Machisme ordinaire en caméra cachée

[Ulfo25]

Article le Monde sur le machisme ordinaire : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/ ... ra-cachee/

[Nyark nyark]

J'avoue que je ne vois pas bien l'intérêt de cette vidéo qui circule partout et fait le "buzz". Le scoop du jour : les mecs, du moins certains d'entre eux, sont des gros relous machos. On n'avait jamais remarqué, on avait besoin d'une caméra cachée. Quand je dis "certains d'entre eux", pour moi ça n'a pas de sens caché, ça ne veut rien dire d'autre. Dans ce film, le sens est tout autre : les gros relous machos sont concentrés dans les grandes villes et, de préférence, dans les quartiers populaires. Et, même si ce n'était pas son intention, elle finit bien par avouer que ce sont, dans l'ensemble des "allochtones", c'est-à-dire, bien évidemment des maghrébins. Ben voyons ! D'ailleurs, elle a déménagé : elle pourrait venir en France dans certains villages bien franchouillards de ma connaissance, elle se rendrait peut-être compte qu'il ne sert à rien de déménager car le machisme est partout et que se faire traiter de salope, ça peut être n'importe où, par n'importe quel mec, de n'importe quelle couleur, origine, etc.
Excuse-moi, mais c'est à gerber...

[Christine]

L'intêret n'est sans doute pas dans cette vidéo là. Mais dans le fait que du coup, on en parle. Et, oui, les femmes avaient remarqué, mais sans pouvoir le partager avec les hommes. J'ai souvent rêvé d'avoir une caméra dans la tête pour communiquer ces faits.
Et les réactions montrent que c'est juste un autre morceau du patriarcat qui est mis à la lumière, c'est toujours ça.

[Ulfo25]

En même temps je n'ai jamais dit que cette vidéo me plaisait. C'est juste pour lancer un débat sur ce sujet. Une sorte d'ouverture, bonne ou mauvaise après à vous de juger.
Puis venant du Monde ce genre de vidéo racoleuses ne m'étonne même pas. Ce journal, comme tout média dominant, ne lance que des trucs pouvant défendre les intérêts de la pensée dominante.

[Flo]

Puis venant du Monde ce genre de vidéo racoleuses ne m'étonne même pas. Ce journal, comme tout média dominant, ne lance que des trucs pouvant défendre les intérêts de la pensée dominante.

Si les intérêts de la pensée dominante est de prendre en compte la violence machiste, alors moi, je suis d'accord. Le problème c'est les intérêts des dominants dans cette histoire, c'est l'argent et sûrement pas la cause des féministes dont ils seraient tout d'un coup épris. Par contre, le sexe, la violence et les quartiers populaires ça fait de l’audimat, si ça a pour conséquence de sensibiliser les gens tant mieux, sinon je pense qu'ils s'en battent les...

-------------------------------------------------------------------------

Par ailleurs, je suis d'accord avec Nyark Nyark pour dire qu'il n'y a là rien de véritablement nouveau, mais j'ai l'impression, en tout cas, et d'après un certain nombres de mes amiEs qui toutes le confirment parce qu'elles le vivent, qu'il y aurait là une recrudescence d'actes de violences verbales machistes. Ce serait difficile de le prouver parce que cela reste difficile à comptabiliser mais que ce soit des femmes qui ont maintenant 60, 40 ou 25 ans qui me témoignent leurs expériences, chaque fois le terme "régression" apparaît. Il serait super facile de remettre ça sur la faute des gens des quartiers populaires. Il y a du machisme là bas, comme partout, il s'agit pas de s'en cacher non plus. Mais comment expliquer alors que dans les années 70, d'après les témoignages que j'ai, le machisme n'existait pas dans certaines organisations libertaires alors qu'il serait désormais implanté de manière minoritaire mais implanté quand même ? Est-ce-que, aussi, dans les années 70-80, on mettait une main au cul d'une fille pour la draguer en boite alors que j'ai l'impression que c'est maintenant courant ? Comment se fait-il aussi que j'entends de plus en plus de mec critiquaient les femmes qui mettent des pantalons moulant pour paraître belle ? Je pourrai multiplier les exemples, mais mon impression est que nous sommes à un changement de mentalité, peut-être nourri par la marchandisation des corps féminin par la pub, peut-être liée à la diffusion massive du porno, peut-être parce qu'avec le délitement du lien amoureux les hommes deviennent plus revanchards et méprisants, peut-être parce que les obscurantismes religieux de tous bords refont surface, peut-être pour tout cela en même temps; mais ce qui est clair c'est que c'est très inquiétant et que, à mon sens, beaucoup d'hommes sont encore ignorants de ces réalités, ce qui donne une bonne raison pour en parler d'avantage.

Sur ce que je disais par rapport à la régression du respect des femmes, je serai aussi curieux d'avoir les témoignages de chacun-e-s ici pour savoir si mon impression et celle de mes proches connaissances est bien réelle.

[Kzimir]

Je connais mal le sujet du harcèlement au quotidien (vu que je ne le subis pas), mais j'aurais tendance à penser que le sexisme prend des formes différentes selon le milieu social. Cette vidéo s'intéresse au harcèlement de rue, il me semble, mais je peux me tromper, que cette forme concerne plus les hommes issus des classes populaires. Ne serait ce que parce qu'un jeune au chômage aura plus tendance à "tenir le mur" et à siffler les nanas qui passent qu'un apprenti avocat, qui lui pourra draguer de manière lourde dans les soirées de sa promo avec plus de chances de succès.
Après la vidéo est courte, ce n'est qu'un extrait, je vois pas trop comment on pourrait en dire plus. Mais c'est sur que si le documentaire ne contextualise pas plus, par exemple en allant aux soirée des corpos étudiantes, c'est une démarche politiquement très douteuse, car ciblant spécifiquement une population déjà pas mal stigmatisée.

[Ulfo25]

Puis venant du Monde ce genre de vidéo racoleuses ne m'étonne même pas. Ce journal, comme tout média dominant, ne lance que des trucs pouvant défendre les intérêts de la pensée dominante.

Si les intérêts de la pensée dominante est de prendre en compte la violence machiste, alors moi, je suis d'accord. Le problème c'est les intérêts des dominants dans cette histoire, c'est l'argent et sûrement pas la cause des féministes dont ils seraient tout d'un coup épris. Par contre, le sexe, la violence et les quartiers populaires ça fait de l’audimat, si ça a pour conséquence de sensibiliser les gens tant mieux, sinon je pense qu'ils s'en battent les...

Quand je parlais d'intérêt des dominants je pensais aussi et surtout que c'était plus simple de stigmatiser des mecs dits de "banlieues" qu'un mec bien propre sur lui du genre avocat venu des beaux quartiers. Car je répondais surtout aux propos de Niark Niark qui critiquait la vision que montrait cette vidéo. Mais j'avoue qu'il faudrait trouver d'autres ouvertures à ce sujet du machisme qui soit orienté vers cette catégorie aisée, etc. Ayant deux soeurs d'une vingtaine d'années je sais très bien ce qu'elles subissent y compris venant de vieux "cons" soit-disant respectables. Et je suis assez d'accord avec les propos de Kzimir même s'il faudrait quelques sources pour les confirmer.
Sur ce je vais tenter de trouver quelques études un peu moins orientées ou traitant des classes "aisées" justement pour diversifier le débat à ce sujet.

[yoh]

Un petit texte et des commentaires intéressants :

Harcèlement de rue, questionnement
http://piratages.wordpress.com/2012/08/03/4484/

[Nyark nyark]

Merci Yoh pour ce lien. Tout y est remarquablement exprimé, rien à rajouter.

[yoh]

Oui il est très bon ce billet, je trouve aussi.

Ceci dit c'est de l'actu récente, faudra surement attendre encore un peu avant de trouver "un super bon texte qui tue" ce documentaire et la propagande faite autour.

Et ma foi, sur un "forum parallèle" on peut trouver des courts textes allant plus ou moins dans le même sens :

A propos du documentaire "Femme dans la rue", du sexisme et du patriarcat
http://www.garance.be/cms/?Femme-de-la- ... cumentaire

Insultes Sexistes à Annessens :
une petite heure sur les sites d’information .
http://www.egalite.be/?p=3484

Edition / Celui-là aussi, avec quelques commentaires aussi intéressants :

De l'autre comme barbare au féminisme révolutionnaire?
http://bxl.indymedia.org/articles/5027

[Kzimir]

L'un des articles écrit :

Mais ce harcèlement n’est pas une expression de la sexualité, mais d’un rapport de pouvoir. La preuve en est que, selon les hommes interrogés eux-mêmes, s’il s’agit d’avoir des aventures, « ça ne marche pas ». Mais voilà : le véritable but, ce n’est pas de passer un bon moment avec une jolie fille, mais de lui faire comprendre qu’on a le pouvoir de contrôler sa vie. Car si on peut douter que les auteurs de ces comportements soient à « 95% maghrébins », il est certains qu’ils sont à 100% masculins, et qu’il est question là d’une construction de la masculinité comme prise de pouvoir sur les femmes, surtout quand on est en groupe.

Et ça me pose question, parce que ça fait du harcèlement une simple position d'autorité. Je sais pas si c'est démontrable, mais j'aurais tendance à penser que les mecs qui harcèlent dans la rue sont célibataires (et avec une vie sexuelle pas super épanouie). Si c'est le cas, ça ferait du harcèlement de rue tout autant une "expression de sexualité" que d'un rapport de pouvoir.
Sans compter que ça dépend aussi de ce qu'on appelle "harcèlement de rue". Une approche du style "tu suces salope ?" a aucune chance de marcher, mais j'imagine qu'un mec un peu moins con qui tente des approches plus respectueuses (genre en commençant par demander du feu, et sans insulter) a plus de chances de réussite (quoique la productivité doit pas être super élevée non plus). Pourtant j'ai du mal à fixer la limite entre les deux, en ce sens que le harcèlement de rue n'est que la caricature de la drague de rue. Enfin, je sais pas si je suis super clair.

[Christine]

Je sais pas si c'est démontrable, mais j'aurais tendance à penser que les mecs qui harcèlent dans la rue sont célibataires (et avec une vie sexuelle pas super épanouie). Alors, là, je sais pas si on a des stats mais je suis bien sûre que les mecs qui harcèlent dans la rue sont pas plus majoritairement célibataires que ceux qui fréquentent les prostituées (et là on a des enquêtes qui disent que non).
Quant à la notion de vie sexuelle épanouie... on peut penser que dans l'état actuel du monde et des relations de domination c'est plutôt pas le cas général.

Ce qu'on appelle "harcèlement de rue" ? Toute approche pas sollicitée... Evidemment plus supportable dans ta deuxième version que dans ta première. Mais ça reste une approche pas sollicitée. Tu sors acheter le pain, tu te fais brancher. Tu sors la poubelle, pour peu que ce soit sur le trottoir même chose... Même poliment, c'est pas acceptable.
La drague de rue c'est pas acceptable (la séduction ça devrait se pratiquer entre gens qui se côtoient, quel qu'en soit l'endroit, ça peut pas exister entre qq'une qui passe et un type qui la trouve à son goût).
Et non, c'est pas du sexe ou de la séduction, mais bien l'affirmation que le corps de toutes les femmes est public

[SchwàrzLucks]

Une question sur le fait que tu dises que ça doit se passer "entre gens qui se côtoient". Comment définis-tu le fait de se côtoyer ? Il y a forcément rencontre préalable. Dans quelles conditions ?
Parce que, pour donner un exemple, dans un groupe militant on a "des gens qui se côtoient". Pour autant, ça me paraîtrait lourd à souhait qu'untel drague unetelle pendant une réu. En dehors, c'est pas mon affaire, mais dans le cadre de la réu de groupe j'vois pas ce que ça vient faire là malgré que ce soient des gens qui se côtoient.
Ou un autre exemple : certain-e-s voient leur lieu de travail comme un endroit où se construire une certaine sociabilité quand d'autres s'en foutent, vont au boulot pour le boulot, et se construisent leur sociabilité en dehors.

J'ai l'impression qu'un certain nombre de codes liés aux lieux jouent particulièrement là-dedans. Pour parler "général", j'pense qu'il est avéré que certain-e-s considèrent par exemple un bar ou une boîte de nuit comme un lieu potentiel de rencontres tandis que d'autres y vont juste pour s'amuser/boire un coup (d'autres n'y vont tout simplement pas et s'en foutent mais on va pas compliquer le schmilblick ). Quid de ce genre de lieux qui ne correspondent pas à l'intimité mais ne sont pas non plus la rue ? J'ai pas d'avis là-dessus tellement ça me paraît complexe et propice à la confusion mais j'aimerais bien que vous m'expliquiez ce que vous en pensez.

[Christine]

Je trouve partout lourd "qu'untel drague unetelle".

Quand aux lieux où on peut se côtoyer pour avoir envie d'un plus éventuel, j'ai perso pas de liste. Les orgas militantes, le boulot, le groupe d'ami-es, la salle de sport... tous les lieux où on se rencontre et se parle. Je dirais bien que c'est les mêmes lieux où on se fait des ami-es.

[Christine]

Et évidemment les lieux spécifiquement pour la rencontre : sites du même nom, boîtes de nuit...