Vieille Chouette a écrit:Ce débat me fout absolument la gerbe.
Quant aux réglementaristes, comment peut-on concevoir la marchandisation du corps humain ? Je me demande.
Vieille Chouette a écrit:Pour avoir vu la crasse et la merde de la prostitution et l'avoir creusée, j'affirme pour ma part que libérée de la contrainte économique, les prostituées qui disent "adorer leur métier" changeraient de bord.
Pas si sûre ! Car certain(e)s d'entre elles( ou eux ) ont fait ce choix afin de se soustraire aux contraintes du salariat ou pour d'autres afin de satisfaire leurs besoins effrénés de
consommation , mais dans les deux cas de figure , ce n'est que pour répondre à des besoins matériels "imminents" et personnels . ( individualisme )
Mais il est vrai aussi , que certaines d'entre elles y sont acculées par contrainte économique !
Et pour conclure , je ne saurai , de près ou de loin me solidariser avec ces courants " pseudo-féministes" là , bien au contraire !
Armonia a écrit:Néanmoins , cette liberté de ton s'agissant d'un tel sujet , a quelques difficultés à se libérer parfois pour certain(e)s , tant le conditionnement est grand mais aussi
le "vécu" des un(e)s et des autres qui la limite ( et c'est mon cas ) .
Prostitution Le cheval de Troie du capitalisme
Le Strass (Syndicat du travail sexuel) a consacré une grande partie d’un article paru dans la revue Contretemps en ligne à répondre aux arguments d’Alternative libertaire contre la constitution d’un syndicat du travail sexuel, visant en particulier à faire reconnaître un statut professionnel de travailleuses indépendantes aux prostituées. Le débat continue.
A l’été 2010, Alternative libertaire publiait un dossier qui réaffirmait sa position abolitionniste [1]. Rapidement, le Strass (Syndicat du travail sexuel) publiait une réponse sur son site, elle même suivie d’une mise au point en ligne d’Alternative libertaire [2]. Le débat continue suite à deux articles parus dans la revue en ligne Contretemps 3 et dans le journal CQFD du 15 janvier 2012.
Le Strass présente son initiative de créer un syndicat comme le fait d’« inscrire [sa] lutte dans celle de l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et comme une lutte de classe ». Or c’est là, nous semble-t-il, que réside le malentendu. Comme nous l’avons déjà dit, le Strass n’est pas un syndicat de travailleurs au sens du mouvement ouvrier, mais un syndicat de défense d’une corporation de métier. L’unité de cette organisation consiste dans la défense du travail sexuel en tant que métier spécifique. Or l’unité de la lutte de l’ensemble des travailleurs, à partir de l’émergence du système capitaliste, repose sur l’opposition à l’exploitation salariale. C’est donc la lutte contre l’exploitation de la force de travail dans le cadre d’un lien direct de sujétion qui constitue la base du syndicalisme ouvrier. De ce fait, les travailleurs exploités par un patron et les artisans – ou travailleurs indépendants – n’ont pas les mêmes intérêts économiques. Les premiers luttent contre leur employeur pour augmenter leur salaire ou améliorer leurs conditions de travail. Les seconds se plaignent plutôt des taxes professionnelles auxquels ils sont assujettis.
Modèle machiste
Lorsque le Strass nous répond que le sigle CGT contient aussi le mot « travail », il commet une méprise sur le sens de ce terme. Cette notion ne signifie pas ici la défense d’un métier spécifique, mais la défense du « parti du travail » (c’est-à-dire des travailleurs) contre le « parti du capital ».
Prenons la situation actuelle des travailleurs et travailleuses du sexe de l’industrie pornographique, il s’agit effectivement de personnes qui sont dans une relation de sujétion comparable à celles d’autres industries. Si l’on revient dans le passé, avant la légalisation de la pornographie, seuls quelques films étaient produits chaque année en toute illégalité et dans des situations qui pouvaient s’accompagner de contraintes violentes à l’égard des actrices. Aujourd’hui, l’industrie pornographique est une industrie légale et florissante du capitalisme qui rapporte des profits très importants. Pour autant, cela n’empêche pas que les conditions dans lesquelles sont tournés ces films puissent s’accompagner encore de violences sexuelles à l’égard des actrices. En outre, l’imaginaire capitaliste de la sexualité pornographique machiste et violent est devenu le modèle de la sexualité pour nombre d’adolescents.
Service marchand
Le réglementarisme visant à instaurer un statut professionnel légal aux prostituées risque lui aussi de n’être en définitif que le cheval de Troie du capitalisme. On nous répond que les politiques abolitionnistes ne sauraient être la solution, qu’elles ne font que rendre la prostitution davantage cachée. Mais à l’inverse, on peut constater que les pays qui ont adopté des politiques réglementaristes n’ont pas fait disparaître les réseaux de prostitution et l’esclavage sexuel qui continue de se développer en parallèle. Refuser le réglementarisme, antichambre du libéralisme, c’est refuser l’extension du domaine du capitalisme. Ce dernier se caractérise par une tendance à transformer tous les domaines de notre existence en marchandises.
La sexualité deviendrait ainsi tout simplement un service marchand réalisé par un travailleur du sexe. Pourtant, même lorsqu’on lit Marx, « manger, boire, procréer, etc., sont aussi des fonctions authentiquement humai-nes » 5, mais ce n’est pas du travail. La sexualité humaine se spécifie par le fait qu’elle puisse être tournée exclusivement vers la recherche du plaisir – y compris pour les femmes – et il ne nous semble pas judicieux de lutter pour la faire reconnaître comme un travail.
Irène (AL Paris Nord-Est)
[1] Voir Alternative libertaire n° 197 de juillet-août 2010, disponible en ligne sur http://www.alternativelibertaire.org
[2] http://www.alternativelibertaire.org
MélusineCiredutemps a écrit:"[...]visant en particulier à faire reconnaître un statut professionnel de travailleuses indépendantes aux prostituées[...]" :
Voilà une des impostures dont usent les pro-prostitutions, dont le Strass, dans leurs manipulations rhétoriques. Ils manipulent les mots afin d'occulter les aspects de la réalité qui les arrangent le moins.
En effet, il faut rappeler sans cesse que la position "abolitionniste" de l’État français n'en est pas réellement une, puisque le FISC attribue déjà, et ce depuis longtemps, ce fameux statut de "travailleurs indépendants" aux personnes prostituées.
Dans sa propagande, le Strass instrumentalise le fait que les professions entrant dans cette catégorie ne cotisent pas (et n'ont d'ailleurs jamais cotiser) au Régime Général de la Sécurité Sociale ainsi qu'à l'Assurance chômage et n'ont, par conséquent et de façon tout à fait logique, pas droits aux indemnités que versent ces organismes aux salarié-e-s malades et privé-e-s d'emploi qui elleux, cotisent d'office par des prélèvements systématiques sur leur salaires brut.
Le Strass sème la confusion en mélangeant des choses qui sont réelles, mais n'ont pas de rapport entre elles, avec des choses qui ne le sont pas, le tout interprété à leur sauce afin de servir les intérêts corporatistes de quelques collabos de l’oppression sexuelle marchandisée :
- 1ère étape : faire comme si les personnes prostituées n'étaient pas déjà officiellement affublées de ce statut pourri (dans lequel entrent tou-te-s les travailleuseurs qui ne sont pas des salarié-e-s).
- 2ème étape : réclamer la "reconnaissance" de ce statut en faisant semblant de croire, et en faisant croire, qu'il produirait, de fait, une ouverture de droits.
Armonia a écrit:Et bien MélusineCiredutemps , force est de constater que cela ne se "bouscule pas au portillon libertaire" sur la question !
La "gent" masculine libertaire dans son ensemble ( exceptions faites toutefois des rares "convaincus" sur ce forum ) , aurait-t-elle trouvé un consensus muet sur la question ?
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