Féminisme, Le symptôme OrelSan

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Messagede Pïérô » 07 Avr 2009, 12:25

Intéressant, pris du blog AL 93 : http://libertaires93.over-blog.com/

Le symptôme OrelSan

La polémique relative à deux chansons du rappeur OrelSan, et à l’initiative d’un certain nombre d’organisations ou d’associations féministes (entre autres Pluri-Elles, SOS Sexisme, Elu/es Contre les Violences faites aux Femmes, Les Chiennes de garde et La Marche Mondiale des Femmes), est tout à fait légitime. Elle vise, outre à vouloir interdire la présence du rappeur au Printemps de Bourges, surtout à publiciser ce qui reste trop souvent cantonné à une approche sociétale faible en enjeux politiques : la violence, symbolique et physique, perpétrée envers les femmes.

Pour rappel, en France et en moyenne, une femme meurt tous les trois jours à la suite de violences conjugales [étude nationale sur les décès au sein du couple sur les neuf premiers mois de 2006 - Source police-gendarmerie]. Pour l'année 2004, les violences conjugales se chiffrent à plus de 39.000 faits constatés par les services de police et de gendarmerie : 162 femmes et 25 hommes tué-e-s par leur compagnon ou compagne, et 12 % des viols commis sur les femmes majeurs sont le fait de leur compagnon. Enfin, d’après une étude de l’Observatoire de la parité entre les hommes et les femmes, le coût des violences conjugales en France se chiffrerait, pour l'année 2004, à 1 milliard d'euros (coût santé, police-justice, logement-prestations sociales, etc.)

Certes OrelSan n’est pas le seul chanteur à exprimer des propos intolérablement sexistes, et il ne s’agit pas de stigmatiser tous les chanteurs (de rap ou d’autre chose). Mais l’occasion nous est ici donnée pour exposer, au cœur d’un débat public et sur des questions féministes, la singularité d’une point de vue politique soutenu par l’analyse sociologique. A ce premier problème s’en ajoute un second : la manière dont un discours consensuel, toujours réitéré par les médias, s’empare de cette question pour continuellement seriner que la violence sexiste s’exerce davantage dans un certain type de milieu social, à savoir ici les quartiers populaires.

D'une part, il est évident que ce rappeur, malgré la manière dont il a voulu se défausser du contenu de la première chanson incriminée et intitulée Sale pute en affirmant qu'il incarnait un sexiste de fiction inventé pour le critiquer, paraît devoir ignorer toute forme stylistique de distanciation qui rendrait justement compte de l'écart entre le personnage interprété et son interprète. Ensuite, la deuxième chanson intitulée J’aime pas la Saint-Valentin, fonctionnant de la même façon que la précédente, confirme le malaise. Cet aspect "je persiste et je signe" ne permet plus d'avoir aucun doute sur l'individu.

D'autre part, le cynisme mercantile de ce rappeur, fils d'une institutrice et d'un directeur de collège en Normandie qui n'a donc jamais vécu dans les quartiers de la relégation sociale, s'origine dans une représentation figée de la jeunesse des quartiers populaires considérée massivement comme sexiste, et à laquelle il s'adresse comme s'il avait affaire à un segment de marché facile à cibler. Sans compter sur une volonté probable de polémique renversée, selon des mécanismes de marketing élémentaires, en scandale, et donc en publicité gratuite.

Enfin, et c'est le plus important, parmi toutes les organisations et associations féministes citées précédemment, figure également Ni Putes Ni Soumises, ce satellite du PS qui représente pour le sexisme ce que SOS Racisme vaut pour le racisme, à savoir l’instrumentalisation consensuelle et médiatique de questions spécifiques pour les envisager dans une perspective dépolitisée et déconnectée de toute critique des formes sociales de domination. Cette association, anciennement dirigée par la sarkozyste Fadela Amara, profite de la situation pour montrer à tout le monde qu’elle ne vivote pas seulement sous perfusion grâce aux subventions généreuses offertes par des institutions publiques (Conseil régional d’Île-de-France, Mairie de Paris, etc.) comme par des entreprises privées (FNAC, L’Oréal, Vinci, Philip Morris, Philippe Starck, etc.) qui la maintiennent encore à flot alors que son implantation dans les quartiers populaires est davantage fantasmée que réelle.

La polémique « OrelSan », surtout quand des groupes d’intérêt tels Ni Putes Ni Soumises s’en mêlent, est de notre point de vue l’expression symptomatique d’un certain type consensuel de discours féministe dramatiquement incapable d'articuler anti-sexisme et antiracisme, sacrifiant le second terme pour privilégier le premier. Ce discours certes ne domine pas la totalité du féminisme français. Mais ses lieux communs, incessamment répétés et médiatiquement relayés, et qui affirment que la frange la plus sexiste de la population française vit dans les quartiers populaires, sont tout simplement faux sur le plan sociologique. Comme le montre l'enquête ENVEFF coordonnée en 1999 par Maryse Jaspard. Comme l'ont répété les sociologues Eric Macé et Nacira Guénif-Souilamas dans leur livre Les Féministes et le garçon arabe. Et comme le rappellent encore récemment les sociologues Christine Delphy et Sylvie Tissot dans un point de vue argumenté situé dans le numéro de Politis (semaine du 26 mars 2009, n°1045).

Pour le coup, il y a tout lieu de critiquer et déconstruire le discours visant à stigmatiser les habitant-e-s (notamment les garçons d'ascendance migratoire et coloniale) des quartiers populaires, forcément sexistes puisque pauvres et acculturé-e-s. Alors que l'on sait que le sexisme, comme forme structurelle de domination spécifique et irréductible aux autres formes de domination que sont le capitalisme et le racisme, traverse sans exclusive ni hiérarchie toutes les classes sociales.

Le sexisme (réel) des pauvres ne devrait plus être cet écran idéologique visant, par l'insistance politiquement intéressée à ne parler que de lui, à refouler le sexisme (réel) des plus riches. Qu’il s’agisse du rappeur OrelSan ou du député UMP de la Moselle Jean-Marie Demange, qui s’est récemment suicidé après le meurtre de sa compagne, et pour qui une minute de silence fut donnée à l'Assemblée nationale ! C'est un élément politique important que l’on se doit de faire entendre pour être crédible auprès de toutes les personnes victimes de la domination, qu’elle relève du domaine de l’exploitation capitaliste, du patriarcat, comme du racisme.

Franz Biberkopf


texte d'une des deux :

"SALE PUTE"
Intro : Attends bouges pas j'ai un mail d'Orel j'te rappelle
Ce soir j'suis rentré du taff plus tôt que d'habitude
Je suis passé chez toi pour te faire une surprise
Quand j'suis arrivé t'étais dans ton hall avec l'autre type qui est en cours avec toi
Et je vous ai vu...
Je vous ai vu vous jeter sur l'autre il passait les mains sous ton pull pendant que tu l'embrassais
Putain j'avais envie de vous tuer j'étais choqué j' croyais que tu étais différente des autres pétasses
J'te déteste j'te hais
J'déteste les petites putes genre Paris Hilton les meufs qui sucent des queues de la taille de celle de ''Lexington''
T'es juste bonne à te faire péter le rectum même si tu disais des trucs intelligents t'aurais l'air conne
J'te déteste j'veux que tu crèves lentement
J'veux que tu tombes enceinte et que tu perdes l'enfant
Les histoires d'amour ça commence bien ça fini mal
Avant je t'aimais maintenant j'rêve de voir imprimer de mes empreintes digitales
Tu es juste une putain d'avaleuse de sabre une sale catin
Un sale tapin tout ces mots doux c'était que du baratin
On s'tenaient par la main on s'enlassaient on s' embrassaient
On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée
On verra comment tu suces quand j'te déboiterais la mâchoire
T'es juste une truie tu mérites ta place à l'abattoir
T'es juste un démon déguisé en femme j'veux te voir briser en larme
J'veux te voir rendre l'âme j'veux te voir retourner brûler dans les flammes
Refrain x2
Poupée je t'aimais mais tu m'as trompé
Tu m'as trompé tu l'as pompé tu es juste une sale pute
Une sale pute une sale pute une sale pute une sale pute
J'déteste les sales traînées comme Marjolaine
Les petites chiennes les chichiteuses les filles à problèmes
J'rêve de la pénétrer pour lui déchirer l'abdomen
Je t'emmènerai à l'hôtel je te ferai tourner dans ma villa romaine
Tu suces pour du liquide tu te casses à marrée basse
Pétasse tu mériterais seulement d'attraper le DAS
Le seul liquide que je t'ai donné c'est mon sperme
Si j'te casse un bras considère qu'on s'est quittés en bons termes
J't'aime j'ai la haine j'te souhaite tout les malheurs du monde
J'veux que tu sentes la chaleur d'une bombe j'veux plus jamais que tu me trompes
J'étais trop fidèle (sale pute)
J'ai les nerfs en pelote (sale pute)
J'vais te mettre en cloque (sale pute)
Et t'avorter à l'opinel
''Oh mais c est de ta faute t'étais jamais là pour moi''
Oh je m'en bas les couille c'était de la faute à qui
J'te collerai contre un radiateur en te chantant ''tostaky''
J'veux que tu pleures tout les soirs quand tu t' endors parce que t'es du même acabit que la pute qu'à ouvert la boite de pandore
Refrain
J ai la haine j'rêve de te voir souffrir
J ai la haine j'rêve de te voir souffrir baby
J ai la haine j'rêve de te voir souffrir
J ai la haine j'rêve de te voir souffrir baby
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Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede joe dalton » 07 Avr 2009, 16:46

c'est un bon texte, parce que y'en a marre de taper sur le sexisme des pauvres, quand il s'agit d'un systeme généralisé dans toute la societé ! même si c'est vraie que c'est un texte qui pue la merde, et c'est un vraie probleme dans le hip hop(avec le fétichisme de la marchandise), qui a finit par m'ecoeurer totalement du rap !
d'ailleurs, si ce texte est condamnable, c'est loin d'etre le pire(et finalement il relate un depit amoureux), et j'ai toujours été étonné par la bienveillance envers iam, alors que ces connards ont pondu ça :
Je n`avais plus rien à dire, j`étais fin prêt à sortir
Quand une fille daigna me faire le premier sourire
Excitée apparemment, car on est assez différents
Ca fait bien de coucher avec un mec au regard menaçant
On est allé dehors, assis loin des amis
Elle avait une jupe, tombe-là et fais pas de chichi
Fais ce que je dis, car il fallait être plus sure
Ou je t`écrase un pan bagna bien gras dans la figure
C`est un attentat

véritable minimisation du viol, passé toute seule(quand c'est dis avec le sourire)et datant de leurs 1er album !
c'est très triste que la pose viriliste des rappers les ai conduit a relayer avec tant de zèle le sexisme ambiant, et même quand cela ne reflète pas leurs conviction profonde !
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Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede Johan » 07 Avr 2009, 17:59

Par pitié, pas d'amalgames entre hip-hop et ce genre de plancton!

Le hip-hop est né pour servir de moyen d'expression à une jeunesse noire (immigrée pour la France) défavorisée, profondément urbaine, et en rupture complète avec l'industrie musicale de l'époque (pareil que pour le punk, c'est du D.I.Y. ou des labels indépendants!). Et comme le capitalisme fini par pervertir chaque mouvement ayant une ampleur sociale, le hip-hop n'a pas fait exception. D'où les merdes commerciales qu'on nous sert sur MTV ou Skyrock qui n'ont RIEN A VOIR avec le discours initial du hip-hop (lutte sociale, vie dans les quartiers,...)! Le punk est un parfait exemple de comparaison, avec cet esprit de rébellion à la base pour aller vers de la soupe faisant honte au mouvement initial (Green Day, Blink 182 et tout ces branleurs...).

Le rap français a eu un léger sursaut au début avant de sombrer dans la fange définitivement, et même les groupes soit-disant en rupture avec le hip-hop "racaille" ont fini par tomber dans le même langage ordurier et nauséabond. Je pense à TTC, Klub des Loosers, etc... A la limite il reste Svinkels, et encore.

Le bon hip-hop existe toujours: MF Doom, Puppetmastaz, Ghostigital, Eligh & Magi, etc... Ces mecs font un réel travail instrumental et lexical, quand d'autres se content d'un beat, d'une mélodie et de textes vides en guise de paroles. Mais eux ne bénéficient pas d'une surmédiatisation, alors c'est sûr qu'il faut fouiner un peu pour les dénicher.

Par contre, en vous indignant de la sorte contre ce tocard, vous ne faites qu'augmenter la publicité déjà énorme autour de ce petit phénomène. Si son but était de faire parler de lui, c'est réussi. Plutôt que de s'indigner bêtement, le meilleur moyen c'est de l'ignorer et de le laisser retourner dans l'anonymat d'où il n'aurait jamais du sortir. Une mauvaise pub a toujours été plus efficace qu'une bonne pub...
Johan
 

Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede Pïérô » 07 Avr 2009, 18:24

Ne pas manifester pour ne pas faire de pub, on a déjà entendu çà pour autre chose...
Et malheureusement ce gus est de plus en plus connu et passe au Printemps de Bourges, c'est ce qui a amené justement ce type de réaction. Et justement c'est bien aussi l'occasion de porter ce type d'interpellation et de débat sur le sens... :wink:
Au delà celà pose aussi la question du féminisme, et le fait que ce combat doit se mener partout.
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Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede joe dalton » 07 Avr 2009, 18:44

johan a écrit:Par contre, en vous indignant de la sorte contre ce tocard, vous ne faites qu'augmenter la publicité déjà énorme autour de ce petit phénomène. Si son but était de faire parler de lui, c'est réussi. Plutôt que de s'indigner bêtement, le meilleur moyen c'est de l'ignorer et de le laisser retourner dans l'anonymat d'où il n'aurait jamais du sortir. Une mauvaise pub a toujours été plus efficace qu'une bonne pub...

Ouais, je suis d’accord avec et ça, et c’est bien pourquoi j’aime bien le texte, c’est très stérile et énormément faux cul de taper sur ce mec en particulier !
Par contre, sur le hip hop, je veux bien que tu me fasses l’historique du hip hop avec Arica Bambaataa et compagnie, mais a un moment faut pas se voiler la face, c’est en tant que mouvement, dans son ensemble, que le hip hop est parti en couille, c’est bien que c’était contenu en germe dés le départ ! Ça a rien à voir avec commerciale ou underground, parce que des groupes pas commercial du tout et bien puant je peut t’en trouver ! Et la scène ragga undergrown jamaïcaine, y des mec qui ont l’air de penser que leur plus grave problème, c’est les gays !
Je suis pas sure que le capitalisme a avoir grand-chose la dedans !
Après, y le problème de ces fameux grand courant musico-esthetiques, sensée incarné de grande révolte, comme le punk ! a mon avis c’est plus des positionnement consumériste, tu consomme un mode de vie, produit par d’autre clef en main ; et ça finis toujours avec des tee shirt Che geverra, ou Bob Marley a 100 euros !
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Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede Johan » 07 Avr 2009, 19:15

Attention, je ne dis pas qu'il faut laisser faire les sexistes. Le sexisme sous toutes ses formes doit être dénoncé et condamné.
Je dis juste que cette histoire a été montée en épingle, notamment par les médias toujours friands de ce genre de petits scandales.

Quand je dis que la partie visible de l'iceberg hip-hop est commerciale, je veux dire que la plupart de ces groupes sont de pures produits de consommation préfabriqués sur des schémas types, sans quoi les maisons de disques ne leur accorderaient aucune attention. Suffit d'écouter ou d'observer les clips pour se rendre compte que c'est toujours la même soupe. Évidemment plein de groupes sont inconnus parce que tout simplement... mauvais. Je ne prendrai jamais le fait qu'un groupe soit peu médiatisés comme critère de qualité.
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Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede Antigone » 11 Avr 2009, 00:03

Les industriels du disque ne font pas que se servir de OrelSan et du rap macho en général pour se faire du pognon, ils diffusent dans les cités ce langage de haine en lui donnant une légitimité par le canal de la télé, de la pub et de la célébrité. Ils savent ce qu'ils font.
Ils fabriquent des modèles dans lequels les gamins des quartiers puisent pour se construire une identité bidon et jouer les petites frappes. Pendant ce temps-là, les filles vivent (si on peut appeler ça vivre) sous une dictature qui ne leur laisse que peu d'espace personnel entre l'état de vierges imposée par la morale et la tradition et celui de putes que leur renvoie les clips et la société marchande.

Mais finalement, ces messieurs de Virgin, Polygram & Co s'expriment aussi à travers ce langage qui est celui de leur société, un langage qui exacerbe la violence, la concurrence et la compétitivité et qu'il savent transformer en "vecteur culturel".
OrelSan, lui, se sert de la manière dont cette société fonctionne pour répandre un langage arrogant qui s'articule autour du besoin de possession et de domination. Il agit par un pur calcul qui répond à une stratégie de marché. Il s'adresse autant aux industriels qu'aux "grands frères" parce qu'il sait que cela ne peut que rencontrer un écho favorable et susciter de la connivence d'un côté comme de l'autre.
Quant aux "pauvres" à l'autre bout de la chaine, non seulement ils consomment cette merde, mais ils l'érigent en système de valeur parce que ça leur permet de servir leurs petites affaires, d'établir leur domination, sur les femmes en particulier, et d'imposer leur loi dans le dernier endroit où ils peuvent encore se sentir les maitres, la famille et le domaine privé.
Alors vraiment, que le sexisme provienne des riches ou des pauvres, il repose toujours sur l'intéret. Cupide et "respectable" ou bien veule et lâche, quelle importance. Dans les deux cas, il est inexcusable.
Cela est une chose et on devrait en rester là.

Ce qui ne me plait pas du tout, par contre, c'est quand on se met à argumenter à partir d'une enquête sociologique dont on sait qu'elles sont toutes contestables parce qu'on ne peut pas mettre en chiffres et sur un même plan des réalités qui n'ont que peu de rapport entre elles, si ce n'est d'aboutir à un résultat comptable.
Si l'on rentrait dans les détails d'une dispute de ménage, on pourrait se démander si l'homme est généralement enclin à donner à sa femme... réponse A; plutot une baffe violente, réponse B; un aller-retour, reponse C: une série de coups désordonnés etc. en fonction de quoi les marques pourront être interprêtées de telle ou telle façon... comment si on avait un intrument de mesure de la violence. Or justement, à partir de quoi peut-on commencer à parler de violence ? N' y a-t-il pas d'autres formes de violences morales ou psychologiques bien plus profondes et plus longues à cautériser que les traces laissées sur le corps ? Sur quelles bases sont-elles constatées ? Quelles sont les raisons complexes, variant selon les milieux, qui amènent aussi à les femmes à se taire ?
Et quand on sait que tous ça s'appuie essentiellement sur une démarche de dénonciation, sur des procès-verbaux de police et de gendarmerie, en considérant que ce genre de personnel n'est pas le plus approprié pour enregistrer ce genre d'affaires, on peut quand même émettre des doutes sur les conclusions chiffrées de ces enquêtes. Non pas qu'elles soient contestables sur le fond et qu'il convienne de remettre en cause la réalité de la violence faite aux femmes, mais pour l'utilisation qu'il est possible d'en faire a posteriori.

La question n'est pas de savoir si les femmes sont davantage victimes de ces violences en milieu populaire ou non, parce que franchement, on s'en tape ! Et puis c'est bien une préoccupation de bourgeois bien éduqués et bien élevés que de se pencher ainsi sur le domaine privé des "pauvres". Ca me rappelle ces spécialistes de l'horreur qui se donnent le droit de la quantifier et de l'évaluer avec précision sur une sorte d'échelle de Richter de la monstruosité.

Non, ce texte extrait du blog AL93 ne me plait vraiment pas.
Si l'on veut s'en prendre à NPNS, on peut effectivement critiquer cette association parce que, comme le dit le texte, "elle représente pour le sexisme ce que SOS Racisme vaut pour le racisme, à savoir l’instrumentalisation consensuelle et médiatique de questions spécifiques pour les envisager dans une perspective dépolitisée et déconnectée de toute critique des formes sociales de domination.", on peut l'attaquer sous bien des angles, mais le procès qu'on lui fait sur la base d'un livre et d'une enquête qui se croit sociologique en annihile toute portée. Le prétexte devient mesquin.

NPNS prétend que le sexisme est davantage le fait des garçons des quartiers populaires provenant de l'immigration... Et après ? qu'est ce qu'on en sait ? Dans un certain sens, c'est peut-être possible, mais ça peut aussi être faux. Et puis en quoi est-ce si important de parfaire de genre de démonstration ? Y aurait-il dans cette question et dans cette polémique comme qui dirait... les résidus d'une morale que ne désapprouverait pas Victor Hugo et qui s'offenserait dès que des "pauvres" se trouveraient être la cible d'une damnation ?

En tout cas, pas besoin de rapport de gendarmerie, ni de sociologues équipés de leurs bipomètres à la con pour savoir que la violence envahit toute la société et que les femmes en sont victimes quelque soit le milieu dans lequel on se trouve.
Et pas besoin de décodeur pour comprendre que les paroles de OrelSan sont à gerber.
Antigone
 

Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede Pïérô » 11 Avr 2009, 01:01

Et donc, circulez, il n'y avait rien à voir et rien à dire ?
Je pense au contraire que ce texte apporte des éléments importants et un regard intéressant.
La stigmatisation de ses quartiers empêche bien souvent qu'un débat puisse s'établir, et il est un fait que la violence faite aux femmes n'est pas un phénomène de classe. Tu as tort de minimiser ces enquètes, et d'avantage on pourrait dire qu'en plus elles ne peuvent appréhender/chiffrer correctement cette violence faite aux femmes tant il y en a qui n'en parlent pas (et donc l'on sait aussi que les plaintes, et ce type de démarche, peuvent être indicatives, mais pas suffisamment parlantes) . Sur l'histoire du comptage de baffes, tu es plus que limite...Et nous rencontrons encore même dans les milieux militants, et anarchistes aussi, comme celà ressurgit ici par moments, des gros problèmes quant à l'entendement du féminisme. Il faudrait se satisfaire d'une référence au féminisme, et surtout de ne pas en parler, de ne pas développer, de ne pas aller gratter la vie privée, ne pas interroger les/nos pratiques, les/nos attitudes, les/nos manières de penser et d'aborder ce sujet. NPNS est un mouvement (au delà même de cette structure) qui a pû, à un moment faire avancer le schmilblick, mais qui est vite retombé, et retombé dans le champ de la posture bien pensante avide de reconnaissance sur un terrain qui n'était plus celui sur lequel il aurait fallu continuer à oeuvrer. Franchement je trouve que ce texte aborde les choses d'une manière interessante, ouvre justement ce type de débat qui fait avancer, et on va dire qu'au moins, et à travers ce que tu dis, il peut aussi déranger, et a le mérite de faire réagir...après il y en a encore des choses à discuter, même entres nous...
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Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede joe dalton » 11 Avr 2009, 11:03

franchement antigone, meme si je suis d'accord sur le fait qu'il n'est pas besoin d'avoir recours au savant pour avoir un avis(et que c'est meme un cauchemard, que lui seule soit autoriser a en avoir un), je ne suis pas pour pratiquer de l'anti-intelectualisme primaire !
La question n'est pas de savoir si les femmes sont davantage victimes de ces violences en milieu populaire ou non, parce que franchement, on s'en tape ! Et puis c'est bien une préoccupation de bourgeois bien éduqués et bien élevés que de se pencher ainsi sur le domaine privé des "pauvres". Ca me rappelle ces spécialistes de l'horreur qui se donnent le droit de la quantifier et de l'évaluer avec précision sur une sorte d'échelle de Richter de la monstruosité.

ce n'est pas le probleme(celui de savoir si les femmes sont davantage victimes de ces violences en milieu populaire ou non) ; le probleme c'est la contruction dans l'imaginaire d'une classe populaire afublé de toute les tares, et qui aurait le quasi monopole du racisme, et du sexisme ! et en ce sens un texte de sociologue n'est pas ininterressant, dans la mesure ou c'est une croyance qui a été bien alimenté par ces meme sociologue !
sinon, d'aller prendre orelsan comme grand symbole du sexisme ! le choix de ce genre de cible etant a chaque fois irrationnelle, dicté par des autorité médiatique tel les chiennes de gardes, il font toujours ploufs !
on préfère éructer contre des lampiste, plutôt que de s'attaquer au maison de disque, qui errigent le sexisme en systeme !
joe dalton
 

Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede Antigone » 11 Avr 2009, 18:57

joe dalton a écrit:franchement antigone, meme si je suis d'accord sur le fait qu'il n'est pas besoin d'avoir recours au savant pour avoir un avis(et que c'est meme un cauchemard, que lui seule soit autoriser a en avoir un), je ne suis pas pour pratiquer de l'anti-intelectualisme primaire !

Quand des sociologues, qui se drapent dans leur "objectivité", se permettent de faire des enquêtes dont les seuls documents d'étude reposent sur des rapports de police, et dont la grande partie des éléments qui pourraient servir à travailler est tronquée ou occultée, je ne crois pas que ce soit faire preuve d'un "anti-intellectualisme primaire" que de dire que ce n'est pas sérieux.
Coluche disait dans son sketch sur les "milieux autorisés" que "quand on n'en connait pas plus que ça, on ferme sa gueule"... alors, si c'est pour enfoncer des portes ouvertes, on n'a pas besoin de ces sociologues.

Mais ce qui me déplait, c'est qu'on mette en avant ce genre d'enquête quand les résultats vont dans le sens de nos idées, et a contrario quand ils les contredisent, on dit qu'ils alimenteraient de fausses croyances et feraient le jeu de la propagande; et cela même quand les méthodes utilisées dans les deux cas sont identiques.
Cette façon partiale de raisonner, je la juge insupportable, parce c'est celle qui a cours dans les régimes dictatoriaux où la fin justifie toujours les moyens.
Mais même dans nos démocraties bourgeoises, on peut faire dire n'importe quoi aux enquêtes. On peut les manipuler et les orienter d'autant plus aisément qu'elles dépendent étroitement du contrôle de l'Etat, Or c'est justement le cas ici puisque cette enquête a été commanditée par le Secrétariat d'État aux Droits des femmes... donc pour son indépendance, on repassera !
D'ailleurs, toutes les enquêtes sont encadrées de la sorte pour, dans un second temps, être utilsées ou bien par la presse pour stigmatiser tel comportement ou tel dysfonctionnement, ou bien comme instruments de réflexion ou réservoirs de propositions destinées à nourrir l'action du gouvernement.

blog AL 93
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J'avais oublier de dire dans le précédent post que ce texte villipende NPNS parce que cette association toucherait de "généreuses subventions offertes par des institutions publiques commes des entreprises privées"... comme s'il s'agissait d'une comprission. Mais quelle association sociétale, culturelle, sportive ou même syndicale n'en touche pas, même si on peut discuter de leur importance et de leurs montants ?
Encore une fois, l'esprit critique est indispensable à notre conpréhension du monde mais à condition de ne pas dire ou laisser dire n'importe quoi sous prétexte que ça nous arrange, à condition de ne pas se laisser aveugler par le résultat, à condition d'être un peu sérieux, ne pas tomber dans la mauvaise foi, sinon la démonstration est vaine.

joe dalton a écrit:le probleme c'est la contruction dans l'imaginaire d'une classe populaire afublé de toute les tares, et qui aurait le quasi monopole du racisme, et du sexisme ! et en ce sens un texte de sociologue n'est pas ininterressant, dans la mesure ou c'est une croyance qui a été bien alimenté par ces meme sociologue !

L'imaginaire collectif ne focalise pas tant que ça sur les "tares" des classes populaires. Enfin... c'est mon sentiment.
Il me semble qu'il n'épargne pas plus les classes favorisées dont l'art, la litterature, le cinéma ou encore la publicité renvoient régulièrememt l'hypocrisie, l'égoisme, la cupidité, la lâcheté, mais aussi le racisme et le sexisme.
Je pense que sur le ton de la parodie et de la caricature, la distribution est assez équitable.
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Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede joe dalton » 15 Avr 2009, 18:36

Mais ce qui me déplait, c'est qu'on mette en avant ce genre d'enquête quand les résultats vont dans le sens de nos idées, et a contrario quand ils les contredisent, on dit qu'ils alimenteraient de fausses croyances et feraient le jeu de la propagande; et cela même quand les méthodes utilisées dans les deux cas sont identiques.

ouais, c'est pas faux !
mais je trouve pas que ce texte se place particulièrement sur le registre de l'enquête sociologique !
L'imaginaire collectif ne focalise pas tant que ça sur les "tares" des classes populaires. Enfin... c'est mon sentiment.

si,si !
ces con de pauvres qui vote le pen, c'est bien dans les têtes dorénavant !
c'est une belle propagande sur la réalité méprisable du prolétariat, qui trouvent toute sorte de relais chez les fabriquant d'opinion, a commencer par tout les drames sociales de gauche, qui sous couvert de réalisme, montre toujours le défavorise socialement affublé de tares toutes plus mesquines les unes que les autres !
c'est parce qu'il est essentiel de bien montrer que si le prolos est en bas de l'échelle, c'est qu'il l'a quelque part mérité, car il est con en plus d'être pauvres !
en meme temps, je pense que le super héros ouvrier, c'est pas forcement mieux !
joe dalton
 

Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede Antigone » 16 Avr 2009, 15:47

joe dalton a écrit:ces con de pauvres qui vote le pen, c'est bien dans les têtes dorénavant !
c'est une belle propagande sur la réalité méprisable du prolétariat, qui trouvent toute sorte de relais chez les fabriquant d'opinion, a commencer par tout les drames sociales de gauche, qui sous couvert de réalisme, montre toujours le défavorise socialement affublé de tares toutes plus mesquines les unes que les autres !
c'est parce qu'il est essentiel de bien montrer que si le prolos est en bas de l'échelle, c'est qu'il l'a quelque part mérité, car il est con en plus d'être pauvres !

Il ne faut pas tout prendre au premier degré.
Et d'ailleurs la culture faite par les bourgeois sait aussi se moquer d'elle-même ("Auteuil, Neuilly, Passy, tel est notre ghetto"), tout simplement parce que de nos jours, la dérision est devenue un marché en plus d'être une soupape.

Sinon à part ça...
"Est-ce que le schmibilibilibi, le schimichimilibimbilik qui tient dans la main, il tient dans la main ?"
Antigone
 

Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede joe dalton » 26 Avr 2009, 19:18

pour revenir a cette affaire, il est particulièrement hypocrites de choisir un gars comme ça, on c'est pas pourquoi, alors que dans tout le hip hop, c'est devenue un passage obligé !
a un point, que on pourrait dénombrer ceux qui echapent a la règle !
par exemple, j'aime svinkels(j'aimais), en réécoutant leurs premier maxi, j'ai redécouvert ça : http://www.youtube.com/watch?v=-qv8M6i2FGU&feature=related
tout y passe, les biatche, suce salope... et c'est pas du 2e degré !
c'est marrant comme les indignations peuvent être sélectives sur ce sujet !
joe dalton
 

Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede ChoueTTe » 28 Avr 2009, 15:05

c'est un bon texte, parce que y'en a marre de taper sur le sexisme des pauvres, quand il s'agit d'un systeme généralisé dans toute la societé ! même si c'est vraie que c'est un texte qui pue la merde, et c'est un vraie probleme dans le hip hop(avec le fétichisme de la marchandise), qui a finit par m'ecoeurer totalement du rap !


et l'homophobie !

Mais jette une oreille sur Skalpel (La K-Bine), Calavera (et le Collectif Mary Read), K-Listo, Rapaces... y'a de très bonnes choses dans l'underground !
Après y'a des trucs plus connus pas mal non plus comme Keny Arkana, Medine, Assassin, (dans les années 90's)...

Après pour le mouvement hip-hop, comme je l'ai écris dans un article récent (voir le blog en signature), à la base c'est peace, love, unity and having fun.
Je ne suis pas d'accord pour dire que le sexisme était "dans les germes" du mouvement.
Tous les mouvements ont connu des dérives sectaires, y'a des connards partout. Le rap, c'est ce qui est à la mode depuis au moins dix berges, c'est ultra-manipulé, médiatisé comme on le veut etc... lorsque les gros appareils s'emparent d'une musique, difficile de faire survivre l'esprit positif du début.
Et ce n'est pas seulement du à une radio autoproclamée "premier sur le rap".

Alain Madelin (qui était membre du groupe d'activistes d'extrême droite "Occident"), avait parait-il posé, il y a quelques années avec deux rappeurs bien noirs... ça rime à quoi ? A montrer à quel point ces pseudos-rappeurs sont pleins de conviction ? A faire oublier, pour Madelin, qu'il fracassait des blacks et des cocos avec Occident ? Ca veut dire quoi ? Que le rap est en tout cas tout ce qu'il y a de plus intégré et conforme, et ça, personne n'a attendu de voir Doc Gynéco soutenir Sarkozy pour le savoir :lool:

Enfin bref, le sexisme est intolérable, et on en a pas fini avec ça. Et j'suis d'accord pour dire que 95% des clips de rap sont insupportables à cause des grosses voitures, des billets, des femmes jouant les bitchs etc.

Après, ce que je trouve grave, c'est que de plus en plus de jeunes filles aiment ça.
Elles aiment se faire parler mal, elles aiment le mythe du mec un peu gangster et macho.
C'est assez inquiétant. Bon, après, ça ne concerne qu'une minorité fort heureusement...
ChoueTTe
 

Re: Féminisme, Le symptôme OrelSan

Messagede Polack » 28 Avr 2009, 15:29

tout à fait d'accord avec ce post. Je rajouterai le groupe KYMA en hip hop conscient.

et les filles que tu décris je crois qu'il y en a plus que tu ne le crois... mais bon. Pas de satistiques là dessus !
Polack
 

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