Depuis plusieurs années, le peuple afghan subit l’emprise des troupes impérialistes de l'Otan qui ont
mis en place le gouvernement à leur solde d'Hamid Karzai. Parallèlement, il subit l'oppression
sanglante des fondamentalistes islamiques. Et ce n'est pas le souci des puissances occupantes, qui,
sous couvert de « guerre contre le terrorisme », ont installé des fondamentalistes au gouvernement
et la Chari'a dans la Constitution. Sous prétexte de « défense des droits des femmes et de la
démocratie », elles justifient cette politique qui n'a rien à voir avec cela !
Nous condamnons la présence des troupes étrangères et soutenons les droits des peuples à disposer
d'eux mêmes, ainsi que toutes les forces progressistes afghanes combattants les forces
réactionnaires de leur pays comme l'occupation impérialiste.
RAWA (Association Révolutionnaire des Femmes Afghanes) fondée en 1977, est partie prenante de
ce combat. En effet, elle s'est opposé aux interventions étrangères successives dans ce pays, que ce
soit celle de la Russie, ou des Etats-Unis et de ses alliés, dont la France. Ces derniers ont financé
des forces religieuses réactionnaires dans un premier temps, puis, en 2001, ont envahi l'Afghanistan
pour écarter du pouvoir les Talibans qu'ils avaient contribué à installer.
Accomplissant un travail courageux de défense des droits humains, RAWA a par exemple scolarisé
clandestinement, sous les Talibans, des milliers de femmes. Aujourd'hui, ses militantes considèrent
que loin d'avoir amélioré la situation, l'occupation étrangère l'a dégradé. Les troupes de l'OTAN ont
ajouté aux formes précédentes d'oppression, la barbarie et le chaos d'un conflit militaire dont aucun
des protagonistes ne représente une alternative progressiste pour la population.
Nous avons donc décidé de faire venir l'une de ces militantes en France, pour une tournée nationale
en Février 2009 qui lui permettra de rendre compte de la situation de son pays et du combat qu'elles
mènent.
Notre objectif est double : montrer qu'il existe, en Afghanistan, des forces éprises de paix et
d'égalité et appeler à les soutenir, politiquement, moralement et financièrement ; dénoncer
l'occupation de ce pays et la guerre qui s'y déroule, avec la participation active de la France. Il s'agit
donc d'une démarche militante, qui s'oppose y compris à la politique du gouvernement français.
Leur combat est le notre !
Retrait des troupes françaises et étrangères d’Afghanistan et d'ailleurs !
Soutien aux forces progressistes, féministes, démocratiques et laïques
d’Afghanistan !
Premiers signataires :
Fédération Syndicale Etudiante - Union Pour le Communisme - Collectif Libertaire Anti-Sexiste -
Voie Prolétarienne Partisan - Organisation Communiste Libertaire Lyon - Jeunesses Communistes
Marxistes Léninistes - Offensive Libertaire et Sociale Paris - Comité Communiste Internationaliste
Trotskyste - Alternative Libertaire - Marche Mondiale des Femmes - Union Syndicale Solidaires -
Mouvement Français pour le Planning Familial - Sud Etudiant - Femmes en noir - PCF - Fac Verte -
JC - NPA jeunes 31 -
...corrompues (les organisations non-gouvernementales). Si les milliards de dollars ramassés au nom
de la reconstruction du pays ne se retrouvaient pas directement dans les poches des criminels du
parlement et du cabinet, alors les dangers naturels comme le froid glacial ne coûteraient pas autant
de vies. Même si seulement une petite partie de cet argent était consacrée vraiment à l'aide pour les
gens, alors les conditions de vie de la population, en particulier des femmes ne seraient pas si
tragiques.
L'Association Révolutionnaire des Femmes de l'Afghanistan (RAWA : Revolutionary Association
ou the Women ou Afghanistan) proclame de nouveau que toutes ces journées sombres et la misère
de notre pays trouve leur origine dans l'existence des forces fondamentalistes, comme les Jehadi ou
les Talibans et tant qu'on n'écartera pas ce sale virus du corps de notre pays, notre nation et le pays
ne verra jamais la lumière de la chance et du développement."
AU SUJET DE RAWA
1 : historique de l'association
RAWA, soit l'association révolutionnaire des femmes en Afghanistan est la seule association
féministe aux buts social et politique dans ce pays. Fondée 1977 par Meena, une opposante
et martyr pour notre cause, notre association regroupe des femmes de tout bord qui luttent
pour la liberté, la paix, la justice sociale et les droits inaliénables des femmes en
Afghanistan. Nous nous sommes opposées à l'invasion russe et depuis sept ans luttons
activement contre le régime obscurantiste, tyrannique et intégriste des Jehadi et des
Talibans, sans aucun doute possible, les plus tyranniques sur notre planète.
La fondatrice de RAWA Meena, ainsi que ses aides furent sauvagement assassinées en 1987
par les agents du KHAD avec le soutien du Hezb-e-Islami de Gulbaddin Hekmatyar.
2 : buts actuels.
Outre son engagement politique et idéologique, RAWA donne la priorité à des projets
pratiques sur le terrain pour aider femmes et enfants à regagner une dignité quotidiennement
bafouée. Notre engagement est à la fois social et politique, mais néanmoins nous tenons à
garder ces deux champs d'action tout à fait séparés, et les responsables des deux sections
travaillent chacune dans leur secteur.
Nos programmes d'éducation se déroulent dans des camps de réfugiés au Pakistan, mais
aussi à l'intérieur de l'Afghanistan. Les risques encourus par nos membres sont énormes,
puisqu'elles peuvent être tuées par les milices Taliban pour avoir appris à lire à des jeunes
filles. Néanmoins, nous sommes motivées par les demandes croissantes des femmes dans le
pays, et c'est uniquement le manque de fonds qui risque d'anéantir nos efforts, et non pas la
peur du danger mortel.
C'est en particulier pour ces projets à l'intérieur de l'Afghanistan que nous demandons aides
et subventions
Pour résumer nos activités dont une partie est décrite dans le projet ci-joint :
3: actions menées par RAWA
a) ÉDUCATION
En Afghanistan (dans les conditions des conditions d'extrême difficulté)
- L'organisation de sept cycles de cours d'alphabétisation à domicile pour des
femmes adultes
- L'organisation d'école primaires à domicile pour garçons et filles.
- Au Pakistan :
- L'organisation de deux écoles primaires et secondaires pour filles et garçons dans les
camps de réfugiés .
- L'organisation de deux cycles de cours d'alphabétisation pour femmes adultes
réfugiées
- Dans les deux cas : la provision d'enseignantes et de matériel pédagogique et scolaire,
même dans des écoles non- gérées par les intégristes.
b) SANTE
Nous gérons treize équipes sanitaires mobiles dans sept provinces afghanes. Depuis onze
ans, nous nous occupons d'un hôpital à Quetta au Pakistan où il y a une forte concentration
de réfugiés, mais malheureusement, par manque de finaces, nous allons être obligées de le
fermer.
c) DROITS DES FEMMES, DROITS HUMAINS
Nous rassemblons les informations que nous diffusons à Amnesty International, ainsi que
tous les organismes concernés par les droits humains, ainsi que la presse. La collecte
soigneuse d'informations se fait à l'intérieur du pays et concerne les abus, les assassinats,
lapidations, flagellations, amputation, tortures, emprisonnement qui sont le quotidien de
citoyens (et plus particulièrement des citoyennes) vivant sous le régime inhumain des
Talibans. Notre publication et surtout notre site web les répertorient et constituent une
référence pour tous les chercheurs et journalistes que les excès de ce régime interpellent.
d) CULTURE
- Nous produisons des cassettes de contenu éducatif, ainsi que des chansons d'un contenu
qui va à l'encontre des préceptes intégristes.
- Nous mettons en scène des pièces et des sketches d'un contenu éducatif et culturel mettant
en valeur des principes de liberté et de démocratie, contraires au Talibans. Bien entendu,
ceci n'est possible qu'au Pakistan.
- Nous tenons des nuits de poésie et de contes, afin que perdure la véritable culture afghane,
et en général, elles ne se tiennent qu'au Pakistan.
- Nous publions des affiches, des brochures dont Payam-e-Zanî (version web et imprimée)
en Pushto, Persan et Urdu, ainsi que notre brochure en anglais et afghan intitulée the Burst
of The Islamic Government Bubble.
e) PROPAGANDE ET POLITIQUE
Nous créons des événements pour commémorer les dates suivantes : le 4 février, le 8 mars,
28 avril, 27 décembre ainsi que d'autres dates qui peuvent susciter des élans de solidarité
féminine dans le monde.
Nous donnons des conférences de presse, distribuons une information suivie à la presse, via
le web et des communiqués divers et sur le terrain organisons une collecte d'informations
sérieuses, illustrées, avec des rapports réguliers.
Au Pakistan, nous participons à la vie féminine, en particulier dans toutes les sphères
politiques concernant les droits des femmes afin de continuer à dénoncer la menace
talibane.
f) ECONOMIE
Notre but ici c'est d'aider les femmes, même dans des milieux modestes, à devenir
autonomes. Le travail rémunéré est interdit par la loi à ces centaines de milliers de veuves
condamnées à la mendicité. Néanmoins, nous encourageons avec succès de petites
entreprises liées à l'artisanat, la couture, le tricot, l'alimentaire, la fabrication de la craie et la
gestion de travaux ruraux, comme l'élevage de poules ou de poissons.
CONCLUSION
Nous estimons que les Talibans ne mettent pas uniquement en péril les femmes afghanes,
mais constituent une menace pour les femmes du monde entier. Accepter qu'un pouvoir
réactionnaire d'un gouvernement reconnu avilisse sa population féminine par des mesures
sociales, politiques et surtout légales, c'est permettre à d'autres pratiques abusives d'évoluer
ailleurs. Si ce danger concerne immédiatement les pays musulmans, à moyen terme c'est la
condition féminine mondiale qui est menacée.
Position de RAWA à propos de l'occupation militaire :
"La vrai nature de l'occupation étasunienne « War on Terror » (guerre contre le terrorisme) s’est
révélé et nous sommes témoins de l'assassinat de milliers de personnes civiles innocentes au nom de
la “lutte contre le terrorisme”. Tandis que, d'autre part, les Etats-Unis sont impliqué dans des
négociations avec les disciples barbares et fascistes des Taliban qu'ils ont essayé de présenter
comme modérés, pour partager le pouvoir avec eux. Ces actes démagogiques et traîtres ont de
nouveau démontré à la population et au monde entier que le gouvernement des États Unis et ses
alliés ont seulement comme but de réaliser des bénéfices stratégiques, économiques et politiques en
Afghanistan à cause desquels le peuple afghan se retrouve dans une pauvreté et une diligence
toujours plus profonde. Donner le pouvoir aux hommes de guerre brutaux du Northern Alliance
(l’Alliance du nord) et changer l’Afghanistan en centre de monde pour la maffia de la drogue, ont
été les premiers et plus importants objectifs de leur politique.
Depuis le début RAWA a déclaré qu'aucun pays ne pouvait accorder la liberté et la démocratie à un
autre pays et aujourd’hui cette réalité est devenue claire pour tout le monde. Les États Unis ont
masqué les anciens criminels en costume et cravate, pour les relacher comme des carnassiers sur le
peuple afghans et ensuite ils ne font rien contre les crimes actuels, la violation des Droits Hummain,
les pillages d'une valeur de millions de dollars aidé par les hommes de guerre et les ONG .
manifeste de la libération des femmes en iran
Manifeste de la libération des femmes en Iran pour le 8 mars 2010,
disponible aussi en farsi
http://rowzane.com/fa/annonce-archi...
et en anglais.
http://worker-communistpartyofiran....
Ce 8 mars, en mémoire de Neda, symbole de la lutte du peuple d’Iran contre la République Islamique en Iran.
Manifeste de la libération des femmes en Iran
L’existence même du régime islamique d’Iran est incompatible avec la liberté des femmes. La République Islamique d’Iran est un État misogyne, l’architecte de l’apartheid entre les sexes et le responsable de trois décennies des plus odieuses formes d’abus, de discriminations et de violences contre les femmes en Iran. Une société ne peut pas être libre si les femmes ne sont pas libres. Sans le renversement du régime islamique misogyne, les femmes n’obtiendront pas leurs droits en Iran. La République Islamique doit s’en aller ! Tel est le message de Neda Agha Soltan, le symbole de la révolution en cours en Iran ; tel est le décret des courageuses femmes qui, en premières lignes des protestations populaires, ont affronté l’ensemble de l’État islamique ces sept derniers mois.
Il y a 30 ans en Iran, le 8 mars 1979, nous, femmes amoureuses de la liberté et hommes épris de liberté, nous nous sommes levé(e)s face aux réactionnaires qui venaient de prendre le pouvoir, et avons crié « non au voile obligatoire ! ». Aujourd’hui, avec derrière nous l’expérience douloureuse et sanglante de trois décennies d’apartheid entre les sexes, d’esclavage de genre et de répression continuelle des femmes, nous déclarons encore plus clairement et encore plus fort, avec la jeune et progressiste génération d’aujourd’hui, que la République Islamique doit être renversée en tant qu’État misogyne et en tant que régime d’apartheid sexiste.
Nous disons que les dirigeants de la République Islamique doivent être arrêtés et jugés pour leurs crimes systématiques contre des millions de femmes, ces crimes contre l’humanité. Voilà le décret de la révolution en Iran. Avec le renversement de la République Islamique, nous tendrons une main solidaire à des millions de femmes dans les pays soumis à l’Islam, qui sont prisonnières des États et des gangs islamistes, des adorateurs de l’honneur et des traditions chauvinistes-mâles islamiques.
Aujourd’hui, le soutien à la révolution en cours en Iran peut et doit devenir un vaste mouvement international. Le 8 mars est la journée internationale des femmes, qui cette année porte la marque de la solidarité avec les femmes et le peuple en Iran dans la lutte pour renverser le régime islamique. Nous appelons les militantes et organisations des droits des femmes à affirmer leur solidarité avec le mouvement des femmes en Iran, et à se souvenir de Neda en tant que symbole du mouvement révolutionnaire contre la République Islamique. Cette année le 8 mars est la journée de solidarité avec le mouvement du peuple d’Iran pour la liberté !
Nous publions ce Manifeste de la Libération des Femmes en Iran, et appelons toutes les militantes des droits des femmes et les forces laïques et progressistes à soutenir ce manifeste et à se joindre à la solidarité avec le peuple d’Iran dans la lutte pour le renversement du régime islamique d’apartheid sexiste :
1-Jugement des dirigeants et responsables de la République Islamique pour crimes contre l’humanité, y compris pour les trente années des plus vils abus, de discriminations et de violences contre les femmes en Iran.
2- Abolition de toutes les lois islamiques misogynes discriminatoires contre les femmes, égalité complète entre les femmes et les hommes dans tous les aspects économiques, politiques, culturels, sociaux et familiaux.
3- Séparation complète de la religion de l’État, du système éducatif et de toutes les lois.
4- Abolition de la ségrégation entre les sexes et de l’apartheid sexiste.
5-Interdiction du Sighe (« location de femmes » islamique) et de la polygamie ; droit inconditionnel à la séparation (divorce) pour les femmes et les hommes, abolition de toutes les lois qui soumettent les droits civils des femmes (comme le droit de voyager, aux relations sociales, à la participation aux activités sociales, etc.) à la permission du mari, du père ou d’un autre homme de la famille ; égalité complète entre les femmes et les hommes pour les droits et devoirs dans la garde et le soin des enfants après la séparation.
6- Abolition du voile obligatoire (hidjab) ; interdiction du hidjab pour les enfants ; liberté totale d’habillement.
7- Abolition de toutes les lois barbares comme la lapidation, la peine de mort, la rétribution (Qesas) et des autres punitions islamiques.
8-Liberté inconditionnelle d’expression, de protestation, de grève, d’assemblée, d’organisation et de formation de partis.
9- Libération immédiate de toutes et tous les prisonnier(e)s politiques et de conscience.
10-Liberté de religion et d’athéisme et liberté de critiquer la religion.
Mina Ahadi, Mahin Alipour, Shahla Daneshfar, Maryam Namazie, 22 janvier 2010.
Pour signer ce manifeste, envoyez un e-mail à manifestzanan at gmail.com ou à iransolidaritynow at gmail.com ou appelez led, 0049-1775692413 ou le 0044-7719166731.
Ce manifeste peut aussi être signé en ligne à cette adresse
http://equal-rights-now.com/IntWD/I...
(en farsi) : la première ligne est pour le prénom, la deuxième pour le nom de famille, la troisième pour l’adresse mail, la quatrième pour la ville, la cinquième pour le pays et le sixième pour l’organisation éventuelle. La rubrique suivante permet de laisser un commentaire et il faut entrer le code de confirmation dans la dernière ligne
Derniéres nouvelles les crimes contre l’humanité comis dans la prison de Kharizak ne doivent pas rester impunis nous rappelons que c’est le numéro deux de la police iranniene Ahad Reza Radan qui en a été le directeur le plus violent
Appel à la solidarité des groupe feministes d'Iran
Appel à la solidarité internationale des groupes feministes iraniens et internationaux
En prévision des deux premiéres semaines de démos et protestations qui se préparent en Iran comme au niveau global et international
Iran le wuml soutien L'Appel pour la liberté et l'égalité des sexes en Iran
http://www.wluml.org/
Tuées et lapidées partout dans le monde : Les femmes sonnent la révolte Et de nombreux groupe feministes internationaux appellent a la veillee des mobilisations pour les droits des femmes du 8 mars a se joindre a cet appel
Avec le renversement de la République Islamique, nous tendrons une main solidaire à des millions de femmes dans les pays soumis à l'Islam, qui sont prisonnières des États et des gangs islamistes, des adorateurs de l'honneur et des traditions chauvinistes-mâles islamiques politiques
Article publié par le journal Walf Fadjiri le 28 janvier et repris sur le site de la Campagne Internationale contre les Crimes d'Honneur
http://www.stophonourkillings.com/?q=fr/node/4243
à propos de la campagne de Women Living Under Muslim Laws femes sous loi musulmannes contre la lapidation et les meurtres de femmes dans le monde entier.
Lorsqu'une femme commet un acte condamnable, la peine qui lui est infligée est souvent disproportionnée par rapport à l'homme(*). Elle est tuée et lapidée au nom de la culture ou de la religion. Une telle violation de la loi internationale, le réseau Femmes sous lois musulmanes (Wluml) est déterminé à la bannir.
La lapidation est une punition particulièrement cruelle et déshumanisante. Elle implique un procès lent et douloureux, jusqu'à la mort, dans un lieu public. Pour arrêter le rythme continu de ces cas d'abus relatifs à la culture et à la religion pour justifier une violation par la femme des 'normes' imposées au comportement sexuel, les femmes regroupées au sein du réseau Femmes sous lois musulmanes (Wluml) ont décidé de se ceindre les reins à travers une campagne mondiale intitulée : 'Arrêtons de tuer et de lapider les femmes !'. Cette campagne cherche, à terme, à rendre inacceptable l'utilisation de la religion, de la culture ou de la tradition pour exécuter et justifier les violences faites aux femmes dans le monde, conformément aux recommandations du Rapporteur spécial des Nations-unies sur la violence contre les femmes, Dr Yakin Ertürk dans son rapport de janvier 2007 : 'Intersections entre culture et violence contre les femmes'.
Selon la coordonnatrice du réseau, Aïssatou Cissé, il s'agit, à travers ce combat, de lutter contre les diverses manifestations de ce phénomène constaté au Pakistan, en Indochine, en Iran et au Nigeria. Mais, aussi, de s'inscrire dans une même dynamique que les défenseurs des droits des femmes, les mouvements féministes nationaux et transnationaux qui s'engagent à défier toute tentative de politisation de la culture et de la religion pour subjuguer les femmes et la priver de ses droits de l'Homme. En effet, la lapidation à mort est une punition légalisée pour les rapports sexuels hors mariage hétérosexuel infligée aux mariées en Afganistan, Iran, Pakistan, Arabie Saoudite, Soudan, dans les Emirats Arabes Unis et dans un tiers du Nigeria. En mai 2006, un homme et une femme ont été lapidés à mort en Mashhad, en Iran.
Plus récemment, le 5 juillet 2007, l'Iranienne Jafar Kiani a été lapidée à mort dans le village Aghche-Kand, près du Pakistan. Actuellement, neuf autres personnes sont dans les prisons iraniennes attendant pareil sort, y compris le conjoint de Kiani pour un présumé 'adultère'. Ce qu'il y a de heurtant dans ces pratiques barbares, selon Mme Cissé, est que bien qu'elle ne soit pas mentionnée dans le Coran, la pratique a été associée à l'Islam et à la culture musulmane, quand bien même les honorables Ayatollah Nasser Makarem Shirazi, Ayatollah Yousef Saneii et Ayatollah Seyyed Mohamamd Mousavi Bojnourdi se soient prononcés contre cette pratique.
C'est à croire que le traitement oppressif est restreint dans les sociétés musulmanes. Selon la coordonnatrice du réseau Wluml, des centaines de femmes sont aussi tuées chaque année dans le monde au nom de 'l'honneur de la famille'. A l'en croire, des cas ont été dénichés par la Commission des droits de l'Homme des Nations-unies en Grande Bretagne, au Brésil, en Inde, en Equateur, en Israël, en Italie, en Suède et en Ouganda ainsi qu'en Turquie, en Jordanie, au Pakistan et au Maroc. Paradoxalement, Mme Cissé apprend qu'en Amérique Latine, les 'crimes passionnels' commis par les hommes ne sont pas classifiés comme homicides volontaires. Au contraire, poursuit-elle, ils sont traités avec indulgence ou sont tout simplement justifiés.
Walf Fadjri, 28 janvier 2010
(*) Il s'agit là d'une formulation du journaliste, il va de soi que pour nous des relations sexuelles entre adultes consentant(e)s ne sont en rien condamnables et que personne, ni l'Etat, ni la famille, ni un chef religieux, ne devrait se mêler de ce qui se passe dans une chambre à coucher entre adultes consentant(e)s.
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Iran: WLUML soutien L'Appel pour la liberté et l'égalité des sexes en Iran
C'est une copie d'un texte original que WLUML héberge temporairement ; le site Web, 'L'Appel pour la liberté et l'égalité des sexes en Iran', deviendra disponible en février! "Pour mettre fin aux violences et aux répressions, pour obtenir la liberté de tout/es les prisonnier/es politiques en Iran, nous appelons les féministes et les défenseurs des droits des femmes de tous les pays à organiser, tout au long du mois de mars qui célébrera le 100e anniversaire de la journée internationale des droits des femmes, des actions de solidarité et de protestation qui revendiquent la liberté et l'égalité des sexes en Iran.
"En Iran, le mouvement des femmes est, depuis ces trente dernières années, à l'avant-garde de la lutte pour la démocratie. Comme les discriminations sexistes sont en lien étroit avec d'autres discriminations : sociales, politiques, religieuses et ethniques, la résistance pacifique des femmes, leur lutte contre les violences et les discriminations impactent de manière conséquente le développement des mouvements démocratiques au sein de la société iranienne. Depuis de nombreuses années, avec l'organisation de différentes campagnes et leurs revendications pour l'égalité, les femmes iraniennes marchent sur le chemin de la liberté. Dans ce processus, elles subissent la répression : insultes, violences, arrestations et emprisonnements. Nombreuses sont celles aujourd'hui emprisonnées.
"Huit mois se sont écoulés depuis la dernière élection présidentielle en Iran et les contestations populaires qui en ont découlé. Pendant ce temps, dans un contexte de répression permanente, le mouvement pour les droits citoyens s'est développé, avec la présence massive et accrue de jour en jour d'hommes et de femmes. Les mouvements de la société civile tels que le mouvement des femmes, le mouvement étudiant, le mouvement ethnique et ouvrier ont fait le lit de cette révolte populaire.
"A mesure que le mouvement pour la démocratie s'étend, la répression étatique se renforce. La répression contre les militant/es civiques et politiques iranien/nes s'amplifie au moyen de violences psychologiques, physiques et sexuelles, d'arrestations, d'insultes, de lourdes sanctions d'emprisonnement et d'exécution. Aujourd'hui, des dizaines de militant/es féministes, d'acteurs d'autres mouvements de la société civile et d'acteurs politiques ont été arrêté/s ou emprisonné/es et lourdement condamné/es. Chaque jour, la liste noire des victimes de la répression s'allonge de nouveaux noms. Parallèlement aux arrestations toujours plus nombreuses de féministes et d'autres femmes actives dans le mouvement populaire, de nouvelles lois encourageant les discriminations sexistes sont en train d'être votées.
"Au moment du 30e anniversaire de la Convention internationale pour l'élimination des discriminations envers les femmes (CEDAW) que l'Iran n'a pas signée, nous vivons, dans ce même pays, le 30e anniversaire de l'affirmation des discriminations sexistes prônées par la Charia. Au seuil de Pékin + 15, en mars 2010, l'Iran n'a accompli aucun de ses engagements internationaux pour l'élimination des discriminations envers les femmes.
"Dans ce contexte très sensible, le développement de la solidarité internationale envers les féministes, les femmes et les hommes qui défendent la liberté et l'égalité nécessite aussi un soutien massif envers le mouvement pour la démocratie en Iran. Les mouvements de la société civile pour la citoyenneté sont en dialogue avec les Iranien/nes et les peuples du monde entier depuis des années. En présence d'une censure totale, ils sont devenus leurs propres médias pour appeler les défenseurs de la liberté et de l'égalité à les soutenir et à être solidaires.
Invitation des féministes, des groupes et des réseaux de femmes pour agir en solidarité avec les femmes iraniennes
"Pour mettre fin aux violences et à la répression en Iran, nous, féministes iraniennes, demandons à toutes les féministes au niveau global et international d'être solidaire du mouvement des femmes en Iran et le mouvement populaire pour la citoyenneté démocratique. A cette fin, nous vous demandons d'organiser en mars 2010, dans tous les pays du monde, des actions de protestation qui revendiquent le « Changement pour la liberté et l'égalité ».
Proposition d'action
"Nous appelons les féministes du monde entier à consacrer à la revendication « Changement pour l'égalité et la liberté » une place importante dans leurs actions au cours de ce centenaire de la journée internationale pour les droits des femmes et de la 3e marche mondiale des femmes pour la paix, contre les violences et la pauvreté.
Nous mettrons en place un blog pour informer sur toutes ces actions de solidarité. Ce blog retransmettra nos diverses revendications. De courts entretiens avec des féministes d'Asie, du Moyen-Orient, d'Europe, d'Amérique et d'Afrique sur la nécessité d'une solidarité avec les femmes iraniennes, seront diffusés sur le blog et éventuellement sur youtube
6e Congrès international des recherches féministes francophones
Université de Lausanne, Centre en Etudes Genre LIEGE, Institut des sciences sociales - Faculté SSP, Bâtiment Anthropole, CH-1015 Lausanne - Suisse.
Du 29 août au 2 septembre 2012
Mail du congrès : congresRFF6-liege@unil.ch
Site web du congrès : http://www.unil.ch/rff2012
Résumé
Le Centre en études genre LIEGE de l'Université de Lausanne et le Laboratoire interuniversitaire en études genre de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (LIEGE HES-SO) organisent le sixième congrès international des recherches féministes francophones, du 29 août au 2 septembre 2012, à l'Université de Lausanne (Suisse).
Annonce
Sixième Congrès international des recherches féministes francophones, 29 août-2 septembre 2012 : Imbrication des rapports de pouvoir : discriminations et privilèges de genre, de race, de classe et de sexualité
Présentation
Comme les cinq congrès précédents (Laval, 1996 ; Dakar, 1999 ; Toulouse, 2002 ; Ottawa, 2005 ; Rabat, 2008), le 6e Congrès international des recherches féministes francophones veut faire interagir des recherches provenant de tous les pays francophones, issues des universités, des mouvements et des groupes d’intervention féministes, ancrées dans toutes les disciplines et abordant des thématiques diverses. Cette grande rencontre de chercheur-es engagé-e-s sur des questions féministes vise à partager, questionner, confronter et consolider nos recherches, leurs fondements théoriques et leur portée politique, et à se constituer ainsi un bagage commun sur la continuité et les transformations des études féministes dans le monde francophone.
De manière à préserver une ouverture thématique, théorique et méthodologique qui puisse intégrer l’ensemble des travaux en cours, nous avons choisi un thème large qui peut être travaillé sous différents angles : l’imbrication des rapports de pouvoir – de genre, de classe, de race , de colonialité et de sexualité. Il s’agira, à partir d’une analyse féministe et avec les outils qu’elle propose, de cerner, dans différents contextes, les liens entre les logiques de hiérarchie, de discrimination et de privilège qui structurent l’organisation des rapports de pouvoir : le sexisme, le racisme, l’homophobie, l’hétérosexisme, le (néo)colonialisme, le capitalisme, l’antagonisme de classe, l’âgisme. Ces logiques pourront être analysées en établissant des parallèles entre ce que vivent diverses catégories sociales produites par ces rapports, les femmes, les migrant-e-s, les pauvres ou les working poor, les lesbiennes et les gays, les jeunes des banlieues, les pays dits du Sud ou ex-/néo-colonisés, etc. Mais ces parallèles seront eux-mêmes interrogés au profit d’un travail sur les imbrications des rapports sociaux : les femmes ne sont jamais que des femmes ; elles sont prises dans une multiplicité de logiques de pouvoir qui se co-produisent et qu’il s’agit de comprendre à l’aide d’une conceptualisation en termes d’imbrication. Autrement dit, les femmes sont toujours aussi des lesbiennes, des ouvrières, des seniors, des blanches ; les lesbiennes sont toujours aussi des travailleuses, des working poor, des immigrées, etc. Dans un pays occidental comme la Suisse par exemple, une femme migrante et racisée aura généralement à affronter des conditions de travail moins bonnes qu’une femme d’origine helvétique. La discrimination de la première s’explique par le statut supérieur accordé à la seconde du fait de son origine. Mais en même temps, du point de vue cette fois du sexe et non de la race, la seconde est maintenue en position d’infériorité par rapport à ses collègues masculins suisses eux aussi (inégalités des salaires, ségrégation de l’emploi, travail domestique, etc.). D’un côté, ces deux femmes vivent donc une oppression sexiste commune. De l’autre, la femme blanche bénéficie de privilèges qu’elle doit à son appartenance de race. Comment dès lors mener nos luttes féministes face à ces logiques de pouvoir dont découlent les privilèges des unes et les discriminations des autres ?
Argumentaire
Plusieurs questions nous semblent devoir animer les débats du Congrès sur ces mécanismes entrecroisés de la domination : comment les rapports sociaux et leur imbrication (re)produisent-ils des réalités historiques qui privilégient certains groupes sociaux au détriment d’autres ? Quelles stratégies et pratiques, individuelles et institutionnelles, sont développées pour asseoir la légitimité des pouvoirs en place ? Par quels mécanismes psychosociaux et structurels l’oppression des groupes socialement minorisés se perpétue-t-elle malgré les changements culturels et sociaux, par exemple en termes de législations et de tolérance vis-à-vis de certaines pratiques sociales ? A l’inverse, du côté des stratégies de contestation du pouvoir, la multiplicité des appartenances catégorielles des actrices et acteurs sociaux contribue-t-elle à les diviser ou, au contraire, leur permet-elle d’inventer de nouvelles formes de résistance et de partager des expériences de lutte ? Dans quelle mesure l’assignation à un groupe dominé et les stéréotypes (racistes, sexistes, classistes, homophobes) dont il est affublé sont-ils réappropriés par les membres de ce groupe et servent-ils alors d’appui pour revendiquer une position de sujet et des droits ? On pourra également travailler la question de l’imbrication en se demandant quels sont les effets des rapports sociaux sur les parcours de vie ou comment ces rapports sont transformés au cours de certaines transitions qui peuvent marquer les parcours (chômage, parentalité, vieillesse, maladie, divorce, etc.).
Enfin, les politiques nationales et supranationales, qui instituent des catégories et signifient des types de rapports sociaux, par exemple en matière de migration, d’éducation, de politique sociale et sanitaire, de développement, feront aussi l’objet de réflexions : notamment, les mesures étatiques en faveur de la « diversité » atténuent-elles des disparités sociales et/ou contribuent-elles à solidifier et à naturaliser des différences socialement construites (par ex. entre les sexes, quand les politiques de migration sont pensées à partir des hommes migrants, ignorant les conditions spécifiques dans lesquelles des femmes migrent aussi) ? Comment la libéralisation des marchés produit-elle et s’appuie-t-elle sur des divisions, souvent imbriquées, de genre, de classe, de race ? Quels en sont les effets, dans un contexte néocolonial, sur les rapports entre le Nord et le Sud, ou encore sur les mouvements transnationaux, en particulier sur le féminisme transnational ?
Nous proposons que ce 6ème Congrès international des recherches féministes francophones travaille sur une hypothèse générale largement partagée : les différentes oppressions sociales ne s’additionnent pas, mais s’entrecroisent, s’articulent, s’imbriquent de manières complexes et dynamiques. Les logiques de discrimination prennent appui les unes sur les autres : les hiérarchies de genre soutiennent les hiérarchies de race lorsque, par exemple, l’idéologie dominante dénonce le sexisme des « Autres » (des Musulmans, des classes populaires, etc.) et rend ainsi légitimes les discriminations à leur égard tout en déniant le sexisme dont elle est elle-même porteuse. Dans d’autres cas, l’imbrication des rapports sociaux atténue au contraire leur pouvoir discriminant : par exemple, en Europe et aux Etats-Unis, les arrestations au faciès ou encore le contrôle de l’immigration illégale visent moins les femmes racisées que leurs pairs masculins.
Cette hypothèse peut bien entendu être explorée dans des perspectives issues de différentes disciplines (sociologie, anthropologie, droit, littérature, science politique, histoire, sciences et médecine), à travers des textes juridiques, des romans, des interventions militantes, des observations ethnologiques, un travail de terrain dans une association, une enquête, etc. De même, elle se prête à des analyses thématiques féministes très diverses, concernant par exemple la violence envers les femmes, la lesbophobie, la prostitution, la sexuation de l’emploi. Nous ne ferons pas une liste de tous ces thèmes qui peuvent être traités sous l’angle de l’imbrication des rapports de pouvoir, elle sera établie par la suite en fonction des contributions des participant•e•s au Congrès. Mais en tant que comité organisateur, nous proposons déjà un certain nombre d’ateliers, élaborés à partir de nos intérêts de recherche et du contexte dans lequel nous les développons. Certains de ces ateliers seront réajustés selon les communications qu’ils susciteront et selon les personnes qui les animeront, mais l’idée en les présentant déjà dans l’appel est surtout d’illustrer concrètement la diversité des approches que l’on peut rattacher aux questions d’intersection, d’articulation ou d’imbrication.
Propositions d’atelier
1. Féminisme et antiracisme : logiques profanes et régulations institutionnelles
Il semble difficile d’imaginer qu’une personne puisse développer des attitudes à la fois féministes et racistes. A priori, si l’on conteste le sexisme en tant que système de domination des femmes, il paraîtrait logique de ne pas soutenir, si ce n’est de s’opposer à d’autres sources d’oppression des groupes socialement minorisés, telles que le racisme ou le néo-colonialisme. Pourtant, au niveau politique et institutionnel, la protection des droits des femmes et celle des droits des migrant•e•s ne vont pas toujours de pair et peuvent même être mises en concurrence. C’est notamment le cas en Occident lorsque les politiques se centrent sur des manifestations du sexisme censées être prototypiques d’un Autre étranger, racisé (souvent l’Autre musulman) et instaurent des mesures de régulation de ce sexisme telles que l’interdiction du voile ou de la burqa. Dans les débats politiques visant à justifier cette gestion institutionnelle du sexisme de l’Autre et à convaincre l’opinion publique de la légitimité des mesures envisagées ou, selon les pays, déjà adoptées, l’Autre racisé se voit affublé de valeurs – archaïques, sexistes, violentes – présentées comme un potentiel danger pour la culture dominante (occidentale) qui, elle, serait conforme au principe d’égalité entre les sexes. Les gens sont alors amenés à prendre position sur des politiques qui stigmatisent l’Autre dans le but déclaré de protéger les femmes, auquel cas féminisme et antiracisme se retrouvent en tension. Or, d’un point de vue féministe, la mise en opposition de ces deux logiques de contestation de la domination peut être considérée comme une instrumentalisation des femmes, d’une part parce qu’elle permet d’ignorer les inégalités de genre que les sociétés occidentales perpétuent, et d’autre part parce qu’en traitant les migrantes (ou les descendantes de migrant•e•s) comme une catégorie de femmes à part, autres (particulièrement soumises, attachées à leur communauté, non autonomes), elle contribue à légitimer des politiques qui construisent et marginalisent ou excluent l’Autre. Des travaux analysant les logiques profanes et/ou les régulations institutionnelles du sexisme, du racisme et de leur imbrication (ici la racialisation du sexisme) trouveront leur place dans cet atelier.
2. Sexe, race et classe à l’ère néolibérale
Les pratiques économiques, politiques et sociales propres à l’idéologie néolibérale (re)produisent des inégalités de sexe, de classe et de race à tous les niveaux de la société. Ainsi, la flexibilisation et la précarisation des rapports de travail, la privatisation des services publics et le passage du welfare au workfare ne touchent pas de la même manière toutes les catégories de la population. En même temps, ces pratiques, et les discours qui les accompagnent, participent à la construction de normes sociales sexuées, classées et racisées de ce qu’est un « bon travailleur », un « bon citoyen », une « bonne immigrée », etc.
Cet atelier interroge la construction des catégories de sexe, de race et de classe par les pratiques et les discours néolibéraux. Nous faisons en particulier appel à des contributions qui :
s’intéressent à la manière dont les politiques publiques du workfare et les initiatives privées de réinsertion professionnelle de populations stigmatisées participent à la production de discriminations sexuelles, raciales et de classe ;
étudient les politiques de privatisation des services publics et leurs effets sur les différenciations de sexe, de race et de classe ;
analysent les politiques de précarisation et de flexibilisation de la main-d’œuvre dans les secteurs privé et public et leurs effets sur les rapports sociaux de sexe, de race et de classe ;
interrogent le caractère sexué, racisé et classé des normes et « valeurs » telles l’éthique du travail, la responsabilité individuelle, la conciliation travail-famille, l’autosuffisance économique, le capital humain, etc.
3. Hétéronormativité et genre
Nous appelons à des contributions analysant l’imbrication des rapports sociaux de sexe avec l’hétérosexualité normative, que cette dernière soit conceptualisée comme un système distinct de celui des rapports sociaux de sexe, un produit de ces derniers ou encore comme fondatrice de ces rapports. Outre les réflexions qu’il est possible de mener sur les différents concepts (homophobie, hétéronormativité, hétérosexisme) et leurs liens avec le système de genre, il s’agit aussi d’analyser la sexuation des expériences de discriminations vécues par les personnes LGBTI : les discriminations et expériences de rejet sont-elles les mêmes, fondées sur les mêmes bases, selon que l’on est gay ou lesbienne ? bisexuel•le femme ou homme ? transsexuel•le FtM ou MtF ou encore intersexué•e ? Les conséquences sont-elles les mêmes, les parcours de vie sont-ils marqués de diverses manières ? L’analyse du rôle de la catégorie de sexe à laquelle on est assigné•e dans la modulation de ces expériences peut être menée dans quantité de champs (travail, famille, emploi etc). De telles contributions pourraient en outre déboucher sur une mise en évidence des mécanismes communs à la discrimination envers les personnes dérogeant à ou dérangeant la norme hétérosexuelle tout en faisant ressortir certaines spécificités propres à l’une ou l’autre des catégories LGBTI.
Cet atelier peut également accueillir des contributions interrogeant l’imbrication de la norme hétérosexuelle, du genre et des rapports sociaux de race ou de classe, qu’il s’agisse d’analyser les expériences vécues par des personnes LGBTI ou les représentations et les discours à leur propos. En effet, parallèlement aux discours sur le sexisme extraordinaire de « l’Autre », il existe une tendance à désigner les catégories populaires et/ou racisées comme porteuses d’une homophobie qui serait particulièrement prégnante. Il s’agira ici de questionner de tels propos, de s’interroger sur leur inscription et leur fonction dans les rapports de genre, de classe et de race, ou encore d’analyser les variations des représentations, attitudes ou actes homophobes, avec l’hypothèse que le sexisme ne revêtant pas les mêmes formes selon les milieux sociaux, il en va de même pour l’homophobie.
4. Orientation scolaire et professionnelle : effets du genre, de la classe et de l’origine nationale
Malgré de nombreuses politiques visant à diversifier les orientations scolaires et professionnelles des filles et des garçons, les orientations des jeunes européen•ne•s en fin de scolarité obligatoire demeurent toujours fortement guidées par les stéréotypes de sexe. Ainsi, la majorité des jeunes s’engagent dans des « choix » (sélection, auto-élimination) de formation traditionnels, dits typiques, c’est-à-dire conformes à leur sexe. Cependant, selon leurs trajectoires individuelles et leurs appartenances catégorielles, leurs choix peuvent donner lieu à des configurations variables. Quels sont les facteurs psychosociaux, sociologiques et institutionnels qui sous-tendent cette variabilité ? Comment sexe, classe et race interagissent pour déterminer les orientations stéréotypées du point de vue du genre ?
De même, quel est le rôle joué par ces facteurs et par le rapport des jeunes à leurs diverses appartenances catégorielles lorsqu’elles et ils effectuent des choix minoritaires, atypiques, en optant pour des études ou un métier de l’autre sexe que le leur ? Quelle est la probabilité que de tels choix résultent en une insertion professionnelle adéquate et satisfaisante selon qu’ils sont portés par des filles ou par des garçons, selon leur milieu social et selon leur nationalité ou origine ? Un choix atypique est-il susceptible de rendre les trajectoires féminines plus indépendantes des transitions familiales et de favoriser une remise en question des formes habituelles de la division sexuelle du travail ? Si c’est le cas, observe-t-on les mêmes dynamiques dans toutes les classes sociales ou au sein de tous les groupes nationaux? Dans quelle mesure, et pour quelles catégories de jeunes, liées à la classe sociale, à la race ou à la sexualité, une formation atypique correspond-elle à une logique plus générale de remise en question des normes régissant les rapports de genre ?
Voici une série de questions auxquelles les interventions proposées dans le cadre de cet atelier pourraient apporter des réponses.
5. Parcours de vie, transitions et articulation des expériences
Les parcours de vie sont fortement influencés par le système de genre, mais ils traduisent également des changements quant aux représentations de ce que chaque sexe doit réaliser prioritairement. L’éducation et sa socialisation différentielle sont en partie à la source de ces expériences différentes mais aussi certains des éléments des structures sociales dans lesquels chacun•e s’inscrit. Par exemple, la parentalité est une transition envisagée de manière différente à la fois selon qu’on est une femme ou un homme, selon que le couple est hétérosexuel ou homosexuel, et selon qu’il existe ou non des systèmes de garde des enfants. Cette transition – et ce qu’elle implique en termes de reconfiguration des différents rôles sociaux – se décline également différemment selon que l’accès au marché du travail est pensé comme émancipateur ou non ou selon la position sociale que l’on occupe. Le même type de logique, changement de l’idéologie de genre en fonction de l’expérience et lecture de l’expérience en relation avec l’idéologie de genre, se produit à l’occasion de l’ensemble des transitions qui marquent les parcours biographiques des individus.
Nous invitons des contributions qui analysent, sur une base empirique, les diverses façons dont certains événements transitionnels reconfigurent les rapports de pouvoir. Il semble de ce point de vue particulièrement intéressant de s’intéresser aux transitions telles qu’elles sont décrites par les individus comme moments de l’imbrication des différents systèmes de domination.
6. Imbrication du sexe et de l’âge dans le système de genre
L’âge, non pas biologique mais en tant que catégorie politique et historique, est sexué. Dans cette perspective, nous souhaitons encourager la réflexion sur la sexuation de l’âge, soit sur la manière dont les âges sont normés et vécus de manières différentes en fonction du sexe. Dès la prime enfance, la sexuation de l’âge apparaît de manière éclatante lorsque, par exemple, il est considéré comme normal que les petits garçons soient davantage remuants que les petites filles et que ces dernières acquièrent le langage plus rapidement qu’eux. Contribuant ainsi à construire le système de genre, la sexuation de l’âge, avec son lot d’attentes et de prohibitions, caractérise toute la biographie des individus : la parentalité (nécessaire et contrainte dans un laps de temps relativement bref pour les femmes, versus facultative et largement étendue sur l’âge chronologique pour les hommes), ou encore la sexualité (dans le cadre de l’hétéronormativité, une personne de 50 ans est déjà vieille quand elle est une femme et encore jeune quand elle est un homme) en sont peut-être les exemples les plus connus, mais ils n’épuisent de loin pas l’analyse : l’imbrication du sexe et de l’âge dans le système de genre touche moult autres champs, tels que l’emploi, les loisirs ou les relations affectives, qui peuvent faire l’objet d’analyses menées dans des contextes socioculturels variés, contemporains ou passés, réels ou fictionnels, etc.
7. Education : imbrication du genre avec les origines sociales et ethniques
L’éducation, formelle mais aussi informelle, agit fortement sur les trajectoires sexuées des individus. Il semble nécessaire aujourd’hui de s’interroger sur les modèles éducationnels qui guident ces parcours, d’en déplier les composantes et de comprendre comment les individus font sens des propositions éducatives qui leur sont implicitement faites, ceci en fonction de leurs différentes inscriptions dans les rapports sociaux de sexe, de race et de classe. En même temps, il semble tout aussi important de repérer les configurations spécifiques des articulations entre ces rapports qui peuvent fournir, à certaines conditions, des ressources émancipatoires aux personnes minoritaires sous l’un de ces rapports.
Nous invitons des contributions qui, à partir d’une base empirique, tentent de préciser par exemple comment l’origine sociale joue avec le genre dans les trajectoires scolaires et/ou parascolaires, comment l’origine ethnique ou nationale et le genre se mêlent lors des conseils d’orientation professionnelle, ou encore comment l’ethnicisation des problèmes scolaires se traduit dans les jugements des enseignant•e•s lors des conseils d’élèves et influe, en relation avec le genre ou l’origine sociale, sur les trajectoires scolaires des enfants.
8. Sexe, race, culture et pratiques institutionnelles
Cet atelier vise à analyser les représentations de catégories sociales construites en fonction de logiques sexistes, racistes et classistes circulant dans les institutions (sociales, médico-sociales, juridiques par exemple) et dans les groupes d’intervention, ainsi que les manières dont ces constructions orientent, implicitement ou explicitement, les actions et les discours des professionnel•le•s. Il s’agit notamment de se demander comment un même acte (une manifestation de violence, l’expression de pudeur, refuser de s’investir totalement dans le travail, etc.) est différemment interprété selon les stéréotypes activés : l’acte serait tantôt déterminé par une logique culturelle et tantôt par une logique individuelle, parfois jugé comme une transgression normative et parfois comme conforme aux normes, etc. Dans la même veine, mais en jetant cette fois le focus sur l’usage des mesures sociales, nous proposons également d’examiner leurs applications différenciées en fonction des logiques de genre, de race et de classe à l’œuvre dans les institutions. Par exemple, pour des personnes immigrées qui ont recours à des services sociaux devant les aider à résoudre certains problèmes, les discours des professionnel•le•s qui cherchent à valoriser leur « autre culture » et à leur proposer des activités s’inscrivant dans cette culture sont-ils un soutien et une ressource, ou au contraire un enfermement dans la différence ? Et que se passe-t-il lorsque les réponses apportées à ces migrant•e•s sont marquées par des stéréotypes de sexe alors que la loi sur l’aide sociale semble a priori neutre du point de vue du genre – des réponses telles que encourager la mère mais non le père à faire valoir son droit à s’occuper des enfants, autoriser la mère et non le père à prendre un emploi à temps partiel plutôt qu’à plein temps, décider du placement d’un jeune en institution en fonction de son sexe plutôt qu’en fonction de ses actes, faire intervenir un « couple éducatif » pour s’en occuper ? L’atelier se penchera sur ce type de pratiques professionnelles qui renforcent la division sexuelle du travail, en prêtant une attention particulière à leur tendance à culturaliser ou racialiser les problèmes sociaux.
9. Instances étatiques ou supranationales et catégorisations de sexe, de race et de classe
Nous sollicitons ici des contributions réfléchissant, d’une part, aux manières dont les Etats et les instances supranationales catégorisent ou non et rendent (in)visibles certaines questions sociales : par exemple, en termes de politiques sociales, prise en compte ou non du travail domestique ou des emplois dits atypiques pour l’ouverture de droits sociaux ; reconnaissance de certaines atteintes à la santé, reposant souvent sur des a priori sexués ; modèles normatifs au fondement des politiques sociales, en termes de genre, de race et de classe ; publics-cibles de l’assistance et de l’assurance sociales, etc. D’autre part, il s’agit de voir comment ces instances nationales et supranationales répondent aux injustices sociales, en analysant les différentes politiques d’égalité des sexes et leurs effets sur les assignations sociales de sexe (les mesures promouvant la « conciliation » ou la politique de défamilialisation ont-elles des effets renforçant ou perturbant le système de genre ?), ainsi que les politiques promouvant plus généralement la « diversité » (par exemple le multiculturalisme officiel, la mixité sociale, etc.).
http://calenda.revues.org/nouvelle21114.html
Ma virginité, c’est mon affaire
• Des femmes arabes ont lancé un appel sur Facebook pour une “intifada” contre le machisme.
25 octobre 2012
“Contre le régime”. Un graffiti sur les murs de Beyrouth.
Nahal est d’Egypte. Elle tient une pancarte sur laquelle elle a écrit :
“Je suis avec l’intifada des femmes dans le monde arabe parce que cette société préfère une femme voilée à une femme éduquée.”
Farah, de Tunisie, a inscrit sur sa pancarte :
“Je suis avec l’intifada des femmes dans le monde arabe parce que je ne veux pas que ma fille soit violée” .
Dima, de Palestine, déplore que la femme soit
“toujours considérée comme une personne mentalement déficiente, sans droits, qui doit satisfaire les désirs de l’homme”.
Loulou, de Jordanie, revendique
“le droit de marcher dans la rue la tête haute et sans avoir peur”. Hala, d’Arabie Saoudite, veut être “une femme et non pas une intouchable”.
Ali est d’Irak. Lui aussi porte une pancarte :
“Je suis avec l’intifada des femmes dans le monde arabe tout simplement parce que je déteste la discrimination fondée sur le sexe.” Omar, un Palestinien, est lui aussi avec cette intifada, parce que “la virginité de la femme, ça ne regarde qu’elle”.
C’est un aperçu de celles et de ceux qui ont diffusé leur photo sur les réseaux sociaux dans le cadre de la campagne “Intifada des femmes dans le monde arabe”.
“Remplissons le monde de vacarme !” écrit sur Facebook Yalda Younès, qui demande à ses amies de se joindre à sa démarche. Yalda, ainsi que Diala Haidar, du Liban, Farah Burqaoui, de Palestine, et Sally Zihni, d’Egypte, sont les responsables de la page.
Elles sont unies par le rêve de liberté et la foi que, “après que les révolutions du monde arabe ont renversé les dictatures des anciens régimes, les femmes renverseront la dictature exercée par l’homme à la maison sur son épouse, ses filles, sa sœur, voire sur sa mère”.
Selon Sally, les femmes qui ont été arrêtées, frappées et traînées par terre par les forces de l’ordre pendant les révolutions ont ensuite reçu des coups de poignard dans le dos de la part des révolutionnaires.
“Samira Ibrahim, qui a mené la campagne contre les tests de virginité*, s’est retrouvée seule face aux militaires, sans le soutien qu’elle aurait mérité de la part des révolutionnaires, déplore Sally. On nous dit toujours qu’il y a des priorités pour la révolution et que les femmes doivent attendre.”
Yalda énumère les revendications des femmes arabes :
“Liberté de décider de leur vie, liberté de choisir leur conjoint, droit de divorcer, droit à l’indépendance, droit à l’enseignement, droit de travailler, droit de vote, droit de se porter candidates, droit de propriété, égalité dans la garde des enfants, égalité au travail, égalité dans la société, protection contre la violence conjugale…”
http://www.emancipation.fr/spip.php?article1009La femme et la révolution syrienne
De quelle femme faut-il parler en ce temps de tremblement de terre qui secoue la Syrie depuis trois ans ? La paysanne, la citadine, l’ouvrière, l’enseignante, la femme au foyer, etc. ?
Or depuis le début de la révolution en mars 2011, la seule ligne de partage, comme pour tous les Syriens, est entre celle qui participe à la révolution et celle qui soutient le régime dictatorial d’Assad : entre la femme qui agit et la femme qui subit.
La Syrie est soumise depuis 1963 à un régime sécuritaire dont les multiples appareils contrôlent d’une main de fer la société : femmes, hommes et enfants (1).
La femme en Syrie a emprunté le chemin vers sa liberté, pour acquérir ses droits, depuis l’indépendance en 1946 : elle revendiquait une véritable place au sein de la société, le droit au travail, une reforme du statut de la femme adulte lui donnant des droits, au même titre que l’homme, etc. Le mouvement de la société dans son ensemble, lentement mais surement, allait dans ce sens.
Les droits des femmes confisqués
Or depuis 1970 un régime dictatorial s’est emparé du pays. Des générations ont vécu, vivent avec la devise d’une dictature : soumission totale à l’autorité, interdiction de penser autrement, interdiction donc, de toute initiative individuelle. De plus, le régime a réussi à instiller la terreur dans le cœur des citoyens et dissuader toute contestation en commettant des massacres spectaculaires, notamment celui de 1982 à Hama, ville au centre de la Syrie. La ville a été bombardée et des milliers de civiles ont perdu la vie. Ce massacre a été aussitôt suivi par la liquidation de toutes velléités de contestation politique qui subsistaient encore Des hommes et des femmes, intellectuels, militants de gauche, islamistes, etc. ont été envoyés périr dans les prisons durant de longues années.
Dans ce régime totalitaire, la question des droits de la femme, comme pour le reste, a été confisqué par les organisations officielles du régime dédiées à la femme (l’Union des Femmes Syriennes) mais dans lesquelles des femmes véritablement contestataires n’avaient pas leur place. Aucun groupe, association ne peut exister en dehors de cette structure officielle.
Ce régime, soi-disant laïque s’est employé à renforcer son emprise sur les femmes en favorisant un mouvement islamiste réactionnaire “al-Qobeissat” dont l’objectif est l’endoctrinement religieux des femmes et dont les cheftaines entretiennent des relations étroites avec des officiers de la sécurité. C’est ainsi que, à Damas seul, 80 écoles contrôlées par ce groupe/secte ont été fondées, dispensant un enseignement religieux aux filles dès leur prime enfance (en parallèle à leur scolarisation officielle). Ces écoles ont accueilli, à ce jour, 750 000 élèves ! (2)
Aucune réforme susceptible de modifier la situation de la femme n’a vu le jour durant ces 45 ans du règne de la famille Assad. C’est le code islamique de la Chari’a qui est toujours en vigueur : en héritage la fille a la moitié de la part de son frère, la polygamie est tolérée/semi-autorisée, l’homme peut répudier sa femme selon son bon vouloir, etc.
Il va sans dire que le principal obstacle aux droits des femmes en Syrie est l’absence de démocratie.
Les femmes ont à mener un combat double : revendiquer leurs droits en tant que femme (à l’échelle individuelle et collective) pour faire évoluer la société sur ce chapitre, et se battre pour faire valoir leurs droits d’être humain face à la répression du pouvoir.
Les femmes au premier rang
Tout naturellement donc et quel que soit leur statut, leur milieu social, etc. elles étaient au premier rang de la contestation lorsque celle-ci a débuté. Ce sont des femmes qui ont organisé les premières manifestations pacifiques en mars 2011 à Damas, la capitale, symbole de la puissance du pouvoir. Parmi ces organisatrices des noms aujourd’hui connus : Souheir al-Attasi, Razan Zeitouneh. Lorsque la manifestation a été dispersée et des manifestants et des manifestantes arrêtés, les femmes ont organisé le lendemain un sit-in devant le ministère de l’intérieur réclamant la libération des détenus.
Les figures féminines qui ont marqué par leur présence toutes et tous les Syriens révoltés ne manquent pas. Fadwa Soleiman, actrice, conduisait des manifestations à Homs et ses environs. Elle scandait avec la foule : “Nous Syriens, nous sommes tous unis contre la mafia au pouvoir”, démentant le discours communautaire du régime. Menacée de mort, elle a quitté la Syrie dans le courant de l’année 2012.
Le choix de cette actrice de Homs n’est pas dû au hasard, c’est un choix politique et réfléchi. Fadwa Sleiment est alaouite (de la même minorité à laquelle appartient la famille Assad). Homs est une ville symbole de la révolution, une ville où vivait paisiblement une population de toutes les confessions. Dès le mois d’avril 2011, le régime commet son deuxième massacre, après celui de Dar’a au sud. Des milliers de pacifistes avaient occupé la principale place de la ville, à la manière de place Tahrir au Caire en Égypte.
L’armé a ouvert le feu sur la foule faisant des morts par dizaine, des blessés par centaines, et des milliers ont été enlevés ou jetés en prison.
Période de manifestations pacifiques
Les femmes, de toutes les catégories sociales, de tous les âges ont pris une part active dès le premier jour dans la révolution syrienne. À la campagne comme à la ville : qu’elles soient mères de famille, étudiantes, fonctionnaires, ouvrières, institutrices, avocates, médecins, etc. les femmes ont participé à l’organisation des manifestations, ont pris part aux manifestations, sont venues en aide aux blessé(e)s, ont caché un parfait inconnu, une parfaite inconnue fuyant la traque des services de sécurité ou la mort par balle (3), etc.
Les manifestantes n’étaient pas visibles dans les images que les médias occidentaux transmettaient. Or l’observateur attentif (4) relève non seulement une présence constante des femmes dans les manifestations de masse dans les rues de villes et de villages mais aussi un nombre important de manifestations organisées par les femmes au nom de la Femme Syrienne.
(À signaler un phénomène intéressant symboliquement : la présence souvent à la tête de manifestants d’un garçon et d’une fille, âgés entre 11 et 13 ans, chantant tour à tour pour galvaniser la foule).
Dans des zones où la présence massive des organismes officiels de répression rendait les manifestations très difficile à mener, elles ont fait preuve d’innovations pour inciter à l’action : à Damas, elles ont installé des haut-parleurs sur des immeubles, dans des jardins publics, diffusant des chansons révolutionnaires, ont lancé des ballons portant des tracts incitant la population à se joindre aux manifestants, ont tagué des murs en hommage à la révolution, aux prisonniers et aux disparus, etc.
À Sweida (ville au sud de la Syrie) à la veille de Noël, des jeunes filles, habillées en père-noël, ont distribué des tracts appelant les habitants de la ville à la solidarité avec les révolutionnaires, etc.
Autant d’actions qui nous paraissent d’ici anodines, mais dont les auteures là-bas risquent leur vie si elles sont prises sur les faits.
Il y a aussi le phénomène de manifestations à l’intérieur (à domicile). Il existe de milliers de vidéos-amateur sur You tube montrant des femmes, visages cachés (pour ne pas être identifiée) lisant des déclarations, scandant des slogans, chantant des chansons révolutionnaires, brandissant des pancartes, etc.
Des femmes ont multiplié les actions régulières, en ville comme à la campagne, en manifestant ou en organisant des sit-in pour réclamer la libération des leurs fils, filles ou maris injustement emprisonnés.
À l’intérieur comme à l’extérieur du pays, des femmes se sont organisées : “Femmes syriennes pour défendre la révolte syrienne”, “Femmes Syriennes pour la Démocratie”...
Dans cette guerre sans merci que le régime mène contre le peuple, la souffrance de la femme est particulièrement révoltante. Elle a été, elle est, quel que soit son âge, son rang social, la cible du viol collectif devant son mari, ses enfants, son père. Dans une société conservatrice où l’honneur de la femme est d’une importance capitale, c’est une arme que le régime emploie pour humilier les hommes de la famille et dissuader la population de toute action contre lui, mais aussi pour briser les femmes et les empêcher d’agir.
Une politique qui a atteint en partie son objectif, puisque beaucoup ont tout quitté pour aller se refugier soit dans des zones libérées ou dans des pays limitrophes.
Des militantes dans les camps de refugiés organisent régulièrement des campagnes d’explication pour aider les femmes violées, les amener à parler et raconter leur calvaire, mais aussi expliquer que la seule honte à avoir est d’avoir supporté ce régime infamant durant toutes ces années !!
Période de lutte armée
Le rôle de la femme a atteint son apogée en 2012. L’arrestation, l’assassinat et la disparition de la plupart des activistes du premier rang de la contestation pacifique, notamment les hommes, ont été compensés par l’action des femmes qui se sont organisées en réseaux pour acheminer de l’aide médicale et des denrées alimentaires aux zones encerclés et bombardées par le régime mais aussi en perpétrant ou en soutenant le mouvement pacifique. Des militantes ont utilisé leur appartenance communautaire, comme alaouite ou chrétienne, pour passer les multiples barrages. L’efficacité de ce travail a décliné dès que certains barrages ont découvert le manège de ces militantes.
Alors que la révolution prenait de plus en plus une tournure de lutte armée, des femmes révolutionnaires ont décidé de s’installer dans les zones libérées, devenues les zones les plus exposées, pour prendre part aux activités d’autogestion de la vie des gens et témoigner de la brutalité du régime. C’est le cas, pour ne citer que quelques noms connus, de Samira Khalil ou de Razan Zeitoneh (5) à Douma : témoigner et faire connaître à l’étranger ce que la population locale endure, encerclée par l’armée du régime et ses différents milices communautaires, bombardée, affamée, privée d’eau et d’électricité, etc.
C’est le cas également de Marcelle Shahrour à Alep et bien d’autres anonymes.
Jaramana, ville voisine de Damas, à majorité chrétienne et druze, a longtemps joué un rôle important dans la résistance des habitants et des combattants de plusieurs villes voisines révoltées. Grace à un réseau de femmes de Jaramana, cette ville est devenue l’arrière cuisine pour nourrir l’armée libre et les familles encerclées. Le régime et ses chabihha se sont chargés de liquider ces réseaux.
Les exemples de femmes n’ayant pas une activité militante avant la révolution et qui se sont engagées y compris lorsque la révolution s’est armée ne manquent pas.
C’est le cas de Oum Khaled à Kafrenbel (ville libérée au nord-ouest). Elle a fondé le premier centre réservé aux femmes. Elles se réunissent pour discuter de leur situation en temps de guerre, s’entraînent gratuitement dans des ateliers de premiers soins, mais aussi des ateliers de coiffure, de tricot, de langue anglaise, etc. Le centre a également une bonne bibliothèque.
Oum Khalid est la preuve que les femmes de la région sont en mesure de s’exprimer dans les espaces publics créés par la révolution. En dépit de la militarisation croissante et de la domination masculine, la femme est capable de retrouver sa place et de jouer son rôle, place et rôle qui lui ont été volés depuis longtemps par le régime.
Le combat continue
Lorsqu’en avril 2013, des groupes djihadistes, affiliés à al-Qaida, dont les pratiques n’ont rien à envier au régime, font leur apparition sur le sol syrien, des Syriens ont refusé de remplacer une dictature par une autre. Les actions pacifiques ont repris de plus belle : manifestations, sit-in, etc.
C’est le cas notamment de la ville Raqqa (au nord-est) où le groupe Daech (l’État Islamique de l’Irak et la Syrie) en a fait sa principale base. Le mouvement de riposte pacifique des habitants contre les agissements de Daech n’a pas cessé.
Mais une femme s’est distinguée en dehors de la mobilisation collective. C’est Souad Nofel, enseignante. Contre l’avis général, elle a décidé de dire son opposition en faisant des sit-in devant le quartier général de Daech, portant des pancartes avec des slogans à l’adresse des cadres du groupe. Malgré les menaces répétées à son encontre et l’agression physique dont elle est victime, elle refuse de “leur laisser” sa ville et continue tous les jours à les harceler avec ses pancartes et ses slogans.
Souad est devenue un symbole de force et de la lutte des femmes syriennes qui résistent sur plusieurs fronts (6) : le régime, Daech, la mafia islamique, les autorités patriarcales, etc.
Impact de la révolution et ses conséquences sur la femme
Quelques points à souligner, sommairement, qui mériteraient d’être développés séparément.
Responsabilités nouvelles
Le drame dans lequel est plongée la femme syrienne (elle a perdu un mari, un père, un fils) loin de l’affaiblir lui procure autant de raisons pour agir.
Sa participation active dans l’action humanitaire, l’autogestion locale, etc. change complètement la donne et la place en position de force.
Avec les hommes au front, elle doit prendre en charge non pas seulement ses enfants mais aussi les parents, grands parents et souvent les enfants orphelins d’un frère ou d’une tante.
Cette terrible situation marque, marquera des générations des femmes et prépare une suite favorable à une lutte de la femme pour un avenir meilleur.
Rencontre improbable !
Pendant la lutte pacifique, les manifestations les plus nombreuses ont eu lieu au centre ville des métropoles syriennes. En revanche à Damas, elles ont souvent eu lieu dans les quartiers périphériques éloignés des casernes militaires, des bâtiments de sécurité et des points de rassemblement des milices privées du pouvoir.
Les contestataires de toutes les conditions sociales se réunissaient dans une sorte de liesse populaire jubilatoire et apprenaient ensemble à vaincre leur terreur et affronter la répression sanglante. La place de la femme dans ces mouvements de masse n’était en rien moindre que celle de l’homme.
Situation inédite où des femmes avocate, médecin, étudiante, fonctionnaire, scandant dans les cortèges avec les mères de famille, ouvrières, employée, paysanne.
Une situation où les militantes du centre ville, travaillaient main dans la main avec les hommes des quartiers décentrés pour préparer les manifestations. Ensemble elles vivent les horreurs que leur infligent les sbires du régime, se cachant chez les unes et les autres, chez les uns et les autres, en attendant que ça se calme (à Douma, Barzeh, al-Ghota).
Cette mixité, cette interaction sociale n’aurait pas pu avoir lieu sans cet élan populaire de contestation.
Il est trop tôt pour hasarder un pronostic sur l’issue de la révolution syrienne. En revanche, il est certain que pour beaucoup de femmes syriennes les lignes de démarcation sociale sont en partie tombées grâce à leur action décisive.
Najwa Sahloul
(1) Voir du même auteur La révolution syrienne : Mille jours
(2) Des réseaux du même type pour hommes ont été crées aussi, le nombre de mosquées et d’églises s’est multiplié. Les responsables religieux (Imams) sont nommés par le ministère des affaires religieuses. Le prêche du vendredi (prière collective à la mosquée) est fourni par les services de sécurité.
(3) Bien entendu ces mères de famille savaient ce qu’elles risquaient : cacher un militant c’est s’exposer soi-même au danger d’être tué ou emprisonné.
(4) Mohja Kahf, Les manifestations féminines de masse dans la révolution syrienne.
(5) Zeitoneh est une avocate et militante de droits de l’homme, elle a été kidnappée depuis quelques mois avec ses amis.
(6) C’est ce qui ressort de tous les messages que des femmes syriennes lui ont adressé
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