Jan 2017, 19:45

STOP AUX VIOLENCES SEXUELLES-ASSISES 2017-Interview Andrea Bescond

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Re: L’inceste, un viol institué

Messagede Lila » 14 Mai 2017, 17:49

Ce que l’on sait de l’inceste en France

Réalisée sous l’égide du CNRS, la première expertise collective sur les violences sexuelles à caractère incestueux a été remise fin avril à la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. Quelle est l’ampleur de l’inceste et quels sont ses effets en France ? Quelles mesures peuvent-être prises ? Les réponses de la sociologue Sylvie Cromer, coordinatrice de cette étude.

à lire : https://lejournal.cnrs.fr/articles/ce-q ... -en-france
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