Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Re: Prostitution: liberté sexuelle ou liberté consommer du s

Messagede Béatrice » 23 Oct 2012, 13:03

Dans le cadre de la conférence-débat organisée par Le Mouvement du Nid et Zéromacho et qui aura lieu demain à Marseille,
calendar.php?view=event&calEid=5952
un entretien à la Marseillaise avec Florence Montreynaud, écrivaine féministe, fondatrice du réseau Zeromacho :

« Il n’y a pas d’égalité dans l’achat du corps de l’autre »


22-10-2012

Florence Montreynaud, féministe de la première heure, participe à la soirée sur le système prostitutionnel.
L’historienne Florence Montreynaud qui écrit sur la prostitution est l’invitée du Mouvement du Nid, mercredi.

Le Mouvement du Nid et le réseau Zéro Macho proposent une soirée pour alimenter le débat politique et citoyen autour de la prostitution ce mercredi à 19h30 à la Maison des associations (1er). Avec la participation de Joël Martine*, philosophe, et Florence Montreynaud, historienne et écrivaine.

Pourquoi appelez-vous les clients des prostitueurs ?
Les appeler clients, c'est légitimer une analyse économique de la prostitution alors que nous l'analysons comme un système de violence.
On dit : « Le client est roi, il a toujours raison. » Et nous, nous disons, les hommes en payant exercent une violence. C'est purement un rapport économique marchand. Prostitueur désigne le sujet de l'action. Son argent lui permet d'acheter le non désir de l'autre et pour nous, c'est une violence.

Vous avez rencontré pendant huit ans des hommes qui ne recourent pas à la prostitution, pourquoi avoir initié cette démarche ?
Cela fait vingt ans que je travaille sur la prostitution. J'ai publié mon premier livre en 1993**. J'ai tout de suite pensé qu'il fallait prendre le problème du point de vue des hommes qui payent puisque je pense que c'est leur demande qui crée l'offre de prostitution. A l’époque, personne ne s'intéressait à ce problème, il y avait peu d'écrits. J'avais rencontré beaucoup de ces hommes, mais un jour je me suis dit qu'ils étaient une toute petite minorité. Ils sont entre 15 et 20% à payer plusieurs fois par an une personne prostituée. Il en reste donc 85% qui ne le font pas. Parmi eux, certains ont payé une ou deux fois pour ça quand ils faisaient leur service militaire ou qu'ils étaient jeunes, mais ils ont tellement été déçus....
C'est d'ailleurs très bien montré dans le livre de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama : La déception des attentes non comblées. Soudain, j'ai eu un déclic : pourquoi ne parle-t-on jamais d'eux ?

Comment les avez-vous rencontrés ?
J'ai eu l’idée d’un manifeste Zéro Macho*** et nous l’avons écrit avec des amis. J'ai lancé un réseau comprenant 1 300 hommes de 46 pays avec l'ambition qu'il devienne international. C'est la première fois au monde que des hommes se réunissent pour dire non à la prostitution. Quand ils signent ce manifeste, je demande à les rencontrer dans le cadre de la rédaction du livre que je suis en train d'écrire. Je reviens de Turquie et d'Israël.

Quelles sont leurs raisons ?
Il y a trois types de refus. « Je ne peux pas. » « Je n'ai pas envie. » « Je ne veux pas. »
Les raisons du type : « Je ne peux pas » sont d'ordre psychologique touchant à la formation, à l'éducation et à l'estime de soi. Celles du type : « Je n'ai pas envie » ont un lien avec leur conception de la sexualité, du désir, du plaisir. D'autres avancent des raisons politiques ou philosophiques, le rejet d'un système de violence, le respect de l'autre dans ceux qui affirment : « Je ne veux pas ».

Pensez-vous qu'il faille une loi pénalisant l'homme qui paye ?
La Suède au bout de 50 ans d'éducation sexuelle à l'école a adopté une loi. Dans ce pays, on n'a pas le droit d'acheter le corps d'une autre personne. En France, il n'y a aucune éducation sexuelle à l'école sur le respect de son propre corps et le corps de l'autre. Au début, je n'étais pas pour une loi à cause de ce manque d'éducation à la base, mais aujourd'hui je suis pour, car la loi a le grand mérite de poser un principe. Tant que des hommes achèteront le corps des plus faibles et des plus pauvres, on ne fera pas vivre cette devise : Liberté, Egalité, Fraternité. La prostitution, c'est le jeunisme, le racisme, le sexisme et le classisme.

Interview réalisée par Piedad Belmonte

*Lire sur Internet le texte de Joël Martine « Prostitution comment casser le marché ? »
**« Amours à vendre. Les dessous de la prostitution » de Florence Montreynaud. Editions : Glénat,
1993.
***zeromacho.eu


http://www.lamarseillaise.fr/social/il- ... 28263.html
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede MélusineCiredutemps » 15 Nov 2012, 02:08

Carton rouge pour les bordels à vitrine

http://sisyphe.org/article.php3?id_article=4288
MélusineCiredutemps
 

Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede MélusineCiredutemps » 29 Nov 2012, 03:50

Un excellent article par Christine Le Daoré, présidente du centre LGBT de Paris :

http://christineld75.wordpress.com/2012 ... -indignes/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 18 Avr 2013, 08:37

"Anatomie d’un lobby pro-prostitution – Étude de cas: le STRASS, en France" :
http://sousleparapluierouge.wordpress.c ... en-france/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede bipbip » 15 Juin 2013, 01:42

Agression à la foire à l'autogestion, Morgane Merteuil et le STRASS à la manœuvre

LA VIOLENCE, JUSQU’OÙ ?

Publié le juin 13, 2013 par zeromacho

En France, une fois de plus, des soutiens de la prostitution s’en prennent avec violence à des membres de Zéromacho. Une fois de plus, ils agressent et insultent des personnes engagées pacifiquement contre le système prostitueur : tel est leur mode d’action contre les abolitionnistes qu’ils poursuivent aussi de leur haine sur les réseaux sociaux.

Alors qu’un jeune homme vient d’être tué à Paris pour ses idées, quelles conclusions tirer de ce nouvel incident violent ?

***

Les 8 et 9 juin 2013, cinq membres de Zéromacho tenaient un stand à la Foire à l’Autogestion à Montreuil (dans la banlieue parisienne). Le 9 juin à 15h30, Morgane Merteuil, porte-parole du STRASS (syndicat du travail sexuel), et une dizaine d’autres personnes les ont agressés et insultés grossièrement pendant près d’une heure. Elles venaient du stand du Pink Bloc, accueilli dans cette Foire au même titre que Zéromacho.

Plutôt que de défendre des personnes prostituées sur le terrain, le STRASS choisit de poser à la victime des abolitionnistes ! C’est d’autant plus désolant que les femmes dans la prostitution, qui sont les victimes réelles des violences du système prostitueur, se passeraient bien d’être présentées comme « libres et heureuses d’exercer ce “métier’’ » ; elles apprécieraient plutôt qu’on se préoccupe d’elles…

Depuis des années, presque chaque fois qu’une réunion publique au sujet de la prostitution est organisée en France, elle est perturbée par l’irruption violente de quelques personnes qui prétendent défendre les « droits des prostituées » mais ne représentent qu’elles-mêmes.

C’est pourquoi les réunions se font plutôt sur inscription, avec filtrage des entrées. Lors du dernier meeting, le 13 avril 2013, à la Machine du Moulin-Rouge, organisé par le collectif Abolition 2012 (groupant 54 associations, dont Zéromacho), une quinzaine d’opposants n’ont pu que vociférer près de l’entrée et jeter un liquide rouge sur le trottoir, en prétendant que les abolitionnistes voulaient leur mort.

Lors de cette Foire à l’Autogestion, l’intervention du service d’ordre et d’autres participants a réussi à contenir les agresseurs de Zéromacho. Qu’en sera-t-il une prochaine fois ?

***

Cette violence mise en œuvre par le STRASS et apparentés n’est-elle pas le signe qu’ils n’ont rien d’autre à opposer aux arguments de Zéromacho ?

Comme le manifeste (voir page manifeste) proclame « Oui à la liberté sexuelle ! Oui au désir et au plaisir partagés », ils ne peuvent pas accuser les Zéromachos d’être « anti-sexe ».

Comme la première demande de Zéromacho aux pouvoirs publics est de cesser de pénaliser les personnes prostituées et d’offrir des solutions alternatives à la prostitution, afin de rendre effectif le droit de n’être pas prostituée, nous accuser d’être leurs ennemis relève de la mauvaise foi.

Nous, Zéromachos, résistons pacifiquement à leur violence, en faisant appel à l’intelligence, en proposant le dialogue. N’avons-nous pas tous, eux comme nous, intérêt à vivre dans un monde sans prostitution ? Un monde où la sexualité ne sera ni un service marchand procuré par la violence, ni une expression de la domination machiste, mais un lieu d’exercice de la liberté, dans le respect de l’autre et de ses désirs.
http://zeromacho.wordpress.com/2013/06/ ... ommunique/
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 20 Juil 2013, 00:47

Il y avait une camarade de la FA derrière ce stand lorsque que les provos ont officié, membre depuis de nombreuses années de la FA et de la commission femmes. Non seulement elle était atterrée mais lorsque j'ai dit qu'il serait temps de se positionner clairement de de faire un vide politique autour du STRASS dans le mouvement libertaire, et évidemment à la FA qui sur ce plan parait de mon point de vue trop silencieuse, elle a bien fait comprendre que c'était pas gagné. Le féminisme qui a eu bien du mal à gagner une place dans cette organisation, connait un véritable recul.
Et voilà ce qu'on trouve dans le journal Le Monde Libertaire de cet été
Je suis une putain de féministe

Les rumeurs de quelque incident à la Foire à l'autogestion entre le Strass ( Syndicat du travail sexuel) et ZéroMacho ont pu parvenir aux oreilles de certain-e-s. Méconnaissant ces derniers j'ai donc consulté leur site internet, je découvre alors leur communiqué, « La violence jusqu'où ? », daté du 13 juin à ce sujet. Et après cette lecture, je me dois de leur décerner le prix du n'importe quoi rhétorique :

« Alors qu'un jeune homme vient d'être tué à Paris pour ses idées, quelles conclusions tirer de ce nouvel incident violent ? »

Puisque l'on nous enjoint à tirer des conclusions, constatons d'abord que l'emphase de cette interrogative est proprement irrespectueuse. Instrumentaliser la récente mort de notre camarade Clément pour servir une argumentation où ils seraient les victimes d'un prétendu ordre fasciste de « soutiens de la prostitution » est irrévérencieux autant qu'absurde. En matière de récupération politicarde ils ne sont pas les premiers, malheureusement. Mais revenons au fond de leur discours : à lire leur manifeste, nulle part n'est fait mention d'un lien, direct ou non, avec l'autogestion, sauf à considérer que la masturbation en fasse partie. Leurs projets politiques s'appuient sur des revendications qui s'en remettent aux « pouvoirs publics » afin de lutter contre « le système prostitueur », c'est très insuffisant comme réponse politique, mais des légalistes on en a vu d'autres. Enfin, leur discours se clôt : « Quelle Europe allons-nous construire ? », ils se reconnaissent dans une Europe, en tant qu'internationaliste cela me laisse coite, mais il y a mieux. Ce regroupement politique semble se présenter comme des hommes, très divers, unis par une fierté : ne pas être « client », certains ont d'ailleurs fait acte de repentance et ne le sont plus. Ces nobles coeurs défendent ainsi les victimes de la traite, mais surtout les malheureuses égarées dans cette mauvaise vie afin de les sauver d'elles-mêmes. Des féministes on vous dit ! Qui parlent vaillamment à la place des concerné-e-s, parce que Eux ils ont compris ce qu'il fallait faire pour une société débarrassée de la prostitution. L'Etat, l'Europe, la Loi, vont tout faire pour que les dominations cessent, en particulier celle-ci où les abus de la police, bras armé du Capital, sont si rares. Il suffit de faire des petites actions abolitionnistes, et ceux qui osent la masturbation verront un soleil glorieux s'élever à l'horizon.

Les anarchistes s'accordent communément sur la nécessité de lutter contre toutes les formes de domination et font des sans-voix leurs compagnes et compagnons de lutte. N'ayant pas la vocation d'être une avant-garde éclairée, nous sommes opposés à l'idée de représenter celles et ceux qui luttent contre l'injustice sociale. Nous ne volons pas leur parole, nous soutenons leurs voix, ne pourchassant pas celles-ci, dans un but électoraliste. Nous souhaitons voir le développement de structures auto-organisées, autogérées, permettant une solidarité de classe dans les luttes contre l'oppression. Et pour les soutenir, nous devons d'abord nous défaire de nos a priori, ne pas projeter sur l'autre nos propres conceptions sur une situation que l'on ne vit pas. Or, toutes ces personnes qui vivent du travail sexuel, sont sans cesse renvoyées à cette image d'éternelles paumées, toujours victimes, jamais que des putes. Mais ces êtres humains, même victimes de la traite, doit-on les enfermer dans des cases, les stigmatiser ? Personne se définit uniquement par son travail, personne n'a vocation à être dépossédé de tout, même de sa capacité d'assumer un choix de vie. Lorsque l'on veut faire disparaître légalement la prostitution alors que les causes de son existence ne sont pas changées, c'est parce que cela dérange. Les prostitué-e-s dérangent, on voudrait qu'elles n'existent pas et comme pour cela il faudrait que l'oppression patriarcale et salariale disparaissent, on fait comme si les lois ne faisaient pas plus de victimes. C'est ainsi qu'on laisse au ban des luttes, celles et ceux qui sont déjà criminalisé-e-s par la société. En oubliant qu'une personne stigmatisée est toujours moins écoutée, on perd de vue notre éthique. En voulant faire passer en force des lois répressives, faisant de la prostitution la proie d'une précarité et d'un isolement médical et social accrus, on sacrifie sur l'autel du Principe des générations de prostitué-e-s. Les incidences concrètes de l'action des abolitionnistes sont d'une gravité néfaste, il n'y a qu'à voir les soutiens de Médecins du monde pour s'en persuader, à contre-courant des hygiénistes, moralistes, « maternalistes » et autres gens de principes.

Au début des luttes contre l'Ordre moral, les féministes clamaient « Toutes prostituées ! » et marchaient main dans la main avec celles-ci, qu'elles aient choisi ce travail ou non. Aujourd'hui c'est la double peine : dès qu'elles s'organisent pour plus de droits et de reconnaissance, qu'elles soient chinoises à Belleville, escort girl (ou boy), on leur tourne le dos, pire on les traite comme si c'était une affreuse erreur dans l'Histoire du féminisme, ce sont des ennemi-e-s, avec pour projet de construire un Empire Prostitueur, une espèce de Super Proxénète. Alors certes les syndicats sociaux-traîtres existent, on l'a vu avec l'accord inique ANI, mais un syndicat autogéré composé des concerné-e-s peut difficilement être taxé de maquereau. Quelle idée saugrenue de s'allier entre exploité-e-s pour gagner des luttes, améliorer ses conditions de travail et donc de vie, pour, finalement, avoir d'avantage le choix de sa condition ! Aussi, ne nous trompons pas d'ennemi-e-s, et pour le dire avec Emma Goldamn :

« Le problème ce n'est pas la prostitution, mais la société elle-même, ce système injuste porté par la propriété privée. »

Marine, groupe Marx' Sisters and Brothers, Montreuil
http://groupefamontreuil.blogspot.fr/20 ... taire.html

Et voilà, le degré zéro de la pensée politique, un féminisme de façade et un anarchisme confusionniste qui confond syndicat et lobby du système prostitutionnel, confond libertaire et libéral, et estime que vendre sa force de travail et vendre son corps c'est la même chose. Et non content de cette bouillie réactionnaire, la personne qui doit se sentir super rebelle et plus féministe que les féministes marque son soutien à ce qui s'est passé à la foire à l'autogestion.
C'est à pleurer.
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 30 Juil 2013, 15:34

Un Manifeste contre la pénalisation des prostituées et de leurs clients tourne actuellement, à l'initiative du STRASS, avec appel à signatures. Il amalgame la pénalisation des prostituées (contre laquelle toute abolitionniste conséquente s'élève sans aucun doute) et la pénalisation des clients. Si la pénalisation des clients fait débat il est clair qu'il y a là encore un joli tour de passe-passe pour faire avaler la couleuvre de la défense du système prostitutionnel.
La liste des signatures est publié sur le blog de Christine Le Doaré, http://christineld75.wordpress.com/2013 ... omment-518, et on le retrouve aussi là avec les signatures internationales : http://openfsm.net/projects/faldi-fsm/l ... forum_view , elle est longue et étonnante.

Appel à signatures :

Manifeste contre la pénalisation des prostituées et de leurs clients

Quelles que soient nos opinions sur la prostitution, nos organisations sont unanimes pour affirmer que les prostituées ne doivent pas être pénalisées. Pour cela, le délit de racolage public doit être abrogé au plus vite et sans conditions.

Nous sommes également unanimes à considérer que la pénalisation des clients ne fera pas disparaitre la prostitution, mais accentuera la précarisation des prostituées en les forçant à davantage de clandestinité, et en les éloignant des associations de soutien et de santé communautaire, et des structures de soins, de dépistage et de prévention.

Isolé-es les un-es des autres, les prostitué-es seront davantage exposé-es à des risques de violences, d’exploitation, et à des contaminations au VIH sida et IST. Cette mesure va renforcer le statut d’inadapté-e social-e des prostitué-es, statut stigmatisant qui doit être supprimé. Considérer que les prostitué-es doivent être traité-es comme des mineur-es sans capacité d’exprimer leur consentement, les place dans une catégorie de citoyen-nes à part, favorise le stigma et les pratiques de discriminations. Au contraire, nous voulons qu’elles et ils soient protégés par le droit commun.

Nous, organisations signataires de ce manifeste, demandons l’abrogation immédiate du délit de racolage public et nous opposons à toute pénalisation des clients des prostitué-es, sous quelque forme qu’elle soit.


Acceptess-Transgenres, Acthe, Act Up-Paris, Act Up-Sud Ouest, Aides, les Amis du Bus des Femmes, An Nou Allé, Arap-Rubis (Nimes), Arcat-Santé, ArisCentre LGBTI (Lyon), ARPS (Association Réunionnaise pour la Prévention des Risques liés à la Sexualité ), ADRPP (Association pour les droits, la reconnaissance et la protection des prostitué(e)s), ASUD (Auto Support des Usagers de Drogues), ANA (Avec Nos Ainées), Autres Regards (Marseille), Black Caucus France (Union française des étudiant/e/s & diplômé/e/s africain/e/s & ultramarin/e/s), Cabiria (Lyon), CGLBT (Centre Gay Lesbien Bi et Trans de Rennes), Cégom (Collectif des États généraux de l’outre-mer), Collectifdom, Collectif féministe 8 mars pour toutes, Collectif Droits et Prostitution, Collectif Existrans, Collectif des prostituées du 16ème arrondissement de Paris, Collectif des prostituées de Gerland, Collectif des travailleuSEs du sexe de Perpignan et des Pyrénées Orientales, les DurEs à Queer, Elus Locaux Contre le Sida, l’En Dehors, Fédération Anarchiste, Fédération Total Respect / Tjenbé Rèd, Femmes de la Terre, les Flamands Roses, FRISSE (Femmes, réduction des risques et sexualités),
GARCES (Groupe d’Action et de Réflexion Contre l’Environnement Sexiste - collectif féministe de Sciences Po), GayKitschCamp, Grisélidis (Toulouse), HF-Prévention Santé, I.P.P.O (Bordeaux), Itinéraires Entr’Actes (Lille), Kingsqueer de Kingsqueer, Ligue des Droits de l’Homme, Ligue de l’Enseignement, Médecins du Monde, Minorités, la Mutinerie, les Myriades Transs, NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), Observatoire des Transidentités, l’OII Francophonie (Organisation Internationale Intersexe), Onzième Dom (Union des Français/es d’outre-mers du XIème arrondissement de Paris), ORTrans (Objectif Respect Trans), OUTrans, Paroles Autour de la Santé (Guadeloupe), le Pink Bloc, le Planning Familial, Rainbow Caucus France (Union française des étudiant/e/s & diplômé/e/s LGBT), Sans Contrefaçon, SIS Association, les Sœurs de la Perpétuelle indulgence – Couvent de Paname, Couvent de Paris, et Couvent des 69 Gaules, Solidaires Etudiants, Solidarité Sida, Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la Magistrature, STRASS (Syndicat du Travail Sexuel), STS (Support Transgenre Strasbourg), Tjenbé Rèd Prévention, les Tumultueuses, Warning


Il est encore temps d'interpeller certaine organisations, associations et syndicats...


Prise de position dans le courrier de La Marche Mondiale des femmes n°228 du 14 juillet 2013

Nous ne signerons pas la « pétition contre la pénalisation des prostituées et de leurs
clients »
- Abolition 2012

Un certain nombre de personnalités ou d’associations ont été, sont actuellement ou seront sollicitées par des associations lobbyistes du système prostitueur pour signer une pétition « contre la pénalisation des prostituées et de leurs clients ». Nous les appelons à ne pas signer cette pétition et disons aux initiateurs/initiatrices et signataires de cette pétition :

N’expliquez rien, brouillez les messages, appelez à signer les paresseux de l’entendement et les maniaques du néo libéralisme - tout peut se vendre ; mélangez des magistrats qui, en principe, ont à rendre la justice, des hommes qui refusent de voir supprimer leurs privilèges de dominants, des femmes et des hommes qui pensent que le nec plus ultra est de vendre ses orifices à l’usage unilatéral du plaisir de clients ; ne dites rien sur la réalité de la prostitution et des témoignages des survivantes de cette violence totale. Vous aurez alors une pétition malhonnête avec une longue liste de signatures de groupuscules soutenus par quelques ordres qui n’ont pas encore accepté l’égalité entre les femmes et les hommes, qui n’ont pas encore pu imaginer ce que pourrait être une société de réelle liberté sexuelle.

Pour vivre notre sexualité, nous n’avons pas besoin d’une catégorie d’être humain, esclave du plaisir de ceux qui ne jouissent que de la domination et de la chosification de l’autre.
Pour vivre notre sexualité, nous n’avons pas besoin de marchandiser le corps de l’autre, de le
soumettre parce qu’elle/il est pauvre
Pour vivre dans une société de liberté et d’égalité, de respect de l’autre, nous devons rendre justice aux victimes de violence et faire en sorte que des hommes cessent d’organiser le plus violent et destructeur système d’exploitation au monde, la prostitution.

Cette pétition occulte les conséquences de la prostitution sur les personnes prostituées, ce qu’elles ont vécu dans leur enfance et adolescence. Cette pétition, qui reconnait que les personnes prostituées subissent des violences, les y enferme. La passe elle-même est une violence agie par les clients à laquelle s’ajoutent les violences qui entourent la prostitution commises par les proxénètes et les clients.
Evidemment, il ne faut pas pénaliser les victimes de ces violences et ce n’est pas stigmatisant que de reconnaître que des millions d’être humains sont soumis à la violence et au plaisir d’une minorité d’hommes.
Seule une loi d’interdiction de l’achat d’actes sexuels peut protéger et permettre une réelle prévention du devenir client pour une réelle égalité entre les femmes et les hommes.
Le droit commun, c’est que chacun-e, toutes et tous puissions vivre dans une société qui condamne la violence, l’atteinte à la dignité et qui donne les moyens aux victimes de reconstruire leur vie.
La citoyenneté est la participation à la construction d’une société d’égalité où chacun-e est respecté, où la loi dit le droit et où les plus fragiles sont protégé-es. La liberté est inconciliable avec la complaisance pour les actes d’exploitation et de domination, complaisance dont font preuve les signataires de cette pétition


Le manifeste de la honte et de notre colère !

Un manifeste « contre la pénalisation des prostituées et de leur client » lancé par le STRASS et Act-Up Paris notamment, est depuis quelques semaines proposé avec insistance, à la signature du monde associatif. *1.

Que dit-il ?

Il affirme fort justement que les personnes prostituées ne doivent pas être pénalisées et que le délit de racolage doit être abrogé. C’est vrai, et en effet, abolitionnistes comme réglementaristes s’accordent sur cette mesure, d’ailleurs déjà votée par le Sénat ; il est fort probable qu’elle le sera aussi à l’Assemblée Nationale.

Cette question n’est donc pas polémique, ne fait même aucun doute : il faut abroger le délit de racolage, les prostitué-e-s victimes de violences ne sont pas coupables et ne doivent pas être stigmatisées.

En revanche, ce qui fait polémique, c’est la position sur la pénalisation du client.

Affirmer que la pénalisation du client va renforcer la précarisation des prostituées, les éloigner du système de santé et de la prévention est plutôt fantaisiste.

En outre, le tour de force consiste à lier le destin des prostitué-s-e à celui de leurs clients !

Pourtant, il suffit d’y regarder de près : dans tous les pays abolitionnistes*2., la prostitution qui a amplement diminué, n’a pas disparu au fond des bois, elle a lieu en plein centre-ville. Les prostitué-e-s ont accès aux aides sociales et à la prévention en matière de santé. Logiquement, comme elles ne sont plus dans la clandestinité, elles peuvent imposer plus facilement le port du préservatif et surtout porter plainte en cas de violences. En réalité, l’abolition inverse la charge pénale et la reporte sur le client et d’ailleurs, toute personne un tant soit peu sensée le sait, ce qui met toute personne prostituée en danger, c’est le risque induit par le fait d’être seule et vulnérable avec le client, que ce soit dans la rue, dans une voiture, dans un appartement, ou dans un bois. Peu importe le mode de rencontre, le danger c’est le client lui-même !

Les clients prostitueurs qui consomment du sexe tarifé enrichissent les proxénètes sur le dos de femmes le plus souvent pauvres, racisées et/ou violentées dans leur jeunesse. La demande du client est à l’origine du système prostitueur, 3e marché criminel mondial. Une économie criminelle coupable de violences inouïes à l’encontre de femmes et d’enfants déplacés, dressés, violés, torturés. Pourquoi tant d’indulgence à leur égard, pourquoi cette impunité alors que la prostitution est bien une violence sexuelle ?

Alors, commencer ce manifeste en posant « quelle que soit notre position sur la prostitution » pour finir par amalgamer une position sur la pénalisation des prostituées avec une position sur la pénalisation du client alors que les deux peuvent parfaitement diverger, n’est pas très honnête. Mais de la part d’un lobby pro-prostitution est-ce étonnant ? Comment peut-on ainsi se laisser abuser par un groupuscule majoritairement constitué de « dominas » masculins qui soumettent d’autres hommes et ne représente en rien l’écrasante majorité des femmes prostituées, elles-mêmes principalement contraintes ?

Mais surtout, rien n’est dit des constats catastrophiques et alarmants des pays qui ont légalisé la prostitution et s’inquiètent désormais de la situation qu’ils ont pourtant installée. Ces pays sont débordés par des mafias proxénètes de plus en plus puissantes, la traite s’est intensifiée, les profits financiers sont gigantesques. L’exploitation des personnes prostituées est grandissante : on constate un développement des pratiques de plus en plus violentes et dégradantes, avec des prix au rabais, des femmes soldées. Il faut lire les dossiers des magazines allemand « Der Spiegel » et hollandais « De Volkskrant » pour s’en convaincre et comprendre de quoi il est vraiment question.

La France, pays abolitionniste qui n’applique pas correctement cette politique puiqu’elle pénalise les prostituées et fait preuve d’une complaisance envers les clients, pourrait-elle commettre les erreurs des pays réglementaristes en s’engageant à son tour dans cette voie ? Il serait pourtant temps de mettre en oeuvre une véritable politique abolitionniste pour se donner les moyens de combattre l’une des pires violences sexuelles patriarcales que la loi ne condamne pas. Les abolitionnistes ne veulent plus de mesures isolées, mais l’adoption d’une loi globale afin de : renforcer la lutte contre la traite, abroger le délit de racolage, adopter de sérieuses alternatives sociales ; lancer des actions de prévention et d’éducation et pénaliser le client. Eduquer au respect du principe d’inaliénabilité de l’être humain et à l’égalité femmes-hommes, c’est le rôle de l’état, pas de renforcer le proxénétisme !

Nous en avons assez que le slogan féministe des années 70 « liberté de disposer de son corps», soit récupéré par des lobbys aux fins de marchandisation. *3. Nous en avons assez des récupérations successives de nos luttes, assez de la culture du viol et des ravages de la libéralisation de la prostitution !

Que des groupuscules de la nébuleuse radicale libertarienne, Verts en tête, des associations de santé communautaire, aient signé ce Manifeste ne nous surprend guère. En revanche, d’autres signatures sont plus étonnantes. C’est vrai de nos jours, Internet est devenu le lieu d’une mobilisation perpétuelle et il est possible de signer chaque jour nombre de pétitions, sans guère avoir le temps de les lire toutes en détail.

Tout de même, signer c’est s’engager, alors, je demande à tous les signataires de cette pétition d’assumer leur soutien et de m’expliquer, nous expliquer, pourquoi, aux côtés de petits entrepreneurs libéraux et d’un lobby ultra-minoritaire, ils jugent bon, sur le dos des femmes exploitées et violentées dans la prostitution, de s’ériger en défenseurs de la domination masculine, du libéralisme et du système patriarcal ?

*1. Il n’est pas encore publié sauf sur une page FB, il devait être publié à la rentrée ; pour l’instant, il était adressé avec insistance pour ne pas dire, harcèlement, aux associations et formations, pour les conduire à signer. L’objectif était ensuite de prétendre que le monde associatif soutient le lobby pro-prostitution.

*2. Pays abolitionniste : la France est abolitionniste mais n’applique pas correctement cette politique : en effet, elle ne pénalise que la personne prostituée (délit de racolage), le client prostitueur n’étant lui jamais inquiété.

Le délit de racolage vient d’être abrogé par le Sénat, il devrait l’être à l’AN (doit être voté par les deux chambres), les abolitionnistes préfèreraient quant à eux, une loi globale.

Pays abolitionniste et loi globale : à l’instar de la Suède, l’Islande et d’autres encore, des pays qui ne pénalisent pas la personne prostituée, qui mettent en place des politiques sociales et de santé (réinsertion…), qui éduquent et pénalisent le client prostitueur à l’origine des violences sexuelles et de la perpétuation et même de l’expansion du système prostitueur.

*3. "Libération sexuelle et liberté à disposer de son corps" ou Liberté et libéralisme c’est différent : http://christineld75.wordpress.com/2013 ... son-corps/

-Sites d’information sur les régimes politiques abolitionnistes (ne pénalise que le client prostitueur ; prohibitionniste : pénalise la personne prostituée comme le client prostitueur / interdiction ; réglementariste : régularise le proxénétisme (bordels, vitrines… le prostitueur devient un client comme un autre / et /ou un commerçant comme un autre) :

http://www.abolition2012.fr

http://www.mouvementdunid.org

http://www.prostitutionetsociete.fr

-Infomations sur le lobby pro-prostitution : http://scoop-it/u/fee-ministe

-Informations classées par rubriques (légales, rapports, articles, etc.) sur la prostitution. Régulièrement mis à jour : http://www.scoop-it/t/prostitution-les- ... ch-english
http://christineld75.wordpress.com/2013 ... omment-518
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Béatrice » 31 Juil 2013, 22:31

Les rumeurs de quelque incident à la Foire à l'autogestion entre le Strass ( Syndicat du travail sexuel) et ZéroMacho ont pu parvenir aux oreilles de certain-e-s. Méconnaissant ces derniers j'ai donc consulté leur site internet, je découvre alors leur communiqué, « La violence jusqu'où ? », daté du 13 juin à ce sujet. Et après cette lecture, je me dois de leur décerner le prix du n'importe quoi rhétorique :

« Alors qu'un jeune homme vient d'être tué à Paris pour ses idées, quelles conclusions tirer de ce nouvel incident violent ? »

http://groupefamontreuil.blogspot.fr/20 ... taire.html

Quel rapport ? C'est en effet le degré "zéro" de l'analyse ou plutôt tout l'art de minimiser le sujet en lui opposant l'évocation de la mort de Clément Méric : c'est
imparable il est vrai, mais la "ficelle" est un peu grossière pour que le propos soit crédible !

Je me suis tue jusqu'à présent afin d'éviter ( à tort, je le pense maintenant ) d'entrer dans le jeu volontaire de ce "commando" du STRASS qui a démonté sans ambiguïté
aucune, sa volonté délibérée de provocation à force de hurlements, perturbant de fait un débat qui avait lieu à proximité. J'en ai été témoin et me suis interposée en ces
termes, après les avoir écoutées ( nombre de témoins susceptibles de lire mon témoignage ici pourront en attester les propos ) :
" discours libéral contre discours libertaire, le corps n'est pas une marchandise comme les autres et il y a une différence entre la prostitution choisie et la prostitution subie ! "
la réaction d'une membre de ce commando activiste du STRASS m'a répondu texto :
" je fais ce que je veux de mon corps !" drôle d'argument de défense des prostitué(e)s de la part d'une "syndicaliste" : NO COMMENT...
Alors que je l'invitais à en débattre à l'extérieur en lui posant " malheureusement " ma main sur son bras, afin de cesser de perturber le débat en cours, celle-ci a alors réagi
ainsi " Ne me touche pas ! ". Un camarade qui se trouvait derrière moi a alors rétorqué " tu ne lui as pas demandé le tarif !".
Il avait raison !
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Béatrice » 02 Aoû 2013, 10:00

Extrait du dernier communiqué commun ( Pink Bloc Paris, Solidaires étudiant-e-s Sciences po, et le STRASS ) du 26 juillet dernier :
De la même façon, une personne s’est permis de nous dire que nous étions un groupe de libérales violentes, opposées aux (gentils ?) libertaires.


Du " glissement sémantique " intentionnel : la personne en question était une femme ( en l'occurrence moi ) ! Pourquoi ne pas l'avoir souligné : dérangeant ?

Un autre extrait :
Une deuxième travailleuse du sexe arrive, et dénonce également la présence de cette association. Le mec de Zero Macho pose alors sa main sur son épaule, pour la calmer, ce qui fait encore monter le ton : certes, cette asso réclame le droit de pouvoir toucher les femmes GRATUITEMENT, mais en tant que putes, en tant que femmes, nous prenons assez mal lorsqu’un mec décide de nous toucher sans notre consentement.


Et si c'est une femme, bénéficie-t-elle d'un " tarif préférenciel " ?
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 07 Aoû 2013, 00:25

On s'est serré les coudes sur ce coup là et de manière déterminée, et avons participé à éclaircir ce que beaucoup ne comprenaient pas, parce qu'ils et elles ne savaient pas qui jouait, pourquoi tant de violence verbale et de hurlements, et ce qui se jouait en mise en scène et happening préparé en une lutte et message politique à contre-courant.
Non seulement illes pratiquent la novlangue et le confusionnisme mais aussi forme de violence et de terrorisme qui devrait nous amener à d'avantage de pratique de l'autodéfense, avec une détermination réelle et collective à marquer la distance et ne plus se faire pourrir.
Il est aussi temps de se démarquer d'Act-Up qui a perdu le corps politique de ses origines, et du "pink-bloc" qui sont devenus des chambres d'écho de la confusion libérale et réactionnaire, et il est à souhaiter que le STRASS n'aura pas de cheval de Troie lors de la prochaine foire à l'autogestion.

Sur ce qui fait que le STRASS coure après Zéromacho
Prostitution : faire partie de la clientèle ?

Si la question du choix doit être posée, posons-la aux clients. Pourquoi des hommes choisissent-ils d’acheter les corps de millions de femmes et d’enfants, d’appeler ça du sexe, et d’en tirer, apparemment, un grand plaisir? (J. Raymond sur le site de l'Unesco) N.B : 99% des acheteurs sont des hommes et 80 % des personnes prostituées sont des femmes. La cliente prostitueuse est l'exception.

06 juillet, 2013

Prostituées indépendantes et revendiquées, ne vous trompez pas d’ennemi

Les abolitionnistes sont constamment qualifiés-e-s de putophobes par des groupes de prostitué-e-s en activité. Ils-elles sont parfois même accusé-e-s de « vouloir la mort des putes ».
C’est bien évidemment une arnaque, le combat abolitionniste n’est mû que par la volonté de construire une société égalitaire, une société où personne n’aura le droit d’acheter le consentement sexuel d’un-e autre.

La réponse de Zéromacho aux agressions verbales dont ils sont constamment la cible de la part de membres du Strass résume bien cette position : « Comme la première demande de Zéromacho aux pouvoirs publics est de cesser de pénaliser les personnes prostituées et d’offrir des solutions alternatives à la prostitution, afin de rendre effectif le droit de n’être pas prostituée, nous accuser d’être leurs ennemis relève de la mauvaise foi. N’avons-nous pas tous, eux comme nous, intérêt à vivre dans un monde sans prostitution ? Un monde où la sexualité ne sera ni un service marchand procuré par la violence, ni une expression de la domination machiste, mais un lieu d’exercice de la liberté, dans le respect de l’autre et de ses désirs ».(1)
Ce groupe d’hommes qui s’oppose à la mainmise du commerce sur l’intime est très dérangeant pour les proprostitution qui aiment parler des abolitionnistes au féminin pour pouvoir les qualifier de frustrées, mal baisées, jalouses etc. Que des hommes soient abolitionnistes et surtout le clament, contrecarre la volonté de cette industrie de réactiver dans la société l’idée réactionnaire que tout homme serait naturellement un client prostitueur potentiel, que cela serait indissociable de la masculinité.

Il n’y a pas 2 sortes de femmes, les prostituées et les non-prostituées. Il y a des femmes qui vivent dans une société patriarcale et y naviguent en s’y protégeant au mieux Avec parfois comme seule solution la solution d’urgence, de survie immédiate qui est de se soumettre aux règles patriarcales. C’est ce que font des femmes en restant avec un compagnon violent par exemple, ou en étant prostituées. C’est la moins mauvaise solution qu’elles voient à ce moment pour ne pas sombrer. Chez nous, la situation des femmes en général s’améliore, mais il reste, comme le dit Françoise Héritier des noyaux de résistance dans les systèmes de représentation et dans les lieux d’élection tels que la vie domestique et la vie sexuelle (elle pense notamment au recours à la prostitution). (2)

Le patriarcat veut des femmes au service des hommes dans tous les domaines. Une épouse gardienne du foyer, une gestatrice, une nounou et une éducatrice pour leurs enfants, une prostituée pour leurs envies sexuelles. Un monde d’hommes pour les hommes.
Le fait qu'une femme en retire un bénéfice financier, comme vous en tant que prostituée, n’efface pas ce constat d’inégalité structurelle.

En vous faisant croire que vous avez le pouvoir, parce que vous avez plus ou moins choisi - plutôt moins que plus - d’entrer dans ce système, le patriarcat est doublement gagnant. Il vous utilise et se dispense de vous y forcer.
Le pouvoir qu’il vous attribue n’est en fait que celui de renoncer à votre autonomie. Pendant la passe, le corps de la prostituée appartient à l’acheteur. Les prostituées sont occupées en time-sharing par les clients prostitueurs…

Non, les abolitionnistes ne sont pas vos ennemis, ils-elles sont solidaires des femmes et luttent contre cette violence qui consiste à nier le désir et le plaisir d’une femme en l’utilisant comme objet de jouissance.

En réalité, le putophobe, c’est celui qui se sert de vous : le client prostitueur pour qui vous n’êtes qu’un corps, et même des morceaux de corps, preuve en est que l’utilisation d’une partie ou d’une autre n’a pas le même prix. Il vous « aime » soumises, actrices, obéissantes. La vraie personne derrière le masque commercial, il ne veut pas la connaître, elle ne l’intéresse pas, pire, elle le dérange dans sa jouissance égoïste et solitaire.
Notre société aussi est putophobe, qui n’a rien d’autre à vous offrir que l’amélioration des conditions d’activité, comme si là résidait la violence.
Essayer d’orienter votre colère vers les abolitionnistes est une manipulation de plus.
Alors, ne vous trompez pas de combat!

(1) https://docs.google.com/file/d/0B4m-5zY ... sp=sharing

(2) Françoise Héritier, anthropologue, professeure au Collège de France, écrivaine, dans le Télérama n°3107 du 9/8/2009

Lora Crohain

http://enquelquesorte.blogspot.fr/2013/ ... es-et.html


Sur le même blog (en débat)

Abolitionnistes et proprostitution, nous ne parlons pas de la même chose

La pénalisation des clients prostitueurs est à l’ordre du jour en France. Depuis, les tribunes proprostitution fleurissent dans certains médias. Des réactions abolitionnistes leur répondent.
Cela pourrait faire croire qu’il s’agit simplement de deux courants d’idées opposés, qu’il ne s’agit que d’une différence d’appréciation d’un même phénomène. Il n’en est rien : il n'y a pas débat.

Un débat entre deux personnes, deux groupes, suppose deux opinions différentes sur un même sujet, que l’on confronte. Il s’agit d’exposer son point de vue, de développer ses arguments, afin de permettre au public de choisir en connaissance de cause.
Or, ici, abolitionnistes et proprostitution ne débattent pas d’un même sujet.

Les proprostitution défendent, dans leur majorité, leurs intérêts personnels (membres du Strass, qui défendent leur gagne-pain et sont donc juge et partie), clients prostitueurs affichés (peu de monde) et anonymes (beaucoup plus), qui défendent leur droit de cuissage, proxénètes (toujours masqués) qui défendent leurs faramineux revenus, commerces adjacents qui défendent leurs bénéfices associés.
Le fait que la grande majorité des prostituées sont contraintes, ce qu’ils ne peuvent nier, ne leur importe qu’en théorie. Leur démarche est individualiste pour certains, égoïste pour d’autres, ou encore, simplement, la preuve de leur insensibilité et de leur non-empathie envers les plus défavorisés, tellement éloignés de leur monde qu’ils en deviennent irréels.
Les abolitionnistes n’ont aucun intérêt personnel à l’abolition de la prostitution.
Ils se battent contre un système mondial qui exploite sexuellement majoritairement des femmes. Ils affirment qu’il n’est pas éthique de permettre à une personne (dans 99 % des cas un homme) de payer pour utiliser un-e autre sexuellement (dans 80 % des cas une femme). Ils soulignent que ça nuit aux femmes et à la société en bétonnant les inégalités liées au genre. Ils dénoncent un système mis en place par des hommes pour les hommes au détriment des femmes et assimilés.

Les prises de positions proprostitution sont-elle une opinion ou tout simplement un front de défense de leurs intérêts, sous couvert de défense des libertés des femmes?

Qui est libre dans ce système ? Le client prostitueur, qui peut décider quand, où, laquelle (ou lequel) il va utiliser sexuellement.

Le choix se résume donc entre :
- une société qui organise la mise à disposition de corps de femmes pour les hommes. Il faut donc dans ce modèle considérer la contrainte sexuelle comme un avatar malheureux mais nécessaire.
- une société qui met une barrière éthique indispensable en sortant l’intimité sexuelle du champ du commerce et, par là même, pose les bases d’une société plus juste.

Nous avons choisi, et vous ?

Lora et Ed

Lire ici http://secretlifeofamanhattancallgirl.w ... -interest/ ce que dit Stella Marr, survivante de la prostitution, des "syndicats de travailleurs du sexe".

Et aussi Le Strass et les survivantes, 2 éclairages, http://enquelquesorte.blogspot.be/2011/ ... tes-2.html

http://enquelquesorte.blogspot.be/2012/ ... -nous.html


Une société qui met une barrière éthique indispensable, un cadre légal protecteur pour les femmes, et pas contre les prostituées mais contre les macs et les mecs consommacteurs, je me vois mal être contre, comme il en est de même concernant les questions de viols, de violences conjugales, de harcèlement sexuel, etc...
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Re:Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 10 Aoû 2013, 02:02

Pour les camarades de la FA, et les égaré-es, en rappel et ressource utile :

Anarchisme, féminisme - Contre le système prostitutionnel

Pour qui cherche une solide introduction au débat que provoque l’extension du néo-libéralisme à l’appropriation des corps – notamment ceux des femmes du Tiers-Monde et des femmes racisées –, Hélène Hernandez et Elisabeth Claude signaient en mai dernier aux Éd. Du Monde Libertaire, un tour d’horizon très réussi des lignes de force de ce dossier chaud.

Abondamment illustrée de dessins à forte charge symbolique, cette plaquette de 124 pages synthétise étonnamment bien les bases de l’analyse féministe, les réalités de la prostitution, le discours qui tente de la légitimer, les politiques législatives de trois États – la France, la Suède et les Pays-Bas et la définition d’un abolitionnisme féministe.

Hier et aujourd’hui

Contrairement à certains auteurs qui prétendent réinventer la roue, Hernandez et Claude remontent jusqu’à Victor Hugo pour situer dans leur contexte les luttes actuelles de libération des personnes prostituées. On présente ainsi les démarches parfois concurrentes, parfois opposées de communautés comme celle des féministes suédoises, du Mouvement du Nid, de l’Association Cabiria, de Florence Montreynaud, etc. Le dernier texte qu’elles citent est celui d’Autochtones canadiennes, l’Aboriginal Women’s Action Network, qui tiennent présentement tête au projet de légaliser des bordels à Vancouver, présentement soumis aux tribunaux canadiens par des représentants de «l’industrie du sexe».

Les auteures concluent avec Marie-Victoire Louis, une plume implacable du mouvement abolitionniste, la nécessité de recibler sur le proxénétisme une bataille qui risque l’ambigüité à s’en tenir au vocable de prostitution.

Une présentation aérée et une documentation très au fait des démarches féministes moins connues fait de ce livre un outil de référence essentiel pour situer de telles interventions – menées notamment au Québec par la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES), qui publie le bulletin gratuit BULLES (http://www.lacles.org) – dans un cadre de lutte contre toutes les oppressions.

Info: editions(a)federation-anarchiste.org

Anarchisme, féminisme contre le système prostitutionnel, Hélène Hernandez et Elisabeth Claude (Coordination), Editions du Monde libertaire, 124 pages, 9 euros



Une réflexion vivifiante, tournée vers l’action, apportée par des militant-e-s de la Fédération anarchiste.

À l’orée de l’ouvrage, les auteures placent leur travail dans la continuité de leurs conceptions politiques : « Nous espérons que nos propos (...) rendront le patriarcat - et le système prostitutionnel - plus compréhensible et surtout plus insupportable, (...) qu’ils contribueront (...) à l’élaboration de la société sans domination à laquelle aspirent toutes et tous les anarchistes. (...) Comment pourrions nous concevoir que cette société maintienne le système prostitutionnel ? »

Servi par une copieuse bibliographie et s’appuyant sur de nombreuses références (témoignages de personnes prostituées, essais et analyses de diverses disciplines), l’ouvrage propose un bref état des savoirs sur le système prostitutionnel, les législations appliquées dans plusieurs pays, les prostitueurs et la construction d’une masculinité centrée sur l’appropriation du corps des femmes.

Mais « Anarchisme, féminisme, contre le système prostitutionnel » a surtout le grand mérite d’analyser les mythes conçus pour renforcer et maintenir le système prostitutionnel. Du « plus vieux métier du monde » aux plus modernes, tels que « la prostitution n’est qu’un échange commercial », « un travail comme un autre », les auteures passent en revue les différentes trouvailles promotionnelles des défenseurs du système prostitutionnel. On trouve ainsi dans l’ouvrage d’utiles arguments, qui alimentent les questions du travail, de la liberté, de la subversion, du sens du consentement au coeur des rapports de domination...

http://www.prostitutionetsociete.fr/cul ... -contre-le


Image


Commission Femmes de la Fédération Anarchiste

Elisabeth Claude et Hélène Hernandez

La Fédération Anarchiste refuse le système prostitutionnel en tant que système de domination, en tant qu’obstacle à l’émancipation des femmes et des hommes.
D’autres courants anarchistes peuvent se laisser berner par les discours de justification de la prostitution au nom de la liberté individuelle alors que nous tenons à considérer le système prostitutionnel dans son ensemble et donc à sortir de la question de la seule personne prostituée avec tous les clichés qui l’entourent. C’est le système qui nous intéresse, système pour lequel nous sommes tous et toutes des proies. Tout le monde est concerné. Nous ne voulons devenir ni les produits, ni les clients.

Historiquement, la question n’a pas été abordée par l’ensemble du mouvement anarchiste mais par quelques personnalités, notamment Louise Michel, qui a exprimé sa solidarité avec les femmes prostituées qu’elle a rencontrées en prison et Emma Goldman aux Etats-Unis, qui a laissé des écrits abolitionnistes.

Les débats qui traversent la société traversent aussi les mouvements libertaires et anarcho-syndicalistes ; et les préjugés sociaux sont les mêmes. Nous aussi femmes anarchistes nous heurtons à ce que l’on pourrait appeler la frontière du genre. Il y a des débats houleux sur les questions qui concernent les femmes… On ne sort pas de la scission entre ceux qui refusent le système prostitutionnel et ceux qui le justifient sous le prétexte de la liberté ou des « besoins » des messieurs. Un exemple : en 1936, du temps de la République Espagnole, des militants républicains avaient des réductions auprès des femmes prostituées pendant que les « Mujeres libres » affirmaient des positions de solidarité avec les prostituées et refusaient de faire de la prostitution un métier.

On ne peut certes pas contester le consentement d’une personne, comme l’explique très bien la philosophe Geneviève Fraisse, mais la question est collective et non purement individuelle. C’est socialement, politiquement, qu’il faut penser la question.

Le concept pur de « liberté » continue de séduire beaucoup d’anarchistes. Pour nous, il ne veut rien dire s’il est pris tout seul. Il n’y a de liberté que reliée à d’autres valeurs : la dignité, l’égalité et la solidarité.

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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 15 Aoû 2013, 00:15

Happenings et manipulation

déconstruire la façade

Prostitution : un peu de recul sur le discours du Strass

par Le ciel, le féminisme et ta mère

Comme prévu, samedi, nous étions au colloque Abolition 2013 contre le système prostitueur. Nous nous y attendions un peu, nous avons été accueillies à coup de faux sang rouge par une dizaine de militants du Strass, le Syndicat du travail sexuel (vous noterez le choix de l’acronyme qui met paillettes et glamour sur une réalité qui l’est beaucoup moins), qui milite pour la légalisation et la réglementation de la prostitution.

Le Strass, jamais à court de bonnes idées, s’était muni de pancartes barrées de slogans du type "Abolition de la prostitution = Explosion du Sida". Leur argument: nous abolitionnistes serions de dangereux énergumènes. Poussés par notre mépris pour les prostituéEs, nous chercherions à faire empirer leurs conditions de "travail" jusqu’à ce qu’ils et elles ne puissent plus/ne sachent plus (nous n’avons pas vraiment compris la nuance) utiliser un préservatif. Nous condamnerions donc les "putes", comme le Strass les appelle, au Sida. Logique.

Vous dites que vous ne voyez pas le rapport ? L’argument vous parait un peu désespéré ? Nous aussi. Profitons en pour rappeler au Strass, qui manifestement est plus occupé à préparer des actions choc pour les médias qu’à se renseigner sur nos idées et notre projet, que l’abolitionnisme ne condamne pas les personnes prostituées. Au contraire, comme l’a fait la Suède, premier pays à adopter une loi abolitionniste en 2013, nous souhaitons que les hommes et les femmes contraints de vendre leur corps aient accès à la protection sociale et médicale dont ils ne bénéficient pas aujourd’hui. Qu’ils puissent être soignés, protégés en cas de maltraitance et, surtout, qu’on leur propose de réels moyens de changer de vie, s’ils le souhaitent.

Ceux que nous voulons voir punis sont les proxénètes et, pour la plupart d’entre nous, les clients. Nous croyons qu’il n’est pas normal et qu’il ne devrait pas être légal de s’enrichir en vendant les services sexuels d’autrui. Nous croyons qu’il n’est pas plus légal ni normal de payer pour des services sexuels. Nous voulons abolir le système qui pousse certaines femmes et certains hommes à se prostituer, ainsi que ceux qui en profitent. Il n’a jamais été question de laisser les prostituéEs sur le carreau.

Samedi, plusieurs anciennes prostituées sont venues nous raconter leur parcours. Nous qui pourtant serions "anti-putes" ou "putophobes", nous les avons écoutées et applaudies. L’une d’entre-elles nous a confié que, pour la première fois depuis qu’elle a arrêté de se prostituer il y a 28 ans, devant notre accueil elle n’avait plus honte. Pas mal pour les gens intolérants et coincés que le Strass voudrait que nous soyons, non ?

Le parcours de ces femmes est à des années-lumière de celui que le Syndicat du travail sexuel érige en modèle: la prostitution dite "volontaire", pour tenter de faire oublier celles et ceux, majoritaires, qui se prostituent ou se sont prostitués contraints par un proche, un parent, un amoureux, un proxénète ou simplement par la pauvreté. En France, la grande majorité de la prostitution est contrainte et cette majorité là aimerait bien avoir eu le choix, même si elle n’a pas toujours les moyens de le dire.

Malheureusement, la contrainte qui s’exerce sur les personnes prostituées est telle qu’il leur est souvent difficile de dire leur vérité, à savoir qu’elles ne sont pas si volontaires et heureuses que ça, témoignent celles et ceux qui en sont sortis. Hubert Dubois, qui a réalisé de nombreux documentaires sur la prostitution, le raconte très bien. Lors d’un voyage en Europe de l’est, il a été très surpris d’entendre toutes les jeunes femmes employées dans de sordides bordels dire qu’elles étaient volontaires. Ca n’est qu’à son retour en France qu’il a compris pourquoi, en voyant sa traductrice, elle-même ex-prostituée, éclater en sanglots et lui expliquer qu’elle aurait dit la même chose à l’époque, alors qu’elle pensait déjà tout le contraire.

Face cette majorité, le Strass est l’arbre qui tente, avec malheureusement un certain succès médiatique, de cacher la forêt. Et pour cause, il est toujours plus simple d’interviewer une prostituée "volontaire" et militante qu’une prostituée contrainte et menacée. Ca ne devrait pas suffire à faire de l’opinion d’une minorité très bruyante la voix de la majorité.

A ceux qui seraient encore tentés de croire que la majorité des personnes prostituées ont fait ce choix par goût pour le sexe ou après un calcul économique rationnel, nous demandons : vous vous y voyez ? Accepteriez-vous de coucher avec le premier venu ? A ceux qui pensent que le travail en général est une prostitution et qu’on vend tous soit notre corps, soit notre cerveau, imaginez-vous entendre les clients de votre maison close dire de vous "combien ça çoûte, ça? Je peux tester un peu la marchandise ?" ? Nous non. D’ailleurs, nous ne concevons pas de vivre dans une société qui tolère et accepte que la prostitution puisse être considérée comme un métier, une société au sein de laquelle le corps serait une marchandise. Et si nous souhaitons l’abolition de la prostitution, c’est parce que nous voulons que chacun ait une réelle chance de dire non.

C. et R.

PS: Si vous voulez un compte-rendu plus détaillé du colloque abolition 2013, rendez-vous sur notre compte Twitter @BlogueTaMere. Vous pouvez aussi aller voir :
- le blog d’Abolition 2013 http://abolition13avril.wordpress.com/
- l’appel pour l’adoption d’une loi abolitionniste http://www.abolition2012.fr/index.php/signez-l-appel
- les pages Twitter https://twitter.com/abolition2012 et Facebook https://www.facebook.com/abolition2012 du collectif Abolition 2012
- des témoignages d’anciennes prostituées http://www.prostitutionetsociete.fr/tem ... s/?lang=fr publiés par le magazine Prostitution et Société
- et les sites des associations : Le mouvement du nid http://www.mouvementdunid.org/ , L’Amicale du nid http://www.amicaledunid.org/ , La Fondation Scelles http://www.fondationscelles.org/, Osez le féminisme http://www.osezlefeminisme.fr/ ou encore Zéro Macho http://zeromacho.wordpress.com/ pour l’avis de mecs engagés contre la prostitution.
http://lefeminismetamere.wordpress.com/ ... du-strass/

Morgane Merteuil ? Féministe mon cul !

Morgane Merteuil, secrétaire du STRASS (syndicat de travailleuses et travailleurs du sexe), vient de sortir un livre. Dans Le Monde du 25 novembre 2011, on retrouve une interview d’elle, intitulée « Morgane Merteuil préfère être escort plutôt que de travailler en usine », interview qui constitue un bel exemple de l’instrumentalisation d’une prétention féministe en situation d’aliénation du travailleur (ici du sexe) par les rapports de production capitalistes.

Morgane Merteuil nous dit tout d’abord qu’elle « n’utilise pas le mot de “prostituée” » car « c’est un terme passif fondé sur un participe passé », elle dit « plus volontiers escort. ». Un peu de la même façon que certains salariés ou quasi-salariés - mot lui aussi passif et fondé sur un participe passé exprimant la dépendance au capital du client ou de l’employeur - préfèrent se dire cadres, graphistes indépendants, auto-entrepreneurs, chefs de projet, etc.

Elle nous dit ensuite qu’elle « préfère être escort plutôt que travailler en usine quarante heures par semaine : je choisis mes horaires, je n’ai pas de patron, je gagne ma vie. L’important, c’est que cela reste un choix ». Assurément, elle a bien raison de choisir le travail qui lui pèse le moins, qui la contraint le moins et qui lui rapporte le plus. Tous les travailleurs font cela quand ils le peuvent, mais seuls les théoriciens du néolibéralisme affirment que la liberté contractuelle sur le marché du travail est un gage de liberté et d’émancipation, et que patrons libres, clients libres et travailleurs libres y trouvent chacun leur compte puisqu’ils ont fait ce qu’ils ont fait les uns par rapport aux autres. Penser ainsi revient à dire que faire un choix libre entre plusieurs employeurs et/ou plusieurs clients donneurs d’ordre est synonyme de liberté.

On va revenir sur cette question du choix et de la liberté car elle est centrale. On notera que pour le moment la question dont on parle avec Morgane Merteuil est celle du travail et n’a pas grand-chose à voir avec la question féministe qui est celle de l’aliénation-subordination du genre femme par le genre homme.

Quand la journaliste lui demande : « les abolitionnistes affirment que la prostitution n’est jamais un choix. Qu’en pensez-vous ? » Elle répond : « C’est évidemment un choix “contraint” – on ne le fait sans doute pas uniquement par plaisir ». Donc on est bien d’accord, un choix entre des alternatives limitées, pas tout le temps, pas totalement ou pas vraiment désirables, renvoie bien au registre de la contrainte. Ici non plus ce dont on parle n’a pas de rapport direct avec la question spécifique au genre femme de l’émancipation féministe.

Morgane Meteuil ajoute au sujet de ce choix contraint, pas toujours fait que par plaisir : « Mais c’est le cas pour beaucoup d’autres métiers. Les personnes qui ont des journées extrêmement difficiles sur des chantiers ou dans la restauration diraient sans doute, elles aussi, qu’elles ont fait un choix contraint. Personne ne songerait à leur rétorquer, comme on le fait avec nous, que leur consentement ne vaut rien et qu’elles sont aliénées. » Justement, si : leur consentement ne vaut rien en terme de liberté et par ailleurs leur consentement peut et est souvent aliéné au sens que Marx donnait à ce mot. Dire cela ce n’est d’ailleurs pas leur « rétorquer » quelque chose, mais confirmer le choix contraint qu’elles viennent elles-mêmes d’énoncer : si c’est contraint, ce n’est pas libre.

On retombe ici sur la question du choix libre (le consentement) : en quoi signifie-t-il liberté et autonomie s’il n’est pas désiré ?

Morgane Merteuil enchaine : « Les abolitionnistes – parfois des féministes ! – nous parlent comme si nous étions des enfants, alors que, pour moi, le féminisme, cela consiste à écouter la voix des femmes, sans porter de jugement moral et sans avoir d’a priori. Pour elles, il n’y a qu’un seul schéma d’émancipation, le leur. Et toutes celles qui ne rentrent pas dans ce schéma sont forcément aliénées. Pour moi, l’émancipation, cela consiste au contraire à vivre selon ses propres désirs ». J’écoute effectivement Morgane Merteuil et je constate que, visiblement sans qu’elle s’en rende compte, elle glisse du « choix contraint » pesant sur toute force de travail (paragraphe précédent), à « l’émancipation qui consisterait à vivre selon ses propres désirs » (ce qui est bien vrai). Or si la prostitution est un choix contraint, comme elle le dit plus haut et comme toute vente de sa force de travail comme marchandise, alors ce choix contraint ne peux pas être en même temps « propres désirs » et émancipation. Morgane Merteuil est en pleine contradiction, confusion, aliénation, est-elle bien certaine de ce qu’elle veut « vivre selon ses propres désirs » ?

C’est de façon contingente et accidentelle que la question de l’aliénation des travailleurs peut être mise en rapport avec celle du féminisme. Morgane Merteuil a l’air de croire que le travail subordonné (au client ou au patron) émancipe, Arbeit macht frei en somme, ce qui est une croyance non spécifique au genre femme, qui peut valoir pour les hommes et qui plait beaucoup aux DRH et à l’UMP. Sauf que les joies de la carrière professionnelle et toutes les conneries sur la valeur travail sont sans rapport direct et spécifique avec la question féministe. Sa croyance est équivalente à celle de très vieilles féministes qui pensaient que lorsque les femmes auraient un accès libre et reconnu au marché du travail et aux revenus qu’ils procurent, tout serait résolu dans les rapports inégaux hommes/femmes (ce qui est faux, tant dans le travail qu’à l’extérieur du travail), tout en laissant de coté la question, pas moins politique et cruciale, de l’inégalité de rapports entre la force de travail comme marchandise et les patrons ou les clients donneurs d’ordre.

A la question : « Que répondez-vous à ceux qui disent que la prostitution est forcément une atteinte à la dignité ? » Morgane Merteuil répond : « C’est une forme de paternalisme très condescendant. C’est blessant, injurieux, méprisant, de s’entendre dire que ce métier est, par nature, un esclavage ou un asservissement. Il peut l’être, bien sûr, mais il ne l’est pas toujours. J’ai des amies qui ne pourraient pas faire ce que je fais, mais j’ai un rapport au corps qui me permet, moi, de le faire. Il faut respecter le ressenti de chacun, ne pas imposer aux autres sa propre vision des choses. Certaines personnes ne pourraient pas travailler dans un abattoir, d’autres auraient du mal à s’occuper de personnes âgées. Moi, ce que je trouve dégradant, c’est plutôt d’être trader ou huissier de justice. Les adhérents du Strass n’ont pas le sentiment de perdre leur dignité, ils veulent simplement qu’on cesse de les stigmatiser et qu’on leur reconnaisse des droits sociaux – la retraite et l’assurance-maladie par exemple. En pénalisant le client, on va au contraire marginaliser et précariser les travailleurs du sexe, qui auront de plus en plus de mal à imposer leurs conditions aux clients ». On tombe là sur la double erreur des féministes abolitionnistes et des féministes pro-putes : séparer la prostitution des autres formes de vente de sa force de travail, de sa liberté et de ses désirs. Que cela passe par la médiation du cul, des mains, de l’intelligence ne change rien, tout salariat est prostitution, tout ce qu’on fait sans vraiment en avoir envie, sans en avoir envie tout le temps, à des conditions qui ne nous plaisent pas toutes, est prostitution. Abstraire la prostitution du travail subordonné aboutit chez les abolitionnistes comme chez les pro-putes à légitimer le capitalisme, en prime cela aboutit chez les pro-putes à se croire féministes et émancipées. J’en veux pour preuve qu’une fois encore Morgane Montreuil ne parle pas de la question féministe, mais de rapport au travail en comparant la désirabilité variable de différents métiers. La liberté et l’émancipation relatives qu’elle perçoit dans la prostitution n’est pas relative à l’objectif d’émancipation féministe, mais relative à d’autres métiers puisqu’elle passe son temps à comparer les coûts et les avantages du métier subordonné pute à d’autres métiers subordonnés.

Concernant l’extrait précédent, on notera que Morgane Merteuil ne prend en exemple que des métiers perçus couramment comme vils et stigmatisables : bosser en abattoirs, torcher des petits vieux, ruiner des pays et spéculer sur le blé en étant trader, virer des pauvres en étant huissier de justice. C’est l’inconscient doublement aliéné de Morgane Merteuil qui parle : d’une part ces comparaisons lui viennent à l’esprit parce qu’elle est stigmatisée en tant que pute au même titre que peuvent l’être les autres métiers qu’elle énonce, mais d’autre part je pense que la référence à l’abattoir et aux petits vieux n’est pas insignifiante : n’est elle jamais confrontée à ces choses rarement désirables que sont l’abattage (enchainer les passes) et à la laideur des corps d’une part des clients ?

Le must de l’aliénation du travailleur apparait dans l’ultime prise de parole de Morgane Merteuil : « La prostitution ne consiste pas à vendre ou même à louer son corps, comme le prétendent les abolitionnistes, tout simplement, parce que le client ne peut pas en faire ce qu’il veut. Le travailleur sexuel propose une prestation qu’il réalise avec son corps, mais il fait aussi travailler sa tête ! Il y a des choses qu’il accepte de faire, d’autres qu’il ne fait pas et, pendant la prestation, il garde à tout moment le contrôle de ce qui se passe ». Une fois de plus la symétrie est parfaite entre l’activité pute et la subordination salariale ou para salariale en général : contrairement à ce que dit Morgane Merteuil, la pute tout comme le travailleur subordonné au patron ou au client loue sa force de travail (physique ou intellectuelle) et sa disponibilité. Dans un cas comme dans l’autre le patron ou le client ne peut pas faire ce qu’il veut : du coté des putes on négocie avec le client, du coté des autres travailleurs le contrat commercial ou le contrat de travail fixent ce qui peut être exigé par les parties, dans le respect des dispositions du code civil et du code du travail fixant le cadre maximal de ce qui peut être exigé. Tous les travailleurs font travailler leur tête, mobilisent leur volonté et leur habileté (et le fait qu’ils y consentent ne veut pas dire qu’ils le désirent). Tous les travailleurs ont des limites concernant l’acceptable. Par contre, bien peu de travailleurs, qu’ils soient putes ou autre chose, ne « garde à tout moment le contrôle de ce qui se passe ».

Bien peu de travailleurs désirent suffisamment leur emploi pour travailler gratuitement, ça me suffit pour douter de la désirabilité absolue et intrinsèque du travail subordonné au client ou au patron capitaliste.

Ajoutons que si faire pute est pour Morgane Merteuil relativement plus confortable et moins contraignant qu’un autre emploi, ce n’est pas une propriété intrinsèque et émancipatoire de la fonction pute, mais un résultat subordonné du rapport entre l’offre de prostitution et la demande de prostitution. Le relatif sentiment de liberté de Morgane Merteuil (pas de patron, pas d’horaire, pouvoir refuser certains marchés proposés par les clients) est bien précaire et n’est que la conséquence de sa valeur relative sur le créneau du marché de la prostitution qu’elle occupe. Si 500 filles plus attractives, moins exigeantes envers les clients viennent casser les prix et prendre des parts de marché sur son créneaux, elle s’alignera vers le bas ou changera de métier et s’en sera fini de son sentiment de liberté et de son auto-mystification concernant l’essence émancipatrice et féministe de la prostitution. C’est le marché et l’état de marchandise face à d’autres force de travail-marchandises qui commandent, pas l’individu.

Pour finir, réglons une bonne fois pour toute son compte à cette connerie de confusion entre choix et liberté. La liberté n’est pas dans le choix, elle est dans la désirabilité et la variété des alternatives présidant au choix. Libre choix est une connerie car ce n’est pas choix le problème, le problème c’est « choix entre quoi et quoi ? ». On ne désire pas choisir, c’est parfaitement absurde de confondre arbitrage et désir. Au contraire, le désir, l’envie, est suscité par à une ou plusieurs alternatives accessibles et plaisantes, pas par le fait de choisir entre les alternatives.

Donc la liberté n’est pas dans le choix, elle découle des alternatives et de leur désirabilité. Prendre l’alternative la moins pire et/ou la seule réalisable est bien un choix libre et un arbitrage entre plusieurs solutions (ainsi qu’une prise en charge de la responsabilité du choix), mais ça n’a rien à voir avec la liberté et l’émancipation. La liberté et l’émancipation c’est d’avoir du pouvoir sur le contenu et les nombres des alternatives en jeu, pas de subir le peu d’alternative que d’autres qui ont du pouvoir sur nous nous proposent.

Et ça, Morgane Merteuil, bien aliénée, bien résignée à la concurrence libre des travailleurs marchandises face aux donneurs d’ordre, ne l’a visiblement pas compris
http://paris.indymedia.org/spip.php?article11613
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Roro » 15 Aoû 2013, 03:15

Bon, j'avoue, j'ai (presque) rien lu (6 pages à se coltiner, ça fait long). Mais je vais profiter de ce topic pour partager mes interrogations sur le débat sur la prostitution. Ce sera peut-être confus dans la mesure où je n'ai personnellement pas d'avis tranché sur la question. Certains de mes arguments seront sans doute à côté de la plaque mais bon, comme je vais essayer d'avoir (enfin) un avis tranché à la fin de la discussion, du remontage de bretelle me dérangera pas.

Sur la question de la "liberté" pour la femme de se prostituer, je suis sans doute le plus confus, je vais donc commencer par là. Je vais parler ici hors du cadre des femmes au main des réseaux de proxénètes, donc uniquement dans le cas de prostitution "volontaire". J'ai mis volontaire entre guillemets à dessein au sens où je pense que personne, homme ou femme, ne se prostitue par plaisir ni par envie mais en raison de ses conditions de vie économique, pour éviter de devenir SDF par exemple ou pour payer ses doses de drogue, que sais-je. En raison de ces contraintes économiques, il paraît assez évident que la prostitution n'est pas acceptable au sens où, justement, sans ces conditions économiques (mettons dans une société où le logement serait assuré quoiqu'il arrive, égalité salariale stricte, plus aucune drogue en circulation, etc) il me semble que pour ainsi dire personne ne serait amené à faire le trottoir. Ça c'est pour la théorie.

Pour la pratique, j'ai beaucoup de mal à voir comment la prostitution pourrait effectivement être abolie, en particulier avec l'arrivée d'Internet où on sait que pas mal de putes exercent par ce biais et ne vont plus dans la rue. Donc ma question est simple : comment à partir de ce constat abolir la prostitution ? Est-ce que c'est juste par principe de dire "on a aboli la prostitution" ou bien cherche-t-on réellement à faire en sorte que plus personne ne se prostitue ? Et alors comment faire pour que cela arrive ? (Là je parle dans un cadre capitaliste, soyons clairs, parce que je ne crois pas que la révolution soit pour demain, mais c'est un autre débat)

Il y a également un argument qui a tendance à m'agacer dans le discours de certain(e)s abolitionnistes, c'est l'argument sur les réseaux. Mettons que tous les pays du monde aillent dans le même sens en rendant illégal la prostitution partout, à moins que tous les proxos soient arrêtés à travers le monde, je pense pas que ces personnes souhaitent arrêter leur business lucratif comme ça, juste parce que c'est interdit. Le scénario le plus probable c'est que la prostitution ne sera abolie que pays par pays, et que ce processus va nécessairement durer des années et des années. Alors certes on pourra dire "Chez nous c'est aboli" en se cachant les yeux sur le fait qu'on aura juste déplacer le problème.

C'est pour ça que je pense que le principe d'abolition de la prostitution est certes un but à atteindre. Mais est-il réellement atteignable dans un cadre capitaliste ? Personnellement, j'en doute beaucoup. C'est à partir de ce constat personnel que je pense que, en l'état actuel des choses, l'abolition n'est pas possible. Par sur le principe, mais sur la pratique, ce qui pour moi n'est pas du tout la même chose.

Je ne sortirai pas l'argument des réglementaristes sur le fait que vendre son corps c'est comme vendre sa force de travail. Non, pour moi ce sont deux choses totalement différentes. Parce que le rapport salarié/marchand qu'il y a dans la prostitution touche de très près le rapport patriarcal. Combien de meufs se font traiter de putes pour une jupe trop courte ? On les traite pas de salariée mais de pute, ce qui montre clairement le rapport de domination patriarcale, et pas le rapport marchand. Et c'est aussi oublier que même dans le travail salarié "classique" la domination patriarcale existe (harcèlement moral et/ou sexuel, inégalités salariales, précarité, etc).

Néanmoins, je pense que les maisons closes, pour peu qu'elles soient encadrées, auraient plusieurs avantages. Je parle toujours dans un cadre capitaliste, je le rappelle. En premier lieu, on pourrait contrôler les revenus des prostituées et les entrées et sorties de leur comptes bancaires. Selon les gains qu'elles sont sensées avoir obtenu par cette activité, on pourrait déceler si elles reversent une partie de leur revenus à un tiers. Oui, c'est du flicage, faut être clair. En second lieu, la réglementation stricte de cette activité pourrait permettre la mise en place d'un suivi social de chacune d'entre elles/eux. Un peu comme dans les salles de shoot en fait, pour ceulles qui connaissent. En troisième lieu, on saurait précisément où elles sont. L'intérêt ? Je pense qu'il serait plus facile de repérer d'éventuelles prostituées occasionnelles ou aux mains de proxénètes qui arpenteraient les rues.

On pourra me rétorquer que ce que je propose c'est de faire appel à l’État, ce à quoi je répondrai que c'est exactement ce que font les abolitionnistes. En outre, si je propose un suivi social et que j'ai pris l'exemple des salles de shoot, ce n'est pas tout à fait anodin. Les salles de shoot ne sont pas là uniquement pour permettre aux camés de se droguer tranquille, leur but sur le long terme est de sortir ces personnes de leur addiction. Mon idée, à plus ou moins long terme, est d'arrivé au même objectif avec les prostituées : les sortir de la prostitution en les aidant à le faire. En les informant sur des formations professionnelles, les aides sociales auxquelles elles peuvent avoir accès, etc, etc.

Voilà en gros où j'en suis de mes réflexions persos sur le sujet. Elles sont sans doute bancales, mais comme je l'ai déjà dit, je n'ai pas d'avis sur la question en dehors du fait que je pense que l'abolition ne réglera pas le problème. Pour résumé ma position sur l'abolition : c'est bien beau de le dire, encore faut-il arriver à le faire. Et c'est là-dessus que je suis très septique.
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Pïérô » 15 Aoû 2013, 08:03

Tu aurais du lire :wink:. En même temps il y a un débat ici à avoir qui ne me semble pas être entre libertaires et libéraux, mais bien dans le camp abolitionniste, et dans le camp libertaire.

Je pense que les libéraux réacs, qui se complaisent dans le système capitaliste et prostitutionnel, strass et compagnie, n'ont rien à faire ici, et de ce côté on se montrera intransigeant-es, d'autant que leur manière d'agir, voir plus haut, montre bien que ce cap du débat est largement dépassé et qu'ici on est pas des enfants de chœur et qu'on se laissera pas pourrir.
Je ne comprend pas bien d'ailleurs pourquoi un groupuscule confus, libéral réac, comme le STRASS, arrive à porter une telle confusion dans toute la gauche jusqu'aux "anars", sinon en pensant qu'il y a de notre côté, et du féminisme au sens large, un réel problème politique, en terme de contenu et de sens, même si un recul du mouvement féministe est vérifié depuis des années, et que le mouvement anar est une passoire. Il y a matière et nécessité à re-construire, et construire autrement qu'en laissant penser que le gouvernement va libérer les femmes, parce que justement c'est ce qui a participé depuis 1981 à désarmer une partie du mouvement féministe, et d'un autre côté, et d'un côté plus "radical" et on le voit bien plus haut dans un certain type de confrontation, c'est la problématique historique chez les anars entre libertaire et libéral en confusionnisme du côté des courants "autonome" confus, anarcho-individualistes, etc..., et c'est là que le STRASS aussi joue habile car il a bien besoin d'une caution "libertaire" et de petits bras militants d'égaré-es.

Et de ce point de vue il me semble que tu fais quand même la part des choses même si tu laisses penser que la vente de son corps pourrait être encadrée, et de ce point de vue du moindre mal il me semble qu'il y a un effort à faire, même si de mon point de vue je m'en remet aussi à l'Etat pour protéger et légiférer mais là bien dans le sens de s'attaquer aux consommacteurs, mais que cela est bien insuffisant des deux points de vues pour éradiquer l'oppression et l'exploitation, et là on se rejoint d'un point de vue libertaire.

Comme je le dis plus haut, une société qui met une barrière éthique indispensable, un cadre légal protecteur pour les femmes, et pas contre les prostituées mais contre les macs et les mecs consommacteurs, je me vois mal être contre, comme il en est de même concernant les questions de viols, de violences conjugales, de harcèlement sexuel, etc...
La pénalisation des clients, des consommacteurs, fait débat chez les libertaires. S'il peut paraitre incongru d'être anar et souhaiter ce cadre légal, déjà j'imagine mal une société libertaire sans règles collectives, et dans ce domaine dans un chapitre inévitable après tant de temps de système patriarcal, cela ne me pose pas de problème. Il s'agit bien d'avancer, et en l'absence d'un mouvement féministe conséquent et à même d'établir son propre rapport de force, sur le terrain, je n'ai pas envie de jouer l'autruche et rester la tète dans le sable.

La question de l'accompagnement et du soutien que tu soulèves est importante et il y aurait un réel travail de terrain à faire, ou à soutenir car des associations comme le Mouvement du Nid http://www.mouvementdunid.org/ le font depuis longtemps, et c'est un mouvement qui s'est laïcisé depuis ses origines.

Pour renouer avec un concept cher à l'anarchisme en forme d'éducationnisme il y a eu un article dans le mensuel d'Alternative Libertaire de mai 2011 : "Clients » : Punir les prostitueurs ? Les éduquer, surtout" viewtopic.php?f=75&t=4152&start=15#p60782 / http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle4195, qui apporte des éléments aussi. Mais à mon avis l'éducationnisme doit s'articuler avec rapport de force à construire. Et quoiqu'on imagine en cours terme et moindre mal il me semble que l'enjeu est là. Et ce rapport de force doit se nourrir de contenus et de sens, des contenus en terme d'éthique et de règles collectives, du sens en terme de lutte émancipatrice qui ne peux que dénoncer un contexte libéral et participer à construire un projet libertaire, et évidemment anticapitaliste et révolutionnaire.

Comment est-ce qu'on arrive à articuler tout çà ?
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Re: Contre le système prostitutionnel: libertaire vs libéral

Messagede Roro » 15 Aoû 2013, 14:09

Pïérô a écrit:même si un recul du mouvement féministe est vérifié depuis des années


Je ne saurais pas le dire, mais je pense que c'est en partie faux au sens où il me semble que les mouvements féministes ont moins de peine à recruter que d'autres mouvements syndicaux/politiques. Rien que cette année sur Bordeaux, il y a eu toute une "affaire" à Science-Po, avec création d'un collectif féministe sur Science-Po et ce collectif s'est étendu aux autres facs bordelaise par le biais d'AG féministe mixte, dont la première (il y en a eu 2 d'organisées) a réuni 80 personnes tout de même. Après, si en disant cela tu penses aussi au phénomène du féméno-nationalisme, là oui (je sais pas si ce sujet a été débattu, mais ce serait intéressant de créer un topic sur cette question ainsi que sur l'homonationalisme).

dans le sens de s'attaquer aux consommacteurs


Je rebondit là-dessus pour aborder ce sujet des consommateurs, que j'ai oublié dans mon précédent post. Là-dessus j'ai une position contradictoire dans le sens où je pense qu'il y a 2 types principaux de clients de prostituées. En premier lieu, il y a clairement ceux que j’appellerai les consommateurs, des gens qui sont clairement dans un rapport capitaliste : je paye pour une prestation et dans un rapport récréatif vis-à-vis de la prostitution. Un peu comme la drogue : ça se vend, je peux acheter, donc j'achète sans me poser de question. Et là on est clairement dans un cadre libéral. Après y a aussi l'autre face de la clientèle, qui n'est pas à négliger à mon sens, les clients célibataires qui vivent seuls (et donc souffrent probablement de solitude, je ne leur cherche pas d'excuse, j'essaie juste d'analyser) et qui vont être très loin du simple rapport marchand et qui vont éventuellement avoir une forme de respect envers les putes. Et je pense qu'on ne peut pas ne pas faire la différence entre ces deux types de clients. D'abord parce que je pense que ce serait injuste pour ceux appartenant à la seconde catégorie, et ensuite parce que si on veut sensibiliser les clients par rapport à ce qu'ils font, on ne peut pas avoir les mêmes arguments, car il me paraît assez évident qu'ils ne réagiront pas de la même manière à un même argument.

Par ailleurs, on tente ici, en s'attaquant au client, de le moraliser. Or justement, si on opère pas cette distinction entre clients consommateurs et clients "sincères" on risque de se planter. On fera sans doute fuir les clients "sincères", mais déjà on peut se demander si ce sera pour les bonnes raisons, s'ils le feront pour eux-mêmes, pour les putes ou par simple crainte. Et je pense que les clients consommateurs auront tendance à être encore plus dans un rapport de consommation, genre "c'est qui ces gens qui m'empêchent de consommer librement ?".
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