Ce sujet est très intéressant et les 6 pages de débat à lire sont riches d'expériences et de regards différents.
Par contre, étant moi-même pour l'abolition des genres, mon niveau de réflexion à ce niveau-là (de lecture du débat) en est plutôt à un stade très pratico-pratique. Je pense tout bonnement à l'aspect juridique du clivage entre les hommes et les femmes. Ces codes juridiques : celui de la famille, de la santé, etc. qui portent avec autant de lourdeur que possible cette distinction discriminatoire des genres dans cette société. Ajouté à cela toute la jurisprudence "blablatante", sorte de labyrinthe incompréhensible pour tout citoyen, même quelque peu intéressé...Sans compter toutes ces moeurs sociales qui reposent sur lesdits codes et textes jurisprudentiels cités. Tout ce qui permet des abus de positions et le maintien de relations inégalitaires entre les hommes et les femmes dans cette société. Tout ce qui permet l'invisible de comportements, d'attitudes révoltantes...
Parfois, il suffit de commencer par le plus simple. S'il est peut-être utile de connaître le genre d'une personne à sa naissance (pour des raisons médicales?), de l'inscrire dans son état civil, je ne comprends pas pourquoi, à chaque formulaire administratif (ou non) rempli, on doit constamment signaler son genre...Quel intérêt? Si ce n'est perpétuer un clivage, une catégorisation à des fins de domination?
Maintenant, ce qui me paraît important, après toutes les "avancées" obtenues (droit à l'avortement, à disposer de son corps, bref vous les connaissez tous), c'est de constater la stagnation au niveau de l'émancipation des femmes depuis plusieurs années et de réfléchir à ce qui reste encore à faire. Cela a déjà été entrepris par ci par là, par des orgas, par des partis, par associations, des collectifs temporaires. Néanmoins, et j'espère me tromper, on ne sait pas trop par où aller...Pour ma part, c'est l'émancipation personnelle de l'individu-e qui me préoccupe en tout premier lieu car c'est un préalable strictement nécessaire qui peut prendre du temps. Puis, tout ce qui touche à l'"invisible", aux moeurs (dit autrement aux constructions culturelles): ce qui résulte davantage d'une absence de prises de positions fermes quant à l'égalité des individus entre eux, ce qui résulte de l'ignorance et de la peur de beaucoup de gens vis à vis des autres "différents", ce qui résulte des rapports de forces devenus rapports de pouvoirs, etc. Par exemple, m'offre-t-il ce travail car je suis une femme et qui je lui plais? La boulangère me donne-t-elle cette baguette brûlée parce que je suis une personne de couleur? Puis, il y a le sujet brûlant des salaires, celui des enfants aussi...
Donc, pour ce qui est de la question de l'abolition des genres, sans revenir sur tout ce que vous avez déjà dit de très bien dans les 6 précédentes pages, je résumerai mon propos en disant simplement que cette question tient plus jamais la route!!! Et dans mon optique, elle devrait s'orienter vers une relance des débats entre femmes relativement à l'émancipation personnelle et se recentrer sur les principaux aspects juridiques qui façonnent encore ce clivage.