Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 06 Mar 2016, 16:42

Mardi 8 mars 2016, Nanterre

Abolition de la prostitution,
une urgence au service du progrès humain


Avec Patric Jean, co-fondateur et porte parole de l'association ZéroMacho.

à 18h, Université Paris 10 / Paris Ouest - Nanterre
Bâtiment D, amphi D1, 200 avenue de la République, Nanterre (92)

Alors que le monde est en bouleversement permanent, il est nécessaire de promouvoir l'idée d'un progrès innovant et émancipateur, de penser un avenir commun au-delà des dominations du système capitaliste et patriarcal.

Concernant les femmes, de plus en plus de droits sont aujourd'hui en danger et de nombreux autres restent à conquérir.
Ces atteintes aux droits des femmes ne font que renforcer la domination patriarcale que les femmes subissent au quotidien dans la société, au travail et au sein du foyer. Car les femmes sont bien les premières à subir les pires violences aussi bien physiques que morales. Parmi elles, la prostitution.

En 2015, l'Assemblée et le Sénat ont voté la pénalisation du client et l'abolition du délit de racolage, considérant enfin les prostituées comme victimes et non plus comme délinquantes. Mais ces mesures encore fragiles restent largement insuffisantes, et l'urgence est à une véritable politique d'abolition de la prostitution, dont dépendent le progrès social et l'émancipation humaine.

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Messagede Lila » 20 Mar 2016, 20:57

« La prostitution sûre n’existe pas car la violence machiste sûre n’existe pas »

A propos de la prétention de la mairie de Barcelone à réguler « le travail du sexe volontaire »

L’Espagne est un pays semi-réglementariste, considéré par certains comme « le plus grand bordel d’Europe » (p.18). (…) D’anciens hôtels routiers (motels) sont devenus des bordels : en 2008, on dénombrait 11.000 places hôtelières dédiées à la prostitution et entre 300.000 et 600.000 femmes prostituées en Espagne (Brufao, 2008). Le proxénétisme y a été partialement dépénalisé avec la réforme du Code Pénal de 1995. La prostitution est donc partout, à commencer par les grands médias espagnols, dont elle alimente substantiellement les revenus publicitaires. Des associations offrent des cours de « professionnalisation à la prostitution » avec la promesse d’embauche immédiate (par exemple le « cours basique de prostitution professionnelle », en mai 2012 à Valence, ou le cours de l’association Aprosex en février 2014 dans le cadre de l’augmentation de la demande de prostituées à l’occasion du Mobile World Congress à Barcelone). Les proxénètes – ou « entrepreneurs de maisons closes » – ont leur propre syndicat, l’ANELA (Asociación Nacional de Empresarios de Locales de Alterne), qui lutte pour la réglementation et qui entretient des liens forts avec l’extrême droite (Cantarero, 2007)1.

à lire : https://ressourcesprostitution.wordpres ... olontaire/
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Messagede Lila » 03 Avr 2016, 17:36

« Et je suis écœurée de vous, les partisans de la prostitution ! » Huschke Mau, survivante.

Après avoir lu une interview de la lobbyiste pro-prostitution Stephanie Klee, Huschke Mau, une femme sortie de la prostitution, en a eu assez et répondu ce qui suit : « Je suis l’une de ces prostituées volontaires si souvent vantées », écrit-elle. « Et je suis écœurée de vous, les partisans de la prostitution. »

à lire : http://collectif-libertaire-antisexiste.fr.nf/
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Messagede bipbip » 07 Avr 2016, 14:50

« Dépénaliser les prostitué(e)s, pénaliser les acheteurs de sexe! »

Si la dépénalisation des personnes prostituées et la pénalisation des
acheteurs de sexe ne remplacera pas une politique volontaire et globale
contre les violences faites aux femmes et pour leur émancipation
économique, sociale, politique et sexuelle, elle est une étape
indispensable qui permet de remettre les responsabilités à leur place.
Ce ne sont pas les personnes précaires et/ou victimes de réseaux mafieux
qui sont coupables de l’oppression patriarcale et capitaliste, mais bien
les hommes qui achètent l’usage d’un corps humain comme ils le feraient
d’un objet.

... https://communismeouvrier.wordpress.com ... s-de-sexe/
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Messagede Lila » 10 Avr 2016, 18:22

Des stages de sensibilisation pour les clients de prostituées

Si la proposition de loi pour l’abolition du système prostitueur a définitivement été adoptée après 2 ans et demi de marathon parlementaire, elle ne peut à elle seule, tarir les sources économiques et sociales du système prostitutionnel. Seulement, il faut admettre que certaines dispositions représentent un atout important pour faire évoluer les mentalités masculines et reconnaître les femmes prostituées comme victimes.

Les principaux atouts de cette loi :
• Elle inclut une « information sur les réalités de la prostitution et les dangers de la marchandisation du corps » dans le programme d’éducation à l’égalité des sexes à partir du collège.
• Elle prévoit la délivrance d’un titre de séjour de six mois aux prostituéEs sans papiers, condition indispensable à leur affranchissement des réseaux de traite.
• Elle abolit l’odieux « délit de racolage passif » instauré en 2003 par la Loi de sécurité intérieure (LSI) voulue par Nicolas Sarkozy. Ce « délit de racolage » – passible de deux mois d’emprisonnement et de 3.750 euros d’amende – faisait des prostituées des délinquantes, et encourageait les persécutions policières à leur encontre, avec la bénédiction des pouvoirs publics cherchant à les rendre invisibles.
• Elle souligne la responsabilité des « clients » dans l’existence du système prostitutionnel, en frappant d’interdit le « recours à l’achat d’actes sexuels ». Les hommes pris sur le fait seront verbalisés et devront suivre un « stage de sensibilisation ».

Sans excuser aucun « client », on peut critiquer son versant répressif : la contravention de 1.500 euros maximum est inégalitaire : dérisoire pour un DSK, exorbitante pour un précaire.

Son versant éducatif est beaucoup plus intéressant, à condition qu’il ne passe pas à la trappe. En effet, la loi ne dit pas de quoi sera fait le « stage de sensibilisation ». Selon les moyens mis en œuvre, il peut s’agir d’une vaine leçon de morale civique, ou d’une vraie démarche pédagogique.

A l’étranger, le stage s’est révélé positif lorsqu’il a été confié à des survivantes de la prostitution qui se chargent de dévoiler à des « clients » l’envers sordide du décor.

Le plus important reste cependant la valeur de l’interdit, le coup qu’il porte au patriarcat dans sa version libérale, en abrogeant la « liberté » de monnayer la sexualité des femmes.

Malgré notre satisfaction, nous ne devons pas ignorer l’essentiel. Cette loi ne peut suffire à elle seule pour abolir système prostitutionnel.

Car en poursuivant sa politique d’austérité et la fermeture des frontières, le gouvernement aggrave la pauvreté, sape la protection sociale, et fait donc prospérer le marché de la prostitution qu’il prétend combattre. C’est la raison pour laquelle cette loi sera impuissante à abolir le système prostitutionnel étant donné qu’elle est inscrite dans le système capitaliste. Pour y remédier, il faut en premier lieu faire reculer la précarité par les luttes collectives :
• par le droit au logement,
• le droit à un revenu égal et décent pour toutes et tous,
• la liberté de circulation des migrantEs (qui, forcéEs à la clandestinité, sont une proie idéale pour les proxénètes),
• l’éducation des hommes à des rapports non sexistes.


La suite : https://sanscompromisfeministeprogressi ... ostituees/
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Messagede bipbip » 07 Mai 2016, 17:37

Article publié dans le bulletin Communisme ouvrier n°65 de mai 2016

C’EST LE CLIENT QUI EST COUPABLE, PAS LA PROSTITUÉE

La nouvelle loi française sur la pénalisation des clients de la prostitution a un grand mérite. Elle délivre clairement un message à la société : le client est coupable et la prostituée ne l’est pas. La France est le cinquième pays d’Europe à adopter cette mesure. Cela correspond à une revendication du mouvement abolitionniste, qui est la position traditionnelle du mouvement ouvrier révolutionnaire.

La loi sur la pénalisation des clients avait contre elle une coalition de réactionnaires affichés, de conservateurs sexistes, notamment au Sénat, et de gauchistes, pour qui le dernier chic de la radicalité est de défendre l’esclavage sexuel. Ces derniers sont parvenus, ces dernières années, à abriter leur antiféminisme derrière la défense de la prostitution, et à mener un travail de lobbying dans des associations autrefois abolitionnistes. Contre cette loi, ils mettent l’accent sur le risque que la pénalisation ne contraigne les prostituées à se faire plus discrètes, donc moins accessibles pour les associations de soutien social et médical.

Ce que font mine d’oublier les organisations qui prétendent s’inquiéter de la santé des prostituées, c’est que la protection de leur santé ne peut se contenter de la réduction des risques ou de la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST). La prostitution est incompatible avec la définition de la santé sexuelle donnée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : « La santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social associé à la sexualité. Elle ne consiste pas uniquement en l’absence de maladies, de dysfonctions ou d’infirmités. La santé sexuelle a besoin d’une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, et la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité et sans contraintes, discrimination ou violence. » La prostitution sûre, sympathique et avec de bonnes conditions d’hygiène n’existe pas.

C’est pourquoi les mesures sociales qui accompagnent la loi semblent dans le bon sens : titres de séjour pour les prostituées sans-papiers (mais… six mois seulement), accès au logement, mais dans le contexte actuel (racisme d’État, coupes massives dans les budgets sociaux), et vu le mépris affiché des parlementaires pour la question, il y a fort à parier qu’elles ont peu de chance de durer. Or, c’est aujourd’hui l’essentiel. Une loi n’existe que par les moyens de l’appliquer. Si ces mesures ne sont pas appliquées, la nouvelle loi sera limitée à son volet répressif. Cela donnerait raison aux défenseurs de la prostitution, c’est-à-dire du viol légalisé, plutôt qu’aux abolitionnistes. C’est un point essentiel à prendre en considération avant de crier victoire trop vite.

Il serait donc naïf d’attendre de cette loi la disparition de la prostitution. Celle-ci, loin d’être « le plus vieux métier du monde », selon l’expression stupide de ses défenseurs, est la forme la plus exacerbée de la marchandisation de toutes les activités humaines dans le capitalisme, et du patriarcat, de la domination masculine. Sa forme actuelle, ce sont les réseaux internationaux, c’est-à-dire la division internationale du travail. Les rares études des sociologues sur le sujet sont victimes d’un biais dangereux : elles mettent en valeur la figure de la prostituée indépendante, « traditionnelle », tout simplement parce que c’est la seule accessible aux questions. Les criminologues, eux, montrent bien que le trafic des êtres humains est devenu, avec la drogue et les armes, l’un des principaux fournisseurs de liquidités du capitalisme contemporain. La prostitution ne disparaîtra qu’avec cette société fondée sur la marchandise. Cela ne signifie pas, bien au contraire, qu’il faille reporter à des lendemains qui chantent l’amélioration de la condition des prostituées et leur permettre d’en sortir. Le combat abolitionniste fait partie d’une lutte quotidienne, pied à pied, contre la société patriarcale et ses défenseurs.

Pourtant, un pas vient d’être franchi. Il est important de pénaliser le client, parce sur cela définit clairement qui est coupable et qui ne l’est pas. D’autres revendications restent à satisfaire : une véritable liberté de circulation et d’installation, et des papiers pour tous et toutes pour empêcher que les réseaux maffieux spéculent sur la détresse des migrants et des sans-papiers (80% des prostituées en France sont étrangères, souvent sans papiers) ; la gratuité des traitements de transition pour les personnes transgenres, souvent contraintes à la prostitution pour financer des opérations et des soins coûteux ; le renforcement des mesures sociales d’aide aux prostituées qui souhaitent en sortir ; une lutte active contre le proxénétisme (85% des prostituées au moins sont victimes d’un proxénète) et la traite d’êtres humains.

Nicolas Dessaux

https://communismeouvrier.wordpress.com ... more-65914
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Messagede Lila » 05 Juin 2016, 20:25

Néo-libéralisme et Ubérisation de la prostitution

Interview de Rae Story
Par Francine Sporenda

Rae Story a été active dans la prostitution pendant 10 ans et est maintenant une auteure et blogueuse critique de l’industrie du sexe, et en particulier du mouvement « Rights not Rescue » (NDLT mouvement qui propose que les prostituées veulent des droits et ne veulent pas être « sauvées »). Elle soutient la création de structures d’aide et de services non religieuses pour les personnes désireuses de quitter la prostitution. Elle est contre la décriminalisation intégrale et les tentatives concomitantes de légitimer culturellement la prostitution et son industrialisation croissante. Vous pouvez trouver son blog ici https://inpermanentopposition.wordpress.com/

à lire : https://revolutionfeministe.wordpress.c ... stitution/
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Messagede Pïérô » 11 Juin 2016, 11:24

À propos de l’amour de la gauche pour la prostitution – Lettre ouverte de femmes qui en sont sorties

Lettre ouverte aux Jeunesses de gauche unies de Brême (« Bremer Linksjugend-solid »), une organisation jeunesse officielle du parti allemand de la gauche radicale, en ce qui concerne leur prise de position « Solidarité avec les travailleurs et travailleuses du sexe* – Non à la nouvelle loi sur la protection des personnes prostituées – Non au paternalisme et à l’hétéronomie dans l’industrie des services sexuels » (« Solidarität mit Sexarbeiter * innen – Nein zum neuen Prostituiertenschutzgesetz – Nein zu Bevormundung und Fremdbestimmung im sexuellen Dienstleistungsgewerbe »).

[Initialement publié en allemand sous le titre « Die Linke Freude an der Prostitution – Huschke Mau une Bremer Linksjugend die » sur le site Web sisters-ev.de, le 21 avril 2016.]

... https://tradfem.wordpress.com/2016/06/0 ... t-sorties/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 26 Juin 2016, 21:36

Prostitution : Entendre la voix des survivantes
Interview de Melinda Tankard Reist
Par Francine Sporenda
Melinda Tankard Reist est une autrice, conférencière, commentatrice, blogueuse et avocate des droits des femmes qui vit à Canberra (Australie). Elle est co-fondatrice de « Collective Shout : For a world free of sexploitation » ; elle a écrit « Getting Real : Challenging the Sexualisation of Girls » (2009) et « Big Porn Inc. : Exposing the Harms of the Global Pornography Industry » (2001, avec Abigail Bray). Elle est l’une des éditrices, avec Caroline Norma, du livre « Prostitution Narratives » qui vient de sortir aux éditions Spinifex.
à lire : https://revolutionfeministe.wordpress.c ... rvivantes/


Prostitution = Risquer sa vie tous les jours
Interview de Laurin Crosson
Par Francine Sporenda
Laurin Crosson est la fondatrice de « Rockstarr Ministries » http://www.rockstarrministries.org , une organisation qui aide les victimes du trafic prostitutionnel. Elle administre un refuge pour les femmes voulant sortir de la prostitution. Elle est elle-même une survivante, ayant été trafiquée pendant plus de 20 ans en différents endroits des Etats-Unis.
à lire : https://revolutionfeministe.wordpress.c ... les-jours/


Premières peines pour les clients de prostituées
Melun (Seine-et-Marne)
Depuis avril, cinq clients ont été pris en flagrant délit avec des prostituées dans la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne). C'est ici que le premier client avait été pénalisé après l'entrée en vigueur de la loi. Hier, trois d'entre eux étaient convoqués devant le délégué du procureur. « Ils peuvent choisir entre un stage de citoyenneté de deux jours (montant : 180 €, à la charge du contrevenant) à effectuer à l'association de contrôle judiciaire, à Melun, ou payer une amende de 400 €, nous explique le procureur. La justice leur donne un délai de quarante-cinq jours pour réfléchir. Je pense que le volet pédagogique est très important et plus dissuasif que l'amende. Nous verrons dans quelques mois si cela fonctionne. »
La suite : http://www.leparisien.fr/faits-divers/p ... 1481423554
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Messagede Pïérô » 24 Juil 2016, 14:23

Le système prostitutionnel Prohibitionniste, Règlementariste, Abolitionniste ?

Retour sur le débat organisé par la commission féministe de Solidaires 37, le 2/06/2016 en présence du Nid et d’Elisabeth Claude..


Le Mouvement du Nid existe depuis 80 ans. Il est organisé en délégations départementales. Son objectif principal est l’accompagnement des personnes prostituées.
Il s’occupe aussi de la prévention et de la formation des travailleurs sociaux.
Le Mouvement du Nid a été un des moteurs pour défendre le projet de loi abolitionniste, loi qui a été adoptée le 6 avril 2016.

Le film « Pas à vendre », réalisé, en 2006, par Marie Vermeiren présente des témoignages de femmes sorties de la prostitution. Elles expliquent les raisons qui les ont amenées à se prostituer. Ces femmes reviennent sur les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles elles se prostituaient. L’une d’elle dit que la seule promotion possible c’est « de passer du trottoir à l’égout ».
Par leurs témoignages, elles démontent un certain nombre d’idées reçues :
« C’est l’argent facile ! » Mais, uniquement pour les proxénètes.
« Mon rêve c’est que nous arrivions à 500 entreprises » dit un industriel du sexe aux Pays- Bas.
« C’est très glamour ! » : au fond, on voit les boxes où les femmes sont parquées comme du bétail.
« Elles aiment ça ! » au point de subir tous les caprices des clients prostitueurs, plus de 40 fois par jour.
« C’est ma liberté, c’est mon choix ! ». Mais, il faut se demander pourquoi les prostituées commencent à se droguer surtout quand elles sont dans la prostitution « volontaire ».

Les trois systèmes juridiques du système prostitutionnel :

- Système prohibitionniste (Chine, Emirats Arabes et Nevada aux Etats Unis) : Dans ce système, les proxénètes, les clients et les personnes prostituées sont considéré-es comme des délinquant-es et la prostitution est forcément clandestine.

- Système règlementariste (Allemagne, Catalogne, Pays Bas) : la France a fonctionné dans ce système jusqu’en 1946. La prostitution se pratique dans des lieux spécialisés : maisons closes, salons de massage, eros centers ou parcs à voitures, style parcs à bétail. Le proxénète est considéré comme un chef d’entreprise. Contrairement aux idées reçues, le règlementarisme développe la clandestinité des personnes prostituées.

- Système abolitionniste : ce système date de la fin du XIXe siècle et s’inscrit dans le courant de lutte contre l’esclavage.
En décembre 1949, l’ONU adopte un texte dans lequel la prostitution est reconnue comme un danger pour l’être humain, la famille et la société. En 1960, la France le ratifie et, donc, le proxénétisme devient un délit.

Quelles sont les raisons d’entrée dans la prostitution ?

Facteurs socio-économiques : la précarité, les femmes en situation de famille monoparentale, les jeunes étudiantes, les très jeunes filles se retrouvant à la rue après une rupture familiale.
Facteurs personnels : 91% des personnes prostituées ont été victimes d’inceste, les mauvaises rencontres, les violences sexuelles, les carences affectives.

Qui sont les clients ?

Des hommes à 99%, issus de n’importe quelle catégorie sociale et situation familiale. Ils cherchent à être dans une situation de domination, ont une image dégradée de la femme (mère ou putain). La sexualité féminine est, pour eux, taboue et ils ont une méconnaissance du corps de la femme et de sa sexualité. Ils pensent avoir le droit d’acheter le corps des femmes comme on achète une fringue et le droit d’exiger ce qu’ils ne demandent pas à leur compagne.

L’Etude PROSTCOST (mai 2015) a été présentée par un militant du Nid.
- 37000 personnes prostituées en France : 85% de femmes, 10% d’hommes et 5% de transsexuel-les.
. 1,6 milliards € : coût pour la société française, c’est-à-dire, l’évasion fiscale et le coût humain pour les personnes prostituées.
. 3,2 milliards € : chiffre d’affaires de la prostitution, en France.
. 2,4 millions € : budget alloué aux associations de prévention et d’insertion.
. 12 fois plus de suicides chez les personnes prostituées.

Point de vue féministe et syndicaliste par Elisabeth Claude de la Commission femmes nationale de Solidaires.

Elisabeth Claude nous interroge :
Nous sommes toutes et tous des cibles pour devenir des clients de la consommation de sexe et des proies pour les trafiquants de personnes humaines.
Pourquoi seulement 0,5% des clients de la prostitution sont des femmes ? Parce qu’il y a toujours au final le risque du viol.
Le plus vieux métier du monde est « sage-femme » alors que la prostitution représente la plus vieille exploitation.
Pour répondre au débat posé par le STRAS, organisation de lobbying visant à faire reconnaitre la prostitution comme un travail comme un autre, quels sont ses critères d’embauche, de formation, de promotion, les horaires de travail … L’âge moyen d’entrée dans la prostitution est de 14 ans.
Il s’agit bel et bien d’une forme d’esclavage : durée de travail/24h, pas de prime de nuit. L’espérance de vie des personnes prostituées est de 50 ans en France et 40 aux USA. Quelles seraient nos revendications en tant que syndicalistes ? Devraient-elles porter sur les salaires, les congés payés, les conditions de travail, les droits, le contrat de travail…Et à quelle branche professionnelle et à quel syndicat seraient rattaché-es les travailleurs et travailleuses du sexe : la santé, la culture...?
Les personnes prostituées à leur compte et les proxénètes devraient-elles adhérer au Medef ? sans aucun doute !
Les frais occasionnés par le recours à un-e assistant-e sexuel-le doivent-ils être pris en charge par la Sécurité sociale au même titre qu’un acte de kinésithérapie ? De nombreux lieux -bars, boites de nuit- restent inaccessibles aux PMR (personnes à mobilité réduite).
La vraie question est quelle société voulons-nous ?

Questions/Débat

. La prostitution étudiante : pas de statistiques car plus rare qu’on ne le pense. Il faut dénoncer la précarisation qui peut amener les étudiant-es à se prostituer.
. Le Nid demande que la responsabilisation des clients prévue par la Loi soit assortie d’un accompagnement comme dans le cas de violences conjugales.
. Point positif de la loi : l’achat de tout acte sexuel devient un délit et cela change l’image des femmes qui, dans le système patriarcal, étaient réduites à un objet de consommation.

http://www.solidaires37.org/spip.php?article1064
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 02 Aoû 2016, 20:16

L’égalité des sexes appelle une lutte contre la prostitution

Pour Meghan Murphy, l’idée d’une prostitution “consensuelle” renforce les systèmes d’oppression », Grok Nation.

Dans leur approche du problème mondial de la prostitution, certains pays ont choisi la légalisation intégrale, en créant des quartiers rouges réglementés et en soumettant les propriétaires de bordels à un impôt comme n’importe quel autre commerçant. Parallèlement à ces efforts, l’expression de « travail du sexe » a été adoptée et popularisée pour légitimer davantage la prostitution en tant que commerce et travail banal – une activité que les femmes « choisiraient » de leur propre chef. Mais les régimes qui ont légalisé la prostitution ont seulement réussi à exacerber des problèmes comme l’exploitation, la traite des êtres humains et l’emprise du crime organisé. Pourtant, beaucoup de gens croient que la prostitution peut être « sécuritaire », et même potentiellement un moyen d’émancipation [empowerment] pour les femmes. D’autres pays ont opté pour une criminalisation totale, y compris celle des femmes et des filles qui vendent du sexe faute d’avoir d’autre choix, ce qui dans les faits ajoute à l’oppression des victimes. De toute évidence, il faut trouver de meilleures solutions qui soient plus nuancées qu’une simple opposition entre activité « légale » et « illégale ». C’est précisément ce que les féministes essaient de mettre sur pied : une approche qui prenne en compte les complexités de cette industrie, d’une façon sensible à l’éthique.

Deux camps dominent surtout le débat actuel sur la prostitution. Alors qu’en surface, ces groupes peuvent paraître en accord sur certains points, ils sont, en fait, profondément opposés, au plan politique, social et idéologique, quant à l’idée même de la prostitution et à l’impact de l’industrie du sexe, à la fois sur la société et sur les personnes prostituées.

D’un côté, nous avons ceux qui pensent que la prostitution est simplement un travail comme un autre, une activité qui se passe entre adultes consentants et dans laquelle l’État ne devrait pas s’immiscer. C’est une vision très libérale en ce qu’elle place au-dessus de tout la liberté individuelle et appuie le principe que tout ce qui se passe « dans la chambre à coucher » relève de la vie privée. Ce groupe pense que le commerce du sexe devrait être totalement légalisé et échapper à toute intervention, ce qui signifie une décriminalisation totale non seulement de celles et ceux qui vendent du sexe, mais aussi de ceux qui paient pour (les prostitueurs) et ceux qui tirent profit de la prostitution de femmes et de filles (les macs et les propriétaires de bordels).

De l’autre côté, nous avons des féministes qui affirment que non seulement la prostitution est nocive aux niveaux physique, psychologique et émotionnel pour les femmes en situation de prostitution, mais aussi que son existence même est un obstacle à l’égalité des sexes. Aussi appelé « abolitionniste », puisque ces militant-e-s ont pour objectif la fin éventuelle de l’industrie du sexe, ce groupe affirme que la prostitution repose sur des bases inégalitaires, qui reflètent et perpétuent des systèmes oppressifs tels que le colonialisme, le capitalisme et le patriarcat. Les femmes indigènes du Canada, par exemple, soulignent que la prostitution n’a jamais existé dans leurs cultures avant que les Européens ne débarquent et mettent les femmes et les filles indigènes dans des bordels. Des groupes canadiens comme Asian Women Coalition Ending Prostitution [la Coalition des Femmes Asiatiques pour la Fin de la Prostitution] affirment que l’industrie du sexe exploite et perpétue des stéréotypes racistes, renforçant ainsi la marginalisation des femmes de couleur. Af3irm, une organisation féministe transnationale, qualifie la prostitution de « système d’exploitation » qui « se développe en plusieurs couches d’oppressions dans lesquelles les personnes vendues sont les plus faibles et injustement criminalisées ». Plus généralement, les abolitionnistes affirment que les femmes n’existent pas pour le seul plaisir masculin, et qu’il n’y aurait pas de prostitution si nous vivions dans un monde qui comprenait ce principe.

Le 6 avril, la France est devenue le sixième pays à criminaliser l’achat de sexe et à adopter ce qu’on appelle communément « Le Modèle nordique », qui décriminalise les personnes qui vendent du sexe mais criminalise les hommes qui en achètent et ceux et celles qui tirent profit de la prostitution des femmes (c-à-d les maquereaux et les propriétaires de maisons closes). Cette nouvelle loi a été saluée avec enthousiasme par des féministes du monde entier qui considèrent le système prostitutionnel comme un affront fait à toutes les femmes, parce qu’il renforce les idées sexistes et racistes au sujet du corps féminin.

La suite : https://ressourcesprostitution.wordpres ... stitution/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 25 Sep 2016, 18:30

Girls of Paradise : quand la réalité s'impose aux "clients" de la prostitution

Aujourd’hui, des milliers de sites et petites annonces organisent une «offre» prostitutionnelle pléthorique, tandis que dans le silence et l’indifférence, les personnes prostituées sont exposées à des violences allant jusqu’à leur coûter la vie. Le Mouvement du Nid - France présente Girls of Paradise, un dispositif iconoclaste qui s’attaque au confort des « clients » pour mieux toucher l’opinion publique.

Le Mouvement du Nid (www.mouvementdunid.org), association de terrain, entre en contact avec plus de 5000 personnes prostituées chaque année : elles (et ils) vivent des situations de prostitution variées (rue, bars montants, appartements) mais toutes témoignent de la violence et de l'exploitation qu'elles subissent.

Nous mettons tout en œuvre pour faire connaître ces réalités vécues. Nous voulons que chacun, chacune se révolte contre cette injustice et agisse à son tour pour faire connaitre ce constat : tout acte sexuel acheté repose sur l’exploitation d’une personne, et cela a un coût humain terrible.





GRENOBLE
Une campagne de sensibilisation à destination des "clients" des prostituées

Il y a six mois, la loi qui pénalise les clients des prostituées entrait en vigueur. Ainsi, toute personne interpellée en train de monnayer un acte sexuel pourrait normalement encourir une amende de 1 500 euros, et jusqu’à 3 500 euros en cas de récidive, avec une possible inscription au casier judiciaire… Reste qu’aujourd’hui en France, peu d’amendes ont été dressées.

« Les troubles à l’ordre public générés par l’afflux de clients »

À Grenoble, la mairie a décidé d’accompagner cette loi par le lancement d’une campagne de sensibilisation à destination des “clients” des prostituées, réalisée avec les habitants et les associations “Zeromachos”, “Le Nid”, “L’Amicale du nid”, et “L’Appart”. L’affiche dit “Prostitution : pas client, pas complice. Dites non”. Et les tracts reprennent le même visuel et une citation de la première adjointe Élisa Martin qui dit : “Parce que vous achetez, la prostitution existe. À présent, acheter est un délit”.

la suite : http://www.ledauphine.com/isere-sud/201 ... es-clients
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 09 Oct 2016, 20:08

Le débat sur la prostitution s’est embourbé dans l’idéologie du libertarisme

Les efforts visant à décriminaliser l’industrie de la prostitution ne vont pas aider les personnes prostituées, mais plutôt donner plus de pouvoir aux patrons de maisons closes, affirme RAE STORY.

Il existe deux formes prédominantes de libertarisme : la première se préoccupe des droits des individus (les libertés individuelles) et la seconde, de la liberté de commercer.

En guise d’illustration, aux États-Unis, les entreprises ont dans une mesure relative, le statut de « personnes »; dans certains cas, gagner de l’argent est présenté comme une forme de « liberté d’expression ».

C’est un genre crucial de manipulation du discours, puisqu’il utilise le langage des libertés individuelles pour accroître la capacité de croissance d’institutions qui ont déjà beaucoup de pouvoir.

La prostitution est également un exemple marquant de la confusion qui règne entre les concepts de liberté personnelle et commerciale.

Les partisans de l’industrie en parlent souvent comme d’une forme de liberté individuelle, une activité consensuelle entre adultes ou même une extension du concept d’orientation sexuelle.

Cependant, ils le font en plaidant pour la liberté de gestion, de développement et même d’extension de l’industrie du sexe.

Il importe de garder cela en tête dans le contexte des débats actuels sur la prostitution, et plus particulièrement, de la grande marche des « organisations de travailleurs du sexe » vers une décriminalisation intégrale de l’industrie, sans la moindre réserve.

C’est le modèle qui est favorisé en Nouvelle-Zélande, et son principal argument de vente est qu’il assure la population que tout problème associé à la prostitution sera tout simplement éliminé grâce à la déréglementation.

Vous remarquerez, cependant, qu’aux yeux de ces organisations, le principal problème que permet de résoudre la décriminalisation est celui de la stigmatisation.

Le principe allégué est qu’en supprimant la stigmatisation sociale entourant la prostitution, l’on résoudra miraculeusement tous les autres problèmes qui lui sont associés.

Dans une des études citées à cet effet, même s’il était manifeste que la violence des prostitueurs et la difficulté d’imposer des limites au sein des transactions contribuaient aux problèmes de santé mentale vécus par les femmes prostituées, des chercheurs partiaux ont choisi de ne faire porter leurs conclusions que sur la stigmatisation comme facteur causal.

Comment expliquer un tel détournement ? L’amalgame du libertarisme et d’un féminisme régressif axé sur l’identité personnelle mène à une étrange contradiction : les individus et entreprises auraient le droit de faire tout ce qu’elles veulent mais il serait interdit aux femmes d’avoir la moindre réflexion critique au sujet de ces choix.

Ainsi, la prostitution devrait être décriminalisée et « libérée », mais les personnes qui critiquent l’industrie du sexe, même comme elles le feraient pour toute autre industrie à fort potentiel d’exploitation, devraient être muselées.

On a même créé un acronyme pour discréditer ces critiques : SWERF (« féministes radicales exclusives des travailleurs du sexe »), et on l’a propagé dans le but d’en faire une désignation semblable à une accusation de racisme ou d’homophobie.

Pourtant, la décriminalisation intégrale n’est qu’une forme assez manifeste du libertarisme économique déguisé en progrès social.

Il ne s’agit pas de libérer l’individu pour lui permettre de vendre du sexe – cette activité est déjà tout à fait légale en Grande-Bretagne – mais de lever toute entrave sur la vente de sexe par l’industrie.

Dans les endroits où l’on a instauré cette légalisation ou décriminalisation, la prostitution a glissé vers une forme d’économie semblable au modèle du supermarché.

Des mégabordels ont ouvert, qui offrent des femmes en très grand nombre à des prix relativement bas.

Les tenanciers de chaque bordel décident du coût de la passe, de la commission retenue, de l’environnement de travail et, comme je l’ai appris de ma propre expérience de prostituée dans un bordel décriminalisé en Nouvelle-Zélande, la direction peut se montrer extrêmement avare.

En effet, les choses semblent n’avoir fait qu’empirer depuis l’adoption de la décriminalisation dans ce pays. Chelsea y travaille actuellement dans une maison close, et elle confirme que, dès les premières années de la décriminalisation, les gestionnaires sont devenus de plus en plus exigeants.

« Oui, le prix de la passe et les frais qui nous sont réclamés ont augmenté, mais pas notre salaire. Notre part des frais de publicité atteint maintenant 40 $ et nos frais pour un quart de travail sont aussi de 40 $, de sorte que si nous obtenons 80 $ pour un contrat d’une demi-heure, on ne nous verse pas encore un sou, et si nous achetons des préservatifs nous nous retrouvons en dette de 25 $ au départ. Ou de 29 $ si nous louons un casier pour nos affaires, ce qui est nécessaire, parce que des prostituées désespérées s’emparent de tout ce qu’elles peuvent (et compte tenu de la situation, je ne peux pas vraiment les blâmer pour cela). »

Dans une récente série d’entrevues que m’ont accordées des femmes prostituées, Laura s’est montrée particulièrement cinglante sur le travail de bordel en Grande-Bretagne et s’est dite violemment opposée à leur dépénalisation.

« Faire parader des femmes en sous-vêtements dans l’espoir d’être choisie est dégradant et humiliant et ne devrait jamais être légal. De plus, la très petite quantité d’argent que vous gagnez par client dans un bordel après que les gestionnaires ont pris leur quote-part signifie que vous devez voir beaucoup d’hommes par jour, l’un après l’autre. »

Si nous instaurions la décriminalisation, ces bordels seraient autorisés à croître et à viser toujours plus de profit.

Les plus grandes maisons closes auraient besoin de capitaux pour démarrer ; ce seraient donc les personnes les plus riches qui seraient le mieux en mesure de définir l’industrie en leur faveur.

Pourquoi alors voit-on les organisations de travailleurs du sexe si désireuses de valider ce modèle s’il profite aux bordels et non aux prostituées ? Beaucoup ont fait valoir que ces organisations ont été investies par des propriétaires de bordels et d’agences d’escorte. Par exemple, Douglas Fox dirige une agence d’escortes et c’est un des principaux militants de l’International Union of Sex Workers. On a fait valoir que les effectifs de l’organisation états-unienne COYOTE, un soi-disant syndicat de personnes prostituées, ne comprend que trois pour cent de femmes prostituées, le reste représentant « divers intérêts ».

Ces organisations se présentent comme des syndicats, mais aucune organisation ne peut réellement se définir comme telle à moins d’être constituée de travailleurs et de négocier entre les travailleurs et les propriétaires de l’industrie.

Il est vraisemblable que ces organisations sont plutôt des groupes de pression visant à protéger l’industrie, et non les femmes prostituées. Voilà donc pourquoi leur objectif est si bruyamment axé sur la stigmatisation. Dans certains cas, la stigmatisation est en fait un complice à la culpabilité. Pas la culpabilité des hommes qui achètent du sexe ou celle des gestionnaires qui organisent l’industrie de manière à en tirer d’énormes bénéfices, mais la culpabilité que ressent la population générale à voir des femmes issues de milieux pauvres exploitées de cette façon.

L’offre de ces organisations au grand public est en effet extrêmement attrayante : nous n’avons pas à traiter la prostitution comme un problème, il nous suffit de laisser le marché libre faire son travail.

Nous ne devons pas nous préoccuper des conséquences pour les femmes utilisées dans l’industrie du sexe, nous avons juste à accepter que tant que nous ne critiquons pas cette industrie, les femmes seront OK. Elles vont même prospérer.

Comme l’affirme le philosophe marxiste Slavoj Zizek : « Une fois instaurée comme principe du nouvel ordre mondial, la prétention [des libéraux] de ne vouloir rien d’autre que le moindre mal prend progressivement le visage même de l’ennemi auquel elle prétend s’opposer. En fait, l’ordre libéral mondial se présente manifestement comme le meilleur des mondes possibles […] et il finit par imposer sa propre utopie de marché libérale. »

Rae Story a été prostituée pendant 10 ans en Grande-Bretagne, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Elle écrit maintenant à propos de l’industrie du sexe dans une perspective féministe et socialiste, y compris des commentaires critiques sur la décriminalisation des bordels, la légitimation de l’industrie et d’autres sujets connexes. Vous pouvez trouver ses articles sur son blog : inpermanentopposition.wordpress.com.

Version originale : https://www.morningstaronline.co.uk/a-5 ... 5PKYlThApu

Traduction : TRADFEM


https://ressourcesprostitution.wordpres ... ertarisme/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 13 Nov 2016, 20:42

A l'arrivée en Italie, le défi d'arracher les Nigérianes aux réseaux de prostitution

Elles arrivent par centaines chaque mois, le rêve européen plein la tête, alors que beaucoup sont promises à des années d'esclavage sexuel. Mais dans les ports italiens, arracher ces jeunes Nigérianes à leurs trafiquants est un véritable défi.

à lire : http://www.voaafrique.com/a/a-l-arrivee ... 91951.html
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Lila » 13 Nov 2016, 20:54

Pourquoi des féministes ignorent-elles les femmes exploitées sexuellement ?

« Féminisme ». L’expression en soi semble attiser la controverse et la division.

Indépendamment de la diversité d’opinions existantes, il est indéniable que le féminisme a eu un impact sur la société. Plus précisément, les mouvements politiques féministes ont été liés de façon évidente à l’amélioration de l’égalité entre les sexes sur une grande quantité de problématiques et ce, partout sur la planète.

Pourtant, toutes les problématiques ne sont pas aussi importantes aux yeux des expertEs en égalité.

(...)

Des féministes néolibérales et quelques défenseurs des droits de l’homme avancent que les femmes dans la pauvreté ont l’occasion d’améliorer leur situation en entrant dans le commerce du sexe. On sait au contraire que l’expansion de cette industrie enlise davantage de femmes dans le cycle de la violence et de la pauvreté. Au lieu d’ouvrir sur de nouvelles possibilités, les femmes prises dans cette industrie ont plutôt beaucoup plus de chances de mourir avant 40 ans, à cause des violences et des maladies qui les affectent.

la suite : https://entreleslignesentrelesmots.word ... uellement/
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