Théorie du genre

Théorie du genre

Messagede bipbip » 01 Nov 2016, 14:19

Encyclopédie critique du genre

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Paris jeudi 3 novembre 2016

Échange autour de l'ouvrage

« Encyclopédie critique du genre »

A l'occasion de la parution de l'Encyclopédie critique du genre aux éditions La Découverte, nous vous convions à un échange avec l'équipe éditoriale et les auteur-e-s le jeudi 3 novembre, jour de la sortie du livre.

à 19h, Bar-restaurant « Le lieu dit », 6 rue Sorbier, Paris 20e

« Désir(s) », « Mondialisation », « Nudité », « Race », « Voix »… Les soixante-six textes thématiques de cette encyclopédie explorent les reconfigurations en cours des études de genre.

Trois axes transversaux organisent cette enquête collective : le corps, la sexualité, les rapports sociaux. Dans les activités familiales, sportives, professionnelles, artistiques ou religieuses, les usages du corps constituent désormais un terrain privilégié pour appréhender les normes et les rapports de genre. Les pratiques érotiques que les sociétés, à travers l'histoire, ont catégorisées comme normales ou déviantes occupent quant à elles une place inédite pour éclairer les articulations entre hiérarchies des sexes et des sexualités. Enfin, les inégalités liées au genre sont de plus en plus envisagées en relation avec celles liées à la classe sociale, la couleur de peau, l'apparence physique, la santé ou encore l'âge. Cette approche multidimensionnelle des rapports sociaux a transformé radicalement les manières de penser la domination au sein des recherches sur le genre.

En analysant les concepts, les enquêtes empiriques et les débats caractéristiques de ces transformations saillantes, les contributrices et contributeurs de cet ouvrage dessinent une cartographie critique des études de genre en ce début de XXIe siècle.

http://lelieudit.com/Discussion-Echange ... e-du-genre
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Re: Encyclopédie critique du genre

Messagede bipbip » 15 Déc 2016, 13:20

Paris vendredi 16 décembre 2016

Rencontre avec JULIETTE RENNES, LUCA GRECO, ARMELLE ANDRO et des auteur.e.s de l’"Encyclopédie critique du genre"

à 19h, Librairie Violette & Co, 102 rue de Charonne, Paris 11e

http://www.violetteandco.com/librairie/ ... article972
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Re: Encyclopédie critique du genre

Messagede bipbip » 07 Jan 2017, 16:00

Pro-prostitution ... , discours post-moderne ?

Entretien avec Juliette Rennes et Gianfranco Rebucini autour de l'Encyclopédie critique du genre (La Découverteà

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Théorie du genre

Messagede bipbip » 03 Mar 2017, 19:07

Genre, les différences entre garçons et filles sont construites

Le genre existe, les cathos réacs le prouvent

Depuis les manifestations contre l’ouverture du mariage aux couples d’homosexuel.les, un mouvement de fierté masculine se développe parmi les catholiques. Être réactionnaires ne leur suffit pas, il faut en plus qu’ils travaillent leur virilité.

Depuis quelques années, des mouvements destinés aux hommes à la recherche de leur masculinité de croyants et de leur place virile dans le catholicisme se sont développés à partir des rencontres faites autour de la Manif pour tous. Il s’agit de camps, de retraites, de formations entre hommes. L’idée de base est qu’« être un homme, ça s’apprend et se construit » [1]. On croirait du Beauvoir.

De plus, les différences entre garçons et filles sont construites puisque « si l’on veut démontrer que les garçons et les filles ont des différences, il faut avoir des propositions d’éducation différenciées... ». Les féministes utilisent plutôt l’idée qu’il faut une éducation égale pour ne plus avoir de différences mais la base est la même : l’éducation construit la différence. Pour être honnête, cette mouvance accorde une importance plus grande à une base prétendument naturelle de la personnalité que les féministes radicales. Elle est essentialiste.

Les bases de cette éducation différenciées sont évidemment inégalitaires : « La fille n’a pas l’acquisition du genre à faire. Alors que le garçon doit faire un travail initiatique. » Les femmes, qui portent naturellement des serre-têtes et sont tout aussi naturellement enclines à fabriquer des enfants et assurer la catéchèse, n’ont donc pas besoin de se retrouver entre femmes pour construire leur féminité. On sait ce qui peut se passer dans des groupes de paroles féminins non mixtes, les réacs ont tout intérêt à éviter qu’ils existent.

Les rencontres entre hommes ont pour objectif de « leur faire prendre conscience des désirs profonds de leur cœur d’homme, spécifiquement masculins, qui sont l’aventure à vivre, le combat à mener et la belle à conquérir ».

Pérennité des clichés les plus éculés

Il s’agit donc d’assurer la pérennité de clichés les plus éculés et de stéréotypes les plus réactionnaires : hommes et femmes sont égaux mais tout à fait différents ; les hommes ont une force et une agressivité qui les tournent vers l’extérieur et la conquête, ils doivent juste la canaliser vers la grandeur (ce qui sous-entend que les femmes sont tournées vers l’intérieur et probablement la petitesse) ; ce sont les pères qui font les filles et les garçons puisque « c’est le regard du père qui conforte la fille ou le garçon dans sa féminité ou sa masculinité ». Les initiateurs et les participants regrettent le manque de rites initiatiques dans nos sociétés.

L’Église serait devenue un peu molle et maternelle, et surtout, peut-être, « l’islam se développe sur ce manque de virilité ».

On sait que l’excitation entre supporters après les matchs a tendance à faire monter les violences conjugales. Qu’en est-il de réactionnaires qui rentrent à la maison après avoir passé quelques jours en non mixité à se booster la virilité ?

Christine (AL Orne-Sarthe)

[1] Les citations sont extraites de l’article « Des catholiques veulent rendre à l’Église sa virilité », Le Monde, 28 décembre 2016 http://www.lemonde.fr/religions/article ... 53130.html.


http://www.alternativelibertaire.org/?V ... s-Le-genre
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Re: Théorie du genre

Messagede bipbip » 05 Mar 2017, 18:13

Genre et Discriminations

Collectif

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Contributions : Géraldine Aïdan, Stéphanie Arc, Lisa Carayon, Ismaïl Ferhat, Juliette Gaté, Hélène Le Dantec-Lowry, Maud Lesné, Catherine Louveau, Martina McDonnell, Marie Mercat-Bruns, Chantal Morley, Elyamine Settoul, Philippe Vellozzo.Coordination : Mireille Eberhard, Jacqueline Laufer, Dominique Meurs, Frédérique Pigeyre et Patrick Simon.


Le développement simultané des études sur le genre et des recherches sur les discriminations amène à interroger la définition même de ces termes et leur imbrication. Si le genre est une catégorie d’analyse visant à dénaturaliser les différences de sexe et les rapports de domination qui les consacrent, la notion de discrimination qualifie tout traitement préjudiciable fondé sur un critère illégitime ­– le sexe, par exemple, ou l’âge, la classe, l’origine ethnique. Issu d’un colloque organisé en juin 2013 à l’Université Paris-Diderot, l’ouvrage rassemble des contributions qui, en croisant ces deux approches, ouvrent des pistes nouvelles à la lutte contre les exclusions et les inégalités.
Les concepts de genre et de discrimination découvrent dans les inégalités le produit de rapports sociaux qui distribuent les êtres humains en catégories hiérarchiques faussement rapportées à la « nature ». En révélant les structures profondes de ces inégalités, ils légitiment un questionnement critique sur l’organisation de nos sociétés. Mais ils ont des champs d’application propres et sont mobilisés pour des raisons et à des fins différentes, dans des arènes distinctes.

Les onze textes ici rassemblés traitent, chacun à sa manière, de la nécessaire articulation de ces deux concepts. Qu’il s’agisse de détecter les discriminations sous les inégalités de genre, d’appliquer une grille genrée aux discriminations ou de développer une analyse intersectionnelle, ils contribuent à rapprocher des champs intellectuels qui ont longtemps évolué en parallèle.
L’ouvrage s’organise en trois parties : « Déconstruire le genre et rendre visibles les discriminations », où des études portant sur l’histoire nationale, l’espace professionnel, l’armée et la prison montrent que les institutions sont des lieux privilégiés de la fabrication du genre et des processus discriminatoires ; « Identités sexuées et sexuelles », dont les contributions soulignent le poids des logiques de genre dans les processus discriminatoires qui frappent les individus s’écartant de la norme ; « Discriminations multiples et genre », sur l’imbrication de différents processus de domination et de différentes logiques inégalitaires et discriminatoires, qu’il s’agisse du sexe ou de la sexualité, de la race, de la classe, de l’âge ou du statut d’étranger.

Genre et Discriminations
Collectif, Éditions iXe, 256 pages, 18 euros

http://librairie-publico.com/spip.php?article2105
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Re: Théorie du genre

Messagede Lila » 06 Mar 2017, 00:19

Enquête

Pourquoi la «théorie du genre» fait-elle peur ?

Différence des sexes et inégalités : loin de l’image doctrinaire portée par ses opposants, ce domaine de recherche relève des savoirs académiques. Un champ qui dérange néanmoins par sa puissance critique.

à lire : http://www.liberation.fr/debats/2016/12 ... ur_1535293
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Re: Théorie du genre

Messagede Lila » 12 Mar 2017, 21:09

Le sexe, le genre et le nouvel essentialisme

à lire : https://entreleslignesentrelesmots.word ... ntialisme/
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Re: Théorie du genre

Messagede Lila » 26 Mar 2017, 19:24

La femme invisible, ou l’identité de genre à l’ère du néo-libéralisme

À parcourir les médias libéraux ces derniers mois, on croirait que quiconque a le moindre problème avec la présence d’une personne transgenre dans sa salle de bain est nécessairement un fondamentaliste intolérant issu du Deep South américain. Cette perception résulte non seulement de vastes simplifications excessives, mais c’est une fausse représentation délibérée de faits vérifiables. Si la loi HB2 (adoptée en Caroline du Nord au début de mars) est un instrument haineux et discriminatoire qui sert d’écran de fumée pour effacer d’autres droits économiques, il reste que la position subséquente du ministère américain de la Justice est tout aussi erronée. Si nous ne savions pas déjà que les femmes constituent des citoyens de troisième classe, nous devrions certainement le comprendre maintenant.

Jusqu’à la fin de sa présidence, l’administration Obama n’a pas soufflé mot du renversement progressif du droit à l’avortement, État après État. Pas le moindre mot non plus de la part de Bruce Springsteen ou de PayPal (hérauts de la résistance à HB2) concernant les droits des femmes. Cela n’est vraiment pas étonnant… Pas pour les femmes, du moins. Nous sommes habituées à ce que nos voix soient pratiquement étouffées, même sur des enjeux qui nous affectent directement. Cette attitude est habituelle et bien connue au sein de la gauche masculiniste (brocialism). Il est tout à fait prévisible que la réalité que constitue la violence masculine ne disparaisse pas magiquement en raison du type de politique identitaire qui nous demande de suspendre notre scepticisme et d’embrasser le principe que « l’identité de genre » doit primer l’identité sexuelle. Le problème du discours tenu par le ministère de la Justice sous Obama est qu’il suggère que « l’identité de genre » est le sexe, et que, même si la définition du genre est entièrement laissée à l’impression qu’en a le sujet, toute reconnaissance du sexe biologique est, elle, tenue a priori pour « transphobe ».

Ce discours, où le genre est médicalisé afin de réduire au silence la moitié de la population et où l’on traite maintenant comme des fictions les différences biologiques (et la façon dont ces différences s’inscrivent dans le système patriarcal), est un véritable cadeau pour les militants masculinistes. Le résultat des efforts visant à « élargir la définition de la femme » est qu’aujourd’hui, n’importe qui peut se qualifier de femme, mais les femmes réelles n’ont plus le droit de parler de leur oppression ou de leurs corps.

Les « identitariens » (c.-à-d. ceux qui attellent leur subjectivité à une politique identitaire) ont tenté de remédier à ce qu’ils appellent leur sentiment d’« exclusion » en subvertissant les mouvements politiques des femmes et le langage qui permet à celles-ci de décrire leurs réalités. Une des tentatives récentes de redéfinition de la femme est la plate-forme politique étasunienne de la Grève des femmes, où les transgenres HàF supplantent les femmes de couleur dans sa dénonciation de la violence faite aux femmes. Elle promeut également des droits reproductifs « pour l’ensemble des femmes, cis et trans ». Étant manifestement de sexe masculin, les transgenres HàF n’ont bien sûr aucune inquiétude en matière de droits reproductifs. Cette façon de prioriser des hommes sur des femmes au nom des droits des femmes n’a absolument rien de subversif. C’est plutôt l’écho d’une misogynie de longue date.

la suite : https://tradfem.wordpress.com/2017/03/1 ... beralisme/




Le problème qui n’a pas de nom… parce que le mot « femme » est qualifié d’essentialiste

« Y a-t-il une façon plus courte et non essentialiste de parler de « personnes qui ont un utérus et tous ces trucs »? », a demandé sur le réseau Twitter la journaliste Laurie Penny. À plusieurs égards, la quête de Penny pour trouver un terme décrivant les personnes biologiquement femmes sans jamais utiliser le mot femme décrit le principal défi posé au langage féministe actuel. La tension entre les femmes qui reconnaissent et celles qui effacent le rôle que joue la biologie dans l’analyse structurelle de notre oppression s’est transformée en ligne de faille (MacKay, 2015) au sein du mouvement féministe. Des contradictions surviennent lorsque des féministes tentent simultanément de voir comment la biologie des femmes façonne notre oppression en régime patriarcal et de nier que notre oppression possède une base matérielle. Il existe des points où l’analyse structurelle rigoureuse et le principe de l’inclusivité absolue coexistent difficilement.

Au cours de la même semaine, Dame Jeni Murray, qui anime depuis 40 ans l’émission radio de la BBC « Woman’s Hour », a été prise à parti par des trans pour avoir posé la question suivante : « Est-ce que quelqu’un qui a vécu en tant qu’homme, avec tous les privilèges que cela implique, peut réellement revendiquer la condition féminine? » Dans un article rédigé pour le Sunday Times, Murray a réfléchi au rôle de la socialisation genrée reçue au cours des années de formation dans le façonnement des comportements ultérieurs, en contestant l’idée qu’il est possible de divorcer le moi physique du contexte sociopolitique. De façon semblable, la romancière Chimamanda Ngozi Adichie est présentement mise au pilori pour ses propres commentaires sur l’identité de genre.

Lorsqu’on lui a demandé « La façon dont vous en êtes venue à la condition féminine a-t-elle de l’importance? », Adichie a fait ce que peu de féministes sont actuellement disposées à faire en raison du caractère extrême du débat entourant le genre. Elle a répondu sans détour et publiquement :


« Alors, quand des gens soulèvent la question « est-ce que les transfemmes sont des femmes? », mon sentiment est que les transfemmes sont des transfemmes. Je pense que si vous avez vécu dans le monde en tant qu’homme, avec les privilèges que le monde accorde aux hommes, et que vous changez ensuite de sexe, il est difficile pour moi d’accepter que nous puissions alors comparer vos expériences avec les expériences d’une femme qui a toujours vécu dans le monde en tant que femme, qui ne s’est pas vu accorder ces privilèges dont disposent les hommes. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose d’amalgamer tout cela. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose de parler des enjeux des femmes comme étant exactement identiques aux enjeux des transfemmes. Ce que je dis, c’est que le genre ne relève pas de la biologie, le genre relève de la sociologie. »

Au tribunal de l’opinion queer, le crime d’Adichie a été de différencier, dans sa description de la condition féminine, les personnes qui sont biologiquement des femmes, et élevées en tant que telles, de celles qui passent du statut masculin au statut féminin (et qui étaient, à toutes fins utiles, traitées comme des hommes avant leur transition). Dans le discours queer, les préfixes de « cis » et de « trans » sont conçus pour tracer précisément cette distinction, mais ce n’est que lorsque des femmes féministes précisent et explorent ces différences que leur reconnaissance suscite la colère.

la suite : https://tradfem.wordpress.com/2017/03/1 ... ntialiste/
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Re: Théorie du genre

Messagede Lila » 27 Aoû 2017, 18:56

Le genre est une construction sociale: qu’est-ce que cela veut dire?

« Le genre est une construction sociale »: c’est là un élément de base de la définition du genre, sans lequel on ne peut comprendre le concept. Je l’ai mentionné plusieurs fois, et expliqué, sans y consacrer de billet entier; l’idée de ce billet m’est venue suite à un commentaire lu sur la page Facebook de ce blog. Je me suis rendu compte que la notion de construction sociale était loin d’être comprise par tout le monde – et pour cause: ce n’est pas une notion évidente, surtout quand on l’applique à des sujets aussi sensibles que la différence des sexes et les rapports entre les sexes. Je vais donc évoquer quelques-unes des erreurs commises au sujet de cette notion de construction sociale, avant de revenir sur sa définition.

Pour le contexte, d’abord, je reviens sur le commentaire outré reçu sur Facebook. Il s’agit de quelqu’un qui ne connaît pas mon blog et est tombé sur ma page via un partage. Il critique ce post, où je parle de l’injonction à avoir des enfants comme norme sociale, que je compare dans ce sens au genre: « L’obligation à la parentalité, à la maternité en particulier, est une norme sociale, c’est-à-dire une construction – comme le genre… ». Le commentaire (en plusieurs parties) souligne:
– « LA MATERNITE N’EST PAS UNE NORME SOCIAL MAIS UNE NORME BIOLOGIQUE ! le feu brule, l’eau mouille, la terre est ronde … »
– « en fait c’est pas le passage sur la maternité le plus choquant c’est ; « UNE CONSTRUCTION COMME LE GENRE » le genre une construction ??!! vous etes ce que vous etes c’est la nature, mais on dirait ici que tout le monde en veut beaucoup à l’ordre naturelle des choses… »

De toute évidence, ce commentateur n’a pas compris ce qu’était le genre (il est étonnant d’ailleurs qu’il utilise quand même le terme, alors qu’il a sans doute en tête le sexe – j’y reviendrai dans un prochain billet). L’idée de « norme biologique » est pour le moins contradictoire: il n’y a pas de norme, de règle, de principe, en-dehors du social, en-dehors d’une définition établie par les individus. La nature n’a pas de principes; ce sont les êtres humains qui les formulent à partir de l’observation. La notion de construction sociale est perçue comme une menace contre la « nature » – et à juste titre: parler de construction sociale, c’est souligner que ce qui paraît généralement comme une évidence, comme naturel, relève en fait du culturel. Cette notion permet de redéfinir les frontières entre « naturel » et « social » en réduisant toujours plus la part du naturel; c’est cela qui paraît menaçant à certaines personnes.

Quelques erreurs souvent commises à ce sujet:

Parler d’un phénomène comme étant socialement construit, cela ne veut pas dire…

– que ce phénomène n’existe pas. En lisant les critiques adressées au concept de genre (ce à quoi je passe ma vie, parce que c’est mon sujet de thèse), on se rend compte que l’idée que le genre (résumé aux différences entre les sexes) serait construit implique, pour certaines personnes, que ces différences n’existeraient pas – ce qui est dénoncé comme inadmissible. Les études sur le genre prennent comme point de départ les différences dans les rôles attachés aux sexes, ainsi que les représentations, savoirs et croyances attachés à ces différences – il serait donc idiot de dire qu’elles n’existent pas. Mais il s’agit, à partir de ce constat difficilement dépassable dans nos sociétés, de faire la part de ce qui relèverait du naturel et du social. C’est le principe de la démarche constructionniste, qui montre que ces différences relèvent non pas d’un destin biologique (les femmes sont en moyenne moins fortes physiquement et doivent donc se cantonner à des rôles « féminins », les hommes sont naturellement moins attentifs aux autres et ne savent donc pas s’occuper des enfants) mais d’une construction sociale. On a attaché à des différences physiologiques et psychologiques observées (que cette observation soit juste ou non, c’est encore un autre problème) des différences d’ordre social et, en même temps, une hiérarchisation du féminin et du masculin.

– qu’on peut facilement s’en défaire et le manipuler au gré des choix et des caprices des individus. C’est là un autre élément fondamental dans les critiques adressées à la « théorie du genre »: si le genre est une construction sociale, alors l’individu est libre d’en changer comme de chemise, selon son humeur et ses envies. Au passage, c’est là une vision complètement erronée mais aussi violemment injuste de ce que sont les identités trans. Les études de genre mettent au contraire en évidence le poids des normes de genre sur le développement et l’identité psychosociale des individus. Toute dérogation à l’ordre du genre (le féminin est comme ceci, le masculin est comme cela) est susceptible de rappels à l’ordre et de punitions plus ou moins violents: par exemple, si vous êtes une femme qui ose s’affirmer et exprimer son opinion sur internet, ou faire des jeux vidéo; si vous êtes un homme perçu comme éfféminé, une femme trop masculine. L’ordre du genre est aussi fondé sur l’hétérosexualité; y déroger, c’est s’exposer aux violences homophobes (verbales, psychologiques, physiques). Plus de détails dans cet article.

– que cela n’a pas de conséquences ou de manifestations physiques. Pour l’exprimer autrement: dire que le genre relève d’une construction sociale ne veut pas dire qu’il appartient au ciel des idées, que c’est une espèce d’abstraction complètement séparée de la matérialité des corps. Le genre façonne les vies des individus, il façonne les corps, et il est faux de dire que les études de genre ne prennent pas en compte cette corporéité. On peut citer par exemple l’antéchrist la philosophe féministe et ennemie jurée des anti-genre Judith Butler, dont le livre Ces corps qui comptent est (ô surprise!) généralement oublié.

Cela veut dire…

– que nous vivons forcément dans un environnement social, et non dans un hypothétique état de nature. Ce cadre social est aussi le cadre de nos représentations et de nos idées. Il faut donc questionner ce qui nous paraît naturel, évident, allant de soi, questionner la part du social dans ces évidences. Je dis « la part du social », car le problème est toujours: où place-t-on le curseur? L’évolution récente des sciences (« exactes » et sociales) a conduit à limiter de plus en plus le domaine du naturel, à bousculer des évidences, mais cela est toujours en débat, par exemple concernant les différences sexuées dans le cerveau. Pascale Molinier l’explique de manière limpide dans la préface au texte d’Anne Fausto-Sterling, Les cinq sexes. Pourquoi mâle et femelle ne sont pas suffisants, dans un passage consacré à l’idée de construction du corps en fonction du genre:

Que le corps soit construit dans un processus biopsychoculturel ne veut pas dire qu’il n’est pas réel ou matériel, mais qu’il n’existe pas dans un état de nature qui pourrait être saisi en-dehors du social, nous vivons dans un monde genré où nous sommes en permanence lus et interprétés dans les catégories du genre. (Paris, Petite Bibliothèque Payot, 2013, p. 20)

– que l’identité psychologique, et a fortiori sociale, des individus s’inscrit donc dans ce cadre, et qu’il est impossible de s’en abstraire même si vous vivez dans le Larzac.

– que le genre, au lieu d’être un donné invariable, est inscrit dans une époque, un lieu, une culture. Etre un homme en 2014 en France, ce n’est pas la même chose qu’être un homme français au XVIIIème siècle ou qu’un homme mandchourien au XXIème. Cela peut paraître évident, mais croyez-moi, ce n’est pas le cas pour tout le monde.

D’où, pour conclure, le premier élément de la définition du genre donnée par le manuel Introduction aux études sur le genre (de Boeck 2012):

La première démarche des études sur le genre a été de faire éclater les visions essentialistes de la différence des sexes, qui consistent à attribuer des caractéristiques immuables aux femmes et aux hommes en fonction, le plus souvent, de leurs caractéristiques biologiques. La perspective anti-essentialiste est au coeur de la démarche de Simone de Beauvoir, quand elle écrit dans Le deuxième sexe, en 1949: « On ne naît pas femme: on le devient ». Il n’y a pas d’essence de la « féminité », ni d’ailleurs de la « masculinité », mais un apprentissage tout au long de la vie des comportements socialement attendus d’une femme et d’un homme. Autrement dit, les différence systématiques entre femmes et hommes ne sont pas le produit d’un déterminisme biologique, mais bien d’une construction sociale.


https://cafaitgenre.org/2014/11/11/le-g ... veut-dire/
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Re: Théorie du genre

Messagede Lila » 02 Nov 2017, 20:28

Qu’on le voie comme binaire ou comme un spectre, le genre demeure une hiérarchie

Avant-propos : Ce texte est le cinquième essai de ma série sur le sexe, le genre et la sexualité. Les quatre premiers sont disponibles sur mon blog (Sister Outrider) et en français ailleurs sur TRADFEM. Avec cet essai, je conteste la notion selon laquelle le genre peut être récupéré comme autre chose qu’un système hiérarchique. Ce texte est dédié à E, une lesbienne et féministe exceptionnelle.

à lire : https://entreleslignesentrelesmots.word ... ierarchie/
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Re: Théorie du genre

Messagede Pïérô » 07 Nov 2017, 16:26

Rencontre

« La croisade "anti-genre" : du Vatican aux manifs pour tous »

est édité par Textuel.

Paris, vendredi 10 novembre 2017

à 19h, Librairie Violette & Co, 102 rue de Charonne, Paris 11e

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L'église catholique et ses alliés en croisade contre les politiques du genre et de la sexualité.

Rencontre avec Sara Garbagnoli et Massimo Prearo pour la sortie de leur essai "La croisade"anti-genre" : du Vatican aux manifs pour tous" animée par Luca Greco

Qu'est-ce que « la théorie du genre » ? Qui s'y oppose et pourquoi ? Ce livre analyse les tenants et aboutissants d'une croisade lancée dès les années 1990, par le Vatican. Depuis, d'amples mobilisations hostiles à « la théorie du genre » ont été organisées dans des nombreux pays par des groupes catholiques déjà engagés dans la lutte contre l'avortement et l'euthanasie, pour réaffirmer l'« ordre naturel » du sexe et de la sexualité. Cet ouvrage révèle comment cette campagne transnationale a accompagné l'émergence d'un mouvement « anti-genre », en s'appuyant sur les cas d'étude français et italien.

Pourquoi et comment le concept féministe de genre est-il devenu l'ennemi principal du Vatican ? En étudiant la genèse et la logique de l'argumentaire « anti-genre », en reconstituant les étapes de la mobilisation qui en a fait une cause militante, cet ouvrage apporte un éclairage incontournable pour comprendre les enjeux et le succès de cette nouvelle croisade. Réactionnaire et anti-démocratique, elle est porteuse d'une contre-révolution épistémologique et politique."

Sara Garbagnoli est doctorante à l'Université Paris 3. Ses recherches portent sur sur la théorie féministe, l'analyse du discours et la sociologie des mouvements sociaux. Elle a publié dans la revue Religion & Gender et participé à l'ouvrage Anti-Gender Campaigns in Europe (Rowman & Littlefield).

Massimo Prearo est chercheur contractuel à l'Université de Vérone. Il étudie les mobilisations sexuelles. On lui doit Le moment politique de l'homosexualité. Mouvements, identités et communautés en France (PUL, 2014). Il est responsable scientifique du Centre de recherche PoliTeSse - Politics and theories of sexuality de l'Université de Vérone et co-dirige la revue Genre, sexualité & société.

Luca Greco est enseignant-chercheur à l'université Sorbonne-Nouvelle. Il consacre ses recherches aux questions linguistiques sur le genre.

http://www.violetteandco.com/librairie/ ... rticle1060
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