Féminisme, Le symptôme OrelSan
Posté: 07 Avr 2009, 13:25
Intéressant, pris du blog AL 93 : http://libertaires93.over-blog.com/
texte d'une des deux :
Le symptôme OrelSan
La polémique relative à deux chansons du rappeur OrelSan, et à l’initiative d’un certain nombre d’organisations ou d’associations féministes (entre autres Pluri-Elles, SOS Sexisme, Elu/es Contre les Violences faites aux Femmes, Les Chiennes de garde et La Marche Mondiale des Femmes), est tout à fait légitime. Elle vise, outre à vouloir interdire la présence du rappeur au Printemps de Bourges, surtout à publiciser ce qui reste trop souvent cantonné à une approche sociétale faible en enjeux politiques : la violence, symbolique et physique, perpétrée envers les femmes.
Pour rappel, en France et en moyenne, une femme meurt tous les trois jours à la suite de violences conjugales [étude nationale sur les décès au sein du couple sur les neuf premiers mois de 2006 - Source police-gendarmerie]. Pour l'année 2004, les violences conjugales se chiffrent à plus de 39.000 faits constatés par les services de police et de gendarmerie : 162 femmes et 25 hommes tué-e-s par leur compagnon ou compagne, et 12 % des viols commis sur les femmes majeurs sont le fait de leur compagnon. Enfin, d’après une étude de l’Observatoire de la parité entre les hommes et les femmes, le coût des violences conjugales en France se chiffrerait, pour l'année 2004, à 1 milliard d'euros (coût santé, police-justice, logement-prestations sociales, etc.)
Certes OrelSan n’est pas le seul chanteur à exprimer des propos intolérablement sexistes, et il ne s’agit pas de stigmatiser tous les chanteurs (de rap ou d’autre chose). Mais l’occasion nous est ici donnée pour exposer, au cœur d’un débat public et sur des questions féministes, la singularité d’une point de vue politique soutenu par l’analyse sociologique. A ce premier problème s’en ajoute un second : la manière dont un discours consensuel, toujours réitéré par les médias, s’empare de cette question pour continuellement seriner que la violence sexiste s’exerce davantage dans un certain type de milieu social, à savoir ici les quartiers populaires.
D'une part, il est évident que ce rappeur, malgré la manière dont il a voulu se défausser du contenu de la première chanson incriminée et intitulée Sale pute en affirmant qu'il incarnait un sexiste de fiction inventé pour le critiquer, paraît devoir ignorer toute forme stylistique de distanciation qui rendrait justement compte de l'écart entre le personnage interprété et son interprète. Ensuite, la deuxième chanson intitulée J’aime pas la Saint-Valentin, fonctionnant de la même façon que la précédente, confirme le malaise. Cet aspect "je persiste et je signe" ne permet plus d'avoir aucun doute sur l'individu.
D'autre part, le cynisme mercantile de ce rappeur, fils d'une institutrice et d'un directeur de collège en Normandie qui n'a donc jamais vécu dans les quartiers de la relégation sociale, s'origine dans une représentation figée de la jeunesse des quartiers populaires considérée massivement comme sexiste, et à laquelle il s'adresse comme s'il avait affaire à un segment de marché facile à cibler. Sans compter sur une volonté probable de polémique renversée, selon des mécanismes de marketing élémentaires, en scandale, et donc en publicité gratuite.
Enfin, et c'est le plus important, parmi toutes les organisations et associations féministes citées précédemment, figure également Ni Putes Ni Soumises, ce satellite du PS qui représente pour le sexisme ce que SOS Racisme vaut pour le racisme, à savoir l’instrumentalisation consensuelle et médiatique de questions spécifiques pour les envisager dans une perspective dépolitisée et déconnectée de toute critique des formes sociales de domination. Cette association, anciennement dirigée par la sarkozyste Fadela Amara, profite de la situation pour montrer à tout le monde qu’elle ne vivote pas seulement sous perfusion grâce aux subventions généreuses offertes par des institutions publiques (Conseil régional d’Île-de-France, Mairie de Paris, etc.) comme par des entreprises privées (FNAC, L’Oréal, Vinci, Philip Morris, Philippe Starck, etc.) qui la maintiennent encore à flot alors que son implantation dans les quartiers populaires est davantage fantasmée que réelle.
La polémique « OrelSan », surtout quand des groupes d’intérêt tels Ni Putes Ni Soumises s’en mêlent, est de notre point de vue l’expression symptomatique d’un certain type consensuel de discours féministe dramatiquement incapable d'articuler anti-sexisme et antiracisme, sacrifiant le second terme pour privilégier le premier. Ce discours certes ne domine pas la totalité du féminisme français. Mais ses lieux communs, incessamment répétés et médiatiquement relayés, et qui affirment que la frange la plus sexiste de la population française vit dans les quartiers populaires, sont tout simplement faux sur le plan sociologique. Comme le montre l'enquête ENVEFF coordonnée en 1999 par Maryse Jaspard. Comme l'ont répété les sociologues Eric Macé et Nacira Guénif-Souilamas dans leur livre Les Féministes et le garçon arabe. Et comme le rappellent encore récemment les sociologues Christine Delphy et Sylvie Tissot dans un point de vue argumenté situé dans le numéro de Politis (semaine du 26 mars 2009, n°1045).
Pour le coup, il y a tout lieu de critiquer et déconstruire le discours visant à stigmatiser les habitant-e-s (notamment les garçons d'ascendance migratoire et coloniale) des quartiers populaires, forcément sexistes puisque pauvres et acculturé-e-s. Alors que l'on sait que le sexisme, comme forme structurelle de domination spécifique et irréductible aux autres formes de domination que sont le capitalisme et le racisme, traverse sans exclusive ni hiérarchie toutes les classes sociales.
Le sexisme (réel) des pauvres ne devrait plus être cet écran idéologique visant, par l'insistance politiquement intéressée à ne parler que de lui, à refouler le sexisme (réel) des plus riches. Qu’il s’agisse du rappeur OrelSan ou du député UMP de la Moselle Jean-Marie Demange, qui s’est récemment suicidé après le meurtre de sa compagne, et pour qui une minute de silence fut donnée à l'Assemblée nationale ! C'est un élément politique important que l’on se doit de faire entendre pour être crédible auprès de toutes les personnes victimes de la domination, qu’elle relève du domaine de l’exploitation capitaliste, du patriarcat, comme du racisme.
Franz Biberkopf
texte d'une des deux :
"SALE PUTE"
Intro : Attends bouges pas j'ai un mail d'Orel j'te rappelle
Ce soir j'suis rentré du taff plus tôt que d'habitude
Je suis passé chez toi pour te faire une surprise
Quand j'suis arrivé t'étais dans ton hall avec l'autre type qui est en cours avec toi
Et je vous ai vu...
Je vous ai vu vous jeter sur l'autre il passait les mains sous ton pull pendant que tu l'embrassais
Putain j'avais envie de vous tuer j'étais choqué j' croyais que tu étais différente des autres pétasses
J'te déteste j'te hais
J'déteste les petites putes genre Paris Hilton les meufs qui sucent des queues de la taille de celle de ''Lexington''
T'es juste bonne à te faire péter le rectum même si tu disais des trucs intelligents t'aurais l'air conne
J'te déteste j'veux que tu crèves lentement
J'veux que tu tombes enceinte et que tu perdes l'enfant
Les histoires d'amour ça commence bien ça fini mal
Avant je t'aimais maintenant j'rêve de voir imprimer de mes empreintes digitales
Tu es juste une putain d'avaleuse de sabre une sale catin
Un sale tapin tout ces mots doux c'était que du baratin
On s'tenaient par la main on s'enlassaient on s' embrassaient
On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée
On verra comment tu suces quand j'te déboiterais la mâchoire
T'es juste une truie tu mérites ta place à l'abattoir
T'es juste un démon déguisé en femme j'veux te voir briser en larme
J'veux te voir rendre l'âme j'veux te voir retourner brûler dans les flammes
Refrain x2
Poupée je t'aimais mais tu m'as trompé
Tu m'as trompé tu l'as pompé tu es juste une sale pute
Une sale pute une sale pute une sale pute une sale pute
J'déteste les sales traînées comme Marjolaine
Les petites chiennes les chichiteuses les filles à problèmes
J'rêve de la pénétrer pour lui déchirer l'abdomen
Je t'emmènerai à l'hôtel je te ferai tourner dans ma villa romaine
Tu suces pour du liquide tu te casses à marrée basse
Pétasse tu mériterais seulement d'attraper le DAS
Le seul liquide que je t'ai donné c'est mon sperme
Si j'te casse un bras considère qu'on s'est quittés en bons termes
J't'aime j'ai la haine j'te souhaite tout les malheurs du monde
J'veux que tu sentes la chaleur d'une bombe j'veux plus jamais que tu me trompes
J'étais trop fidèle (sale pute)
J'ai les nerfs en pelote (sale pute)
J'vais te mettre en cloque (sale pute)
Et t'avorter à l'opinel
''Oh mais c est de ta faute t'étais jamais là pour moi''
Oh je m'en bas les couille c'était de la faute à qui
J'te collerai contre un radiateur en te chantant ''tostaky''
J'veux que tu pleures tout les soirs quand tu t' endors parce que t'es du même acabit que la pute qu'à ouvert la boite de pandore
Refrain
J ai la haine j'rêve de te voir souffrir
J ai la haine j'rêve de te voir souffrir baby
J ai la haine j'rêve de te voir souffrir
J ai la haine j'rêve de te voir souffrir baby