Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede lou » 19 Mai 2009, 11:26

De l'indignation sélective des mecs anars... en général
Léo Vidal


Les journées libertaires de La Gryffe ont permis d'assister à un n-ième remake de Antisexisme 'bonne conscience' - le retour (de bâton). Non seulement les débats sur les rapports femmes-hommes ont été marqué par un refus systématique de la part des mecs d'entendre les critiques féministes libertaires dans toute leur ampleur mais en plus les critiques réactionnaires ont vite fait surface, distinguant les 'bonnes' féministes libertaires des 'mauvaises' - divisons pour mieux régner. Résultat: les mecs se sont évités toute remise en cause, bénéficient encore une fois de leur place de dominant et font payer les féministes qui se sont opposées à leur pouvoir.

Quelques faits qui ont à mon avis mené à l'action symbolique et libertaire des féministes:

* Lors du débat sur le pouvoir en milieu militant (animé par P. Coutant) une première discussion a eu lieu sur le machisme et la domination masculine. Si ce débat avait débuté par une remise en cause des hommes, il a rapidement glissé vers une critique du féminisme et des féministes. En effet, plusieurs hommes ont affirmé qu'il ne fallait pas se limiter au patriarcat (comme si ceci était le propos des anarchaféministes) car il y avait également d'autres oppressions et que de toute façon le pouvoir était une chose diffuse donc on ne pouvait cibler ses critiques sur les hommes concrets, et finalement que les féministes agissaient quelques fois de façon terroriste et culpabilisante vis-à-vis des mecs. Malgré un début intéressant, une remise en cause du pouvoir mâle en milieu militant n'a pas eu lieu.
* Le débat sur l'ordre patriarcal n'a lui non plus pas abordé le pouvoir mâle en général et en milieu libertaire, car plusieurs hommes et femmes ont demandé aux féministes luttant en non-mixité d'expliquer, de réexpliquer et de justifier leur mode d'action. Plusieurs personnes ont pendant une heure et demie, accepté d'expliquer pourquoi la non-mixité femmes leur semblait indispensable à la lutte féministe. Le climat général était, à mes yeux, à la critique de la non-mixité et non des hommes et de la domination masculine - ce qui est effarant pour un débat sur l'ordre patriarcal. *
Lors de ce débat un homme à violemment interrompue une femme voulant intervenir sur la non-mixité sans que celui-ci ait été collectivement remis à sa place voire viré.
* Vers la fin du débat, une féministe libertaire a plusieurs fois posé qu'elle voulait enfin aborder le thème de l'ordre patriarcal mais cette demande a reçue une fin de non-recevoir majoritaire, ce qui revenait de fait à un refus d'aborder l'ordre patriarcal.

Tandis que plusieurs débats auraient pu aborder le patriarcat, force est de constater que les libertaires n'ont pas voulu remettre en cause la domination masculine. Il me semble donc logique et réjouissant qu'une vingtaine de féministes ont décidé lors du débat final sur le mouvement libertaire d'intervenir non-verbalement pour dénoncer le silence complaisant des anars concernant l'oppression que subissent les femmes. De nouveau, les libertaires n'ont pas voulu entendre les critiques anarchaféministes, ont refusé de s'interroger sur leur propre participation active à l'oppression des femmes et ont préféré s'indigner comme des bons cathos dérangés en pleine messe: " Ces féministes sont des lesbiennes (!), des séparatistes, des manipulées, des maoïstes voire des fascistes. " Un mec m'a même sorti que si cela se passerait dans un événement qu'il avait co-organisé, il aurait fait intervenir le service d'ordre pour virer ces saboteuses à coup de batte de base-ball si nécessaire. En gros, il a été considéré intolérable que des anarchaféministes dénoncent l'oppression des femmes, et surtout de cette façon-là. " Car si on peut comprendre les motifs (et encore, il y a mieux à faire ailleurs, là-bas, plus loin !) on ne peut tolérer ces méthodes." Ah, pauvres féministes, vous avez beaucoup à apprendre ! Heureusement que les vrais anars sont là pour vous guider !

Quel pathos ! Quel pathétique indignation ! On n'aurait presque pensé être au P.S. pendant une action libertaire contre le racisme étatique et l'expulsion des sans-papiers. Les mêmes gestes, la même autosuffisance, le même refus d'ouvrir les yeux, le même renfermement sur soi, la même absence totale de recul autocritique. Mais ce qui m'a le plus dégoûté c'est les rationalisations complaisantes qui ont suivis. Très vite les libertaires se sont découverts libéraux en prônant la diversité et la tolérance au lieu de la lutte contre toutes formes de domination. Les mecs ont oublié toute conscience de genre, de leur position de dominant et se sont permis de critiquer de façon paternaliste et méprisante la lutte des féministes libertaires. Certains ont affirmé que cette intervention n'était pas à l'intention des mecs mais dirigée contre les femmes - quel détournement majestueux ! D'autres l'ont qualifié de primitive, d'agression violente, d'acte de guerre, de logique de secte et, horreur, de com-mu-nau-ta-risme! Mais ne soyons pas trop négatif, aucun anar ne semble avoir traité ces féministes libertaires de malbaisées - la lutte antipatriarcale avance à petits pas...

Cette intervention collective aura, entre autre, fait passer le message qu'il y a des problèmes très importants au sein du mouvement libertaire sur le plan des rapports femmes-hommes et aura permis de voir où en était la majorité des libertaires. Cela m'a réjoui de voir que quelques hommes ont soutenu (et soutiennent toujours) publiquement cette intervention et ont ainsi brisé à un instant important la solidarité masculine. Ce soutien sans 'oui, mais' ou 'il aurait fallu' me fait espérer que des hommes peuvent à certains moments capter les rapports de pouvoir entre femmes et hommes, et prendre position contre la domination omniprésente sans se cacher sous des nuances, rationalisations ou excuses. Mais ces quelques points positifs ne changent rien au fait que les hommes libertaires sont largement réactionnaires quand il s'agit de remettre en cause (leur participation à) la domination et l'oppression des femmes, et cela confirme malheureusement ce que chante Brigitte Fontaine:
" Quand il s'agit des femmes, il n'y a pas d'hommes de gauche. "

******************************

Dans son commentaire sur les journées libertaires, Gile (Paris) réagit à certains propos auxquels je désire répondre. " Dans les débats mixtes, une nouvelle donne (ou presque) pour les garçons serait de se taire ou éventuellement de ne faire que répéter des arguments féministes. (...) il est important que les hommes développent leur propre réflexion et luttent comme l'ont fait et le font les féministes. "

Il me semble que les hommes sont (plus que) libres de leur actes et paroles, mais qu'en tant que libertaires ils s'engagent contre toute forme de domination donc la domination masculine contre les femmes. Si dans un débat ces mêmes libertaires tiennent des propos sexistes ou ne reconnaissent pas dans toute son ampleur la domination patriarcale, il est normal que des féministes ou d'autres font remarquer leur incohérence et dénoncent leur complaisance envers leur position de pouvoir. Et pourquoi un homme ne ferait-il que "répéter" les arguments féministes? Un homme serait-il incapable de reconnaître la pertinence et justesse des arguments féministes et de les faire sien - de sa place? Et quelle pertinence peut avoir la propre réflexion des dominants - comparée à la pertinence de la parole et réflexion des dominées elles-mêmes?

Quand j'ai dit que le fait d'évoquer d'autres formes d'oppression lors d'une discussion sur le pouvoir des hommes, participe à la minimalisation et invisibilisation du patriarcat, je ne nie pas l'existence d'autres axes de domination. De fait, et cela a été confirmé dans le débat sur le pouvoir en milieu militant, évoquer d'autres formes d'oppression sert majoritairement à ne pas se concentrer sur une forme d'oppression rarement adressée de façon ouverte et intègre.

De même, lorsque j'ai critiqué la notion d'aliénation (appliquée aux hommes) et le fonctionnement des groupes hommes, je ne l'ai pas fait comme le présente Gile, c.à.d d'une façon bien réductrice. Ce que j'affirme c'est que les deux éléments me semble participer actuellement à 1. une analyse symétrique des rapports sociaux de sexe qui, en effet, nie l'oppression que subissent les femmes (Cfr. la critique des féministes des journées libertaires dans leur tract) 2. une motivation égocentrique pour combattre le patriarcat basée sur le bien-être des dominants, au détriment d'une motivation altruiste politique basée sur la liberté des dominées.

Actuellement la majorité des hommes luttant contre le patriarcat me semble en effet avoir besoin d'une motivation égocentrique (épanouissement de soi, meilleurs rapports entre hommes) afin de s'engager. Il leur semble souvent impossible de lutter prioritairement en fonction de la liberté des femmes; pourtant il me semble que cela est bien possible et que notre solidarité avec les féministes peut s'exprimer dans le soutien actif de leurs initiatives et dans une lutte directe contre la domination des hommes (dont la notre). Je ne nie pas l'utilité de ce travail général sur soi mais, pour l'instant, les hommes semblent rester coincé là-dedans - au détriment d'un travail directement utile aux féministes et femmes en général.

C'est dans ce constat de blocage égocentrique sur soi et les autres hommes qu'il me semble en effet de plus en plus nécessaire que les groupes hommes anti-patriarcaux établissent des liens de reddition de compte avec des groupes féministes existants. Ce droit de regard des féministes libertaires sur les activités de ces hommes me semblent un élément utile afin de réaliser un travail anti-patriarcal digne de ce nom. Contrairement à ce qu'affirme Gile, cela n'implique aucunement que les hommes parlent au nom des femmes. Les groupes hommes peuvent choisir ces groupes en fonction d'affinités politiques communes. Cela n'équivaut pas à une subordination mais à une prise de conscience de la place structurelle opposée et asymétrique des hommes et des femmes et la nécessité d'agir en fonction des intérêts et buts définis par les sujets de la lutte anti-patriarcale, les femmes féministes. Que dirais-tu, Gile, si des féministes libertaires affirmaient que la reddition de compte est nécessaire pour éviter la dérive des groupes hommes? Les traiter d'autoritaires, de fausses libertaires, de trotskistes anglaises?

Malgré son soutien affirmé au féminisme, Gile ne s'empêche pas de pointer du doigt les différences entre féministes, et de faire sous-entendre que les féministes de l'action des journées libertaires développeraient des stratégies de rupture et seraient des inconditionnelles de la non-mixité. Et d'affirmer l'extrême nouveauté qu'il faudrait débattre ensemble en mixité - sans réaffirmer par contre l'extrême inégalité de la mixité actuelle. Comme si les féministes libertaires de l'action ne désireraient pas discuter et agir en mixité égalitaire. Lui aussi lance finalement le pavé (bien emballé) contre des féministes et non contre ces hommes qui, réunion après réunion, débat après débat, attaquent les féministes et refusent de se remettre en cause. Quelles que soient ses bonnes intentions, fait est de constater qu'il donne des conseils à des féministes et épargne les hommes libertaires - premiers responsables de l'oppression des femmes dans le milieu libertaire.
Léo Vidal (Au-delà du personnel)


Ce texte a été écrit en 1999 par Léo Thiers Vidal, un chercheur engagé de longue date dans la lutte féminisme. 10 ans plus tard j'ai du mal a voir les progrès que nous avons accompli. Lorsque nous anars et libertaires hommes nous engageons dans la lutte contre le patriarcat c'est rarement pour dénoncer nos propres fonctionnements. Le Patriarcat c'est l'autre, les fachos, les cathos, les sarkos, mais nouuuuuuuus? Noooooooooooooon. Pourtant on peu trouver dans chacunes de nos orgas des déclarations de bons principes, des textes, des autocollants qui rappellent avec ferveur notre attachement à la cause des féministes radicales. Anti Fachos anti Machos même combat! Sauf que dans les faits, on voit plus de féministes aux côtés des antifas que d'antifas aux côtés des féministes. Entre couillus on se soutient, face à la deferlante des hordes de féministes acharnées coupeuses de couilles et autres. Pourtant la grille de lecture des féministes radicales a beaucoup à nous apprendre, non seulement dans notre compréhension de l'antipatriarcat mais parcequ'elle permet de mieux identifier les problèmes de domination de tout ordre au sein de nos collectifs. En ce sens nous avons beaucoup à apprendre des camarades allemands; il est regrettable que lorsqu'une camarade allemande nous interpelle sur ce point, à la Coordination anti OTAN par exemple, nous n'arrivions pas à prendre la perche au vol. Mais non soyons sérieux, il y a mieux à faire. La lutte anti patriarcale attendra, nous avons mieux à faire...comme toujours.
Modifié en dernier par lou le 19 Mai 2009, 11:44, modifié 1 fois.
je serai post-féministe quand nous en serons au stade du post-patriarcat.
Avatar de l’utilisateur-trice
lou
 
Messages: 147
Enregistré le: 19 Mai 2009, 10:46

Re: De l'indignation sélective des mecs anars... en général

Messagede RickRoll » 19 Mai 2009, 11:43

Ce texte est vraiment super, avant de lire ton commentaire j'ai cru qu'il avait été écrit hier.

Il pose des questions et fait des remarques qui rejoignent celles que je me pose en ce moment.
Merci et continue de poster pour qu'on discute de l'antipat !
RickRoll
 

Re: De l'indignation sélective des mecs anars... en général

Messagede Polack » 19 Mai 2009, 12:00

en même temps c'est compliqué de s'engager à fond dans une lutte où tu fais partie des oppresseurs ! ça me pose question le féminisme, je ne connais pas trop les argumentaires, les idées majeures, oh je vois bien de quoi il retourne en gros ! mais dans le détail... je suis à la masse. moins sensible forcément avec ma paire de burnes... et il est évident que nous sommes tous (et pas que les mecs !), les produits d'un environnement qui nous a façonné avec des "réflexes" machistes. la différenciation des tâches par exemple, tu as beau te dire que la cuisine c''est pour tout le monde, il reste un truc en toi que tu ne peux pas enlever ! une sorte de résidu d'éducation, de socialisation dans une société patriarcale. Je pense que c'est en mettant en place une société qui permette une éducation, une socialisation en dehors de ce conditionnement, que nous pourrons enfin expérimenter l'indifférenciation des sexes. Mais il faut voir aussi les changements que cela implique termes de construction psychique des individus, en termes de structure psychique commune, d'organisation de la société, de la famille etc. C'est du boulot. Bon courage aux féministes, je crois qu'effectivement c'est pas demain la veille que les hommes pourront réellement s'émanciper de leur côté viriliste et macho... Il faut dire qu'on a également quelques siècles de pression sociale qui pèsent dans la balance. Et puis y'a des femmes qui entretiennent le truc ! comment voulez vous qu'on s'y retrouve ?

Ah oui et je voulais quand même pousser un coup de gueule macho : les grosses connes de type "chiennes de garde à la gazon maudit qui veulent bouffer de la couille à tous les repas", c'est à vous dégoûter non seulement des femmes, mais surtout du genre humain ! J'ai eu maille à partir avec l'une d'entre elle il y a un an ou deux, je crois qu'elle ne sert pas du tout sa cause en agressant les hommes par principe.

Bref un message un peu décousu pour dire mon côté inculte et mal comprenant de cette noble cause qu'est le féminisme. PS: Brigitte Fontaine a bien raison ! :)
Polack
 

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede FRED » 19 Mai 2009, 17:21

Même impression que RikRol, finalement entre le libertaire et le capitalisme il y a concordance quant ont aborde les problème de pouvoir et de paternité, les un refusent au autres d'être remis en cause.
Enfin ont dit les libertaire, mais en vrai c'est un problème que l'ont retrouvent Alleur même quant ont parle d'homosexualité, et le pire c'est que ça a l'air de s'empirée socialement parlent.
* « Nous n’avons pas peur des ruines. Nous sommes capables de bâtir aussi.

Buenaventura Durruti
FRED
 
Messages: 308
Enregistré le: 15 Juin 2008, 19:05
Localisation: Paris

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede Communard » 20 Mai 2009, 12:36

Coucou,
je ne réagirais pas perso, puisque j'ai pas le temps. C'est un sujet qui me tient à coeur, et la remise en cause de ma place d'homme a fait que j'ai remis en cause bien des choses dans ma vie, dont mes pratiques militantes, mes pratiques de compagnons, et aussi de revoir mon identité hétérocentré/hétéronormé.

Mais quelques textes intéressants :

Voilou...
Communard
 
Messages: 33
Enregistré le: 24 Mar 2009, 13:25

Re: De l'indignation sélective des mecs anars... en général

Messagede Berckman » 20 Mai 2009, 19:04

Ah oui et je voulais quand même pousser un coup de gueule macho : les grosses connes de type "chiennes de garde à la gazon maudit qui veulent bouffer de la couille à tous les repas", c'est à vous dégoûter non seulement des femmes, mais surtout du genre humain ! J'ai eu maille à partir avec l'une d'entre elle il y a un an ou deux, je crois qu'elle ne sert pas du tout sa cause en agressant les hommes par principe.

Je vois pas ce que viens faire sur le forum ce genre de propos qui non seulement reprends les clichés et stéréotypes antiféministes classiques ("coupeuse de couille" "hystérique") et qui plus est lesbophobe ("à la gazon maudit").
Ca ne va certainement pas dans le sens du reste de ton message.
Combien de couilles coupées depuis 50 ?
Nada. Niet. Zéro.
A l'inverse la violence verbale et physique est une réalité quotidienne pour les femmes.
Si tu t'arrête à la radicalité du verbe, désolé, tu te retrouves avec le même discours du patron qui trouve que les ouvriers qui lui balancent des oeufs sont des voyous fou furieux excités. C'est une posture libérale en fait.
Cherches la révolte qui se cache derrière et les raisons de cette révolte, tu y trouvera certainement des choses qui te feront reconsidérer ta première réaction.

Les "chiennes de garde" sont des féministes bourgeoises, on peut critiquer leur stratégie, mais on peut pas vraiment dire qu'elles brillent par leur radicalité (ce qui du coup montre que ton amalgame est de l'ordre du stéréotype).


Franchement le début de ton message était plus constructif. Même si je pense qu'on est pas obligé d'attendre que les militantes féministes nous bousculent pour se poser des questions et se remmettre en cause.

Le plus simple pour comprendre la pensée féministe, c'est de lire les textes féministes, et discuter sans à priori avec les féministes (c'est à dire sans d'emblée rentrer dans les stéréotypes antiféministes).

Voici un historique des courants féministes (il y manque l'anarchaféminisme : cf notamment libération des femmes et révolution libertaire, OCL, mais aussi tout un tas d'autres textes trouvables sur internet)
http://netfemmes.cdeacf.ca/documents/courants0.html
Berckman
 

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede Polack » 20 Mai 2009, 20:59

je sais bien que ce "coup de gueule" n'est pas constructif. Mais en fait cette femme s'est comportée un peu comme un macho de base... je me suis senti agressé sans raison alors qu'en plus je pense qu'on aurait pu tomber d'accord sur pas mal de choses. Bref ce n'est pas pour autant que je me désintéresse du sujet au contraire, je sens que j'ai des lacunes et énormément à travailler de ce côté là en termes de réflexion. Comme bien souvent même lorsque le fond du discours est intéressant, si on n'y met pas les formes on perd un certain nombre de gens en route. Et puis j'ai repris ces clichés sciemment d'où les guillemets, c'était pour rendre l'image que j'ai ressentie à ce moment précis.

Pour le reste je me pense (malgré il est vrai un machisme de surface parfois cultivé pour me marrer à jouer au con) plutôt ouvert sur la question du féminisme, comme des normes sexuelles en général. Mon soucis avec ce combat c'est qu'il m'apparait parfois, à tort sûrement, comme n'étant pas l'essentiel. Je m'explique, pour moi le patriarcat et l'oppression des femmes par les hommes n'est qu'une conséquence d'un système d'aliénation plus vaste et asservissant les deux genres : le capitalisme. Le patriarcat est certes antérieur à celui ci mais il résulte tout de même, (je crois mais dites moi si je me trompe), quelle que soit l'époque, d'un système plus vaste d'oppression (loi salique sous la monarchie etc). J'en conclus donc, à tort peut être, ('tain je prends trop de pincettes je sens le sujet sensible ! :lol: ), que de combattre le système global revient également à combattre le patriarcat et la domination machiste. Évidemment le milieu libertaire n'est pas à l'abri de reproduire ce schéma, et pour cause ! Nous sommes les fruits de ce système ! Nous l'introduisons donc inconsciemment dans nos pratiques, il se glisse, (comme d'autres aspects du système actuel), dans nos relations inter personnelles, dans nos pratiques militantes.

Et une autre chose me pose question. Je veux croire à l'indifférenciation des sexes. Mais nous sommes porteurs d'une construction psychique commune basée sur la différence des sexes. J'ai donc tendance à penser que le changement politique ne suffira pas tout de suite à changer les mentalités et les pratiques. Il faudra certainement énormément de temps pour bâtir une société qui ne différencie pas les sexes. Appelons cela hétérocentrisme, phallocratie ou autre, je crois qu'il a de beaux jours devant lui ce truc. Nous sommes construits psychiquement comme des êtres sexués et donc différents de l'autre sexe. Pour changer cela il faut non seulement un changement politique radical, mais aussi une pratique longue de l'indifférenciation, permettre son instauration progressive au sein de l'inconscient collectif.

Je ne sais pas si j'ai été très clair mais voilà. J'évite une blague sur les blondes pour finir je suppose ? :mrgreen:
Polack
 

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede RickRoll » 20 Mai 2009, 21:10

Le patriarcat est différent du capitalisme, il n'est pas une conséquence du capitalisme ou d'autres systèmes d'exploitation. Par contre ils sont interdépendants, imbriqués l'un dans l'autre. On ne peut combattre l'un sans devoir combattre l'autre, si on veut supprimer toute exploitation.

Pour réagir sur ta critique de la féministe agressive. Imagine que tu sois patron. Un gentil patron, qui augmente ses salariés, qui rigole avec eux, qui leur donne des sous quand il faut qu'ils aillent à l'hosto, qui les invite chez toi pour bouffer... Tu vas dans une manif anticapitaliste, avec un écriteau "patron" sur la tête. Tu trouverais ça choquant qu'un prolétaire te prenne à partie violemment ? Moi non.
Pareil pour cette féministe. Tu as beau être un gentil garçon, qui respecte les filles, qui essaie le plus possible de lutter contre ton genre, il n'en reste pas moins que tu le veuille ou non, que tu es un mec. Donc que tu exploite les femmes de par ta position sociale de mec. Elle a été agressive avec toi comme le dominé est agressif en réponse à la domination du dominant.

J'ai mis du temps à comprendre et à accepter que structurellement, je fais partie d'un groupe d'exploiteurs. Maintenant je me bats contre moi-même pour essayer de déconstruire mon genre. C'est difficile. Mais je n'ai pas envie de rester un exploiteur sans rien faire contre.
RickRoll
 

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede Polack » 20 Mai 2009, 21:17

mouais... enfin le patron dans la manif je serais plutôt du genre à aller lui causer ! et je serais bien content de sa présence, même à une manif traine savates. C'est un début et ça créer du dialogue, on pourra pas tous leur couper la tête ! :mrgreen: Et avec le raisonnement que tu me tiens (et qui se tient pour beaucoup), je devrais accepter de me faire traiter de raciste et de néocolonnisateur par tous les noirs radicaux ?! Non là je ne peux pas accepter ton raisonnement en son entier... :|
Polack
 

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede luco » 21 Mai 2009, 13:21

Je crois qu'il ne faut pas escamoter une partie du problème : si les "genres" et si la "femme" est une construction sociale, avec ses codes, ses règles,... qui enferme les personnes de sexe féminin dans des rôles, l'inverse est tout aussi vrai. Les hommes sont eux aussi enfermés et assignés à des rôles depuis leur enfance. On peut toujours dire que la différence est que l'homme "profite" de ces rôles et qu'il est en position de domination (ce qui est exact en grande partie). Mais, et même si les civils en général et les femmes en particulier sont les premières victimes des guerres contemporaines, je ne crois pas qu'on puisse dire que l'obligation de virilisme, de faire la guerre par exemple, de se battre... soit d'un grand plaisir pour tous les hommes.
Bref, le sexisme est une réalité qui cause de la souffrance des "deux côtés" (et en cela les revendications homsexuelles ont des choses à apporter) et du coup ne pourra être dépassé, aboli que par la participation de tous, hommes et femmes...

Or, il se trouve que j'ai assisté à l'épisode des journées libertaires de 99, de manière un peu extérieure puisque j'étais simple "visiteur" et non impliqué dans leur organisation.

De mon point de vue, les féministes radicales présentes ont fait la quasi unanimité contre elles par les méthodes employées, les cibles choisies...

Une stratégie assez typique des "marges groupusculaires" : on s'en prend à celui qui est le plus proche en caricaturant les divergences, les travers possibles, au lieu d'essayer de les résoudre par le dialogue politique. (genre la LTF traitant de nervis fascistes les militants de LO à leurs fêtes). Des tempêtes dans des verres d'eau. Des polémiques en milieu confiné.

Et moi non plus, quoique je ne sois ni un saint, ni l'incarnation de l'homme nouveau débarassé de ses penchants sexistes, je n'accepte pas d'être considéré comme l'Oppresseur simplement parce qu'homme, ou raciste parce que blanc... Cette manière d'essentialiser "à rebours" les personnes n'est pas politique et contre-productive.
Avatar de l’utilisateur-trice
luco
 
Messages: 376
Enregistré le: 30 Déc 2008, 14:43

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede Vilaine bureaucrate » 22 Mai 2009, 01:49

Polack a écrit:Je sens que j'ai des lacunes et énormément à travailler de ce côté là en termes de réflexion.
N'étant pas du tout optimiste sur cette question, je dirais que "travailler sur cette question" n'est pas suffisant!!! Tout les hommes ayant un discours feministes, ne sont pas feministes. construire une reflexion n'est pas suffisant!!! Le comportement. Les faits.
Tout comme un intellectuel de l'anarchisme n'a pas grand interet, un intellectuel du féminisme ne sert pas a grand chose..
Les anarchistes sont révolutionnaires et les féministes aussi.

Pour le reste je me pense (malgré il est vrai un machisme de surface parfois cultivé pour me marrer à jouer au con) plutôt ouvert sur la question du féminisme, comme des normes sexuelles en général.

1/Ah! Ah! Ah! Quel est le rapport entre les femmes et les normes sexuelles. Il faudrait se liberer d'etre un objet de désir, et je cherche une expression pour définir ce qui consiste a etre pour une femme, dans la position exclusive d'objet de distraction sexuelles pour militants dans les luttes (cogestion sexuelle militante?). Ce n'est pas mon experience effective mais disons que c'est une impression.
2/Etre en désaccord avec les normes, c'est la moindre des choses.

Mon soucis avec ce combat c'est qu'il m'apparait parfois, à tort sûrement, comme n'étant pas l'essentiel. Je m'explique, pour moi le patriarcat et l'oppression des femmes par les hommes n'est qu'une conséquence d'un système d'aliénation plus vaste et asservissant les deux genres : le capitalisme.

Faux.

('tain je prends trop de pincettes je sens le sujet sensible ! :lol: )
Je ne trouve pas.

Évidemment le milieu libertaire n'est pas à l'abri de reproduire ce schéma, et pour cause !
"Il n'ets pas a l'abri": il reproduit.

Je veux croire à l'indifférenciation des sexes.
ça au moins c'est interessant...

J'évite une blague sur les blondes pour finir je suppose ? :mrgreen:
Blague privée qui j'espere n'a fait rire que toi.. ce ton comique, fait palir.
Modifié en dernier par Vilaine bureaucrate le 22 Mai 2009, 03:48, modifié 1 fois.
Vilaine bureaucrate
 
Messages: 811
Enregistré le: 24 Juin 2008, 14:45

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede Vilaine bureaucrate » 22 Mai 2009, 01:59

luco a écrit:Bref, le sexisme est une réalité qui cause de la souffrance des "deux côtés" ...
N'IMPORTE QUOI!

je n'accepte pas d'être considéré comme l'Oppresseur simplement parce qu'homme, ou raciste parce que blanc... Cette manière d'essentialiser "à rebours" les personnes n'est pas politique et contre-productive.
Et bien si, tu l'EST bien, pour preuve tu ne reconnais meme pas la DOMINATION MASCULINE, et tu relativises SALEMENT en disant.. tout le monde souffrent...

Et une pensée pour tout les actionnaires touchés par la crise!!!!!!!!!!!!!!!!

BREF. pour revenir au sujet et parce que j'en ai vraiment marre qu'on ressorte cette histoire de répartition des taches, et de cuisines, quels sont les dominations effectives des hommes?
Modifié en dernier par Anonymous le 22 Mai 2009, 09:56, modifié 1 fois.
Raison: Suppression d'une provo
Vilaine bureaucrate
 
Messages: 811
Enregistré le: 24 Juin 2008, 14:45

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede anonyme » 22 Mai 2009, 02:48

Je sais pas si la question est primordiale en fait, bien sur je suis plus que d'accord pour dire que ca se réduit pas seulement à un partage des taches le sexisme, c'est pas aller très loin que d'en rester là, car par exemple 2 gays ou 2 lesbiennes peuvent vivre ensemble, si y'en a un qui en fou moins que l'autre, c'est plus du sexisme, c'est seulement une question de partage des taches qui est on ne peut plus importante aussi pour un anarchiste, après ca se peut se cumuler avec du sexisme, ca devient encore plus grave. Mais en même temps ca se contredit de soi même ce que tu dis d'un coté ca ne suffit pas d'en rester là et de l'autre il faudrait faire toute une liste de ce qui va pas, déjà il va falloir beaucoup de temps mais à chaque fois ce sera une domination qui se recoupera avec une autre domination donc ca limitera la portée de celle-ci en tant que telle de seulement y voir du sexisme. Et de plus ca peut entrainer une négation de l'individu qui est selon moi dangereuse, les gens se ne sont pas des groupes à la base, y'a pas les femmes, les travailleurs, les gays etc...
Pour être clair si on cite par exemple la domination sexuelle elle ne se réduit pas que à la question homme-femme mais aussi à la domination sur un enfant, d'un homosexuel sur un autre, etc... La question religieuse c'est la même chose, la religion domine la femme mais elle veut aussi dominer les athées et j'en passe.
C'est pour ca qu'un type qui battrait sa femme, aller le voir et lui dire tu sais c'est une femme alors faut pas la taper, y'a rien de plus réducteur pour moi. Alors que lui dire que c'est un individu comme il l'est lui aussi c'est tout de même pas le même rapport. Et ca rejoint ce que tu disais sur le fait qu'il ne doit plus y avoir de différenciation des sexes, ca en revient à simplement reconnaitre que la femme est un individu comme un autre. Donc vaut peut être mieux partir sur la domination en générale que seulement un de ces aspects selon moi sans que cela fasse de celui qui donne cet argument un sexiste, parce qu'il serait du même coup à cause de ce qu'il dit un homophobe,un capitaliste etc...
(c'est pas pour cloturer tout débat bien sur ! je pense que ca peut peut être l'élargir)
anonyme
 
Messages: 79
Enregistré le: 12 Aoû 2008, 14:16

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede lou » 22 Mai 2009, 04:44

Bref, le sexisme est une réalité qui cause de la souffrance des "deux côtés" ...


Ca c'est un argument qu'utilise assez régulièrement les mouvement masculinistes; tu peux trouver des explications ici: http://www.antipatriarcat.org/antimascu/index.html

En ce qui concerne l'attitude "je peux pas comprendre, j'ai une paire de burnes" je m'étonne que la question ne se pose pas pour l'antifa. La plupart des anars se declarent anti racistes et anti fascistes, et s'estiment légitimes dans ce combat, mais étrangement lorsqu'on aborde l'antipatriarcat, là, il n'y a plus personne. Pas plus de remise en question sur le fait que les antifas anars sont essentiellement des blancs. Je ne crois pas que cet aveuglement soit le fait du hasard: dans le livre de Ilana Löwy, " L'emprise du genre", elle décrit très bien les similitudes entre le racisme et le patriarcat. Ce que je trouve grave, c'est qu'en tant que libertaire, nous en soyons toujours à ce niveau. L'oppression des hommes sur les femmes, ce n'est pas un mythe, il y a des centaines d'ouvrages là dessus alors pourquoi en sommes nous encore à nous demander si en tant qu'hommes blancs, nous sommes des oppresseurs? Structurellement, nous le sommes, ça ne fait aucun doute. La question est comment sortir de cette position et ça n'est surement pas en niant le problème et en considérant que le combat antipatriarcal est un combat d'arrière garde.

A ce titre je remercie Alayn de si bien illustrer mon propos. J'ignorai qu'il y avait encore des anars qui traitait les filles de gonzesses... Oui je sais je suis un grand idéaliste :arrow:
je serai post-féministe quand nous en serons au stade du post-patriarcat.
Avatar de l’utilisateur-trice
lou
 
Messages: 147
Enregistré le: 19 Mai 2009, 10:46

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede luco » 22 Mai 2009, 08:05

Et bien si, tu l'EST bien, pour preuve tu ne reconnais meme pas la DOMINATION MASCULINE, et tu relativises SALEMENT en disant.. tout le monde souffrent...

Et une pensée pour tout les actionnaires touchés par la crise!!!!!!!!!!!!!!!!


J'ai toujours trouvé amusantes, les "pensées" qui procèdent par analogie.

Désolé mais tu ne peux pas prétendre que le "sexe" est une construction, si cela ne marche que pour les filles.

Tu ne peux pas non plus admettre que les homosexuels hommes souffrent d'un certain nombre de "pressions" et oppressions (obligation de jouer un rôle, de paraître aussi "virils" que leurs camarades...) et ensuite nier que cela puisse aussi s'appliquer aux garçons "hétérosexuels" (homo, hétéro, deux constructions au passage).

Je crois surtout qu'il faudra faire le bilan un jour de la politique des "identités" (surtout celle qui est passée à la moulinette ras des pâquerettes par les milieux anars/squatts) :

Un large mouvement féministe, puis des scissions entre hommes et femmes, puis entre femmes hétéros et femmes lesbiennes, puis (aux USA par exemple) entre femmes "blanches" et femmes issues de minorités (noirs, chicanos...).

Désolé, mais moi je ne crois pas à cette manière de faire de la politique.

Mais tu me diras c'est normal, je suis un homme. Mais avec ce genre "d'entrée" conceptuelle, on n'est pas sorti de l'auberge.
Avatar de l’utilisateur-trice
luco
 
Messages: 376
Enregistré le: 30 Déc 2008, 14:43

Suivante

Retourner vers Féminisme et LGBTI

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 9 invités