Femmes en luttes au travail

Re: Femmes en luttes au travail

Messagede Lila » 03 Juil 2016, 20:46

« Qu’attend la France » pour protéger « les travailleuses domestiques ? »

L’activité professionnelle des femmes dans les pays du Nord va souvent de pair avec la délégation des activités de soin à des femmes migrantes, qui confient à leur tour leurs enfants à des femmes plus démunies qu’elles. Un éclairage critique à l’occasion du 5ème anniversaire de l’adoption de la Convention 189 de l’OIT, qui appelle à une prise de conscience politique.

Membres d’associations, de syndicats, chercheurs et chercheuses, féministes, ex-travailleuses domestiques.., s’unissent pour rappeler à la France que la protection des travailleuses domestiques est une étape incontournable dans l’avancement des droits des femmes au travail.

à lire : https://sanscompromisfeministeprogressi ... mestiques/
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Re: Femmes en luttes au travail

Messagede Pïérô » 10 Sep 2016, 13:31

Assemblée Générale non-mixte Femmes et Travail

On remet ça ! Re-venez nombreuses pour discuter et prendre ensemble des décisions pour lutter contre la loi travail, et plus globalement la situation des femmes dans le monde du travail au sens large.

Assemblée générale pour se réunir en non-mixité* et discuter des femmes et du travail sous toutes ses formes (femmes au chômage, femmes au foyer, salariées, retraitées, étudiantes et lycéennes vous êtes les bienvenues ).

Dans le but de s’organiser pour agir.

A l’initiative de quelques femmes investies dans les luttes pour les femmes, à travers des discussions en non-mixité, des syndicats...etc.

SAMEDI 10 septembre, DE 14H à 17H,
BOURSE DU TRAVAIL CENTRALE
SALLE JEAN JAURES
3, rue du Chateau d’Eau, 75010 Paris

*ouvert à tout le monde excepté les hommes cis-genres.

https://paris-luttes.info/assemblee-gen ... mixte-6632
Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Femmes en luttes au travail

Messagede bipbip » 01 Nov 2016, 18:00

La Société Générale condamnée pour la discrimination sexuelle

La Société Générale a été condamnée par les Prud’hommes de Caen pour discrimination sexuelle. L’entreprise doit verser plus de 70 000 € à une salariée qui touchait les salaires moins élevés que ses homologues masculins.

Une ancienne salariée et déléguée syndicale de la Société Générale, aujourd’hui retraitée, a assigné en 2013 son ancien employeur au conseil des prud’hommes pour discrimination syndicale et sexuelle. Après plus de 3 années de procédure, les conseillers ont jugé qu’elle avait été victime de discrimination sexuelle au vue de ses salaires plus bas que ceux de ses collègues masculins. En effet, il s’agit d’une différence de rémunération de l’ordre de plus de 31 000 € accumulés entre 2008 et 2014 entre cette salariée et ses homologues masculins dans la même classification.

... http://solidariteouvriere.info/en-bref/ ... -sexuelle/
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Re: Femmes en luttes au travail

Messagede Lila » 05 Fév 2017, 20:38

Les Atsem en grève pour un meilleur salaire et plus de reconnaissance

Les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) sont en grève ce mercredi, pour réclamer une revalorisation de leur salaire.

Elles travaillent aux côtés des enseignants chaque jour, mais disent leur ras-le-bol face à "une charge de travail croissante et des salaires trop bas". Les Atsem sont en grève ce mercredi dans toute la France, et pour la deuxième fois en deux mois.

"On leur en demande beaucoup trop !"

L'un d'elles témoigne pour France Bleu Berry : "Nous demandons une reconnaissance des missions réelles que nous effectuons. Nous sommes là le matin pour faire le ménage avant l'arrivée des enfants. Puis, quand ils sont là, on aide l'institutrice en classe, on accompagne les enfants aux toilettes, on les change, etc ; ensuite, certaines Atsem sont chargées d'accompagner les enfants à la cantine. Après, on est en classe l'après-midi. Enfin, le soir on refait un peu de ménage... Le tout pour 1.226 euros... "

Dans certaines communes précise France Bleu Berry, les Atsem sont également en charge de la surveillance des TAP (temps d'activités périscolaires). "Dans certaines communes, elles sont devenues la variable d'ajustement des nouveaux rythmes scolaires. On leur demande beaucoup trop ! ", s'agace Sophie Grenon, directrice de l'école maternelle d'Eguzon dans le Berry.

la suite : https://www.francebleu.fr/infos/educati ... 1485944034
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Re: Femmes en luttes au travail

Messagede bipbip » 05 Mar 2017, 18:05

Contre le chômage et la pénibilité, une revendication féministe : la réduction du temps de travail

Les femmes gagnent en moyenne 27 % de moins que les hommes, et occupent 80 % des emplois à temps partiel.

Elles ont des emplois plus précaires et avec des horaires éclatés, et sont assignées aux métiers d’aide à la personne… Il y a une spécialisation et une hiérarchisation qui font des femmes des travailleuses encore plus exploitées que leurs collègues masculins, tout cela pour le plus grand bénéfice du patronat qui s’en sert pour disposer d’une main-d’œuvre meilleur marché, tirant ainsi l’ensemble des salaires vers le bas en mettant les hommes et les femmes en concurrence. À cela s’ajoute la dégradation générale des conditions de travail qui pèse encore davantage sur les femmes à cause de la nature des emplois qu’elles occupent : stress, maladies professionnelles, burn-out, etc.

Cette spécialisation dans certains métiers renvoie aux qualités prétendument naturelles des femmes. Mais comment expliquer qu’une sage-femme, qui a fait cinq années d’études et a des responsabilités importantes, ne gagne qu’environ 2 000 euros par mois alors qu’un médecin va gagner beaucoup plus… et sera rarement une femme ? Sur un autre thème, pourquoi la législation a-t-elle tant de retard pour encadrer le port des charges lourdes vivantes dans le cas des soins ou l’usage des produits chimiques utilisés pour faire le ménage ?

Des batailles spécifiques à mener

La répartition tellement disproportionnée des temps partiels entre hommes et femmes arrange d’une certaine façon tout le monde : les hommes qui se déchargent des tâches ménagères sur les femmes (80 % sont effectuées par les femmes) mais surtout l’État et le patronat qui renvoient au cadre privé familial la prise en charge des jeunes enfants et des personnes dépendantes, toutes les tâches de manière générale qui concernent l’entretien des personnes, ex, futurs ou ­actuellement travailleurEs…

Il y a véritablement des batailles spécifiques à mener pour améliorer les conditions de travail de touTEs, en particulier celles des femmes. Il faut sanctionner fortement les entreprises qui ne réduisent pas rapidement les inégalités salariales, interdire les temps partiels imposés et les contrats précaires pour faire du CDI à temps plein la norme, et renforcer les CHSCT, la médecine du travail, la législation sur la pénibilité… Et surtout il faut réduire massivement le temps de travail sans baisse de salaire et avec des embauches compensatoires, pour que touTEs puissent travailler, partager les tâches ménagères, gagner sa vie convenablement, ne s’épuisent pas au travail, et prennent le temps de profiter et de s’impliquer dans la vie sociale et politique.

https://npa2009.org/arguments/feminisme ... duction-du
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Re: Femmes en luttes au travail

Messagede bipbip » 25 Mai 2017, 17:51

Communiqué du collectif PhilosophEs

Le CNRS proposait cette année 5 postes de chercheurs en philosophie, littérature et sciences de l’art. À l’issue des auditions, les résultats d’admissibilité viennent d’être rendus publics : les 5 candidats classés en liste principale sont des hommes, choisis à partir d’un vivier de 224 candidat-e-s composé de 46% de femmes. 5 postes, 5 hommes.
Parmi les sciences humaines et sociales, la philosophie a longtemps détenu le triste record du privilège masculin. Ces dernières années, nous constations que cette tendance s’inversait : le ratio femme-homme dans les recrutements se rapprochait des proportions rencontrées dans les candidatures, tant au CNRS (chargé-e-s de recherche) que dans les universités (maître-sse-s de conférences). Soulignons, en outre, qu’au CNRS la section 35 du Comité national, chargée du recrutement, comprend aussi les sciences philologiques et les sciences de l’art, où la présence féminine est traditionnellement plus élevée qu’en philosophie.
Que s’est-il donc passé en 2017 ? 46% des candidat-e-s déclaré-e-s aptes à concourir, c’est-à-dire doté-e-s des titres et travaux requis pour les concours, étaient des femmes. Le fameux « plafond de verre » a un peu commencé à s’abaisser pour la phase d’audition : 40% des candidat-e-s admis à l’audition étaient des femmes. Mais à l’issue des délibérations du jury, le verre du plafond s’est transformé en béton armé : 100% des candidats classés sur listes principales sont des hommes.
Cela faisait bien longtemps qu’on n’avait plus vu un résultat aussi affligeant au CNRS. Nous demandons donc : après plusieurs années de recrutement équilibré, les 104 candidates de 2017 ont-elles soudain failli ? Ou ont-elles déplu au jury (pour des raisons qui ont davantage trait à leur genre qu’à leurs « compétences ») ?
Nous savions que les femmes étaient les principales victimes de la raréfaction des recrutements dans la recherche et l’enseignement supérieur. Au CNRS, le jury de philosophie, philologie et sciences de l’art vient d’en donner une preuve caricaturale. Nous ne pensons pas que les combats puissent se séparer, et c’est de front que nous luttons pour le développement de l’emploi scientifique des femmes et la fin du sexisme académique.
Nous, philosophes et femmes, rassemblées en collectif, avons confiance dans l’engagement du CNRS pour la parité entre femmes et hommes. Nous attendons donc que l’organisme prenne des mesures opérationnelles pour accroître le nombre de femmes dans la communauté scientifique et pour ne pas décourager les jeunes chercheuses qui souhaitent s’engager dans les carrières de recherche.

Collectif PhilosopheEs


http://sudeducation.org/Communique-du-collectif.html
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Re: Femmes en luttes au travail

Messagede Lila » 04 Juin 2017, 19:04

Congé de maternité unique annoncé par la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes/hommes : Communiqué de presse

La secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes hommes, Marlène Schiappa , vient d’annoncer la création d’un congé de maternité unique prévu dans le programme d’Emmanuel Macron.

Il est effectivement nécessaire que toutes les femmes puissent bénéficier de 16 semaines de congé maternité sans perte de revenu.

Cependant, nous tenons à rappeler que l’Organisation Internationale du Travail préconise 18 semaines et que des organisations syndicales, au plus près de la vie des femmes au travail, revendiquent jusqu’à 26 semaines, avec maintien intégral du salaire.

Nous tenons aussi à rappeler les revendications féministes formulées par les organisations féministes et syndicales, notamment lors du 8 mars dernier, jour de Grève des femmes.

- L’allongement de la protection contre le licenciement à 6 mois après la naissance ;
- L’obligation d’aménager ou de modifier le poste de travail dès l’annonce de la grossesse et dès lors que les conditions de travail (port de charges, postures, horaires…) peuvent menacer la santé de la mère et/ou de l’enfant ;
- L’allègement du temps de travail d’au moins une heure par jour (y compris pour les salariées à temps partiel) à partir du 3e mois de grossesse ;
- L’accès de droit pour tous les parents d’enfants de moins de 6 ans à un temps partiel de 80 % payé 100 % du salaire ;
- L’allongement du congé paternité à 1 mois et le maintien intégral du salaire ;
- L’augmentation de la rémunération du congé parental et la validation gratuite pour la retraite (retraite de base et complémentaire AGIRC/ ARRCO) ;
- La mise en place de sanctions dissuasives pour les entreprises qui licencient ou placardisent des femmes du fait de leur maternité.

Le Collectif National pour les Droits des Femmes sera très vigilant quant à la mise en place des mesures annoncées et continuera à se battre pour l’extension des droits des femmes .


http://www.collectifdroitsdesfemmes.org ... article478
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Re: Femmes en luttes au travail

Messagede Lila » 25 Juin 2017, 20:22

Journée mondiale des travailleuses domestiques : une protection à géographie variable

Depuis 2011, le 16 juin est la "Journée internationale des travailleuses domestiques". Parce que, comme l'écrit l'Organisation internationale du travail en préambule : "Nous pensons que les droits commencent à la maison, et que les employeurs doivent instaurer des relations respectueuses avec ceux qui s’occupent de leurs maisons et familles." Une intention encore loin de la réalité dans de nombreux pays

Dans ce secteur industriel, le féminin l'emporte sur le masculin. Parce que, oui, le travail domestique, vu le nombre de travailleuses qu'il emploie à travers le monde est bien une industrie. Au moins 67 millions (deux sexes confondus) selon l'Organisation internationale du travail, l'équivalent de la population française par exemple... Et sur cette "masse", 83% sont des femmes (soit 57 millions de personnes), le plus souvent venues d'ailleurs - du Mexique ou du Guatemala pour les Etats-Unis ; des Philippines ou d'Ethiopie au Liban ; d'Afrique subsaharienne au Maroc, du Maghreb ou de leur ex empire colonial en France ou au Royaume-Uni, etc, etc.

Le travail domestique, un marché en pleine expansion

Avec l'enrichissement des familles, le taux de travail des femmes en forte progression, l'avènement de nouvelles classe moyennes dans des contrées fort peuplées, autant de faits dont on ne peut que se réjouir,ce secteur a même explosé en moins de 15 ans. Entre 1995 et 2010, le nombre de travailleurs domestiques dans le monde a augmenté de 60 %, en raison, entre autres, de l’arrivée sur ce marché de plus de 9 millions de personnes supplémentaires.
Le travail domestique représente désormais environ 7,5 % de l’emploi salarié des femmes dans le monde, en particulier en Asie (21,4 millions, 41 % du total mondial) et en Amérique Latine (19,6 millions, 37 %), deux régions du monde où les inégalités sociales sont très importantes, comme nous le rappelle le quotidien québécois Le Devoir.

Elles sont particulièrement vulnérables, sans contrat, parfois maltraitées, passeport confisqué, et jusqu'à être assujetties sexuellement au nom du sempiternel droit de cuissage, mises en esclavage, objets propriétés des puissants, qui en usent, en abusent et disposent de leur vie, comme des "affaires" ont pu le montrer dans certains pays du Golfe. Domestique, qui par son étymologie appartient à un domicile, taillable et corvéable à merci.

la suite : http://information.tv5monde.com/terrien ... ble-174971
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Re: Femmes en luttes au travail

Messagede bipbip » 31 Mar 2018, 18:40

Agricultrices en lutte : Face au sexisme, inverser la vapeur

Discrimination via le statut professionnel, orientation professionnelle genrée, remarques machistes : la condition des femmes en agriculture n’est guère reluisante. Depuis les années 1960, nombre de paysannes s’organisent pour lutter contre ce sexisme bien présent. Aujourd’hui, certaines d’entre elles le font en recourant aux pratiques de l’éducation populaire.

« Pendant six jours, nous avons partagé nos expériences, difficultés, réussites et petites victoires, s’enthousiasme Marie. Et nous nous sommes trouvées un paquet de points communs ! Nous n’avons donc pas eu à chercher très loin pour créer une petite saynète illustrant les difficultés rencontrées en tant que femmes dans le monde agricole. Avec pour objectif d’identifier les mécanismes et situations traduisant et perpétuant l’oppression sexiste. » Depuis janvier 2016, à l’initiative de l’Ébullition, association drômoise d’éducation populaire qui lutte contre les discriminations, sept femmes agricultrices (ou évoluant dans le secteur) se retrouvent ainsi régulièrement pour présenter un théâtre-forum autour de la place des femmes en milieu paysan. « Notre pratique s’inscrit dans la lignée du théâtre de l’opprimé d’Augusto Boal, explique une participante. On joue une première fois la saynète, puis le public est invité à prendre la place d’un personnage et à agir face à l’oppression. C’est une proposition très sincère : nous n’avons pas de solutions toutes prêtes, on cherche ensemble ! »

Un sexisme enraciné

Un exercice salutaire. Qui montre bien que les ressorts machistes à l’œuvre dans le monde agricole sont les mêmes que dans le reste de la société. Et qu’ils s’ancrent solidement dans le passé. Le long combat des agricultrices pour se voir reconnaître un statut l’illustre parfaitement.

Historiquement, la confusion entre les statuts professionnel et matrimonial entérinait la subordination des femmes : le code rural juxtaposait la fonction de chef de famille à celle de chef d’exploitation. Très actives et présentes sur les fermes, les femmes étaient pourtant considérées comme « sans profession », ne bénéficiant ni de la protection sociale ni d’une retraite propre.

Dans les années 1960, la modernisation agricole prônée par l’État transforme le statut du paysan vivrier : il est promu agriculteur, puis chef d’entreprise. Mais lui seul : la femme reste évincée de ce processus (en 1970, seulement 8 % des fermes sont dirigées ou codirigées par des femmes). Le monde paysan rationalise son système de production, et l’homme se voit chargé de mettre en application le nouveau savoir techno-scientifique, acquérant ainsi une forme de reconnaissance sociale et symbolique. Les femmes, elles, se retrouvent assignées aux tâches vivrières et éloignées des dynamiques de modernisation. Déclassement.

Paysannes en lutte

Mais les agricultrices, s’appuyant sur l’essor du féminisme, s’organisent pour obtenir un statut et une égalité de droits. Le mouvement Jeunesse agricole catholique féminine (JACF), regroupant des jeunes femmes rurales voulant améliorer leur situation, marque les années 1960 de ses combats, sur le plan professionnel comme privé. Ses membres revendiquent entre autres une nouvelle organisation de la ferme et de meilleures conditions d’habitat. Ces femmes vont parfois se servir de nouvelles structures pour se faire entendre. À l’exemple des Groupements de vulgarisation agricole (GVA), mis en place à partir de 1961 pour diffuser la bonne parole du progrès technique. La plupart sont mixtes, mais les agricultrices décident quand même de se réunir en GVA exclusivement féminins. Une première libération, précise la chercheuse Michèle Salmona : « Ces lieux de parole, hors de la présence des maris, permettaient à ces agricultrices d’échanger d’une part sur des thématiques qui leur étaient propres en tant que femmes et, d’autre part, sur les thèmes professionnels qui étaient ensuite traités dans les GVA mixtes. » [1] Rayon professionnel toujours, il faut aussi mentionner l’ouverture aux femmes, en 1977, de la formation à la comptabilité-gestion agricole, à travers le programme national des « 200 heures ». Une formation qui leur permet d’acquérir un certain pouvoir au sein de la famille, même si elles doivent parfois se retenir de pointer les erreurs de gestion de leur mari pour préserver leur couple…

Sortir de l’ombre

Cela a pris du temps, mais la loi finit par reconnaître la place des femmes dans les fermes. Avec la création du statut de coexploitant.e, en 1980. Et avec celle d’un nouveau statut d’entreprise permettant à un couple de s’associer, en 1985. Pas encore la panacée : il faut attendre 2010 pour que les deux membres d’un couple puissent être reconnus juridiquement comme deux chefs d’exploitation à part entière au sein d’un Gaec [2].

Nous y voilà ? Même pas. Car si les textes de loi mettent fin à l’inégalité, la situation sur le terrain n’évolue que lentement. En 2010, seul un quart des fermes est dirigé ou codirigé par des femmes (dans 80 % des cas, elles ont pris la succession de leur mari retraité). Notamment parce que leur parcours vers l’installation reste semé d’embûches : elles ont moins facilement accès à l’héritage de la ferme familiale que les frères et subissent encore le poids d’une éducation genrée dans leurs choix d’orientation. Certes, les filles constituent aujourd’hui la moitié des élèves des établissements agricoles, mais elles sont orientées vers les filières de services et non de production agricole. « Lors des stages de formation, les filles se voient aussi interdire l’accès à un certain nombre d’outils agricoles, souligne la sociologue Sabrina Dahache. Et il arrive qu’on leur refuse l’entrée dans les enclos à bovins. »

Pire : même en cas d’installation, les inégalités persistent. Les femmes se retrouvent ainsi plus facilement à la tête d’élevages de moutons ou de chèvres, ainsi que d’exploitations horticoles ou maraîchères ; les grandes cultures et l’élevage bovin restent des domaines à 85 % masculins. Et, dans tous les cas, les agricultrices ont droit à un traitement de défaveur qui dure bien après leur installation : doutes sur leur capacité à conduire un tracteur, propos sexistes, réflexions de commerciaux de passage (« Je voudrais voir le patron... »), commentaires sur leurs vêtements (toujours trop sales ou trop sexy) ou mépris affiché d’un vendeur de machines agricoles. Au quotidien, le partage des tâches ne change guère quand l’exploitation est menée en couple hétérosexuel. À l’homme les activités visibles de production (travail mécanisé au champ) ; à la femme les espaces moins valorisés, jugés d’une moindre importance : transformation, accueil à la ferme, paperasse, commercialisation, labeur domestique...

Autodéfense

Retour au théâtre-forum de l’Ébullition. Depuis 2016, il a été joué plus d’une trentaine de fois, dans des cafés-installations (qui réunissent des jeunes voulant devenir agriculteurs), des établissements scolaires agricoles, des fermes, des salles des fêtes en milieu rural.... Avec l’idée de le jouer en non-mixité comme en mixité, et toujours devant le public le plus large possible. « Ces difficultés sont partagées par nombre de femmes, qu’elles appartiennent ou non au milieu agricole, explique Marie. C’est un point essentiel, parce qu’on fait souvent reposer les défaites sur nos faiblesses individuelles. Comprendre qu’elles sont en réalité chroniques permet de ne pas s’en rendre responsable. Il est alors temps de chercher des solutions pour inverser la vapeur. » Des solutions qui sont multiples : autodéfense verbale, énonciation de l’oppression, humour, affrontement direct, recherche de soutien et de solidarité, posture... À chaque fois, une façon de lancer la machine. « Il ne suffit évidemment pas de sortir la bonne réplique pour venir à bout du patriarcat, reconnaît Florie, une participante. Mais nous pensons que ce travail d’identification de l’oppression et de partage des vécus est indispensable pour prendre conscience d’une réalité sociale, puis la combattre. Et ce bien au-delà des frontières du monde agricole ! »


Notes

[1] Michèle Salmona, « Des paysannes en France : violences, ruses et résistances », Les Cahiers du genre n° 35, 2003.

[2] Groupement agricole d’exploitation en commun.


http://cqfd-journal.org/Agricultrices-en-lutte-Face-au
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