Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede lou » 27 Mai 2009, 13:19

Alors que pour moi le féminisme c'est plutôt une réconciliation des sexes qu'une guerre intersexes.


Abel, je suis comme toi un grand optimiste, mais soyons sérieux. Crois tu réellement que quelqu'un dans un position de dominant va spontanément décider de renoncer à ses privilèges? Aucune chance. La dialectique, très bien quand on est dans une position d'égalité or nous ne le sommes pas. En tant qu'homme, blanc de surcroit, je jouis de privilèges qui me paraissent tellement naturels que si mes camarades féministes radicales ne me mettent pas le nez dedans je ne les perçois pas.
je serai post-féministe quand nous en serons au stade du post-patriarcat.
Avatar de l’utilisateur-trice
lou
 
Messages: 147
Enregistré le: 19 Mai 2009, 09:46

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede Berckman » 27 Mai 2009, 13:43

Perso je vois plutot le féminisme comme une dialectique entre hommes et femmes. On ne se libère pas de la même façon d'un oppresseur qu'il faut éliminer que d'un oppresseur qu'il faut réformer. Quand il faut changer les habitudes d'une population, on ne peut pas faire sans elle, c'est ce que je veux dire, sinon ça revient à lui imposer une volonté extérieure. Et dans ce cas même si cette volonté par d'un bon principe, on n'obtient rien en contraignant une population, on le sait ça.

Euh, là il y a un problème : rétablir l'égalité dans une situation égalitaire, même en usant la force, ce n'est pas dominer, et donc pas "contraindre" tout du moins pas dans le sens communément admis. C'est la situation de toute lutte réelle et de tout rapport de force qui lui est lié.
Parler de "contrainte" dans ce cas, c'est une manière libérale de voir le couple "liberté"/contrainte à mon avis.
Enfin, le fait de dire que toute lutte de libération doit être menée d'ABORD par les opprimé-e-s elles mêmes, ne signifie pas que la solidarité n'est pas possible ou nécessaire, bien au contraire. C'est une manière de dire que la solidarité ne doit pas signifier la reproduction du shéma dominant (contrôle des hommes sur la lutte, paternalisme), mais doit se faire dans un sens qui au contraire construit de l'égalité.

Le travail idéologique est important, mais il ne suffit pas.

Dire "c'est aux femmes seules de se libérer" entraine un pendant masculiniste qui pourrait être "c'est aux hommes seuls de choisir jusqu'où ils cèdent de leur pouvoir", si on accepte l'un on est obliger d'accepter l'autre comme mode de pensée et de fait on n'avance pas.

Non, puisque le fait de "céder de son pouvoir" n'est pas un choix mais est le produit de la lutte. C'est justement à mon avis la conception inverse qui induit ce que tu soulève (parce qu'elle compte sur la seule "bonne volonté" masculine).
Berckman
 

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede joe dalton » 27 Mai 2009, 17:47

Dirigiste, oui, tu définis une stratégie et contre quoi il faudrait lutter prioritairement..On peut penser que ça ne te regarde pas..

Oui, ce n’est pas faut, mais je me suis mal exprimer en parlant de priorité ! d’autant plus que je pense vraiment que un hommes ne pas comprendre parfaitement l’aliénation féminine, il touche tres vite ses propres limites, et a un moment il y a une limite au indignation par procuration, et seules les femmes elles meme ont les clefs !
D’ailleurs je pense pas que le statut de marchandise soit leurs pire problemes, c’est surtout le pire probleme des hommes qui ne veulent pas etre enfermer dans le role degradant du consomateur ! il y a effectivement tout un tas d’oppression tres subtiles qui gravitent autour des femmes, dont je ne peut pas appréhender le quart !
Ensuite, a repondre a peine tes messages poster, j’en suis venue a me caricaturer et a tomber dans de la rethorique sur bien des points ! parce que ta manière d’hurler au scandales avec dorhinell, m’avait un peu enervé !
Cela dit, ce qui m’énerve dans bien des combats (et c’est pourquoi je parlais maladroitement de priorité), c’est de voir ensevelir la question social derrière une lutte soit disant anti-essentialiste, qui ne quitte jamais ce seule terrain ! Et qui fait si facilement fi du système, et de ses différends mécanismes de dressage social ! C’est valable dans une partie des luttes gay, et antiraciste !
Et j’ai l’impression qu’il faudrait a tout prix culpabiliser le blanc d’être blanc, l’hétéro d’etre hétéro, est le masculin d’être homme ! hors la culpabilisation c’est facile, mais c’est une impasse, et c’est finalement une arme que je préfère laisser au système (qui d’ailleurs construit très bien un archétype de la femme victime auxquelles la construction d’un homme coupable idéal répond parfaitement), et cette culpabilisation rampante, cela me concernent !
Et dire comme cela aussi, que les hommes ne sont pas concerner par le sens que prendront les luttes antiféministes, c’est faux ! Si tu veux dire que les hommes n’ont en aucun cas a en être les acteurs, je suis d’accord ! Mais le sexisme dégrade le rapport lui-même et tout le monde peut en pâtir (comme le capitalisme dégrade la vie en général) ! Âpres que les deux rôles social ne soit en aucun cas comparable niveaux aliénation, c’est clair ! Mais le rôle social de l’homme peut aussi être étouffant !
Mais l’homme comme la femme ne sont pas des abstractions, mais des individus tous différend ! la femme serait selon toi un individu, et l’homme qu’une masse d’exploiteur ?
Il faut distinguer le sexe (biologique) et le genre (rôle et position sociale). C'est à ma connaissance ce que font tous les féministes qui ne sont pas essentialistes.
En ce sens quand il est question des femmes, il s'agit d'une situation sociale et non d'une identité biologique.
La déconstruction du genre, c'est la fin du binarisme avec l'idée que le sexe biologique ne devrait plus être un critère déterminant de différenciation sociale des individu-e-s, pas plus que la couleur des yeux.
En ce sens, l'abolition des genres (c'est à dire des rôle sociaux différenciés attribués en fonction du sexe biologique, ce n'est pas l'uniformité, bien au contraire, mais la possibilité pour les individus d'adopter des rôles et comportement multiples, différenciés, sans qu'on les rapelles à la norme masculine/féminine. Donc une société "sans mec", sans "femmes", mais avec des êtres humains males et femelles, égaux socialement (sans rôle imposés en fonction de leur sexe).

a font pour la deconstruction du role social engendré par les roles, de tout les roles sociales imposé d'office ! mais je n'ai pas l'impression que ceux qui me parle de deconstruction du genre, me parle du contour de ce qu'il y a deconstruire, ni meme une unité de vision de ce qui serait un role social !
en bref c'est dis comme si ça allait de soi, alors que ça reste assez vague encore comme concept !
joe dalton
 

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede Vilaine bureaucrate » 28 Mai 2009, 01:56

anonyme a écrit:je comprends ce qui est naturel.
Tu reprends plusieurs fois cette expression, ce qui est naturel ect.. en quoi c'est naturel?

Joe, je ne crois pas faire de la victimisation, ni du pleurnichage, ni moi, ni ce que je dis en général.. c'ets pas ce qu'on me reproche habituellement ici.

Et dire comme cela aussi, que les hommes ne sont pas concerner par le sens que prendront les luttes antiféministes, c’est faux ! Si tu veux dire que les hommes n’ont en aucun cas a en être les acteurs, je suis d’accord ! Mais le sexisme dégrade le rapport lui-même et tout le monde peut en pâtir (comme le capitalisme dégrade la vie en général) ! Âpres que les deux rôles social ne soit en aucun cas comparable niveaux aliénation, c’est clair ! Mais le rôle social de l’homme peut aussi être étouffant !

A vrai dire, je crois qu'il faut du mixte et du non mixte, et surtout une reflexion individuelle, de ce que tu veux, comment, de ce que tu aimes .. ect..
ce qui ne va pas de soi quand tu es élevé a servir des interet d'hommes, dans une société d'hommes..
Le non mixité ça permet une solidarité qui fonctionne lors d'un probleme sexiste.. et une confrontation réelle qui apporte des changements.. je crois... c'est util dans un camp (comme il y a eu a Stasbourg), dans un squatt.. par exemple... car la solidarité masculine (dominante) fonctionne et cela bien logiquement bien comparé aux femmes...

Si, les hommes ne sont pas concernés puisque le but est de construire une individualité absolument pas complémentaire de celle de l'homme..

Et si je suis séparatiste (ce que je ne suis pas) je ne vois pas ou serait le probleme plus que ça.. je choisis avec qui je vis..la société ect... libre association ou pas...
Le probleme que tu souleves, c'est que l'homme perds pied et controle.. alors que ce que tu décris, c'est de l'entrisme dans la lutte :lol: :haha: ..

Sur la critique du systeme général, je suis d'accord et je suis aussi d'accord aussi sur la fin du paragraphe que j'ai cité.

Mais l’homme comme la femme ne sont pas des abstractions, mais des individus tous différend ! la femme serait selon toi un individu, et l’homme qu’une masse d’exploiteur ?
Non on est tous des individus.. sur lesquels pesent des contraintes.; et des oppressions... ect.. cependant je reconnais: le patriarcat ..

Oui c'est vague.. encore heureux.. on va pas creer un homme nouveau. ^^ je ne sais pas..
Vilaine bureaucrate
 
Messages: 811
Enregistré le: 24 Juin 2008, 13:45

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede anonyme » 28 Mai 2009, 14:21

"Tu reprends plusieurs fois cette expression, ce qui est naturel ect.. en quoi c'est naturel?"

Naitre blanc, noir, femme, homme pour mettre des mots dessus, c'est naturel c'est tout je vois pas ce que tu comprends pas en fait, naturel veut juste dire qui vient de la nature, et c'est pour justement pas faire des différences (ou du moins tenter de les réduire) entre les gens qui naissent comme ils sont vu que ca sert à rien et que ca crait des normes sociales, du racisme, du sexisme etc de le faire... Tu penses qu'on peut pas employer le mot naturel?


"Le non mixité ça permet une solidarité qui fonctionne lors d'un probleme sexiste.. "

Si tu as des exemples en fait. J'ai cherché un peu, et j'ai trouve ce genre d'actions par exemple d'un groupe anarchiste féministe bolivien :


L’étape suivante fut d’initier une grève de la faim pour demander la démission de Sanchez de Lozada et pour mettre sur pied une assemblée constituante. “Nous pensions que cette manière de protester allait obliger une réflexion autour du type de violence vécue, explique Ojada, nous sentions qu’il était nécessaire de proposer une autre méthode de lutte pour que le peuple puisse résister.”
Maria, lesbienne, et Luz, prostituée, sont entrées dans les bureaux du Défenseur des Droits Humains afin de commencer la grève de la faim. “C’est un lieu où on suppose qu’on respecte les droits humains mais ils nous ont mis dehors à coups de pied, ils nous ont réprimé et ils ont arrêté deux compagnes”, se rappelle Ojeda, encore indignée. Et ce ne fut pas mieux lorsqu’elles eurent recours à l’Assemblée pour les Droits Humains : “Son président nous a dit que en tant que femmes nous devrions être en train de collecter de la nourriture et des vivres pour les mineurs.”

Un jour, l’organisation présenta à la télévision des scènes où une main de femme peinturait, en plein jour, les pénis d’un groupe d’hommes complètement nus face à l’obélisque de La Paz. Au cours du tournage, la police arrêta la directrice du programme, un technicien et une des protagonistes en les accusant d’actes obscènes et d’immoralité. “Si ça avait été un homme qui peinturait des corps de femmes, ils auraient dit qu’il faisait de l’art corporel. Cela révèle la double morale qui existe.”

Durant la rébellion de septembre, lorsque les mineurs ont commencé à descendre de l’Alto et que les morts se multipliaient, les militantes de Mujeres Creando ont peinturé le devant de la maison du gouvernement avec du colorant rouge, pour montrer leur dégoût face à l’assassinat d’une petite fille par un policier lors de la répression d’une protestation dans la communauté de Warisata.


Personellement je trouve que dans les trois cas j'aurais subit les mêmes choses avec quelques différences bien sur, la grève de la faim en plein bureaux etc... Même si tu es un homme et que tu vas occuper n'importe quel lieu administratif tu te fais virer comme un malpropre aussi, pareil si tu tag une facade, j'aurais beau dire oui mais c'est de l'art je finis au poste vite fait bien fait. Encore pour ces cas ca peut se discuter c'est vrai mais le cas de l'assassinat de la fille je sais pas , car en soi je suis bien d'accord que de faire ce qu'elles ont fait c'est chouette, mais c'est la même chose si c'est un petit garcon pour moi, et je préfère franchement la réaction de tout le monde comme en Grèce (bon c'était un garcon ...) que une action qui a une connotation féministe alors que cela touche tout le monde. Chacun ressent du dégout pour cet acte, y'a pas vraiment besoin d'être une femme, ca empèche pas les autres de faire des trucs aussi c'est sur. Après bon je sais pas c'est pas mal à débattre, tant que ca empèche pas de faire aussi des choses pour un garcon assassiné et c'est là un des pièges selon moi... Pis je sais pas si à chaque fois c'est des problèmes sexistes en fait, je dirais à chaque fois qu'il y a une part de sexisme à combattre en même temps, bien que l'assassinat je sais pas dans quelles conditions c'était fait, si il a tiré dans le tas ou si c'était ciblé.
anonyme
 
Messages: 79
Enregistré le: 12 Aoû 2008, 13:16

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede lou » 28 Mai 2009, 16:31

En travaillant à introduire des notions d’études-femmes dans le reste du programme, j’ai souvent remarqué le refus des hommes de reconnaître qu’ils étaient sur-privilégiés même s’ils pouvaient reconnaître que les femmes étaient désavantagées. Il leur arrive de dire qu’ils veulent contribuer aux statuts des femmes dans la société, l’université ou les programmes, mais ils n’arrivent pas ou ne veulent pas soutenir l’idée de diminuer le statut des hommes. Un refus qui revient à un tabou entoure le sujet des avantages que les hommes gagnent par les désavantages des femmes. Ce refus protège les privilèges masculins d’être pleinement reconnus, diminués ou supprimés. En pensant à la non-reconnaissance du privilège masculin comme phénomène,j’ai réalisé, puisque les hiérarchies dans notre société sont étroitement liées, qu’il y avait très probablement un phénomène de privilège blanc qui était nié et protégé pareillement. Comme personne blanche, j’ai réalisé qu’on m’avait enseigné que le racisme était quelque chose qui désavantageait d’autres, mais on m’avait appris à ne pas voir un de ses aspects corollaires, le privilège blanc, qui me procure un avantage. Je crois qu’on enseigne avec soin aux Blancs à ne pas reconnaître le privilège blanc, tout comme on enseigne aux hommes à ne pas reconnaître le privilège masculin. Ainsi, j’ai commencé de manière spontanée à demander ce que c’est que d’avoir un privilège blanc. J’en suis venue à voir le privilège blanc comme un emballage invisible de biens non mérités sur lesquels je peux compter en en profitant chaque jour, mais au sujet desquels j’étais « supposée » rester inconsciente. Le privilège blanc est comme un havresac invisible et sans poids de fournitures spéciales, de cartes, de passeports, de carnets d’adresses, de visas, d’habits, d’outils et de chèques en blanc. »

« On m’a appris à voir le racisme uniquement dans des actes individuels méchants, et pas dans des systèmes conférant une prédominance sur un groupe. »

« Décrire le privilège blanc rend quelqu’un à nouveau responsable. Si nous, dans le travail des études-femmes travaillons à révéler le privilège masculin, et demandons aux hommes de renoncer à certains de leurs pouvoirs, ainsi quelqu’un qui écrit sur le fait d’avoir des privilèges blancs doit demander, “l’ayant décrit, que dois-je faire pour le diminuer ou y mettre fin ?”Après, j’ai réalisé combien les hommes fonctionnaient à partir d’une base de privilège non-reconnu, et j’ai compris qu’en grande partie l’oppression qu’ils exercent était inconsciente. Ensuite, je me suis souvenue des reproches fréquents de femmes de couleur disant que les femmes blanches qu’elles rencontrent sont oppressives. J’ai commencé à comprendre pourquoi nous sommes absolument considérées comme oppressives même quand nous ne nous voyons pas nous-mêmes ainsi. Je me suis mise à compter les circonstances dans lesquelles je jouis du privilège de la peau sans l’avoir mérité et au sujet desquelles j’ai été conditionnée à être inconsciente de son existence. Mon éducation ne m’a pas donné une formation pour me voir moi-même comme une oppresseure, comme une personne injustement avantagée, ou comme une participante à une culture nuisible. On m’a enseigné à me voir comme une individue dont l’état moral dépendait de sa volonté morale individuelle. Ma formation a suivi le modèle souligné par Elizabeth Minnich : on enseigne aux Blancs à penser leur vie comme moralement neutre, normative et moyenne et aussi idéale, de sorte que lorsque nous travaillons au bénéfice d’autres, c’est considéré comme un travail qui “leur” permettra d’être plus comme “nous”. »

Les effets quotidiens du privilège blanc

« J’ai décidé d’essayer de travailler sur moi-même, au moins en identifiant certains des effets quotidiens du privilège blanc dans ma vie. J’ai choisi les circonstances que je crois, dans mon cas, se rattacher un peu plus au privilège de la couleur de peau plutôt qu’à la classe, la religion, le statut ethnique ou le lieu géographique bien que tous ces autres facteurs sont bien sûrs étroitement interconnectés. Pour autant que je le sache, mes collègues, amis et connaissances afro-américaines avec lesquels j’ai des contacts quotidiens ou fréquents en ce moment, ce lieu et ce temps de travail particuliers ne peuvent pas compter sur la plupart de ces circonstances.
1. Je peux, si je le désire, m’arranger pour être en compagnie de gens de ma race la plupart du temps.
2. Je peux éviter de passer du temps avec des gens dont on m’a habitué à me méfier et qui ont appris à se méfier des gens de ma sorte ou de moi.
3. Si je dois déménager, je peux être pratiquement sûre de louer ou d’acheter un logement dans un quartier que je peux me permettre et où j’ai envie de vivre.
4. Je peux être à peu près certaine que mes voisins dans ce lieu seront soit neutres soit aimables avec moi.
5. Je peux aller faire mes courses seule, la plupart du temps, en étant assez sûre de ne pas être suivie ou harcelée.
6. Je peux allumer la TV ou regarder la première page du journal et voir les gens de ma race largement représentés.
7. Quand on me parle de notre héritage national ou de "civilisation", on me montre que ce sont les gens de ma couleur qui en ont fait ce qu’il est.
8. Je peux être sûre que mes enfants recevront des éléments scolaires qui témoigneront de l’existence de leur race.
9. Si je le veux, je suis presque sûre de trouver un éditeur pour cet article sur le privilège blanc.
10. Je peux être pratiquement sûre qu’on entendra ma voix dans un groupe où je suis la seule membre de ma race. - 11. Je peux avoir la désinvolture d’écouter ou non la voix d’une autre personne dans un groupe où elle/il est le seul membre de sa race.
12. Je peux aller dans un magasin de musique en comptant y trouver représentée la musique de ma race, dans un supermarché et y trouver les aliments de base qui correspondent à mes traditions culturelles, chez un coiffeur et trouver quelqu’un pour me couper les cheveux.
13. Que j’utilise des chèques, des cartes de crédit ou du cash, je peux compter sur ma couleur de peau pour ne pas mettre en question l’apparence de ma fiabilité financière.
14. Je peux m’arranger la plupart du temps pour protéger mes enfants de gens qui pourraient ne pas les aimer.
15. Je n’ai pas à éduquer mes enfants d’être conscients du racisme systémique pour leur protection physique quotidienne.
16. Je peux être pratiquement sûre que les professeurs et les employeurs de mes enfants les tolèreront s’ils répondent aux normes de l’école ou du lieu de travail.
17. Je peux parler la bouche pleine sans que des gens ne l’attribuent à ma couleur.
18. Je peux jurer, ou porter des vêtements de seconde main, ou ne pas répondre à des lettres, sans que les gens n’attribuent ces choix à une mauvaise moralité, la pauvreté ou l’analphabétisme de ma race.
19. Je peux parler en public devant un groupe d’hommes puissants sans mettre ma race en question.
20. Je peux me débrouiller dans une situation difficile sans qu’on l’attribue à ma race.
21. On ne me demande jamais de parler au nom de tous ceux de mon groupe racial.
22. Je peux continuer à ignorer la langue et les coutumes des personnes de couleur qui constituent la majorité du monde sans ressentir dans ma culture la moindre conséquence pour une telle ignorance.
23. Je peux critiquer notre gouvernement et dire combien je crains sa politique et son comportement sans être considérée comme une outsider culturelle.
24. Je peux être à peu près certaine que si je demande à parler à « la personne responsable », je rencontrerai quelqu’un de ma race.
25. Si un flic de la circulation m’ordonne de me ranger ou que l’inspection des impôts examine ma déclaration, je suis sûre que je n’ai pas été sélectionnée à cause de ma race.
26. Je peux acheter sans difficulté des posters, des cartes postales, des livres d’images, des cartes de vœux, des poupées, des jouets et des magazines pour enfants représentant des gens de ma race.
27. Je peux rentrer de la plupart des rencontres d’organisations auxquelles j’appartiens en me sentant en concordance, plutôt qu’isolée, pas à ma place, surpassée en nombre, pas écoutée, tenue à distance ou crainte.
28. Je peux être à peu près certaine qu’une dispute avec un/e collègue de couleur risque davantage de compromettre ses chances de promotion que les miennes.
29. Je peux être à peu près certaine que si j’argumente en faveur de la promotion d’une personne d’une autre race, ou en faveur d’un programme centré sur la race, il y a peu de chance que cela pèse fort sur ma situation actuelle, même si mes collègues ne sont pas d’accord avec moi.
30. Quand je déclare qu’il y a une question raciale en jeu, ou quand je déclare qu’il n’y en a pas, ma race m’accordera plus de crédibilité pour l’une ou l’autre position qu’à une personne de couleur.
31. Je peux choisir d’ignorer les évolutions dans les écrits de minorités et les programmes de militants minoritaires, ou les déprécier, ou apprendre d’eux, mais dans tous les cas, je peux trouver le moyen d’être plus ou moins protégée de conséquences négatives de n’importe lequel de ces choix.
32. Ma culture ne me donne pas de grandes craintes concernant l’ignorance des perspectives et des pouvoirs de peuples de race différente.
33. On ne m’a pas rendue pleinement consciente que ma silhouette, ma position ou mon odeur corporelle sont vus comme le reflet de ma race.
34. Je peux m’inquiéter du racisme sans que ce soit considéré comme un intérêt propre ou une recherche de soi.
35. Je peux accepter un emploi chez un employeur à action positive sans que mes collègues dans le travail me suspectent de l’avoir obtenu à cause de ma race.
36. Si cela va mal un jour, une semaine, un an, je n’ai pas besoin de me demander si chaque épisode négatif ou chaque situation a des sous-entendus racistes.
37. Je suis à peu près certaine de trouver des gens qui consentent à parler avec moi et à me conseiller pour mes prochaines étapes professionnelles.
38. Je peux songer à des tas de choix sociaux, politiques, imaginatifs ou professionnels sans me demander si une personne de ma race serait acceptée ou autorisée à faire ce que j’ai envie de faire.
39. Je peux venir en retard à une rencontre sans que ce retard ne soit attribué à ma race.
40. Je peux choisir des lieux publics sans craindre que des gens de ma race ne puissent pas entrer ou soient maltraités dans les lieux que j’ai choisis.
41. Je peux être sûre que si j’ai besoin d’assistance légale ou médicale, ma race ne jouera pas contre moi.
42. Je peux arranger mes activités de manière à ne jamais subir des sentiments de rejet dus à ma race.
43. Si j’ai peu de crédit comme dirigeante, je peux être sûre que ma race n’est pas le problème.
44. Je peux trouver facilement des cours universitaires et des institutions qui n’offrent d’attention qu’aux gens de ma race.
45. Je peux espérer trouver dans tous les arts un langage figuratif et un langage imaginaire qui témoignent des expériences de ma race.
46. Je peux choisir de quoi couvrir une imperfection ou des pansements « couleur » chair » qui correspondent plus ou moins à ma couleur de peau.
47. Je peux voyager seule ou avec mon époux sans m’attendre à des ennuis ou une hostilité de ceux qui traitent avec nous.
48. Je n’ai pas de difficulté à trouver un voisinage où les gens approuvent notre ménage.
49. Mes enfants reçoivent des textes et des cours qui soutiennent implicitement notre forme d’unité familiale et ne les dirigent pas contre mon choix de partenariat domestique.
50. Je me sentirai la bienvenue et « normale » dans les pratiques habituelles de la vie publique, institutionnelles et sociales. Insaisissable et fugitif. »

« J’oubliais sans cesse chacune des prises de conscience de cette liste jusqu’à ce que je les mette sur papier. Pour moi, le privilège blanc s’est transformé en un sujet insaisissable et fugitif. La pression pour l’éviter est grande, car en le confrontant, je dois abandonner le mythe de la méritocratie. Si ces choses sont vrais, ce n’est pas un pays si libre, la vie n’est pas ce qu’on en fait ; beaucoup de portes s’ouvrent pour certaines personnes pour des qualités qui ne sont pas les leurs.

En déballant cet havresac invisible de privilège blanc, j’ai fait la liste de circonstances de vie quotidienne que je considérais comme allant de soi. Je ne pensais pas non plus qu’un quelconque de ces avantages pouvait être mauvais pour le détenteur. A présent, je crois que nous avons besoin d’une taxonomie de privilège beaucoup plus finement différenciée, car certaines de ces variétés sont seulement ce que tout le monde aimerait pour chacun dans une société juste et d’autres autorisent à être ignorants, inconscients, arrogants et destructifs. Je vois une constante qui traverse la matrice du privilège blanc, une constante de suppositions qui m’ont été transmise comme personne blanche. Il y avait une partie principale de secteur réservé culturel ; c’était mon propre virage, et j’étais parmi ceux qui pouvaient contrôler le secteur réservé. Ma couleur de peau était un atout pour toute démarche qu’on m’avait appris à vouloir faire. Je pouvais me voir comme appartenant à des courants majeurs et faisant fonctionner un système social en ma faveur. Je pouvais librement décrier, craindre, négliger ou être inconsciente pour tout ce qui était en dehors des formes de la culture dominante. Appartenant à la culture principale, je pouvais aussi la critiquer assez librement. Dans la proportion où mon groupe racial était construit confiant, confortable et inconscient, d’autres groupes étaient apparemment construits sans confiance, sans confort et aliénés. La « blanchitude » m’a protégée de beaucoup de sortes d’hostilités, de détresses et de violences, qu’on m’a subtilement formée à infliger en retour aux gens de couleur. Pour cette raison, le mot « privilège » me semble à présent trompeur. Nous songeons habituellement qu’un privilège est un état de faveur, ou mérité ou conféré par naissance ou par chance. Cependant, certaines des circonstances que j’ai décrites ici agissent systématiquement en sur-renforçant certains groupes. Un tel privilège confère simplement une prédominance à cause de la race ou du sexe d’une personne. »


Peggy Mc Intosh
je serai post-féministe quand nous en serons au stade du post-patriarcat.
Avatar de l’utilisateur-trice
lou
 
Messages: 147
Enregistré le: 19 Mai 2009, 09:46

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede Vilaine bureaucrate » 31 Mai 2009, 01:18

Naitre blanc, noir, femme, homme pour mettre des mots dessus, c'est naturel c'est tout je vois pas ce que tu comprends pas en fait, naturel veut juste dire qui vient de la nature, et c'est pour justement pas faire des différences (ou du moins tenter de les réduire) entre les gens qui naissent comme ils sont vu que ca sert à rien et que ca crait des normes sociales, du racisme, du sexisme etc de le faire... Tu penses qu'on peut pas employer le mot naturel?

ça ne me parraissait pas logique, disons que ce n'est pas parce que qqchose est naturel qu'il ets de toute façon acceptable. :confus: Je sais pas si je suis claire.

Personellement je trouve que dans les trois cas j'aurais subit les mêmes choses avec quelques différences bien sur, la grève de la faim en plein bureaux etc... Même si tu es un homme et que tu vas occuper n'importe quel lieu administratif tu te fais virer comme un malpropre aussi, pareil si tu tag une facade, j'aurais beau dire oui mais c'est de l'art je finis au poste vite fait bien fait. Encore pour ces cas ca peut se discuter c'est vrai mais le cas de l'assassinat de la fille je sais pas , car en soi je suis bien d'accord que de faire ce qu'elles ont fait c'est chouette, mais c'est la même chose si c'est un petit garcon pour moi, et je préfère franchement la réaction de tout le monde comme en Grèce (bon c'était un garcon ...) que une action qui a une connotation féministe alors que cela touche tout le monde. Chacun ressent du dégout pour cet acte, y'a pas vraiment besoin d'être une femme, ca empèche pas les autres de faire des trucs aussi c'est sur. Après bon je sais pas c'est pas mal à débattre, tant que ca empèche pas de faire aussi des choses pour un garcon assassiné et c'est là un des pièges selon moi... Pis je sais pas si à chaque fois c'est des problèmes sexistes en fait, je dirais à chaque fois qu'il y a une part de sexisme à combattre en même temps, bien que l'assassinat je sais pas dans quelles conditions c'était fait, si il a tiré dans le tas ou si c'était ciblé.


que une action qui a une connotation féministe alors que cela touche tout le monde. Je divise l'anarchie via le feminisme.. ^^

Après bon je sais pas c'est pas mal à débattre, tant que ca empèche pas de faire aussi des choses pour un garcon assassiné et c'est là un des pièges selon moi Oui sauf que dans la situation actuelle, je dirais que la norme est justement l'inverse.

Oui mais tu n'aurais peut etre pas cette logique d'affrontement spécifique, et de faire ce qu'elles auraient fait, si tu reflechis bien a tout ce qui est décrit dans ce texte..

Pis je sais pas si à chaque fois c'est des problèmes sexistes en fait, je dirais à chaque fois qu'il y a une part de sexisme à combattre en même temps
Je suis d'accord..
Vilaine bureaucrate
 
Messages: 811
Enregistré le: 24 Juin 2008, 13:45

Re: Féministe Radicale; de la Théorie à la Pratique

Messagede Deretemay » 01 Juin 2009, 23:06

Bravo, mes braves. Morituri essum Romanae


Avancez. Vous pourrez bientôt tuer.
Deretemay
 
Messages: 4
Enregistré le: 02 Mar 2009, 21:21

Précédente

Retourner vers Féminisme et LGBTI

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun-e utilisateur-trice enregistré-e et 10 invités