Genre, anti-sexisme et enfance

Re: Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede Béatrice » 08 Avr 2013, 17:19

De la construction des inégalités entre filles et garçons à l’école maternelle
( une analyse de Véronique Rouyer et Yoan Mieyaa de l’Université de Toulouse 2 – Le Mirail. )


Image

e 2 avril 2013

L’ école maternelle constitue un lieu de socialisation central dans la construction des inégalités entre les filles et les garçons. Une analyse de Véronique Rouyer et Yoan Mieyaa de l’Université de Toulouse 2 – Le Mirail.

Dans les débats scientifiques, sociétaux et les politiques éducatives relatifs à l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes, l’école maternelle fait l’objet de bien peu d’attention. Dans la Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les hommes et les femmes dans le système éducatif (2013-2018) signée le 7 février dernier, trois axes d’action sont définis : « acquérir et transmettre une culture de l’égalité entre les sexes ; renforcer l’éducation au respect mutuel et à l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes ; s’engager pour une plus grande mixité des filières de formation à tous les niveaux d’étude ». Mais ces axes concernent surtout les collégiens et les lycéens. Pourtant, l’école maternelle constitue un lieu de socialisation [1] central dans la construction des inégalités entre les filles et les garçons : d’une part, parce qu’elle véhicule et transmet aux enfants des normes liées aux rôles et aux attentes de l’institution scolaire en matière de comportements et d’aptitudes des filles et des garçons ; d’autre part, parce que dans le même temps où il découvre l’institution scolaire et apprend le « métier » d’élève, le jeune enfant construit son identité sexuée et affirme son appartenance à un groupe de sexe.

De nombreuses recherches [2] ont mis en évidence les différences dans les représentations et les comportements différenciés des enseignants à l’égard des filles et des garçons. Les professionnels disent observer des différences entre les filles et les garçons dans la cour de récréation et dans les classes (par exemple, les jeux des garçons et des filles dans la cour de récréation, ou les différences dans les comportements au sein de la classe : les filles calmes, sérieuses et appliquées, les garçons bruyants et chahuteurs), mais sont plus réservés à reconnaître leur rôle dans le développement de ces différences. En outre, si les observations des interactions entre les filles et les garçons au sein de la cour de récréation et de la classe révèlent l’influence que le groupe peut exercer sur la conformité des comportements des filles et des garçons, à travers notamment l’élaboration d’une culture enfantine commune marquée par les normes de genre, peu de travaux ont permis d’étudier le rôle plus spécifique de l’institution scolaire et des différents professionnels concernés. Or, par les remarques qu’ils adressent aux enfants sur leurs comportements, les appréciations sur le travail scolaire réalisé par les filles et les garçons, les adultes transmettent à l’enfant leurs représentations et leurs attentes sur les rôles de chacun-e en fonction de son appartenance à un groupe de sexe.

La question que l’on peut poser alors est de savoir si les enseignants créent ces différences ou s’ils réagissent, plus ou moins directement, aux comportements déjà différenciés des filles et des garçons ? En effet, des observations déjà anciennes [3] montraient que lorsque les enfants arrivent à l’école maternelle, ils et elles manifestent déjà des préférences pour certaines activités, et des comportements conformes à leur genre : les unes plus sages, les autres plus agités. Ces différences de comportements proviennent en grande partie de la socialisation de genre à laquelle participent de très nombreux agents : de la famille élargie (parents, frères, sœurs, grands-parents), aux lieux d’accueil de la petite enfance, en passant par les camarades et les médias socioculturels (programmes télévisés, jeux, littérature, etc.). Cette socialisation de genre apparaît ainsi comme un processus complexe, à l’œuvre dès la naissance, et qui comporte différentes dimensions : les représentations de chacun-e sur les rôles de sexe, les interactions adulte(s)-enfant(s), l’environnement physique de l’enfant et les modèles que constituent les personnes, filles et garçons, femmes et hommes, de l’entourage de l’enfant.

La pluralité des dimensions et des personnes qui constituent ce processus de socialisation de genre [4] contribue à son caractère hétérogène : les modèles, les normes, les attentes et les pratiques ne sont pas toujours les mêmes au sein et entre les différents milieux de vie de l’enfant : entre son père et sa mère, entre l’enseignant et ses parents, avec ses camarades, etc. Ce qui amène nécessairement à examiner comment l’enfant construit son identité sexuée au sein de cette pluralité d’influences socialisatrices.

C’est en effet dans les premières années de vie que s’élabore l’identité sexuée du jeune enfant, en lien étroit avec les différents progrès moteurs, cognitifs, sociaux et affectifs. Le sentiment d’appartenance à un groupe de sexe se développe très tôt à travers les interactions entre l’enfant et ses parents, et se met en place entre 18 et 24 mois. Dans le même temps, la compréhension cognitive de cette appartenance à un groupe de sexe se développe : l’enfant est alors capable de se catégoriser et de catégoriser les personnes de son entourage dans l’un ou l’autre groupe, en se fondant notamment sur les signaux socioculturels de la masculinité / féminité : les attributs physiques, les accessoires, les activités et plus tard les traits de personnalité.

Cependant, l’enfant n’a pas encore la connaissance que cette appartenance est stable et définitive dans le temps, que cette indexation repose sur l’organe biologique et que les signaux socioculturels relatifs au genre sont en premier lieu des codes sociaux (et donc culturellement et historiquement situés). De cette façon, entre 3 et 7 ans, l’enfant pense que l’on peut changer de groupe de sexe en fonction notamment des attributs socioculturels. Afin d’asseoir son identité sexuée, il va donc chercher à connaître les rôles des filles et des garçons, des femmes et des hommes, et il va manifester des comportements et des représentations très stéréotypées (conformité vis-à-vis des rôles de sexe), par exemple en valorisant les attributs de son propre groupe de sexe et en dévalorisant les caractéristiques du groupe opposé, refusant même temporairement de jouer avec des pairs de l’autre sexe. Lorsqu’il aura intégré, vers 7 ans, la compréhension cognitive de la stabilité de son appartenance à un groupe de sexe, en fonction des temporalités et des contextes l’enfant commencera à témoigner d’une relative flexibilité au regard des normes liées aux rôles de sexe.

Ces quelques éléments montrent l’importance du rapport au genre que l’enfant va élaborer au sein de ses milieux de vie. Dès son plus jeune âge, l’enfant cherche à comprendre son appartenance à un groupe de sexe et les rôles qui y sont rattachés, cette activité de signification ne se réduit pas à une simple intériorisation des stéréotypes, car elle fait appel à différents processus psycho-sociaux (tels que la socialisation de genre et l’identité sexuée). On conçoit de cette façon l’importance que peut également revêtir une pédagogie favorisant une « culture de l’égalité des filles et des garçons » dès l’école maternelle, par exemple en favorisant l’accès des enfants des deux sexes à la découverte et à la pratiques d’activités (ludiques, sportives, etc.) habituellement destinées aux filles ou aux garçons.

Reste la question de la forme et des contenus que celle-ci doit développer. S’agit-il d’asseoir une nouvelle norme « prêt à porter », mettant ainsi à mal la question des variabilités interindividuelle et intra individuelles ? De plus, cette culture de l’égalité entre les sexes est-elle réellement pensée pour les filles ET pour les garçons, ou encore et toujours une égalité à sens unique ? Les filles doivent-elles s’aligner sur le comportement des garçons pour les rattraper ? Enfin, former les personnels de l’Education nationale à une culture de l’égalité des filles et des garçons dans l’objectif qu’ils puissent de cette façon promouvoir celle-ci auprès des élèves, peut constituer une voie pertinente, à condition toutefois de tenir compte du fait qu’ils et elles ont eux-mêmes un rapport au genre singulier, qu’ils et elles donnent à voir dans leurs représentations et leurs comportements à l’école maternelle.

Véronique Rouyer, Maître de Conférences en Psychologie du Développement de l’enfant et de la famille et Yoan Mieyaa, Docteur en Psychologie - Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche, du Laboratoire psychologie du développement et processus de socialisation - Axe Milieux, Groupes et Psychologie du jeune Enfant Université de Toulouse 2 – Le Mirail.

- Pour en savoir plus :

Mieyaa, Y., Rouyer, V., Le Blanc, A. (2012). La socialisation de genre et l’émergence des inégalités à l’école maternelle : le rôle de l’identité sexuée dans l’expérience scolaire des filles et des garçons.

L’Orientation Scolaire et Professionnelle, 41(1), 57-75.

Rouyer, V. (2007). La construction de l’identité sexuée. Paris : Armand Colin.

Rouyer, V., Croity-Belz, S. & Prêteur, Y. (Eds.). (2010). Genre et socialisation de l’enfance à l’âge adulte. Expliquer les différences, penser l’égalité. Toulouse : Erès.

[1] Socialisation : processus durant lequel l’individu s’approprie les normes et les valeurs de la société, qui contribuent ainsi à l’élaboration de son identité. Voir Rouyer, V., & Troupel-Crémel, O. (2013). Socialisation et construction de l’identité sexuée : dialectique des processus d’acculturation et de personnalisation. In A. Baubion-Broye, R. Dupuy, & Y. Prêteur. (Eds.),

[2] Pour en savoir plus, voir Mieyaa, Yoan (2012). Socialisations de genre, identité sexuée et expérience scolaire : Dynamiques d’acculturation et de personnalisation chez les enfants scolarisés en grande section de maternelle. Thèse de Doctorat Nouveau Régime. Toulouse : Université Toulouse 2 – Le Mirail.

[3] Bianka Zazzo (1993). Féminin, masculin à l’école et ailleurs. Paris : Presses Universitaires de France.

[4] Voir par exemple, l’ouvrage collectif coordonné par Anne Dafflon Novelle (2006) : Filles, garçons : socialisation différenciée ? Grenoble : Presses Universitaires de Grenoble.


http://www.inegalites.fr/spip.php?article1751
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
Béatrice
 
Messages: 2792
Enregistré le: 09 Juil 2011, 19:58

Re: Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede Pïérô » 09 Mai 2013, 12:49

La place des femmes dans les manuels scolaires

Sur près de 3 500 personnages sexués répertoriés dans les manuels scolaires, on décompte une femme pour cinq hommes, selon deux études menées par le Centre francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes Hubertine Auclert. Ces deux études font le même constat de la sous-représentation des femmes et de la persistance des représentations stéréotypées dans les manuels scolaires. L’Observatoire des inégalités propose des extraits de ces rapports.
...

A lire sur l'Observatoire des inégalités : http://www.inegalites.fr/spip.php?article1754
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Genre et Enfance

Messagede Pïérô » 21 Mai 2013, 10:41

Vendredi 24 mai

Projection-débat « La fabrique du sexisme par les média »

Egalité des Femmes et des Hommes ? Quelles images voient les enfants et les adolescents ? Comment sommes-nous interpellés en tant qu'éducateur/trices, enseignantEs, parents ? Que faire ?

Nous nous interrogerons sur le rôle que nous jouons dans le rapport à l'image vécu par les enfants/adolescents dont nous sommes responsables. Vous avez des expériences, des pistes à partager, venez échanger le Vendredi 24 mai à partir de 18h à la Maison des femmes de Montreuil, 28 rue de l'église
Montreuil (93)

La soirée sera introduite à partir de textes slammés par les élèves de l'atelier citoyen du collège Paul Eluard de Montreuil qui ont travaillé toute l'année sur leur vision de l'égalité filles/garçons avec Siré Balaba- Danfahka professeure au collège et Catherine Mathon, slammeuse de l'association "Slamôféminin".

PDF : http://maisondesfemmes.org/planningetpr ... 7ecole.pdf

http://maisondesfemmes.org/accueil.html
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Genre et Enfance

Messagede bipbip » 14 Juin 2013, 11:39

De l’inconvénient d’être féministe en librairie jeunesse :
http://cultures-genre.com/2013/05/28/de ... -jeunesse/
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Genre et Enfance

Messagede bipbip » 21 Juin 2013, 01:30

billet énervé en réponse à Peillon : «pas de débat sur la théorie du genre» à l’école
http://www.liberation.fr/politiques/201 ... ole_906605

J'enseigne le genre. Et je continuerai à le faire.

Publié par Denis Colombi on 10 juin 2013

Ce sera un billet énervé. Très énervé. Fatigué aussi. Fatigué d'entendre des ignares et des incompétents baver de haine sur quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Enervé de voir qu'on les laisse faire et que, pire encore, on leur donne raison. Enervé d'apprendre que je fais le mal. Enervé de voir que l'on laisse des mouvements religieux dicter la forme du débat public, surtout en matière d'éducation. Enervé de voir que la laïcité, c'est bon pour les autres, et qu'on peut envoyer paître la science et la connaissance par lâcheté politique et ignorance. Car depuis des années, j'enseigne ce contre quoi aussi bien la Manif de la haine que Vincent Peillon luttent désormais, dans une alliance que l'on voudrait improbable mais qui n'est que celle de la peur. J'enseigne le genre. Et je continuerais à le faire.

Pourquoi j'enseigne le genre

J'enseigne le genre parce que c'est ce que mon programme de Sciences économiques et sociales me demande de faire, n'en déplaise à Vincent Peillon qui double son ignorance crasse des sciences sociales - déjà étonnante pour un philosophe de profession... - d'une méconnaissance absolue de ce qui se passe dans l'administration dont il est le ministre, http://www.liberation.fr/politiques/201 ... ole_906605. Voici ce que dit le programme de première de Sciences économiques et sociales, http://www.education.gouv.fr/cid53321/mene1019767a.html :

On étudiera les processus par lesquels l'enfant construit sa personnalité par l'intériorisation/ incorporation de manières de penser et d'agir socialement situées. On s'interrogera sur les effets possiblement contradictoires de l'action des différentes instances de socialisation (famille, école, groupe des pairs, média). On mettra aussi en évidence les variations des processus de socialisation en fonction des milieux sociaux et du genre, en insistant plus particulièrement sur la construction sociale des rôles associés au sexe.

De quelque façon qu'on le prenne, "la construction sociale des rôles associés au sexe", c'est le genre. Toute l'idée est là, même si la notion n'est pas mobilisée, sans doute pour éviter aux imbéciles de venir s'exciter à nouveau sur l'enseignement de SES. C'est après tout aussi pour cette raison que le chapitre sur la déviance ne comporte pas la notion de "carrière délinquante" qui reste pourtant incontournable.

J'enseigne le genre parce que c'est un fait. Pas une théorie. Pas une position philosophique. Pas un choix politique. Le genre existe, que cela vous plaise ou non. Si vous pensez qu'il n'existe pas, c'est que vous êtes un crétin. Si vous pensez qu'il n'existe pas, c'est que que vous avez besoin de regarder les parties génitales d'une personne pour savoir s'il faut lui dire "monsieur" ou "madame". Si vous pensez qu'il n'existe pas, c'est que vous pensez que quand on dit "cette tenue est féminine", on dit qu'une jupe a des chromosomes XX. Si vous pensez que le genre n'existe pas, c'est que vous avez un niveau inférieur à celui de mes élèves.

J'enseigne le genre parce que n'importe qui de bonne foi comprends très bien l'expérience de la boîte. C'est avec elle que je commence mon cours sur la socialisation. Je l'ai emprunté à Michael Schawlbe dans son bouquin The Sociologically Examined Life dont j'ai dû traduire l'extrait :

Pour faire l'expérience que je vais décrire, nous aurions besoin d'une paire de nouveau-nés, des vrais jumeaux. Nous aurions aussi besoin d'une grande boîte dans laquelle un des jumeaux pourrait vivre sans aucun contact avec un autre être humain. La boîte devrait être telle qu'elle lui fournirait à boire et à manger, et évacuerait les restes, de façon mécanique. Elle devrait aussi être opaque et isolée, de telle sorte qu'il ne puisse y avoir d'interactions au travers de ses parois.
L'expérience est simple : un des enfants est élevé normalement et l'autre est mis dans la boîte. Au bout de dix-huit ans, on ouvre la boîte et on compare les deux enfants pour voir s'il y a quelques différences entre eux. S'il y en a, nous pourrons conclure que grandir avec d'autres personnes a son importance. Si les deux enfants sont les mêmes au bout de dix-huit ans, il nous faudra conclure que la socialisation (ce que l'on apprend en étant avec d'autres personnes) n'a que peu d'importance et que la personnalité est génétiquement programmée.
Vous vous dites sans doute « Bien sûr que la socialisation fait une différence ! Il n'y a pas besoin d'élever un enfant dans une boîte pour prouver cela ! ». Mais il y a beaucoup de gens qui disent que ce qu'une personne devient dépend de ses gènes. Si c'est vrai, alors cela ne devrait pas avoir d'importance qu'un enfant soit élevé dans une boîte. Son patrimoine génétique devrait faire de l'enfant ce qu'il ou elle est destiné(e) à être, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de la boîte.

Cette expérience de pensée, comme toute science, à commencer par la physique, en utilise souvent pour montrer l'absurdité de certains raisonnements, http://www.scienceshumaines.com/les-exp ... 26397.html, nous dit ce qu'il y a à savoir du genre : qui, à part un idiot ou un membre de la Manif de la Haine, aurait le culot de dire qu'après avoir été élevé dans une boîte, un individu de sexe féminin saurait spontanément élever un enfant et choisirait naturellement la couleur rose pour s'habiller ? Qui pourrait prétendre que, élevé dans de telles conditions, un individu serait capable d'exprimer une préférence sexuelle pour l'un ou l'autre sexe ?

Enfin, et peut-être surtout, j'enseigne le genre parce que mes élèves en ont besoin. Ils ont un droit à connaître les avancées de la recherche sociologique et plus généralement scientifique. Ils ont un droit à se confronter aux problèmes qu'elle pose. Ils ont besoin de s'interroger sur les modèles qu'on leur propose. Ils sont toujours prêts à lancer la "guerre des sexes" dans la classe, à dire "les filles, c'est comme ça, les garçons, comme ci". Et ils ont besoin qu'on leur montre la violence qu'il y a dans ces prises de position. Lorsque je leur demande "Messieurs, quels précautions prenez-vous pour ne pas vous faire violer lorsque vous sortez le soir ? Et vous, mesdames ?", lorsque je leur demande encore "Messieurs, pouvez-vous imaginer une situation où vous seriez obligé de tuer pour montrer que vous êtes un homme ? Et vous mesdames, une situation où vous seriez obligé de tuer pour montrer que vous êtes une femme ?", ils ont besoin qu'on leur soulève le problème. Ils en feront ce qu'ils voudront. Mais certains y réfléchiront. Et c'est cela l'enseignement.

Aux complices des attaques néo-réationnaires

J'avais décrit, en 2011, la logique des attaques néo-réactionnaires, http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2011 ... genre.html. J'ai joué les Cassandre : les faits sont là, tout s'est passé comme je l'avais décrit. La stratégie est là : on dévalorise d'abord ce que l'on espère détruire, pour qu'il n'y ait plus personne pour le défendre lorsque l'on voudra passer à l'action.

Ici, on attaque évidemment la science. Mais attention, on n'attaque pas la science parce que celle-ci serait porteuse de certitudes trop ancrées, on n'attaque pas la dimension prométhéenne de la science. Non : on attaque précisément la science pour ce qu'elle est porteuse de doute. La notion de genre, l'identification d'une dimension relationnelle distincte de l'ordre biologique, impose en effet à chacun de réfléchir : elle ne nous apporte pas de solution, mais elle nous fait problème. Car oui, parler de genre pose problème : cela remet en cause notre allant-de-soi, cela nous oblige à réinterroger notre rapport au monde et aux autres, cela nous oblige à nous poser de nouvelles questions. Et nous nous rendons souvent compte que nous n'avons pas la réponse à ces questions. Lorsque l'on montre l'existence des inégalités de genre, on ôte la possibilité de les justifier par une nature biologique, éternelle ou divine. Il faut alors répondre à la question politique suivante : "qu'est-ce qui justifie que ce soit les femmes qui prennent en charge l'essentiel des tâches ménagères ? comment peut-on fonder en raison cette situation ?" Et nous découvrons alors que nous n'avons rien dans notre pensée politique moderne pour justifier cela. C'est cela qui fait peur aux néoconservateurs qui luttent contre l'idée même du genre : ils savent que celui-ci pose des questions politiques auxquelles ils sont incapables de répondre. De la même façon que, en un autre temps, l'idée que l'être humain a des ancêtres communs avec d'autres primates avait laissé d'autres conservateurs démunis. Ce sont d'ailleurs les mêmes qui rejettent le genre. Le combat d'aujourd'hui n'est pas différent de celui d'hier. Ce qui est insupportable pour les réactionnaires, ce ne sont pas les certitudes de la science : ce sont les doutes qu'elle fait naître.

Mais ces réactionnaires utilisent des armes empruntés à l'adversaire. Ils transforment les gender studies, un champ de recherche riches de milliers de travaux dans des disciplines diverses, en une "théorie du genre" unique et sur laquelle ils mentent éhontément, http://cafaitgenre.org/2013/01/02/la-th ... xiste-pas/ . Comme d'autres ont transformé l'évolution en "théorie de l'évolution" pour mieux dire "ce n'est qu'une théorie, on n'est pas sûr". Or l'évolution est un fait : les êtres vivants se sont bien transformés au cours du temps. Les théories de l'évolution visent à comprendre et expliquer pourquoi : est-ce de la sélection du plus apte ? de la sélection sexuelle ? un mélange des deux ? Il en va de même pour le genre : il existe bien des théories qui visent à comprendre comment se construit le genre : est-ce que cela se joue dans des interactions locales ou dans un système global ? s'agit-il d'une construction indépendante ou liée à d'autres dimensions comme l'économie ou le politique ? Mais ces débats sont transformés en une simple opposition entre "théorie" et "pratique". Les opposants dissimulent ainsi leur bêtise sous un discours pseudo-scientifique. C'est en cela qu'ils sont des néo-réactionnaires.

Le problème, c'est qu'ils trouvent des complices : tous ceux qui par ignorance, bêtise, lâcheté ou véritable malfaisance, se laissent prendre par ces discours. Voici donc mon addendum à mon ancien billet : les néo-réactionnaires se trouvent des complices auprès de tout ceux qui veulent ménager les susceptibilités. Le dernier en date est le ministre de l'éducation nationale :

La semaine dernière, il avait déjà exprimé son opposition à l’inclusion de la théorie du genre dans l’enseignement, sur France 2: «Personne n’y a jamais pensé (...). Je suis contre la théorie du genre, je suis pour l’égalité filles/garçons. Si l’idée c’est qu’il n’y a pas de différences physiologiques, biologiques entre les uns et les autres, je trouve ça absurde».

Comment le ministre peut-il se laisser aller à cette crétinerie de confondre travaux sur le genre et négation des différences biologiques ? Tout le monde s'accorde à dire que certains individus ont un utérus et d'autres des testicules et un pénis. La notion de genre n'a jamais remis cela en question. Elle vient simplement rappeler qu'il n'a jamais été possible d'établir un lien biologique entre cette donnée physique et le reste des différences entre les hommes et les femmes. Et que dans nos relations quotidiennes avec les autres, nous ne nous basons pas sur cette donnée biologique, que nous nous employons en plus, dans nos sociétés, à cacher aux autres. L'assimilation "études sur le genre => théorie du genre => négation des différences biologiques" est un mensonge. Les choses sont aussi simples que cela.

Ce qui se joue est une mauvaise perception des conflits à venir. Sans doute certains hommes politiques sont-ils tentés de ne voir là-dedans qu'un débat anecdotique, et c'est pour cela qu'ils renâclent à défendre la notion de genre. Pourtant les questions relatives au féminisme apparaissent de plus en plus comme l'un des grands conflits qui traverse la société française, et plus généralement la société occidentale. Je ne serais pas loin d'y voir le fameux "nouveau mouvement social" que les chercheurs tourainiens ont longtemps cherché. La violence des conflits de ces derniers mois semble annonciatrice de nouvelles luttes à venir. Cette fois, j'aimerais me tromper.

http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2013 ... erais.html
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Genre et Enfance

Messagede bipbip » 23 Juin 2013, 13:35

réponse au ministre Vincent Peillon, in Courrier MMF n° 226 (PDF : http://www.solidaires.org/IMG/pdf/Courr ... _No226.pdf)

La théorie du genre : réponse au ministre Vincent Peillon

Alexandre Jaunait, Anne Revillard, Laure Bereni, Sébastien Chauvin

La position récemment exprimée par Vincent Peillon sur l’enseignement de la «théorie du genre» à
l’école (1) a eu de quoi laisser perplexes les universitaires spécialistes du champ des recherches sur
le genre. Le ministre déclare qu’il n’y a «pas de débat» sur cette question au ministère, précisant
«nous sommes pour l’égalité filles-garçons, pas pour la théorie du genre» ; dans un autre entretien,
il justifie sa position en affirmant : «Si l’idée c’est qu’il n’y a pas de différences physiologiques,
biologiques entre les uns et les autres, je trouve ça absurde.» Vincent Peillon démontre doublement
sa méconnaissance des enjeux en question. D’abord, en désignant une multiplicité de travaux de
recherche par un label - «théorie du genre» - inventé pour les stigmatiser par la frange la plus
conservatrice de la droite française. L’idée qu’il existe une théorie du genre est un argument
récurrent des conservateurs de tout poil qui cherchent à renvoyer de solides analyses empiriques à
la fragilité d’une doctrine. Leur démarche s’apparente à celle des conservateurs américains qui
attaquent systématiquement l’enseignement de la biologie dans les écoles américaines en prenant
pour cible la «théorie de l’évolution», aux côtés de laquelle il faudrait, d’après eux, enseigner la
«théorie du dessein intelligent» - résurgence du créationnisme le plus antiscientifique.

Le ministre de l’Education montre également sa profonde méconnaissance des recherches sur le
genre en définissant celles-ci par un objectif qu’elles ne se sont jamais fixé : n’en déplaise à leurs
contempteurs, les études sur le genre ne cherchent pas à montrer qu’il n’existe pas de différences
physiologiques entre les personnes. Leur prêter un tel dessein est aussi absurde que de penser que
les études sur le racisme auraient pour objectif de démontrer que la couleur de peau n’existe pas.
Ce que les études sur le genre ont montré, en revanche, comme les études sur les rapports sociaux
de race, c’est que les multiples différences physiologiques entre les personnes sont toujours
perçues à travers un filtre social qui interprète, classe, dichotomise, hiérarchise, et transforme.
Parmi l’ensemble des éléments qui différencient physiologiquement les individus, certains sont
considérés comme ayant une saillance particulière, acquièrent un statut fondateur, déterminant
l’ordre social et légitimant ses hiérarchies. La couleur de peau, la texture des cheveux, le fait
d’avoir des seins, un vagin ou un pénis deviennent alors les fondements «naturels» - donc immuables
- de l’ordre social. Il est paradoxal de devoir à cet égard rappeler à un ministre de l’Education que
pour lutter efficacement contre les discriminations… il est indispensable de les expliquer, d’en
comprendre le fonctionnement et d’en dénoncer les véhicules.
Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, installé par le Premier ministre en
janvier, a ainsi créé en son sein une commission «stéréotypes» qui vise à traquer les
représentations inégalitaires des hommes et des femmes, à l’oeuvre tout au long de la vie sociale et
dans une multiplicité de sphères d’activités (éducation, loisirs, vie professionnelle, vie conjugale et
familiale). Les travaux du Haut Conseil s’appuient sur les études sur le genre, un champ de
recherche pluriel et dynamique qui est soumis, comme tous les champs de recherche, au régime
d’évaluation et de contrôle par les pairs propre à la connaissance scientifique. Lutter contre la
discrimination sans l’expliquer serait une démarche vouée à l’échec. Une telle démission pédagogique
marquerait la victoire des groupes de pression conservateurs qui font violemment entendre leur
voix aujourd’hui.

Accréditer l’idée selon laquelle une pluralité d’analyses reconnues au niveau international forme une
théorie visant à nier l’existence de différences entre les êtres humains, alors que ces travaux
cherchent à penser le sens de ces différences et les effets politiques et sociaux qui s’y attachent,
est pathétique. Mais peut-être le ministre n’évoquait-il pas ces travaux de qualité ? Dans ce cas, il
s’est attaqué à un ennemi qui n’existe tout simplement pas et il a rassuré tout le monde sur le fait
qu’on ne parlerait ni du yeti ni de l’astrologie dans les écoles. On se sent rassurés. Mais si le
ministre prend au sérieux la lutte contre les inégalités, en particulier de sexe, et qu’il cherche à
combattre ces dernières, alors l’enseignement des connaissances issues du champ des études sur le
genre à l’école est une idée qui, au-delà du débat, pourrait être mise en oeuvre. Hélas, en
caricaturant les études sur le genre, le ministre a surtout cherché à apaiser la cour de récréation
des lobbys qui se dénomment eux-mêmes «antigenre». Désarmée, la lutte contre les discriminations
risque alors d’être réduite à une simple incantation.

Alexandre Jaunait Politiste, maître de conférences université de Poitiers Anne Revillard
Sociologue, Sciences-Po Paris Laure Bereni Sociologue CNRS, EHESS et Sébastien Chauvin
Université d’Amsterdam
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Genre et Enfance

Messagede Pïérô » 16 Oct 2013, 10:48

Jeudi 17 octobre à 18h30, Montreuil
Projection de " Rose ou bleu, faut-il choisir ? "
A la Maison des Femmes de Montreuil (28 rue de l’Eglise, 93100 Montreuil / M° Mairie de Montreuil)

Un film réalisé dans un atelier vidéo animé par Canal marches, avec les salariées du chantier d’insertion aide auxiliaire de puériculture de la Maison du Bas-Belleville et les participantes des Lundis Femmes Solidaires d’Archipélia. Elles mènent l’enquête sur la question du genre dans l’éducation des jeunes enfants.

la Maison des Femmes de Montreuil dans le cadre du travail de réflexion sur le « sexisme à l’école » propose cette projection en présence des auteures et réalisatrices.


Image

http://www.canalmarches.org/spip.php?article1466
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Genre et Enfance

Messagede bipbip » 19 Oct 2013, 14:43

Quelques outils pour lutter contre des savoirs scolaires masculinistes

Quelques outils pour lutter contre des savoirs scolaires masculinistes

L’école a pour objectif l’acquisition de savoirs (être-faire…), pour cela les enseignant-e-s utilisent des outils (programmes, manuels, objet d’études…) doublement centrés sur les hommes : ils-elles n’envisagent l’histoire ou la vie sociale que sous un angle masculin et ce point de vue est présenté comme le seul légitime (définition du « masculinisme », L’Étude et le Rouet, Michèle Le Doeuff, Seuil, 1989, 379 p.)

Cela a deux conséquences néfastes : les filles manquent de modèles d’identifications et risquent d’avoir du mal à imaginer ce qu’elles pourraient apporter à la société, à la politique, à la culture, la science ou l’art. Les garçons ont l’impression que les hommes sont supérieurs aux femmes, puisqu’il y a de nombreux « grands hommes » et pas de « grandes femmes ». Chacun-e apprend donc que les filles et les femmes sont moins importantes et cela justifie qu’elles aient une place secondaire dans la société et dans la classe. Pour lutter contre ce phénomène, et grâce aux mouvements féministes, de nombreux outils ont vu le jour ces dernières années. En voici quelques exemples.

Pour les plus petit-e-s : les albums jeunesses

Filles d’albums. Les représentations du féminin dans l’album, Nelly Chabrol Gagne, L’Atelier du poisson soluble, Le Puy-en-Velay, 2011, 240 pages, 38 €.

Partant du constat que les meilleures ventes d’albums jeunesse ne mettent pas en scène de personnages féminins (Babar, Petit Ours brun, etc.) ou seulement dans des postures féminines ultra traditionnelles (Martine), l’auteure a repris la production de 1990 à 2009, en analysant les albums narratifs, iconotextuels qui mettent en avant des personnages féminins humains. Elle s’est constituée un corpus de 250 albums et nous livre une étude remarquable d’exhaustivité et de précision, des représentations des femmes dans les albums.

Son livre suit les âges de la vie humaine en classant les personnages de la naissance à la vieillesse. On apprendra donc que les « nouvelles-nées » ne sont pas sexualisées par les artistes, les nourrissons se caractérisant dans les albums par une relation fusionnelle avec la mère. Que les petites filles sont moins passives que leur prédécesseures mais que si elles ont acquis esprit d’initiative et goût pour l’expérimentation, elles restent plus limitées que leurs homologues masculins dans leurs mouvements et leurs aventures. Que les adolescentes, rares dans les albums, gardent des centres d’intérêts très stéréotypés (rêvant d’amour hétérosexuel, notons d’ailleurs que l’auteure s’intéresse de près aux sexualités des personnages féminins et note le peu de personnages LBT). Que les femmes adultes sont avant tout des mères, omniprésentes dans les albums et dont la fonction est valorisée si ce n’est sacralisée. Et que doublement travailleuses elles se plaignent rarement. Et que les grand-mères n’existent que par et pour leur fonction maternelle, mère dévouée qui gardent les enfants de ses enfants.

Le dernier chapitre s’intéresse aux rescapées et aux oubliées : oubliées de l’Histoire parfois rescapées comme Émilie du Châtelet ou Jeanne d’Arc, rares rescapées marginales, violées ou excisées (tant éditeur-trice-s et artistes sont frileux) qui « tirent la sonnette d’alarme » et luttent pour leur survie. Enfin certaines rarissimes filles d’albums jettent le trouble dans le genre en s’attribuant caractéristiques et traits masculins et redistribuent les cartes des rôles sociaux joués traditionnellement par les filles.

En plus de fournir des grilles d’analyses et de renseigner sur les filles et les femmes dans les albums, ce beau livre donnera des idées à tout-e éducateur-trice souhaitant proposer des livres de valeur et mettant en avant des personnages féminins forts à ses élèves. Et donne l’occasion de redécouvrir avec elle, les créations d’Adéla Turin ou les très bons livres de l’ancienne édition Le sourire qui mord.

Analyser les stéréotypes de genre dans la fiction

De nombreux sites d’associations proposent des bibliographies d’albums, ou de romans qu’elles considèrent anti-sexistes. Leur qualité est variable, le mieux reste de se créer sa propres bibliographie au fil des lectures. Après analyse de ces sites, les critères sont les suivants :

Critères quantitatifs

Combien de personnages féminins dans l’histoire ? Le personnage principal est-il une fille ou une femme ?

Critères qualitatifs

Les personnages : ces personnages filles ou femmes ont-ils un prénom (ils peuvent souvent exister uniquement par leur fonction, le cas le plus courant est la personnage de « maman » qui n’a souvent pas vraiment d’autre identité) ?

Les femmes ont-elles un métier ? Ce métier appartient-il à un autre domaine que l’éducation, la vente ou les soins ? Y-a-t-il des personnages femmes adultes qui ne sont pas des mères ou des grand-mères ? Les femmes adultes ont-elles des activités récréatives autre que ­s’occuper des enfants ou cuisiner un gâteau…

Les petites filles sont valorisées par un rôle actif : prennent-elles des décisions, partent-elles à la découverte du monde ? Ont-elles confiance en leur potentiel ? Ont-elles des activités et des centres d’intérêts variés ?

Les garçons sont-ils représentés dans des activités dites féminines comme la danse, jouer à la dînette, ? Si c’est le cas, sont-ils valorisés dans ces activités ? Expriment-ils leurs émotions ?

Les rôles d’adultes masculins sont généralement beaucoup plus divers et variés que les féminins, on les voit jouer avec les enfants, avoir des métiers intéressants et avoir d’autres centres d’intérêts que la famille ou le travail (pour donner un exemple caricatural, mais courant, les hommes lisent le journal).

Les relations entre les personnages

Les femmes et les filles ont-elles des relations avec d’autres femmes ou petites filles ? Ces relations sont-elles basées sur la confiance, la solidarité ? Parlent-elles entre elles d’autre chose que des hommes ou des relations amoureuses ? Y-a-t-il de l’amitié, de l’amour, des contacts physiques agréables entre entre ces femmes, ces filles ? Les personnages féminins sont-ils toujours dans le soin et l’attention aux autres ? Y-a-t-il des filles ou des femmes meneuses ? Dans les histoires : les réponses aux oppressions sexistes. Les personnages sont-ils en butte à des oppressions sexistes ? Comment réagissent-ils ? Les filles, les femmes trouvent-elles une réponse à cette oppression ? Seules ou aidées ? Si elles sont aidées, le sont-elles par une autre fille, une autre femme ? Un garçon ? Un homme ?

Les nouvelles filles de la littérature jeunesse

J’ai remarqué dans la production éditoriale récente un nouveau phénomène : le personnage féminin parfait. Les auteur-e-s reprennent à leur compte les paroles d’Aragon « la Femme est l’avenir de l’Homme » et imaginent des jeunes filles actives, intelligentes, inventives, drôles, sensibles, attentives aux autres, surtout si les autres sont des garçons qui se sont mis dans des situations difficiles dont ils faut les en sortir. Depuis Hermione Granger dans Harry Potter jusqu’à Madeleine dans Le Yark (Bertrand Santini, Laurent Gapaillard, Grasset jeunesse, 2011) elles souffrent toutes d’une maladie terrible : la perfection… Comme cela doit être pesant comme modèle pour les petites lectrices et rassurant pour les garçons de savoir que des êtres aussi sensationnels n’ont pour objectif que de les aider et prendre soin d’eux ! Gare aux déceptions.

Exploitation pédagogique

Les sites proposent souvent une exploitation pédagogique des lectures, l’association Adéquation propose par exemple une exposition et des fiches pédagogiques pour étudier les stéréotypes en classe. Souvent les enseignant-e-s analysent avec les élèves les stéréotypes d’un album et proposent de récrire l’histoire en inversant les rôles… ■

Charlotte Artois STE 93, enseignante documentaliste


http://www.cnt-f.org/nautreecole/?Quelq ... ter-contre

Les sites présentant des bibliographies et des outils pédagogiques sur la question du sexisme, des stéréotypes de genre dans la littérature jeunesse :

Sélection d’albums
Site d’adéquations : adequations. org/spip. php ? article 1584
Site lab’elle : http://www.lab-elle.org
Site des CEMEA , littérature jeunesse :
la sélection des céméa d’Île-de-France. http://www.cemea.asso.fr/spip.php?rubrique760
Pour l’égalité entre filles et garçons :
100 albums

Pour les romans
Une mine : le site altersexualité (avec remise des Isidores…). Une biblio, des pistes péda…
http://www.altersexualite.com/spip.php?article100
La bibliothèque de Vaulx-en-Velin :
http://bm.mairie-vaulxenvelin.fr/mairie ... view/id/95

Des éditeurs, des collections, des libraires...
Sur le site et les rayonnages de Violette & co (à Paris, etc.) http://www.violetteandco.com/librairie/
Sur le catalogue des Éditions Talents hauts
http://www.talentshauts.fr/

Pour les films
http://www.genrimages.org/
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede Pïérô » 29 Nov 2013, 17:21

Ce vendredi 29 novembre 2013 à Lille

La pédagogie contre le sexisme (rencontre-débat)

Vendredi 29 novembre 2013, le syndicat CNT éducation du Nord Pas-de-Calais (ssec5962@cnt-f.org) organise une rencontre-débat avec Charlotte Artois, membre du comité de rédaction de "N’Autre école", la revue de la fédération CNT des travailleuses et travailleurs de l’Éducation. Cette rencontre portera sur le contenu du dernier numéro de la revue : la pédagogie contre le sexisme.

Rendez-vous à la Maison des syndicats CNT de Lille, 32 rue d’Arras. Apéro à 19h30 et rencontre-débat à 20h30. Voir le plan d’accès sur le site de la CNT 59/62.

Entrée gratuite

> Clip vidéo : http://www.cnt-f.org/59-62/?p=7755

> Flyer au format pdf : http://www.cnt-f.org/59-62/wp-content/u ... ov2013.pdf


Image
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Genre et Enfance

Messagede Pïérô » 16 Jan 2014, 16:10

Vendredi 17 janvier à Rennes

Comment la littérature jeunesse influe sur nos représentations ?

« Qui n'a jamais lu un conte (de fées !) dans lequel la princesse est prisonnière et le prince vient en sauveur la libérer ? Une histoire comme une autre pourrait-on dire, mais que faire quand il est proposé aux enfants toujours la même histoire, où la femme est invariablement la prisonnière et l'homme invariablement celui qui se porte à son secours avec courage…
En France, la littérature et les albums jeunesse sont des vecteurs valorisés par les parents comme les éducateurs pour développer l'imaginaire des enfants et les accompagner dans leur découverte du monde. Dès lors, quels sont les messages portés par la littérature et les albums jeunesse ? Quelles sont les rôles des personnages féminins et masculins dans la littérature ? Comment influent-ils la représentation au monde des enfants ? »

à 20h, Maison de quartier Villejean, 2 Rue de Bourgogne, 35000 Rennes
Avec Sylvie Crömer, sociologue.
L'entrée est libre et gratuite.

Image
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede bipbip » 07 Fév 2014, 01:52

Retour sur quelques intox de ces derniers jours à propos de la "théorie du genre"
http://www.arretsurimages.net/articles/ ... ire-id6518

La manip pour tous... Théorie du genre et co ou comment E&R manipule l'opinion!
http://www.debunkersdehoax.org/la-manip ... -l-opinion

Pire
Circulaires, manuels, livres : les ministères censurent le mot «genre»
Cédant à la pression des lobbies les plus conservateurs, le gouvernement a déjà, et depuis plusieurs mois, choisi de faire disparaître partout le mot « genre », désormais jugé trop sulfureux. Au prix d'absurdes acrobaties. Enquête sur une censure discrète qui signe aussi une incroyable défaite idéologique.
...
Fichiers joints
Censure du mot genre.pdf
(55.97 Kio) Téléchargé 172 fois
Avatar de l’utilisateur-trice
bipbip
 
Messages: 35413
Enregistré le: 10 Fév 2011, 09:05

Re: Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede Pïérô » 08 Fév 2014, 12:57

Dans Le Monde :
. Cinq intox sur la « théorie du genre »
http://www.lemonde.fr/politique/article ... 23448.html
. Education sexuelle et genre : 5 (autres) intox décryptées
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html


De SUD Éducation
Contre les offensives homophobes et sexistes !
Pour une école ouverte et émancipatrice !


La mobilisation des réseaux fascistes et réactionnaires se poursuit, et l’école est désormais une de leur cible. Ils s’attaquent frontalement aux programmes de lutte contre les stéréotypes de genre, et contre les discriminations sexistes et homophobes, proposés dans les établissements scolaires.

Sur les réseaux sociaux, et à travers l’envoi de textos et la distribution locale de tracts, les parents d’élèves ont été invités la semaine dernière à ne pas envoyer leurs enfants à l’école pour protester « contre la théorie du genre » ainsi qu’une prétendu « éducation sexuelle prévue à la maternelle à la rentrée 2014 avec démonstration ».

Sur la forme, cette opération a été lancée par le site "Journée de retrait des enfants de l’école", tenue notamment par Farida Belghoul, proche du groupe d’extrême-droite Egalité et Réconciliation d’Alain Soral. Cette même Farida Belghoul a elle même depuis longtemps retiré ses enfants de l’école et prône la scolarisation à domicile. De son côté la Manif pour Tous organise des comités "vigi-gender" un peu partout en France, visant à mobiliser les parents et à mettre la pression sur les équipes pédagogiques. Tous ces groupes se sont retrouvés dimanche 26 janvier à la manifestation d’extrême-droite à Paris.

Sur le fond il faut démystifier le propos : il n’est évidemment pas question de démonstration d’éducation sexuelle à la maternelle, c’est tout simplement mensonger ! Et la question du genre n’est pas une théorie. Le genre signifie « le sexe social », c’est à dire la façon dont une société assigne des comportements et des rôles aux filles et aux garçons en fonction de leur sexe. L’objectif de cette offensive est de chercher à limiter l’enseignement aux « outils de bases » (lire, écrire, compter), comme le souhaite une partie du patronat, et à empêcher toute réflexion et émancipation par l’échange et la connaissance. Car pour l’extrême-droite la vision des sexes est basée sur l’inégalité assumée entre femmes (cantonnée à la sphère privée, au travail domestique, aux enfants...) et hommes (qui travaillent, décident de tout...).

Sud Éducation dénonce ces tentatives de l’extrême-droite de mettre la main sur l’école publique. Nous rappelons avec force la pertinence des études de genre pour comprendre, et combattre, les stéréotypes et discriminations sexistes qui aliènent les individus. Nous soutenons toutes les initiatives visant à combattre les LGBTphobies.

Nous lutterons avec la plus grande détermination contre la propagation de tous les discours véhiculant des partis pris sexistes et homophobes. L’école est et doit rester un lieu d’émancipation de toutes les formes de haines et de discriminations. Nous nous battons pour une école publique qui permettent à toutes et à tous d’apprendre ensemble, de réfléchir et d’élaborer un esprit critique.

Organisons la riposte par les mots et par l’action !





Féminisme, antisexisme et questions de genre
Un journal de SUD éducation Créteil

Au sommaire :
Edito : De l’hétérosexisme p.1
Mauvais genre ? p. 2
Education nationale et enseignement des genres, il faut revoir la copie p. 3
Institution et anti-sexisme p. 4
Pour la justice sociale, halte au sexisme à l’école p.5
Pour une pédagogie débarrassée de la domination masculine p 6
Bulletin d’adhésion pp7-8
Avec qui travailler dans nos pratiques pédagogiques ? p 9
Formations syndicales de SUD éducation et de Solidaires p.10
Contre l’exclusion des mères voilées p.10
Le 8 mars, grève des femmes ! p.11
Biblio/filmographie étude de genre p.12

Télécharger PDF : http://www.sudeduccreteil.org/IMG/pdf/journalfemmes.pdf

http://www.sudeduccreteil.org/spip.php?article1796
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede Pïérô » 10 Fév 2014, 14:37

En Ile-de-France, annulation d’interventions contre l’homophobie dans des établissements scolaires.
Depuis la polémique sur la prétendue «théorie du genre» enseignée à l’école, le MAG Jeunes LGBT déplore l'annulation de 11 interventions dans des collèges et des lycées de la région parisienne en à peine une semaine.
...http://yagg.com/2014/02/05/le-mag-jeune ... de-france/



Tract distribué dans l’agglomération de Nancy

Image
Image

http://www.collectif-debout.org/
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede Pïérô » 15 Fév 2014, 13:04

Fachos et réacs déchainés

« Théorie » du genre : Aurélie Filippetti dénonce des pression contre des bibliothèques
. http://www.lemonde.fr/politique/article ... 23448.html
. http://www.liberation.fr/societe/2014/0 ... ues_979222

Tours, un spectacle sur la condition des femmes annulé suite à des pressions exercées auprès du rectorat
http://tours.mediaslibres.org/un-specta ... n-des.html
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

Re: Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede Pïérô » 16 Fév 2014, 15:57

« Tous à poil » : le gouvernement s’incline devant Jean-François Copé
http://www.politis.fr/Tous-a-poil-le-go ... 25727.html
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
Avatar de l’utilisateur-trice
Pïérô
 
Messages: 22436
Enregistré le: 12 Juil 2008, 21:43
Localisation: 37, Saint-Pierre-des-Corps

PrécédenteSuivante

Retourner vers Féminisme et LGBTI

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 6 invités