Genre, anti-sexisme et enfance

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Messagede Pïérô » 06 Fév 2010, 13:10

Prévention de l’homophobie et de la lesbophobie à l'école

Christine Boutin dans ces oeuvres...réaction et mobilisation :

Le Baiser de la lune est un court-métrage d'animation poétique pour aborder les relations amoureuses entre personnes du même sexe à l'intention des enfants de CM1/CM2. Le film est encore en préparation mais il a déjà déclenché un déferlement homophobe dans les médias et chez tous les réacs de France!

Christine Boutin en a demandé l'interdiction sous pretexte que "Au nom d’une idéologie relativiste poussée à l’extrême, et sous l’impulsion de groupes de pression, ce film idéologique prive les enfants des repères les plus fondamentaux que sont la différence des sexes et la dimension structurante pour chacun de l’altérité” ,
Luc Chatel pense qu'il « n’a pas vocation a être diffusé en primaire » où, selon le ministre de l'éducation nationale, la lutte contre l’homophobie serait « prématurée ».

Le site du film : http://www.le-baiser-de-la-lune.fr

Une pétition de soutien lancée par Mixcité Rennes (le projet est rennais) : http://mixcite.rennes.free.fr/spip.php?article241.



Oui à la prévention de l’homophobie et de la lesbophobie à l’école :
oui à la diffusion du film Le baiser de la lune


A l'attention de : Monsieur le Ministre de l'Education Nationale

A l’appel des associations : Association et Compagnie de Théâtre de l'Opprimé Rennaises (ACTOR), AIDES, Centre Gay Lesbien Bi et Trans de Rennes (CGLBT), Commune Vision, Contact, CRA films, David et Jonathan, Femmes Entre Elles (FEE), Gay&Lesbian Sports (GLS), Les Enfants d'Arc-en-Ciel - l'asso, Les Faiseuses d’Art, Mix-Cité Rennes


A Rennes, comme ailleurs en France, tous les jours des personnes sont victimes d'homophobie et de lesbophobie, c'est-à-dire de discriminations liées à leur orientation sexuelle réelle ou supposée homosexuelle. Rejet, insultes, coups, violences, meurtres : les discriminations homophobes et lesbophobes se déclinent sous de nombreuses formes et se produisent aussi bien dans la famille, dans la rue, au travail, ou encore à l'école. Elles blessent, meurtrissent, tuent.

A Rennes, comme ailleurs en France des initiatives pour que disparaissent l'homophobie et la lesbophobie sont nombreuses et de qualité. Parmi ces initiatives le projet de film Le Baiser de la Lune réalisé par Sébastien Watel a été pris pour cible par des mouvements conservateurs. En effet, ce film d'animation destiné aux élèves de CM1-CM2 afin de leur permettre d'aborder les relations amoureuses entre personnes de même sexe a fait l'objet de deux pétitions intitulées pour l’une « Halte aux incitations homosexuelles dans les écoles primaires ! » et l’autre « Halte à la propagande en faveur de l’homosexualité au sein de l’école » adressées à différentes institutions partenaires du projet.

Au mépris des directives officielles de l'Education nationale concernant la lutte contre l'homophobie dans les établissements scolaires Christine Boutin s’est faite porte-parole des conservateurs et vous a demandé, Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, d’interdire la diffusion du film Le Baiser de la Lune , au nom d’une supposée naturelle différence des sexes qui chaque jour opprime chacun et chacune d’entre nous. Vous avez annoncé renoncer à la diffusion de ce film.

Nous, citoyen-ne-s, associations, mouvements engagés et unis pour l'égalité des droits, pour le respect, et pour la prévention des IST et conduites à risques, contre le sexisme, contre l'homophobie et contre la lesbophobie, soutenons le projet de film Le Baiser de la Lune. Nous nous opposons à cette mobilisation d'un autre âge et à la manière de considérer l'éducation à la citoyenneté et à la tolérance comme du prosélytisme est tout à fait réactionnaire.

Rappelons que l'homosexualité est dépénalisée en France depuis 1981. Aujourd'hui ce n'est pas l'homosexualité qui est un fléau social, mais bien l'homophobie. C'est au quotidien que nous la combattons, notamment en discutant avec des jeunes, pour faire tomber les préjugés et soutenir les jeunes victimes que nous rencontrons. Qu’on le veuille ou non, et parfois très tôt, les jeunes savent qu’ils ou elles ne sont pas « comme les autres ». Les situations de désespoir des jeunes homosexuels et lesbiennes confrontés aux moqueries, insultes, rejets, humiliations, violences souvent, dans leurs collèges, lycées, centres de formation, etc…sont connues. Elles mettent à mal la santé des jeunes concerné-e-s. Une éducation émancipatrice des préjugés est un outil de prévention indispensable. Les pédopsychiatres l'affirment : il n'est pas trop tôt pour parler d'amour aux enfants d'école primaire.

Cette offensive sexiste, homophobe, lesbophobe impose une vigilance constante, une réactivité immédiate de chacun-e, de toutes les actrices et tous les acteurs de la vie citoyenne et militante pour faire reculer l'homophobie et faire avancer l'égalité des droits. Aujourd’hui c’est l'oeuvre réalisée par Sébastien Watel qui est menacée, demain quel outil pédagogique ? Quelle école, quelle éducation voulons-nous ? Nous ne pouvons laisser faire cela et devons faire face aux conservatismes : nous soutenons la diffusion du court-métrage Le Baiser de la Lune auprès des enfants de CM1-CM2 et la démarche pédagogique l'accompagnant.

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Re: prévention de l’homophobie et de la lesbophobie à l'école

Messagede raspoutine » 06 Fév 2010, 14:12

christine boutin est dans son role, il n'y a rien d'etonnant la dedans !
cela dit il est très claire que ce genre d'initiative "préventive" sont bien plus que contre productives, elles sont néfastes !
de la même façon que la prévention antidrogue a l'école te pousse dans les bras de la came, que les préventions antiracistes se retourne contre elle même !
tout simplement car au fond d'eux même la plupart des gens méprisent les discours porter par l'establishment au fond d'eux même ! alors quand l'état, avec sa prétention grotesque de malaxer les cervelles a coup de "campagne publicitaire" arrive avec ses gros sabots, spontanément on accueille cela avec soupçon et rejet !
et plus quelqu'un connais la misère, plus le rejet sera fort !
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Re: prévention de l’homophobie et de la lesbophobie à l'école

Messagede Pïérô » 06 Fév 2010, 15:46

raspoutine a écrit:de la même façon que la prévention antidrogue a l'école te pousse dans les bras de la came,

je n'ose comprendre le parallèlle avec la prévention contre l'homophobie.
Bref je ne partage pas ce que tu dis sur cette question de prévention, mais en plus j'espère que je comprend mal ce type d'argument. :wink:
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Re: prévention de l’homophobie et de la lesbophobie à l'école

Messagede raspoutine » 06 Fév 2010, 15:56

et bien la prevention dans le cadre de l'ecole, c'est une parole officielle qui vient te dire quoi penser, et ceux peut importe si cette bonne parole est juste, et les intention louables !
cela ne marche jamais, et genere des effets inverse !
ce n'est pas de faire de la prévention que je trouve foireux c'est ce type de prévention ! et tout simplement parce qu'il est porté par l'establisment dans un cadre, l'ecole, qui visent de plus a laver le cerveau des élèves que de transmettre un savoir !
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Re: prévention de l’homophobie et de la lesbophobie à l'école

Messagede chaperon rouge » 06 Fév 2010, 16:46

Là-dedans il ne faut pas oublier que si l'État en est rendu à faire de la prévention c'est que celle-ci a été poussée par des dizaines d'années de lutte des gais et lesbiennes. Il s'agit en cet optique d'un acquis même s'il est partiel. Je trouve que s'opposer à cette prévention est sous prétexte qu'il s'agit d'un message de "l'establishment" est carrément le discours que bien des homophobes relaieraient pour diffuser leur opposition à ce genre de truc pour s'inscrire dans l'opinion étudiante plus large. Est-ce que la prévention fonctionne dans 100% des cas? Surement pas, mais doit-on alors en finir avec la prévention contre le racisme, le sexisme, la violence envers les femmes, les problèmes de dépendance aux drogues, la prostitution, etc...? Il faut reconnaitre la juste valeur de la prévention puisqu'il s'agit d'éducation sur des problèmes sociaux et des formes d'oppression réel-le-s. On ne consomme pas les problèmes sociaux et l'oppression, on les subit.
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Re: prévention de l’homophobie et de la lesbophobie à l'école

Messagede raspoutine » 06 Fév 2010, 16:55

chaperon rouge a écrit:Je trouve que s'opposer à cette prévention est sous prétexte qu'il s'agit d'un message de "l'establishment" est carrément le discours que bien des homophobes relaieraient pour diffuser leur opposition à ce genre de truc pour s'inscrire dans l'opinion étudiante plus large.

je precise que je ne m'oppose pas ! je trouve que ces campagnes sont très loin d'avoir l'effet escompter !
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Re: prévention de l’homophobie et de la lesbophobie à l'école

Messagede RickRoll » 07 Fév 2010, 10:22

tout simplement car au fond d'eux même la plupart des gens méprisent les discours porter par l'establishment au fond d'eux même ! alors quand l'état, avec sa prétention grotesque de malaxer les cervelles a coup de "campagne publicitaire" arrive avec ses gros sabots, spontanément on accueille cela avec soupçon et rejet !

C'est une campagne destinées aux écoles maternelles et aux premières classes de primaire, pas aux ados... Les gamins sont pas encore dans cette défiance vis à vis du discours préventif.
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Re: prévention de l’homophobie et de la lesbophobie à l'école

Messagede Tuxanar » 07 Fév 2010, 11:06

D'ailleurs, je ne suis pas sure que la propagande de l'État dans les écoles soient complètement improductif. Il suffit de voir comment l'école de la IIIème République a bien joué son rôle pour transformer tous (ou presque) les français en racistes. En plus, elle a réussi à rassembler la Nation autour d'elle en 1914 grâce à cette école.

Alors je pense que le discours peut porter jusqu'à un certain point. Il ne faut pas se faire d'illusion, cette initiative sera assez limitée.

Au final, ce genre d'initiative permet surtout au gouvernement de faire de la propagande sur ses idées et de masquer son caractère raciste et réactionnaire.
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Re: prévention de l’homophobie et de la lesbophobie à l'école

Messagede Roro » 07 Fév 2010, 18:05

Pour resituer le truc (pour raspoutine surtout).

Au départ, le film a été préparé par une asso LGBT Rennaise, ce n'est qu'après que le conseil général, échelle locale donc, et pas nationale, a accepté de le subventionner.

Après, de mon point de vue, c'est plutôt dans les collèges qu'il faut ce genre de film, car c'est là, et dans les lycées dans une moindre mesure, que se développe le plus l'homophobie et le sexisme.
La Nature n'a fait ni serviteurs ni maitres, c'est pourquoi je ne veux ni commander ni recevoir d'ordres.
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Genre et Enfance

Messagede Pïérô » 10 Fév 2011, 13:53

L’homosexualité dans la littérature jeunesse, «un tabou...

L’homosexualité dans la littérature jeunesse, «un tabou insupportable»

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Le 2 février dernier est sorti en librairie Philomène m’aime, un livre pour enfants (dès 6 ans) au texte amusant et plein d’esprit, sur l’histoire d’une petite fille dont tous les garçons sont amoureux mais qui préfère offrir son cœur à son amie Lili.

Ces dernières années, les éditeurs jeunesse n’ont pas hésité à publier régulièrement des livres pour enfants abordant les thèmes de l’homosexualité, de l’homoparentalité ou de l’homophobie, assumant fermement de faire de ces questions des sujets de société importants, indispensables à l’éducation et à l’apprentissage du «vivre ensemble».

Ainsi a t-on vu s’installer dans les rayons des librairies, des bibliothèques municipales et des écoles, des ouvrages adaptés à toutes les catégories d’âge, parmi lesquels Jean a deux mamans pour les plus petits (dès 3 ans), Jérôme par cœur ou La princesse qui n’aimait pas les princes, dès 6 ans, ou encore Tout contre Léo, un roman de l’écrivain et réalisateur Christophe Honoré, pour les pré-ados.


MENACES ET RÉACTIONS VIRULENTES

Une évolution dont on pourrait se féliciter s’il n’y avait pas pour ombre au tableau les difficultés rencontrées par ces éditeurs lorsqu’ils choisissent de publier ces livres. En effet, à l’instar du Baiser de la lune – le dessin animé sur l’amour naissant entre deux jeunes poissons destiné à sensibilité les classes de CM1/CM2 sur l’homophobie, qui avait soulevé l’an dernier une polémique dans les médias et jusque chez nos politiques – ces livres jeunesse font presque systématiquement l’objet de réactions virulentes et de menaces.

«À chaque fois que je sors un bouquin qui traite de ce sujet, je me retrouve confronté à l’agressivité insupportable de vieux réactionnaires, s’insurge Thierry Magnier, éditeur pour trois maisons d’éditions jeunesse (Actes Sud Junior, Le Rouergue, Les éditions Thierry Magnier). J’ai commencé à aborder ce thème en 1998 en éditant Je ne suis pas une fille à papa de Christophe Honoré, l’histoire d’une petite fille adoptée par un couple de femmes. Cette histoire n’aborde évidemment aucun détail relatif à la sexualité de ces deux mamans, pourtant il a immédiatement été mal perçu et attaqué. Bien sûr, d’un autre côté d’autres personnes nous ont encouragés, ont dit qu’il fallait en parler, que c’était important. Et j’ai continué à le faire, considérant que ce sujet a sa place, tout simplement. Pourtant, avec le temps, cela me semble de plus en plus difficile. Ces livres font de plus en plus polémique, ça devient vraiment problématique. On reçoit de plus en plus de courriers idiots et insultants, de coup de fils de gens complètement allumés, à chaque fois que l’on aborde le sujet, même lorsque le sujet n’est qu’en second plan dans l’histoire. J’ai parfois le sentiment que l’on revient totalement en arrière sur ces questions-là, notamment depuis ces quelques années de politiques sécuritaires et ultraconservatrices. Il y a une sorte de puritanisme naissant.»

En 2007, les éditions Actes Sud Junior ont publié Foot, foot, foot, l’histoire d’un jeune garçon passionné de football, qui vit avec sa mère et la compagne de celle-ci et qui fait la connaissance d’un autre couple homo. Il n’en fallait pas plus pour déclencher la polémique. Voici par exemple un extrait d’une lettre d’une grand-mère, assez représentative des nombreux courriers reçus par la maison d’édition: «Ayant choisi un titre attractif pour un garçon de 8 ans, l’auteur s’égare dans des considérations d’ordre sexuel, pour le moins prématurées dans le cerveau d’un enfant de 8 ans (…) peut-être aurait-il fallu mettre ce livre dans un rayon spécialisé (…) on se demande si l’auteur a jugé nécessaire d’être ordurier et vulgaire pour appâter la jeunesse», écrit-elle, et de menacer: «Je fais parvenir une copie de cette lettre à la Commission chargée de faire respecter la loi de 1949, qui régit les œuvres destinées à la jeunesse».

«Nous faisons évidemment mention de la loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, explique Thierry Magnier, qui a édité ce livre, et nous envoyons systématique un exemplaire de tous les ouvrages que nous publions à cette commission consultative. Cette commission n’a cependant pas le pouvoir de nous censurer… Mais la censure est bien plus insidieuse que ça. Des bibliothécaires, des profs nous assurent qu’ils aiment ce que l’on fait, mais ils en ont marre que des parents d’élèves ou des associations viennent se plaindre et demandent à ce que l’on retire tel ou tel ouvrage. Ils finissent par arrêter d’en commander. C’est cette pression qui crée une censure. Nous même, éditeurs et auteurs, on en finirait presque par s’autocensurer…»


JEAN A DEUX MAMAN: « UN LIVRE QUI FAIT FREMIR » ?

On se souvient également de la polémique survenue en 2005 autour du livre Jean a deux mamans: après la publication d’un article du Figaro au sujet de ce livre (plus d’un an après sa parution), la maison d’édition L’École des Loisirs avait reçu plus de 4000 lettres et courriels de boycott et d’insultes. Celle-ci nous a fait parvenir quelques-uns de ces courriers, voici ce que l’on peut y lire:

«Vous êtes les instigateurs de l’ignominie qui consiste à inculquer la pédérastie aux jeunes enfants», écrivait un abonné; «Vous n’êtes pas sans savoir que le fait de prôner l’homosexualité à des petits enfants, par le biais, d’un livre, est la façon la plus probable de les faire devenir homosexuels eux-mêmes. Il est intolérable et pernicieux de vouloir à tout prix faire passer dans les mœurs une pratique aussi dégradante (…). Vous portez atteinte à l’éducation que des parents normaux veulent donner à leurs enfants», écrivait un autre; «À quand la suite de la série: Papa s’envoie les enfants et maman le chien!» ironisait fièrement un troisième, etc. La maison d’édition avait également reçu pendant cette période des dizaines de bulletins d’abonnement renvoyés barrés, accompagnés d’insultes.

À l’époque, plusieurs associations, telles que l’Association départementale de la médaille de la famille française, s’étaient alors également emparées de l’affaire et avaient exercé leurs pressions pour faire retirer ce livre. Dans un communiqué de presse, l’Association familiale catholique de Nantes écrivait par exemple: «Pitié pour les parents qui ont le souci constant de l’éducation de leurs enfants (…). Vous vous devez, en pédagogues, de respecter l’innocence des enfants et de promouvoir dans vos ouvrages ce qui valorise le beau, le bien et le vrai! (…) Comme bien d’autres, nous avons décidé de ne plus soutenir votre maison d’édition tant que ce livre ne serait pas retiré du marché». Dans un même temps, l’association catholique Femina Europa appelait à son tour dans un communiqué «au boycott de l’éditeur L’École des Loisirs, sur tout le territoire national (bibliothèques municipales, écoles primaires et maternelles, crèches)» tant que «ce livre qui fait frémir» ne serait pas retiré. Elle accusait le livre «de diffuser des mensonges auprès de très jeunes enfants innocents et sans défense: Jean ne peut pas avoir 2 mamans, Jean vit avec 2 femmes à la maison mais une seule est sa mère. On lui ment». Elle accusait enfin la maison d’édition de se soumettre aux revendications de «groupuscules marginaux et extrémistes». La très réactionnaire pédiatre Edwige Antier avait ajouté sa petite touche personnelle à la polémique, assurant de façon tout à fait scientifique que «lire ou raconter ce genre d’histoire bouleverse tout et peut nuire à la construction psychique de l’enfant (…) L’homoparentalité est un fait marginal véhiculant des anti-valeurs».

Une somme d’ignorance, de violence et d’amalgames purement homophobes. Malgré les proportions que cette affaire avait prise, la maison d’édition n’a jamais eu à retirer son livre. L’École des Loisirs a reçu le soutien de l’Association des bibliothécaires français, qui s’est engagée à ne pas retirer cette publication des rayons, ainsi que de bien d’autres associations. Ce livre est aujourd’hui, cinq ans plus tard, toujours disponible. Mais l’on peut comprendre que face à une telle violence et de telles pressions, les professionnels soient plus réticents à publier un ouvrage traitant d’homosexualité, d’homoparentalité ou d’homophobie.


« MA RÉPONSE À TOUTES LES BÊTISES ET LES RÉFLEXIONS NAVRANTES »

Pourtant pour Jean-Christophe Mazurie, l’auteur de Philomène m’aime (P’tit Glénat), «c’est justement parce qu’il y a encore dans notre société ce genre de réactions, que nous devons continuer à traiter de ce sujet dans la littérature jeunesse. C’est un sujet de société très important, il faut parler du respect de l’autre, et combattre ces réactions homophobes, de la même façon que le racisme, par ce biais-là. J’ai d’ailleurs le sentiment de ne pas avoir choisi ce thème, il est venu à moi de façon évidente et il m’a semblé juste important de le traiter. Ce livre est en quelque sorte ma réponse à toutes les bêtises et les réflexions navrantes que j’ai eues l’occasion d’entendre ces dernières années. Ce qui m’intéressait c’était d’écrire l’histoire d’une petite fille amoureuse d’une autre petite fille, de la façon la plus simple et la plus évidente, sans faire de la psychologie de bas étage. Il est important de ne pas prendre l’enfant pour un idiot. Et puis, j’ai des neveux et en écrivant ce livre j’ai forcement pensé à eux. J’espère tout simplement que dans quelques années, quand ils auront à vivre leurs propres expériences, tout cela soit une évidence, que la question de leur orientation sexuelle ne soit pas un problème et ne nécessite pas de débat».

«Pour moi il est important de parler de tout, il est important de parler, tout court. De ne pas ignorer ce qui entoure les gamins. Aucun sujet ne doit être censuré, conclut à son tour Thierry Magnier. L’enfant est capable de juger si ça l’intéresse, si ça l’intrigue, s’il a envie d’en parler. C’est aussi ça la littérature, ça permet d’être attentif à d’autres façons de voir, d’autres façons de vivre. Quelle société aseptisée voulons-nous créer? Il faut revendiquer le droit à la différence et l’apprendre aux enfants. Leur apprendre qu’ils doivent s’aimer comme ils sont. Moi j’ai envie de leur en parler en tout cas, c’est dans ma politique éditoriale. C’est cela mon métier! Qu’on nous laisse donc tranquillement faire notre métier!».

Publié par Audrey Banegas
Illustration Jean-Christophe Mazurie, extraite de Philomène m’aime (P’tit Glénat)


http://yagg.com/2011/02/07/l%E2%80%99ho ... ble%C2%BB/
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Les conseils (sexistes) de Ouest-France et Okapi aux ados.

Messagede spleenlancien » 18 Nov 2011, 09:36

Julien Joly, Acrimed a écrit:Des conseils à une jeune fille mal dans sa peau qui se transforment en étalage de clichés sexistes : c’est ce qu’on pouvait lire mercredi dans la rubrique « Ados » de Ouest-France. Le quotidien régional y reproduit le courrier de « Margot, 12 ans », une adolescente qui « ressemble à un garçon », suivi de la réponse d’Okapi (qui s’offre du même coup deux colonnes de pub déguisée).

Margot, donc, a un souci : « Au collège, on se moque de moi, car je ressemble à un garçon ! J’ai essayé (…) de changer de look, mais rien n’y fait et je veux rester moi-même. » Notez cette phrase, elle est importante pour bien saisir la suite. L’extrait de la lettre se conclut par : « Même le garçon que j’aime ne veut pas sortir avec moi, de peur qu’on le prenne pour un homo ! » Ambiance.

Devant une telle injustice, le sang d’Okapi ne pouvait faire qu’un tour : « Mépriser quelqu’un à cause de son physique, c’est minable, et encore, je suis polie. » Oui, aux armes ! « Debout les grosses, les binocleuses, les boutonneuses, les « appareildentées » ! Révoltez-vous comme Margot » ! Il faut faire « évoluer les choses », clame Okapi, car « les insultes à caractère sexuel sont particulièrement infamantes. »

Je vous l’avoue sans honte : je me suis surpris à rêver d’Okapi lançant un mouvement genre « Occupy Wall Street », version cour de récré, distribuant des copies d’Indignez-vous !, préfacées par Virginie Despentes. Et ça continue :

« Margot, ne te laisse pas « traiter » ni intimider par ce garçon qui ne t’arrive pas à la cheville. Tout dans l’apparence et la peur du jugement, rien dans les sentiments (…). »

Prends ça ! Fébrile, je saute une ligne pour découvrir les conseils révolutionnaires de ce magazine chrétien soudain transformé en bastion féministe.

Et là, c’est la grosse déception

« Avec quelques efforts, rassure Okapi, et un peu de patience, tu deviendras vite une belle jeune fille. »

Pardon ? Ai-je bien lu ? Okapi ne vient-il pas de dire qu’il fallait mépriser « l’apparence et la peur du jugement » ? Remarquez, au passage, le raccourci insidieux : une fille qui « ressemble à un garçon » ne peut pas être « une belle jeune fille ». (Par contre, un garçon qui ressemble à une fille sera généralement considéré comme beau.)

Mais rassurez-vous, chers lecteurs, avec des « efforts » et de la « patience », Margot pourra enfin faire honneur à son genre et devenir fréquentable par les petits machos qu’on lui conseillait d’éviter trois lignes plus haut.

Se rebeller, d’accord, à condition de rentrer dans le rang juste après.

S’ensuit un paragraphe d’une vingtaine de lignes, consistant en une suite de « trucs pour se féminiser » plus réducteurs les uns que les autres. Florilège.
1 - « Porte de la couleur. A bas les couleurs unisexe (…) comme le noir ou le gris ! Ose des touches de rose vif ou de bleu pétard. »
Il y aurait des couleurs « unisexe » ? Première nouvelle. Ça veut dire que les autres couleurs sont réservées à un sexe plutôt qu’à un autre ? J’aimerais bien savoir lesquelles.
2 - « Adopte les bijoux. Il y en a plein qui sont bon marché, jolis et rigolos. »
Donc, on commence par habiller notre ado en « rose vif », puis on l’emmène dévaliser Claire’s. Ce qu’Okapi appelle « une belle jeune fille », je l’appelle une faute de goût. Passons.
3 - « Dans le moule (sic) : N’hésite pas à porter des vêtements plus ajustés qui mettront en valeur tes formes. »
Pardon ? Vous êtes sûrs qu’on parle toujours d’une fillette de 12 ans ? Si on part comme ça, je suggère à Okapi d’offrir avec son numéro d’été ces fameux maillots de bain rembourrés à la poitrine dès 7 ans.



Crédit photo : Le Point


4 - « Bouge en rythme. (…) Inscris-toi à un cours de danse pour apprendre à te mouvoir en souplesse. »

Après les couleurs printanières, les bijoux clinquants et les vêtements moulants, il ne manquait plus que les cours de danse. Et pourquoi pas de maintien et de chant, tant qu’on y est ?

On ne naît pas « belle jeune fille », on le devient

Remarquez qu’à aucun moment, Okapi ne propose à Margot une activité intellectuelle (comme lire un livre d’Elena Gianini Belotti qui nous apprend comment l’école transforme les enfants en parfaits petits misogynes). En matière de « trucs pour se féminiser », Okapi préfère cantonner ses lectrices dans les canons de leur genre et de leur âge. Liberté de se démarquer, de s’affirmer, de réfléchir par soi-même ? Connaît pas.

A présent, je ne suis pas sûr que Margot, qui déclarait dans sa lettre vouloir « rester [elle-même] », se sente beaucoup mieux dans ses baskets (si elle ne les a pas déjà troquées contre des talons-aiguilles).

Pour finir, imaginons un instant que demain, Kevin, 12 ans, écrive à Okapi pour se plaindre qu’avec son visage efféminé, les filles le rejettent « de peur qu’on les prenne pour des lesbiennes ». Son journal préféré lui conseillera-t-il de porter des vêtements informes et noirs, de jeter sa gourmette et de s’inscrire à un club de muscu ?

Heureusement qu’il demeure, aujourd’hui en France, des journaux courageux qui, comme Okapi et Ouest-France, se battent pour, comme le claironnait la rédactrice au début de son article, « faire évoluer les choses ».

En bonus, la couverture du dernier numéro d’Okapi : « Mixité au collège, c’est bien ou pas ? » Bien sûr ! Tant que chacun reste dans son rôle.


http://www.acrimed.org/article3716.html
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Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede bipbip » 11 Nov 2012, 03:13

Y a du boulot !

Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation Nationale :
ce n’est pas gagné !


La fédération SUD Éducation se félicite de la suspension (provisoire) du site internet du "dictionnaire des écoliers". Ce dictionnaire a été publié par le Ministère de l’Éducation Nationale et le Centre National de Documentation Pédagogique, puis suspendu le 5 novembre, suite à la vague d’indignation suscitée par cette publication, qui augure bien mal de la lutte contre le sexisme à l’école annoncée par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et Vincent Peillon, ministre de l’Éducation Natio­nale.

Ce « dictionnaire des écoliers » étale en effet les pires stéréotypes sexistes et véhicule en particulier une image infériorisée des femmes, ramenées à des rôles sociaux de mères, épouses ou ménagères. La "femme" « c’est une maman, une mamie ou une jeune fille. Elle peut porter des bijoux, des jupes et des robes. Elle a de la poitrine. ». Elle "va souvent acheter son pain". La "mère" est celle qui "repasse les affaires de toute la famille". Le "père", c’est « le mari de la maman, sans lui la maman ne pourrait pas avoir d’enfants. C’est le chef de famille parce qu’il protège ses enfants et sa femme. ». Une "dame" se rencontre "dans un supermarché". Enfin, un ou une "homosexuel-le" ...n’existent pas dans ce dictionnaire !

Ce document se dit issu d’expérimentations pédagogiques recueillant les définitions que les enfants donnent aux mots (enfants guidés "par leurs maîtres" mais apparemment pas par leurs "maîtresses", soit dit en passant). Mais ce sont bien des adultes enseignant dans les classes, ou travaillant au CNDP et au MEN qui ont trié, et choisi les définitions qui ont été publiées. Ils et elles portent la responsabilité de ce choix. Ce dernier est d’autant plus scandaleux que le dictionnaire en question semble bien destiné aux enfants. Le rôle de l’éducation nationale est-il donc de recueillir les notions issus de jeunes esprits déjà bien imprégnés du sexisme qui a cours dans la société, et de sélectionner les notions les plus rétrogrades afin de les propager aux autres enfants ? Si l’on voulait conforter le sexisme, on ne s’y prendrait pas autrement.

C’est pourquoi la Fédération Sud Éducation sera très attentive à la « révision » annoncée de ce dictionnaire.

http://www.sudeducation.org/Deconstruct ... types.html
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Re: Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede altersocial » 14 Nov 2012, 12:00

Mais ce sont bien des adultes enseignant dans les classes, ou travaillant au CNDP et au MEN qui ont trié, et choisi les définitions qui ont été publiées. Ils et elles portent la responsabilité de ce choix.


En faisant une revue de presse j'ai vu que les liens qui menaient aux noms des inspecteurs qui avaient validé ce sexisme sur le site officiel du cndp menait à une page supprimée, en cherchant en cache sur google on accède alors à la page (j'ai fait la capture d'écran), renseignement pris auprès de copains de l'Education ces inspecteurs/inspectrices sont des nommés purs-jus du sarkozisme dans le 94.
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Re: Déconstruction des stéréotypes sexistes dans l’Éducation

Messagede Pïérô » 27 Nov 2012, 11:26

"Dans les manuels de maths de terminale, le sexisme ordinaire côtoie les équations" :
http://sabrinabouarour.blog.lemonde.fr/ ... equations/
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Festival Genre et Enfance, 20-23-24 mars Lille

Messagede bipbip » 18 Mar 2013, 07:19

Festival Genre et Enfance
20 mars/ 23 mars /24 mars, Lille

Image


Festival GENRE ET ENFANCE

Le festival Genre et Enfance est là pour sensibiliser les enfants et les adultes à l'éducation non-sexiste et non-genrée.
Nous aimerions aider les enfants et les adultes à voir que "grandir fille" ou "grandir garçon" ne doit pas enfermer les enfants dans des activités ou des rôles en fonction de leur sexe.

Pourquoi les princesses ne pourraient-elles pas sauver le monde, et les super-héros faire le ménage et garder les enfants? Pourquoi doit on être soit une fille, soit un garçon? Pourquoi ne peut on pas être juste soi?

Tant de questions encore sur lesquelles nous aimerions nous attarder afin de construire différemment les rapports de genre et de sexe, et ce dès l'enfance, car c'est dès le plus jeune âge que nous sommes confronté-e-s aux archétypes

des adultes "parfait-e-s" que nous sommes sensé-e-s devenir.



Au programme :

Mercredi 20 mars :Rencontres-spectacle

12h Auberge espagnole - Repas convivial Chez Violette

14h à 17h Garde solidaire (gratuit) Chez Violette

15h Spectacle "Je nous tiens debout" par la compagnie Les Encombrantes - gratuit Maison Folie Moulins

16h30 Rencontre et discussion avec les Encombrantes


Samedi 23 mars : Fille = garçon au cinéma l'Univers

14h Accueil - à parir de 6 ans - prix libre

14h30 Projection de court-métrages d'animation

15h30 Goûter - ateliers - lectures - discussions - pour petit-e-s et grand-e-s


Dimanche 24 mars : Spectacle de marionnettes Chez Violette

17h "Parures" par Juliette Baron - spectacle pour adultes - gratuit - non-mixte
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