Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 02 Avr 2017, 20:02

Prostitution : Rosen Hicher, « survivante » et abolitionniste, témoigne face aux étudiants

TÉMOIGNAGE – Présente sur le campus de Saint-Martin-d’Hères mardi 28 mars à l’occasion d’une rencontre sur le thème de la prostitution, Rosen Hicher, une « survivante », a livré son témoignage et le récit de son expérience. Une parole forte qu’elle dit porter en son nom et en celui de toutes les personnes prostituées qui ont peur de s’exprimer.

à lire : http://www.placegrenet.fr/2017/03/30/pr ... nts/130131
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 09 Avr 2017, 21:25

Abolition 2012 : Ce qui nuit aux personnes prostituées, ce n’est pas la loi, c’est la prostitution

A entendre les détracteurs de la loi, les violences se seraient abattues sur les personnes prostituées depuis le 13 avril 2016. Leur santé se serait subitement dégradée. Le Collectif Abolition 2012 tient à rétablir les faits.

La précarité, l’insécurité et un état de santé dégradé ont toujours été le lot quotidien des personnes prostituées.

Selon l’étude ProSanté de 20132, au moins 38% des personnes prostituées avaient été victimes de viols
(contre moins de 7% pour les femmes en général), 51% avaient subi des violences physiques, 64 % des violences psychologiques au cours des 12 derniers mois.

Ce n’est pas la loi du 13 avril 2016 qui en est la cause. C’est la prostitution elle-même. C’est la prostitution, en soi, qui exploite les plus précaires des précaires, qui met à profit leurs vulnérabilités, qui leur inflige des violences répétées, dont les premiers auteurs sont les clients, un « détail » prouvé par les enquêtes mais étrangement passé sous silence. C’est la prostitution qui pèse sur la santé, physique et psychique, des personnes prostituées.

La loi du 13 avril 2016 a précisément pour but de faire reculer cet état de fait dont beaucoup, en ne touchant à rien, semblent vouloir s’accommoder.

Dépénalisation des victimes, responsabilisation des clients


La loi du 13 avril 2016 a mis fin à une aberration des politiques françaises qui consistait à pénaliser les victimes de ce système prostitueur, les personnes prostituées, et à garantir l’impunité aux clients de la prostitution. Imposer un acte sexuel par l’argent est une violence. Alimenter financièrement les réseaux proxénètes et de traite en achetant un acte sexuel, c’est contribuer au système prostitueur. Les clients sont aujourd’hui responsabilisés, 937 d’entre eux ont été verbalisés (chiffres du Ministère de l’Intérieur), et c’est une bonne chose.

Oui, la loi est appliquée. Oui, son objectif est de faire diminuer le recours à la prostitution (qui aujourd’hui touche de plus en plus de mineur.e.s) et de lutter contre cette atteinte à la dignité, cette violence incompatible avec les efforts menés pour l’égalité femmes-hommes.

La répression policière est si peu l’objet de la loi que nous ne rencontrons pas moins de personnes prostituées sur les lieux de prostitution. En revanche, elles comptent sur les alternatives que met en place la nouvelle loi comme le montre le nombre croissant de celles qui nous demandent de l’aide pour sortir de l’impasse prostitutionnelle.

Pas plus de violences, mais de nouveaux droits

Rien ne permet d’affirmer que les personnes prostituées sont aujourd’hui davantage victimes de violences, d’autant que la loi française crée justement une circonstance aggravante pour les violences qu’elles subissent. Depuis plus d’une décennie, nos associations tiennent le sinistre décompte des agressions et des meurtres dont elles ont été victimes dans l’indifférence générale, dans un contexte de totale impunité pour les clients. Huit d’entre elles ont été tuées en France en 2014, donc avant la loi ; aucune en Suède depuis qu’a été votée la même interdiction de l’achat d’actes sexuels en 1999. En revanche, dans les pays qui ont prétendu légaliser la prostitution et ont donc entraîné une explosion du « marché », comme l’Allemagne et les Pays-Bas, le bilan en matière d’agressions et de meurtres est lourd.

Depuis le 13 avril 2016, plus aucune personne prostituée n’a été arrêtée pour racolage et les condamnations précédentes sur ce chef d’accusation ont été supprimées des casiers judiciaires. Les personnes prostituées sont cependant toujours arrêtées dans certaines villes qui ont prononcé des arrêtés anti-prostitution, ce contre quoi nous nous élevons et demandons leur abrogation.

Pour la première fois en France, nous disposons d’une politique publique qui fait des personnes prostituées des publics prioritaire en matière d’hébergement d’urgence et de logement social, qui délivre automatiquement des titres de séjour à celles qui participent à une enquête contre leur réseau de proxénétisme ou de traite, qui permet l’accès à un titre de séjour aux personnes souhaitant sortir de la prostitution avec une aide financière et un accompagnement global (social, sanitaire, juridique et insertion professionnelle). Dans chaque département, une politique de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains doit être mise en place.

Pas de lien entre l’interdiction d’achats d’actes sexuels et le SIDA

Certains affirment à coup d’études et de rapports que la pénalisation des clients de la prostitution augmenterait le taux de prévalence du VIH chez les personnes prostituées. Or, toutes les études épidémiologiques sérieuses montrent qu’il n’y a pas de lien entre l’interdiction d’achat d’actes sexuels et le taux de prévalence du VIH. Nous renvoyons notamment à la méta-analyse publiée en mars 2013 dans le British Medical Journal qui synthétise de manière exhaustive toutes les études publiées entre 2000 et 2011 sur les facteurs de risque d’infection par le VIH chez les femmes prostituées en Europe. Les pays ayant adopté des positions réglementaristes visant à encadrer la prostitution comme les Pays-Bas et l’Espagne n’ont pas des taux de séroprévalence du VIH chez les personnes prostituées particulièrement bas, bien au contraire. Et utiliser le récent article paru dans The Lancet pour prouver le contraire est malhonnête. Cet article affirme noir sur blanc qu’on ne constate aucune différence notable entre les pays qui pénalisent les clients et ceux qui permettent l’achat et la vente d’actes sexuels. Par ailleurs, le pays ayant selon cette étude le plus haut taux de prévalence du VIH est la Lettonie, qui dépénalise les clients et les personnes prostituées…

Une autre ambition pour notre société

Le Collectif Abolition 2012 tient à rappeler enfin que la situation sanitaire et sociale des personnes prostituées ne peut se résumer aux maladies sexuellement transmissibles, comme le soulignait l’IGAS en 20123. L’activité prostitutionnelle est porteuse de nombreux autres risques pour la santé, moins visibles mais aussi sévères, notamment la santé psychique.

Nos associations ont une autre ambition pour les futures générations que la résignation à la précarité, à l’insécurité et à la violence. Notre pays s’est doté d’outils concrets qui doivent non seulement permettre aux victimes de la prostitution d’en sortir mais aussi à la société tout entière de franchir une marche décisive : changer les mentalités pour que les personnes prostituées ne soient plus stigmatisées mais considérées comme les victimes d’un système patriarcal archaïque, qui rejaillit sur l’ensemble de la société et notamment sur les femmes, sur leur image et sur leur statut.

Nous attendons plus de sérieux de la part d’associations qui disent se soucier des personnes prostituées : qu’elles s’intéressent enfin aux nouveaux outils créés pour répondre globalement à l’enjeu, et améliorer ainsi concrètement la situation des personnes prostituées.

1 Le collectif Abolition 2012 lutte contre le système prostitueur. Il est composé de 62 associations (http://www.abolition2012.fr) .
2 Etude ProSanté de l’InVS et la FNARS de 2013
3 Prostitution, les enjeux sanitaires, IGAS, Décembre 2012 (http://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/RM2012- ... ions-2.pdf)


https://sandrine70.wordpress.com/2017/0 ... stitution/
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Messagede Fred1 » 17 Avr 2017, 12:13

Pour la première fois en France, nous disposons d’une politique publique qui fait des personnes prostituées des publics prioritaire en matière d’hébergement d’urgence et de logement social, qui délivre automatiquement des titres de séjour à celles qui participent à une enquête contre leur réseau de proxénétisme ou de traite, qui permet l’accès à un titre de séjour aux personnes souhaitant sortir de la prostitution avec une aide financière et un accompagnement global (social, sanitaire, juridique et insertion professionnelle). Dans chaque département, une politique de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains doit être mise en place.


C'est un titre de séjour provisoire, si elle dénonce leurs proxénète, pas de quoi pavaner.
Il semblerait que certain policier profiterait de service sexuel gratuit dans l'étude que j'ai lu.

Environnement : violences subies et précarité
sociale
Les injures et les violences psychologiques sont les violences
les plus souvent mentionnées : 64 % des personnes en ont
subi au moins une fois au cours des douze derniers mois.
Les violences physiques sont un peu moins nombreuses,
mais émanent aussi bien de clients, que de passants,
d’autres prostituées et également de la police. Les rapports
sexuels forcés au cours de la vie concernent plus du tiers des
répondants. Ces résultats sont à mettre en regard avec les
observations du Baromètre Santé 2010 [3], qui décrit le fait
d’avoir subi des violences comme le facteur de risque le plus
important de tentatives de suicide. D’autant plus que, d’après
les structures associatives, au regard des témoignages qu’elles
recueillent dans leurs pratiques professionnelles, les violences
dont sont victimes les personnes en situation de prostitution
semblent largement sous-déclarées dans l’étude ProSanté

http://www.federationsolidarite.org/images/stories/publics/personnes_prostituees/pdf/Synthese_ProsanteVF.pdf


Certaines se prostitue a l'étranger dans des établissement légale, Ou la prostitution est inclus dans le PIB.

La précarité est un facteur déterminent dans le recoure a la prostitution, cette chasse a la précarité dans certain cartier des grande ville ou on chasse les SDF et les putes m'interroge...

Abolition 2012 : Ce qui nuit aux personnes prostituées, ce n’est pas la loi, c’est la prostitution


Et la précarité n'est pas nuisible, et pourtant elle est inclus dans une des cause de la prostitution, qui explose dans le monde, notamment la Grèce d’après les médiat.

DE JEUNES ÉTUDIANTES VENDENT LEUR CORPS POUR DEUX EUROS. C'EST LA FACE CACHÉE DE LA CRISE ÉCONOMIQUE EN GRÈCE.

Une étude surprenante a été dévoilée vendredi passé. Elle a concerné plus de 17.000 travailleurs du sexe en Grèce. Une tendance se dégage : aucun autre pays en Europe ne pratique des tarifs si bas.
https://www.crashdebug.fr/international/10993-du-sexe-pour-le-prix-d-un-pain-la-prostitution-en-grece

http://www.liberation.fr/planete/2015/12/02/en-grece-une-passe-pour-le-prix-d-un-sandwich_1417728


Houé c'est a vomir!

Si il y a un lien entre la précarité et la prostitution, c'est pas une loi que remplis le ventre des précaires.
Nous n’avons pas peur des ruines. Nous sommes capables de bâtir aussi.

Buenaventura Durruti
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Messagede Lila » 01 Mai 2017, 19:30

Prostitution : le récit poignant d'un ancien client

Max*, ex-client, a été condamné à suivre un stage de sensibilisation après avoir été pris en flagrant délit. Une expérience positive qui a lui a ouvert les yeux sur la réalité de ce milieu.

à lire : http://www.leparisien.fr/faits-divers/p ... 850188.php



Rebecca MOTT: À propos de celles qu’on accuse de « ne pas être à la hauteur »

Une des phrases que répètent constamment les propagandistes de la prostitution à propos des femmes qui en sont sorties, c’est qu’elles « n’étaient pas à la hauteur »…

Elles n’étaient pas adaptées au « travail du sexe ».

Elles n’avaient pas la force mentale nécessaire.

Elles haïssaient les hommes et donc n’auraient pas dû se retrouver en prostitution.

Elles auraient dû mieux se renseigner avant d’entrer dans l’industrie du sexe.

Par où commencer pour réagir à des propos aussi stupides et aussi lourds de cruauté mentale?

Le lobby de l’industrie du sexe essaie de donner l’impression qu’il existe une forme ou une autre de formation à la prostitution.

Que tout ce dont une femme a besoin, c’est d’une volonté ferme et de quelques tuyaux, et qu’ensuite la prostituée sera en sécurité et heureuse.

Ce lobby maquille le fait que tous les dommages causés aux femmes prostituées sont le fait des prostitueurs et des profiteurs de l’industrie du sexe.

Au lieu de le reconnaître, il place tout le blâme et la culpabilité sur la prostituée, qu’il accuse d’être « faible ».

C’est le truc classique de blâmer les victimes, un geste bien plus facile que de mettre l’accent sur les prostitueurs et les profiteurs de l’industrie du sexe.

Blâmer la prostituée est rassurant, d’autant plus que ce blâme comprend l’idée que la personne prostituée ne peut jamais être entièrement humaine.

Examinons donc cette prétendue faiblesse.

à lire : https://tradfem.wordpress.com/2017/03/2 ... a-hauteur/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 14 Mai 2017, 17:59

L’argumentaire en faveur de la prostitution et ses conclusions “logiques”

Ceux qui sont en faveur de la légalisation de la prostitution ont un argumentaire très répétitif. Il est divertissant d’égrainer les douze points principaux de leur prêche et d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

à lire : https://tradfem.wordpress.com/2017/04/2 ... -logiques/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 12 Juin 2017, 19:42

le terme de « travail sexuel » masque la réalité de l’oppression subie

« Comment le terme de ‘travail sexuel’ écrase les victimes »
Par Raquel Rosario Sanchez,
publié sur Feminist Current, le 4 novembre 2016

à lire : https://ressourcesprostitution.wordpres ... ion-subie/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede bipbip » 25 Juin 2017, 16:19

Aniane (34) vendredi 30 juin 2017

Ciné - débat "Les survivantes de la prostitution"
MDN 34

à 19h30, Lieu-dit La Lauze, route de la Boissière, 34150 Aniane

Ciné - débat autour du film "Les survivantes de la prostitution" animé par Mouvement du Nid 34 + présentation de l'exposition "Une Nouvelle Loi - De Vieux Préjugés" du Mouvement du Nid 34

Entrée gratuite

https://www.facebook.com/events/8505737 ... null%22%7D
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 12 Juil 2017, 19:02

A Toulouse comme ailleurs, nous dénonçons, l’exploitation des femmes par le système
prostitutionnel – Texte collectif

Nous savons que toutes les femmes prostituées vivent des situations alarmantes mais aujourd’hui
nous voulons attirer l’attention plus particulièrement sur les femmes immigrées nigérianes. Plus de
7800 nigérianes sont arrivées sur les côtes italiennes en 2016. Parmi elles, des centaines de
mineures, parfois âgées de 12 à 14 ans. Ces femmes, très pauvres, se sont endettées pour payer
leur passage depuis le Nigéria à travers l’Afrique, arrivant en Italie pour être dispersées sur toute
l’Europe. Elles sont contraintes à la prostitution pour payer leur dette.

Selon les calculs de l’Amicale du Nid, celle-ci s’élève en moyenne à 50.000€. Cette somme équivaut
au moins «à 1700 passes ou à 2.500 fellations» mais cela ne rembourse que la dette à laquelle il
faut ajouter les besoins de la vie quotidienne, la place sur le trottoir, l’hébergement, l’alimentation
et autres besoins incluant l’aide à leur famille et à leurs enfants».

Le marché de la prostitution nigériane remplit les caisses des trafiquant-e-s et répond à une
demande masculine décomplexée et de plus en plus exigeante. La banalisation de la prostitution et
de la pornographie, la culture du viol, s’accentuent, ramenant les femmes à des objets sexuels
disponibles et soumis. Les déséquilibres mondiaux sont aussi à interroger et la «demande» de
prostitution replacée dans un système qui considère que les hommes auraient des besoins sexuels
irrépressibles.

Toutes ces situations ne sont pas prises en compte à Toulouse, par les services de l’Etat. Alors
qu’en préalable de la loi du 13 avril 2016, le délit de racolage était supprimé et que cette loi prévoit
la pénalisation des clients, nous assistons ici à Toulouse, à une contradiction entre la loi et les
pratiques des forces de l’ordre. Actuellement, les femmes nigérianes sont victimes de contrôles
multiples, elles sont placées en garde à vue et même en centre de rétention administrative.

Nous exigeons :
- La libération immédiate des femmes conduites au centre de rétention et leur régularisation
administrative,
- L’arrêt des contrôles policiers des femmes prostituées, que la loi soit appliquée dans le respect
des femmes prostituées,
- Des moyens et un budget indispensables à la mise en oeuvre de la loi,
- La protection des mineur-e-s,
- L’accompagnement des personnes prostituées, comme la loi le prévoit, soit dans des parcours
d’immigration ou des actions de réinsertion sociale et professionnelle, des actions de prévention par
l’éducation aux sexualités et à l’égalité filles/garçons, femmes/hommes,
- Que le travail des Commissions Départementales de lutte contre la prostitution, le proxénétisme
et la traite des êtres humains, soit effectif.

Signataires : Le CRI 31, La FAI (Fédération abolitionniste Internationale pour un monde libéré de toute
forme d'exploitation sexuelle), Le Collectif Midi-Pyrénées pour les Droits des Femmes, Zéromacho,
l'APIAF, La Marche Mondiale des Femmes Midi-Pyrénées


https://marchemondialedesfemmesfrancedo ... 2b0338.pdf
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 16 Juil 2017, 19:13

La lutte contre la prostitution en Loire-Atlantique, une approche globale

Nantes, rue Paul Bellamy, rond-point de Rennes, place Victor Mangin ou encore quai de la Fosse, chaque soir, c'est le même rituel. De jeunes femmes, pour la plupart Nigérianes arpentent le trottoir dans l'attente du client. Ceci est la prostitution visible. Le marché du sexe s'est déplacé sur la toile, mais également dans les bars à hotesses, les salons de massage, ou les sex-tour ( location temporaire d'appartements), prostitution cachée ou pratiquée occasionnellement , notamment par des étudiantes, des femmes demandeuses d'emploi, ou en situation de précarité. On ne compte pas moins de 30 000 personnes prostituées en France. 85 % sont des femmes ; 80 à 90 % d’entre elles sont d’origine étrangère(*) et 95 % des clients sont des hommes. Si le phénomène prostitutionnel est peu visible sur l’ensemble du département, il l’est particulièrement à Nantes. Certaines rues de la ville connaissent une activité nocturne intense et problématique, tant pour les riverains, que pour les personnes victimes de la prostitution elles-mêmes.

Ce lundi Mme Nicole Klein, préfète de la Région des Pays de la Loire a convié les services de police et de gendarmerie, de l'éducation nationale, les services de justice de Nantes et de St Nazaire, ainsi que le mouvement le Nid, association d'assistance aux prostituées, qui œuvre sur Nantes, pour l'installation de la commission départementale de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains aux fins d'exploitation sexuelle.

L’État s'engage pour faire face à ce fléau, grâce à une approche globale et concertée avec l'ensemble des acteurs associatif et judiciaire " Des actions étaient menées auparavant pour lutter contre ce fléau sans véritablement qu'il y ait de coordination et d'échanges entre eux. Notre objectif est que chacun des acteurs que ce soient les associations, l'autorité judiciaire ou les forces de l'ordre puissent coordonner leur action afin de gagner en efficacité afin de travailler sur tous les aspects : la prévention, l'accompagnement et la répression. " explique Nicole Klein, préfète de la région des Pays de la Loire.

Cette commission, placée sous l'autorité de Mme la Préfète a pour mission :
- de coordonner l'action en faveur des personnes prostituées au niveau du département de Loire-Atlantique et de favoriser la cohérence et le développement des actions menées en faveur des victimes de la prostitution, de la lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle;
- d'émettre un avis sur les demandes de mise en place et de renouvellement des parcours de sortie de la prostitution et d'insertion sociale et professionnelle. Elle est composée d'un magistrat, des représentants de l’État, de Pôle emploi, du conseil départemental, des villes de Nantes et Saint-Nazaire, d'une médecin désignée par le conseil de l'ordre des médecins, et des associations œuvrant dans le champ de l'accompagnement de l'insertion des victimes de la prostitution.

La suite : http://www.paysdechateaubriant.fr/La-lu ... a9916.html


Il manque des choses importantes : des papiers pour toutes, un logement pour toutes, et un revenu pour vivre... parce que sinon c'est juste un coup d'épée dans l'eau.
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 23 Juil 2017, 17:03

Extrait du livre de Geneviève Duché : Non au système prostitutionnel, une analyse féministe et abolitionniste du système prostitutionnel

L’argent et la prostitution

« Le sujet avec la prostitution, ce n’est pas la sexualité. […] Le sujet avec la prostitution, c’est l’argent. C’est l’argent qui détermine la volonté des parties et c’est ce même argent qui nourrit le proxénétisme. Dans la prostitution, le consentement à l’acte sexuel est un consentement dans lequel ceux qui ont de quoi payer ont droit à la soumission de ceux qui n’ont d’autres choix. » Najat Vallaud-Belkacem1

Il est impossible de parler de prostitution sans analyser le rôle de l’argent dans cette violence puisqu’il y est à la fois motivation et contrainte, valeur et dévalorisation, cause d’un échange donc semblant d’égalité et de liberté et moyen de domination, moyen d’autonomie et facteur d’addictions et de dépendances.

La relation entre la prostitution et l’argent est centrale mais aussi très complexe et on ne pourra ici épuiser toutes les analyses sur l’argent, la sexualité, la domination et la prostitution et leurs liens. Néanmoins la prostitution mime une relation marchande dont il faut expliquer la portée et le sens pour les deux « partenaires de l’échange ».

La pauvreté et la prostitution,

L’isolement affectif n’est pas l’apanage des classes les moins favorisées, ni les violences sexuelles telles que l’inceste2. La maltraitance affecte tous les milieux et est un facteur fragilisant d’entrée dans la prostitution. Mais les conditions de vie défavorables3 (précarité économique et sociale) multiplient par 1,5 le risque de subir des violences sexuelles au cours de la vie, dont la prostitution. Le besoin d’argent est bien souvent un facteur déclencheur d’une prise de risque. Rosen, survivante : « La prostitution, je devais y rester trois semaines, un mois. Au bout de 23 ans, j’y étais toujours. Et toujours avec les mêmes problèmes financiers. Une chose est sûre, on finit ruinée. Ce qui m’a fait plonger, je ne sais pas, une dépression, la peur du porte-monnaie vide… on y entre, on ne se rend pas compte ».

Ce besoin d’argent se surajoute à un terrain fragilisé. Il est aussi produit par ce qui a été vécu dans l’enfance et l’adolescence qui a marginalisé, qui a réduit les possibilités de réussite scolaire, qui a initié un processus de désaffiliation.

La violence et la délinquance sont genrées. Par exemple dans le cas de manque d’argent prolongé, hors insertion sociale et professionnelle classique, les hommes auront tendance à voler, à se lancer dans des trafics illicites, à devenir proxénètes ; les femmes oseront moins un acte violent et seront davantage en risque de prostitution. Une femme accompagnée par l’Amicale du Nid dit : « Je n’avais plus rien et j’étais seule, qu’est-ce que je pouvais faire, arracher le sac d’une petite vieille pour manger, pénétrer dans une maison pour voler ? Je pouvais pas, c’était pas mon genre ». Est-il besoin de rappeler la situation de pauvreté et de soumission de millions et de millions de femmes dans le monde, leurs problèmes de survie lorsqu’elles ont des enfants et se retrouvent seules à subvenir à leurs besoins ? Dans toute société la prostitution augmente avec l’appauvrissement, et les femmes issues de couches défavorisées sont surreprésentées dans la prostitution. Les femmes dans le monde sont les personnes qui connaissent le plus la pauvreté, la précarité des emplois et le temps partiel. Robert Castel4 à propos de la pauvreté et de la précarité écrivait : « La propriété de soi se réduit à la propriété de son corps avec lequel on est obligé de payer cash parce qu’on n’a pas d’autre monnaie d’échange. Alors on paie de sa personne. Cela peut aller jusqu’à la prostitution ».

La pauvreté n’est pas seulement économique, elle est aussi manque d’éducation, de formation, elle est isolement, manque de relations sociales. Elle est souvent accompagnée de problèmes de santé, elle est manque de ressources réelles et symboliques.

Derrière les singularités des processus semblables :

« Si je suis entrée dans la prostitution c’est parce que je suis transsexuelle. On m’avait dit que c’était le seul endroit où je pourrais rencontrer des trans. Je n’avais pas de famille, personne. J’avais 14 ans et je voulais me procurer des hormones… ce que je voulais surtout c’était un lien avec les autres filles. La prostitution était un cocon, une famille. Mais une famille qui me détruisait ».

Sonia qui a subi des violences morales, selon son expression, et l’indifférence de ses parents : « J’avais une vingtaine d’année. J’étais bizarre, marginale, je ne pouvais pas m’intégrer. J’avais une copine, une fille de la DDASS qui se droguait un peu, et on était des « chaudasses ». On allait draguer mais on était pauvres. Je me souviens qu’on faisait qu’un seul repas par jour, un peu de vache Gros Jean sur du pain. Un jour elle m’a raconté qu’elle avait une copine qui avait un client régulier. Elle cherchait d’autres filles. On s’est dit qu’on allait y aller à deux ».

Que signifie donc le consentement quand ses ingrédients sont l’effondrement de l’estime de soi par des violences subies, l’isolement, les conséquences de traumatismes, la violence des proxénètes, les pressions de la famille, la précarité, le besoin… et la demande des prostitueurs.

Ces prostitueurs qui se rendent dans les pays pauvres et qui se voient souvent comme s’ils exerçaient une fonction sociale admirable !

Sur un forum internet5 où des clients de la prostitution discutent de la réalité ou non de la traite et de l’exploitation des femmes, un d’entre eux écrit : « C’est peut-être vrai ; peut-être que ces femmes ont des vies horribles et déprimantes. Si oui et si elles en souffrent à ce point, je représente quelques heures d’argent facile. Je suis pour elles un repas gratuit ». Un autre : « Allez là où les gens ont faim. Choisissez un pays pauvre, allez chercher des femmes dans les régions dévastées par la famine. Elles vous adoreront. Elles prendront soin de vous. Elles vous laisseront les…, elles vous masseront, elles feront n’importe quoi pour vous… et pour tellement peu d’argent, juste de quoi manger un repas de plus et survivre ».

Est-il besoin de commenter ? Non ! Mais cela renvoie à l’adresse de Roméo6 à l’apothicaire auquel il achète du poison alors que la vente en est interdite : « C’est ta pauvreté seule, ô marchand, que je paie, et non ta volonté ».

Le moment de basculement dans la prostitution est beaucoup plus un naufrage qu’un choix, et ensuite les personnes, prises dans ce qu’elles ont pensé être une solution à leurs problèmes ou une démonstration de maîtrise de leur vie, se battent, se débattent, voire s’annihilent encore davantage pour ne plus sentir le dégoût, l’étouffement, la peur et la souffrance de la noyade.

La prostitution n’est pas un choix, c’est un manque de choix.

L’argent de la prostitution

Les industries du sexe représentent des milliards. Le trafic de la traite des êtres humains à des fins de prostitution fait partie des trois grands trafics mondiaux avec les armes et les drogues, trafic liés la plupart du temps. S’est mis en place un véritable colonialisme prostitutionnel qui amènent la marchandise dans les pays riches où sont les clients ou qui transportent les clients vers les « paradis » du viol tarifé. Des millions de femmes et d’enfants sont ainsi mis en esclavage sexuel. Evitons les fausses catégorisations et le déni, il n’y a pas d’un côté la traite des êtres humains, un mal, une atteinte aux droits humains fondamentaux et de l’autre une prostitution libre. C’est parce que la prostitution existe c’est-à-dire une demande de la part de prostitueurs-clients que les trafiquants et proxénètes de toutes sortes (même des compagnons ou maris) organisent à leur profit le marché des personnes chosifiées et des corps soumis. L’argent de la prostitution est d’abord l’argent dépensé par les clients et gagné par les proxénètes. Il en reste peu dans les mains des victimes qui sont souvent aux abois, payer sa dette, envoyer de l’argent au pays pour la famille qui parfois l’a vendue, faire vivre ses enfants après des ruptures d’emploi ou de couple, payer les vêtements et maquillages qui les transforment en prostituées…

L’argent et la consommation

L’argent est investi de nombreuses fonctions, de nombreux fantasmes. Il est moyen d’échange et mesure de la valeur mais aussi et surtout l’argent dit à la fois la vérité du désir, du fantasme de puissance et de richesse et la vérité du besoin parce qu’il incarne aussi la possibilité de satisfaire ses besoins essentiels.

« C’est tout le génie de l’argent que de parvenir à produire simultanément les deux : et le fantasme de l’abondance et la réalité de sa rareté et l’idée consciente et généreuse de sa plénitude et de son partage et le désir inconscient de son appropriation exclusive »7. La jouissance par l’argent n’étant en fait possible que s’il y a inégalité dans la possession de l’argent, « Non pas l’abondance pour tous mais l’abondance pour moi et aux dépends des autres »8. Argent, révélateur de rareté et de besoins premiers du corps par son manque mais aussi support et moyen de puissance fantasmée par ce même manque qui construit le désir. C’est dans cette double valence que l’argent est associé à consumérisme et consommation. Le désir et l’achat d’un bien ont à la fois à voir avec la satisfaction d’un besoin réel et avec autre chose. Sans accès aux biens premiers, la vie est en danger mais ces biens premiers qui prennent plusieurs formes et se parent de différentes qualités et d’usages différenciés sont aussi en même temps, comme les autres biens pensés comme superflus, des représentations de l’être social. Ce que l’on peut acheter ou pas, ce que l’on achète effectivement, ce que l’on consomme ou les pratiques de consommation situent le sujet dans un tout social, le situent par rapport aux standards admis mais aussi par rapport à une hiérarchie de la puissance, du goût etc. La consommation, par les biens et services appropriés, est à la fois signe de différenciation (individualisation par la possibilité de choix parmi un très grand nombre de biens) et signe d’appartenance (à un milieu, à un groupe). Dans une société de fausse abondance et de consommation de masse où l’impératif de jouissance plus que la possibilité de plaisir est exacerbé (de même que la consommation de sexe), la relance de la demande par le système productif sera constante et s’appuiera sur le manque qui est à l’origine du désir et ce, dans un double mouvement. A la fois une partie du besoin sera transformé en désir donc en manque perpétuel et le désir plus insaisissable, qui peut tenter de se fixer sur plusieurs objets et aussi sur des objets non économiques ou non achetables, sera transformé constamment en besoin, et donc présenté par le système marchand et vécu par les acheteurs potentiels comme incontournable.

Aussi l’idée selon laquelle l’avoir remplace l’être dans nos sociétés marchandes n’est pas forcément juste. L’être est constitué à la fois par ce qui est son humanité en elle-même, du côté de l’ontologique, et par sa place et sa participation à une société à un moment donné, ici et maintenant, société dominée par la valorisation de la jouissance et du plaisir par la consommation, consommation qui provient des conditions d’organisation de la production matérielle. L’être est aussi fait de ces tensions du manque et du désir qui s’adressent aux fruits de l’activité humaine contenant la cristallisation de l’effort humain et la promesse de la reconnaissance sociale. Très rares sont ceux qui peuvent s’en dédouaner et plus rares encore sont ceux qui le font. Chacun-e est partie prenante du système, non pas seulement en tant que consommateur-trice réalisé-e ou empêché-e comme dans la grande pauvreté, mais aussi en tant que producteur-trice de biens, donc de valeurs, en tant que travailleur-se payé-e à la valeur définie par la société à un moment donné. Cet argent reçu permet d’acheter une partie de cette production collective. Mais des personnes, parce que sans travail, sont empêchées de le faire. Ainsi la production et la consommation sont des moments de la même problématique d’intégration sociale et donc de l’être.

L’idéologie consumériste créant de multiples besoins et des objets à posséder à marquage social important mais hors de portée de nombreuses personnes dont les jeunes, peut les pousser à considérer la prostitution comme moyen rapide de satisfaire leurs désirs et leurs besoins de reconnaissance sociale. Certes le système crée des vulnérabilités mais ce n’est peut-être pas n’importe quel enfant ou adolescent-e qui sera exposé-e à la prostitution, ce n’est peut-être pas n’importe quel adolescent ou adulte qui imposera un acte sexuel contre objet ou argent.

La prostitution et l’argent : perdre sa vie en voulant la gagner…

L’accès aux marchandises convoitées passe par l’argent ou le pouvoir d’achat. Comment l’obtenir ?

Soit par les moyens considérés comme normaux et souhaitables qui organisent en même temps la société : à savoir l’héritage, produit du lien familial qui fait norme, produit accumulé par des générations ; produit du travail, du talent, de l’exploitation, de la spéculation. Ces moyens sont non transgressifs par rapport au droit de la propriété en vigueur, à la valeur du travail et du mérite, à savoir le travail rémunéré et le « travailler plus pour gagner plus », par rapport au système économique et d’exploitation en vigueur.

Soit par des moyens « déviants » : celles et ceux qui n’ont pas accès à un héritage, qui manquent d’argent parce qu’ils manquent de travail ou parce qu’ils reçoivent des revenus insuffisants pour satisfaire leurs envies communes à la majorité des personnes, ceux qui ont des désirs de consommation-jouissance plus importants que le standard de leurs parents ou de leur groupe, vont trouver des moyens de satisfaction déviants par rapport à la norme : trafic, vols, prostitution. Chaque personne ira (trajectoire à connaître) vers « son moyen » et une personne peut cumuler plusieurs moyens déviants9.

La prostitution pourra être ainsi vécue comme moyen non seulement de pouvoir survivre mais aussi de consommer et d’être intégré par ce niveau de consommation en même temps que dans la jouissance promise par les marchandises.

Ce qui est en jeu dans la prostitution c’est le corps et l’intimité. On est son corps, mais aussi on a son corps ; c’est parfois la seule chose qu’une personne a, ou a le sentiment d’avoir dans le dénuement le plus complet. Mais dans la prostitution c’est aussi un corps qui a été souvent et qui est objet du désir, de la concupiscence d’un autre ; la personne voit dans son corps quelque chose que l’autre veut, quelque chose qui a été touché et pris de force parfois, quelque chose qui a déjà fait l’objet de transactions (cadeaux et argent donnés à la petite fille ou au petit garçon violé-e). Cette personne déjà chosifiée et dévalorisée va alors proposer à nouveau ce corps comme marchandise contre de l’argent.

Elle va s’assurer de l’appétence des clients pour son corps et de son pouvoir de « séduction » en s’offrant dans la performance (au sens de Judith Butler10) d’une féminité irrésistible (femmes et hommes travestis).

Mais on est son corps, l’acte de vendre l’usage de son corps ne va pas être neutre :

– parce que cette vente est souvent recherche d’une anesthésie, par une nouvelle souffrance, de souffrances antérieures de même nature, agressions sexuelles, viol, pour les évacuer ou tenter de les évacuer ;

– parce que des personnes prostituées disent que cet argent demandé et reçu est une vengeance de ce qui leur est arrivé plus jeunes ; « ils l’ont eu gratuitement maintenant ils le paient » ;

– parce que l’usage du corps est vendu à un client qui va l’utiliser pour sa jouissance propre alors que, la personne prostituée ne souhaitant pas avoir ce rapport sexuel pour lui-même, cette effraction sera traumatisme ;

– parce que cette vente se fait à un prix du marché différent selon les « qualités extrinsèques » de la personne prostituée et les modalités de la prostitution ; la personne prostituée va situer son corps et donc son être, dans une chaîne de rapports qualité-prix. Elle est donc en même temps doublement objet de consommation et doublement dévalorisée, annulée en tant que personne et victime de racisme et de goût pour l’exotisme, souvent : plus belle, moins belle, noire ou blanche, cultivée ou pas (escort, prostitution étudiante) avec toutes les représentations qui s’attachent à l’origine, à l’accent, aux formes du corps etc. Le système prostitueur organise bien un marché sur lequel chaque besoin trouvera satisfaction selon le pouvoir d’achat du client, client roi évidemment. L’argent ainsi gagné n’est qu’apparemment la contre-valeur de la participation à la production sociale, celle qui permet d’être intégré à une société, d’en partager les charges et les fruits. La vente directe du corps-intimité de ceux et celles qui sont chosifé-e-s, acheté-e-s pour les fantasmes qu’elles-ils font naître, la violence qu’elles-ils supportent et les trous-blessures qu’elles-ils mettent à disposition, ne peut être un travail comme les autres. Au moment où les personnes prostituées pensent gagner leur vie par l’argent qui leur est donné, elles disparaissent en tant qu’être humain (réification), elles ne peuvent donc pas être les égales en droit qui participent à la production sociale. Elles n’y ont pas de place et depuis toujours les prostituées sont constituées en un groupe à part, dont l’existence permettrait de protéger les familles, d’évacuer dans une fonction d’égout le trop plein dangereux de la libido masculine. L’ancienne appellation « fille de joie » soulignant combien le foyer pouvait peser aux hommes et entravait leur plaisir mais aussi combien on ne se préoccupait pas de la domination subie par les personnes ainsi nommées, bonnes et seulement bonnes pour le plaisir des hommes. Mais comme notre société a l’art de tout montrer et de tout vendre (voir il y a quelques années la mode des poubelles de table), cet égout que les pères de l’Eglise catholique ont eux-mêmes accepté comme pis-aller, est transformé en lupanars diversifiés adaptés à toutes les bourses et/ou en quintessence de liberté. La médiatisation et la commercialisation de la massification de la prostitution (La Junquera à la frontière franco-espagnole, les championnats de foot) et du fait qu’elle serait assumée par beaucoup de personnes prostituées, facilitent l’organisation de l’offre (proxénétisme), l’organisation du trafic, et fait chape de silence sur les souffrances endurées.

C’est ainsi que la prostitution exclut, exclusion de soi-même, exclusion de la société.

Sexe et relation au risque de l’argent :

Le mot de Stendhal « Celle-ci trouve à se vendre qui n’aurait pas trouvé à se donner »11 est fort explicite. A l’époque de ce grand écrivain, une femme était censée se donner, une seule fois évidemment, à l’homme de sa vie, ou à son mari dans la version moins romantique. Stendhal est en avance sur Marcel Mauss qui fera par la suite l’analyse célèbre de la fonction du don et du contre-don. Sa phrase signifie qu’une femme qui ne trouve aucun homme susceptible de recevoir son don, d’accepter son don ou d’avoir envie plutôt de son don et de se mettre en position de donner à son tour un contre-don beaucoup plus engageant, liant, que le paiement pour l’accès au corps d’une prostituée, ne peut que trouver à se vendre. Ceci résonne pour la personne prostituée comme : « je ne suis bonne qu’à me vendre ! ». Sa dépréciation est totale alors même qu’elle annonce un prix pour l’usage de son corps.

Il reste encore à examiner, dans les relations entre les hommes et les femmes, les points communs et les différences entre la relation durable, le mariage et la prostitution. Ici nous ne pourrons que l’évoquer rapidement.

Un juge a estimé il n’y a pas longtemps, en France, qu’un mari devait verser des dommages et intérêts à sa femme parce qu’il l’avait privée, pendant des années, de relations sexuelles. Intéressant jugement pour deux raisons.

– D’abord c’est un jugement qui peut interroger les représentations courantes ; on ne l’aurait pas attendu dans ce sens, un homme condamné pour absence de rapports sexuels, privation de rapports sexuels. Les enquêtes sur la sexualité montrent assez souvent que les femmes, au bout d’un certain temps, n’ont plus trop envie d’avoir des relations sexuelles fréquentes avec leur compagnon. Mais, il est vrai aussi que la plupart y consentent sans rien dire et beaucoup font semblant d’en jouir. Il n’y a pas de symétrie. Ce sont les femmes qui sans rien dire acceptent la relation sexuelle. Par soumission ? Pour faire plaisir ? Pour s’inscrire dans ce jeu du don-contre-don que serait le mariage ou la relation durable ? Lourde obligation qui fait dire à certaines femmes qu’il vaut mieux la liberté de se vendre… Cependant la relation don-contre don est un leurre dans le cadre des relations hommes-femmes puisqu’il y a domination masculine. Pour Christine Delphy, la condition de possibilité du don, c’est l’égalité12.

– Ensuite parce que cela montre que le mariage, dans le cas de ce jugement, est bien considéré comme un contrat sexuel13 dont on aurait atténué les effets en luttant contre les violences dans le couple. C’est pourquoi le viol dans le mariage est reconnu comme crime, fort heureusement. Mais en même temps le refus de rapport sexuel de la part d’un des époux justifie divorce et dommages et intérêts, ce qui signifie qu’on lie tout à fait mariage et sexe puisque ce qui a présidé au jugement c’est le fait de priver quelqu’un d’un droit. Pourtant aujourd’hui la liberté pour les deux, femme et homme, l’évolution des mœurs, l’évolution dans le vécu du mariage – contrat remis en question dans 50% des cas – permettraient, autoriseraient, d’avoir des relations sexuelles hors mariage et d’avoir son comptant de sexe ailleurs tout en restant marié-e.

Il n’en reste pas moins qu’une femme a reçu de l’argent non parce qu’elle a vendu l’usage de son corps mais parce qu’elle n’a pas eu de rapports sexuels avec son mari qui devait lui en donner. Ce qui signifie qu’il y aurait donc bien un droit au sexe dans le mariage et donc que le mariage est bien un contrat sexuel. Mais un contrat sexuel dont on veut rendre, aujourd’hui, les partenaires égaux, alors qu’à son essence il ne l’est pas puisqu’inscrit dans la domination masculine et la République des frères.

Ce jugement montrerait que le droit au sexe (sexe avec l’autre ou de l’autre ?) ne peut exister que dans le mariage, comme organisateur légal, mais avec le consentement des deux partenaires (interdit du viol conjugal). La privation fait dommages.

Que signifie cet argent remplaçant ce manque ? Est-ce de la même nature que la demande de remboursement d’un client qui aurait payé et qui n’aurait pas eu ce qu’il attendait ?

Tout ceci indique non seulement la complexité des fondements et de l’action du Droit mais aussi la complexité des relations entre hommes et femmes, la difficulté de définir leur nature et ce qui fonde le droit dans ces relations, celle aussi de séparer le privé et le public, de définir ce qui devrait être alors que l’amour et la sexualité, pas forcément liés, sont chacun difficile à cerner, chacun étant articulé sur des dynamiques psychiques et sociales complexes….

Les clients de la prostitution, qui sont par ailleurs souvent des maris et des pères de famille, ne veulent rien voir de la vie et des conditions des femmes qu’ils chosifient. Ils définissent ainsi parfaitement ce qu’est la prostitution, un moyen d’éjaculer sans engagement. Le client paie, se dédouane ainsi puisque l’autre accepte l’argent et même le réclame : argent liquide la plupart du temps.

Cet argent liquide la relation ! L’argent est à la fois moyen et affirmation de la domination.

L’argent, fonction symbolique qui lie et délie :

L’argent a de multiples représentations et fonctions dont il serait nécessaire d’analyser les rapports avec la prostitution et la dynamique psychologique des personnes prostituées.

La monnaie qui représente l’argent, parce qu’elle contribue à écarter le sentiment d’incertitude voire de chaos, est une convention essentielle aux économies de marché. La détention de monnaie offre une liquidité maximale qui peut être échangée contre n’importe quel actif à tout moment et sans coût. Dans un monde d’incertitude radicale la détention de liquidités rassure (on reconnaîtra la « préférence pour la liquidité » de J.M. Keynes). Pour la personne prostituée désinsérée et fragilisée, cet argent qu’on peut gagner rapidement et tous les jours (alors que dans un travail salarié le versement du salaire est mensuel) peut être à la fois nécessaire dans le cas de consommation importante et « déviante » à payer cash mais aussi moyen de parer l’angoisse face à l’incertitude de son devenir.

L’argent est aussi autre chose dans l’ordre politique et social. Pour fonctionner, la monnaie a besoin de confiance et en particulier une confiance politique qui se réfère à une souveraineté transcendante. Pour Michel Aglietta et André Orléan14 la confiance hiérarchique repose sur la reconnaissance d’une autorité souveraine, d’une instance supérieure à laquelle chacun est subordonné et qui représente à la fois un recours, une protection et une garantie. « Une telle confiance met en jeu deux propriétés essentielles, d’une part l’existence d’une hiérarchie des valeurs (l’instance souveraine est supérieure hiérarchiquement) et d’autre part le fait que le lien entre les agents apparaît dès lors comme un lien social puisqu’il les lie tous en les subordonnant à cette instance ».15 L’argent est donc lien et on comprend alors le mirage qu’il peut être pour des personnes isolées et à la marge de la société. Cette confiance en la monnaie argent traduit la protection d’une autorité politique ; avoir de l’argent est alors reconnaissance d’être partie d’un tout, élément protégé comme les autres éléments de la société.

Selon Aglietta la souveraineté doit être davantage que l’État. La société est une réalité irréductible à la somme de ses membres de sorte que la souveraineté a une source extérieure à l’existence humaine. Elle suppose l’immortalité de la société, sa pérennité au-delà de la mort de ses membres et implique une protection de leur vie. Reprenant le concept de Marcel Mauss, Aglietta affirme que chaque membre de la société a une dette de vie vis-à-vis de la société prise comme totalité. La monnaie aurait pour rôle de mesurer cette dette sociale dans les sociétés à État. Elle la mesure à la fois par l’impôt que les membres de la société versent à l’État et par les dépenses de celui-ci pour assurer ses fonctions de protection. Mais ici la monnaie n’éteint pas les dettes. Au contraire la monnaie assure le décompte de la dette mais ne l’épuise jamais. Elle est l’opérateur par lequel les agents partagent une définition chiffrée de l’appartenance à la société16. C’est pourquoi le paiement de l’impôt par tous est un moment fondamental de l’appartenance sociale et de la citoyenneté. C’est pourquoi aussi il est fondamental que chaque membre puisse contribuer au budget qui finance leur protection. Faire valoir les droits de la personne prostituée (mais pas le droit à la prostitution) est nécessaire en tant que l’instituant dans un tout social, qu’elle paie des impôts le serait-il tout autant ? La discussion est ouverte.

La monnaie est lien social ; c’est par elle que la personne prostituée veut « éprouver » ce lien. C’est par elle que cette personne aura à la fois l’illusion du lien et d’être reconnue en tant que membre de la société et la douleur d’être niée comme être humain puisqu’achetée comme une chose. Le désordre de la relation à l’argent est alors compréhensible. L’argent qui circule dans la prostitution ne peut faire lien social; il est au contraire le signe de sa destruction et ne peut donc rester longtemps dans les mains de la victime.

Argent vite gagné mais vite dépensé. Argent qui brûle les doigts, argent qui va servir à faire des cadeaux pour se faire aimer, argent qui va servir à « compenser seulement » les fatigues et la violence subie ; argent qui va permettre à d’autres de vivre ; argent qui ne sera pas accumulé, argent sale qui doit être immédiatement dépensé… C’est ainsi que toutes les personnes accompagnées par l’Amicale du Nid par exemple sont dans des situations très précaires et vieillissent souvent avec une allocation de solidarité. Cette fin suffit-elle à les réinsérer dans le tout social ?

Laissons le dernier mot ou presque à Françoise Héritier qui permet de ré-encastrer la prostitution dans l’histoire et la dimension anthropologique. Elle écrit dans son livre « Une pensée en mouvement »17, que le paiement de l’acte sexuel est un fait très ancien mais néanmoins daté. En Europe par exemple, on peut y voir une transformation d’une vieille coutume, présente dans le droit germanique qui est la compensation du « dol » causé à autrui. Aujourd’hui on appellerait cela en droit civil des « dommages et intérêts ». Ce genre d’indemnisation a pour conséquence d’éteindre toute revendication, toute nouvelle plainte. Le rapt et le viol faisaient partie de ces atteintes que l’on pouvait compenser en payant les ayants droit sur la femme : le père, le frère, l’époux. La prostitution est un raccourci de ce principe : en payant la femme directement, on éteint toute plainte de sa part pour le passé, et on légitime les actes à venir. Ce n’est pas une transaction commerciale comme une autre, c’est l’indemnisation d’un viol. Le paiement du rapport sexuel remplace le viol brutal. Mais cela n’efface pas le caractère attentatoire de l’acte lui-même. La prostitution est le pur produit du système patriarcal fondé sur l’appropriation privée et collective des femmes par les hommes.

« En 1996, Jack Nicholson a, dit-on, engagé C.S. et une autre femme pour « un ménage à trois », en promettant à chacune la somme de mille dollars. Quand est arrivé le moment de payer, le comédien a grondé qu’il n’avait pas à payer pour du sexe. Selon C.S., il est ensuite devenu violent, la saisissant par les cheveux et lui frappant la tête au sol avant de la jeter hors de chez lui. Elle a intenté une poursuite judiciaire contre lui et, l’année suivante, Nicholson a déboursé 32500 dollars en échange du retrait de sa plainte et d’une promesse de garder le silence »18. Pratique courante aux Etats-Unis, adaptation moderne de l’ancienne coutume, indemnisation d’un viol, mais aujourd’hui directement à la victime… un signe de plus grande égalité entre les femmes et les hommes ? Affaire qui rappelle aussi que les personnes prostituées sont souvent violées par les clients (au sens de la définition du viol reconnue actuellement) ce qui étonne encore beaucoup de personnes qui ne voient la prostitution que dans le consentement d’une personne qui peut alors tout subir ou qui « l’a bien cherché » pour avoir de l’argent.

Rien de civilisateur donc dans ce marché, dans cet échange de dupes qu’est la prostitution ; échange inégal s’il en est, et provocant de la souffrance. Les personnes prostituées pensent gagner leur vie et la détruisent ainsi ; les clients exercent une domination facile (celle liée à leur seul statut d’homme qu’ils peuvent exercer là, même s’ils sont d’une classe sociale défavorisée, à condition qu’ils aient un peu d’argent) et veulent croire en la jouissance de l’autre femme ou homme qui rassure leur masculinité ou leur permet de vivre une sexualité inavouable alors que leur propre jouissance n’est pas forcément assurée et que la personne prostituée vit cet échange dans le dégoût et la dissociation.


Geneviève Duché : Non au système prostitutionnel

Une analyse féministe et abolitionniste du système prostitutionnel

Editions Persée, 2016, 396 pages, 23,40 euros


1 Discours d’ouverture aux travaux de l’Assemblée nationale, Novembre 2013.

2 Voir l’histoire familiale de Niki de Saint Phalle, artiste célèbre qui a subi l’inceste de son père.

3 Enquête sur les comportements sexistes et les violences envers les jeunes-filles en Seine –Saint-Denis, par l’observatoire des violences envers les femmes du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, in G. Lopez, Enfants violés et violentés, le scandale ignoré.

4 Connu comme philosophe et sociologue et par entre autres son ouvrage Les métamorphoses de la question sociale : une chronique du salariat, Fayard, Paris, 1995, réédition Folio-Gallimard, Paris, 2000.

5 De Victor Malarek, « Les prostitueurs », Editeur M, 2009.

6 Roméo et Juliette de William Shakespeare, Acte 5, scène 1.

7 Laurence Duchêne, Pierre Zaoui, L’abstraction matérielle, L’argent au-delà de la morale et de l’économie, Paris, Ed La Découverte, 2012, p.143.

8 Id Ibid, p.143.

9 Nous pouvons reprendre l’explication de la déviance du sociologue américain Robert Merton : il y aurait
– les buts légitimes que propose une société (partagés par un plus grand nombre) donc pour notre société on trouve, un des premiers sinon le premier, l’argent ou l’enrichissement ;
– les moyens légitimes que propose la dite société pour atteindre ces buts : le travail, la spéculation, etc.
Une personne n’ayant pas accès au moyens légitimes (pour diverses raisons) se dirigera vers des moyens illégitimes ou hors de la norme (déviants) pour y parvenir.

10 Trouble dans le genre, pour un féminisme de la subversion, la Découverte, Paris, 2005.

11 Dans « Le rouge et le noir ».

12 In « que donnent les femmes, Revue du Mauss n°39, p.232-246.

13 Voir Carole Pateman, Le contrat sexuel, Paris, 2010.

14 Voir leurs travaux sur la monnaie, 1982, 1998, 2002.

15 In l’abstraction matérielle id ibid, page 102.

16 Id Ibid Page 106.

17 Ed. Odile Jacob, 2009.

18 V.Malarek, Les prostitueurs P.37-38..


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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 30 Juil 2017, 19:05

Témoignage d’un Ex-John

Pour des raisons de confidentialité et à la demande de l'auteur, nous avons modifié son nom car cette personne souhaitait rester anonyme et on le comprend...

"Je me suis marié dans le début de ma vingtaine et à cette époque, j'avais des convictions fortes que j'ai perdues au fil du temps, ce qui m'a amené à consulter pour mes dépendances sexuelles à la prostitution. La consommation de porno a fait naître en moi la bête sans coeur, sans émotion et sans scrupule. J'ai eu peu à peu envie de réaliser certains fantasmes que je ne pouvais avouer et imposer à ma partenaire. Mon pouvoir d'achat me donnait un sentiment de toute puissance et je cédais à l'adultère.

Tout à commencé dans les bars de danseuses nues à gaffes. Dans les cabines, je m'envoyais en l'air avec des femmes que je voulais croire libres et consentantes. Puis, j'ai fais appel à des agences d'escortes qui m'envoyaient les plus belles filles. Je demandais des femmes plus mûres qui sont aussi plus disponibles car les demandes des autres clients ciblent plutôt les filles de 18-20 ans à 120$ de l'heure. Je pouvais tout avoir: GFE expérience, trip de cul à 3 ou 4, orgies,... la facture était salée !

Un jour, j'ai attrapé des morpions et j'ai dû m'abstenir avec ma partenaire le temps du traitement car je ne voulais pas la contaminer ni éveiller ses soupçons. Cela m'a amené à réaliser le tort que je faisais à ma femme et à mes enfants en leurs mentant délibérément. Je me sentais minable de trahir ainsi mes proches! J'ai donc consulté un psy car je sentais que ma vie familiale était en péril et j'ai aussi fait appel à un groupe de soutien aux dépendants sexuels anonymes.

Ce fut pour moi très révélateur du fonctionnement de mes déviances et cela m'a permis de comprendre comment j'avais sombré dans cette habitude de payer pour du sexe. J'ai compris que ces relations étaient artificielles: les prostituées me laissant croire que j'étais important à leurs yeux, alors que je n'étais qu'un client et qu'elles ne s'intéressaient qu'à mon argent. Ce qui, avec le recul, me semble tellement évident puisqu'elles ne m'avaient jamais choisi pour moi-même, mais seulement parce que je payais. J'ai réalisé que je ne faisais qu'exploiter ces femmes probablement contraintes par des proxénètes ou par la misère. J'ai enfin pris conscience que j'allais vers la faillite et le divorce et j'ai donc choisi ma femme et mes enfants et renoncé à l'hypocrisie et au mensonge inhérents à l'industrie du sexe.

J'ai voulu partagé mon expérience pour que d'autres hommes comme moi comprennent le tort qu'ils font à leurs proches et aussi à ces femmes victimes d'une forme d'esclavage sexuel. Je ne crois plus au discours des "putes heureuses" et "libres de vendre leurs corps" car ce sont plutôt les hommes qui se pensent libres de les acheter! Elles semblent plutôt prises dans un engrenage infernal que moi, j'alimentais sans vraiment m'en rendre compte car je ne pensais qu'à mes propres besoins et non à ceux de ma famille qui n'attendait qu'amour et respect de ma part. J’ai donc enfin cesser de ne penser qu’à moi et plus au ressenti de ces femmes que j'exploitais sans me poser de question.

The John .


https://www.facebook.com/notes/abolitio ... 954176042/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 18 Aoû 2017, 19:03

Pourquoi suis-je devenue abolitionniste

Pourquoi suis-je devenue féministe et abolitonniste, alors que je suis ouverte, libérée et ancienne vendeuse de jouets érotiques?
J’ai toujours été très ouverte sexuellement et j’ai longtemps cru que la prostitution devait être légalisée, pour le bien des femmes. Je n’ai jamais jugé les femmes qui travaillaient dans «l’industrie du sexe», ni les gens qui profitaient de leurs services.
Je suis encore ouverte, mais je ne crois plus que la prostitution devrait être légalisée. Je ne crois plus qu’être prostituée est un choix, ni qu’il s’agit de quelque chose qui ne regarde personne d’autre que deux adultes consentants.
J’ai changé d’idée. J’ai changé tout court. Parce que j’ai posé des questions et que je me suis questionnée moi-même. Parce que j’ai observé, écouté, lu, appris et accepté que je m’étais trompée.

La notion de choix dans la prostitution

J’ai changé d’idée parce que j’ai réalisé que même si ça semble parfois être un choix d’offrir ses charmes en échange d’argent, c’est plus souvent qu’autrement une solution «moins pire» que d’autres, et surtout plus accessible, à des problèmes plus profonds comme le manque d’argent, d’estime, de temps, de diplômes, de soutien, de ressources, de choix. Peu importe pourquoi on le fait, ce n’est pas un choix, c’est une absence de choix…

Les facteurs de vulnérabilité à l'entrée dans la prostitution
J’ai changé d’idée parce que j’ai appris qu’au moins 85% des femmes prostituées ont été abusées sexuellement avant d’être prostituées et qu’elles ont cultivé, plus ou moins consciemment, l’impression de n’être bonne qu’à ça, plaire, charmer, poser, servir, baiser, sucer, être un objet de désir… Il m’est un jour apparu évident que la prostitution était davantage une conséquence qu’un choix libre et éclairé. Surtout en apprenant aussi que la moyenne d’âge d’entrée dans la prostitution est de 14 ans et que le manque de ressources financières est un des facteurs qui poussent le plus les femmes à être prostituées.

La sortie de la prostitution

J’ai changé parce que j’ai appris et constaté qu’au moins 90% des femme en situation de prostitution souhaitent en sortir mais n’y arrivent pas, peu importe les raisons. Ces raisons sont nombreuses et parfois difficiles à comprendre, mais le résultat est que la majorité des filles n’arrivent pas à arrêter au moment ou elles le souhaitent et de la façon dont elles veulent le faire. Et lorsqu’elles en sortent, elles sont très souvent profondément marquées, traumatisées et meurtries. C’est désastreux. Mais c’est normal. Parce que la prostitution, en soi, c’est violent. N’importe quel humain vivant de la violence de façon répétée ou sur une période prolongée en garde des séquelles.

La prostitution, un métier ?

C’est pour ça que j’ai changé. Parce que d’accepter la prostitution comme étant une banalité, un mal nécessaire, un métier ordinaire ou un choix volontaire et conscient, ça aurait été nier tout ce que j’ai vu, lu et entendu de détresse, de désespoir, de colère et de douleur.
La prostitution laisse les mêmes séquelles que le viol, car la prostitution, c’est une suite de viol. Il n’est pas question de consentement libre et éclairé lorsque celui-ci est acheté par une personne qui possède une ressource nécessaire à la survie de l’autre. Il est alors plutôt question d’exploitation et d’esclavage. Parce qu’il n’est pas question de métier quand on parle de prostitution, sérieusement, ça n’a rien à voir avec un métier… On ne rêve pas de faire carrière dans «l’industrie du sexe», on ne souhaite pas que nos filles fassent carrière dans l’industrie du sexe, et ce, même quand on ne juge pas les femmes prostituées.

T'es rendue prude Maman toute croche ?

Être abolitionniste, ce n’est pas être prude, puritaine ou pleine de jugements; c’est vouloir combattre une violence qui n’a aucune raison d’être. Ce n’est pas être contre les femmes prostituées; c’est vouloir qu’elles n’aient plus à l’être et croire que c’est possible. Ceux qui prétendent l’inverse le font haut et fort parce qu’ils en ont les moyens et qu’ils ont gros à perdre si la société s’engage à combattre la prostitution.
Ce ne sont pas les femmes prostituées et détruites de l’être qui propagent le plus qu’il est acceptable d’être prostituée, ce sont ceux et celles qui les exploitent, financièrement et/ou sexuellement.
Et ce n’est pas parce qu’une femme dit qu’elle est heureuse en étant prostituée qu’elle l’est réellement. Plus des deux tiers des femmes ayant un vécu en lien avec la prostitution ont déjà prétendu y être bien alors qu’elles n’avaient qu’un désir, que ça arrête!
Et je parle des femmes parce qu’elles comptent pour 95% des personnes prostituées, et qu’elles le sont par des hommes dans plus de 95% des cas, peu importe le sexe de la personne prostituée et le pays ou elle se trouve. La prostitution n’est pas un travail, c’est une industrie violente, sexiste et raciste qui exploite la misère des plus vulnérables. Ce ne sont pas les femmes qui se vendent, ce sont les hommes qui les achètent. Et s’ils ne le pouvaient pas, ils ne se mettraient pas à violer tout ce qui bouge. Les taux de viol n’ont pas augmenté dans les pays abolitionnistes, seul le bien-être des femmes a augmenté.
C’est pour ça que je suis abolitionniste et que j’en parle, parce que je ne peux passer sous silence une violence qui me semble maintenant évidente, même si je l’ai moi-même déjà ignorée, banalisée et même encouragée.
Pour ça, et parce qu’il y a urgence d’agir si vous partagez mon opinion.
La Cour suprême du Canada à invalidé les articles de lois qui entouraient la prostitution le 20 décembre dernier et elle doit donc «réécrire la loi» dans un avenir de plus en plus rapproché. Trois modèles législatifs dominent dans le monde et seul le modèle nordique est concluant à ce jour. Ce modèle encourage les femmes à sortir de la prostitution en les aidant concrètement à le faire, et sévit envers les hommes, mais surtout, sensibilise et éduque la population.

Les pays qui ont légalisés la prostitution sont de plus en plus nombreux à avouer leur erreur, à constater que la détresse des femmes augmente et qu’elles ne sont pas plus en sécurité, qu’elles sont au contraire plus maltraités qu’ailleurs dans le monde, comme si la légalisation de la prostitution légalisait aussi la violence envers les femmes. Ces pays souhaitent maintenant la réglementer, et à première vue, les mesures proposées seront davantage avantageuses pour les hommes que pour les femmes, on ne progresse pas dans un état ou on légalise la violence, on régresse...

Il est de plus en plus démontré que le modèle nordique est le modèle à privilégier dans une optique d’égalité et de soucis de sécurité pour les femmes, pour les filles, pour les victimes. Les pays ayant adopté ce modèle en compte de moins en moins, en aide de plus en plus et sont ceux de qui nous devons prendre exemple car c’est eux qui respectent le droit fondamentale des femmes à l’intégrité physique et à la sécurité.
Et vous, souhaitez-vous vivre dans un pays qui combat la violence ou dans un pays qui la légalise? Qui tente de l’encadrer aveuglément, alors que les autres pays n’y arrivent pas, ou qui soutient les personnes qui la subissent, afin qu’elles cessent de la subir? Dans un pays ou le profit vaut plus que l’humain, ou dans un pays où l’humain est encore au centre des préoccupations? Que voulez-vous pour vos enfants? Car oui, les personnes prostituées ont été enfants elles aussi, de parents qui ne pensaient pas qu’elles seraient prostituées un jour…
Si vous êtes d'accord avec moi, je vous invite à visiter le site de la concertation pour la lutte à l'exploitation sexuelle, au www.lacles.org
Si vous doutez encore, je vous invite à lire ce blog: www.deshistoiresdesurvie.blogspot.com
Si vous êtes une femmes prostituée, je vous invite à vous questionner sur le bien-être que vous en tirez réellement et à demander l'aide de la C.L.E.S si vous réalisez que vous préféreriez être aidé et pouvoir arrêter, que continuez à être exploité. Pour les femmes de Québec je vous invite à vous informer à la Maison de Marthe. Pour l'instant c'est les seules ressources qui existent, avec les ressources pour femmes violentées ou en difficulté, et elles débordent de demandes d'aides mais ont toujours de l'aide à offrir


https://www.facebook.com/notes/abolitio ... 263587311/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 20 Aoû 2017, 19:08

Rebecca MOTT: L’enfer est ici, sur Terre

Je veux aujourd’hui, par ce billet, explorer l’intérieur de mon silence.

Je ne sais pas si cela va fonctionner, ou même si ce sera compréhensible. Mais pour atteindre le lieu de mon enfer, je dois creuser profondément.

Je n’ai pas de mémoire visuelle — quand je pense, je ne vois pas d’images, je me vois simplement entourée d’émotions ou de l’absence d’émotions.

Je crois que j’ai arrêté de voir parce que mon esprit ne pouvait contenir la réalité de cet enfer, alors il l’a stockée dans le reste de mon corps.

Donc, cet enfer m’a valu de nombreux cadeaux.

Le cadeau de la souffrance de souvenirs inscrits dans mon corps, qui dictent à mon esprit certaines vérités.

Le cadeau de l’hypervigilance et d’un sommeil qui refuse d’être trop profond.

Le cadeau d’émotions mortes qui entravent mes liens avec les autres.

L’enfer qui a pour nom la prostitution d’intérieur — que ce soit la « GirlFriend Experience », la fonction d’escorte ou la danse sexuelle — et qui reste inscrit dans chaque cellule de mon corps.

Je suis fière d’être une femme sortie du milieu, fière que mon blogue atteigne et transforme autant de gens, fière d’être toujours en vie et en mouvement dans la bonne direction.

Mais l’enfer que j’ai vécu à l’intérieur ne me quitte jamais complètement.

C’est l’enfer qui me saisit à la gorge et m’étouffe alors que je suis déterminée à vivre.

C’est l’enfer d’une nausée permanente.

C’est un enfer qui se moque de chacune de mes tentatives d’être simplement normale et libérée de l’industrie du sexe.

Je me bats tous les jours en vue de cette liberté.

Le chemin de la liberté est long, pénible et truffé de pièges.

Pour vraiment nous libérer de l’industrie du sexe et de toutes ses violences affectives, il nous faut en détruire les racines et les branches — sans nous contenter de discussions sans fin ou de lois déficientes.

Les femmes — et les hommes — sorties de cette industrie ont besoin de justice.

Pour obtenir justice, il nous voir ce qu’elle signifie. Je peux écrire de mon point de vue, mais j’espère que mes idées peuvent s’intégrer à celles d’autres personnes sorties de l’industrie.

La justice, selon moi, consiste à punir réellement chaque homme qui fait le choix de consommer des personnes prostituées.

Et par punition, je ne parle pas d’une amende minuscule ou d’une quelconque thérapie pour les prostitueurs.

Les prostitueurs ne sont ni des victimes ni inconscients des méfaits qu’ils exercent.

Non, ce sont des criminels, et généralement des criminels vicieux.

Les prostitueurs ne cueillent pas des prostituées par accident, par désœuvrement, parce qu’ils sont solitaires ou parce qu’ils sont trop moches pour se trouver une vraie femme.

Non, ces hommes-là planifient leur achat de personnes prostituées.

La plupart d’entre eux sont dans une relation stable : les prostitueurs sont simplement cupides, insensibles et froids.

Quand je parle de justice, je veux dire que les prostitueurs devraient écoper de peines de prison ou, au moins, être condamnés à une amende de l’ordre d’un dixième de leurs gains.

S’il existait une véritable justice, ce sont les prostitueurs qui se sentiraient stigmatisés — et non les prostituées.

Pour une véritable justice, tous les profiteurs de l’industrie du sexe devraient pourrir en prison.

Je pense qu’une sentence minimale de vingt ans serait une forme de justice pour avoir fait le choix d’enfermer les personnes prostituées dans une condition sous-humaine.

Les profiteurs de l’industrie du sexe se sont tous enrichis en facilitant la torture, les viols en série, l’agression psychologique et les disparitions des personnes prostituées.

Nous devons cesser de légitimer cette crise des droits de la personne.

Les profiteurs de l’industrie du sexe ont tous fait le choix de créer un génocide — mais ce génocide est trop souvent rendu invisible en étant qualifié de divertissement pour adultes.

Si nous choisissons de ne pas voir comme des criminels les profiteurs de l’industrie du sexe et les prostitueurs, nous contribuons à ce génocide.

La situation où les prostituées brûlent dans cet enfer ne se prête pas au voyeurisme.

Vous pouvez soit être solidaire avec nous et lutter pour une véritable justice, soit être honnête avec vous même et reconnaître que vous ne pouvez jamais voir les personnes prostituées comme étant pleinement humaines et méritoires de pleins droits humains.

Je suis fatiguée d’écrire ceci.

Fatiguée de parler de ce génocide, de parler de la torture, de parler du viol en série, de parler des disparitions massives des prostituées.

Fatiguée d’aider d’autres femmes vivant avec les traumatismes complexes que leur ont infligés durant des années les prostitueurs qui les ont enfermées dans une sous-humanité.

Fatiguée de vivre un traumatisme complexe, fatiguée d’un mode de sommeil entièrement désorganisé.

Merde, je suis écœurée de fatigue de voir aussi peu de gens prendre la peine de créer des changements réels et permanents en appui aux personnes prostituées.

Alors, s’il vous plaît, faites-en plus, parce que nous nous noyons.

Rebecca MOTT

Version originale : http://wp.me/paIl9-1WN

Traduction : TRADFEM — avec l’autorisation de l’autrice.


https://tradfem.wordpress.com/2017/08/0 ... sur-terre/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 27 Aoû 2017, 18:48

Personnes prostituées : ce qu’elles disent des clients

Les personnes prostituées sont capables de se faire rapidement un opinion des prostitueurs qui les paient pour avoir le droit de les dominer. Dans leur enquête sur les clients de la prostitution, Claudine Legardinier et Saïd Bouamama ont recueilli les propos de femmes et d’hommes prostitué-es sur les clients prostituteurs. Voici ce passage de leur livre Les clients de la prostitution - l’enquête (Paris, Presses de la Renaissance, 2006.)

à lire : http://sisyphe.org/spip.php?article2334 ... U.facebook
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