Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Messagede Nico37 » 26 Jan 2009, 00:15

Histoire des luttes et des conditions d'avortement des années 1960 à aujourd'hui

COLLECTIF IVP Avorter. Histoire des luttes et des conditions d'avortement des années 1960 à aujourd'hui.
[ISBN 978-2-912631-17-3, 132 p., 6€]
C'est un très vaste mouvement social qui a mené, en 1975, à l'adoption de la loi Veil autorisant l'avortement.
Ce livre parle de femmes et de luttes, d'avortement et de droit de choisir sa fécondité, de conquêtes passées et de quelques menaces à venir. Il part à la redécouverte d'une histoire peu connue, faite de clandestinité, de renversements de valeurs traditionnelles, d'enthousiasme collectif. Il est un appel a rester mobilisé-es sur un terrain où les acquis ne sont pas forcément si solides qu'ils paraissent.
Il est résolument militant, et accessible tant par le prix que par l'écriture.
Cela fait plus de vingt ans, dans le paysage éditorial français, qu'aucun livre pour le grand public n'avait retracé cette histoire, ni dressé un état des lieux des perspectives actuelles.


le livre est maintenant téléchargeable.
:arrow: http://tahin-party.org/textes/avorter.pdf
Nico37
 
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A. Fouque a la Librairie Publico:

Messagede Vilaine bureaucrate » 03 Oct 2009, 03:43

Sur ce livre: Génération MLF 1968-2008
Publico a écrit:Venues de tous les milieux, de tous les horizons, de tous les pays, elles ont crée ou rejoint le MLF. Ce mouvement a profondément transformé leur vie et celle de millions de femmes et d’hommes. Une cinquantaine d’entre elles témoignent ici et, toujours en mouvement, imaginent les libérations à venir, affirment que, présentes au monde désormais, les femmes sont la force émergente du XXIe siècle.

http://www.librairie-publico.com/spip.php?article498

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Caroline Fourest, feministe soc' dem' "pro choix" :

Une douce O.P.A. s'opère sur le Mouvement de libération des femmes. Le Parisien et Ouest-France annonçaient "les quarante ans du M.L.F."... Avec deux ans d'avance. Stupeur chez les féministes. Seraient-elles guettées par la maladie d'Alzheimer ? Serions-nous déjà en 2010 ? De l'avis des historiennes comme des militantes, les "années mouvement" remontent à 1970.

Des féministes étaient bien à l'oeuvre parmi les activistes de Mai-68, mais leurs préoccupations n'étaient pas la priorité du mois de mai, surtout pas celles de leurs camarades garçons. Il faut attendre 1970 pour assister à un mouvement revendiquant la libération des femmes à travers une série de temps forts collectifs : réunion à la faculté de Vincennes, dépôt de gerbe à la femme du "soldat inconnu" et numéro de la revue de Partisan proclamant "Féminisme : année zéro". Mais alors pourquoi cette précipitation et pourquoi certains médias datent subitement l'acte fondateur du M.L.F. au 1er octobre 1968 ? Cette date ne correspond à rien... si ce n'est à l'anniversaire d'Antoinette Fouque.

Aussi comique que cela puisse paraître, cette ancienne députée européenne, fondatrice des Editions des femmes, croit se souvenir avoir abordé la question avec deux amies le jour de son anniversaire en 1968...
Ce qui en ferait l'une des "fondatrices" du M.L.F. Son service de presse ne ménage pas ses efforts pour le faire savoir. Ouest-France l'annonce donc : "Il y a quarante ans, Antoinette Fouque créait le M.L.F.". L'époque est décidément propice aux impostures. Et pas seulement sur Internet. Le seul fait que ce canular médiatique fonctionne en dit long sur la méconnaissance, voire le mépris envers l'histoire du féminisme, jugée secondaire. Rappelons cette vérité simple : personne n'a fondé le Mouvement de libération des femmes. On ne décrète pas un mouvement social, surtout composé d'une telle multitude de courants et de groupes. Antoinette Fouque et son courant n'étaient qu'une composante parmi d'autres de ces "années mouvement".

Psychanalyse et Politique, c'était son nom, réunissait surtout des admiratrices, grâce à un mélange particulier de psychanalyse et de politique d'inspiration maoïste. Le "culte de la personnalité" tenait parfois lieu de pensée, sur un mode que plusieurs féministes ont décrit comme "sectaire" dans un livre : Chronique d'une imposture. Sur le plan des idées, Antoinette Fouque n'a cessé d'attaquer les "positions féministes-universalistes, égalisatrices, assimilatrices, normalisatrices" de Simone de Beauvoir. Elle serait plutôt du genre à exalter le droit à la différence et la supériorité de la physiologie féminine, dite "matricielle", sur un mode essentialiste quasi druidique. Dans ses textes, elle revendique la "chair vivante, parlante et intelligente des femmes". Le fait que les femmes aient un utérus - présenté comme le "premier lieu d'accueil de l'étranger" - expliquerait leur "personnalité xénophile". Comme si toutes les femmes étaient par nature incapables d'être nationalistes ou xénophobes. (...)

Le féminisme caricatural a toujours eu beaucoup de succès auprès des non-féministes. Loin de déconstruire les fondements naturaliste et différentialiste à l'origine de la domination masculine, ce féminisme essentialiste emprunte ses codes et se contente d'inverser les rôles. Pas question d'égalité ni de déconstruire le mythe social associé à la différence des sexes. Il suffit de remplacer le "sexe fort" par le "sexe faible", le patriarcat par le "matriarcat", et le tour est joué. Le grand public applaudit. Toute féministe un tant soit peu universaliste, égalitaire ou juste sensée, aurait plutôt envie de pleurer. Elles ont d'autant plus de mal à digérer l'O.P.A. d'Antoinette Fouque sur le M.L.F. qu'il ne s'agit pas d'une première tentative. En 1979, alors que cette grande prêtresse de la féminitude a jadis refusé de se dire féministe - un affreux concept "égalisateur" -, la voilà qui dépose le sigle "M.L.F.-Mouvement de libération des femmes" à l'I.N.P.I., l'Institut national de la propriété industrielle, pour pouvoir l'exploiter sur un mode commercial ! Depuis, ses admiratrices sont la risée des cercles féministes. Mais la mémoire ne vaut que si elle se transmet. Or, dans ce domaine, Antoinette Fouque dispose de moyens financiers non négligeables. Grâce à cette aptitude commerciale, sa maison d'édition a permis d'éditer des centaines d'auteures qui ont contribué à l'histoire des idées, parfois dans un sens féministe. Cela ne fait en rien d'Antoinette Fouque la fondatrice du M.L.F.

Que penserions-nous si une poignée d'amis décidaient de se proclamer "fondateurs" de Mai-68 parce qu'ils avaient rêvé de barricades deux ans plus tôt ? Une telle imposture ne passerait jamais, tandis que le refus de cette O.P.A. grotesque soulève quelques commentaires amusés, visant à réduire ce débat à une "querelle de filles".(...) Un tel mépris en dit long sur le chemin qu'il reste à parcourir. Le féminisme n'est pas une histoire de "filles", mais l'histoire d'un humanisme révolutionnaire qui a bouleversé le monde, comme peu d'idéaux peuvent se vanter de l'avoir fait. Cela mérite que l'on prenne au sérieux son histoire.


A. Fouques refuse l'appelation "féministe",et elle est essentialiste. Elle est contre l'affirmation féministe selon laquelle « Une femme est un homme comme un autre », elle affirmera qu'« Il y a deux sexes », titre de son premier recueil de référence.

Antoinette Fouque semble avoir toujours suscité la controverse. Dès 1973, des questions se posent au sein du MLF sur les modes d’action, le statut du mouvement, ses évolutions possibles, qui provoquent des oppositions nettes entre les différents groupes. D’une manière générale, le groupe Psychanalyse et politique, dirigé par Fouque, s’oppose aux autres groupes en s’affirmant antiféministe dans le sens où le féminisme "égalitaire" est pour lui une volonté de nier la spécificité féminine en se limitant à revendiquer pour les femmes le droit d’être des hommes comme les autres : "Égalité et différence ne sauraient aller l’une sans l’autre ou être sacrifiées l’une à l’autre. Si l’on sacrifie l’égalité à la différence, on revient aux positions réactionnaires des sociétés traditionnelles, et si l’on sacrifie la différence des sexes, avec la richesse de vie dont elle est porteuse, à l’égalité, on stérilise les femmes, on appauvrit l’humanité tout entière". (Fouque, 2004, p. 292)
La scission a lieu en 1979 quand Psych et po s’approprie le sigle MLF et l’enregistre comme "marque déposée", s’autoproclamant porte-parole du Mouvement de libération des femmes. Les échanges sur la place publique sont durs, chaque côté représentant deux conceptions opposées du militantisme et du mouvement des femmes. On retrouve, d’une part, le mouvement féministe révolutionnaire de tendance égalitaire, qui se réclame du Deuxième Sexe, et compte dans ses rangs Simone de Beauvoir, Christine Delphy, et Colette Guillaumin, d’autre part, le MLF d’Antoinette Fouque et de Psych et po, avec notamment Annie Leclerc, Hélène Cixous, Claudine Hermann et Luce Irigaray, qui défend la différence et que ses adversaires qualifient d’essentialiste.

Selon Christine Delphy, qui suscite elle-même la controverse aujourd’hui avec ses prises de position sur le port du voile et l’islamisme politique, "le dépôt par Psychanalyse et politique, un groupe issu originellement du mouvement, du titre et du sigle du mouvement de libération des femmes […] n’est que la dernière étape d’un long processus de détournement de fond ; d’un long travail où rien n’a été ménagé, surtout pas l’argent, à la poursuite d’un seul objectif : s’emparer du mouvement de libération des femmes, et le mettre au service de l’anti-féminisme". (Delphy, 1980)
(...)
Elle s’est toujours opposée à ce qu’elle appelle le "diktat castrateur" de Simone de Beauvoir : "On ne naît pas femmes, on le devient", en affirmant "on naît fille ou garçon, et désormais, on peut, on doit advenir femme ou homme". (P. 276)

http://sisyphe.org/spip.php?article2207


INTERVIEW - L'historienne Michelle Perrot.

Spécialiste de l'histoire des femmes, critique l'appropriation du Mouvement de libération des femmes (MLF) par Antoinette Fouque, qui fête les 40 ans du mouvement ce mois-ci. Elle lui reconnaît un grand rôle, mais rappelle que le MLF est né de la confluence de plusieurs mouvements de femmes.

La féministe Antoinette Fouque fête actuellement les 40 ans du MLF, et se présente comme co-fondatrice du MLF. Qu'en est-il des débuts de ce mouvement?

Le moment fondateur du MLF est, par convention, la manifestation sous l'Arc de triomphe, le 9 août 1970, où douze femmes déposent, de manière ironique, une gerbe à la femme du soldat inconnu. Ce n'est donc pas le 1er octobre 1968, comme l'explique Antoinette Fouque. Elle a effectivement créé un groupe féministe en 1968, de même que d'autres groupes se sont formés, comme «Féminin Masculin Avenir» créé par Anne Zelensky en 1967. Mais c'est l'année 1970 qui est considérée comme le début du mouvement : c'est une année riche en mobilisations féministes, avec une prise de conscience plus large des revendications. Antoinette Fouque n'est donc pas à elle seule à l'origine du MLF. Le mouvement ne désigne pas, d'ailleurs, une organisation précise, mais un très grand nombre de mouvements, de réunions, de manifestations. Le MLF n'est pas figé, il est extrêmement fluctuant, c'est une de ces caractéristiques principales. C'était là un aspect très stimulant et très vivant. Certaines femmes étaient présentes à toutes les réunions, d'autres allaient et venaient au gré de leur interêt.

Pourquoi, selon vous, Antoinette Fouque s'affirme comme étant à l'origine du MLF?

Elle a profité du fait que le mouvement des femmes n'a jamais su bien se structurer, s'organiser. D'ailleurs, en 1979, elle a déposé le sigle MLF en tant qu'association, sans demander leur avis aux autres militantes. Elle ne voulait pas que le mouvement soit oublié. Mais certaines lui en ont alors beaucoup voulu : le côté institutionnel ne correspondait pas à l'esprit du MLF. Surtout, cette action a été vécue comme une appropriation du mouvement par un seul groupe.

Je reconnaît cependant à Antoinette Fouque une formidable personnalité, un grand engagement en faveur des femmes, des actions très intéressantes comme la création d'une Edition des Femmes. Mais son attitude s'apparente un peu à une personnalisation abusive du MLF. On risque alors d'oublier le rôle de toutes les autres militantes. En ce sens, elle a un petit côté sectaire.

Il se trouve qu'elle bénéficie d'une reconnaissance nationale et internationale. Le féminisme français risque alors d'être perçu à l'étranger comme étant uniquement celui d'Antoinette Fouque. Or elle n'incarne qu'une partie de la pensée féministe française, qui est beaucoup plus vaste.

Quelle est justement sa conception du féminisme ?

Elle ne se définissait pas comme féministe. Pour elle, c'était un concept à dépasser. Elle s'opposait à Simone de Beauvoir, qu'elle accusait de vouloir copier le modèle des hommes. Elle voulait créer quelque chose de radicalement différent, en s'appuyant sur la psychanalyse. Elle avait fondé d'ailleurs un groupe, qui s'appelait « Psy et po » (psychanalyse et politique). Son féminisme, dit «essentialiste», ou «différencialiste», insiste sur une «essence», une spécificité des femmes. Pour elle, il existe des valeurs intrinsèquement fémi­nines, qui se fondent sur le fait de pouvoir donner la vie. Une capacité de création qu'elle étend par exemple à la création intellectuelle, à l'écriture féminine.

Beaucoup de femmes s'opposaient à cette conception. Les «féministes universalistes» ne voulaient pas que les femmes soient assignées à des différences, qu'elles soient vues en tant que mère uniquement. Pour ces femmes, les différences masculin /féminin sont surtout construites par la société. Ces pensées opposées se sont cependant un peu atténuées depuis.


Clémentine Autain apparentée PCF: http://www.dailymotion.com/video/k3f7mTieM32XWRNXvA
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Re: A. Fouque a la Librairie Publico:

Messagede JPD » 03 Oct 2009, 15:47

Qui a quarante ans :
le mlf ou le MLF ?


Article paru dans Courant alternatif novembre 2008

La tendance à l’appropriation des mouvements sociaux par des Partis ou des Eglises est une pratique universelle ! Elle s’appelle, suivant les lieux ou les époques, «récupération», «léninisme» ou stalinisme», «avant-gardisme»,. «populisme»... les armes : la force ou le chantage. Aucune initiative de la base n’est épargnée. Le mouvement des femmes non plus.



Eh oui, une fois encore il sera question ici de quarantième anniversaire ; pas celui de 68, mais presque ! On n'en fini pas !
On avait assez peu parlé des luttes spécifiques de femmes comme du mouvement de libération du même nom lors des commémorations du printemps dernier. Tout le monde s'accordait en effet à dire que ces mouvements avaient réellement démarré, c'est-à-dire occupé un espace important et visible dans la vie politique française (1), seulement à partir de 1970. Mais, ajoutions-nous pour notre part, cette émergence n'avait été rendu possible que grâce à l'explosion de mai, aux multiples espaces libérés en termes de parole et de pratique ; et, contrairement à ce que certains et certaines pensaient, les femmes, en 68, étaient plus que présentes dans les lieux les plus importants, mais les moins visibles pour l'Histoire et la postérité : les comités d'actions, les paroles de rue, les espaces décisionnels (hormi ceux liés aux organisations politiques).

D’un mouvement
de libération des femmes protéiforme...


Or, en ce début octobre, je lis dans Ouest France :
« Le 1er octobre 1968, dans un petit appartement de Paris prêté par Marguerite Duras, Antoinette Fouque et deux amies fondaient le MLF, le Mouvement de libération des femmes. Rencontre, quarante ans après, avec une sacrée “personnage” » (Ouest France, 3 oct 2008). Un peu méfiant vis-à-vis du « plus grand quotidien régional », l'information qui remettait au goût du jour une figure bien connue du spectre récupérateur et autoritaire, est restée dans un coin de mon cerveau… jusqu'au lendemain où à la TV je vois Antoinette Fouque raconter la même sornette sur un plateau à propos du… quarantième anniversaire du MLF.
L'escroquerie réalisée il y a trente ans de ça se reproduisait de nouveau ! En attendant qu'A. Fouque soit la dernière survivante et que plus personne ne puisse la contredire, il convient donc de revenir succintement, mais précisément sur l'histoire du MLF.
Le mouvement de libération des femmes est un mouvement, comme on dit mouvement ouvrier, mouvement des sans papiers, mouvement lycéen et autres. Il s'exprime publiquement et collectivement en 1970, avons-nous dit : le 26 août une gerbe à la femme du soldat inconnu est déposée à l'arc de triomphe.
Au printemps 70, un meeting public se déroule à la nouvelle université expérimentale de Vincennes et un numéro spécial de l'Idiot international « combat pour la libération des femmes » sort peu après.
A l'autome 70 : sortie d'un n° spécial de Partisan : « Libération des femmes année zéro »
Avril 1971, manifeste des 343 femmes déclarant s'être fait avorter.
Puis, mai 71 le 1er numéro du Torchon brûle . Dans le n° 2 on peut lire une définition parfaitement claire et acceptée par toutes dans le mouvement :
« "Le mouvement, ce sont toutes ces femmes qui se réunissent sur la base de leur révolte pour en mieux comprendre le pourquoi et le comment et pour pouvoir lutter ensemble. Le mouvement de libération des femmes n'est pas une organisation, il n'y a pas et il n'y a pas à avoir 'd'équipe dirigeante'."
Effectivement, le mouvement des femmes, à l'époque, est protéiforme, multiple, riche de contradictions et de polémiques ce qui peut lui conférer, si on tient à des définitions, un caractère libertaire.

Les tendances y sont nombreuses mais rarement figées. Des ponts existent grâce essentiellement à la pratique sociale et à un activisme forcené et jubilatoire. Ce n'est pas ici l'objet de l'article mais rappelons-en quelques grandes lignes.

Il y a les révolutionnaires avec une tendance plus ou moins marxiste qui regroupe les gauchistes en porte à faux dans les organisations de l'époque dominées par des hommes. Et puis aussi les femmes libertaires de Colère.

Il y a les tendances « féministe radicale » : M. Wittig avec pour objectif pour les femmes de devenir « lesbiennes » (non pas comme préférence sexuelle, mais pour ne pas être « femme » c'est-à-dire un concept dessiné par la domination masculine). Et C. Delphy, tendance que j'appellerai plus influencée par la sociologie, proche en fait de la première tendance, qui préconise une reconquête du pouvoir par les femmes pour briser un patriarcat dont le lieu central d'élaboration de son pouvoir est la famille et le travail domestique.
Il y a les beauvoiriennes dites réformistes (collectifs d'aides) très « servir le peuple » et flirtant avec le maoïsme (mais elles ne sont pas les seules !).
Et puis, la tendance psych et po, avec A. Fouque, partie de l'analyse psychanalytique, mais anti freudienne en ce sens que, selon elle, le concept de libido est essentiellement masculin.
Impossible de décrire ces tendances sans rester un peu dans le flou ni faire d'erreurs, d'autant que beaucoup de ponts existent de l'une à l'autre. C'est cette ensemble évoluant au sein d'un mouvement sans attaches tendancielles de dizaines de milliers de femmes luttant sur tous les terrains qui est le réel mouvement de libération des femmes.
Sauf pour la tendance « psych et po » dont les ambitions hégémoniques sont à la hauteur de ses possibilités financières. C'est la riche héritière Sylvina Boissonas qui finance les éditions des femmes en 73 (comme elle l'avait fait pour l'Idiot international de Jean Edern Hallier dont nous parlions plus haut), la Librairie des femmes et le Quotidien des femmes en 74, puis le journal des Femmes en mouvement en 1977.
A noter que transparaît clairement l'idéologie avant-gardiste, voire stalinienne (elle flirte elle aussi avec un certain maoïsme mondain) à travers l'utilisation des mots : éditions, librairie, quotidien… DES femmes. Non pas DE femmes, mais DES femmes. Il ne saurait être question qu'il y en ait d'autres ! Même le PCF ne s'est pas appelé Parti DES communistes (ils n’en pensaient pas moins !), mais parti (d'orientation) communiste. Idem pour la fédération anarchiste, ce n'est pas la fédération DES anarchistes mais une fédération d'orientation anarchiste. C'est comme si un parti d'avant garde s'appelait « Mouvement ouvrier », point.
Il s'agit bien là d'une posture politique qui n'est pas intrinsèquement liée à ses positions sur le féminisme (qui contiennent bien des élément à mes yeux intéressants permettant un peu de recul pour entrer dans les débats actuels sur le genre, trop souvent marqués par une mode venue d'outre atlantique) : en gros, refus du féminisme « égalitaire » voulant faire des femmes des « hommes comme les autres » elle revendique une spécificité féminine.
"Égalité et différence ne sauraient aller l'une sans l'autre ou être sacrifiées l'une à l'autre. Si l'on sacrifie l'égalité à la différence, on revient aux positions réactionnaires des sociétés traditionnelles, et si l'on sacrifie la différence des sexes, avec la richesse de vie dont elle est porteuse, à l'égalité, on stérilise les femmes, on appauvrit l'humanité tout entière". (Fouque, 2004, p. 292)
Rien de repoussant dans tout ça. En revanche l'orientation politicarde et organisationnelle l'est fondamentalement : en 79 Fouque et Boissonas vont au bout de leur rêve de puissance et créent une association MLF, déposent le sigle et récupérent ainsi légalement le mouvement.

...à un MLF
marque déposée


Ajoutez à cela un fonctionnement proche des sectes c'est-à-dire jouant sur le chantage affectif, phagocytant parfois les nouvelles arrivantes et vous avez presque la totalité du tableau d'un groupe hiérarchisé, avec ses gourous, son opacité financière…

"le dépôt par Psychanalyse et politique, un groupe issu originellement du mouvement, du titre et du sigle du mouvement de libération des femmes […] n'est que la dernière étape d'un long processus de détournement de fond ; d'un long travail où rien n'a été ménagé, surtout pas l'argent, à la poursuite d'un seul objectif : s'emparer du mouvement de libération des femmes, et le mettre au service de l'anti-féminisme". (Delphy, 1980)

S'emparer du mouvement des femmes c'est une certitude. Au service de l'antiféminisme c'est aller un peu vite car même si A. Fouque prétend ne pas l'être on peut, malgré tout, être ce qu'on pense ne pas être. Et elle l'est, à mes yeux, dans l’orientation qu'a aujourd’hui le féminisme dans la société française ,35 ans plus tard, c'est-à-dire une simple revendication égalitaire dans la société telle qu'elle est. Et Fouque est allé ensuite au bout de sa logique d'intégration qui la situe aux antipode d'un mouvement à caractère libertaire (je parle-là de l'aspect culturel et non politique).

Fouque n'est pas anticapitaliste comme Delphy qui, par ailleurs, ne néglige pas non plus les honneurs offerts par notre société patriarcale et capitaliste, supposés faire avancer la cause des femmes (docteur honoris causa de l'université de Lausanne).

Une fois le MLF réduit à une marque déposée, A. Fouque peut réécrire l’histoire, s’attribuer le premier rôle et, cerise sur le gâteau dater l’acte de naissance du mouvement du jour de... son propre anniversaire.
Plus tard, en 1989 Fouque crée l'alliance des femmes pour la démocratie. Elue radicale de gauche au parlement européen de 94 à 99 aux côtés de Bernard Tapie dont on connaît l'attachement à la cause des femmes ! Officier des arts et lettres en 2002 et Légion d'honneur en 2006.
Il n’y a qu’un mot à dire : nous ne sommes pas du même monde et la théorie n'y fera rien !

JPD

(1) Il va sans dire que je parle ici de la vraie vie, pas de ces ersatz qui ne sont que gesticulations politiciennes auxquelles se livrent les « spécialistes », les « stipendiés » et les « zélus ».
JPD
 
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Les Cahiers du féminisme (1977-1998)

Messagede bipbip » 27 Mai 2011, 00:14

Parution
Les Cahiers du féminisme (1977-1998)
Dans le tourbillon du féminisme et de la lutte des classes


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Les éditions Syllepse et organisent une rencontre avec les auteures, le mardi 14 juin 2011, à 18h30 à la librairie La Brèche, 27 rue Taine, 75012 Paris, métro Daumesnil.

Ce livre collectif retrace l’expérience des Cahiers du féminisme, une revue «féministe-luttes de classes », qui pendant 20 ans a tenté d’éclairer, par ses reportages et sa réflexion, les questions qui se posaient à l’époque dans le bouillonnement (ou les reflux) du mouvement des femmes et du mouvement ouvrier. Pour les rédactrices, toutes bénévoles, membres d’une organisation d’extrême gauche (la Ligue Communiste Révolutionnaire), il s’agissait de relire l’histoire et de s’emparer de l’actualité politique avec le regard aiguisé de militantes, salariées et syndicalistes, profondément engagées dans le combat féministe collectif. Les rédactrices de ce livre, épaulées par une historienne féministe tentent de nous faire partager les enthousiasmes et les interrogations qui ont été à la source de la fabrication, numéro après numéro, de cette revue originale à plus d’un titre. Au fil des chapitres, les auteures font surgir l’arrière-plan politique et militant qui a alimenté les rubriques ou les dossiers de cette revue. Parmi les questions abordées, celles-ci : comment s’est traduite, dans la revue, cette soif d’histoire de la génération féministe de la deuxième vague ? Quel écho et quel sens les Cahiers ont-ils donné aux mobilisations en faveur de l’avortement, de la contraception, de la sexualité ? comment la lutte pour avoir « le temps de vivre » a-t-elle percuté la division sociale et sexuée des tâches dans la famille, le monde du travail et la politique ? Quelle place ont prise les femmes dans les luttes et les mouvements sociaux en France et sur le plan international ? Comment se sont-elles organisées ? Comment les Cahiers du féminisme se sont-ils situés dans des débats qui rebondissent aujourd’hui comme celui sur le foulard musulman à l’école, la laïcité et l’émancipation des femmes ? Où en sont les féministes aujourd’hui ? Les auteures nous invitent à faire un va et vient permanent entre les interrogations d’hier et d’aujourd’hui.

http://www.syllepse.net/lng_FR_srub_86_ ... 1998-.html
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Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Messagede Pïérô » 31 Déc 2011, 14:12

un texte synthétique sur IRESMO, http://iresmo.jimdo.com/

Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

formation · 2011, Intervention à la Bibliothèque de Wissous - Samedi 10 Décembre 2011

Des spécialistes en anthropologie (dont Françoise Héritier[1]) considèrent que les femmes, quelles que soient les époques et les sociétés, ont toujours connu une situation de domination liée à la nécessité pour les hommes de contrôler la reproduction et leur filiation. S’il y eu des mouvements de femme[2] à différents moments de l’histoire, il faut attendre le XIXème siècle pour dater généralement la naissance d’un mouvement féministe.

Dans cette intervention, nous souhaitons présenter le mouvement féministe tant dans son histoire et ses théories que son actualité en France aujourd’hui. Comment le mouvement féministe a-t-il évolué depuis le XIXème siècle ? Quels sont les différents courants qui l’ont traversé et qui le traverse encore ? Nous demanderons pour finir si, après les revendications obtenues par le mouvement féministe (en particulier dans les années 1970), on peut dire que le féminisme est une survivance archaïque ou s’il demeure d’une réelle actualité.


I- Histoire et théories du mouvement féministe


A- Histoire du mouvement féministe


1- La première vague du féminisme

Il existe au XVIIIème siècle et durant la première moitié de XIXème siècle des hommes et des femmes que l’on peut considérer comme des précurseurs du féminisme. Ainsi le philosophe Condorcet prône-t-il l’éducation des femmes en soutenant que leur infériorité intellectuelle ne serait que l’effet du manque d’instruction dont elles souffrent. De son côté, durant la Révolution française, Olympe de Gouges rédige une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. On trouve également un souci des droits et de l’émancipation de la femme chez certains socialistes comme les Saint-simoniens (le Père Enfantin) ou chez Charles Fourier, et cela dès la première moitié du XIXème siècle.

Mais il faut attendre la fin du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle pour que se développe réellement ce que les historiennes qualifient de première vague du féminisme. Celle-ci est caractérisée par la revendication de droits égaux en matières politique et professionnelle. Des femmes veulent pouvoir exercer les mêmes professions que les hommes (avocat ou médecin par exemple). Elles réclament également de participer aux élections et d’être éligibles, comme le revendique en particulier le mouvement des suffragettes, constitué surtout de femmes issues de la bourgeoisie.

Parmi les figures de la première vague du féminisme, on peut citer le cas de Marguerite Durand. Ancienne comédienne, elle fonde le premier journal entièrement rédigé par des femmes et pour des femmes, La fronde. En 1931, elle lègue sa documentation à la Ville de Paris, créant ainsi le fond de ce qui est devenu la Bibliothèque Marguerite Durand sur l’histoire des femmes et du féminisme.

Paradoxalement, c’est l’anti-cléricalisme de la gauche française, et en particulier du mouvement radical, qui semble avoir retardé l’accès des femmes françaises au droit de vote. En effet, les femmes sont réputées être davantage sous la coupe de l’Eglise et donc portées à voter à droite. Ainsi, alors que la plupart des Etats occidentaux ont accordé le droit de vote aux femmes dans les années 20 ou 30, il faut attendre 1944 pour que ce soit le cas en France.


2- La deuxième vague du féminisme

Ce que l’on appelle la seconde vague du féminisme en France émerge dans le sillage de l’ouvrage de Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe (publié en 1949), et provient du mouvement féministe américain – le Womans Lib - (lui-même influencé par le mouvement noir américain), de Mai 68, et plus généralement de transformations sociales profondes concernant tant l’accès des femmes au travail que la contraception (loi Neuwirth sur la contraception de 1967). Le Mouvement de libération des femmes (MLF) naît donc en 1970, suite à l’impression qu’ont eue les jeunes femmes militantes en 1968 que les hommes ne les considéraient pas égalité, ne leur donnaient pas d’autres fonctions que domestique ou technique, et ne s’intéressaient pas à leurs revendications spécifiques. Le MLF tente ainsi d’instaurer une nouvelle forme de militantisme reposant sur un fonctionnement horizontal, incluant des groupes de parole où les femmes peuvent discuter de leurs problèmes dans la vie courante, même intime (par exemple la sexualité).

Les revendications portées par le mouvement féministe des années 1970 se traduisent en particulier par la loi sur le droit à l’avortement (1975) après de fortes mobilisations.

Après cela le MLF se tourne vers la dénonciation des violences faites aux femmes, en particulier du viol. Mais l’ensemble des mouvements sociaux nés dans le sillage de Mai 68 s’essoufflent. En 1979, l’une des leaders des trois tendances du MLF dépose le sigle, conduisant les autres tendances à ne plus pouvoir l’utiliser.


Ces tendances au sein du MLF sont le reflet de différences théoriques fortes quant à l’analyse du mouvement féministe et de ses objectifs.


3- Les théories du mouvement féministe

Le mouvement féministe de la première vague insiste avant tout sur la dimension politique des revendications féministes, à savoir les droits civiques. La femme doit être l’égale de l’homme. Le sexe de référence reste le sexe masculin. Ce féminisme est qualifié de libéral-égalitariste ou universaliste. Ce courant d’analyse perdure par exemple actuellement dans les ouvrages d’Elisabeth Badinter.

Le mouvement féministe de la deuxième vague au sein du MLF est divisé en trois tendances principales. Le féminisme « lutte des classes », qui constitue l’une d’elles, est issu du marxisme. Il y a un féminisme marxiste qui trouve sa source d’inspiration dans l’ouvrage d’Engels, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat. Selon ce dernier, l’inégalité sociale entre hommes et femmes prend son origine dans l’avènement de la propriété privée. Les femmes ne doivent donc pas lutter prioritairement pour leur émancipation, mais pour celle du prolétariat dans son ensemble. Une fois la révolution réalisée, les femmes également seront de fait libérées.

Le second courant théorique qui travers le féminisme des années 1970 est le féminisme radical et, en particulier, radical matérialiste. Pour les féministes radicales, les femmes doivent chercher à lutter et à s’allier principalement entre femmes, qu’elles soient bourgeoises ou ouvrières, plutôt que sur la base d’une classe économique où elles se retrouveraient avec des hommes qui ne tiendraient pas compte de leurs problèmes spécifiques. Les féministes radicales matérialistes considèrent plus particulièrement que les femmes sont victimes d’une exploitation de leur travail dans les tâches ménagères et l’éducation des enfants : ce sont des tâches qu’elles effectuent gratuitement. Parmi les théoriciennes de ce courant, on peut citer Christine Delphy.

Le troisième courant est aussi un courant féministe radical, mais différentialiste. Ce courant insiste sur la différence naturelle qui existerait entre les hommes et les femmes. Pour ces féministes, les femmes doivent revendiquer la reconnaissance de leur spécificité. Ce courant est porté en particulier dans les années 1970 par Antoinette Fouque sous le nom de Psychanalyse et politique (abrégé: psyché-po). Dans les années 1980, ce courant, influencé par la psychanalyse et le travail de Jacques Derrida, devient dominant aussi bien en France qu’aux Etats-Unis sous le nom de French feminism. Des personnalités telles que Julia Kristeva, Helene Cixous ou Sylviane Agazinski peuvent, dans des registres différents, y être rattachées.

C’est contre le différentialisme de la French feminism qu’un courant théorique qui a eu une importance non négligeable sur la troisième vague (actuelle) du féminisme se constitue à la fin des années 1980. Il s’agit de la théorie queer. Sa représentante la plus connue est Judith Butler dont l’ouvrage Trouble dans le genre est publié aux Etats Unis en 1990. La théorie queer critique la thèse de l’identité féminine du courant différentialiste. En distinguant le sexe biologique et le genre, construction sociale, les théoriciennes du queer défendent la thèse selon laquelle les identités ne sont pas naturelles, mais sont des constructions sociales qui peuvent être déconstruites par les individus, en les jouant dans des « performances ». D’où l’importance dans la théorie queer de la figure du travestissement : l’identité biologique et l’identité sociale d’un individu peuvent ne pas coïncider. Certaines femmes sont considérées comme masculines, certains hommes comme efféminés, certaines personnes sont homosexuelles ou bisexuelles. Les identités de femmes ou d’hommes sont plus complexes dans les faits que ce qu’entendent nous imposer les normes sociales.

Il est possible d’ajouter à cette présentation deux autres courants théoriques du féminisme qui ont un certain poids actuellement :

Dans les pays du Sud, autour de luttes de femmes qui résistent à la destruction par des multinationales de leur environnement naturel et traditionnel, condition de subsistance de leurs tribus, se développent des discours éco-féministes portés entre autres par la physicienne indienne Vandana Shiva. Les femmes seraient plus proches des techniques traditionnelles et d’une relation plus authentique à leur environnement naturel ; ce qui expliquerait un lien quasiment intrinsèque entre luttes féministes et luttes écologistes.

Un autre courant théorique issu des milieux afro-américains s’intéresse plus particulièrement au lien entre féminisme et minorités ethniques dans les sociétés occidentales. Ces théories de l’intersectionnalité, dont la philosophe Elsa Dorlin est l’une des introductrices en France, traitent par exemple de la manière dont la question du féminisme se pose pour une jeune fille issue de l’immigration maghrébine. Cette dernière ne souhaite peut-être pas être sommée de choisir entre des convictions féministes et sa croyance musulmane : elle peut en effet se revendiquer féministe musulmane voilée sans considérer cela comme contradictoire.

Mais après les grands mouvements de lutte des femmes des années 1970 et les conquêtes politiques et sociales des féministes, peut-on considérer que « le plus gros a été acquis » et que le mouvement féministe n’est plus qu’une survivance archaïque ? Le succès de la théorie queer ne montre-t-il pas que les revendications féministes sont dépassées et que la question essentielle est désormais celle des identités sexuelles ?



II- Actualité du mouvement féministe en France


Un peu plus de 40 ans après la naissance du MLF, le mouvement féministe français actuel apparaît divisé et peine à constituer autour des enjeux féministes des mobilisations de masse, comme ce fut le cas dans les années 1970.

Le mouvement féministe en France a voulu se donner, dans le sillage du mouvement de grève de décembre 1995, une nouvelle impulsion autour d’une unification des forces féministes. C’est ainsi qu’en janvier 1996 se crée le CNDF – Collectif national pour les droits des femmes -. Ce collectif réunit à la fois des organisations politiques, des syndicats et des associations féministes. Se situant dans le sillage du mouvement féministe de la seconde vague, il privilégie des thématiques telles que la lutte contre les violences faites aux femmes, la défense du droit à l’avortement ou encore l’égalité dans le travail. Ce sont les mêmes organisations que l’on retrouve en France dans la Marche mondiale des femmes (créée en 1998) qui organise tous les cinq ans un événement mondial.

Mais à côté de ce mouvement féministe sont apparus des collectifs féministes, réputés composés de militantes plus jeunes et dont les analyses, les revendications et les stratégies d’action ont pu entrer en contradiction avec celles qui étaient présentées par leurs aînées. C’est ce que l’on appelle la troisième vague du féminisme. Ces jeunes féministes, marquées par l’introduction en France, et en particulier dans les milieux universitaires, de nouvelles problématiques venues des Etats-Unis, mettent en avant la difficulté à penser la catégorie de femme comme une catégorie unifiée. Ce sont entre autres autour des questions du voile et de la prostitution que les composantes du mouvement féministe français se déchirent.

Mais ces oppositions ne sont pas les seules qui traversent le mouvement féministe ou créent des clivages avec d’autres mouvements sociaux. Ainsi, les revendications d’égalité homme/femme dans l’entreprise et en politique se caractérisent également par leurs propres lignes de clivage. De même, les relations entre féminisme et écologie ne s’avèrent pas pacifiées.

En effectuant une synthèse et une rapide analyse de ces controverses et lignes de fracture, je souhaite faire apparaître les éléments sur lesquels peut-être le mouvement féministe doit peut-être travailler afin de tenter de construire une unité de revendication et d’action lui permettant d’aller vers une plus grande efficacité.



A- Des revendications persistantes


Il est possible de remarquer qu’un certain nombre d’axes de revendication ouverts en particulier dans les années 70, ou même avant, continuent d’être des thématiques de campagnes des mouvements féministes actuels en France.

- La question du partage des tâches domestiques et de l’éducation des enfants

La question de l’inégale répartition des tâches liées au travail domestique et à l’éducation des enfants continue d’être une thématique des organisations féministes françaises. Il est en particulier rappelé régulièrement, à l’occasion du 8 mars, journée internationale de la femme, les inégalités en la matière.

Pour autant, remarquons qu’au-delà d’un discours de principe sur le partage des tâches ménagères ou de l’éducation des enfants, les campagnes ou les revendications concrètes sur ce sujet ne sont pas très audibles dans les espaces public et médiatique.

Cela tient, sans doute, entre autres, à la difficulté d’intervenir dans ce qui est perçu comme l’espace privé et intime du couple ou de la famille. Ainsi aucune campagne n’a été lancée pour une grève des tâches ménagères ou des rapports sexuels, comme cela avait été le cas dans les années 70 à l’appel du MLF.

Cependant, des dissensions naissent autour de la question de la place des pères dans l’éducation des enfants et en particulier, en cas de divorce, de la garde des enfants qui étaient jusque récemment confiés systématiquement aux mères.


- Les violences faites aux femmes : femmes battues et viols

La question des violences faites aux femmes constitue a priori une dénonciation commune à tou(te)s les féministes.
Les féministes ont obtenu des législations spécifiques sur le viol et les violences conjugales, y compris le viol conjugal.
Ces dernières années, le CNDF a mis en avant la revendication d’une loi cadre contre la violence faite aux femmes, et l’association Osez le féminisme, proche du PS, a en 2010 médiatisé une campagne de sensibilisation à la question du viol.

Néanmoins, cette thématique, qui semblerait consensuelle entre féministes, a généré des tensions quand la question des violences faites aux femmes a été selon certaines féministes instrumentalisée à des fins racistes pour stigmatiser les jeunes hommes issus du Maghreb. Cette controverse s’est manifestée par exemple au sujet du phénomène des « tournantes », où l’on a vu s’opposer les féministes du Mouvement Ni Putes, ni Soumises et les féministes des Indigènes de la République.


- La maîtrise par les femmes de leur contraception et de leur sexualité

Cette thématique a récemment fait l’objet de l’actualité à travers tout d’abord la menace de fermeture pesant sur des centres pratiquant l’IVG, en raison des mesures liées à la Révision générale des politiques publiques.

La question de la sexualité des femmes a été plus particulièrement mise en avant médiatiquement avec la campagne « Osez le clito » par l’association Osez le féminisme début 2011.


- L’égalité dans le travail et en politique

L’interrogation sur l’égalité homme/femme en politique et dans le monde du travail met en évidence une sous-représentation des femmes en politique et une inégalité des salaires, ainsi que d’une prépondérance des temps partiels ou du chômage des femmes.

Mais ces deux thématiques ont encore fait l’objet de divisions parmi les féministes.

En ce qui concerne la représentation politique, la fin des années 1990 a été marquée par les débats autour de la question d’une loi sur la parité que l’on a présentée de manière un peu simpliste comme l’opposition entre des féministes libérales-égalitaristes universalistes et des féministes différentialistes.

La question des revendications salariales ne fait pas elle non plus l’objet d’une unanimité dans ses formulations par les féministes. Ainsi, certaines revendications, concernant par exemple la place des femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises, peuvent apparaître comme reflétant les intérêts des femmes « bourgeoises », en l’occurrence des femmes issues des classes moyennes cultivées.

Ainsi, ces thématiques, initiées pour nombre d’entre elles dans les années 70, par le féminisme de la 2e vague, continuent d’avoir une actualité revendicative, mais, pour autant, le contenu de ces revendications ne fait pas toujours l’unanimité.



B- Le renouvellement des problématiques

Deux thématiques sont l’objet de nouveaux clivages entre féministes : il s’agit d’une part de la prostitution, et d’autre part des lois sur le voile et la burqa.


- La question de la prostitution :

Les débats féministes sur la prostitution ne sont pas nouveaux, mais ils ont subi un certain renouvellement sous l’influence de l’importation de ce que l’on a appelé aux Etats-Unis les sex wars et de la place des identités et des sexualités minoritaires dans les milieux queer.

Ainsi est apparu un courant auto-dénommé « pro-sex » qui a introduit la question d’un statut de travailleur et de travailleuse du sexe qui regrouperait les travailleurs du secteur de la pornographie et les prostitué(e)s.

Alors que certaines féministes, qui sont qualifiées par leurs adversaires de réglementaristes, tentent de s’organiser en syndicat du travail sexuel et d’obtenir un statut de travailleur du sexe, les autres revendiquent l’abolition de la prostitution analysée comme une forme d’exploitation sexuelle et prennent pour modèle la législation suédoise qui poursuit les clients.


- La question du foulard islamique et de la burqa

Les affaires dites du voile islamique, médiatisées à partir de la fin des années 1980, puis la loi sur les signes religieux ostentatoires et encore plus récemment les débats sur la burqa ont produit de nouveaux clivages au sein du mouvement féministe.

D’un côté, certaines féministes, qualifiées de républicaines, mettent en avant le caractère sexiste du voile, au nom de la défense de la laïcité. Se situant à la fois dans la tradition républicaine de critique des religions et de leur pouvoir politique, elles s’opposent également au voile comme une marque spécifique de l’oppression des femmes.

De l’autre côté, des féministes, s’auto-proclamant anti-racistes, analysent les dénonciations du voile et de la burqa comme une instrumentalisation, à des fins racistes, du féminisme. Elles font alors du voile une des multiples manières individuelles de vivre sa religion et non le signe d’une oppression à caractère sexiste.

Entre les deux, d’autres féministes essaient de tenir un difficile équilibre entre anti-racisme, critique des religions et féminisme, en prônant la position dite « Ni loi, ni voile ». Ce fut par exemple aussi bien la position de l’ex-LCR que celle d’Alternative libertaire.


- Féminisme et écologie : le conflit ?

Enfin, s’il ne s’agit pas d’un débat interne au mouvement féministe, il est intéressant de rappeler la polémique créée par l’ouvrage d’Elisabeth Badinter, Le conflit, qui mettait en avant les clivages qui peuvent exister entre le naturalisme écologiste et le constructivisme féministe.

Ainsi, alors que dans d’autres pays, en particulier du Sud, questions écologistes et questions féministes peuvent se trouver fortement liées, en France, ces deux milieux ne dialoguent que peu entre eux ; ce qui apparaît notable dans les revendications qui sont portées par les deux mouvements.


Conclusion :

Il est possible de se demander pour terminer si ces lignes de fracture constituent les principaux obstacles que doit surmonter le mouvement féministe, si son action se trouve affaiblie par ces déchirements internes.

Certes, ces divisions sont peut-être une des causes de la difficulté du mouvement féministe actuel à toucher lors de ses actions un public plus large que le milieu strictement militant.

Mais il est nécessaire de relativiser également la portée de ces clivages :

- Mis à part la question du voile, les autres problématiques énoncées ne sont pas spécifiquement nouvelles.

- Ces clivages qui sont présentés comme opposant les féministes de la 2e vague et celles de la 3e vague ne sont pas toujours une grille de lecture opérante. En effet, de nombreux jeunes féministes ont des positions qui sont celles de la 2e vague. Il semble plutôt qu’il faille y voir un conflit de positions, plutôt qu’un conflit de générations.

- Enfin, n’oublions pas que le MLF était lui-même fortement divisé en interne entre diverses tendances : matérialistes radicales, psyché-po, lutte de classes…


La difficulté du mouvement féministe actuel à prendre de l’ampleur résiderait alors dans des différences de contexte. Peut-être en effet est-il plus facile de se mobiliser contre une loi que de tenter d’obtenir l’application d’une autre ?


--------------------------------------------------------------------------------

[1] Françoise Héritier, Masculin-Féminin I. La pensée de la différence, Paris, Éditions Odile Jacob, 1996 ; rééd. 2002.

[2] On peut noter comment l’auteur comique athénien Aristophane en met en scène un à travers la grève du sexe organisée par les femmes pour protester contre la guerre (cf. sa pièce intitulée, Lysistrata). Rappelons également les émeutes pour le pain à la veille de la Révolution française pendant lesquelles une marche des femmes vers Versailles conduisit ensuite la famille royale à rejoindre Paris.

http://iresmo.jimdo.com/2011/12/11/histoire-théories-et-actualité-du-mouvement-féministe/
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Re: Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Messagede anouchka » 26 Fév 2012, 20:59

Caroline Granier viendra discuter avec vous samedi 10 mars à la librairie Publico (Parsi 11ème) , à l'occasion de la réédition de "Aline-Ali" d'André Léo paru en 1869. Ce livre d'une étrange actualité peut être considéré comme l'un
des premiers ouvrages féministes abordant la notion de genres.

Aline-Ali
André Léo (première édition 1869)
Réédition présentée et annotée par Cecilia Beach, Caroline Granier et Alice Primi.

André Léo (pseudonyme de Léodile Béra, 1824-1900), romancière, journaliste et essayiste, fondatrice en 1868 de la Société pour la Revendication des droits des femmes, s’est distinguée par son engagement sans concession en faveur des droits individuels, au nom de ses convictions démocrates et socialistes. Sa condamnation pour sa participation à la Commune l’a conduite à un long exil, en partie responsable de l’oubli dans lequel elle a longtemps été reléguée. Son œuvre est progressivement redécouverte aujourd’hui.

« Je n’ai point encore lu Aline-Ali, mais j’ai entendu dire en effet qu’il faisait scandale. On a même arrêté ma femme dans la rue pour le lui dire en levant les bras au ciel. J’en conclus que le livre est fort bon. »

(Élisée Reclus, lettre non datée à André Léo, autonome 1869)

Paris, années 1850. La jeune et charmante Aline de Maurignan s’apprête à épouser l’aimable et fortuné Germain Larrey, quand cette idylle est brutalement interrompue par les révélations de Suzanne, la sœur aînée d’Aline. Désespérée par ses propres malheurs, qui lui ont ouvert les yeux sur l’assujettissement des femmes, elle exhorte sa cadette à ne pas se marier afin de préserver sa liberté et sa dignité.

Dotée d’un caractère ferme et indépendant, Aline se voue dès lors à une quête idéaliste : vêtue d’habits masculins, elle voyage sous le nom d’Ali, cherchant à vivre librement, à égalité avec les hommes. Le travestissement engendre des confusions riches d’enseignement : entre Ali/ne et Paolo, des sentiments troubles voient le jour, mais le retour d’Aline à son identité féminine n’apporte pas de solution : comment poursuivre une relation nouée entre égaux, dans une société où les rapports entre hommes et femmes reposent sur une inégalité fondamentale ? De désillusions en renoncements, l’héroïne choisira finalement de dépasser sa révolte personnelle pour se vouer à un engagement social et politique collectif.

Un siècle avant l’invention du concept de genre, le personnage d’Ali/ne démontre que les identités sexuées sont des constructions culturelles, historiques et profondément politiques. Par ce roman d’apprentissage et d’amour, qui relève à la fois de l’écriture engagée et de la littérature utopique, André Léo cherchait à éclairer ses contemporain-e-s sur le système patriarcal, mais aussi à interpeller l’ensemble des démocrates sur la question de l’émancipation.

Aujourd’hui encore, cette étrange fiction nous met face aux contradictions de notre société concernant les rapports entre les sexes et nous invite à réfléchir aux moyens de notre propre émancipation.

Réédition présentée et annotée par Cecilia Beach, Caroline Granier et Alice Primi, publiée par l’Association André Léo, Publications Chauvinoises, 2011 (avec une préface, une biographie de l’auteure, des notes et une postface). 184 pages. Disponible auprès de l’Association André Léo, Centre André Léo / Place du Bail / 86600 Lusignan

Samedi 10 mars
Paris 11e
A 16h30

http://www.librairie-publico.com/
(Librairie du Monde libertaire, 145 rue Amelot, ouverte du lundi au
vendredi de 14 H à 19 H 30 et le samedi de
10 H à 19 H 30).
Métro République, Oberkampf ou Filles du Calvaire.
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« Un féminisme qui ne compte pas émasculer les hommes » : la

Messagede Nyark nyark » 26 Aoû 2013, 11:41

« Un féminisme qui ne compte pas émasculer les hommes » : la « bonne nouvelle » de France Inter

Ce lundi matin, sur France Inter, la journaliste Clara Dupont-Monod recevait Anne-Cécile Mailfert, d’Osez le féminisme. D’abord interrogée sur la campagne de l’association pour l’entrée de cinq femmes au Panthéon, la porte-parole a ensuite dû répondre à plusieurs questions et/ou commentaires venus d’un autre temps. Clara Dupont-Monod :

« Osez le féminisme, c’est un féminisme qui est contre les hommes ou tout contre les hommes ? » (Réponse d’Anne-Cécile Mailfert : « Le féminisme n’est jamais contre les hommes, il est contre la domination masculine. »)

« Donc c’est un féminisme qui ne compte pas émasculer les hommes ? C’est une bonne nouvelle, je vois tout le monde qui se détend dans le studio... [...] Vous partez donc du principe que l’homme est un allié et non pas un adversaire ? » (Réponse d’Anne-Cécile Mailfert : « Nous avons été construits socialement, donc c’est pas non plus tout à fait de la faute des hommes. Nous, on leur donne leur chance pour déconstruire ces dominations [...]. »)

« Vous ne pensez pas que les nouveaux féministes aujourd’hui, ce sont souvent les hommes ? » (Réponse d’Anne-Cécile Mailfert : « Les femmes ont tout autant de mérite que les hommes à être féministes. »)

« Dernière question : est-ce qu’on peut être féministe et avoir de l’humour ? Restez assise. » (Réponse d’Anne-Cécile Mailfert : « Bah oui évidemment. »)

Et la journaliste de conclure : « C’est l’info du jour, il faut appeler l’AFP, ça mérite au moins une dépêche. »

Du second degré ?

Cette dernière interrogation et ce commentaire ont le mérite de semer le doute : l’interview est-elle à prendre au second degré ? Sur Twitter, la première de l’écrivaine et journaliste Clara Dupont-Monod, nouvelle intervenante de la matinale de France Inter, n’a pas fait rire :

« On dirait que Clara Dupont-Monod a écrit son interview d’Osez le féminisme en 1980. Alerte clichés à chaque question. »


http://www.rue89.com/zapnet/2013/08/26/ ... ter-245195

Y a encore du boulot...
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Re: « Un féminisme qui ne compte pas émasculer les hommes »

Messagede Béatrice » 26 Aoû 2013, 14:22

La " campagne " de l’association pour l’entrée de cinq femmes au Panthéon


Le mot "campagne " est bien approprié ( s'agissant de l'association " Osez le féminisme " ! ).
De la " parité " si chère à la gauche " caviardeuse " : revendication d'élites " féministes" intello- bourgeoises " !

Louise Michel au Panthéon ! ( j'hallucine... )
( du dévoiement et de la récupération bourgeoise de la vie et de la mémoire ).

Par ailleurs, quand donc les " écolos verdouillards " institutionnels et autres prendront le problème de l'inhumation des corps humains comme cheval de bataille ?
Car c'est un fait : cela pollue gravement les nappes phréatiques. La crémation résout ce problème et les cendres enrichissent les sols !
Lorsque l'ensemble des sociétés humaines seront parvenues à ce niveau de conscience, les " Panthéon " et autres seront rasés...
« Simple, forte, aimant l'art et l'idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Louise Michel
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Re: Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Messagede bipbip » 12 Oct 2013, 23:45

dimanche 13 octobre à Angers,
à 16h à l'Etincelle, 26 rue Maillé, par le collectif émancipation :
film "Debout"
"Debout !" Une histoire des mouvements des femmes 1970-1980, de Carole Roussopoulo : Présente un volet de l'histoire du mouvement féministe en France et en Suisse des années 70 à 80 à travers les témoignages d'une vingtaine de femmes suisses et françaises ayant participé à la naissance de ce mouvement. Elles en retracent l'histoire, les luttes, les acquis et les soubresauts.
http://letincelle.over-blog.org/article ... 98203.html
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Re: Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Messagede bipbip » 28 Oct 2013, 14:45

"LE(S) FÉMINISME(S), INSTRUMENT DE LUTTE SOCIALE " (25 octobre 2013)

Emission présentée par la fondation Copernic

Invités :
Irène PEREIRA
, sociologue, chercheuse associée au Groupe de sociologie politique et morale (GSPM) à l’EHESS et au laboratoire Cultures et Sociétés de l’Université de Strasbourg. Cofondatrice et coprésidente de l’Institut de recherche, d’étude et de formation sur le syndicalisme et les mouvements sociaux (Iresmo), elle a notamment écrit l’ouvrage Grammaires de la contestation. Un guide la gauche radicale (La Découverte, 2010).
Laurence Baudelet, présidente de l’association Violence entre Femmes

Droits politiques, contraception, avortement, parité…, l’émancipation des femmes a connu des progrès indéniables au cours du XXe siècle. Pourtant, depuis une trentaine d’années, l’égalité formelle avec les hommes tarde à se concrétiser dans la réalité du travail, de la politique et de la sphère familiale. Les femmes sont les premières à souffrir du chômage, de la précarité et du temps partiel contraint. Elles subissent des inégalités de salaire, de carrière et de retraite. Elles sont encore largement minoritaires dans les cercles de décisions économiques et politiques. Dans le foyer, le partage des tâches reste toujours en leur défaveur. Les violences conjugales et les viols perdurent...

Quelles sont les principales revendications des mouvements féministes ? Au-delà de l’égalité homme-femme, le féminisme peut-il modifier en profondeur la société libérale et capitaliste ?

à écouter ici : http://www.modes-d-emploi.net/spip.php?article423
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Re: Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Messagede Pïérô » 20 Déc 2013, 00:52

Les femmes s'en vont en lutte ! histoire et mémoire du féminisme à Rennes (1965-1985),
en souscription jusqu'au 12 février 2014


Image


Présentation :

Aboutissement d’une recherche menée pendant près de 4 ans, Les femmes s’en vont en lutte ! Histoire et mémoire du féminisme à Rennes (1965-1985) se veut à la fois hommage aux militant.e.s des années 1960-1970-1980, outil de réflexion pour les féminismes contemporains et contribution à la recherche en histoire du féminisme et des mouvements sociaux.
Basées tant sur des témoignages d’actrices et d’acteurs des luttes pour l’égalité menées à Rennes pendant 20 ans que sur des archives, privées et institutionnelles, les analyses présentées montrent l’importante participation des Rennais.es aux luttes féministes et à la conquête de droits pour les femmes en France.


L'association Histoire du féminisme à Rennes :

Patricia Godard et Lydie Porée ont créé au printemps 2012 l'association Histoire du féminisme à Rennes pour accueillir leurs activités de recherche sur l’histoire des luttes féministes à Rennes de 1965 à 1985. L'association a pour objet d’écrire et de transmettre l’histoire des luttes féministes à Rennes, de favoriser les initiatives concourant à cette écriture et cette transmission, d’œuvrer à la constitution et à la valorisation de sources (archives, témoignages oraux...) sur l’histoire du féminisme à Rennes. L’association est féministe, c’est-à-dire qu’elle contribue à lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes.


Une souscription est lancée jusqu'au 12 février 2014 au prix avantageux de 12€ (prix à la parution 14€) directement auprès de l'éditeur en envoyant un chèque de 12€, avec vos coordonnées, à l'adresse suivante : Editions Goater, 12, rue Gaston Tardif 35000 Rennes ou par Paypal :

http://www.papier-timbre.org/post/2013/ ... vrier-2014
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Re: Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Messagede bipbip » 25 Jan 2014, 12:50

Nançy, ce samedi 25 janvier

Projection-débat sur le mouvement de libération des femmes
"Le mouvement de libération des femmes en France de 1970 à 2004"


Ce reportage, non exhaustif, déroule le fil historique et politique du mouvement féministe en France ces 34 dernières années. Structuré en quatre périodes, il alterne les événements (colloques, manifestations, rassemblements), avec l'analyse de féministes actrices et théoriciennes de ce mouvement.
Sujets abordés : contraception, IVG, violences, égalité, parité, citoyenneté, laïcité, discriminations sexistes

à 20h, au CCAN, Centre Culturel Autogéré de Nancy, 69 rue de Mon-désert, Nançy
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Re: Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Messagede Pïérô » 20 Fév 2014, 00:20

Vendredi 21 février, Rennes

« Les Femmes s’en vont en lutte ! Histoire et mémoire du féminisme à Rennes »

L’association « Histoire du féminisme à Rennes » et les Éditions Goater on le plaisir de vous annoncer la parution du livre : « Les Femmes s’en vont en lutte, histoire et mémoire du féminisme à Rennes » (1965-1985) de Lydie Porée et Patricia Godard.

La soirée de présentation au Papier Timbré, 39 Rue de Dinan, 35000 Rennes :
à partir de 18h30 : distribution des livres aux souscriptrices et souscripteurs.
à partir de 19h30 : présentation du livre, petite auberge espagnole, verre de l’amitié.
Présence de très nombreuses militantes, actrices et acteurs de ces années-là.
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Re: Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Messagede Pïérô » 01 Mar 2014, 01:01

"Regarde elle a les yeux grand ouverts" : le MLAC

"Regarde elle a les yeux grand ouverts" (1980) de Yann le Masson a été projeté à la Cantine des Pyrénées, dimanche 23 février.
Le documentaire retrace le parcours de quelques femmes du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) d’ Aix-en-Provence jugées en 1977 pour "pratiques illégales de la médecine et tentative d’avortement sur mineure". Autour du procès, le film nous fait découvrir le quotidien de ce collectif qui proposait aux femmes de s’approprier les savoirs médicaux liés au contrôle de la contraception, à la pratique des avortements, mais aussi aux accouchements à domicile.
... http://paris-luttes.info/regarde-elle-a-les-yeux-grand

Télécharger le film : http://www.les-renseignements-genereux.org/videos/4091
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Re: Histoire, théories et actualité du mouvement féministe

Messagede Pïérô » 04 Mar 2014, 16:16

Rennes,

Vendredi 7 mars à 18h30 : table-ronde réunissant des féministes engagées à Rennes pendant les années 1970 (Maison internationale de Rennes, 7 quai Chateaubriand, métro République)
Avec elles nous aborderons leurs engagements de l'époque : avortement et contraception libres et gratuits, partage des tâches ménagères, égalité salariale, actions contre le viol et les violences faites aux femmes, amélioration des conditions d'accueil dans les maternités, créations de structures pour la garde des enfants... Des thèmes plus que jamais actuels !

Jeudi 20 mars 2014 à 18h : conférence aux Archives de Rennes sur l'histoire des mobilisations rennaises pour l'avortement libre et gratuit
A travers la présentation des archives de l'association Choisir nous retracerons le fil de l'histoire des mobilisations pour la libéralisation de l'avortement à Rennes, pendant les années 1972-1974.

http://histoire-feminisme-rennes.blogspot.fr/
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