Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede bipbip » 05 Nov 2013, 11:49

La première "salope" répond aux "343 salauds"

Pour Nicole Muchnik, à l'origine du "Manifeste des 343 salopes", les signataires de l'appel "Touche pas à ma pute", loin de se préoccuper du sort des prostituées, ne défendent que leur portefeuille.

En écho aux "343 salopes" qui défendaient leur droit à l'avortement dans les années 70, "343 salauds" (en réalité, ils ne sont que 19) signent aujourd'hui dans "Causeur" un manifeste pour défendre leur droit d'aller "aux putes" (sic). Ils s'y inquiètent "que des députés édictent des normes sur [leurs] désirs et [leurs] plaisirs", dénonçant une "répression déguisée en combat féministe".

Nicole Muchnik est à l'origine de la publication du "Manifeste des 343", dans "Le Nouvel Observateur", le 5 avril 1971, avec Jean Moreau. Elle fait partie des "salopes" pour "Charlie Hebdo" qui rebaptise une semaine plus tard le Manifeste. "J'ai trouvé ça amusant", se souvient-elle aujourd'hui. Car Nicole Muchnik n'a jamais eu froid aux yeux. Cette journaliste originaire de Tunis a aujourd'hui 77 ans, et elle a été de tous les combats, de la Guerre d'Algérie aux grandes luttes de la gauche, en passant par le féminisme. On serait bien en peine de la faire passer pour une puritaine, car prôner la liberté à avorter, à disposer de son corps en tant que femme avait à l'époque une odeur de souffre.

Aujourd'hui, Elisabeth Lévy, directrice de publication de "Causeur" souhaite avec les "343 salauds", "emmerder les féministes d'aujourd'hui". Et celles d'hier, qu'en pensent-elles ? Interview.

Les "salauds" revendiquent le "droit de jouir"(sic) et le "droit à la différence", se comparant au manifeste initial. Quelle est la différence entre revendiquer la liberté d'avorter et la liberté d'aller "aux putes", comme ils disent ?

- Ça me blesse énormément et je vais vous dire pourquoi : il n'y a pas longtemps, j'ai lu que l'ex-présidente de la Communauté de Madrid avait écrit "Après tout, si quelqu'un veut vendre son sexe, pourquoi pas ? Pourquoi le corps, le sexe ou n'importe quoi d'autre de ce genre serait en dehors du marché ?"

C'est ce qui me choque aujourd'hui, de la part des 343 salauds qui portent très bien leur nom et qui défendent cette "liberté". C'est scandaleux : vendre son corps c'est en faire une marchandise. Pourquoi ne pas vendre des enfants, des organes, des esclaves?

L'avortement, c'était bien autre chose : c'était un droit à la liberté de disposer de notre corps.

Qu'avez-vous ressenti en apprenant cette publication ?

- Je trouve comique que ces hommes, qui passent pour être intelligents, protestent parce qu'on touche à leur portefeuille, parce qu'on leur inflige une amende. C'est fantastique... et profondément hypocrite. A côté, ils ne parlent pas ou à peine, pour s'excuser, du fait que ces femmes soient en réalité des esclaves du sexe.

Je n'ai franchement rien contre le fait qu'une petite bourgeoise ait envie de se faire un "type" en fréquentant un hôtel de passe ou ce qu'elle veut, c'est sa liberté. La prostitution, c'est bien autre chose, c'est de la vente de femme, et rien d'autre. C'est bête d'avoir à répéter encore que le corps et la tête forment un ensemble: quand on vend son corps, surtout sous la contrainte, on vend aussi sa tête. Et quand Elisabeth Levy [directrice de la rédaction du magazine "Causeur", NDLR] parle des féministes comme de la "brigade des plumeaux", c'est grave. Quelle est cette confusion ? Qu'est-ce qu'elle a dans la tête cette bonne femme ?

Ce manifeste des salauds est-il le symptôme d'un véritable recul en terme d'égalité femmes-hommes ? Qu'est-ce que ça représente ?

- Ces hommes ne représentent qu'eux-mêmes : une poignée d'imbéciles qui se font de la pub. Je crois que la société française n'en est pas à ce point là, même si la prostitution est un réel problème. Je ne crois pas que ce soit représentatif de la société, et surtout, des hommes.

A titre personnel, que pensez-vous de la pénalisation du client, qui est proposé aujourd'hui par le gouvernement?

- Il faut en passer par là il me semble, malheureusement. Comme pour les quotas : on ne devrait pas avoir à les infliger dans une société civilisée, mais on voit qu'il faut en passer par là.


Propos recueillis par Alice Maruani - Le Nouvel Observateur

http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/ ... lauds.html
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 06 Nov 2013, 02:15

jeudi 7 novembre 2013 à 19h, à l'AGECA, 177 rue de CharonneParis 11e

Femmes étrangères et système prostitueur en France :
pour l'abolition !


Vous êtes invités à la rencontre débat organisée par le RAJFIRE et le Mouvement du Nid (délégation de Paris)

Pour l'abolition du système prostitueur, des combats décisifs se mènent aujourd'hui. Le rapport et les préconisations adoptés par la Délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale le 17 septembre 2013* doivent déboucher sur une grande loi globale et des mesures concrètes et ambitieuses afin que disparaisse ce système d'exploitation, d'oppression et de violence !

En présentant notre perspective abolitionniste, nous mettrons l'accent sur l'oppression des femmes étrangères ou migrantes dans le système prostitueur et sur l'exigence du droit d'asile, du droit au séjour, de véritables alternatives pour les victimes de cette oppression.

Les interventions seront suivies d'un débat

Entrée libre, inscription obligatoire (envoyer un mail à rajfire@wanadoo.fr )

http://rajfire.free.fr/spip.php?article330

N'hésitez pas à relayer cette invitation, à imprimer et diffuser le tract ci joint :
http://www.demosphere.eu/files/docs/f-1 ... -fname.pdf

Rajfire

Réseau pour l'autonomie des femmes immigrées et réfugiées
tel : 01 44 75 51 27 - mail : rajfire@wanadoo.fr - site internet : http://rajfire.free.fr/

http://www.demosphere.eu/rv/28392
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 15 Nov 2013, 01:54

Il y en a une qui trouve que l'appel des 34(3) machos fait écho à sa demande de libéralisation de son commerce. Il y en a même qui ont pensé que cela faisait partie de la revendication des prostituées en général, prostituées qui à mon avis aspirent à une autre vie, cette grande partie des prostituées réduite à l'état d'esclaves sexuelles. Et dans l'état de confusionnisme qui touche une partie du mouvement anar il y en a même qui pensent que c'est à mettre en forum pour participer à contredire ce qu'on appelle féminisme et abolition de la prostitution : http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 40#p154667 . (Il me semble de temps en temps important de souligner qu'il existe dans le mouvement anar des caricatures ambulantes, là à la cnt-ait de la tendance scissionniste toulousaine mais en cheville avec certains membres de la FA et qui en chœur participent à ranger au placard ce type de combat, fiers de mener sur un forum dont ils ont évacué toute forme de vie militante libertaire un super combat contre on sait plus bien quoi tellement ça devient confus, les communistes-libertaires étant poursuivis et éradiqués et les anarcho-capitalistes bienvenus).

La prostituée de luxe, une toute petite exception dans le monde de la prostitution.

"Anna, escort girl depuis deux ans, adresse une lettre ouverte aux abolitionnistes de la prostitution. Avec virulence, elle réclame le droit de disposer de son corps librement".

C'est dans "Prostitution: je suis une "pute de luxe", je préfère les "343 salauds" aux abolitionnistes" - le Plus

http://leplus.nouvelobs.com/contributio ... istes.html

Mais pourquoi ne pas dire le reste. Pourquoi ne dit-elle pas qu'elles sont 0,5 % à 2 % selon les pays mais que c'est d'elles que l'on parle lorsque l'on évoque la prostitution de grand confort, choisie, de luxe, "quand je veux, comme je veux", douche avant, douche après, champagne au frais.

Voilà ce qui fait fantasmer une large fraction des hommes sur la planète. Mais on est bien loin des horreurs de la prostitution ordinaire, de ses violences et de son racisme. Grosso modo, 99% de la prostitution constitue un véritable enfer sur terre, un enfer contre les femmes, à cause de la misère, de l'action des proxénètes et de celle des clients et parfois de la complicité des épouses des clients.

Sur cet écart lire :

FEMEN (1) : "L'Europe doit se défaire de sa vision romantique de la prostitution choisie. Ces situations existent certes, mais dans un infime pourcentage, et ne doivent pas servir d'excuse (facile et lâche) pour ignorer la souffrance de millions d'autres. Par ailleurs, ce sera faire preuve d'honnêteté que d'admettre que la prostitution n'est pas, la plupart du temps, exercée par des européennes. A Paris par exemple, les prostituées sont asiatiques à Belleville, ouest africaines à Barbès, slaves à Pigalle. La prostitution parisienne est exercée par des femmes pour assurer leur survie économique. Appelez ça un "choix" si vous le souhaitez, mais admettez qu'elles n'en ont pas tellement d'autres (ici la tautologie est nécessaire)."

http://www.huffingtonpost.fr/inna-schev ... ostitution

"La prostitution, c'est un nombre incalculable et quotidien de pénétrations vaginales, anales, buccales non désirées. La question de la santé des personnes prostituées ne peut être posée si l'on refuse d'ouvrir les yeux sur cette réalité. L'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), dans son rapport sur la santé des personnes prostituées, alerte sur les divers et nombreux problèmes liés à l'exercice de la prostitution : maladies sexuellement transmissibles, addictions et pathologies liées à la précarité, problèmes gynécologiques, lésions secondaires consécutives à des violences…


in Ce sont les acheteurs de sexe qu'il faut pénaliser"
http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... #no_mobile

http://blogs.mediapart.fr/blog/christia ... ostitution?
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Béatrice » 17 Nov 2013, 21:57

J'ai lu ci et là les arguments émanant de membres de diverses organisations libertaires, se déclarant hostiles à la pénalisation des clients qui ne me convainquent absolument pas,
et contre lesquels des questions de fond très précises se posent et qui ne sauraient souffrir de réponses "échappatoires" :

Le corps de l’individu doit-il, oui ou non, échapper à tout commerce ?

Peut-on être féministe et défendre le servage des femmes ?

Des prostituées qui défendent la liberté de se prostituer : féministes ou pas ?


Sur ces questions, la très courageuse féministe Gisèle Halimi, qui ne s'est jamais démentie dans les combats féministes qu'elle a menés ( y compris contre son camp politique ), apporte quelques éléments de réponse : ( 2009 )


Pourquoi n’avons-nous pas plus avancé depuis 30 ans sur la prostitution ?


Parce que nous sommes dans une société patriarcale, une économie faite par ceux qui possèdent et qui sont des hommes. Rappelons que 1% du patrimoine immobilier de la planète appartient à des femmes. L’économie, la loi sont patriarcales mais, plus encore, la culture, la publicité, le conditionnement des esprits, avec ces expressions insupportables du type "le plus vieux métier du monde". Le message, c’est : résignez vous ! Il y a toujours un conditionnement pour que les femmes se résignent.

- Mais certaines disent qu’elles ont choisi…


En 1975, j’ai reçu Ulla , qui défendait la liberté de se prostituer. Depuis, sont apparues ces jeunes "féministes" — qui ne sont pas des féministes, je ne les ai guère vues dans les grands combats —, qui ont perverti, dévoyé le principe du droit à disposer de son corps, pour lequel les femmes se sont tant battues.

Car au gigantesque conditionnement social, s’ajoute le poids de celles que j’appelle les "femmes harkis ", celles qui se font les complices du pouvoir masculin, qui font les choses que les hommes veulent faire contre les femmes…

Sur le viol, on a progressé, mais c’est une violence visible. Tandis que la prostitution, on l’habille comme un choix. Et c’est cela qu’il faut combattre radicalement. Pour avancer, il faut s’attaquer au noyau dur de toute l’affaire, la fameuse "nature" masculine, "l’instinct sexuel" de l’homme, alors que les spécialistes savent bien que c’est des fariboles !

- Comment contrer la thèse du libre choix ? Faudra-t-il encore trente ans ?


On a mis plus que ça pour l’esclavage. Il est vrai que la prostitution, c’est l’esclavage moderne. D’abord, il faudrait un lobbying plus puissant à l’ONU. Le camp d’en face l’a bien réussi, lui, avec sa notion de "prostitution forcée" laissant entendre qu’il y a une prostitution libre. Les adeptes du choix n’ont jamais entendu de prostituées ! Elles n’ont aucune idée des réalités. Moi j’en ai entendu, j’ai entendu leurs souffrances.

Bien souvent, celles qui disent qu’elles sont bien ont dix ou vingt ans de prostitution derrière elles et ne veulent surtout pas revenir sur le traumatisme du départ. Elles se résignent.
Les femmes qui défendent le libre choix sont des carriéristes qui se font bien voir sur les plateaux de télé. Ça fait libéral. Nous, nous serions le camp de la répression.

Mais pénaliser les clients, ce n’est pas une question de répression, c’est une question de principe. Le corps de l’individu doit-il, oui ou non, échapper à tout commerce ? Si on s’appuie sur le "libre choix", pour beaucoup il n’y aura plus de choix, justement. On ouvre la porte à toutes les dérives. Pourquoi ne pas vendre ses organes au nom du libre choix ? Celui qui sera "libre" de donner son rein sera l’homme des favelas de Rio, au profit du PDG occidental.

Qu’on nous montre une seule femme riche qui ait envie de donner son ventre à une femme pauvre pour qu’elle ait un enfant (à part une mère, une sœur, concernées personnellement) ? J’attends des exemples.
Ce sont des arguments spécieux, pervers, qui contredisent des principes universellement reconnus comme la non commercialisation du corps. Ce n’est même pas du féminisme. C’est un humanisme minimum.

http://www.prostitutionetsociete.fr/ecl ... -feministe


Et rappel de son engagement et combat féministe :

http://www.justice.gouv.fr/histoire-et- ... 24792.html

http://danactu-resistance.over-blog.com ... 65305.html
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Béatrice » 19 Nov 2013, 18:14

Allemagne:
Légalisée depuis 2002, la prostitution fait de nouveau débat, à la suite d'un appel de la féministe Alice Schwarzer, l'Allemagne étant devenue la plaque tournante du trafic de femmes en Europe et le paradis des touristes du sexe venant des pays voisins.

Abolir l’esclavage de la prostitution

Au moment où paraît en France un manifeste pour “aller aux putes” sans entraves, la journaliste et militante féministe Alice Schwarzer mobilise 90 personnalités et part en campagne pour l’abolition de la prostitution.

La prostitution, “le plus vieux métier du monde” ? “Un métier comme les autres” ? La prostitution n’étant pas vouée à disparaître, c’est une utopie de vouloir la supprimer ?

C’est faux. Il n’y a pas si longtemps, l’abolition de l’esclavage aussi paraissait utopique. Et même si l’esclavage n’a pas entièrement disparu de ce monde, il serait aujourd’hui impensable pour un Etat démocratique, éclairé, de le tolérer, voire de le laisser s’étendre. Or c’est précisément ce que fait l’Allemagne avec la prostitution : elle tolère, elle soutient même cette forme d’esclavage moderne (ce white slavery – “esclavage blanc”). La réforme de la loi sur la prostitution de 2002, censée servir les 700 000 femmes (estimation moyenne) qui travaillent dans cette branche, porte la griffe des trafiquants de femmes et de leurs lobbyistes.

Depuis, l’Allemagne est devenue la plaque tournante du trafic de femmes en Europe et le paradis des touristes du sexe venant des pays voisins. Voilà l’exception allemande. Même les Pays-Bas font marche arrière. Les pays scandinaves, eux, interdisent et sanctionnent depuis des années déjà le fait d’avoir recours à une prostituée. La France et l’Irlande sont sur le point de leur emboîter le pas. Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, le trafic de femmes et la prostitution, indissociables l’un de l’autre, sont le secteur, avec le trafic d’armes et le trafic de drogue, dont les taux de profit sont les plus élevés (plus de 1 000 %). Or ces profits ne vont pas aux femmes. Même la minorité de prostituées d’origine allemande, souvent victimes dès l’enfance de violences sexuelles, vivent à plus de 90 % dans la pauvreté lorsqu’elles atteignent la vieillesse. Le cas des étrangères qui se prostituent sous la contrainte ou pour échapper à la misère est pire encore.

Le système de la prostitution est à la fois une exploitation et une perpétuation de l’inégalité traditionnelle entre les hommes et les femmes (comme entre les pays et les continents). Ce système rabaisse les femmes, qui ne sont plus que sexes vénaux, et nuit à l’égalité entre les sexes. Il injecte une brutalité dans le désir et affecte la dignité humaine des hommes comme des femmes – y compris celles qui ont “choisi librement” la prostitution.

C’est pourquoi nous exigeons des responsables politiques et de la société : – une modification de la législation qui mette un terme le plus rapidement possible à la libéralisation du commerce des femmes et de la prostitution, et qui protège les femmes ainsi que la minorité des hommes prostitués ;
– des mesures de prévention en Allemagne et dans les pays d’origine des prostituées, ainsi que des moyens pour aider les femmes à sortir de la prostitution. Des mesures de protection pour celles qui témoignent afin de les prémunir contre les expulsions et de leur garantir le droit de séjour ;
– l’information la plus large, dès l’école, sur les conséquences auxquelles s’exposent ceux qui achètent des femmes ;
– la proscription et, si nécessaire, la condamnation des clients, c’est-à-dire des personnes qui achètent des femmes, sans qui ce trafic humain n’existerait pas ; – des mesures qui mènent à court terme à l’endiguement et à long terme à l’abolition du système de la prostitution.
Oui, on peut imaginer une vie dans la dignité.

Alice Schwarzer

http://www.courrierinternational.com/ar ... ostitution
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 21 Nov 2013, 02:05

appel, freezing, Les efFRONTé-e-s
Samedi 23 novembre à 12h à Paris
Un orgasme, ça n’a pas de prix !

MANIFESTATION : ABOLITION DU SYSTÈME PROSTITUEUR

Métro Montparnasse, place du 18 juin
(Évènement Facebook https://www.facebook.com/events/1407311 ... r&source=1)

Samedi 23 novembre dès 12h pour notre FREEZING

La prostitution constitue la dernière violence patriarcale que la loi ne condamne pas. 
Pire, ce sont les victimes qui sont condamnées au titre du racolage, tandis que les clients ne sont en rien responsabilisés. Une proposition de loi sera discutée à l’Assemblée Nationale fin novembre : allons-nous enfin légiférer en faveur de l’abolition ?

◾Une question de principe *

Parce qu’un corps, ça ne s’achète pas ! Tout n’est pas à vendre, malgré les discours de l’ère néolibérale dans laquelle nous vivons, qui veut tout soumettre aux lois du marché. C’est à l’État de légiférer pour inscrire des principes humanistes dans le droit. L’État de droit pose les fondements et les valeurs d’une société.

→ Pénalisation du client prostituteur. Acheter un acte sexuel doit constituer un DÉLIT. La sexualité ne doit pas devenir un marché : si on s’attaque à la demande, on étouffe l’offre et le marché qui va avec.

→ Abolition du délit de racolage : le coupable, c’est l’acheteur, il ne faut jamais criminaliser les victimes.


◾Une question sociale *

⁃ VULNERABILITE ECONOMIQUE : L’écrasante majorité des prostituées sont des précaires, immigrées (80%) et/ou en situation d’irrégularité. 90% sont sous le joug de proxénètes.

⁃ VULNERABILITE PSYCHOLOGIQUE : Beaucoup ont subi des violences sexuelles durant l’enfance (33%), ont une mère ou une parente proche prostituée (50%), selon « Le livre noir de la prostitution » d’Elizabeth Coquart et Philippe Huet (Albin Michel, 2000). L’âge d’entrée moyen dans le système prostitueur est de 14 ans dans le monde (l’OIT).

→ Mise en place de programmes de sortie de la prostitution.

→ Octroi de titres de séjour aux femmes étrangères victimes de la prostitution.


L’abolition est incompatible avec les politiques d’austérité ! Un budget dédié à la lutte contre le système prostitueur doit permettre de :

◾Pérenniser le travail des associations spécialisées et de terrain.
◾Développer des structures publiques pour accompagner les personnes prostituées autour de projets d’insertion, sur l’ensemble du territoire national.
◾Lutter contre la pauvreté des femmes, c’est à dire contre le sous-emploi. Hausse du SMIC, développement des services publics, lutte contre le temps partiel subi !


◾Une question d’égalité Femmes – Hommes *

⁃ La quasi-totalité des clients sont des hommes.

⁃ Une écrasante majorité des personnes prostituées sont des femmes ou des fillettes : 98%

⁃ L’égalité passe aussi par une transformation de l’imaginaire. La culture sexiste dominante n’est pas immuable. Il faut chasser de l’environnement juridique et culturel l’idée que les corps des femmes seraient à la disposition du désir des hommes via un rapport marchand.

→ légiférer comporte un effet normatif : ce qui est dans la loi, quand elle est appliquée, fait peu à peu consensus et transforme les comportements.

→ mettre en place des politiques pédagogiques de sensibilisation à la sexualité des femmes et des hommes dès l’enfance, adaptées à l’âge de chacun-e.

* Des exemples à suivre (ou pas) *

- À suivre : la Suède. La loi abolitionniste de 1999 a prouvé son efficacité, et fait aujourd’hui consensus auprès de 70% de la population : baisse du nombre de viols, baisse des réseaux de proxénètes etc.

- À ne pas suivre : la loi réglementariste des Pays-Bas ou de l’Allemagne. Dans ces pays, nous voyons la recrudescence des réseaux mafieux (qui sont reconnus comme des « entrepreneurs » !) et des viols, car ce qu’on peut acheter, on peut aussi le voler.

CONVAINCU-E-S ?

RDV à Montparnasse, place du 18 juin – Samedi 23 novembre à 12h pour notre freezing

http://effrontees.wordpress.com/2013/11/18/2354/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Béatrice » 22 Nov 2013, 00:04

Pour l'ultra libérale Elisabeth Badinter ( Fille de Marcel Bleustein Blanchet, fondateur du groupe Publicis dont elle est le premier actionnaire avec 12% du capital ),
« l’État n’a pas à légiférer sur l’activité sexuelle des individus », la prostitution ne serait donc qu’une « activité » comme une autre !


Les arguments qu’elle avance sont, sinon douteux, du moins très étranges…

1. Ainsi, pour Badinter, « l’État n’a pas à légiférer sur l’activité sexuelle des individus ». La prostitution ne serait donc qu’une « activité » comme une autre ? La philosophe étaye sa conception ultralibérale au nom du féminisme. Interdire aux prostituées « de faire ce qu’elles veulent avec leur corps serait revenir sur un acquis du féminisme qui est la lutte pour la libre disposition de son corps », affirme-t-elle. Les féministes n’ont-elles jamais lutté, aussi, pour que la sexualité soit libre et consentie ?
2. L’auto-proclamée défenseuse s’emmêle encore plus les pinceaux quand elle évoque les hommes, dont elle prétend prendre la défense – c’est bien connu, ils sont incapables de le faire eux-mêmes… « L’appel des 343 salauds » ? « C’était une intervention nécessaire, car je suis frappée du silence des hommes (sic) dans ce débat. » Pour Badinter, les hommes seraient-ils donc tous des clients ? Et penseraient-ils donc tous, comme les « 343 salauds », qui affirment qu’ils ont « droit à leur pute » ?

3. Dans une autre partie de l’interview, elle amalgame encore la « sexualité masculine » avec les pratiques des clients. Comme si le recours à la prostitution faisait partie de l’ADN mâle… « Je ressens cette volonté de punir les clients comme une déclaration de haine à la sexualité masculine, dit-elle. Il y a une tentative d’aligner la sexualité masculine sur la sexualité féminine (…). Ces femmes qui veulent pénaliser le pénis décrivent la sexualité masculine comme dominatrice et violente. Elles ont une vision stéréotypée très négative et moralisante que je récuse. » N’est-ce pas également ce qu’elle vient de sous-entendre en évoquant la « sexualité masculine » comme différente de la « sexualité féminine » ?

Si l’on avait jusque-là des doutes
sur le prétendu féminisme d’Élisabeth Badinter, la philosophe vient de le démontrer : les hommes non plus ne lui diront pas merci.

http://www.politis.fr/Prostitution-l-et ... 24559.html


Ses prises de position sont au niveau de son portefeuille boursier :

Fille de Marcel Bleustein Blanchet, fondateur de ce groupe publicitaire dont elle est le premier actionnaire avec 12% du capital, Elisabeth Badiner assume en effet sans barguigner un héritage paternel qui véhicule encore aujourd’hui des représentations sexistes de la femme. Ne doit-on pas à Publicis, en 2002, cette campagne de la marque de soutien-gorge Barbara qui faisait dire à une mannequin dénudée « quand on me dit non j¹enlève mon pull » ou « mon banquier me préfère à découvert » ?

http://www.acrimed.org/article1393.html
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 23 Nov 2013, 15:17

Tract d'Alternative Libertaire à l'occasion de la mobilisation contre les violences faites aux femmes

Féminisme

Liberté = abolition du système prostitueur

C’est un système qu’il faut abolir. 110.000 euros net par an, c’est, en moyenne, ce que rapporte une prostituée au réseau de proxénétisme qui l’exploite, en Europe. En France, cela représenterait un chiffre d’affaires d’environ 3 milliards d’euros. Tout cela sous la menace des coups, des viols, de la toxicomanie, à raison de 10 à 15 passes par jour. En France, la soumission à un réseau de traite concerne plus de 85 % des prostituées. C’est ce système qu’il faut abolir, en cassant le marché de la prostitution.

Comment abolir ?

En premier lieu, en faisant reculer la misère.
- par le droit au logement ;
- par le droit à un revenu pour toutes et tous (ne serait-ce que l’accès au RSA pour les moins de 25 ans)
- par la liberté de circulation des migrant.e.s (qui, forcé.e.s à la clandestinité, sont une proie idéale pour les proxénètes).
- par l’éducation des hommes à des rapports non sexistes.

Le problème, c’est que quel que soit le discours féministe du gouvernement PS-EELV, sa politique d’austérité sape la protection sociale et donc aggrave la pauvreté, et qu’il refuse obstinément de régulariser les sans-papiers…

Éduquer les hommes

En France, 12 à 18% des hommes ont déjà participé au système prostitueur une fois dans leur vie. Si une partie d’entre eux sont d’irréductibles cyniques, parfaitement conscients de ce qu’ils font, beaucoup préfèrent se voiler la face et adhérer aux mythes glamour, strass et paillettes qui entourent la prostitution. C’est sur la froide réalité qu’il faut leur ouvrir les yeux. Le patriarcat ne reculera qu’en changeant les mentalités.

Délit de « racolage » : abrogation !

Il faut abroger le délit de racolage, "actif" comme "passif" (loi de 2003), qui soumet les prostitué.e.s à la pression policière. Les responsables de ce système d’exploitation, ce ne sont pas elles, mais les prostitueurs (proxénètes et "clients").

Et la « liberté » ?

La liberté, ce n’est pas le libéralisme. Le « droit à la pute » revendiqué par certains "salauds" autoproclamés ou des féministes en carton comme Élisabeth Badinter, ce n’est que la liberté du plus fort, la monétarisation de la domination patriarcale.

Des prostitué.e.s indépendant.e.s se disent « fières d’être putes » ? Nous ne les contredisons pas. Mais on ne peut, au nom de ce particularisme, renoncer à la lutte contre le système proxénète, qui concerne 85 % des prostitué.e.s.

De la même façon, nous militons pour une société dénucléarisée, malgré l’indignation de certains salarié.e.s d’EDF qui croient défendre leur emploi ; et nous nous opposons à la libéralisation du travail du dimanche, bien que certains salarié.e.s veuillent casser ce verrou pour améliorer leur revenu.

Des droits sociaux ? Oui, mais attachés à l’individu, pas à un "métier", ni à un « statut », car le statut de « travailleur.se du sexe » serait une bénédiction pour l’industrie du proxénétisme.

La fausse bonne idée de la libéralisation

En Allemagne, où a été créé, en 2002, un statut de "travailleur.se du sexe", seule une infime minorité de prostitué.e.s (0,011 %) y a adhéré. La vérité de la libéralisation et du « statut » est qu’ils ont décomplexé les « clients », et permis aux réseaux proxénètes de prospérer : ils contrôlent aujourd’hui 400.000 prostituées en Allemagne, contre environ 20.000 en France

http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5573


Celui de la Fédération Anarchiste conforte le tournant qui se prend dans cette organisation qui s'éloigne de l'abolitionnisme pour rejoindre de plus en plus le discour libéral, réactionnaire et pro-prostitutionnel du strass.
Tous les ans, des chiffres sont assénés. Dramatiques et dramatiquement figés malgré de nouvelles mesures institutionnelles:
•1 femme meurt tous les 3 jours de violences conjugales.
•75 000 viols estimés, soit 1 viol toutes les 7 minutes.

S'il n'y a plus légalement en France de chef de famille, si les femmes jouissent des mêmes droits civiques que les hommes, notre société française reste profondément sexiste et patriarcale. La domination et la violence masculine s'expriment de diverses manières :

Violences dites « conjugales » (mais qu'en est-il des violences exercées par un frère ou un père?) impliquant violences physiques aussi bien que psychologiques, économiques...

Viols et agressions sexuelles mais aussi harcèlement sexuel, insultes... directement engendrés par la culture du viol (environnement social et médiatique visant à tolérer, excuser, banaliser et esthétiser les violences sexuelles).

Précarité qui touche plus durement les femmes que les hommes : écarts de rémunération, de retraite... 70% des travailleurs pauvres sont des femmes.

Ordre Moral qui entend refuser aux femmes la pleine jouissance de leur corps : IVG légal mais difficile et menacé, contraception globalement non remboursée, lois menaçant les prostituées...

Les femmes sont éduquées dans la peur et incitées par la société patriarcale à se taire et à restreindre leurs libertés prétendument pour leur propre sécurité.

A l'inverse, on assiste à un refus catégorique de sensibiliser les hommes aux violences : personne ne leur apprend à ne pas violer, frapper, insulter, mépriser...

Les luttes contre les violences faites aux femmes n'impliquent pas seulement d'obtenir de nouvelles lois ni de nouvelles mesures de protection pour les femmes (d'autant que leur application et les moyens mis en œuvre pour les rendre effectives ne suivent que rarement les grands discours).

Ces luttes impliquent de prendre la société à bras le corps et à agir contre les violences au jour le jour, dans nos quartiers, dans nos entreprises, dans nos écoles, dans nos foyers.

La Fédération anarchiste s'attache à identifier, dénoncer et déconstruire tout rapport de domination sexiste et patriarcale et invite tous ceux et toutes celles qui aspirent à une société libre et égalitaire à venir s'organiser et lutter.

Rejoignez-nous à la manifestation contre les violences faites aux femmes, samedi 23 novembre 2013, 14h30 à Montparnasse (Place du 18 Juin 1940).


Le Chapeau produit au dessus de cet appel par le groupe Etoile Noire de la Fédération Anarchiste, laisse penser, en accentuant ce positionnement, qu'il s'exprime au nom de l'ensemble de l'organisation :

Manifestation contre les violences faites aux femmes

Fédération Anarchiste


Nous appelons à venir rejoindre la manifestation du 23 novembre contre la violence faites aux femmes parce que cette date est importante et a sa force symbolique, au même titre que le 8 mars. Nous pensons que ce terrain de lutte est à occuper et à ne pas laisser aux oubliettes, ainsi sommes-nous présent-e-s sur les luttes antisexistes durant toute l'année. Cependant, l'appel du Collectif National pour le Droits des femmes (CNDF) se positionne clairement en faveur de la loi contre le système prostitutionnel, dans une visée abolitionniste. Si nous sommes à terme pour la disparaition de toutes formes de dominations et d'exploitation, nous pensons que la première des solidarités face aux oppressions subies est de ne pas ajouter une double peine aux personnes concernées. Nous nous désolidarisons donc de l'appel abolitionniste du CNDF, car nous pensons que nous devons soutenir les luttes, définies par les exploité-e-s et opprimé-e-s, en leur donnant les moyens de se défendre et d'avoir des droits pour assurer une existence qui ne serait pas celle du stigmate et de la marginalisation, y compris dans les luttes.Nous invitons les personnes qui ne se reconnaissent pas dans la position du CNDF sur ce sujet mais qui souhaitent montrer leur soutien contre la violence envers les femmes de venir rejoindre notre cortège. solidarité des opprimé-e-s dans les luttes!

Groupe Etoile Noire de la Fédération Anarchiste.

C'est un ensemble chapeau et tract qui apparait en tout cas en communication publique :
. http://www.demosphere.eu/rv/29241
. http://paris-luttes.info/manifestation- ... -violences


Edit :

Au démarrage de la manif de Paris une banderole était tendue au dessus de la rue par une quinzaine de personnes, avec pour slogan : "un client pénalisé = une pute assasinée".

Il faut quand même le faire pour sortir une connerie pareille !

Mais le clou du triste spectacle c'est que la quinzaine de militants de la FA qui ont ensuite suivi la manif de loin sont venus se poster en soutien à cette initiative.


re-édit à 21h :
Dès le début du rassemblement, ils ont hurlé d'une même voix : « Clients pénalisés, putes assassinées !», avant de quitter la manifestation. Relégués en bout de cortège, plusieurs membres de la Fédération anarchiste sont venus les soutenir. « La pénalisation des clients va engendrer la précarisation des travailleurs du sexe », prédit l'un d'entre eux. Pour s'assurer que ce type de discours ne prennent pas le pas sur le leur, les féministes ont pris rendez-vous : mercredi, jour de l'examen de la loi par les députés, elles se réuniront devant l'Assemblée nationale.
http://www.elle.fr/Societe/News/Prostit ... on-2623880

Source : vroum/Julien de la FA, qui doit en être très fier : http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 20#p154995

Question : que vont faire les camarades anarcha-féministes et féministes libertaires de plus en plus isolées au sein de cette organisation à la dérive ?
Voir ici : viewtopic.php?f=75&t=4152&start=75#p116106
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 26 Nov 2013, 12:54

Sur le collectif "8 mars pour toutes"

"8marspourtoutes" ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire féministe

Un petit groupe de femmes "féministes pro-sexe" 1. du collectif "8 mars pour toutes" 2. revendique de ne pas pénaliser le client prostitueur.

Il me semble qu’elles ont tout simplement oublié un énorme détail de l’histoire du féminisme.

Depuis toujours le féminisme lutte contre le système patriarcal. La principale raison d’être de ce système est de s’approprier les femmes en les opprimant par tout moyen, y compris la violence, dans le but principal de contrôler la sexualité et la reproduction ou pourrait-on dire, contrôler la sexualité pour maitriser la reproduction et la transmission des gênes autant que du patrimoine.

La prostitution fait partie de ce système coercitif d’appropriation des femmes.
Personne ne combat un système de domination et de violences avec des gentillesses. Surtout un système responsable des violences les plus inouïes et générant des profits criminels de plus en plus considérables.

Il faut croire que ces artistes, universitaires, journalistes et autres femmes évoluent bien loin des préoccupations quotidiennes de survie des 85 % de femmes prostituées étrangères contraintes d’exercer sur le sol français.
Quand on sait que cette "pénalisation" consiste en une contravention punie d’une amende et-ou d’un stage de sensibilisation, que les objectifs de ce dispositif sont de limiter les développements et l’emprise du système prostitueur, de faire évoluer les mentalités en matière de respect et d’égalité femmes-hommes, de faire reculer les violences, on reste sans voix devant tant de complaisance vis à vis des clients, oppresseurs et coupables de violences sexuelles !
Les femmes prostituées rencontrent des problèmes de santé sans nombre, et surtout, la plupart témoignent d’une sexualité brisée, car la prostitution ce n’est pas de la sexualité, mais bien de la domination et des violences sexuelles.

Que des femmes qui se prétendent féministes, puissent exprimer une telle complicité envers les clients prostitueurs est pour le moins dérangeant. Complices ou en lutte contre les violences de la domination masculine, il faut choisir !

Comme des milliers d’autres, et des millions au monde, demain samedi 23 novembre, pour la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, nous choisirons de défiler contre toutes les violences et surtout pour l’abolition de la plus archaïque et destructrice d’entre elles, la prostitution !

Manifestation Montparnasse 23 novembre 2013 _ 14 H

1. Le "féminisme" pro-sexe issu du milieu queer, apparaît dans les années 1980 aux États-Unis. Il prétend faire du plaisir et du travail sexuel des outils politiques dont les femmes devraient s’emparer, mais ne déconstruit en rien les schémas de domination et d’exploitation sexuelle. Comme si le seul fait que des femmes s’en emparent suffisait à y changer quelque chose.

2. collectif 8 mars pour tous, issu de groupuscules STRASS (syndicat des travailleurs du sexe), associations de santé communautaires telles que Act-Up …

http://christineld75.wordpress.com/2013 ... feministe/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 28 Nov 2013, 13:16

Regroupement de témoignages sur la prostitution :
http://www.scoop.it/t/prostitution-30-j ... emoignages

Indre - Témoignage
" Mon premier rapport sexuel a été avec un client "
http://www.lanouvellerepublique.fr/Indr ... nt-1702505
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 05 Déc 2013, 14:22

Point de vue partagé dans le mensuel Alternative Libertaire de ce mois de décembre
Prostitution : Une loi insuffisante mais nécessaire

Le projet est en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Les médias se font l’écho des débats les plus sérieux et des positions les plus extrêmes. Au final, cette loi, ce sont des mesures très insuffisantes, mais aussi la suppression nécessaire du délit de racolage et l’interdiction tout aussi nécessaire de la consommation.

Lors de son congrès de 2006, Alternative libertaire a adopté une motion intitulée « Prostitution : Alternative libertaire est abolitionniste ». La prostitution y est définie entre autre comme « une des formes extrêmes de l’oppression sexuelle des hommes sur les femmes. Elle est une des manifestations de l’appropriation masculine du corps et du travail des femmes, et de certains hommes alors assimilés aux femmes »

Alternative libertaire est abolitionniste

Le débat sur la pénalisation des clients n’occupait pas la une. Notre texte analyse la prostitution comme une oppression, certes extrême, mais pas illégale. AL préconise des mesures d’éducation et d’information, l’extension des droits de tous et toutes, la priorité sur la compréhension du fonctionnement des clients et la répression du proxénétisme, des aides réelles pour sortir de la prostitution. Aujourd’hui la prostitution est décrite dans le débat public pour ce qu’elle est, une violence faite aux femmes. Les témoignages sont multiples, au-delà même du sort des 80 à 90 % de femmes victimes de la traite.

Le « consentement », s’il existe (céder n’est pas consentir), ne transforme pas cette violence en quelque chose d’acceptable, pas plus qu’acheter des organes à des personnes (majoritairement des femmes) qui « consentent » à les vendre ou lancer des nains (qui ont « volontairement » mis un casque). Dans la guerre des témoignages dans les médias, on n’entend pas les femmes en prostitution qui parlent à peine français et passent leur temps sur des trottoirs ou dans des camionnettes où leurs proxénètes les installent. Mais même les témoignages de femmes en prostitution qui défendent leur droit à pratiquer cette activité disent l’horreur et la violence. Voire expliquent que si la consommation était réprimée, elles ne seraient pas rentrées en prostitution et qu’elles souhaitent sa disparition.

Il existe aussi quelques personnes en prostitution (plutôt des hommes d’ailleurs) qui défendent l’idée que c’est un métier et disent le faire volontiers. L’impact médiatique de ces personnes est inversement proportionnel à leur nombre et ne justifie pas de ne pas tenir compte de la majorité, victime de la violence des rapports non désirés.

Ce que prévoit la loi

La loi qui est discutée actuellement ambitionne de renforcer la lutte contre le système prostitutionnel. Et est l’occasion de débattre sur la répression de la consommation de prostitution. Mais elle ne prévoit pas seulement cette mesure.

Un premier chapitre prévoit le renforcement de la lutte contre le proxénétisme sur internet. Le deuxième chapitre améliore la protection et l’accompagnement des personnes en prostitution : une instance de coordination est mise en place dans chaque département ; un parcours de sortie de la prostitution sera proposée par des associations agréées ; les personnes qui y entrent auront droit à une remise d’impôts et amendes ; elles auront droit à un titre de séjour renouvelable six mois et permettant de travailler (abandon de la condition de dénonciation de son proxénète), en cas de plainte ce titre est renouvelé jusqu’à la fin de la procédure ; elles pourront bénéficier de places en centres d’hébergement et de réinsertion sociale ; un fond de prévention, soutien et information est créé, alimenté par des crédits d’Etat, la confiscation des biens des proxénètes et les amendes ; les victimes de proxénétisme auront un droit à réparation, comme aujourd’hui celles de la traite ; le délit de racolage (actif comme passif) est supprimé, et sa mention dans les casiers judiciaires sera automatiquement supprimée.

Ce chapitre est insuffisant à plusieurs titres. On ne sait pas qui seront les associations agréées et quels accès au dispositif auront les femmes qui n’en voudraient pas. Les sans-papières ne sont pas régularisées et retourneront éventuellement au bout de 6 mois à la clandestinité, voire à la prostitution. Il n’y a déjà pas assez de places en centres d’hébergement et de réinsertion sociale.

La suppression du délit de racolage est la bonne nouvelle. Aucune sanction/pénalisation ne doit s’exercer sur les personnes prostituées. Le chapitre 3 traite de la prévention et prévoit que la lutte contre la marchandisation des corps fera l’objet d’une information durant la scolarité. L’entrée en prostitution est le résultat de causes multiples combinant violences subies et pauvreté. C’est la pauvreté et la violence sexiste qu’il faut combattre, dans une société patriarcale et capitaliste, il paraît peu vraisemblable d’obtenir des résultats avec de simples mesures d’éducation, qui restent bienvenues.

Pénalisation des clients

Le quatrième chapitre, celui dont les médias parlent le plus, instaure un délit de recours à la prostitution. Ce qui est cohérent avec l’analyse qu’elle est une violence, commettre une violence est réprimé dans notre société. D’habitude pas sous forme d’une contravention de cinquième catégorie (amende de 1 500 euros, 3 000 en cas de récidive). Ici, il est ajouté un peine complémentaire qui est un stage de sensibilisation aux conditions d’exercice de la prostitution.

Il aurait été plus cohérent de créer un délit, voire un crime, sanctionné par une amende proportionnelle aux revenus du délinquant et un stage de sensibilisation. Le débat sur le sujet est vif parmi les abolitionnistes. Une partie refuse l’interdiction en prévoyant une précarisation accrue des prostituées et une mise en danger, les autres y voient une protection contre le client qui sera d’office en tort. Les avis divergent sur le bilan des pays qui ont adopté cette mesure.

L’interdiction ne fera pas renoncer les clients les plus dangereux, ou les plus convaincus de leur bon droit, mais ils sont déjà là, elle ne les créera pas. Ces hommes sont les minables signataires de l’appel des 343 ordures duquel même le petit syndicat des entrepreneurs en prostitution qu’est le Strass s’est désolidarisé, ou les pourris qui alimentent les sites d’appréciation des prestations.

Les moins violents entendront, eux, la condamnation posée par la société. La suppression du délit de racolage et l’interdiction de recourir à la prostitution sont de bonnes mesures mais les autres sont très insuffisantes. Il faut la régularisation de toutes les sans-papières et de réels moyens.

Christine (AL Orne)

http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5591
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Béatrice » 17 Jan 2014, 19:38

Article paru dans Alternative Libertaire de janvier : Le Strass, syndicat ou lobby ?

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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Béatrice » 22 Jan 2014, 21:14

Oui, le STRASS tel qu'il se définit n'a et n'aura aucune légitimité aussi longtemps que l'ensemble des institutions politiques présentes et à venir n'auront pas reconnu
la prostitution comme un métier à part entière, exclue de fait du salariat et par voie de conséquence du code du travail. ( Bin oui, nous ne sommes pas en société libertaire, loin s'en faut !).
Et donc, le STRASS n'est pas un syndicat mais une officine ou "lobby" c'est selon, qui vise à défendre des intérêts très corporatistes et individualistes en usant et abusant d' un "judiciçeux
glissement sémantique" ( prostitué(e)- travailleur(se) ) afin de conditionner les esprits (naïfs) dans le but d'une éventuelle reconnaissance "professionnelle"à venir de la part des dites institutions.
De fait, l'association STRASS ne peut ainsi défendre la situation des prostitué(e)s par "contrainte économique" ou sous la coupe de macs ou de réseaux clandestins au même titre qu'un syndicat : il y a donc bien escroquerie et malhonnêteté sur le fond et sur la forme !

OUI, LE STRASS EST UN LOBBY !
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 04 Fév 2014, 15:39

Encore une agression du strass
sur zéromatcho Toulouse à la manif pro IVG

Zéromachos agressés lors d’une manifestation pro-IVG

Une fois de plus, des soutiens de la prostitution s’en prennent avec violence à des membres de Zéromacho. Une fois de plus, ils agressent des hommes engagés pacifiquement pour l’égalité femmes-hommes. Cette fois-ci, ils dévoilent, outre leur haine, leur alliance objective avec les opposants aux droits des femmes.

Le 1er février 2014, à Toulouse, quatre membres de Zéromacho participent avec leur banderole à la manifestation de soutien aux Espagnol-es pour le droit à l’avortement, menacé par une loi répressive.


Image
la banderolle dans la manifestation toulousaine juste avant l’agression


À 15h, rue de Metz, une vingtaine de personnes, en grande majorité des hommes, dont certains avaient le visage masqué par une écharpe, se présentant comme membres du STRASS (syndicat du travail sexuel), les insultent, les menacent, leur arrachent la banderole et la volent.

Couvrant les slogans de la manifestation, une femme hurle dans un mégaphone : « Solidarité avec les putes du monde entier ». Plutôt que de défendre le droit des Espagnoles à l’avortement, le STRASS préfère perturber une manifestation unitaire et pacifique, en employant des méthodes dignes des commandos anti-avortement. Une fois de plus, ce mouvement qui prétend militer « pour la liberté » utilise la violence, mais cette fois-ci pour s’attaquer à des défenseurs d’un droit fondamental des femmes. Il démontre ainsi qu’il ne défend en réalité que des intérêts on ne peut plus catégoriels : ceux des prostitueurs.

En menant une action que ne désavouerait pas l’association intégriste catholique « SOS tout petits », le STRASS a montré son véritable visage.
Faut-il désormais l’appeler « SOS tous maquereaux » ?

http://zeromacho.wordpress.com/2014/02/ ... on-pro-ivg
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Nico37 » 11 Mar 2014, 16:41

Le Parlement européen adopte le rapport M Honeyball contre la prostitution

Zéromacho se félicite du vote par le Parlement européen d’un rapport sur le système prostitueur valorisant le « modèle nordique ».

Le 27 février 2014, le Parlement européen a adopté à une très large majorité le rapport de la députée britannique Mary Honeyball sur L’Exploitation sexuelle et la prostitution, et leurs conséquences sur l’égalité entre les femmes et les hommes. Il « reconnaît que la prostitution et l'exploitation sexuelle sont des violations de la dignité humaine et sont contraires aux principes régissant les droits de l'homme ». Il « estime que l'achat de services sexuels de prostituées âgées de moins de 21 ans devrait constituer une infraction pénale ».

La résolution voit dans le « modèle nordique », en vigueur en Suède, Norvège et Islande, une approche efficace pour décourager la traite, soutenir et aider des femmes dans la prostitution, changer les mentalités au sujet de l'égalité des sexes.

Mary Honeyball souligne que la démarche inverse, c’est-à-dire la légalisation de la prostitution « a été une catastrophe aux Pays-Bas et en Allemagne ».

La résolution a été adoptée par 343 voix pour, 139 contre (surtout des Verts et des libéraux) et 105 abstentions.

Zéromacho se félicite de ce vote par un organe élu au suffrage universel direct. Même s’il s’agit d’une résolution non contraignante, cet acte symbolique influera sur les discussions nationales, notamment en France où la loi contre le système prostitutionnel, votée à l’Assemblée nationale le 4 décembre 2013, doit encore être adoptée par le Sénat. La disposition novatrice de cette loi prévoit, sur le modèle nordique, la pénalisation des clients-prostitueurs.
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