Initiatives contre le viol

Initiatives contre le viol

Messagede MélusineCiredutemps » 09 Sep 2011, 17:48

Parmi d'autres infos à propos des soutiens à Nafissatou Diallo sur la page "actu" du site du CLAS, après confirmation par la MMF du rassemblement ce dimanche à Paris :

Le viol est un crime !
Contre l'impunité des agresseurs !
Pour que justice soit rendue aux femmes !

RASSEMBLEMENT CONTRE LE VIOL
Le dimanche 11 septembre – 14h
Place des Vosges - Côté Jardin
L'abandon des charges contre DSK nous démontre encore une fois le profond sexisme du système judiciaire. Aux États Unis comme en France, le viol est un crime, c'est inscrit dans la loi ! Pourtant, 98 % des viols sont impunis. Loin de s'améliorer, les fiascos judiciaires comme celui de DSK sont monnaie courante. Le déni de justice succède à la violence, et les victimes de viol sont rejetées dans le silence, la culpabilité et l'insulte publique.
Pour environ 200 femmes violées par jour en France, 4 violeurs seulement sont reconnus comme violeurs et condamnés !
Ensemble, maintenant, brisons le silence !
Alors que des traces de violence ont été légalement constatées, Mme Diallo n'a pas eu droit à un procès équitable. Pourquoi ? Parce qu'elle aurait menti pour avoir le droit de résider légalement dans la « démocratie » américaine sensée protéger les femmes, et pour fuir la Guinée afin de protéger sa fille de l'excision. Sa situation de femme immigrée, noire, et prolétaire, fait forcément d'elle une menteuse !
Lorsqu'une femme dit avoir été violée, que lui répond-on? Non, ce n'était qu'un rapport sexuel consenti. Un grand nombre de journalistes, hommes politiques et intellectuels martèlent leur soutien à l'agresseur, nient la parole de la victime ou, pire, prétendent que la victime jouit d'être maltraitée. Ce mythe est une propagande de haine sexiste qui nous condamne toutes à nous taire.
Non et non, les femmes n'aiment pas la violence !!
Nous affirmons que toute violence commise contre les femmes doit être punie. Nous exigeons que les hommes accusés de viols et d'agressions soient jugés avec le sérieux que ces crimes requièrent.
Nous exigeons que les candidat-es aux élections, du Parti Socialiste notamment, prennent une position claire au sujet des allégations répétées de violence sexuelle exercée par DSK envers de nombreuses femmes. Plus largement, nous affirmons : pas de violeurs ni d'agresseurs en responsabilité politique.
Exigeons la justice pour les femmes ! Dénonçons ces crimes contre notre humanité !
Pas de justice, pas de paix !

L'assemblée générale féministe réunie le lundi 5 septembre à Paris,
à l'initiative de la Marche Mondiale des Femmes

Contacts Presse : 06 28 06 05 83 ; 06 80 63 95 25

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Suivi d'une analyse très intéressante :


Affaire DSK - Quand une femme est agressée, le doute n’est pas permis

Autopsie d’une décision judiciaire – Annie Ferrand

Nausée. Colère d’opprimée flouée et foulée aux pieds. Voilà ce qui me vient en ce jour où la réalité revient dans les rails du prévisible : un dossier accablant dans une affaire de viol – État de NY c/ DSK - s’évapore par la magie d’un procès d’intention. (1) La notion de crédibilité de la victime a prévalu sur le crédit que la justice accorde à ses propres experts. En effet, le rapport médico-légal concernant Mme Diallo a révélé la présence de sperme de l’accusé et des lésions assez caractéristiques pour qu’il conclut : "Diagnostic : agression.". Le 22 août 2011, la justice s’est prononcée sur la cause de l’abandon des poursuites : les éléments rassemblés ne permettraient pas d’accréditer la version de la plaignante au delà d’un « doute raisonnable ». Car la poursuite aurait dû prouver hors de « tout doute raisonnable » qu’un crime a été commis et que c’est l’accusé qui l’a commis. Ma question est : pourquoi la présence d’ADN de l’accusé et des traces qui, selon les médecins, sont l’indice d’une agression, ne prouvent–ils pas « au-delà du doute raisonnable » que l’accusé a agressé la victime ?

1 - Un soupçon raisonnable…

Le procureur a des visées électoralistes en abandonnant les poursuites. Cependant, il a trouvé une raison très crédible. Sa seule certitude est qu’il y a eu « acte sexuel » , mais quant à savoir si Mme Diallo a été forcée, aucune certitude ne serait possible. Le seul élément qu’il retient comme « preuve » indubitable est la présence de sperme. Exit les traces de violence. Pourquoi ignorer des éléments tangibles ? Pourquoi une vision partiale devient crédible ? Car elle entérine la version sexiste que médias et avocats de DSK martèlent depuis le début : il y a eu relation sexuelle. Or cela signifie simplement que l’affaire est jugée d’avance. Car les notions de relation sexuelle et de viol s’opposent : l’une est une relation normale, l’autre est une agression qui a pour arme le pénis. La thèse de la relation sexuelle n’est corroborée qu’en l’absence de preuve d’agression. À l’instar des militantes de New York , j’insiste : les traces de violence ne signifient donc rien ? Non. Les avocats de DSK l’affirment comme une évidence : les lésions constatées « peuvent avoir été provoquées par un rapport sexuel consenti ». Ah bon ? des ecchymoses au sexe ? Une partie de « plaisir » bien douloureuse pour madame ! Mensonge insultant. Selon le procureur : « Les preuves physiques, scientifiques et d’autres natures indiquent que l’accusé a engagé un acte sexuel précipité avec la plaignante… ». Précipité ? Comme « il s’est précipité sur moi pour m’agresser » ou comme « il était pressé… un avion à prendre » ? Jeu de mot insultant. Pourquoi un tel mépris ? Car les lésions constatées n’ont pu corroborer « au delà du doute raisonnable » la thèse de l’agression. Le lien d’évidence entre violence et préjudice a été rompu. Par quoi ? Par l’idée que la plaignante ait pu consentir à la violence. Car, rappelons-le, le préjudice est un dommage, en tant que tel indésirable pour la victime. Si la plaignante a consenti à la violence, la violence n’est plus un préjudice. Voilà une idée bien sexiste qui établit un double standard en matière d’agression : la violence ne porte pas en soi préjudice aux femmes car elles peuvent en jouir. Ce qui porte préjudice est que la plaignante n’ait pas consenti à ce qui s’est passé, quelle qu’en soit la violence. Ainsi, la plaignante a pu consentir à la violence… peut-être est-elle masochiste. Cette possibilité a été capable de mettre en doute l’évidence d’une agression ayant laissé des traces. Ce raisonnement a même tenu contre toute probabilité. Une femme proposerait des actes sadomasochistes à un inconnu sur son lieu de travail ? alors que 90% des adeptes du SM (2) sont des hommes et qu’aucune femme ne se risquerait d’elle-même à un scénario brutal avec un inconnu ? Invraisemblable. Pourquoi ce doute de masochisme est-il jugé si « raisonnable » ? Il est parvenu à neutraliser des preuves accablantes d’agression alors qu’il ne correspond ni à une réalité statistique ni à un raisonnement logique. En effet, comment une probabilité de 0.0…01% (l’employée masochiste qui tombe sur un client sadique) peut-elle mettre en doute une thèse à 100% corroborée (agression) ? Ce soupçon relève d’une sociologie folle où règne la probabilité infinitésimale. D’où vient alors sa « crédibilité » ? De son « réalisme ». En effet, le soupçon de masochisme féminin est instillé par toute une culture sexiste. Cette chimère résonne à divers niveaux de fabrication de la vision dominante du réel : des sciences de la sexualité (3) à l’art (Dworkin, 1974), en passant par la pornographie. La crédibilité de ce soupçon est désormais imposée par la propagande d’un empire multimilliardaire : l’industrie proxénète et ses secteurs promotionnels – pornographie, publicité, magazines, clip musicaux (Dines, 2005 ; Poulin, 2007). Il est donc aussi « raisonnable » que la réalité, en tant que l’idéologie construit la perception de la réalité. Les industriels du sexisme imposent une fiction « réaliste » faite de chimères : « la soubrette qui aguiche », la ‘racisée’ (4) « qui a le sang chaud », la « masochiste qui jouit d’être contrainte et brutalisée », la « vendue qui ferait tout pour de l’argent ». Dans notre culture pornographiée (Poulin, 2009), la « soubrette masochiste prostituée » existe, telle une probabilité « réaliste » créée par un faisceau de messages réels (scénario de films, publicités sexistes), causés par l’expansion du proxénétisme. Les industriels créent ainsi le soupçon « réaliste » que toute femme est masochiste. Aucune de ses souffrances (servilité, exil, etc.) ne résiste au stigmate. Surtout si plane le soupçon qu’elle est une vendue, la simulatrice absolue. Lever ce doute revient alors à « nier la réalité » (pornoproxénète) basée sur la probabilité (virtuellement énorme) que « des femmes comme ça existent ». Or nier la réalité n’est pas raisonnable.

2 - … dans un raisonnement douteux…

Il est navrant de constater la similitude entre la « raison » sceptique de cette justice et les raisonnements spontanés des individus qui ont « leur » opinion sur l’affaire. En effet, les réactions des proches de DSK ou de passant-e-s interviwé-e-s par les médias trahissent un même esprit soupçonneux. Apparaît alors

a) « Ça se peut » que ce soit une femme prostituée, qu’elle soit masochiste, « ça se peut » qu’une femme de ménage piège un client. Si « ça se peut », même à 0,01%, on ne peut pas être sûr à 100% qu’elle dise vrai. Toutes choses égales par ailleurs et toute proportion gardée, il est donc impossible de lever « raisonnablement » ce doute !

b) « Ça se peut pas » qu’un « séducteur » viole les femmes car il les aime, « ça se peut pas » qu’un violeur aille tranquillement dîner après avoir violé, qu’il mette sa carrière en danger pour une femme de ménage. Si « ça se peut pas », alors il existe un soupçon irréductible de mensonge. Le doute qu’elle ait menti est donc très raisonnable.

Conclusion : les plus « objectifs » affirmeront que l’on ne peut pas juger - à classer sans suite. Ceux dont le raisonnement est le plus formaté diront qu’il est raisonnable de penser qu’elle a menti – à poursuivre pour dénonciation calomnieuse. Le jury populaire a parlé, par l’entremise de la propagande médiatico-porno-publicitaire. En fait, tous ces raisonnements trahissent l’emprise qu’a l’idéologie (5) sur les gens et leur perception de la réalité. Car la réalité est toute autre. Les spéculations à base de « ça se peut » sont des mythes de propagande. Les certitudes à base de « ça se peut pas » découlent du négationnisme dominant. Rétablissons quelques vérités. OUI, les « séducteurs » violent les femmes… car ils sont sexistes : ils ont une haute opinion de « l’Homme », ils ont un besoin compulsif de mettre les femmes à « leur place » de « femme », ils célèbrent la « conquête », c’est-à-dire l’assaut qui mène à la reddition. OUI, un violeur peut reprendre le cours normal de sa vie juste après les faits … car pour lui c’est un « rapport sexuel ». Le conjoint qui insiste jusqu’à ce que sa femme cède : il a violé. Ça l’empêche de dormir après ? Celui qui invite une copine sous un faux prétexte et, multipliant mensonges et dénis, provoque sa confusion et son consentement sous emprise : il a violé. Ça l’empêche de se vanter après ? OUI, un violeur peut agir en un éclair… car il a bien souvent une expérience de délinquant ou criminel en série. La réputation de « séducteur » en est un signe. Elle trahit des habitudes de harcèlement connues de tous, donc une impunité, source de montée en puissance des agressions. Il est d’autant plus déterminé, sans mauvaise conscience, qu’il est protégé : le cumul des privilèges (sexistes, racistes, capitalistes, filiaux) est donc un facteur déterminant du viol. Son opportunisme se base sur une évaluation rapide de la vulnérabilité sociale de la victime. Les stigmates visibles de subordination sont donc déterminants. En effet, le viol, en tant que crime politique, sanctionne le « délit de faciès » d’être femme, d’autant plus si elle est enfant, et/ou corvéable, et/ou ‘racisée’. OUI, un homme peut violer une femme prostituée … car c’est l’objet même du contrat prostitutionnel !

Le statut de femme prostituée découle de et entraîne une perte radicale des droits fondamentaux. C’est pourquoi le viol (rapport non désiré), voire le sadisme et la torture (dits « SM ») subis par elle sont légaux (Dworkin, 2007). Les accusés agitent donc, dès qu’ils le peuvent, le soupçon de prostitution pour banaliser voir blanchir leur délits et crimes. La banalité du viol est une réalité que toutes les femmes connaissent et que les militantes reconnaissent comme « la réalité objective ». Mais l’idéologie dit « impossibles » les exactions quotidiennes du pouvoir et dit « possibles » des contre-vérités exactement opposées. Elle diffuse une pensée commune incohérente pour cacher que l’oppression est un système cohérent, étendu et organisé. L’analyse globale des systèmes de pouvoir est minée par une objection jugée rationnelle : « y’en-a-des-qui ». Face à la réalité de l’exploitation domestique (Delphy, 1998), les sceptiques rétorquent « y’en-a-qui vivent aux crochets de leur mari ». Violence masculine à domicile, en entreprise ? « Y’en-a-qui sont violentes envers les hommes ». Face aux enquêtes, à une cohérence rendue à la réalité, ils ne sont saisis d’aucun doute. La probabilité statistique s’obstine : « y’en-a-qui ». D’où vient leur certitude ? Où sont réellement ces femmes ? Deux réponses : « tout le monde le sait » et un exemple personnel, presque toujours sexiste. Apparaît alors le socle de la « rationalité » probabiliste : un consensus jamais questionné et une fausse perception de la réalité.

3 -… cela crée un doute rédhibitoire.

Dans ce contexte de suspicion organisée, face à cette « raison » probabiliste, que pèse la parole d’une femme ? Rien. Doublement rien. D’abord, elle est subalterne, c’est pourquoi tant de soupçons (masochiste, prostituée ) pèsent sur sa « caste » (Delphy, 2005). Ensuite, pour témoigner, elle ne peut s’abstraire de ce corps de femme où les porno-publicitaires projettent leurs soupçons. Or, dans les affaires de violences sexistes à caractère « sexuel », le faisceau de soupçons sur la « sexualité » (de l’agresseur et de la victime) l’emporte. La plaignante n’est donc pas crédible au plan structurel. La parole de Mme Diallo, elle, ne vaut quadruplement rien. Pour faire entendre sa voix par une institution du pouvoir – la justice – elle a dû affronter l’obstacle de classe. Prolétaire, elle ne peut jeter des fortunes à des avocats pour qu’ils sapent la partie adverse. Simple témoin, elle reste à la merci des intérêts d’un procureur à aller jusqu’au procès (en France le système est tout autre et abandonne les victimes dès le début). De plus, plane sur elle une « réputation » de prolétaire, un soupçon de vénalité et de perfidie. Aujourd’hui, les porno-proxénètes le mêlent au stigmate de masochisme féminin. En effet, ils recyclent toutes les hiérarchies pour exciter les hommes à la violence sexiste. Les rôles de la « soubrette » et « l’infirmière » décuplent la brutalité, censée la « remettre à sa place » de sexe et de classe. Dans ces scénarios, la femme « se donne des airs professionnels » mais est là pour autre chose : se faire brutaliser. Ils créent ainsi le mythe de la double masochiste et double manipulatrice : vraie femme (perfide et masochiste) et fausse professionnelle. Ils font peser sur les femmes cantonnées dans les métiers « féminins » un danger considérable. Pour témoigner, Mme Diallo ne peut pas non plus s’abstraire de ce corps de femme noire où les porno-publicitaires projettent leurs messages racistes. En effet, la hiérarchie raciste est un élément clé du discours de haine qu’est la pornographie (Dworkin, 1986). Andrea Dworkin décrit les brutalités inouïes que déchaînent les pornographes contre les actrices ‘racisées’, surtout noires et asiatiques. Leur message : double masochiste, la « femme chaude du Sud » ou « docile d’Asie ». Noire, Mme Diallo incarne aussi ce Sud que le pouvoir du Nord diabolise. Tout ce que l’idéologie en dit est qu’il produit de la misère et des guerres incompréhensibles, qui débarquent sur les côtes paisibles du Nord de potentiel-le-s envahisseurs-euses. Opprimée, Mme Diallo représente toute cette masse d’individus interchangeables, dépouillés de toute singularité (Guillaumin, 1978). En tant que Noire et immigrée (6), elle incarne donc le spectre d’une migration qui déstabilise le système : sa sécurité, son économie sociale, son « identité nationale », voire sa stabilité démographique et raciale (aux ÉTATS-UNIS).

Le soupçon plane alors : mensonge et fraude. Il est dès lors facile de la renvoyer à un stigmate : la « clandestine » (ou « illegal » aux États-Unis). Cet adjectif apparenté au domaine de la criminalité s’est transmuté en nom pour désigner exclusivement celles-ceux qui, par leur « délit » (absence de papiers de séjour) tracent de nouvelles frontières morales et politiques. Une large panoplie de dispositifs d’enfermement sont essayés sur cette population (cf Marie Claire Caloz Tschopp), qui refont vivre le mot et la réalité des « camps » et créent, là encore, des « humains superflus » (Hannah Arendt, 1951) (7). Femme, Noire, Prolétaire, Immigrée. Elle incarne quatre fois un spectre, la menace des « parasites-dont-On-ne-sait-pas-cequ’elles- nous-veulent ». En portant plainte, elle dément quatre fois la « raison » dominante qui répète, ahurie : « Comment ose-t-elle ? elle n’était « pas censée survivre » (Audre Lorde, 1995) ! Et pourtant, elle est là, elle dénonce. Que peuvent faire les agents d’un pouvoir qui jette sur son spectre des soupçons accablants ? Ils ne peuvent que douter « raisonnablement » d’elle. Le « doute raisonnable » qui annule des preuves accablantes d’agression vient de loin. Que la victime puisse consentir à la violence, être prostituée, manipulatrice, menteuse et fraudeuse vient d’un faisceau de présomptions idéologiques. Ces présomptions sont « crédibles » au delà de toute raison car elles sont portées par un système : la politique sexuelle du complexe proxo-industriel, les politiques de migration, le néocolonialisme et la prolétarisation des masses, en particulier des femmes. En fait, le « doute raisonnable » qui accable les victimes de crimes politiques (violence sexiste, patronale ou parentale, persécution nationaliste) n’est que soupçon idéologique. Il est donc bien plus crédible que la parole d’un-e subalterne. De plus, la spéculation probabiliste est logique et le soupçon (masochisme, prostitution, perfidie) est « réaliste » car idéologique. Alors, se forge une intime conviction sous forme d’un doute, crédible comme la réalité. Son évidence se passe de toute démonstration. Il ne peut donc être raisonnablement levé. Certes, il n’est raisonnable qu’au prix d’un silence politique – la réalité, vraie et non vraisemblable, le démentirait sans appel. Mais il a quand même un poids de Raison et d’Objectivité. Des décideurs (police, jury, juge) peuvent donc l’opposer tacitement aux preuves les plus formelles, dans l’aveuglement le plus général. Un viol, condamné seulement si nul doute ne plane, est dès lors facilement blanchi.

4 - Les faits et l’accusé sont des détails quand la plaignante est suspecte.

On l’a vu, toute preuve matérielle, aussi irréfutable puisse-t-elle nous paraître (un constat d’agression), peut se volatiliser sous l’effet du soupçon de masochisme. Dès que le lien entre violence et préjudice est rompu, les spéculations de « bon sens » peuvent aller bon train sur les raisons du « consentement » de la victime et ses motivations à se plaindre. La plaignante devient donc suspecte. Il s’agira alors d’évaluer si la plaignante est une « victime vraisemblable ». Alors, les soupçons se multiplient : Elle a menti sur une chose ? alors elle ment sur tout (car elle est « clandestine »). Elle parle d’argent ? alors elle est là pour dépouiller l’accusé (car elle est prostituée). De soupçon en soupçon, l’espoir de justice s’éloigne. Le cachet « bonne victime » en matière de violences politiques est illusoire, car la victime incarne un spectre venu du monde irrationnel des doutes et soupçons idéologiques. Par exemple, le procureur (22 août 2011), accuse Mme Diallo de : changer de version sur la chronologie des événements et son comportement après les faits ; faire un récit « précis et poignant » d’un viol collectif survenu en Guinée, mais qui serait faux. Ce mensonge serait très significatif car il démontre sa « capacité à raconter une fiction avec une conviction totale […]elle pleurait, parlait avec hésitation, et semblait désespérée ». Ces mises en doute révèlent un aveuglement obstiné en matière de viol : ignorer les effets psychiques du viol et les mécanismes de pouvoir qui mènent au viol et l’occultent. Le viol est un crime. Il provoque donc des dommages considérables. En particulier, une mémoire traumatique qui explique les incohérences du récit (désorientation spatio-temporelle, amnésie péri-traumatique, etc.) et les troubles corporels (par exemple, une discordance entre douleur et cause corporelle, toujours susceptible d’enflammer les délires idéologiques). En outre, le viol est l’effet et l’instrument d’un rapport de pouvoir. Sa dénonciation est donc incroyablement difficile pour les victimes. Les femmes ayant porté de fausses accusations de viol sont très rares. Et parmi elles, la grande majorité – souvent des enfants et des adolescentes – n’ont pas menti sur les faits mais sur l’auteur. Pourquoi ? Parce qu’au moment de la plainte, le violeur était trop menaçant : encore à la maison, muté dans un service proche, etc. Souvent aussi, l’accusé n’est pas totalement innocent : il a juste moins de pouvoir sur elle que le criminel dont il ravive le souvenir traumatique. La force du récit alors témoigne d’une vérité : la plaignante a réellement été traumatisée, peut-être par un autre au même moment ou par l’accusé avant ou dans une moindre mesure. Balayer cette vérité, accuser la victime de mentir sur tout, permet d’éviter d’enquêter sur les bords de la route éclairée, dans l’ombre où prospèrent les délinquants et criminels impunis, ceux que leur pouvoir de classe protège. En fait, en matière de délits ou crimes politiques, la justice attend un « récit » de « victime idéale » car elle dénie le système qui les crée. Elle ne croit donc ni au cumul des « malchances » ni à la relative « normalité » de la victime. Elle soupçonne les moindres incohérences alors même que la vie des subalternes est contrôlée par d’incessantes pressions contradictoires. D’où ces questions des policiers qui dévastent les victimes : « Vous l’avez quand même suivi ? Vous n’avez rien dit ? etc. ». Une femme qui, juste avant le viol, était habillée en jupe, à quatre pattes, dans la chambre de son agresseur, n’est pas crédible en portant plainte ? Si. Pour le comprendre, il faut voir la cohérence globale des faits : « femme à quatre pattes » ou en jupe = disponibilité ? uniquement en raison de la propagande pornopublicitaire. « Femme dans la chambre d’un homme » = à prendre ? uniquement car le « rapport de sexage » (Guillaumin, 1978) organise les relations individuelles entre femmes et hommes. Que faisaitelle là ? Elle nettoyait. « Femme de ménage » = bonne à tout ? seulement car sa servilité professionnelle (care, nettoyage, service) est issue de l’économie patriarcale où les femmes sont corvéables sans limites (8). Pourquoi était-elle en jupe ? Déguisée en servante ? Car c’est son uniforme, une humiliation imposée par les codes classistes et sexistes régissant son métier. On le voit, la plaignante a vu s’abattre sur elle une violence organisée à grande échelle, dont elle était la cible potentielle. Sa stupeur est donc indubitable. Pourquoi ne va-t-elle pas immédiatement porter plainte ? Pour part, car elle se sent coupable : les phrases assassines des policiers sont déjà dans sa tête, car elles viennent de l’idéologie. Pourquoi parle-t-elle d’argent quand on lui demande quelle justice elle espère ? Car il existe pour elle une hiérarchie des urgences et une échelle des violences. Elle est prolétaire, sa vie est menacée par la pauvreté, encore plus que par les faits : sa survie psychique après le viol dépend donc surtout de sa sécurité économique. Parce qu’elle est victime d’une violence politique, elle adopte pour part le point de vue idéologique et ressent donc fatalisme, déni et honte. De plus, elle fera tout pour éviter les stéréotypes auxquels les dominants assignent les victimes de viol (« finie, irrécupérable, aigrie »). Face au crime sexiste par excellence, s’identifier à la prolétaire flouée par un puissant lui donne plus de combativité. Car se voir comme une femme violée par un homme la voue au stigmate et au naturalisme sexiste, sans recours à une culture dissidente qui politise la sexualité.

5 - Le récit « vraisemblable » des faits contre les victimes

J’ai lu des dires d’avocats où les clichés les plus caricaturaux s’abattaient sur des femmes maltraitées : la « mauvaise mère » qui dresse son enfant contre le père, l’« âpre aux gains », la « mégère », l’« hystérique », la « mauvaise épouse » qui ne « tient pas sa maison » ou pousse son mari à la tromper. Ces clichés, étayés par des attestations d’amis du mari, ont pesé plus lourd que des mains courantes déposées par Madame, des lettres qui démontrent un harcèlement ou des relevés de compte qui prouvent l’escroquerie. Les juges alors ont prononcé les « torts partagés », voire condamné Madame à aussi rembourser les dettes. Les mères doivent négocier seules, parfois toutes les semaines, l’hébergement de leur enfant avec l’ex-conjoint violent. Parfois la femme ne peut se relever : l’insertion professionnelle, le statut quant à la nationalité, les ressources, le logement… tout ce que le conjoint a méticuleusement contrôlé et sapé devient source de déchéance sociale. Dernière punition alors : les juges aux Affaires Familiales, évaluant surtout la capacité du parent à prendre en charge l’enfant, le confient au conjoint violent ! (cf.Thiers-Vidal, 2006 ; Carole Roussopoulos, 2003). J’ai entendu des avocats et des éducateurs parler à des femmes demandant secours (asile ou protection face au conjoint) : il faut te « préparer » à l’audience, pour ne pas commettre « d’erreur » et être « crédible ». Quelles erreurs ? S’embrouiller, ne pas être sûre, se dédire. Réclamer ou accuser : risqué. Sourire en disant l’horreur : erreur fatale. Pourtant, ô combien commune pour les opprimé-e-s qui n’ont pas la légitimité sociale d’exister. Elles-ils s’excusent encore de se plaindre. Les femmes le font sans cesse : quand on nous bouscule, nous nous excusons en souriant, quand un inconnu nous harcèle, nous le repoussons en souriant… (Guillaumin, 1992 : 88). Etre crédible ? Paraître bouleversée et sûre de ce que l’on dit est essentiel. De fait, aucun des symptômes graves des traumatismes n’est « crédible » : l’émoussement affectif causé par la dépersonnalisation, l’incrédulité causé par la déréalisation, l’approximation liée à l’évitement de penser, la confusion et le trouble de la réalité causés par les nuits blanches, les cauchemars éveillés et une sociabilité de somnambule. Or ils sont tous peu ou prou présent chez les femmes demandeuses d’asile ou échappées de la violence du conjoint et/ou brutalisées sexuellement. En fait, il existe un gouffre entre l’esprit douteux qui juge et la conscience traumatisée de la victime. L’un soupçonne le stéréotype, l’autre s’épuise à coordonner ses fuites – hors de la réalité, hors d’ellemême, vers quelque chose d’enfin réel et enfin à soi. L’un veut voir des chimères idéologiques, l’autre se nie pour ne pas vivre en soi, dans le stéréotype où on l’a incarcérée. L’un peut tenir en équilibre sur une probabilité infinitésimale, l’autre a vu toutes les probabilités réalistes s’effondrer et la probabilité limite, réputée impossible et inévitable en même temps, se réaliser. L’un ne doute que raisonnablement. Peut-il saisir la stupeur et la panique nées du paradoxe que la réalité est impossible mais persiste à exister sous nos yeux ? Les vérités communes sont un possible prospérant hors-sol, la victime le sait car elle en a été débarquée. Comment l’esprit suspicieux pourrait-il ne pas en douter ? La violence a jeté la victime dans l’absurde et l’impossible. Or les institutions récusent ces réalités parallèles pour nier que leur système est absurde et impossible pour le plus grand nombre. Comment pourraient-elles lui rendre justice ? Alors, il lui faut apprendre à parler sans mélanger les événements, les ordonner pour faire apparaître une logique vraisemblable et pleurer – pas trop, sinon c’est jugé théâtral. En un mot : mentir. Car une personne traumatisée a perdu, pour le moment, le fil de sa vie, le contact avec ses émotions. Une victime de violence politique ne peut restituer la logique des faits qu’en révélant une logique « invraisemblable », dite « impossible » par le pouvoir : le préjudice subi n’est pas fortuit, extrême ni individuel mais organisé, banal et pandémique. Paraître « crédible » est alors une ultime violence institutionnelle. Les victimes doivent : s’abstraire d’elles-mêmes pour « jouer » la « victime idéale » ; nier leur expérience réelle pour faire le récit vraisemblable de leur souffrance ; réduire un faisceau de violences à un acte individuel, inexplicable par lui-même. Le cercle est vicieux. Pour être reconnues par les institutions du pouvoir, il leur faut incarner un mythe. En retour, ces institutions justifient leurs rejets par leur soupçon « raisonnable » qu’il y a mensonge. Au plan individuel, les victimes sont renvoyées vers un non-lieu, voire subissent des rétorsions (plainte pour dénonciation calomnieuse, expulsion, etc.). Au plan global, l’institution, en blanchissant des dominants, protège le système.

6- Rejeter les plaintes les plus crédibles pour toutes nous faire taire

Nous avons assisté à un fiasco judiciaire en direct. Mêmes des militantes ont été sidérées. Brutalement la réalité « invraisemblable » que nous dénonçons au quotidien est apparue « réelle » à nos propres yeux, car publiquement dévoilée. Pourtant, le pouvoir impose par des tours de magie quotidiens son impunité invraisemblable et un climat de terreur ciblée. Dans l’ombre, les refus de dépôt de plainte, les abandons de poursuite, les non-lieux sont la norme en matière de violence sexiste à caractère « sexuel ». Ce fiasco déchire le silence d’une « conspiration des oreilles bouchées » (Roussopoulos, 1995). Banalement, le droit se charge de blanchir les crimes politiques : faire reposer la qualification du crime de viol sur le consentement est une de ses méthodes. Aujourd’hui, la pression néolibérale sur les pratiques judiciaires est réelle. Résultat de 40 ans d’expansion de l’industrie proxénète, le mythe du

« masochisme féminin » peut désormais occulter jusqu’aux franges les plus extrêmes du sexisme (viols avec coups, sadisme : dits « SM »). Qui peut le pire peut le moins : c’est la totalité des violences sexistes que visent à blanchir les industriels. En effet, ils n’attaquent pas seulement la sexualité de toutes les femmes (MacKinnon, 2007 ; 1984). Nos conditions de travail aussi sont menacées à la base (compétence, fiche de poste, etc.), par le soupçon tenace de « vraie fausse professionnelle ». Les marchands de soupçons sont nos ennemis. Le danger est considérable, il est déjà à l’oeuvre. Si même les viols avec traces de coups - les moins fréquents - peuvent rester impunis, quelle victime, potentielle ou réelle, peut être protégée ? Quelle réalité ont nos droits fondamentaux ? Quelle féministe peut espérer la « trêve des hostilités » qui, seule, permettrait un début d’égalité (Dworkin, 1983) ?


Notes

1. Merci aussi à Olga, Christine, Florence, Sarah : votre lucidité éclaire jusqu’à l’horizon de nos luttes.
2. Chiffres avancés par une domina, Jeanne de Berg (ici). Le masochisme chez les femmes étant causé par une socialisation sexiste (menaces quotidiennes, agressions vécues), il est inacceptable d’un point de vue éthique. Pourquoi le droit ne les protège pas ? Il le fait bien des suicidaires… Je suis contre ce contrôle, dans l’absolu. Mais tant que les inégalités existent, l’autodestruction des opprimé-e-s n’est pas un libre choix. Elle entérine l’œuvre dominante de destruction et de haine de soi.
3. Selon Freud, la "sexualité féminine" est masochiste en vertu de la Nature de la Pulsion et du Fantasme (Ferrand, 2010). La sexologie prend pour modèle les "perversions". Y compris sadisme, voyeurisme, exhibitionnisme, prostitution, qui sont commises surtout par des hommes contre des femmes. C’est définir la sexualité comme une violence sexiste (Jeffreys, 1997). « Masochisme féminin » est une des entrées du Larousse de la sexualité (Mimoun, 2007 : 545).
4. « Personne opprimée et exploitée dans le cadre des rapports sociaux de « race » (Falquet, 2011). Le remarquable article de Jules me permet de dire que la pornographie est centrale dans de ce qu’elle nomme « le continuum néolibéral de la violence militaro-masculine », basé sur « l’expropriation de la sexualité des femmes » théorisée par Paola Tabet (2001).
5. Nul idéalisme ici : cet empire n’est que l’effet psychique des relations de pouvoir (Guillaumin, 1978 ; Michard, 2002).
6. Ce terme ici désigne le résultat de la migration. Mais ce processus est inachevable, car la construction des terres en nations, et leur organisation par des logiques Nords/Suds, brisent les tentatives d’identité des migrant-e-s : droits sociaux et civiques, légitimité professionnelle, reconnaissance de leur langue et de leur mémoire, etc.
7. Je remercie Olga pour ces références et réflexions, et pour sa relecture.
8. Colette Guillaumin (1992 : 91-92) analyse combien la servitude domestique détruit l’identité. Le portrait par Susan Raes (2007) de Hristina, femme de ménage bulgare, sans-papier au Pays-Bas, montre avec tact que ce travail morcelle et chosifie.

Références

DELPHY, Christine : « Qui accuse qui dans l’affaire Strauss-Kahn ? »
DELPHY, Christine : « Race, Caste et Genre en France », 2005.
DINES, Gail & JENSEN, Robert : « Pornography is a Left Issue »
. DWORKIN, Andrea, Woman Hating : A Radical Look at Sexuality (Dutton, 1974).
DWORKIN, Andrea, Pornography : men possessing women, Boston, Plume, 1991 (1981)
. DWORKIN, Andrea, Pouvoir et violence sexiste, Montréal, Sisyphe, 2007.
DWORKIN, Andrea : « I Want a Twenty-Four-Hour Truce During Which There Is No Rape », 1983.
DWORKIN, Andrea, « Pornography Is a Civil Rights Issue », Testimony before the Attorney General’s Commission on Pornography on January 22, 1986, in New York City.
FALQUET, Jules : « Penser la mondialisation dans une perspective féministe », Travail Genre et Sociétés, 2011/1 n°25, p. 81-98.
FERRAND, Annie : « L’inconscient : l’ennemi intérieur des femmes », Monde Libertaire (à paraître). FERRAND, Annie : « Rien de ce qui est sexuel ne serait criminel -1 », 2011.
FERRAND, Annie : « Rien de ce qui est sexuel ne serait criminel - 2 », à paraître.
GUILLAUMIN, Colette, Sexe Race et Pratique du pouvoir. L’idée de nature , Paris, 1992.
GUILLAUMIN, Colette, « L’idéologie raciste, genèse et langage actuel », 2002, Paris.
GUILLAUMIN, Colette : « Femmes et théories de la société : remarques sur les effets théoriques de la colère des Opprimées », Sociologie et sociétés, vol. 13, n° 2, 1981, p. 19-32.
JEFFREYS Sheila, The spinster and her enemies : feminism and sexuality, 1880-1930. [New ed.] North Melbourne : Spinifex Press, 1997
JEFFREYS Sheila, « L’érotisation de la violence et de la subordination, quelques éléments d’histoire », entretien avec Claudie LESSELIER, 1986.
LORDE, Audre : « A Litany for Survival », 1995, in The Black Unicorn : Poems.
McKINNON Catharine, Le féminisme Irréductible, discours sur la vie et sur la loi, Paris, Des femmes, 2005 (1987).
McKINNON, Catherine, « Pornography : Not a Moral Issue », 1984.
MICHARD, Claire, Le sexe en linguistique : Sémantique ou zoologie ? 2002, Paris : l’Harmattan, coll. Bibliothèque du féminisme.
POULIN, Richard : « 50 ans après la naissance de Playboy. La tyrannie du nouvel ordre sexuel », 2007.
POULIN Richard, Sexualisation précoce et pornographie, Paris, La Dispute, 2009.
RAES, Suzanne, « Les maisons de Hristina », documentaire, Pays-Bas, 2007
ROUSSOPOULOS, Carole : « Viol conjugal, viols à domicile », documentaire, 2003 :
« Room Sévices », les violences de sexe et de classe contre les femmes de ménages dans des hôtels de luxe en Suisse
RUSSELL, Diana, The Politics of Rape : The Victim’s Perspective, 1975
RUSSELL, Diana, Dangerous Relationships : Pornography, Misogyny and Rape, 1998, version augmentée du livre, accessible en entier ici : SALMONA, Muriel, « La Nausée », 2011
TABET, Paola, « La grande Arnaque, l’expropriation de la sexualité des femmes », Actuel Marx, 30, 2001, pp. 131-152.
The People of the State of New York against Dominique Strauss-Kahn, Supreme Court, Motion to Dismiss, 22.08.2011,.
THIERS-VIDAL, Léo : « Ça se passe près de chez vous : des filles incestueuses aux mères aliénantes », 2006.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 29 août 2011

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Re: RASSEMBLEMENT CONTRE LE VIOL dimanche 11 sept et suites

Messagede Pïérô » 17 Sep 2011, 00:07

assemblée générale féministe, lundi 19 septembre

Avec les affaires DSk en cours et à venir et leur exemplarité en matière de traitement des femmes,

une assemblée générale féministe mixte a vu le jour et a organisé des actions, afin de répondre collectivement à cette affaire et toutes les autres, d’alerter la population sur l’état des lieux du viol à la française

200 femmes violées par jour en France...pour 4 condamnations

et peut-être même de créer une offensive féministe contre le viol aujourd’hui.

assemblée pour préparer la prochaine mobilisation contre le viol :

lundi 19 septembre 2011 à 18h30 à la Bourse du travail de Paris, Salle Jean-Jaurès.
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Re: RASSEMBLEMENT CONTRE LE VIOL dimanche 11 sept et suites

Messagede MélusineCiredutemps » 18 Sep 2011, 09:13

Info reçue hier sur le mail de CLAS :

DSK à TF1 - IL PARLE, NOUS PARLONS !
RASSEMBLEMENT DEVANT TF1
dimanche 18 septembre - 18h30
1 quai Point du Jour 92100 Boulogne Billancourt

La Marche Mondiale des Femmes Paris/Ile de France vous appelle à un
RASSEMBLEMENT protestataire devant le site de TF1 ce dimanche 18
septembre 2011 à 18h30 à l'occasion de l'interview de DSK sur cette
chaine.

l'association La Barbe appelle également. Nous pensons que d'autres
vont s'y associer.
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Re: RASSEMBLEMENT CONTRE LE VIOL dimanche 11 sept et suites

Messagede Pïérô » 27 Oct 2011, 15:05

Après le rendu de justice sur tristane Banon - Communiqué CNDF - Vendredi 14 octobre
2011 :

La sentence est donc tombée hier : la plainte de Tristane Banon contre DSK se solde par un
classement sans suite. La tentative de viol n'est pas reconnue, seule l'agression sexuelle l'est.

L'agression sexuelle est un délit et est donc prescrit au bout de 3 ans. Tristane Banon a porté plainte
pour des faits qui remontent à 2003 et qui sont donc prescrits. Cette situation était prévisible. DSK
avait reconnu avoir tenté d'embrasser de force Tristane Banon. Le parquet nous délivre donc une
mesure qui « botte en touche » : reconnaissance de l'agression sexuelle et dans la foulée prescription.

Cette décision illustre une fois de plus nos préoccupations quant à la capacité de la justice à
appréhender les violences faites aux femmes, notamment sexuelles. La justice sait elle vraiment
enquêter sur des plaintes tardives qui nécessitent de mettre en évidence toutes les stratégies de
l'agresseur pour arriver à ses fins et à évaluer le psycho traumatisme des victimes ? Comprend-t-elle
aussi pourquoi les femmes portent plainte tardivement ? Quel message envoie le système judiciaire
aux victimes pour qu'elles n'osent pas porter plainte ?

La lutte contre les violences faites aux femmes nécessite des magistrats formés spécifiquement
comme il en existe pour les enfants ou la délinquance financière. Dans notre « proposition de loi cadre
contre les violences faites aux femmes » nous préconisions des « tribunaux de la violence à l'encontre
des femmes » tels qu'il en existe en Espagne depuis la « loi intégrale contre la violence de genre » de
2004. La création de ces tribunaux nous semble une mesure d'une grande pertinence à l'heure
actuelle.
En revanche, le Collectif national pour les Droits des Femmes ne pense pas que l'imprescriptibilité des
délits et des crimes sexuels ou même l'allongement des délais de prescription soient de nature à
rendre justice aux femmes victimes de violences. Pour deux raisons au moins : plus le temps passe et
moins la justice, dans l'état actuel des choses du moins, est apte à rassembler les preuves. Et pour
l'imprescriptibilité, nous pensons qu'elle doit être réservée aux crimes contre l'Humanité.

C'est pour affirmer notre lutte résolue contre les violences faites aux femmes qu'à l'initiative du
Collectif national pour les Droits des Femmes, rejoint par de nombreuses associations féministes,
syndicats et partis politiques, se tiendra le 5 novembre prochain à Paris une manifestation nationale
contre ces violences à 14 h30, place de la Bastille.

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Re: RASSEMBLEMENT CONTRE LE VIOL dimanche 11 sept et suites

Messagede bipbip » 01 Fév 2012, 01:44

AG le lundi 6 février à Paris

AG de Féministes et de Lesbiennes,
contre l'impunité des violences masculines !


Lundi 6 février, à 18h30, Bourse du Travail de Paris, 3 rue du château d’eau, Paris 10

NON c'est NON ! Contre la loi du silence, crions notre rage !

Dans tous les milieux, toutes les classes, toutes les cultures… Dans la rue, dans le métro, au travail, à la maison, dans les fêtes… Dans la famille, dans le couple, dans nos groupes d'amis, nos espaces militants… Partout…

Violeurs, ils nous mettent la main au fesses et nous prennent pour du bétail ! Violeurs, ils nous harcèlent, violeurs, ils nous agressent, violeurs, ils nous enferment, violeurs, ils nous violent ! Hommes violents, violeurs, agresseurs, sexual killer, prédateurs ! Nous ne nous tairons pas !

Les violences masculines contre les femmes, les viols et la peur du viol : c'est leur guerre quotidienne, leur rappel à l'ordre, leur moyen de nous contrôler, de nous asservir, de nous soumettre à leur régime de terreur, le patriarcat ! ce système qui nous confisque la parole, qui invisibilise et nie les violences que nous subissons, qui contrôle nos corps et nos sexualités, qui nous dicte comment être conformément genrées et féminines, qui nous enferme dans des rôles dont nous n'avons jamais décidé, qui nous oblige à rentrer dans le moule du couple hétérosexuel parfait… Nous refusons cette violence dont on meurt ou qui nous détruit à petit feu. Nous ne nous tairons pas !

Nous ne voulons plus douter, culpabiliser, relativiser, avoir honte, nous cacher… Nous ne nous terrerons pas !

Nous ne voulons plus être traitées de menteuses par les agresseurs, leurs complices et leur propagande de haine sexiste qui nous condamnent toutes à nous taire. Nous allons riposter et on verra bien « qui c'est qui l'a bien cherché » ! Marre de l'impunité ! Nous ne nous tairons pas !

Viol = crime, médias et politiques complices

La télé, les médias font leurs choux gras de faits divers spectaculaires, exotiques ; à les entendre, les violences n'existeraient qu'en banlieue, les violeurs seraient des barbares ou des psychopathes. Pour DSK, le traitement a été différent : pour le protéger, ils ont nié les viols et justifié les violences. Ils ont repris en cœur tous les clichés sexistes. Plus ils sont haut placés socialement, plus ils bénéficient de l'impunité permise par la justice de classe. Dans tous les milieux, toutes les classes, toutes les cultures… Les violeurs sont parfois des hommes puissants, reconnus, parfaitement intégrés, c'est aussi le gentil voisin, l'oncle prévenant, le patron sérieux, le flic, le maton, le gendre idéal, DSK, Assange, Tron, Polanski, Cheb Mami ! Explosons leurs clichés et tout le reste, dénonçons les violences des hommes, l'apathie, l'hypocrisie et la complaisance de toute cette société ! Nous sommes solidaires !

Vous allez nous entendre !

Pour nous contacter:
agfeministe@gmail.com

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Re: RASSEMBLEMENT CONTRE LE VIOL dimanche 11 sept et suites

Messagede MélusineCiredutemps » 02 Fév 2012, 00:36

Communiqué du Collectif Libertaire Anti-Sexiste contre le viol

Le viol est un acte de torture physique et mental banalisé et dont la gravité est généralement minimisée. Il est un pilier du machisme. Il en est aussi l'arme favorite, y compris dans les cas, plus rares, où les victimes appartiennent au genre masculin. La majorité des viols sont commis par des hommes. Même s'ils trouvent souvent des complices et des soutiens parmi les femmes, les violeurs et leurs allié-e-s sont des machistes, et ce quelles que soient leurs étiquettes idéologiques, leurs sexes et leurs genres.

La majorité des viols ne correspondent pas aux représentations fréquemment véhiculées. Il est rare que les violeurs soient des inconnus surgissant de ruelles sombres. La plupart d'entre eux font partie de l'entourage proche de leurs victimes et la majorité des viols sont commis en famille. Les victimes ont rarement la capacité ou la possibilité de se défendre physiquement au moment des faits en criant ou en se débattant. Certaines, du fait de leurs situations économiques, sociales, familiales et psychologiques, n'ont même pas la marge de manœuvre suffisante pour pouvoir dire « non ». Les violeurs n'ont pas toujours recours à la brutalité physique. Ils opèrent souvent en exerçant une emprise et en semant le trouble dans l'esprit de leurs victimes, au moyen de la manipulation mentale, de l'intimidation, de la culpabilisation, du chantage et du marchandage. Ils utilisent parfois les privilèges dont ils bénéficient grâce à leurs positions hiérarchiques au sein des entreprises et des institutions. Certains utilisent aussi leurs privilèges économiques en payant leurs victimes pour acheter un simulacre de consentement et « avoir la conscience tranquille ».

Contrairement aux idées reçues et entretenues par les discours dominants, être un violeur n'est pas la conséquence d'une maladie ni de pulsions incontrôlables, mais celle d'une décision consciente. L'addiction sexuelle ne conduit pas au viol si la personne qui en est atteinte n'a pas la ferme volonté de dominer et de détruire. C'est pourquoi ces personnes passent beaucoup de temps à se masturber et/ou ont de nombreux rapports sexuels avec d'autres personnes, libres et consentantes, ce qui n'a absolument rien à voir avec le viol.

Les violeurs sont des individus responsables de leurs crimes car ils sont lucides, au moins au moment des faits. En effet, ils ne pourraient agir comme ils le font s'ils étaient délirants. Il est donc aberrant d'affirmer que les violeurs ont besoin qu'on prenne soin d'eux et qu'on leur vienne en aide. Au contraire, ils doivent être clairement sanctionnés. Le viol est le moyen qu'ils ont choisi pour traiter des êtres comme des choses et les réduire à néant. Ils ne souffrent pas de leurs crimes, ils en jouissent.

Comme l'indique l'Association Internationale des Victimes d'Incestes sur son site internet, les amalgames entre violeurs et malades mentaux ou anciennes victimes de viol sont des mythes infondés. Et même si quelques uns d'entre eux sont d'anciennes victimes, cela n'est en aucun cas une excuse car il n'existe pas de circonstance qui mériterait d'être prise en compte ni considérée comme atténuante. De plus, ces amalgames créent de la confusion au profit des violeurs en favorisant leur impunité, et stigmatisent d'une façon extrêmement insultante la grande majorité des personnes en souffrance psychique et des anciennes victimes de viol. Arrivée à l'âge de 30 ans, une femme sur trois a déjà été victime d'agression sexuelle au moins une fois dans sa vie : si un tiers des femmes âgées de plus de 30 ans était des violeuses, ça se saurait...

Celles et ceux qui défendent les violeurs ou leur cherchent des excuses ne sont pas animé-e-s par une prétendue neutralité, mais par la lâcheté, ainsi qu'une complaisance confortable pour leur « bonne conscience », soucieuse de faire l'économie d'un positionnement clair. Au contraire, la seule attitude qui soit courageuse, juste et digne est fondée sur la solidarité envers les victimes de viol. Cela implique de cesser de remettre systématiquement en question leurs témoignages (les cas d'affabulation sont d'ailleurs extrêmement rares). Cela implique aussi de n'accorder aux violeurs et à leurs soutiens aucun pardon ni aucun crédit.

Pourtant presque toujours, au sein du système judiciaire, comme au sein des familles et dans l'environnement social en général (entreprises, institutions, associations, partis politiques, etc...) c'est au violeur, présenté comme une victime, que le bénéfice du doute est spontanément accordé. On assiste à chaque fois plus ou moins au même scénario : loi du silence au nom de la « cohésion », culpabilisation de la victime qui est accusée de « trop parler » voir de mentir et de se « victimiser » avec injonction de « dédramatiser » et de pardonner...

La collaboration avec le violeur est l'attitude majoritairement adoptée, notamment par certain-e-s de celles et ceux qui se déclarent hypocritement partie prenante de la lutte contre le sexisme afin de soigner leur image, leur popularité, leur « bonne conscience », leur chance de gagner les élections, etc...

Bien qu'il s'agisse d'un crime commis très fréquemment et au sein de toutes les classes sociales et même s'il est le produit et l'instrument d'un système de domination, aucune affaire de viol ne peut être qualifiée, en aucun point, de banale sans en minimiser la gravité ; l'horreur de ce que la victime a subi et les bouleversements radicaux que cela entraîne dans son existence. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les viols commis par des personnalités riches et célèbres, surtout lorsque les victimes sont économiquement et socialement vulnérabilisées par leur condition précaire de prolétaires, d'immigrées, de subalternes, de mineures, etc... C'est dans ces affaires là que se conjuguent toutes les formes de domination (sexisme, capitalisme, racisme, etc...), assortie d'une surexposition irrespectueuse, voir calomnieuse, de la victime par les médias.

D'autre part certain-e-s politicien-ne-s instrumentalisent, à des fins de propagande, des affaires de viols suivis de meurtres largement médiatisées pour renforcer l'arsenal des lois sécuritaires en matière de récidive. Ces politicien-ne-s ne dénoncent jamais le fait que le système judiciaire fonctionne comme si le vol, le vandalisme ou le téléchargement libre pouvaient être considérés comme des actes aussi graves et aussi condamnables que le viol, ou l'homicide. En effet, les lois déjà en vigueur ainsi que celles que ces politicien-ne-s veulent ajouter au code pénal concernent les atteintes aux biens au même titre que les atteintes aux personnes. Leur projet n'est surtout pas de remettre en question notre système politique et économique qui est entièrement fondé sur la confusion entre les êtres et les choses, notamment au nom du « droit à la propriété privée », bien au contraire.

C'est pourtant ce système qui permet et autorise que des êtres soient massivement traités comme des choses, le viol en est l'un des exemples les plus graves et les plus flagrants.

Pour toutes les victimes de viol : solidarité inconditionnelle!

Pas d'impunité pour les violeurs!

http://coll.lib.antisexiste.free.fr/CLAS.html
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Rassemblement hier à la mémoire de Nirbhaya - Paris

Messagede altersocial » 31 Déc 2012, 15:52

On en parlait déjà ici :

viewtopic.php?f=66&t=3432#p81030

mobilisation militante en écho hier ici :

Union Syndicale SOLIDAIRES a écrit:Rassemblement à la mémoire de Nirbhaya et en soutien aux femmes victimes de viols en Inde et partout dans le monde - Paris

La Marche Mondiale des Femmes France s’associe à cet Appel

A la mémoire de Nirbhaya et en soutien aux femmes victimes de viols en Inde et partout dans le monde

Une minute de silence ce dimanche 30 décembre

devant l’Institut du Monde Arabe puis nous irons vers la Seine

A l’appel Groupe LOCs

L’Appel

Nous vous invitons à nous retrouver ensembles femmes, féministes et lesbiennes pour une minute de silence à la mémoire de Nirbhaya et, hélas, de tant d’autres victimes de viol.

L’année 2012 s’achève avec encore son lot de crimes de viols, de meurtres et de violences à l’égard des femmes et des lesbiennes en Inde, en Afrique du Sud, en France, aux USA, Rwanda... Partout le Patriarcat sévit et les victimes sont toujours les mêmes.

RDV à 18h précises devant l’Institut du Monde arabe et, à partir de là, nous nous dirigerons vers la Seine où nous jetterons nos fleurs symboliquement dans le fleuve.

Venez avec des fleurs ou bougies.

Attention, il ne s’agit pas de manif, donc pas de pancartes ni slogans. Groupe LOCs

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Viols, meurtres, avortement des foetus féminins... La femme, ce sous sous-continent indien - Françoise Chipaux - Ancienne correspondante du Monde dans le sous-continent indien

Le viol Collectif et sauvage d’une jeune étudiante de 23 ans a déclenché une vague d’indignation et de manifestations en Inde mais au-delà de l’émotion, ce crime devrait pousser à une réflexion sur l’état de la société et de ses institutions. Le fait que ce viol se soit déroulé dans la capitale, dans un bus en circulation en début de soirée, a certainement joué dans cette réaction massive face à un phénomène qui ne cesse de croître ces dernières années.

Delhi, plus de 16 millions d’habitants, détient le record du nombre de viol dans les grandes villes, 635 officiellement depuis le début de l’année. Face à ce crime très médiatisé, des voix s’élèvent chez les politiques comme dans la société civile pour appeler à la pendaison des violeurs, à leur castration chimique ou leur lapidation. Mais les faits montrent que les condamnations pour viols sont rares et, à Delhi, ces 635 viols enregistrés cette année n’ont donné lieu qu’à une seule condamnation.

Plutôt que de surenchérir sur les peines, qui ne seront pas appliquées ou si elles le sont de façon très sélective, peut-être faudrait-il se pencher sur le comportement de la police et de la justice. En Inde, avec quelques connexions et de l’argent, on peut échapper à tout châtiment, quelle que soit l’ampleur du crime. Dépolitiser la police, renforcer son professionnalisme, sont des conditions préalables à une police crédible et efficace. La corruption effrénée qui règne dans la police comme dans la justice est un obstacle à toute amélioration du système.

Les politiques pourraient d’ailleurs commencer par eux même puisque siègent au Parlement fédéral et encore plus dans les chambres provinciales des dizaines d’élus accusés de vols, viols, meurtres. La criminalisation de la politique est un fait avéré dénoncé régulièrement avant chaque élection sans qu’aucune mesure d’envergure n’ait jamais été prise. Le seul frein à une candidature politique est d’avoir été condamné mais comme la durée d’un procès peut s’étendre sur 20 ans, que les condamnations sont rares, tous les partis politiques ont des criminels sur leurs listes.

Au delà de l’arme sécuritaire et judiciaire, c’est aussi l’attitude de la société vis-à-vis de la femme qui devrait faire réfléchir. Le fait que l’Inde ait été gouvernée pendant plus de 15 ans par Indira Gandhi, fille unique du libérateur Jawaharlal Nehru et depuis près de dix ans, derrière la scène, par sa belle fille Sonia Gandhi, ne saurait faire oublier le sort réservé aux millions de femmes dans toutes les couches de la société.

Le préjudice commence avant même la naissance, puisque facilité par les examens échographiques l’avortement des fœtus féminins est une pratique illégale mais courante. Selon le dernier recensement de 2011, le ratio entre fille et garçon dans la tranche d’âge de zéro à six ans s’établissait à 914 filles pour 1.000 garçons, le pire chiffre depuis l’indépendance.

Le garçon est élevé dans l’idée qu’il est supérieur et que la femme est là pour le servir et le satisfaire. Dans les familles pauvres, si la nourriture fait défaut, le garçon est prioritaire sur la fille et c’est la même chose pour l’éducation.

La dot que doit apporter au mariage la fille est un autre sujet de harcèlement pour les femmes. Le phénomène s’est accru ces dernières années avec l’ouverture économique du pays et sa modernisation qui ont fait naitre des désirs de plus en plus grands. Près de 10.000 femmes officiellement, beaucoup plus en réalité tant il est parfois difficile de percer la cause d’un décès déguisé, sont tuées chaque année dans des incidents liés à la dot. Ces meurtres touchent particulièrement les classes moyennes émergentes dont les aspirations sont plus grandes.

Plus libres et plus actives que dans le passé, les femmes tentent de surmonter les obstacles qui se dressent à chaque étape de leur vie. Très doucement la société évolue, mais il reste difficile aujourd’hui à une femme, de vivre seul et de façon indépendante. Les cris d’indignation poussés par ce viol risquent bien de se perdre dans les méandres de la politique une fois l’émotion retombée.

30 décembre 2012


Mobilisation contre la violence, la toute-puissance, patriarcales.

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Re: Rassemblements contre le viol

Messagede Lila » 05 Aoû 2015, 18:21

La honte doit changer de camp !

Clip Manifeste viol par campagne_contre_le_viol http://www.contreleviol.fr/

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Re: Rassemblements contre le viol

Messagede Pïérô » 11 Aoû 2015, 23:01

En France, une plainte pour viol toutes les 40 minutes

Selon une enquête publiée par «Le Figaro», le nombre de viols dénoncés aux autorités a augmenté de 18 % en cinq ans.

«Sur les cinq dernières années, les viols dénoncés aux autorités ont augmenté de 18 % (de 10 762 faits en 2010 à 12 768 faits en 2014), tandis que les viols sur mineurs ont grimpé, dans le même temps, de plus de 20 % (de 5 751 à 6 936 faits répertoriés)», écrit le Figaro, selon des données que le quotidien a pu consulter.

«Trente-trois viols sont déclarés chaque jour en France, soit un toutes les quarante minutes en moyenne !» note le Figaro avant de souligner qu'«il ne s’agit que des affaires signalées aux autorités de police et transmises aux parquets.»

... http://www.liberation.fr/societe/2015/0 ... es_1361846


Sachant que nombre de viols ne sont pas suivi de démarche en plainte, cela révèle d'une part une augmentation du nombre de démarches dans le sens faites, ainsi que d'une réalité à frissonner, et évidemment à dénoncer et à combattre.
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Re: Initiatives contre le viol

Messagede Pïérô » 13 Sep 2015, 13:05

Brochure

“Qui ne dit mot consent” - Considérations sur le viol et le patriarcat

Ces "considérations sur le viol et le patriarcat" s’attaquent de front à différentes questions comme celles de la sexualité, du corps, du consentement, des limites qu’on réussit à fixer ou pas, de l’État, de la domination masculine, de la construction sociale des femmes, de comment s’organiser contre les violences sexuelles, etc.
Elles sont suivies d’une bibliographie et d’un texte sur la masturbation et la pornographie.

- lire le texte sur le site https://infokiosques.net/lire.php?id_article=1260
- télécharger la brochure mise en page : “Qui ne dit mot consent” (page par page) - PDF (5.2 Mo) - 44 pages A5 : https://infokiosques.net/IMG/pdf/qui_ne ... arpage.pdf
- télécharger la brochure mise en page : “Qui ne dit mot consent” (cahier) - PDF (5.4 Mo) - Brochure de 44 pages A5 : https://infokiosques.net/IMG/pdf/qui_ne ... cahier.pdf

https://infokiosques.net/spip.php?article1260
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Re: Initiatives contre le viol

Messagede Lila » 17 Jan 2016, 20:16

RASSEMBLEMENT FONTAINE DES INNOCENTS (M° LES HALLES) LE LUNDI 18 JANVIER A 18H30

Cologne : Contre les violences faites aux femmes, contre le sexisme, contre le racisme !

Le 31 décembre, dans plusieurs villes d’Allemagne, des violences ont eu lieu à l’encontre de centaines de femmes : viols, autres agressions sexuelles, vols…
Nous les condamnons !
Nous demandons que toute lumière soit faite sur ces faits, sur leur organisation massive, et que ces hommes répondent de leurs actes devant la justice.
Nous sommes et restons contre les violences faites aux femmes, quels que soient leurs auteurs, demandeurs d’asile ou pas, où qu’ils soient et d’où qu’ils soient.
Nous condamnons aussi le détournement et la récupération de ces actes révoltants par des partis de droite et d’extrême-droite souhaitant utiliser ces violences commises pour discréditer la politique d’accueil des réfugiés d’Angela Merkel. En aucun cas les violences faites aux femmes n’ont à être instrumentalisées ! Elles ont lieu dans tous les pays, dans tous les milieux, dans tous les espaces. Et elles doivent être dénoncées partout ! Les féministes allemandes l’ont bien dit :
« Non à la violence contre les femmes, que ce soit à Cologne, à la fête de la bière ou dans la chambre à coucher »
La violence envers les femmes n’a pas de frontière : notre solidarité envers les femmes n’en a pas non plus.

RASSEMBLEMENT FONTAINE DES INNOCENTS (M° LES HALLES) LE LUNDI 18 JANVIER A 18H30

Il fera nuit : nous serons là ! Femmes du monde entier, ensemble.

Premiers signataires : Collectif National pour les Droits des Femmes, Collectif 20ème/Tenon, Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes, Coordination Lesbienne en France, les effronté-e-s, Ensemble !, Europe Ecologie Les Verts, Femmes Egalité, Femmes Libres de Radio Libertaire, Femmes Migrantes Debout, Femmes solidaires, FiEres, FIT, une femme un toit, Ligue des Droits de l’Homme, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie, Ligue du Droit International des Femmes , Maison des Femmes de Paris, Manifeste des Libertés, Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles- Maroc, Mouvement des Jeunes Communistes de France, Mouvement des Jeunes Socialistes, NPA, Osez le Féminisme !,Planning Familial, PCF, Rajfire, Réseau Féministe Ruptures, SNPES-PJJ-FSU-Ile de de France, Union des Familles Laiques, Union Syndicale Solidaires.

En région : Bagdam Espace Lesbien, Toulouse, Collectif 84 Droits des Femmes Vaucluse, Collectif Libertaire Anti-Sexiste, Lyon,


http://www.collectifdroitsdesfemmes.org ... article449
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Re: Initiatives contre le viol

Messagede Pïérô » 21 Jan 2016, 15:27

Violences. Les féministes se mobilisent aussi à Paris

Le Collectif national pour les droits des femmes a organisé lundi soir un rassemblement à Paris en solidarité avec les victimes d’agressions sexuelles et sexistes qui ont eu lieu à Cologne, en Allemagne.

La somme des phrases inscrites sur les pancartes brandies par des mains essentiellement féminines résume la pensée de la petite foule rassemblée lundi soir sur une place parisienne : la banalisation des violences à l’encontre de 500 femmes doit cesser, tout comme l’instrumentalisation qui est faite de ces graves exactions commises dans la nuit du 31 décembre 2015 à Cologne, en Allemagne. Quelques jours après leur révélation (elles ont été passées un temps sous silence par les autorités), le Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) tenait à organiser cette manifestation unitaire, à laquelle participaient des féministes membres d’associations ou de partis politiques de gauche.

« Les agresseurs, quels qu’ils soient, travailleurs immigrés sans papiers, demandeurs d’asile ou résidents allemands, doivent être retrouvés par la police, déférés à la justice et punis comme doivent l’être tous les agresseurs et violeurs », souligne Suzy Rojtman, l’une des animatrices du CNDF. Une position claire, sans l’ambiguïté qui a traversé des militants engagés en faveur des droits des migrants, peinés que ces agressions sexuelles et sexistes soient infligées par certains de ceux qu’ils défendent.

... http://www.humanite.fr/violences-les-fe ... ris-596193
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Initiatives contre le viol

Messagede Lila » 10 Avr 2016, 18:39

En France, les femmes de Djibouti ont faim de justice

Allongées, serrées sur des lits d’appoint dans le local étroit de l’association Femmes solidaires à Arcueil (Val-de-Marne), elles n'ont pas mangé depuis quatorze jours. Deux longues semaines à s’affamer pour dénoncer les viols commis dans leur pays par l’armée. Avant de fuir en France et en Belgique, où elles ont obtenu le statut de réfugiées politiques, ces neuf femmes vivaient dans les régions du nord et du sud-ouest de Djibouti. Une centaine de rebelles armés du Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (FRUD), un mouvement issu de l’ethnie Afar, y lutte depuis vingt-cinq ans contre le gouvernement.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2 ... CJ13bpT.99


#StopViolDjibouti Message des femmes djiboutiennes en grève de la faim




SOUTIEN AUX FEMMES DJIBOUTIENNES
en grève de la faim
contre les viols commis par les soldats djiboutiens


Depuis le 25 mars, 10 Djiboutiennes, résidant en France et en Belgique, entament une grève de la faim pour dénoncer les viols des femmes Afar par les soldats djiboutiens. Dés années 1990, la guerre civile a laissé largement impunies les violences sexuelles commises par l’armée gouvernementale dans le Nord et le Sud-Ouest du pays. Pour que ces crimes soient jugés, Femmes Solidaires et le Comité des Femmes Djiboutiennes Contre le Viol lancent un appel à la communauté internationale exigeant la reconnaissance de ces viols comme crimes de guerre, l’ouverture d’une enquête internationale sur toutes les exactions commises à l’encontre des femmes en République de Djibouti, le jugement des soldats coupables des viols, le respect des conventions régionales et internationales ratifiées par Djibouti dont la CEDAW.

Une des 10 grévistes a dû être évacuée vendredi 1e avril suite à la détérioration de son état de santé. Quelques jours avant la réélection pour un 4ème mandat du président Omar Guelleh, les grévistes sont déterminées à faire entendre leurs revendications encore plus fort : « Nous ne sommes qu’au début de la dénonciation : nous avons faim, nous avons soif mais nous irons jusqu’au bout ».

Marche Mondiale des Femmes France


https://www.facebook.com/marchemondialedesfemmes2015/
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Re: Initiatives contre le viol

Messagede Lila » 17 Avr 2016, 20:15

#StopViolDjibouti

Fin de la grève

19e jour Fin de la grève. Un nouveau jour commence contre l’impunité des soldats violeurs.Les femmes djiboutiennes en grève de la faim depuis le 25 mars 2016 ont reçu le 11 avril 2016 Madame Sparacino, ambassadrice des Droits humains auprès du ministère des Affaires étrangères. A l’issue de cette rencontre, elles ont décidé de mettre fin à leur jeûne à compter du mardi 12 avril à midi.

https://twitter.com/hashtag/stopvioldjibouti?src=hash
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Re: Initiatives contre le viol

Messagede Lila » 01 Mai 2016, 19:36

Les femmes djiboutiennes de Belgique en grève de la faim

Le 25 avril, un mois après le début de la grève de la faim entamée par 10 femmes djiboutiennes en France, la Belgique rejoint le mouvement. Ce sont à nouveau 10 femmes qui protestent contre l’impunité des soldats violeurs à Djibouti. Depuis le début de la guerre civile, ils perpétuent ces viols comme arme de guerre contre les femmes Afar, et avec la complicité évidente du gouvernement. Le président Omar Guelleh, responsable de l’impunité de ces milliers de violeurs ainsi que des pires tortures commises à Djibouti, vient d’être réélu pour un 4ème mandat. Femmes Solidaires et le Comité des Femmes Djiboutiennes contre les Viols et l’Impunité exigent la reconnaissance internationale de ces viols comme crimes de guerre, la condamnation des soldats violeurs et le respect de la CEDAW.

http://www.50-50magazine.fr/2016/04/27/ ... e-la-faim/


Intervention de10 femmes djiboutiennes en grève de la faim contre les viols l'impunité depuis hier le 25 avril à Bruxelles .
radio libre tv.

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