Crise économique : retour des femmes au foyer familial !

Crise économique : retour des femmes au foyer familial !

Messagede Béatrice » 28 Juil 2012, 20:11

Femmes : le droit à l'emploi menacé par la crise

Vendredi, 27 Juillet 2012 02:40

La sociologue Magdalena Rosende alerte sur l'organisation larvée du retrait des femmes du marché du travail qui s'opère systématiquement en période de crise, le retour de la femme à la maison étant communément admis dans nos sociétés patriarcales.

La parution de Travail féminin : retour à l’ordre aux éditions Antipodes vient rappeler combien le droit à l’emploi des femmes, pour évident qu’il nous paraisse aujourd’hui, peut faire l’objet de fortes offensives en période de récession économique.

L’auteure du livre, Céline Schoeni, nous offre une magnifique analyse des mesures prises à l’encontre du travail salarié féminin dans le secteur public durant les années 1930 en Suisse et en France. Dans ces deux pays, ce sont les femmes fonctionnaires, mariées et hautement qualifiées, qui ont été au cœur de la croisade. En Suisse, la charge s’est surtout focalisée sur les institutrices mariées et les employées dans les administrations cantonales et communales. En France, c’est davantage le personnel féminin de l’administration centrale, dans les ministères, qui a été visé. Bien que l’analyse se concentre sur deux pays, l’ensemble des pays occidentalisés industrialisés connaît un processus similaire.

Comme le démontre avec force cette étude historique, c’est tout un dispositif — légal, normatif, pratique — de gestion sexuée du personnel de la fonction publique qui a été mis en place afin de décourager le travail salarié des femmes.

Quelles sont les conséquences de la réglementation restrictive du travail féminin dans ce secteur d’activité ? En premier lieu, l’offensive engendre la dégradation et la précarisation des conditions de travail des femmes fonctionnaires. Ces dernières se maintiennent sur le marché du travail, mais leur salaire est diminué. Ensuite, les campagnes contre le travail salarié féminin amorcent une dynamique de retrait des femmes du marché du travail. En Suisse, la part des femmes parmi la population active chute entre 1930 et 1940. Enfin, les mesures renforcent la division du travail et la hiérarchie entre les sexes : aux hommes le travail productif, vecteur de richesse nationale; aux femmes l’éducation des enfants et le travail ménager non rémunéré. L’ensemble des discours qui sont tenus à cette époque encense les figures de l’homme pourvoyeur du revenu du ménage et de la femme au foyer. Cette conception des rôles fortement différenciés selon le sexe se retrouve dans la plupart des assurances sociales qui se mettent en place dans l’immédiat après-guerre. Est ainsi instituée la dépendance des femmes à l’égard des hommes pour celles qui sont mariées, à l’égard de l’Etat pour celles qui vivent seules et dont l’activité rémunérée ne leur permet pas de boucler leurs fins de mois.

D’aucuns penseront que le droit des femmes à l’emploi est pleinement acquis aujourd’hui et qu’un processus du même type que celui qui caractérise les années 1930 ne saurait ressurgir. Il n’en est rien. La récente crise économique confirme l’existence d’une dynamique similaire, selon le rapport établi en 2009 par le Bureau International du Travail intitulé “Tendances mondiales de l’emploi des femmes”. Les turbulences économiques actuelles risquent bien d’exacerber les inégalités entre les femmes et les hommes dans l’univers du travail rémunéré.

Certes, l’égalité en matière de droit à l’emploi est formellement acquise depuis les années 1980, mais l’égalité dans les faits demeure un défi majeur. Pour les femmes, le travail rémunéré n’est toujours pas envisagé ni perçu comme un droit acquis, mais comme un droit d’usage. Autrement dit, l’activité salariée féminine est encore souvent considérée comme éventuelle, subordonnée à d’autres tâches, l’éducation des enfants en particulier. En témoigne la fréquence de la notion de «choix» pour parler de l’emploi féminin. Ne dit-on pas des femmes qu’elles choisissent d’exercer une activité à temps partiel ? Pour les hommes, il en va tout autrement. L’emploi est un droit acquis qui se traduit concrètement, pour ces derniers, par l’obligation de vendre leur force sur le marché du travail. Et quand on parle du travail salarié masculin, rares sont les personnes qui utilisent la notion de «choix».

(Source : Le Courrier)


http://www.actuchomage.org/201207272177 ... crise.html
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Messagede mimosa rouge » 01 Aoû 2012, 23:48

Merci pour cette info ( en lien on peut y trouver les états mondiales du BIT). Mais j'ai pas bien compris, c'est suisse ou français cet article ?
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Messagede Ulfo25 » 02 Aoû 2012, 09:50

Bin étant donné que la source c'est Le Courrier je dirais que c'est Suisse car ce journal vient de là-bas.
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Messagede mimosa rouge » 02 Aoû 2012, 12:05

Le Courrier ? :gratte: je connaissais pas ....
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Re: Crise économique : retour des femmes au foyer familial !

Messagede Ulfo25 » 02 Aoû 2012, 12:42

Bin moi j'en avais déjà entendu parler un peu vu que j'habite pas trop loin de la Suisse. Mais c'est vrai que c'est pas hyper-connu.

Si vous voulez y passer un coup le site c'est http://www.lecourrier.ch/
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Messagede Pïérô » 02 Aoû 2012, 18:07

Interessant en tout cas, avec un angle de vue un peu "alter".
Pour en revenir au sujet, il est clair qu'il y a là des reculs qui s'annoncent, et des reculs dans une situation pour les femmes qui était déjà loin d'être parfaite.
Sur la question des salaires par exemple, avec une dynamique de lutte syndicale : viewtopic.php?f=75&t=5269
Et c'est au coeur de la préoccupation de la prochaine campagne Européenne de la Marche Mondiale des Femmes, du 17 octobre 2012 au 8 mars 2013 : viewtopic.php?f=75&t=6192.
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Messagede Ulfo25 » 02 Aoû 2012, 19:41

Après dans ce genre de crise on en reviens à ce qui peut nous "rassurer" le plus ce qui peut expliquer ce genre de recul social. On se replie sur soi (d'ou la montée de l'extrême-droite je pense) et on reprend les anciens "modèles" qui peuvent sembler plus sécurisant par certains. Le meilleur exemple à tout ça étant l'arrivée des totalitarismes (Italie, Allemagne et Espagne) suite à la crise économique de 29. Même si c'est plus complexe que je l'énonce mais je pense que l'on est en train de revoir le même type de processus qu'à cette époque. C'est pour cela qu'il faut se méfier des moments de crises.
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Messagede Pïérô » 02 Aoû 2012, 20:05

Qui "on" ? :hehe:
Je ne crois pas, ou pas de cette manière. Il y a des choses qui s'imposent là, par le biais économique, et qui ne sont pas de l'ordre du choix, politique ou religieux, et qui participent du recul, car je ne pense pas que ce recul soit porté par un "on" collectif à ce point.
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Messagede Ulfo25 » 02 Aoû 2012, 20:11

Oooh quand je dis "on" c'est un "on" générique et pas généralisant. Plutôt un "on" de système plutôt qu'un "on" en terme d'individus en somme.
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Messagede Pïérô » 22 Juin 2013, 11:46

çà empire
Allemagne : comment la réforme du marché du travail renvoie les femmes à la maison

L’Allemagne, sa compétitivité, sa flexibilité, sa capacité à réformer son marché du travail… Et ses femmes que l’on rend dépendantes économiquement à vie de leurs maris, renvoyées, de fait, au foyer. Car une Allemande sur deux travaille à temps partiel, dont 4,5 millions dans le cadre d’un « minijob » : ces boulots payés moins de 450 euros, qui n’ouvrent aucun droit ou presque. Un divorce, un mari au chômage ou décédé, et c’est la pauvreté. Le modèle allemand, un modèle d’avenir ?

« Pour notre service de soins à domicile à Essen nous recherchons un/une aide aux personnes âgées », annonce cette entreprise allemande sur le site de l’Agence fédérale pour l’emploi (Arbeitsagentur), l’équivalent en Allemagne de Pôle emploi. En plus d’une formation spécifique de trois ans, elle demande au candidat d’être flexible, autonome et engagé dans son travail, et, si possible, d’avoir déjà acquis une expérience et d’être titulaire d’un permis de conduire. Tout cela pour… 400 euros par mois, sans préciser le volume horaire ! « Une embauche en temps partiel ou temps plein n’est pas exclue », laisse miroiter l’annonce. Cette offre est en fait celle d’un « minijob », une forme d’emploi précaire qui a explosé en Allemagne depuis la première loi, dite Hartz, de dérégulation du marché du travail il y a dix ans. Des minijobs qui touchent particulièrement les femmes.

Des jobs payés en dessous des bas salaires

Les lois Hartz, ce sont ces réformes adoptées par le gouvernement social-démocrate et vert de Gerhard Schröder et entrées en vigueur entre 2003 et 2005. Vantées par l’Élysée comme par la droite néolibérale de ce côté-ci du Rhin, leur bilan est très controversé en Allemagne. Les défenseurs des lois Hartz assurent qu’elles ont permis de lutter contre le chômage et de relancer l’emploi. La réalité est bien moins rose, surtout pour les femmes.

« La situation des femmes sur le marché du travail s’est détériorée avec les réformes Hartz, en premier lieu à cause de la loi qui a facilité les minijobs », estime Ursula Engelen-Kefer, ancienne vice-présidente de la Fédération syndicale allemande DGB. Ces minijobs existent depuis longtemps, mais étaient limités à une activité de 15 heures de travail par semaine maximum, rémunérée 325 euros par mois. La première loi a levé la limite horaire et augmenté le plafond salarial à 400 euros (passé à 450 euros cette année).

7 millions de « minijobbers »...

Résultat : ces jobs sont très mal payés. « Aujourd’hui, l’employeur peut légalement exiger 24 heures de travail par semaine pour 450 euros ! » souligne la syndicaliste. 450 euros par mois pour 20h par semaine, cela revient à un salaire horaire de seulement 5,60 euros. Pour 15h par semaine, ce taux horaire monte à 7,50 euros. Dans la pratique, 90% des employés en minijobs travaillent moins de 20 heures par semaine, selon une étude du ministère de la Famille publiée en avril [1]. Reste que plus de trois-quarts des « minijobbers » touchent un salaire inférieur à 8,50 euros de l’heure, analyse la fédération syndicale DGB. Soit en dessous du niveau des bas salaires allemands [2].

Sur les 7 millions de personnes qui travaillent dans le cadre d’un minijob [3], près des deux tiers sont des femmes. Et ce minijob constitue, pour les trois quarts d’entre elles, leur seul et unique emploi. Les secteurs d’emploi traditionnellement féminins sont aussi les plus touchés par le phénomène : plus d’un million de minijobs dans le commerce, près de 800.000 dans le nettoyage, plus de 400.000 dans la santé. Dans la restauration, un travailleur sur deux est en minijob ! Car tout employeur, du particulier à la multinationale, en passant par l’administration ou l’éducation [4], peut recourir à un minijob, sans restriction : la seule condition, c’est que le salaire mensuel ne dépasse pas 450 euros.

... Sans sécurité sociale, ni assurance chômage

Dans ces conditions, comment explique-t-on ce succès ? Les minijobs recrutent selon la formule « salaire brut = salaire net ». Ces emplois sont exemptés de cotisations sociales pour les employés, les employeurs payant un forfait de cotisations patronales de 30 %. Un piège. Car les minijobbers ne bénéficient ni d’assurance maladie, ni d’assurance chômage quand leur contrat s’arrête. Et leurs cotisations retraites sont ridicules. Travaillez 45 ans en minijob et vous aurez droit à une pension mensuelle de 140 euros seulement !

Et ce piège s’est refermé sur les femmes : une femme active – entre 18 et 64 ans – sur dix est en minijob. « Cela signifie que les femmes qui cherchent un emploi et ne disposent pas de qualifications particulières ou reviennent sur le marché du travail après une pause pour s’occuper des enfants, ne reçoivent souvent pas d’autres offres d’emploi que ces jobs », analyse Ursula Engelen-Kefer.

Dépendantes à vie de leur mari

Sans cotisations salariales, « les femmes en minijobs dépendent de leur partenaire pour avoir une assurance maladie, conclut la syndicaliste. L’autre conséquence, c’est la pauvreté assurée une fois à la retraite. Le problème, c’est que beaucoup de femmes encore jeunes ne se rendent pas compte ce que signifie se retrouver sans retraite ni assurance maladie et dans la dépendance à leur mari. Elles se disent simplement “le brut pour le net, c’est merveilleux”. Cette situation est soutenue par les hommes, qui paient moins d’impôts si leurs femmes travaillent peu. Ce développement des minijobs va donc exactement dans la mauvaise direction. »

Pas étonnant, dans ce contexte, que 84% des femmes qui exercent un minijob comme activité principale soient mariées. Alors que la proportion n’est que de 60 % dans l’ensemble de la population féminine allemande. En outre, une fois en minijob, les femmes y restent : un tiers exerce ce type d’emploi depuis dix ans ou plus, et plus de la moitié depuis plus de six ans. Contrairement à certaines idées reçues, en France, les minijobs ne s’adressent pas qu’aux étudiants ou aux retraités, en quête d’un complément de pension. La grande majorité (58%) sont des actifs.

Les femmes : « Des salaires d’appoint pour le foyer »

« En cas de divorce, de chômage ou du décès du mari, les femmes en minijobs ne peuvent que difficilement assurer leur existence et celle de leur famille », prévient le sociologue Carsten Wippermann, qui a conduit l’étude publiée en avril par le ministère de la Famille. Pour lui, les minijobs constituent en fait un « programme de production de dépendance et d’impuissance économique des femmes à vie ». Un programme validé par la première loi Hartz, sous un gouvernement social-démocrate...

Les réformes allemandes du marché du travail ont-elles au moins développé l’emploi des femmes ? Au premier abord oui. Leur taux d’emploi a connu une nette hausse passant de 62% en 2002 à 71,5% en 2012. Il dépasse maintenant le niveau des femmes françaises (65 %) [5]. Mais à y regarder de plus près, le tableau est moins glorieux. « Nous avons effectivement plus de femmes actives aujourd’hui qu’il y a dix ans, mais elles se partagent le même volume de travail, déplore Karin Schwendler, du syndicat du tertiaire Ver.di. Le temps plein recule et la temps partiel augmente toujours plus. » Près d’une travailleuse allemande sur deux (45%) est à temps partiel, contre moins d’une sur trois en France [6]. Les femmes allemandes à temps partiels travaillent en moyenne moins de 19 heures par semaine contre plus de 23 heures en France [7].

Vers un salaire minimum... excluant les femmes ?

« Chez nous, les femmes qui travaillent sont encore considérées comme des salaires d’appoint pour le foyer. La représentation qui domine, c’est toujours celle de l’homme qui ramène l’argent à la maison, et la femme qui apporte peut-être un petit quelque chose en plus », explique la responsable du syndicat des services. Les réformes Hartz fonctionnent sur ce modèle, avec l’extension des minijobs, mais aussi avec la réduction (en 2005) des allocations chômage individuelles à une année contre plus de deux auparavant. Elles sont ensuite relayées par des prestations versées en fonction des revenus du foyer, comme pour le RSA, dont est cependant soustrait en partie le revenu lié à un minijob.

Il y a dix ans, ces réformes avaient été décidées par les sociaux-démocrates alors au pouvoir. Aujourd’hui dans l’opposition, ils ont placé la question des bas salaires et la revendication d’un salaire minimum au cœur de leur programme pour les élections législatives de septembre. « Nous espérons la mise en place d’un salaire minium après les élections, indique Karin Schwendler. Nous voulons aussi que les minijobs soient soumis à cotisations sociales dès la première heure travaillée. » Ursula Engelen-Kefer est moins optimiste : « Dans les programmes des partis pour les législatives, on lit beaucoup de choses sur le travail intérimaire, qui concerne 900.000 personnes, et très peu sur les minijobs, qui touchent pourtant sept fois plus de travailleurs ». Est-ce si étonnant ? 70% des intérimaires allemands sont des hommes.

Rachel Knaebel


Notes

[1] A consulter ici, http://www.bmfsfj.de/RedaktionBMFSFJ/Br ... b=true.pdf, en allemand.
[2] Moins de 9,76 euros à l’Ouest et moins de 7 euros à l’Est
[3] Ce qui représente près d’un quart des 29 millions de salariés ”normaux“, soumis à cotisations salariales.
[4] Au dernier trimestre 2012, 100.000 minjobbers travaillaient dans l’administration, la défense ou l’assurance sociale, et 218.000 dans le domaine de l’éducation, surtout dans les jardins d’enfants
[5] Source : Eurostat, http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/re ... anguage=fr.
[6] Source : Eurostat, http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/re ... anguage=fr.
[7] Source : Eurostat, http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal ... /database#, dans "Durée du travail".

http://www.bastamag.net/article3104.html
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Re: Crise économique : retour des femmes au foyer familial !

Messagede Lila » 25 Mar 2015, 19:45

Emploi des femmes : austérité et loi Macron aggravent la situation

Esther Jeffers et Anne Eydoux
Economistes attérés

L’accès des femmes à l’emploi est un enjeu majeur car il constitue une première condition à leur autonomie financière. En France, comme dans la plupart des États membres de l’Union européenne (UE), le taux d’emploi des femmes a augmenté. Il a fortement progressé depuis les années 60, et se situe aujourd’hui autour de 60% (pour les 15 à 64 ans), à un niveau comparable à la moyenne de l’UE.

Les pays du Nord comme le Danemark affichent des taux nettement plus élevés tandis que dans la plupart des pays du Sud, et notamment en Grèce, ces taux sont inférieurs à la moyenne. Dans les pays de l’Est, où les taux d’emploi des femmes étaient élevés pendant la période socialiste, ils ont, à l’inverse, diminué dans certains cas.

Inégalités persistantes

Mais, malgré la promotion de l’égalité salariale dès 1957 et l’intégration en 1997 d’un objectif d’égalité dans la stratégie européenne pour l’emploi, les inégalités hommes-femmes dans l’emploi persistent.

Il y a d’abord la « ségrégation horizontale » des emplois. Les femmes sont surreprésentées dans certains métiers (secrétaires, infirmières, aides-soignantes, agents d’entretien, etc) et secteurs d’activité (services, secteur public, grande distribution), tandis que d’autres restent l’apanage des hommes (policiers, pompiers, etc. et secteur industriel).

Ensuite, la « ségrégation verticale » : les femmes accèdent difficilement aux plus hautes responsabilités économiques et politiques, comme si elles en étaient empêchées par des obstacles invisibles, que les Anglo-Saxons désignent par le terme « plafond de verre ».

Que les femmes aient un niveau d’éducation aujourd’hui supérieur à celui des hommes n’empêche pas qu’elles soient surreprésentées dans les emplois non qualifiés ! Qu’elles aient des niveaux d’instruction très élevées n’empêche pas non plus qu’elles soient surexposées aux carrières ralenties – le « plancher collant » qui les empêche de gravir les échelons !

La ségrégation sexuée des emplois ne s’est guère atténuée et reste très marquée en France comme dans le reste de l’UE.

Précarité renouvelée

Enfin, les formes de précarité de l’emploi des femmes se sont renouvelées. Si dans de nombreux pays de l’UE l’emploi informel a reculé, le temps partiel, lui, a augmenté, surtout dans les emplois tertiaires où les femmes sont très présentes.

En France, près du tiers des femmes (30%) travaille aujourd’hui à temps partiel contre 7% des hommes, des chiffres très proches de la moyenne de l’UE (respectivement 32% et 9%). Au total, ces inégalités se traduisent par la persistance d’écarts de salaires importants. En France, le salaire horaire des femmes est inférieur de 15% à celui des hommes (16% en moyenne dans l’UE), mais l’écart de salaire mensuel avoisine les 25% en raison de la fréquence du temps partiel.

Et, à poste, secteur et carrière équivalents, il reste une part des différences salariales inexpliquée, elle est estimée à environ 8% en France.

Premières victimes de l’austérité

Les politiques d’égalité qui avaient accompagné la hausse des taux d’emploi sont aujourd’hui à la peine dans l’Union européenne. Du fait des règles budgétaires qu’elle s’est données, l’UE est piégée dans l’austérité.

De plus, les pays de la zone euro, faute de pouvoir dévaluer leur monnaie, optent souvent pour des politiques dites de dévaluation interne, de compression des salaires et de flexibilisation des emplois. Ils s’engagent donc, les uns après les autres, non seulement sur la voie de l’austérité mais aussi sur celle de la dérégulation du marché du travail.

Pour les femmes, c’est la double peine. Sur le front de la protection sociale d’abord, parce que leurs revenus dépendent davantage que ceux des hommes des transferts sociaux. Sur le front de l’emploi ensuite, parce qu’elles sont concentrées dans les secteurs les plus concernés par les mesures d’austérité (gel des salaires ou des recrutements dans le secteur public) et par la dérégulation de l’emploi (par exemple, les mini-jobs en Allemagne) dans les services.

Les politiques d’égalité n’empêchent pas les inégalités

L’austérité et l’égalité entre femmes et hommes ne font pas bon ménage. La France en fournit une bonne illustration. Les politiques d’égalité qui y sont menées depuis les années 80 n’ont pas empêché les inégalités de se perpétuer.

Alors que se construisait ce qu’il est convenu d’appeler un « féminisme d’État » (un ensemble d’institutions publiques chargées de faire progresser les droits des femmes et l’égalité), et que se mettait en place la loi Roudy du 13 juillet 1983 qui a marqué les politiques d’égalité professionnelle, la France prenait le tournant de la rigueur et d’une politique de l’emploi favorisant le temps partiel et la précarisation de l’emploi des femmes.

Les politiques publiques ont d’un côté encouragé – sans grand succès – les entreprises à agir en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, et de l’autre, porté – avec succès – une répartition inégalitaire des temps de travail.

Autant de femmes au Parlement qu’en Afghanistan

On retrouve depuis l’élection de François Hollande cette même tension entre une politique active de promotion de l’égalité entre femmes et hommes et des politiques d’austérité et de dérégulation du marché du travail aux effets inégalitaires.

D’un côté des progrès ont été accomplis sur l’égalité en politique, comme la parité entre ministres – même si beaucoup reste à faire, en particulier à l’Assemblée nationale où, malgré un record du nombre de femmes élues députées, avec près de 28% la parité est encore loin d’être atteinte, la France se situant au même niveau que l’Afghanistan et la Tunisie, et faisant moins bien que l’Algérie (32%).

Des lois économiques aux effets délétères

De l’autre, des lois porteuses d’effets inégalitaires continuent à être adoptées. Ainsi, si la loi du 14 juin 2013 sur la « sécurité de l’emploi » a défini un minimum de 24 heures hebdomadaires pour le temps partiel (en excluant de nombreux secteurs de l’obligation de s’y conformer), elle a flexibilisé et annualisé le temps partiel, le rendant plus attractif pour les employeurs.

Quant à la loi Macron sur la croissance économique et l’activité, elle prévoit dans le secteur du commerce l’extension du travail le dimanche, en soirée et de nuit, au risque de précariser davantage l’emploi des femmes qui sont majoritaires dans ce secteur.

La politique d’austérité et de réduction des déficits dans laquelle le gouvernement s’est résolument engagé comporte des effets plus délétères encore. Elle a ainsi entériné la poursuite de la réduction des effectifs et des gels de salaires dans la fonction publique où les femmes sont majoritaires : sur les 60 000 créations de postes d’enseignant/es annoncées, très peu ont vu le jour. Quant à la croissance du nombre de places en crèche, elle a été nettement moindre que prévu ; or l’insuffisance de l’offre d’accueil des jeunes enfants est un obstacle à l’emploi des mères.

Une politique d’affichage

Sortir les politiques européennes d’égalité entre femmes et hommes de l’impasse suppose d’en finir avec le pilotage par l’austérité, anti-démocratique et contraire au progrès social. Cela suppose aussi de cesser de faire de l’emploi une variable d’ajustement et de garantir la qualité des emplois (salaires minima, temps de travail).

Sinon, la politique d’égalité professionnelle risque de rester une politique d’affichage, impuissante face à la recomposition des inégalités entre femmes et hommes.


http://www.anti-k.org/2015/03/23/emploi ... situation/
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Re: Crise économique : retour des femmes au foyer familial !

Messagede Lila » 08 Mai 2016, 18:25

115 : de plus en plus de femmes seules recherchent un hébergement d’urgence

De plus en plus de femmes se retrouvent dans une extrême pauvreté jusqu’à être contraintes à vivre à la rue.

A la rue, les femmes sont en danger, le plus souvent victimes de violences (ou suite à des violences conjugales) mais pourtant, ce sont les moins protégées. 49 % des femmes isolées n’ont jamais eu de place d’hébergement faute de structures adaptées. Elles sont nombreuses à refuser les centres d’hébergement mixtes par crainte d’agressions. De même, 51 % des femmes seules avec enfants n’ont jamais été hébergées.

La précarité des femmes a augmenté de 60% ces cinq dernières années, ce qui prouve aujourd’hui que les femmes subissent une violence économique telle, qu’elles ne peuvent plus assumer leur quotidien.

La suite : https://sanscompromisfeministeprogressi ... -durgence/
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Re: Crise économique : retour des femmes au foyer familial !

Messagede Lila » 22 Jan 2017, 19:47

La précarité est en train d’isoler certaines femmes des quartiers populaires

Il faut s’inquiéter du sort de nombreuses femmes de banlieues, qui se battent pour chaque euro. La précarité les éloigne de plus en plus des relations sociales, de la culture et des loisirs, explique Hamida Sobihi, travailleuse sociale à Eragny.

J’interviens dans des quartiers où le taux de chômage est important. Je constate que les femmes vivant dans ces quartiers se replient de plus en plus sur elles-mêmes. La précarité les a isolées et elles n’osent pas aller vers les autres pour demander de l’aide.

à lire : http://www.streetpress.com/sujet/148456 ... opulaires#
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Re: Crise économique : retour des femmes au foyer familial !

Messagede Lila » 05 Fév 2017, 19:34

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Re: Crise économique : retour des femmes au foyer familial !

Messagede Lila » 12 Mar 2017, 19:38

Stéréotypes « Dans l’idéal, les femmes devraient rester à la maison »

L’adhésion de la population française aux stéréotypes de genre recule depuis le début des années 2000, selon l’Insee. Les données rassemblées dans l’ouvrage « Femmes et hommes – L’égalité en question », paru hier, montrent qu’à peine plus d’un Français sur dix considère que « le rôle d’un homme est de gagner l’argent du ménage, celui d’une femme est de s’occuper de la maison et de la famille », contre 22% il y a 10 ans.

à lire : http://www.alternatives-economiques.fr/ ... n/00077848
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