Syndicalisme et prostitution, questions embarrassantes

Syndicalisme et prostitution, questions embarrassantes

Messagede MélusineCiredutemps » 20 Juin 2012, 21:13

Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarrassantes - “Dones d’Enllaç”

Aborder la prostitution en termes syndicaux est trompeur – et faussement solidaire avec les femmes prostituées – lorsque l’on veut examiner cette réalité. Cela donne l’impression qu’il s’agit de la “défense organisée” d’un certain collectif de femmes. Mais, en fait, ce traitement de la question conduit à l’acceptation impuissante d’un phénomène de domination et de violence sexiste. Parler de l’organisation syndicale de la prostitution présuppose qu’il s’agit d’un travail, et que c’est un travail humainement acceptable. Cependant, la première hypothèse évacue tout un faisceau de questions sociales, raciales et de genre: quel type de « travail » est-ce, ce « travail » exercé au profit exclusif du plaisir masculin par des femmes ou des êtres féminisés? Et, singulièrement, par des femmes pauvres, placées dans des situations d’extrême vulnérabilité, étrangères ou appartenant à une minorité ethnique opprimée? La deuxième hypothèse n’est pas moins contestable: un «métier» qui connaît un taux de mortalité 40 fois plus élevé que la moyenne, un «travail» associé à des situations généralisées de stress, d’alcoolisme et d’addiction aux drogues devrait, au moins, susciter de vives interrogations et être mis en quarantaine à partir d’un point de vue strictement syndical. Les enfants qui extrayaient le charbon dans les mines anglaises du XIXème siècle – ou les enfants qui, de nos jours, travaillent dans les usines asiatiques pour le compte des grandes firmes de l’économie mondiale – effectuent incontestablement un travail. Le syndicalisme de classe considère, cependant, que ce travail devrait être interdit, car il a des effets dévastateurs sur ces enfants et parce qu’il ne permet pas leur développement en tant qu’êtres humains. Le syndicalisme, dont l’horizon historique est l’abolition de l’esclavage salarié, lutte quotidiennement pour réduire le taux d’exploitation du travail par le capital. Et il cherche à obtenir des conditions matérielles et morales plus favorables pour la classe ouvrière. Par conséquent, le syndicalisme classique considère qu’il y a des seuils de respect de la dignité et l’intégrité humaines en-dessous desquels ces relations contractuelles sont impossibles. Eh bien, parler de défense syndicale du «travail sexuel» implique de considérer que, dans la prostitution, ce seuil peut être établi. Et même que, à partir de là, il est tout à fait possible d’améliorer progressivement les conditions de travail pour les personnes prostituées. La réalité dément à chaque pas une telle prétention. La simple tentative d’application de certains paramètres syndicaux dans le monde de la prostitution conduit à une absurdité qui donne des frissons. Voyons quelques exemples... Quel serait l’âge légal pour l’exercice professionnel de la prostitution? Considérons-nous que, à l’âge de 18 ans, une fille est déjà prête à être possédée par tout individu disposé à payer un prix stipulé? Serions-nous prêts à admettre des “contrats d’apprentissage » à un âge plus précoce? A 16 ans, par exemple? Lorsque l’on sait que dans les pays industrialisés, l’âge moyen d’entrée dans le monde de la prostitution se situe en dessous de quinze ans, la conclusion logique serait que cette «période de formation» ne ferait que perfectionner ou professionnaliser – et, bien sûr, formaliser – une pratique avec laquelle ces filles seraient déjà «naturellement» familiarisées. Parlant de la formation... Les syndicats ne devraient-ils pas veiller à garantir son homologation à travers des diplômes accréditant cette qualification professionnelle? Soit dit en passant, cette option de «travail», enfin normalisée, devrait être proposée dans les écoles et les collèges, comme perspective d’avenir pour les jeunes, prioritairement pour les filles. Et, par la même occasion, les offres d’emploi dans l’industrie de la prostitution devraient être inclues, avec les autres offres, sur les panneaux de tous les bureaux des Agences pour l’Emploi. (On peut imaginer que le syndicalisme le plus rigoureux revendiquerait avec force que la gestion de ces demandes de «professionnelles du sexe» soit dans les mains d’un réseau public, en rejetant l’intrusion des entreprises de travail temporaire). En effet, si tel était le cas, une personne au chômage pourrait-elle refuser une offre d’emploi de prostitution correspondant au profil requis par l’employeur? Pourrait-elle continuer à bénéficier des allocations de chômage, si elle n’acceptait pas une telle proposition ? (Comment dites-vous? Que dans l’industrie du sexe existent d’autres circuits, un « marché du travail » tout à fait particulier ? Eh bien, ces circuits obscurs sont inacceptables pour le syndicalisme, qui exige sans cesse transparence et normalisation des rapports contractuels ! Il est impossible de défendre une catégorie socioprofessionnelle dans un cadre informel.)Le syndicalisme exige des contrats bien définis, reconnus et protégés par l’Etat. À ce propos, que serait un contrat de prostitution ? Seraient-ce des contrats permanents, fixes/discontinus «temporaires, saisonniers, de service» ? Sera-t-il possible d’y établir le droit de refuser certaines demandes des «clients» ? Comment définir une faute professionnelle ou fixer des barèmes de productivité ? Ces contrats, feraient-il l’objet d’une convention collective de l’industrie de la prostitution ? Les syndicats savent que pour que la défense des salariés soit effective, il est nécessaire d’élargir le champ de la négociation au maximum: l’individu isolé est faible face à l’employeur. On peut donc supposer, que le syndicalisme verrait de meilleures possibilités dans le cadre de l’industrie du sexe, négociant avec des employeurs reconnus, plutôt que sous un régime précaire de prostitution «artisanale», face à des misérables proxénètes de quartier. Nous pouvons supposer aussi que serait prévue une inspection du travail sérieuse. Quels devraient être les critères pour sanctionner un abus patronal ? Et éventuellement, comment le détecter et le prouver ? Sera-t-il possible de dénoncer le patron d’un bordel qui obligerait «ses filles», par exemple, à réaliser des «services sexuels» non désirés ? (C’est-à-dire que le syndicat reconnaîtrait le reste de ces services, comme des « actes désirés » par les femmes ?) Et ainsi de suite. Les domaines que le syndicalisme se doit d’aborder sont nombreux. Les maladies sexuellement transmissibles, seraient-elles considérées comme des maladies professionnelles? Et les troubles psychologiques et la toxicomanie directement liés à la pratique de la prostitution? Comment gérer un système d’arrêt-maladie? Et l’âge de la retraite... faudrait-il l’établir à 67 ans? Ou bien, considérions-nous que c’est un travail pénible justifiant une retraite anticipée ? Assez. Dans les conditions réelles des industries du sexe, un monde dominé par le crime organisé dans lequel sont exploitées des personnes préalablement conditionnées par tout un système proxénète, le fait d’évoquer l’action syndicale implique de décharger sur les femmes la responsabilité de leur situation et de la légitimer (au-delà de la promesse d’adoucir certains de ses aspects). Pire encore, une approche syndicale de la prostitution, comme activité professionnelle, conduit inévitablement à dynamiter les droits du travail de l’ensemble de la classe salariée, et porte directement atteinte à la liberté des travailleuses (qui, non seulement deviennent légalement susceptibles d’être prostituées, mais poussées effectivement à la prostitution). Un syndicalisme au service des intérêts des exploiteurs est un syndicalisme jaune. Et, dans ce cas, un syndicalisme ouvertement proxénète.
MélusineCiredutemps
 

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Nyark nyark » 01 Juil 2012, 22:55

Les arguments du STRASS ici

Entendons-nous bien, je ne dis pas que je suis d'accord avec le STRASS. J'entends leurs arguments, tout comme j'entends les tiens Mélusine, très pertinents comme toujours d'ailleurs.
Mais, en tant que femme et féministe, je n'arrive pas à me faire une opinion tranchée sur cette question. Alors, si la discussion pouvait partir sur le sujet, dans le calme et le respect des opinions de chacun(e), ça m'aiderait peut-être. Merci d'avance !
La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
Avatar de l’utilisateur-trice
Nyark nyark
 
Messages: 1203
Enregistré le: 30 Oct 2011, 16:46
Localisation: Région parisienne

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Christine » 02 Juil 2012, 07:05

La critique de "le contrat sexuel", livre à lire (que j'ai pas lu encore), qui parle de la liberté des femmes à contracter dans le cadre du patriarcat.
Avatar de l’utilisateur-trice
Christine
 
Messages: 134
Enregistré le: 28 Nov 2009, 22:57
Localisation: Sarthe(en haut à gauche)

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Béatrice » 02 Juil 2012, 10:36

Christine a écrit:La critique de "le contrat sexuel", livre à lire (que j'ai pas lu encore), qui parle de la liberté des femmes à contracter dans le cadre du patriarcat.


Le contrat sexuel de Carole Pateman . Editions " La Decouverte" :

Par quel étrange paradoxe le contrat social, censé instituer la liberté et l'égalité civiles, a-t-il maintenu les femmes dans un état de subordination ? Pourquoi, dans le nouvel ordre social, celles-ci n'ont-elles pas accédé, en même temps que les hommes, à la condition d'« individus » émancipés ?
Les théories du contrat social, héritées de Locke et de Rousseau, et renouvelées depuis Rawls, ne peuvent ignorer les enjeux de justice que soulève le genre. Carole Pateman montre, dans cet ouvrage de référence enfin traduit en français, que le passage de l'ordre ancien du statut à une société moderne du contrat ne marque en rien la fin du patriarcat. La philosophe met ainsi au jour l'envers refoulé du contrat social : le « contrat sexuel », qui, via le partage entre sphère privée et sphère publique, fonde la liberté des hommes sur la domination des femmes.
Il s'agit là moins d'exploitation que de subordination, comme le démontre l'auteure en analysant le contrat de mariage, mais aussi l'ensemble des contrats qui touchent à la propriété de la personne, de la prostitution à la maternité de substitution, jusqu'à l'esclavage et au salariat. Ainsi s'engage, à partir du féminisme, une critique de la philosophie politique libérale dans son principe même : en effet, pour Carole Pateman, un ordre social libre ne peut en aucun cas être de type contractuel.


http://www.editionsladecouverte.fr/cata ... 64292.html
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
Messages: 2792
Enregistré le: 09 Juil 2011, 19:58

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Nyark nyark » 02 Juil 2012, 12:43

Merci beaucoup déjà pour la rapidité de vos réponses. L'ouvrage en question va être commandé pour ma bibliothèque (tant qu'à faire, autant le faire lire aussi à d'autres).
La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
Avatar de l’utilisateur-trice
Nyark nyark
 
Messages: 1203
Enregistré le: 30 Oct 2011, 16:46
Localisation: Région parisienne

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Béatrice » 02 Juil 2012, 17:05

( je n'avais pas eu ce matin le temps nécessaire d'aller au-delà de la réponse que j'ai faite )

Nyark nyark a écrit:Entendons-nous bien, je ne dis pas que je suis d'accord avec le STRASS. J'entends leurs arguments, tout comme j'entends les tiens Mélusine, très pertinents comme toujours d'ailleurs.


Bien d'accord avec toi Nyark nyark pour reconnaître que les arguments portés par MélusineCiredutemps sont non seulement pertinents , mais portent aussi une force de conviction
qui est parfaitement perceptible et qui sort surtout de certains discours plus convenus de certaines organisations féministes qui privilégient parfois l'expression formelle ( cliché
stéréotypé ) , au détriment du fond .

Alors, si la discussion pouvait partir sur le sujet, dans le calme et le respect des opinions de chacun(e), ça m'aiderait peut-être. Merci d'avance !


MélusineCiredutemps n'a à ma connaissance , jamais débordé dans les débats sur le FAR ( tout contradictoires soient-ils) et le rappel à priori "au calme et au respect" n'a pas
lieu d'être dans le cas présent puisque cette notion de "calme et ce respect " , elle ne l'a jamais transgressée .

( après , je comprends bien ton souci de mettre en exergue le respect de ces valeurs là pour l'ensemble des membres de ce forum dans ton nouveau poste d'admin sur celui-ci ,
mais peut-être aurait-il mieux valu que tu t'en exprimes dans un topic qui vaille pour toutes et tous ?
)

Et pour en revenir au sujet initial relatif aux arguments du STRASS , l'absence de représentativité du Planning familial lors du rassemblement du 18 juin à Paris en solidarité
avec les femmes turques pour le droit à l'avortement était source d'interrogation viewtopic.php?f=66&t=2559#p72963

Alors faut-il voir une relation avec ses dernières déclarations relatives à celles des abolitionnistes en matière de prostitution , la question reste posée ?

http://www.millebabords.org/spip.php?article21072


Communiqué commun des associations féministes "abolitionnistes" de ce jour en réponse aux déclarations du 28 juin dernier du Planning familial :

02/07/12
Abolition 2012
Communiqué de presse
Féministes, et donc pour une politique cohérente et entière contre la
prostitution !
Nous serions-nous fait mal comprendre ? Nous sommes d’accord avec l’essentiel de l’analyse
posée par le Planning Familial sur la prostitution : symbole de la domination masculine,
question sociale et économique dont les femmes les plus précaires paient le prix fort. Il ne
s’agit évidemment pas de décréter du jour au lendemain la fin de la prostitution ! Mais, en
tout réalisme, d’engager une politique à même de faire reculer cet archaïsme indigne de nos
démocraties. Et cette politique comporte de multiples entrées. D’où vient que les médias, et
maintenant le Planning, aient une seule obsession, la pénalisation du client ? Le client est-il
vraiment celui qu’il faut prioritairement protéger ? Ce que nous demandons, comme le
Planning, avec le même sentiment d’urgence, c’est d’abord la fin de la répression qui pèse sur
les personnes prostituées et pour elles un véritable Plan Marshall à même de les aider à
accéder à tous les droits humains – notamment à la santé - et à sortir d’une voie sans issue.
Ce que nous demandons, c’est un vrai travail de prévention, une éducation solide à l’égalité
entre les femmes et les hommes, à une sexualité respectueuse de l’autre. Pour nous, cet
édifice ne peut se construire en continuant de fermer les yeux sur le comportement sexiste du
client prostitueur qui fait son marché parmi une catégorie de personnes - des femmes en
immense majorité - reléguées dans la prostitution, non seulement en raison de leur précarité
économique ou du coup de pouce des trafiquants, mais surtout du fait de parcours souvent
fracassés, marqués par toutes sortes de violences, physiques, psychiques et sexuelles. Ce
qu’ils achètent – et c’est ce que nous refusons -, c’est l’impossibilité qu’ont ces personnes
d’exercer la liberté de leur dire non.
Si la prostitution, comme l’affirme le Planning, s’inscrit dans le continuum des violences
faites aux femmes, pourquoi le client prostitueur, premier agresseur des personnes
prostituées (comme le montrent toutes les enquêtes), n’aurait-il pas à en répondre ? Pour
éviter une clandestinité accrue ? Mais la clandestinité est déjà là et elle est le fait d’Internet !
Pièce maîtresse du système, le « client » ne peut plus faire semblant d’ignorer qu’il est le
moteur d’une traite des femmes en pleine expansion. Tous les textes internationaux sur la
traite posent désormais pour première exigence de « décourager la demande ». Ce n’est pas
avec quelques incantations qu’on y parviendra. Mais hélas avec des mesures fortes. Seuls, les
radars, douloureux et controversés, ont été capables d’éviter des milliers de morts sur les
routes.
Non, le débat entre abolitionnisme et réglementarisme n’est pas « sclérosant ». Il relève d’un
choix politique capital pour le statut – symbolique et réel - des femmes dans nos sociétés.
http://www.abolition2012.fr
Contact presse :
Secrétariat du Mouvement du Nid - France : 01 42 70 77 79 / 01 42 70 92 40
ou Claire Quidet, Porte-Parole : 06 41 91 27 22
Siège social de l'Amicale du Nid: 01 44 52 56 40 ou Hélène de Rugy 06 07 15 55 65
Fondation Scelles: Yves Charpenel 01 40 26 04 45
Liste des associations signataires : Mouvement du Nid, Amicale du Nid, Fondation Scelles, Elu-e-s contre les violences faites aux femmes,
Regards de Femmes, Coordination française pour le Lobby européen des femmes, Osez le Féminisme, FDFA, CNFF, Choisir la cause des
Femmes, Ensemble l'Egalité c'est pas Sorcier, Clara Magazine, Femmes Solidaires, Réseau Féministe Ruptures, Association Mémoire
Traumatique et Victimologie, Femmes en Résistance, Commission Genre et Mondialisation d'Attac, Fédération Nationale Solidarité Femmes,
Le monde à travers un regard, CRIFIP, AFCJ, Les Trois Quarts du monde, Lobby Européen des Femmes, Espace Simone de Beauvoir,
Equipes d'action contre le proxénétisme, Collectif féministe contre le viol, L'Escale, Mouvement Jeunes Femmes, ACPE, Collectif National
Droits des Femmes, CADAC, « Fier-e-s et révolutionnaires » du PCF, CNIDFF, Le CRI, CPL, ZéroMacho, Marche Mondiale des Femmes,
Zonta Club de France, Femmes Libres, FIT Une Femme Un Toit, Chiennes de garde, CLFBH, SOS Sexisme, CLF
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
Messages: 2792
Enregistré le: 09 Juil 2011, 19:58

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Nyark nyark » 02 Juil 2012, 18:51

Ne t'en fais pas Nine : si j'ai exprimé cette inquiétude (au demeurant valable pour d'autres sujets), tu te doutes bien que ce n'est pas par rapport à Mélusine, ni à personne en particulier parmi les membrEs qui se connectent actuellement. C'était juste préventif au cas où... :wink:

Sur le fond, je continue à lire vos interventions pour me faire mon opinion...
La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
Avatar de l’utilisateur-trice
Nyark nyark
 
Messages: 1203
Enregistré le: 30 Oct 2011, 16:46
Localisation: Région parisienne

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Christine » 03 Juil 2012, 06:39

Le lien vers un portail qui regroupe des textes intéressants

Et aussi : le strass, c'est surtout des hommes. Ce qui les disqualifie à mes yeux pour parler de féminisme du côté des opprimées. Même si probablement certains sont victimes du patriarcat.
Ce sont de petits entrepreneurs, pas des travailleurs.

Et encore : la prostitution, c'est beaucoup d'argent. C'est pas de l'idéologie suspendue en l'air, c'est un énorme marché. Et les pays qui ont légalisé ont vu les trafics augmenter aussi.

Quand je pense qu'à la foire à l'autogestion, ils avaient proposé un débat sur l'autogestion des maisons closes !
Avatar de l’utilisateur-trice
Christine
 
Messages: 134
Enregistré le: 28 Nov 2009, 22:57
Localisation: Sarthe(en haut à gauche)

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Béatrice » 04 Juil 2012, 09:03

Débat contradictoire sur Canal+ ( Le Grand Journal du 2 juillet dernier ) entre Morgane Merteuil , secrétaire Générale du STRASS et Thalia Breton
de OLF ( Osez le Féminisme ) :

début à 5'


http://site.strass-syndicat.org/

( difficile selon mon avis personnel , de ne pas avoir un avis tranché sur la question ! )
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
Messages: 2792
Enregistré le: 09 Juil 2011, 19:58

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Kzimir » 04 Juil 2012, 11:04

Christine a écrit:Quand je pense qu'à la foire à l'autogestion, ils avaient proposé un débat sur l'autogestion des maisons closes !

Qui c'est qui avait proposé ça ?
Kzimir
 
Messages: 782
Enregistré le: 13 Fév 2010, 16:15

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Christine » 04 Juil 2012, 11:55

Kzimir a écrit:
Christine a écrit:Quand je pense qu'à la foire à l'autogestion, ils avaient proposé un débat sur l'autogestion des maisons closes !

Qui c'est qui avait proposé ça ?


La FA je crois (mais je suis pas 100% sûre, ne me lapidez pas si je me gourre). Un débat animé par le STRASS. Ou alors c'était un coup de bluff pour qu'on se bouge...
Avatar de l’utilisateur-trice
Christine
 
Messages: 134
Enregistré le: 28 Nov 2009, 22:57
Localisation: Sarthe(en haut à gauche)

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Pïérô » 04 Juil 2012, 23:35

Il y a dans le STRASS une forme de dévoiement du syndicalisme ouvrier et de lutte de classe. C'est justement un élément qui avait créé au départ pour moi quelque chose de l'ordre du soutien, avant de comprendre la supercherie.

C'est une grosse machine de lobbying, qui a travers un effet supercherie qui semble malheureusement encore fonctionner à gauche, n’est pas un élément de la lutte contre l’oppression, comme dans le domaine de la lutte syndicale ouvrière, mais un élément de la réaction, un syndicat libéral et pro libéral, comme un syndicat de petit-es patron-nes.
Vendre son corps et vendre sa force de travail, ce n'est pas la même chose, et confondre ces deux choses conforte une oppression différente et qui ne doit pas être aprehendée de la même manière, surtout pour celles et ceux qui combattent une forme d'oppression spécifique.

Il y a désormais pas mal d'élements pour approcher les tenants et aboutissants de ce genre d'entreprise, comme pour poser les éléments de réponses dans le domaine de la lutte antipatriarcale, féministe et pro-féministe dans ce qui est à nouveau posé à juste titre là par MélusineCiredutemps et argumenté, et qui fait confrontation entre Alternative Libertaire et le STRASS, et dont des éléments sont là notamment :
. viewtopic.php?f=75&t=4152
. viewtopic.php?f=75&t=5801

Je pense qu'il serait bon que l'ensemble du mouvement libertaire prenne cette question, et ce problème, à bras le corps, car il ne s'agit pas d'une avancée, mais bien d'un recul, et que dans ce domaine du recul dans la dimension du combat anti patriarcal et féministe, il semble qu'une partie du mouvement anarchiste rame dans la semoule et de plus en plus de confusion, alors qu'il devrait être à la pointe dans ce domaine.
Et je pense que nous n'avons surtout pas à faire la promotion d'un "syndicat" qui ne partage en rien nos combats, participe de semer la confusion, en plus de soutenir l'insoutenable.
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede MélusineCiredutemps » 05 Juil 2012, 23:20

Je suis entièrement d'accord avec les arguments de Nine, Christine et Pïérô qui complètent bien le texte de “Dones d’Enllaç” (que j'ai trouvé dans l'avant dernier courrier de la MMF) et il faudra que je lise Le contrat sexuel.
A propos de la discussion "dans le calme et le respect", même si Nyark Nyark a expliqué de façon convaincante qu'il n'y avait pas, dans ses propos, le sous-entendu qu'il semblait y avoir :console: :^^: merci à toi, Nine, d'avoir spontanément pris ma défense :pote:
Avant de lire la réponse de Pïérô, je m’apprêtai justement à rappeler la présence des deux autres topics qui contiennent beaucoup d'éléments de réponse permettant de se rendre compte, qu'après lectures et réflexions, en tant que féministe et en tant qu'anarchiste, on ne peut avoir qu'un avis sans ambivalence ni ambigüité, totalement opposé à celui du STRASS, que ce soit sur les aspects rattachés à la question du "syndicalisme" ou que ce soit sur la prostitution en général. De plus, au vue également de leurs actions et de leurs méthodes, on ne peut, si on est cohérent-e, que considérer le STRASS comme une organisation ennemie.
MélusineCiredutemps
 

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede Nyark nyark » 05 Juil 2012, 23:42

Mélusine, tu es beaucoup trop fine pour ne pas avoir compris pourquoi je parlais de respect, en particulier dans un sujet concernant le féminisme. Nous avons eu, il y a très peu de temps, l'occasion de voir que celui-ci n'était pas toujours de mise, y compris chez certains qui se réclament de l'anarchisme. Il est vrai que la question ne se pose plus pour l'instant, mais, comme déjà dit, c'était préventif...;)

Sur le fond, je lis avec beaucoup d'intérêt et d'attention les documents et liens que vous fournissez sur le sujet. Tout cela marine tranquillement dans mon petit cerveau et me conduira très certainement à partager complètement vos points de vue : disons que je veux être sûre de connaître complètement le sujet. Trop de choses, dans le milieu libertaire, ont l'air d'aller de soi et constituent de fausses évidences : voilà pourquoi je cherche autant à me documenter. Pour moi, un forum, et celui-ci en particulier, sert surtout à apprendre des autres : donc, à tou-te-s, merci pour vos éclaircissements.
La religion est la forme la plus achevée du mépris (Raoul Vaneigem)
Avatar de l’utilisateur-trice
Nyark nyark
 
Messages: 1203
Enregistré le: 30 Oct 2011, 16:46
Localisation: Région parisienne

Re: Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarra

Messagede MélusineCiredutemps » 06 Juil 2012, 20:28

Kzimir a écrit: sur le sujet il y a un bouquin Féministe et anarchistes contre le système prostitutionnel, aux éditions libertaires, qui est plutôt pas mal à ce qu'il me semble, toujours dans une veine abolitionniste.


Oui absolument, ce livre est très intéressant et il a le mérite aussi de critiquer de façon claire et efficace, Cabiria, l'association qui est l'un des piliers principaux du lobby pro-prostitution à Lyon. Cette association, qui exerce depuis longtemps une influence particulièrement toxique dans les sphères militantes et humanitaires reçoit d'ailleurs des subventions du Conseil Général du Rhône au titre d'une mission de "santé communautaire" (bien pratique stratégiquement et financièrement d'instrumentaliser la prévention contre les MST...).

Il y a aussi La Dérobade de Jeanne Cordelier, Femmes Libres de Mary Nash, (la prostitution n'y est pas le sujet principal mais il est abordé, notamment à propos d'actions très concrètes qui s'étaient révélées assez efficaces) et Planète sexe de Franck Michel .
MélusineCiredutemps
 

Suivante

Retourner vers Féminisme et LGBTI

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 4 invités