8 mars, journée internationale de lutte des femmes
Les droits des femmes piétinent
et l'égalité n'est pas pour demain
Réagissons !
Précarité, violences...
Aujourd'hui en France, les femmes gagnent toujours 27 % de moins que les hommes et 83 % des temps partiels sont exercés par des femmes. Plus souvent précaires et plus souvent au chômage que les hommes, moins bien indemnisées à la retraite, les femmes sont particulièrement exposées aux effets de la crise économique et de la destruction néolibérale des conquêtes sociales. En outre, les inégalités entre hommes et femmes ne se limitent pas au domaine du travail : les femmes consacrent 3h30 par jour aux tâches domestiques (les plus ingrates) et les hommes 2h (aux plus valorisées). À ces inégalités tenaces s'ajoutent la permanence des violences masculines à l'encontre des femmes : une femme sur dix est victime de violence conjugale, et 12 % des femmes subissent une agression sexuelle au cours de leur vie, par des agresseurs qui sont le plus souvent des proches et ce, quel que soit le milieu social. Enfin, on peut constater chaque jour la prégnance des clichés sexistes dans les médias et les consciences. Tous ces éléments sont des manifestations du système patriarcal qui perdure en France et dans le monde.
Remises en cause des droits
Le contexte actuel est à la remise en cause des principales conquêtes des luttes féministes comme le droit des femmes à disposer de leur corps : offensive religieuse contre la contraception et l'avortement, réduction drastique du financement public du Planning familial qui assure l'information et l'éducation en matière de sexualité et de contraception… alors que l'éducation sexuelle est toujours balbutiante à l'école.
Face à cela, le mouvement féministe se doit de réagir en s'unissant et en s'élargissant
Le combat contre le patriarcat n'est pas terminé… il a à peine commencé ! Pour le mener, il ne suffit pas de réclamer des droits ou des lois, il faut s'attaquer aux structures de ce système d'oppression des femmes par les hommes :
- agir dès l'enfance en réformant profondément l'éducation, principal véhicule de l'assignation de genre et de la contrainte à l'hétérosexualité, son corollaire ;
- combattre les structures matérielles de l'oppression patriarcale en interdisant les temps partiels non choisis, en contrôlant l'application de la loi sur l'égalité salariale, en étendant le congé maternité à tous les parents en même temps et en promouvant partout (à l'école, dans les médias, les syndicats…) le partage du travail domestique et de l'éducation des enfants entre les parents ;
- mais aussi remettre en cause les structures symboliques du patriarcat en subvertissant les modèles genrés qui enferment les personnes et en particulier les femmes, en contestant partout la suprématie des valeurs viriles de concurrence, de guerre et de violence qui nuisent à l'humanité tout entière.
Le mouvement féministe est aujourd'hui traversé par l'émergence des luttes des femmes doublement opprimées parce que lesbiennes, transsexuelles, victimes de racisme ou prostituées. Dans le même temps, le féminisme est de plus en plus
utilisé par le pouvoir pour justifier la stigmatisation de certains groupes dominés, en particulier les populations issues de l'immigration et les populations musulmanes, en France comme à l'étranger. Cette stratégie du pouvoir a entraîné la division du mouvement féministe et son affaiblissement certain. Pour contrer ces effets délétères, nous pensons qu'il faut assurer les conditions d'un véritable débat interne au féminisme sur les questions qui le divisent et travailler au dépassement des clivages pour combattre ensemble malgré nos divergences.
Alternative libertaire a pris parti dans ces débats en condamnant la loi d'exclusion des jeunes filles voilées à l'école de 2004 (tout en ne soutenant pas le port du voile) et en portant une position abolitionniste sur la prostitution qui ne peut en aucun cas être confondue avec le prohibitionnisme, ni justifier la répression des personnes prostituées renforcée par la Loi pour la sécurité intérieure (LSI) de 2003 que nous combattons. Néanmoins, cela n'exclut pas le dialogue avec celles et ceux qui pensent autrement.
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