Tant qu'il y aura de la poussière

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Messagede Lila » 28 Mai 2017, 20:14

C'EST LA VIE

Partage des tâches ménagères: arrêtez de dire aux femmes "il fallait demander"

Les femmes organisent, les hommes exécutent.

VIE DE FAMILLE - Le partage des tâches entre les hommes et les femmes, c'est de mieux en mieux. Oui mais... Souvent, souligne la dessinatrice Emma dans une bande dessinée mise en ligne sur Facebook le 9 mai, le rôle des hommes se limite encore à la fonction d'"exécutant" quand les femmes sont "cheffe de projet".

C'est quelque chose qu'elle a pu constater auprès de ses amis notamment. Tout a commencé un soir, alors qu'elle était invitée chez un couple d'amis. La mère tentait de préparer le dîner tout en nourrissant ses enfants. Au bout d'un moment, la casserole déborde et le père lance "Mais... fallait me demander! Je t'aurais aidée!"

"Quand le partenaire attend de sa compagne qu'elle lui demande de faire les choses, c'est qu'il la voit comme la responsable en titre du travail domestique", écrit Emma. "C'est donc à elle de savoir ce qu'il faut faire, et quand il faut le faire." Sauf que le simple fait de réfléchir à la répartition des tâches, à l'organisation du quotidien, représente un travail considérable. C'est ce qu'on appelle la "charge mentale".

"Ce qui m'a inspirée, c'est mon histoire et surtout le fait qu'on soit nombreuses à avoir la même, à connaître le sentiment d'injustice, de se faire exploiter sans reconnaissance", souligne-t-elle auprès du HuffPost. "Et comme c'est pas une fatalité, il faut en parler! Il faut éduquer les garçons aussi à prendre soin des autres. Et j'aimerais que les hommes militent pour un plus long congé paternité", poursuit-elle.

Selon un rapport de l'Insee de 2015, les femmes continuent à assumer deux tiers du travail domestique. Ce qui ne veut pas forcément dire que les hommes en font plus, mais aussi que les tâches ont été externalisées. Sur Facebook, des milliers de femmes se reconnaissent en tout cas dans les cases de la dessinatrice. En moins d'une journée, sa publication a été partagée plus de 73.000 fois.

la suite : http://www.huffingtonpost.fr/2017/05/10 ... _22079044/
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Messagede Lila » 02 Juil 2017, 16:25

Le ménage est encore trop l'apanage des femmes

Qui fait le ménage à la maison ? Les femmes consacrent encore beaucoup plus de temps que les hommes aux tâches ménagères

Sur les réseaux sociaux, Jules Plisson, rugbyman du XV de France, le confesse : "Je ne passe pas le balai, je ne passe pas l'aspirateur, je ne fais pas la vaisselle et je ne range pas mes affaires". Selon un sondage OpinionWay réalisé pour La Boulangère, un homme sur cinq ne passe pas l'aspirateur parce qu'il pense que sa femme préfère le faire. 46% d'entre eux se sentent responsables du ménage à la maison, contre 92% des femmes qui considèrent à en avoir la charge. Elles sont majoritaires à penser que leur conjoint ne s'occupe pas assez des tâches domestiques.

la suite : http://www.francetvinfo.fr/internet/res ... 60763.html
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Messagede Lila » 23 Juil 2017, 16:47

Tâches ménagères : la charge mentale des femmes est confirmée par une étude

Une étude menée par OpinionWay pour La Boulangère nous montre des chiffres édifiants concernant la répartition des tâches ménagères dans les foyers et la perception qu'en ont les femmes.

La notion de « charge mentale » des femmes, expression canadienne, est un syndrome qui consiste à prendre seule la responsabilité de l'organisation des tâches quotidiennes au foyer. Elle a fait beaucoup de bruit il y a quelques semaines grâce à la dessinatrice féministe Emma et sa bande dessinée Un Autre Regard. Une étude sortie en juin dernier met en évidence l'inégale répartition des tâches ménagères dans un foyer, ainsi que le poids de cette charge mentale pour les femmes.

à lire : http://www.leparisien.fr/laparisienne/a ... 141731.php
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Messagede Lila » 08 Oct 2017, 20:47

Titiou Lecoq : "Laisser moisir le linge sale, c’est aussi un acte politique"

INTERVIEW. Pour l’auteure Titiou Lecoq, le prochain combat féministe doit se gagner dans la sphère privée. Qui est beaucoup plus politique qu’on ne le pense.

Dans Libérées ! (Fayard) la journaliste et romancière Titiou Lecoq explore la question de la répartition des tâches ménagères dans les couples hétérosexuels.

Pas très sexy ? D’accord, mais quand on referme l’essai, on a compris que le problème du linge sale n’est pas anecdotique. Et que le combat féministe, lui, est loin d’être gagné.

à lire : http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/no ... X0tZ7BIwfo
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Messagede Lila » 02 Nov 2017, 21:34

40 personnalités masculines signent une pétition pour "une réforme du congé paternel"

Julien Clerc, Vincent Delerm, Oxmo Puccino, Guillaume Meurice... tous demandent l'allongement du congé paternité, l'indemnisation de ces jours et l'inscription dans la loi de leur caractère obligatoire.

Une quarantaine de personnalités masculines signent une pétition en ligne, lancée par le magazine Causette, il y a une semaine. Tous réclament l'instauration d'un congé paternité obligatoire, à l'image de celui des femmes, et demandent à terme, "un allongement du congé paternité à six semaines", au lieu de onze jours actuellement. Pour les femmes, ce congé représente huit semaines obligatoires, dont six après la naissance.

Serge Hefez, psychiatre et signataire de la pétition, contacté par franceinfo, se qualifie "comme papa plutôt classique" de trois enfants, "qui travaillait beaucoup et s'en occupait assez peu". Il souhaite l'application d'''une loi qui engage notre société".

à lire : http://www.francetvinfo.fr/societe/droi ... 44828.html
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Messagede Lila » 02 Jan 2018, 00:11

Illusions et aménagements contre l’égalité

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« Le présent mémoire s’intéresse à l’écart qui existe entre la volonté admise des individus de partager les tâches domestiques et parentales de manière égalitaire et les données d’enquête qui font état de l’inégalité qui subsiste tant dans le temps alloué que dans le type d’activités exécutées par les hommes et les femmes. »

Dans son introduction, Julie Garon souligne les écarts de temps passés par les femmes et les homme dans le quotidien domestique et parental. Les statistiques – ici au Québec – sont sans ambiguïté, les priorités des un·e·s et des autres sont différentes, le temps consacré aux travaux ménagers et aux soins des enfants par les femmes est toujours plus important que celui assuré par les hommes. Cela a bien quelque chose à voir avec les rapports sociaux de sexe, l’ancrage « des références traditionnels de genre », la compréhension asymétrique de la notion de « responsabilité », les habitudes au long cours…

« Je souhaite comprendre pourquoi, alors que le mot « égalité » est sur toutes les lèvres et qu’il s’est même hissé au rang des valeurs communes de la société québécoise, un écart important sépare les uns des autres lorsqu’il s’agit de la prise en charge des activités de la maison » et sur quoi repose « les sentiments de satisfaction et d’insatisfaction conjugale »…

Je ne présente pas les éléments méthodologiques de cette étude. Je laisse aussi de coté des divergences d’appréciation sur certains points.

Dans les premiers chapitres, Julie Garon revient sur certaines études sociologiques, les changements socio-historiques, les relations de dépendance, le droit de la famille, la primauté juridique de l’époux, les tâches spécialisées suivant l’age et le sexe, l’urbanisation et l’industrialisation, la double journée de travail, le travail à l’extérieur des femmes considéré comme « quasi-illégitime et potentiellement immoral », les aller-retours entre travail domestique et travail salarié, le cantonnement des femmes à certains secteurs et emplois salariés, les positions du clergé, la seconde guerre mondiale, puis l’encouragement au retour des femmes au foyer, la généralisation et une certaine acceptation de la présence des femmes au travail extérieur, « Si bien que les vingt années comprises entre 1950 et 1970 peuvent être définies comme un intervalle durant lequel la participation des femmes sur le marché du travail se généralise et constitue un passage vers l’acceptation sociale du travail des femmes à l’extérieur et ce, malgré le fait que les femmes étaient présentes dans le monde du travail depuis le début de la révolution industrielle. »

L’autrice revient sur des acquis des femmes, l’abolition officielle du double standard en matière de séparation conjugale, la légalisation du divorce, le droit à la contraception puis la décriminalisation de l’avortement, l’abolition de l’infériorité légale des femmes, la suppression de la notion de « puissance paternelle », l’égalité économique des époux, les mesures de « conciliation travail-famille », le congé non-transférable des pères, les transformations de la composition des ménages québecois, la forte hausse des divorces, la mise à nu des inégalités économiques entre hommes et femmes, la monoparentalité le plus souvent féminine, l’union libre devenue courante, les naissances hors mariage, les « ententes » choisies de vie commune, le baby-boom puis la diminution des naissances, les taux de natalité et de fécondité, « Aujourd’hui, on constate qu’au Québec, le fait d’avoir des enfants n’est plus une caractéristique inhérente à la vie conjugale », la « crise » de l’institution familiale, les multiples formes de famille, l’accession des femmes au statut d’individu·e pouvant contrôler sa fécondité, un certain estompage de la frontière entre espace privé et espace public, la parentalité devenue optionnelle, les rapports aux enfants, les partages des tâches domestiques et parentales circonscrites, etc.

Je souligne que les effets matériels et asymétriques des rapports sociaux et leur imbrication ne sont pas évoqués. Ils seront, pour partie – système de genre -, réintroduits dans les chapitres suivants. Je rappelle aussi que ces évolutions n’ont rien eu de naturelles, que les femmes, par leurs luttes, les ont imposées aux différents groupes de réactionnaires et aux hommes progressistes…

Julie Garon analyse ensuite, la construction du sexe et du genre, « le cadre normatif qu’est la dichotomie de genre », les réalités matérielles – y compris les dimensions psychiques, les habitudes, les idéalités – souvent trop lourdes « pour que la simple volonté permette d’en changer ». Sexe et genre comme lieux de pouvoir, les préjugés des scientifiques, la construction historique des catégories, les divergences biologiques « perçues comme incommensurables », les manières de voir les corps, la nouvelle lecture biologique comme question politique, « Ni le sexe, ni le genre ne porte en soi une nécessaire distinction des êtres sur la base d’une essence qui leur serait propre… », les discours sur le sexe comme déjà « affirmation sur le genre », l’ordre du genre comme pouvoir politique, l’hétéro-normativité et l’homophobie, la construction de la virilité et ses privilèges (sur ce point, je rappelle la très belle préface de Jules Falquet au livre de Pinar Selek, Devenir homme en rampant, jules-falquet-2013-preface-au-livre-de-pinar-selek-devenir-homme-en-rampant-paris-lharmattan/), les constructions du masculin et du féminin.

Je souligne les pages sur le temps des femmes saturé de tâches, les vertus associées aux femmes, les normes de propreté et d’ordre, « les actions posées face à la saleté et au désordre portent la marque distinctive du genre », l’inégalité construite des hommes et des femmes face à l’univers domestique, les techniques ménagères spécifiques, la reconnaissance ou non des efforts accomplis, la « force insoupçonnée » des normes de genre versus la « norme égalitaire »…

Si l’égalité est bien une nouvel idéal social – au moins dans une partie de la population et de fait dans l’échantillon étudié – il n’en reste pas moins « Cependant, les données d’enquête montrent que l’égalité demeure jusqu’à aujourd’hui un rêve auquel ne correspond pas la réalité ». Et si l’égalité est un aiguillon, comment peut-on définir « le principe même de l’égalité » ?

Et comment oublier, dans de multiples discussions, les hurlements rageurs sur l’« égalitarisme », ce spectre infâme ou ce fantôme insipide, pour une fois encore refuser l’égalité réelle. Je n’évoque pas ici la réduction de l’égalité à la seule égalité de droit voire à la ténébreuse équité jamais définie. La « puissance de l’idée d’égalité » s’arrête devant le mur des rapports de pouvoir dont les un·e·s et les autres semblent s’extraire bien facilement (dans un domaine similaire, je rappelle le « Toutes les femmes sont discriminées sauf la mienne », indispensable).

Et dans les contradictions entre la force matérielle des rapports sociaux et l’idée souhaitable de l’égalité, des nouveaux modèles d’arrangement, un double standard asymétrique, la complémentarité plus traditionnelle, les écarts importants entre le dire et le faire…

« La présente étude vise donc à comprendre pourquoi, dans le contexte québécois contemporain, ce sont les femmes qui demeurent les principales responsables de l’univers domestique et ce, malgré une adhésion toujours plus prononcée des hommes et des femmes à un idéal d’égalité. »

Je laisse chacun·e se confronter à ces analyses comme miroir tendu (à chacun·e d’entre nous) sur les écarts entre les attentes et la réalité, sur les moyens choisis pour réduire les dissonances et masquer, avec des plus ou moins beaux habits, nos rapports à nous-même et aux autres, les équilibres pour nous justifier, les retours à la réalité, la gestion des mésententes conjugales, l’inégalité du partage dévoilée au grand jour, l’importance des regards extérieurs et nos aménagements avec la vérité, nos distanciation mentales avec ces rôles traditionnels allant « à l’encontre de l’idéal d’égalité », la négation des effets de la socialisation depuis la plus tendre enfance, l’adhésion maintenue à la maternité comme instinct, le refus de voir le poids du travail domestique et parental et de la charge mentale dans la vie des femmes, la gestion des insatisfactions, l’invention de causes extérieures à nos propres comportements, la négation de la possibilité d’interchangeabilité, ces « tâches traditionnelles masculines » jamais questionnées, les mots qui permettent d’accepter l’inacceptable, les « coups de mains » ne remplaçant pas le partage, la non-reconnaissance du travail accompli et du poids des charges…

L’égalité comme la démocratie n’ont pas franchi le seuil des foyers – est-ce même possible sans détruire cette séparation privée/publique ? – « L’égalité n’est donc pas acquise, pas plus qu’elle ne l’était au moment où les lois ont été adoptées ».

Et face à ces cristallisations des « rôles de genre », des rapports sociaux de sexe, il convient de « s’attaquer aux pratiques jusqu’ici inégalitaires des hommes et des femmes pour favoriser une interchangeabilité concrète et, par l’exemple généré, modifier la manière dont on conçoit socialement ce que c’est que d’être homme ou femme », en finir avec ces modèles de la « différence » et des conditions matérielles qui les engendrent et les perpétuent… Et probablement s’interroger sur la parentalité, la famille ou la vie en couple, et construire d’autres formes de coopération collective…

Que l’on partage ou non certains soubassements théoriques ou le choix d’auteur·e·s en référence, ce mémoire est d’une grande utilité. L’autrice montre la force matérielle, les effets concrets, des rapports sociaux de sexe (du système de genre), les écarts entre l’idée d’égalité et les réalités profondément inégalitaires – ici dans le quotidien de couples pourtant favorables à l’égalité femme/homme -, les irréconciliables réalités qui nécessitent, non des aménagements, mais bien un bouleversement social et politique pour que l’égalité soit tout simplement possible. Et cela implique un mouvement auto-organisé de femmes pour imposer ces changements matériels, qui ne seront pas de simples aménagements et réaménagements.

https://entreleslignesentrelesmots.word ... -legalite/
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Messagede Lila » 20 Jan 2018, 19:09

Couple : les jours de congé, c’est du boulot… pour la femme

Les inégalités dans le partage des tâches parentales et ménagères persistent au sein des couples, et ceci vaut aussi pour les jeunes, que l’on pensait plus « modernes » sur ce plan.

La « non-spécialisation » entre l’homme et la femme n’est pas d’actualité dans l’écrasante majorité des couples. Les mentalités ont sans doute évolué, mais on peut craindre que ce soit surtout dans le discours, et bien moins dans les faits. Cette enquête a été réalisée aux Etats-Unis (Ohio State University), sachant que ses enseignements peuvent être extrapolés à bien d’autres pays. Elle a porté sur des couples de la classe moyenne, avec des jeunes enfants, les deux parents exerçant une activité professionnelle.

Les chercheurs se sont intéressés en particulier au temps de repos ou de loisirs que s’accordent l’homme et la femme les jours de congé, sachant qu’il faut s’occuper des enfants et des tâches ménagères. Les résultats ont une portée globale, il s’agit de moyennes, mais le décalage est spectaculaire.

• Les jours de congé, les pères consacrent 47% de leur temps aux loisirs lorsque la femme s’occupe des enfants, et 35% quand elle effectue des tâches ménagères.

• Les jours de congé toujours, les mères consacrent 16% de leur temps aux loisirs lorsque l’homme s’occupe des enfants, et 19% quand il effectue des tâches ménagères.

Autrement dit, alors que le mari prend du temps pour lui quand sa compagne est accaparée par les contraintes parentales et ménagères, la femme relâche beaucoup moins la pression. On constate le même phénomène pour ce qui concerne le temps de repos de retour à la maison après une journée de travail. Comme l’expliquent les chercheurs, « notre étude conteste les théories qui suggèrent que la non-spécialisation est devenue une sorte de norme chez les jeunes parents. Les inégalités de genre persistent et caractérisent le temps consacré aux tâches familiales et aux loisirs ».


http://www.passionsante.be/index.cfm?fu ... t_id=25170
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Messagede Lila » 04 Fév 2018, 22:13

L’exploitation du travail domestique et son articulation avec l’exploitation salariale dans le capitalisme – Ou le féminisme matérialiste revisité, 2

Extrait du manuscrit LE FÉMINISME ATTAQUE LE MAL À LA RACINE

Marseille, novembre 2016 – déc. 2017 joel.martine@free.fr

Chapitre L’EXPLOITATION DU TRAVAIL DOMESTIQUE ET SON ARTICULATION AVEC L’EXPLOITATION SALARIALE DANS LE CAPITALISME

ou LE FÉMINISME MATÉRIALISTE REVISITÉ, 2

à lire : https://entreleslignesentrelesmots.word ... evisite-2/
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Messagede bipbip » 21 Avr 2018, 17:45

L’exploitation domestique, base de l’exploitation des femmes

Féminisme : L’exploitation domestique, base de l’exploitation des femmes

Si on croise les statistiques sur les inégalités au travail avec celles au sein de l’espace privé, on s’aperçoit d’un lien très fort entre les deux exploitations. Aucune mesure pour plus d’égalité dans la sphère publique ne sera efficace sans une remise en cause profonde de l’inégalité dans la sphère privée.

La vie domestique des femmes a deux caractéristiques principales : ces dernières passent beaucoup plus de temps à effectuer des tâches liées à l’entretien du domicile et aux soins aux autres personnes que les hommes, et les tâches qu’elles effectuent sont très spécialisées.

Exploitées au foyer...

Pour un couple sans enfants, les temps de tâches domestiques sont respectivement de 3h28 et 2h07 (quizz : qui fait 3h28 ?) ; pour un couple avec trois enfant dont un de moins de trois ans, on passe à 7h14 et 3h26 (on parle là de moyennes quotidiennes, incluant personnes en activité ou pas). Dans les mêmes configurations, les durées de soins aux enfants sont de 0h12 et 0h05 (sans enfant) ; 3h29 et 0h55 (avec trois enfants). Pour la partie ménage et courses, 2h59 et 1h17 ; 3h42 et 1h19, il est à noter que les hommes s’impliquent 2 minutes de plus dans le ménage et les courses quand ils ont trois enfants que quand ils n’en ont pas.

La dernière enquête Emploi du temps de l’Insee de 2010, d’où sont extraits ces chiffres, divise la journée en temps physiologique (manger, dormir…), temps de travail-formation, temps domestique et temps libre. Mais où se cache donc le temps de soins aux personnes âgées et aux malades ? Puisque quasiment toutes les femmes hétérosexuelles en couple font quasiment l’intégralité de toutes ces tâches domestiques et de soins, c’est donc que c’est leur nature, conclut la société. Là où nous, féministes et révolutionnaires, concluons plutôt qu’en patriarcat, l’exploitation est bien organisée.

… donc au travail et en politique

L’assignation des femmes aux tâches domestiques se ­retrouvent dans leur concentration dans peu de métiers. La moitié des femmes se retrouvent dans une dizaine de métiers (parmi 86 répertoriés), tandis que dans les dix métiers les plus masculins il n’y a que 30 % des hommes. Et certains métiers sont vraiment très féminins. Les aides à domicile, aide-ménagères et assistantes maternelles sont à 98 % des femmes, pareil pour les secrétaires, les employées de maison sont à 94 % des femmes (Dares 2011). Les aide-soignantes sont à 90 % des femmes, les infirmières et les sage-femmes à 88 %.

Les femmes sont donc, naturellement, sur représentées dans les métiers du ménage et du soin aux personnes, comme à la maison.

L’autorité étant bien sûr naturellement masculine, les femmes sont aussi surreprésentées au bas des échelles hiérarchiques. Effets combinés du plafond de verre, qui obstrue l’accès aux plus hautes fonctions et du plancher collant, qui attache les femmes aux tâches subalternes. Y compris chez les juges ou les médecins des hôpitaux, ou encore les syndicalistes.

Plus les femmes ont des enfants, et des enfants petits, plus elles abandonnent leur travail. Le taux d’activité (au travail ou en recherche d’emploi) des femmes est de 83 % en 2015, contre 93 % pour les hommes. Mais seulement 63 % des mères en couple ayant deux enfants sont en activité. Pour les pères en couple, c’est toujours plus de 80 %, quel que soit le nombre d’enfants.

Les temps partiels (« choisis » pour concilier ou imposés) sont occupés à 80 % par des femmes, et 30 % d’entre elles travaillent à temps partiel. C’est bien, ça laisse du temps pour nettoyer et emmener les enfants à leurs activités et faire les courses en chemin.

Les femmes occupent des emplois primordiaux pour la société. Garder et élever des enfants, assurer la relation dans les commerces, laver et nourrir les malades dans les hôpitaux, assurer les tâches qui permettent le maintien des personnes dépendantes à domicile sont des tâches dont l’utilité sociale est grande et incontestable. Faire partie de l’encadrement d’une société d’agrochimie, spéculer sur les matières premières, piloter des avions de guerre sont des métiers inutiles et dangereux. Mais il n’est pas nécessaire de se référer aux statistiques précises pour savoir que tous les « petits » métiers nécessaires exercés par des femmes sont mal payés, très mal payés.

En moyenne les femmes touchent un salaire inférieur de plus de 25 % à celui des hommes. 15 % s’expliquent par les temps partiels, les différences de métiers et de secteurs, les places dans la hiérarchie et environ 10 % ne s’expliquent pas. Les femmes touchent 20 % des plus hautes rémunérations contre 80 % des plus bas salaires.

Dans tous les domaines publics, la répartition des missions attribuées aux femmes s’aligne aussi sur leurs missions domestiques (même sous-traitées à d’autres femmes). Ministère de l’intérieur aux hommes, ministère de la Santé aux femmes ; sous-représentation dans les instances élues et dans leur direction (16 % des maires, 10 seulement à la tête d’un département, 3 à la tête d’une région). Si l’attribution de ces postes n’est pas notre champ de bataille, il n’en reste pas moins que les inégalités dans ce domaine montrent combien les femmes sont encore assignées au domaine privé, les hommes ayant la charge (avec le succès que l’on sait) des affaires publiques.

Une seule solution : l’égalité de répartition

Les tâches domestiques ne sont pas toutes du même ordre. Les tâches de soin doivent être reconnues pour leur grande utilité sociale et être assurées de façon bénévole ou salariée par tout le monde. Et les métiers concernés doivent être revalorisés, reconnus, bien payés et exercés dans des conditions dignes. Les tâches ménagères, elles, doivent être abandonnées par les femmes pour la partie faite au profit des hommes. Les femmes ne doivent plus assurer les tâches d’entretien des hommes, ni totalement l’entretien des enfants qui ont un père. Grève illimitée ? Colocations non mixtes ? Le futur féministe est à inventer.

Christine (AL Sarthe)


http://www.alternativelibertaire.org/?F ... des-femmes
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Re: Tant qu'il y aura de la poussière

Messagede Lila » 02 Sep 2018, 20:16

Qu’est-ce qu’est exactement le travail domestique ?

Pas seulement une liste de tâches – ce qu’on associe communément au travail ménager. C’est un travail effectué pour autrui, les hommes, et de façon non rémunérée, gratuite. Le féminisme matérialiste développe une nouvelle vision de la famille hétérosexuelle, où s’instituent des rapports de pouvoir. Cette analyse reste d’une grande pertinence aujourd’hui : même actives professionnellement, les femmes sont toujours tenues d’effectuer ce travail d’entretien du foyer.

Cet abécédaire, long entretien filmé de Christine Delphy avec Sylvie Tissot, explore en 26 lettres les concepts clefs de la théorie féministe (Genre, Travail domestique…) tout en revenant sur les épisodes de la vie de Delphy, ses rencontres et les événements historiques auxquels elle a participé.

Retrouvez L'Abécédaire ici : https://l.facebook.com/l.php?u=http%3A% ... _XIb8sTeKg

Ou en DVD là : https://l.facebook.com/l.php?u=http%3A% ... 6GsCkp2HKw

vidéo
T comme Travail domestique et famille
https://vimeo.com/223763647

https://www.facebook.com/encorefeministes/
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Re: Tant qu'il y aura de la poussière

Messagede Lila » 09 Sep 2018, 19:31

Le genre des politiques de conciliation travail/famille et le maintien des hiérarchies dans les rapports sociaux de sexe

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Dans leur introduction, Jacqueline Heinen, Helena Hirata et Roland Pfefferkorn soulignent que la notion de conciliation (articulation entre vie professionnelle et vie familiale) ne s’applique de fait qu’aux femmes. Cette notion est par ailleurs très critiquable, il vaut mieux mettre l’accent sur « sur la contradiction, la tension ou le conflit » car rien ne permet de supposer une harmonie dans les rapports sociaux. Elles et il, iels, abordent des politiques publiques, la prégnance de normes sociales, les configurations institutionnelles diverses et leurs contradictions, leurs effets…

Les textes proposés ont plusieurs objectifs : « Examiner, dans une optique historique, le rôle de l’État et des pouvoirs publics locaux ou régionaux quant à la configuration des rapports sociaux de sexe, dans la sphère du travail comme au sein de la famille – en lien, notamment, avec les facteurs démographiques et les fluctuations du marché de l’emploi. Analyser les diverses formes des modes de garde de la petite enfance et leurs effets contrastés pour les adultes concernés – les femmes, au premier chef – selon qu’il s’agit de services collectifs (crèches, maternelles) ou de dispositifs incitant à une prise en charge individuelle des jeunes enfants (congés parentaux de tous ordres, dégrèvements fiscaux favorisant l’emploi d’assistantes maternelles à domicile, etc.). Donner à voir divers modèles de répartition des tâches dans les activités de care (entre les hommes et les femmes et à l’intérieur du groupe des femmes) en fonction de la place assignée aux pères et aux mères, ainsi qu’en fonction des transformations économiques à l’échelle mondiale, de la polarisation Est-Ouest et Nord-Sud, et même Sud-Sud, ainsi que de l’importance et des caractéristiques des flux migratoires ».


Sommaire :

Dossier

Jacqueline Heinen, Helena Hirata, Roland Pfefferkorn : Politiques publiques et articulation vie professionnelle / vie familiale (Introduction)

Olivier Giraud, Barbara Lucas : Le renouveau des régimes de genre en Allemagne et en Suisse : bonjour ‘néo maternalisme’ ?

Fiona Williams, Constanza Tobío, Anna Gavanas : Migration et garde des enfants à domicile en Europe : questions de citoyenneté

Dorottya Szikra, Dorota Szelewa : Welfare et socialisme : de certains concepts relatifs au genre

Jacqueline Heinen : Les politiques familiales en Europe de l’Est : d’une époque à l’autre

Isabelle Attané, Catherine Scornet : Vers l’émancipation ? Politiques reproductives et condition des femmes en Chine et au Viêt-Nam

Bila Sorj, Adriana Fontes : Les politiques publiques au Brésil et l’articulation entre travail et famille. Une comparaison interrégionale

Hors-champ

Virginie Rozée : La domination masculine et l’image de la madresposa. L’exercice des droits reproductifs et sexuels des femmes boliviennes

Lecture d’une œuvre

Marie Garrau, Alice Le Goff : Différences et solidarités. À propos du parcours philosophique d’Iris Marion Young


Une remarque générale. Contrairement à la précision soulignée dans l’introduction, certain·es auteur·es semblent oublier l’extériorité socialement construite – ou dit autrement, leur auto-dispense – des hommes concernant l’articulation entre travail et « vie familiale » (travaux et soucis de ces travaux). Or, on ne peut, il me semble, aborder les « gestions » féminines sans en signifier le fondement. Toute politique institutionnelle, ne s’affrontant pas à cette inégalité, ne peut que renforcer la naturalisation de la famille et la division sexuelle des tâches – et pas seulement dans la sphère privée. Les politiques publiques ayant pour objet « la vie professionnelle et la vie familiale » des seules femmes ne sont donc jamais que des politiques d’inégalité des citoyen·nes. Elles ne peuvent que conforter les hiérarchies dans les rapports sociaux de sexe.

Cela ne signifie cependant pas qu’elles n’aient pas d’effets immédiats et à terme, que les marges d’autonomie de femmes ne varient pas, que les contradictions à l’oeuvre ne se déplacent pas ou ne se reformulent pas. Il convient donc d’étudier ces différentes politiques publiques et leurs impacts dans le temps.

« Par-delà les efforts consentis dans tel ou tel pays pour promouvoir l’autonomie économique des femmes, se dégage en effet la persistance – à des degrés variables, il est vrai – de pratiques sexuées en matière de care et de prise en charge des jeunes enfants. Et ces inégalités sont d’autant plus sensibles qu’il s’agit de femmes migrantes ou issues des catégories sociales défavorisées. La dimension comparative des études menées a ceci d’heuristique qu’elle donne un aperçu de l’ampleur des changements indispensables, sur le plan politique comme sur celui des représentations, pour que les politiques familiales s’adressent aux hommes autant qu’aux femmes et pour que la mixité s’impose enfin dans les pratiques ».

D’autres débats seraient nécessaires autour de la baisse radicale du temps de travail salarié, la requalification importante des postes occupés par les femmes (et de leurs rémunérations) – il n’y a pas de tâche que certaines feraient « naturellement » -, un congé naissance/adoption obligatoire et rémunéré pour les parents, des équipements généralisés pour accueillir les enfants en bas âge (au passage, suppression de la notion d’école « maternelle »), des structures collectives où les personnes plus âgées pourraient garder leur autonomie tout en étant accompagnées en fonction de leurs besoins. Est-il besoin de préciser que les emplois du « care » devraient être mixtes et non très majoritairement occupés par des femmes – sauf demandes particulières justifiées par les effets de l’inégalité des rapports sociaux de sexe (non-mixité de protection, accommodements raisonnables, action positive, etc.), que des alternatives devraient être favorisées hors des seules socialisations, actuellement familiales et/ou privées, pour/par celles et ceux qui le souhaiteraient…

Quelques éléments abordés dans les textes.

Modification des « régimes de genre » en Allemagne et en Suisse, les angles morts d’analyse n’intégrant pas le travail domestique, la distribution sexuée des rôles sociaux, la protection de la famille favorisée plutôt que la protection des individu·es, les discours néolibéraux sur l’« activation » des femmes sur le marché du travail, les régimes fiscaux non individualisés, le poids du temps partiel et des emplois « féminins », les structures de garde extra-familiaux, l’égalité de droit et l’égalité de fait, la notion de « libre-choix », « la valorisation des tâches de care se maintient dans la grammaire des rapports de genre marquée par le maternalisme »…

L’interférence entre les politiques de la petite enfance et les politiques migratoires, « Les recherches effectuées sur la chaîne du care en Europe révèlent, outre le caractère éminemment oppressif de ce travail, en quoi les dispositifs juridiques et migratoires fragilisent ces femmes sans statut de citoyenneté, dont le seul débouché est le secteur informel, sous-payé et dévalorisé, du travail domestique », la restructuration internationale de l’économie et du marché du travail, les nouveaux schémas d’inclusion et d’exclusion, la marchandisation des systèmes de garde des enfants, les itinéraires de migration, les déclassements sociaux et les conditions d’emploi, les protections des salarié·es et leur non-application dans les espaces domestiques, « La définition des normes de travail est beaucoup plus floue que dans d’autres secteurs d’emploi », une association de représentation collective des employé·es de maison, les assignations sexuées et les « devoirs de mère », la différence entre « être de la famille ou dans la famille », la dévaluation et l’invisibilité des travaux fait dans la sphère du privé…

Les anciens pays du « socialisme réellement existant », les concepts sexués de « maternalisme » et de « familialisme », l’absence de droits politiques, l’activité professionnelle, les conditions des allocations familiales, les programmes « s’adressant aux femmes en tant que mère », les évolutions du droit à l’avortement, la sacralisation de la famille, le double fardeau imposé aux femmes…

J’ai particulièrement apprécié l’article de Jacqueline Heinen : Les politiques familiales en Europe de l’Est : d’une époque à l’autre. Les similitudes au delà des options économico-politiques, la « rhétorique nationaliste incitant les femmes à conférer la priorité à leur rôle de mères », la soumission de l’individu·e « à l’Etat paternaliste omnipotent », les contradictions entre statut individuel et poids conféré à la famille, les replis sur l’univers familial, le rejet de l’« égalitarisme » et les souvenirs fantasmés de la « sécurité », la réduction des dépenses publiques et l’abaissement du montant global des allocations, les mesures pro-natalistes, la limitation voire l’interdiction du droit à l’avortement, la féminisation de la pauvreté, la montée des violences dans l’espace domestique et l’extension de la prostitution, l’extension de la sphère commerciale lucrative, la marginalisation des femmes sur le plan économique et politique…

Les politiques reproductives et la condition des femmes en Chine et au Vietnam, le contrôle de la croissance de la population, les mesures incitatives et répressives, les effets ambivalents de la libéralisation économique sur le statut des femmes, l’adoption du concept de « droits en matière de sexualité et de reproduction » comme partie intégrante des droits des êtres humains, les discriminations envers les filles, les avortements sélectifs des fœtus féminins, l’instruction comme facteur d’émancipation, les inégalités d’accès à l’emploi…

Le Brésil, le Programme Bourse Famille, « il consiste en des aides monétaires spécifiques attribuées aux groupes les plus démunis de la population ; l’autre étant la politique générale de la petite enfance qui donne aux enfants de moins de six ans accès à des crèches et à des maternelles », l’augmentation de la part des femmes sur la marché du travail, le non partage du travail domestique, la précarisation de l’emploi, l’« altruisme » maternel des femmes et le renforcement des visions maternalistes, les politiques axées sur la lutte contre la pauvreté et les mesures qui ne favorisent pas l’émancipation des participantes…

Coordonné par Jacqueline Heinen, Helena Hirata et Roland Pfefferkorn : Etat, Travail, Famille

« conciliation » ou conflit ?

Cahiers du genre N°46/2009

Editions L’Harmattan, Paris 2009, 270 pages, 24,50 euros

Didier Epsztajn


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