Prostitution : « La marchandise femme est exploitée par le capitalisme le plus dur en écrasant les prix »
Au cours d’un colloque à Strasbourg confrontant la réalité de la prostitution en France et en Allemagne, médecins, psychiatres, associations d’accueil et une ancienne prostituée, ont décrit les ravages qu’entraîne la prostitution sur la santé physique et psychique des femmes qui y sont soumises.
Le but de ce colloque n’était pas de relancer le débat permanent sur la légitimité ou non de la prostitution, mais de faire des constats. Notamment entre deux pays frontaliers où la prostitution a des statuts juridiques différents : la France, où depuis avril 2016, la loi instaure la pénalisation des clients, et l’Allemagne, pays frontalier, où la prostitution a pignon sur rue. Importants également, les discours qui soutiennent les pratiques.
Celui, par exemple, pour qui la prostitution est un mal nécessaire qui protège le reste de la société où, sans cette tolérance, les viols progresseraient ( ce qu’aucun chiffre ne montre). Cette manière de voir entérine de vieux clichés sur les hommes qui hantent les sociétés européennes depuis des siècles, « entre autres l’idée selon laquelle l’homme est un prédateur sexuel avec des besoins irrépressibles auxquels il faut un exutoire, » explique Grégoire Théry, l’ancien secrétaire général du mouvement du Nid qui se définit comme « lobbyiste » d’une cause - il a joué un rôle important pour faire avancer le projet de loi que la France vient d’adopter.
Faux également pour lui, l’argument selon lequel, autoriser les établissements de prostitution, permettrait de mieux contrôler la santé des prostituées et d’éviter la prostitution clandestine. « En Allemagne et aux Pays-Bas, l’ouverture des bordels n’a pas empêché le développement de la prostitution à l’extérieur, » explique Grégoire Théry, qui conteste également le point de vue consistant à considérer la prostitution comme un métier, dont il s’agit d’améliorer les conditions d’exercice - en consacrant notamment des moyens et un personnel médical dédié pour surveiller la santé des prostituées, comme c’est le cas en Allemagne. « La conséquence dramatique, explique Grégoire Théry, c'est qu’on banalise la prostitution. Cette approche dite pragmatique qu’on retrouve en Allemagne et aux Pays-Bas, entraîne la légalisation de fait de la prostitution. »
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