Féminisme et lutte contre l'islamophobie

Féminisme et lutte contre l'islamophobie

Messagede berneri » 15 Mar 2015, 16:13

https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2015/03/14/contribution-aux-debats-feminisme-et-lutte-contre-lislamophobie/
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CONTRIBUTION AUX DÉBATS
FÉMINISME ET LUTTE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE
Annick Coupé, Sigrid Gérardin, Esther Jeffers,
Cécile Ropiteaux, Sophie Zafari
Militantes féministes, syndicalistes et altermondialistes

Des désaccords existent dans différentes organisations et au sein du mouvement féministe sur la façon d’articuler les combats antiraciste et féministe, la place de la lutte contre l’islamophobie dans ce combat, les cadres d’action, etc. Ils sont réapparus dernièrement, en particulier à l’occasion du meeting du 6 mars intitulé « Contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire ». Nous souhaiterions que le débat puisse se poursuivre sereinement sur cette question car il nous semble que les enjeux sont décisifs pour l’avenir de nos luttes.

Nous sommes particulièrement inquiètes de la montée du racisme en général, et des attaques contre des populations décrites comme « dangereuses ». Ces attaques s’inscrivent dans une période de crise sociale et de politiques d’austérité particulièrement dures pour les personnes et les groupes les plus fragilisés, mais aussi dans un climat idéologique – celui du « choc des civilisations » – qui, au nom de la « guerre contre le terrorisme » entretient la haine contre ceux et celles qui sont décrits, en tous les cas traités, comme « étrangers et étrangères » et représenteraient une menace pour la République, pour la sécurité, la laïcité, les droits des femmes, etc.

Comme l’antisémitisme est un racisme spécifique prenant les Juifs comme cible parce que de confession juive, l’islamophobie est le racisme spécifique prenant les personnes de religion musulmane, ou supposées telles, comme cible. Il constitue un terreau privilégié au développement de l’extrême droite (tracts électoraux FN très éloquents). Mais c’est aussi devenu la manifestation d’un racisme d’État qui se traduit par la relance régulière d’initiatives législatives visant à stigmatiser les musulman-es (notamment les femmes musulmanes, cf le port du voile à l’université) ou à les désigner comme des terroristes en puissance (retrait de la nationalité française, contrôle des départs à l’étranger, etc.). Tout cela conduit à une multiplication de paroles et d’actes racistes touchant des personnes de confession musulmane ou supposées telles. Les femmes en sont les premières victimes : 81,5 % des agressions physiques islamophobes sont dirigées contre elles.

Dans ce contexte, il nous semble urgent et nécessaire d’organiser des initiatives qui dénoncent ce racisme ainsi que la politique sécuritaire qui cible principalement les musulman-es et les jeunes des quartiers, et d’exprimer notre solidarité avec elles et eux. Le meeting du 6 mars répondait à cette urgence et était porté par nombre de personnalités et d’organisations avec qui nous partageons bien des combats, notamment contre le sexisme et les LGBTphobies, même si ce n’est pas le cas de quelques-unes d’entre elles.

La lutte contre l’islamophobie est aujourd’hui un enjeu qui devrait concerner tous les mouvements sociaux qui sont porteurs d’émancipation. Réussir à mobiliser contre cette forme de discrimination ne peut qu’encourager les combats contre d’autres formes de discrimination. Construire des lieux de débat et de mobilisation, faire converger ces luttes, est le meilleur moyen d’être plus fort et de faire cesser ces injustices.

L’urgence et le défi du combat antiraciste et de la lutte contre l’islamophobie ne signifient pas d’abandonner ou de passer par pertes et profits un seul de nos combats féministes. Nous n’avons aucune complaisance à l’égard de certaines idées ou positions qui doivent être combattues (notamment concernant les opposants au mariage pour tous et toutes). Mais nous avons le sentiment que la présence, le soutien de féministes et d’organisations féministes, contre cette montée de l’islamophobie fait davantage bouger les choses sur le terrain de l’oppression des femmes que la stigmatisation et le rejet (et on se rappelle qu’il n’y a pas si longtemps des militant-es de gauche étaient plus que réticents sur le mariage pour tous et les droits y afférents).

Nous avons l’expérience de la nécessité de construire des lieux de convergences permettant à des moments donnés, sur des sujets donnés, de construire des rapports de forces. Ainsi en est-il du combat syndical où les questions d’unité se travaillent alors même qu’il y a des désaccords (parfois très importants) entre organisations. De la même façon, dans les mobilisations qui se construisent actuellement en vue de la Conférence Climat, des réseaux religieux sont présents. Ou encore, dans la lutte qui est menée contre les paradis fiscaux, avec Attac nous nous retrouvons dans des réseaux au côté d’ organisations liées à l’église catholique. Nous ne leur avons pas imposé, comme préalable à toute discussion, de prendre position sur le droit à l’avortement ou le mariage pour tous et toutes.

Nous avons le sentiment que l’on demande toujours plus de certificats de bonne conduite (laïcité, principes républicains, féminisme, questions LGBT…) aux musulman-es (individuellement ou à leurs organisations) comme si leur religion était intrinsèquement incompatible avec nos « valeurs ». Le mouvement féministe devrait être le plus à même de dénoncer les discours dominants à la fois racistes et sexistes qui confisquent la parole des dominées et nient leurs résistances. Car il a, dans ce domaine, une longue expérience et sait que les luttes qui touchent à l’émancipation et aux discriminations ne peuvent se faire à la place des personnes concernées. C’est ce que nous avons toujours défendu dans nos organisations respectives. Et nous sommes souvent choquées par le discours stigmatisant utilisé pour parler des femmes issues de l’immigration, y compris au sein de nos mouvements. Il faut cesser de parler à leur place, de les déposséder de toute pensée, de nier leurs parcours et leur engagement, notamment féministe.

Or, nous assistons, profondément atterrées, à une rupture au sein des organisations, y compris celles qui luttent pour l’égalité et les droits des femmes ; nous sommes convaincues de la nécessité de ne pas hiérarchiser les luttes et, au contraire, de tout faire pour montrer ce qu’elles ont de commun. Cette rupture est préjudiciable à la fois pour la lutte contre le sexisme et celle contre le racisme, car cela affaiblit le rapport de forces dont nous avons pourtant grandement besoin pour faire avancer l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

Le mouvement féministe connaît, aujourd’hui, les mêmes débats que ceux qui traversent nombre de nos organisations. De notre point de vue, en tant que féministes il nous semble qu’il est nécessaire de faire cesser les exclusions sous toutes leurs formes, de reprendre les discussions sur les stratégies pour construire des fronts, et la capacité à rassembler sur des enjeux précis, sans nier les désaccords ou effacer les débats nécessaires. Cela est particulièrement vrai pour les cadres unitaires que sont le CNDF et la MMF que nous avons contribués à construire, et auxquels nous sommes profondément attachées. Nous pensons qu’ils doivent favoriser et permettre l’expression de ces débats en leur sein, faute de quoi ils sont voués à voir leur influence et leur capacité d’action se réduire comme une peau de chagrin dans l’avenir. Ce n’est pas ce que nous souhaitons !

Cette contribution n’épuise pas le sujet de l’articulation du combat féministe et de l’antiracisme, en particulier contre l’islamophobie. Mais elle cherche à convaincre qu’il est dans l’intérêt des féministes de s’allier aux autres luttes et de créer des lieux de convergence, tout comme il est dans l’intérêt des antiracistes et de ceux qui luttent contre l’islamophobie de soutenir les revendications féministes. Nous voulons convaincre que tourner le dos aux autres mobilisations, sous prétexte qu’elles n’ont pas d’emblée la bonne position sur toutes les questions, est sectaire et mortifère pour l’avenir de nos luttes. Nous voulons mettre en garde contre le fait d’opposer les luttes féministes et les combats contre l’islamophobie. Nous voulons convaincre qu’il est possible de s’allier à d’autres dans la lutte contre les discriminations islamophobes sans renoncer à notre combat féministe, ni à le reléguer au second plan.
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Re: Féminisme et lutte contre l'islamophobie

Messagede Lila » 18 Oct 2015, 19:26

Le féminisme : une lutte séculaire et politique sans concession pour l’émancipation des femmes.

Nous observons aujourd’hui l’enthousiasme général à l’égard de ‘féminismes’ « exotiques », « décolonisés » non pas parce qu’ils sont en rupture avec la phallocratie, mais au contraire, parce qu’ils défendent l’ordre dominant sous prétexte d’ »exception culturelle » et de rupture avec l’Occident. Comme l’a dit Catharine Mackinnon, il s’agit en fait « d’une défense multiculturelle de la domination masculine », qui a l’intérêt tout particulier de diviser les femmes, et de les faire « adhérer aux ficitons des hommes », selon les mots d’Ana Pak ; rendant ainsi la lutte féministe inutile, si ce n’est lorsqu’il s’agit l’instrumentaliser.

Je vous laisse découvrir l’interview d’Ana Pak, féministe, exilée politique iranienne et membre du collectif lesbiennes-feministes-ba-ham (CLFBH) qui nous livre son point de vue sur ce phénomène relativiste faisant courir un grand danger aux femmes du monde entier.

WLWB : Vous êtes une exilée politique iranienne, une féministe radicale, pensez-vous que votre expérience iranienne a eu une répercussion sur votre vision du féminisme ?

En effet. Lorsque la révolution iranienne éclata en 1979, je sentais déjà dans mon très jeune cœur le cri des millions de personnes qui souhaitaient trouver la liberté.

Mais cette révolution a été instrumentalisée par des islamistes (qui constituaient une infime minorité). Comme ce que nous voyons aujourd’hui en Égypte, en Tunisie, au Libye et dans d’autres pays sous les lois islamiques. Ils ont en premier attaqué les femmes, Khomeiny leur a ainsi demandé de se voiler.

J’étais très jeune à l’époque mais à ce moment -là, mon corps d’enfant de sexe féminin ressentait profondément l’effroi de ces milliers de femmes iraniennes qui protestaient contre le voile, et il s’alarmait à l’unisson de leur indignation.

Je ressentais cette révolte des femmes, même si je ne pouvais pas encore tout comprendre.

Il faut savoir que Khomeiny a tout d’abord été contraint de revenir sur certaines de ses positions au regard des colères, des révoltes et des manifestations quotidiennes des femmes !

Il déclara d’ailleurs que « Non, l’Etat islamique n’obligerait pas les femmes à se voiler, [il] leur en laisser[ait] le choix. »

Mais quelques jours après cette déclaration de capitulation de Khomeiny, j’entendis, médusée, au journal télévisé, Banisadr, le premier président du régime islamiste, déclarer que « si l’islam voilait les femmes, c’était parce que la science avait prouvé que des ondes capables d’exciter les hommes se cachaient dans les cheveux des femmes. Et qu’afin de s’assurer qu’hommes et femmes puissent vivre en paix dans la société et sans excitation, l’islam exigeait que des femmes qu’elles soient voilées. » !!!

Ces paroles m’ont laissée bouche bée. Tous les moyens étaient bons pour imposer le voile aux femmes. Quand le régime n’arrivait pas à le faire au nom de la religion, il essayait de l’imposer en utilisant cette fois des arguments soi-disant scientifiques.

Et en fin de compte, ce fût bien par des violences et par des humiliations inouïes, permanentes et constantes, que le régime islamiste réussit à contraindre les Iraniennes au voile.

Au début, par des coups, des brutalités, des insultes et des menaces, par les licenciements en masse des femmes dans les entreprises et dans les fonctions d’Etat, la retraite imposée. Puis par le viol, des violences physiques répétées, des contraventions, des arrestations et des emprisonnements. Le voile était de la même manière imposée aux femmes qui restaient embauchées, ou réembauchées.

Le voilement du corps des femmes dévoile en lui-même la violence du patriarcat sur notre corps. Comme pour la prostitution, la violence lui est inhérente. Cette violence, psychologique et corporelle, est dans la sexualisation des femmes.

Donc oui, cette expérience d’un régime facho-islamiste m’a donné une certaine grille de lecture du monde, qui forge mon féminisme et qui me procure, comme à beaucoup d’autres femmes, les antennes nécessaires pour détecter les stratégies d’intimidation des islamistes et pour cerner l’aberration qui consisterait à devoir tout accepter au nom de la tolérance culturelle.

D’autre part, je pense que nous n’avons pas besoin de subir une mutilation sexuelle féminine pour lutter contre. De nombreuses femmes luttent contre les extrémismes religieux et en particulier l’islamisme, sans l’avoir subi personnellement.

Au nom de la tolérance et du « relativisme culturel », au nom de la « lutte contre l’islamophobie », on nous impose même ici dans des sociétés plutôt démocratiques et plutôt libres, la peur des extrémistes religieux et l’interdiction de critiquer les religions, surtout l’islam, et nous condamne au silence au nom de blasphème.

Les islamistes et leurs alliés veulent nous faire taire en nous désignant comme « islamophobes ».

Mais en fait, j’ai peur de l’islamisme comme j’ai peur de tous les fascismes, et je ne vois pas pourquoi je devrais le cacher.

A vrai dire, plusieurs raisons m’ont conduite à cette intransigeance à l’égard de l’islamisme. La première par mon expérience iranienne, et l’influence du gourou Khomeiny à cause duquel les iraniennes refusant le voile étaient targuées « d’islamophobie ». Et c’est ce que l’on retrouve dans les pays démocratiques, au sein desquels on ne peut critiquer librement l’islamisme.

Être radicale, c’est pour moi être radicalement contre toutes les formes du patriarcat qui invente tant d’institutions (religion, mariage,…) pour piéger et opprimer les femmes. C’est être radicalement opposée à toutes les religions, et l’islam aussi.

Les religions ont la particularité d’être fondées sur la misogynie, avec comme principale obsession le monopole du contrôle sur le corps des femmes.

Alors, si être féministe radicale, cela veut dire vouloir changer le monde, vouloir nous libérer de toutes les institutions patriarcales (religion, culture, mariage, Etat…), effectivement je suis une féministe radicale. Et je me demande même comment il serait possible d’être féministe, sans être en conséquence, radicale.

WLWB : Vous avez mentionné dans cette interview que « tant que les femmes et féministes adhérent à n’importe quelle fiction inventée par des mâles : race, religion, nation, culture, couleur politique… nous ne pouvons pas nous libérer ». Pourquoi cela ?

Effectivement, en tant que femme, adhérer aux inventions des hommes, à leurs religions, à leurs cultures, à leurs concepts, revient à ne pas comprendre, nier ou oublier notre appartenance à la classe des femmes. Et donc à ne pas entamer une lutte nécessaire contre ces oppressions, ou pire se détourner de notre lutte commune. L’adhésion consciente ou inconsciente des femmes aux inventions des hommes nous coûte très cher.

Ce qui différencie l’oppression des femmes d’autres oppressions, c’est qu’elles sont non seulement liées par la force, mais aussi par la ruse, par la culture ou les religions, affectivement, économiquement et corporellement aux individus de la classe des oppresseurs.

Les femmes sont d’ailleurs les seules opprimées qui majoritairement subissent leurs oppresseurs constamment, jusque dans leur lit.

En effet, les hommes esclaves et prolétaires ont au moins la chance de ne pas avoir l’obligation de supporter corporellement et sexuellement ceux qui les exploitent et les dominent.

C’est pourquoi l’oppression des femmes -la plus ancienne des oppressions-, peut bien changer de visage, de forme ou de nom, elle continuera à enchainer les femmes, si ces dernières n’adoptent pas les mesures requises pour se libérer.

Pour ne donner qu’un exemple bien connu dans l’histoire de la lutte des femmes : le droit de vote. Pendant que les femmes suffragistes luttaient pour obtenir le droit de vote, certaines femmes s’opposaient, en répétant le discours des hommes qui disaient que les femmes seraient incapables de voter !

Comme je l’ai déjà soutenu dans un autre écrit, il est parfois difficile et il peut être douloureux pour les femmes de prendre conscience qu’elles appartiennent à une classe opprimée et méprisée incessamment.

Cela dit, nous les femmes, devons apprendre à nous débarrasser des réflexes misogynes que nous avons intériorisés. Car nous sommes tellement imprégnées par l’apartheid sexiste, que ce soit dans la famille, dans toutes les cultures et pays que, nous faisons usage de cette misogynie contre nous-même et les autres femmes en défendant les arguments des dominants ! Peut-être est-ce parce que certaines se sentent découragées, et prennent des chemins apparemment moins périlleux.

Beaucoup de femmes préfèrent alors s’accrocher à ce qui nous divise et nous sépare,au lieu de mettre en œuvre des moyens de lutte et de créer nos propres concepts pour un monde différent.

WLWB : Pourtant, de nombreux courants féministes : féminisme libéral, postmoderniste, « black feminism », transnational, etc… revendiquent la différence des femmes de couleur, pour lesquelles le féminisme radical serait une invention des femmes blanches, occidentales et des classes sociales aisées. Comment expliquez-vous ce refus de se sentir « unies dans la classe des femmes » ?

Ah, nous voici au cœur du problème ! Qui est justement de diviser les femmes pour pouvoir mieux les opprimer !

Et même encore aujourd’hui, certains qui se disent de gauche, rejettent les constatations et les revendications féministes, en prétendant qu’elles seraient l’émanation de pensées « bourgeoises »…

Or, que vous soyez bourgeoise ou pas, si vous êtes une femme, il est certain que nulle part, vous ne marcherez seule et sereinement dans les rues à une certaine heure !

Et que vous soyez bourgeoise ou non, en Iran, vous serez toutes condamnées à vous voiler, c’est à dire à arborer le drapeau de votre sexualisation et votre infériorité !

Autant le dire, la première fois que j’ai entendu les médias parler contre les « valeurs occidentales », contre les « féministes occidentales » et contre les femmes « occidentalisées », c’était en Iran, en 1979 au moment où les islamistes réprimaient les manifestations des femmes contre le voile.

A l’époque, ils ont voulu faire taire les femmes en les appelant d’abord des « prostituées ». Lorsque le nombre des manifestantes a dépassé quelques milliers, ils les ont qualifiées de « royalistes », puis « d’occidentalisées », puis de « pro-occidentales » et enfin « d’islamophobes » !

Il faut savoir que pendant les années noires en Iran, soit de 1983 à 1989, les instances internationales en charge de vérifier les violations des droits humains, sous la pression de milliers d’exilé-es qui pouvaient témoigner, voulaient visiter les prisons iraniennes où étaient torturé-es et exécuté-es des milliers de femmes et d’hommes, prisonnières/ers politiques…

Mais en riposte, à cette époque, le régime créa un « droit de l’homme islamique », afin de fournir à qui veut l’illusion de l’existence de « raisons culturelles et religieuse » pouvant s’opposer aux contrôles internationaux et pouvant justifier les massacres et la barbarie du régime de Téhéran !

Ceci en opposition totale aux droits humains fondamentaux et universels, prétendument originaires des pays occidentaux, si l’on en croit le régime iranien !

Alors s’il existe bien des droits de l’homme islamiste revendiqués et un peu spéciaux -c’est le cas de le dire-, pourquoi ne pas pousser plus loin dans ce raisonnement cher à Téhéran et ne pas créer un concept de féminisme islamique, n’est-ce pas ?

En effet, tel ne fût pas le choc que je ressentis, d’entendre ici et en 2009, les mots étranges de « féministe blanche », à l’occasion de l’organisation d’une journée d’étude à l’université de Paris VIII portant sur les lesbiennes exilées et immigrées.

Là, dans les réunions préparatoires, j’attendais que l’on dénonce enfin la haine des communautés en exil envers les lesbiennes et leur misogynie. Mais ce ne fût pas le cas. Au contraire, je fus confrontée à des allégations aussi extraordinaires que celles de la théorie de ces « féministes blanches occidentales » qui ne comprendraient pas les « femmes racisées » !!!

Pourtant, il y a bien eu des luttes historiques et mondiales pour la libération des femmes, menées par des féministes solidaires du monde entier ; une lutte qui a quand même porté ses fruits dans quelques domaines.

Pourquoi alors devrait-on rejeter des féministes sous prétexte qu’elles soient « blanches » et revendiquer ce concept de « féminisme islamique » pour soi-disant affirmer notre différence ?

Être une « féministe islamique », ne serait-ce pas plutôt répéter et prendre à son compte les inventions et les doctrines des islamistes, telles celles en provenance de Téhéran et des Frères Musulmans ?!

Ma réponse à votre question est que l’oppression et la domination des hommes sur les femmes sont universelles ! Par conséquent, nos luttes doivent aussi l’être.

D’autant plus qu’aujourd’hui, c’est en grande partie grâce aussi aux femmes vivant dans des sociétés sous les lois musulmanes (où qu’elles soient dans le monde), que notre lutte féministe avance encore.

Ces femmes dénoncent en effet de la façon la plus virulente qui soit et la plus « radicale » les violences subie au nom de la religion, et elles ne revendiquent pourtant que des droits universels !

Malala, la jeune pakistanaise de 14 ans, qui a été attaqué mortellement par les islamistes en est un exemple.

Elles appellent régulièrement leurs sœurs des pays plus démocratiques à les soutenir dans leur lutte contre l’islamisme, elles rejettent cette fiction de « féministes blanches-occidentales différentes ».

Car elles savent bien que leurs luttes sont semblables à celles que les féministes occidentales ont faites, notamment la lutte contre l’oppression de la religion catholique.

WLWB : J’ai aussi remarqué que le féminisme faisait l’objet d’une appropriation telle, qu’il devenait l’étendard de revendications ni plus ni moins antiféministes et antifemmes. L’émergence du féminisme dit islamique en est peut-être l’illustration. Qu’en pensez-vous ?

Le féminisme ne peut en aucun cas être islamique. De même que les régimes en Iran et Afghanistan prétendent être des « républiques islamiques », ne peuvent pas être des républiques.

Dans la république les peuples votent et ont des droits. Or dans l’islamisme, c’est Dieu qui choisit les hommes censés gouverner la société !

Le féminisme est un mouvement, une lutte pour l’émancipation des femmes. N’oublions pas que l’« Islam », lui, veut dire « soumission », et qu’il implique la soumission des hommes à leur dieu et dans tous les cas la soumission des femmes aux hommes.

Comme je vous l’ai dit plus haut, le « relativisme culturel », le « relativisme des droits », la « différence des droits », ont été inventés par des islamistes et surtout par le régime islamiste de Téhéran afin de lutter contre l’émancipation des femmes et pouvoir ainsi saborder les droits humains.

Ceux qui en occident nous font taire, ou qui font dangereusement dévier la lutte des femmes, ont la même idéologie et jouent le même jeu que les islamistes.

Regardez en occident, les peuples ont lutté contre des diktats intégristes de leurs religions. Pourquoi alors, certains ici, au sein même des démocraties occidentales, pensent-ils que les individu-es né-es dans des sociétés sous lois musulmanes ne peuvent pas avoir les mêmes droits qu’eux-mêmes se sont arrogés et pour lesquels ils se sont battus, à savoir la dignité et la liberté de ne pas subir l’oppression d’une religion ?

Aujourd’hui, au nom de la « tolérance » et au nom du « respect de la religion d’autrui », certaines personnes nous poussent vers un autre un relativisme qui vise à empêcher toute critique de la religion et de l’islam plus particulièrement.

Ces critiques de l’islam sont condamnées ici comme blasphème et insulte ! Clairement, il y a bien des intérêts derrière cette stratégie d’aliénation.

Certes, les islamistes ne veulent surtout pas que l’on touche à l’islam, c’est bien connu, ni qu’on le « rénove », ni qu’on lui pose des limites ; vous comprenez, ces hommes doivent pouvoir continuer tranquillement à mutiler sexuellement les femmes, les brûler, les voiler, les violer et les lapider !

Pour mettre à mal tout ceci, nous devons lutter pour la liberté de critiquer toutes les religions, islam compris.

Quelle sorte de monde veulent construire les défenseurs du « relativisme culturel » ? Comment peuvent-ils légitimer de tels actes barbares au sein des sociétés dites démocratiques ? Le voile, les excisions, la lapidation pour adultère devraient passer à la trappe sous prétexte d’ « exception culturelle » ?

Il ne faut en aucun cas négliger et prendre à la légère ce qui se passe au sein des pays occidentaux enclins au relativisme, car après la défense du port du voile pour les femmes, on risque d’avoir tout le reste ! Comme ce qui s’est passé en Iran. C’est cela que les islamistes cherchent à obtenir.

C’est pourquoi il ne faut pas céder aux intimidations. C’est pourquoi seulement par la lutte féministe, la pensée féministe, un féminisme constamment en mouvement, inlassablement interrogatif de tout ce que la société androcentrique et misogyne propose que nous pouvons nous libérer.

C’est en défendant l’universalité des droits des femmes, d’où qu’elles viennent que nous nous libèreront ! Quelle que soit la couleur de leur peau ! Quel que soit la croyance de leur père et leur frère ! Quelle que soit leur provenance culturelle et géographique.

L’universalité des droits des femmes !

© Women’s liberation without borders 2012
Source : https://beyourownwomon.wordpress.com/20 ... -culturel/


http://collectif-libertaire-antisexiste.fr.nf/
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Re: Féminisme et lutte contre l'islamophobie

Messagede Lila » 17 Jan 2016, 19:53

Le piège tendu par les islamistes aux associations féministes

Un certain nombre d'associations féministes ont signé la pétition "Nous ne céderons pas" contre l'état d'urgence et la déchéance de nationalité.

Si je peux comprendre que l'on se mobilise contre ces mesures, apposer sa signature au côté des associations islamistes comme le CCIF, Mamans toutes égales (MTE), et d'autres encore, me laisse perplexe et soulève deux questions essentielles, celle des alliances tactiques et celle de la banalisation des islamistes comme partenaires politiques.

Depuis quelques années, j'assiste au retour du courant relativiste culturel qui séduit et qui gagne peu à peu du terrain dans les rangs de certaines associations féministes, des associations qui avaient marqué l'histoire des droits des femmes. Ces associations affirment encore que "Mon corps m'appartient" et militent pour nos droits, nos choix, notre liberté.

Or, on ne peut défendre nos droits et nos choix et signer une pétition avec ceux qui véhiculent des idées non seulement sexistes mais aussi homophobes. Des islamistes qui nous séparent en blancs et en indigènes. Des islamistes qui adoptent une posture victimaire portant un regard figé sur notre histoire et qui nous noient dans le fatalisme du déterminisme en prétendant que nous ne sommes pas des sujets acteurs mais toujours victimes du colonialisme, même trois générations après la décolonisation.

En réalité, il s'agit de la substitution de l'identité de l'individu citoyen par le sujet islamisé qui serait affranchi de l'aliénation à l'Occident. Cette théorie est opposée à l'universalisme des droits fondamentaux, à la citoyenneté, à la sécularisation ou le modernisme.

Les islamistes ne sont pas non plus les alliés de la démocratie, Ils se revendiquent de la notion de la Oumma Islamiyya (Nation Islamique). Cette nation engloberait la terre entière avec l'établissement d'un pouvoir basé sur le fondamentalisme et appliquerait la Charia. Cet attachement viscéral à cette notion ne fait que traduire la vision totalitaire et dangereuse de l'idéologie des islamistes.

Si la motivation de ces associations féministes comme je le présume, est celle de défendre la démocratie et de s'opposer à des décisions politiques qu'elles considèrent comme une dérive sécuritaire, la signature des islamistes est fondée sur d'autres raisons.

Les islamistes sont surtout inquiets pour leurs imams qui vocifèrent des prêches incitants à la haine et aux violences conjugales, des imams qui apprennent aux enfants à honnir la musique, la culture, et qui insultent dans des vidéos largement diffusées sur Internet, les "mangeurs de porc", entendons-nous bien, il s'agit des chrétiens. Ils ont peur de la fermeture des lieux de radicalisation, ces tribunes qui diffusent leur idéologie de violence, de haine et de djihad.

Pour eux, l'Europe doit céder non seulement à leurs revendications communautaires avec l'abrogation de la loi d'interdiction du voile à l'école et dans les services publics, mais elle doit aussi céder à leur volonté d'instaurer des tribunaux réservés uniquement aux musulmans et musulmanes. Des tribunaux communautaristes qui traiteraient du code civil. Pour eux il est important d'officialiser les tribunaux islamiques officieux, dans des mosquées ou des centres d'enseignement de l'islam comme ceux qui existent en Angleterre ou au Canada par exemple.

Instaurer des tribunaux musulmans signifieraient que le mariage et sa dissolution, l'héritage, l'autorité parentale, la garde des enfants, pour une catégorie de Françaises et Français, seraient sous l'autorité religieuse avec la Charia discriminatoire pour les femmes qui serait la source des motivations des juges de ces tribunaux spécifiques.

Il existe plusieurs risques majeurs si les autorités cédaient à ces revendications.
• Premièrement, l'organisation familiale avec sa distribution des rôles sexués sera maintenue.
• Deuxièmement le principe d'inégalité entre les hommes et les femmes sera renforcé par des jugements qui ôteraient des droits aux femmes.
• Troisièmement, arguant le caractère sacré des jugements, toute opposition serait considérée à l'intérieur de certaines communautés comme une désobéissance au message de dieu, une apostasie.
• Quatrièmement l'égalité des droits sera bafouée, avec l'émergence d'une sous catégorie de Françaises pour qui naître au féminin serait un malheur.

Loin de moi de vouloir incriminer les textes religieux dits "divins", ce que je condamne, c'est ce piège tendu aux femmes qui consisterait à leur présenter des lois comme étant sacrées donc non négociables.

Ces associations exigent, et elles ont raison, que l'éducation à la sexualité et la prévention des violences sexistes soient enseignées tout au long du cursus scolaire. Or, pour l'islam politique le mot "femme" est une désignation assimilée à la honte qu'il convient de cacher derrière un voile, une prison corporelle quand les femmes sortent de leur prison spatiale qu'est la maison. Le voile n'est pas émancipateur, il induit dans l'éducation que les femmes ne sont qu'objets sexuels, des tentatrices qui provoqueraient les pulsions les plus bestiales chez les hommes, leur corps symboliserait le péché, c'est l'apprentissage de la haine du Moi.

Le voile ainsi que les revendications de non mixité dans les salles de sport, piscines municipales... sont aussi des insultes à l'encontre des hommes. Ils seraient dans l'incapacité de regarder les femmes autrement qu'en tant qu'objets sexuels, leurs pulsions sexuelles seraient incontrôlables! Réduits à l'état de bêtes en rut, ils sont déshumanisés.

Parce que ce n'est pas anecdotique mais un repositionnement dangereux qui aura pour conséquence la banalisation des alliances contre nature avec les islamistes, je romps le serment que je m'étais faite de ne jamais critiquer les associations féministes avec lesquelles j'avais milité.

Sérénade Chafik


http://www.huffingtonpost.fr/serenade-c ... 68070.html
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Re: Féminisme et lutte contre l'islamophobie

Messagede Lila » 26 Juin 2016, 21:29

Derrière chaque voile, 3000 ans de haine envers la femme qui nous regarde

Le voile est commun aux trois religions monothéistes. Regard d’un écrivain algérien sur un signe religieux qui, selon lui, est un marqueur de soumission de la femme à l’homme.

Depuis des années, tout le monde parle du voile, de plus en plus de personnes portent le voile, pas seulement à Bamako ou au Caire, mais aussi à Londres, Paris ou New York.

Symbole religieux ou signe religieux ? Que signifie ce carré de tissus qui met la planète en émoi ?

Intrigué par autant de questions, j’ai décidé de consacrer quelques semaines de mes vacances à compulser les livres d’histoire religieuse pour remonter aux racines du signe, pour ne pas dire du mal.

Et là, en remontant au plus loin des traces écrites des civilisations antiques, en fouillant dans les annales des histoires sumériennes, j’ai découvert avec stupéfaction que le voile découle à l’origine d’une illusion optique.

En effet, une croyance sémitique très ancienne attestée en Mésopotamie, considérait la chevelure de la femme comme le reflet de la toison pubienne !

à lire : http://sisyphe.org/spip.php?article5280
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Re: Féminisme et lutte contre l'islamophobie

Messagede bipbip » 25 Mai 2017, 15:15

Nous femmes du 18e, La Chapelle, Pajol, Barbès...

C’est trop facile de se rappeler des femmes quand il s’agit de virer les pauvres et les étrangers. Et une fois de plus c’est les utiliser, c’est NOUS utiliser ! Nous ne vous laisserons pas faire.
Surfant sur une campagne de stigmatisation des réfugiés orchestrée par les Républicains, un article du Parisien prétend que le quartier de La Chapelle (18e arrondissement de Paris) serait dangereux pour les femmes. Un texte diffusé par des habitantes du 18e arrondissement y répond.

... http://paris-luttes.info/nous-femmes-du ... pelle-8201



Les femmes de la chapelle

Un article sorti dans le Parisien en fin de semaine affirme qu'une partie du quartier La Chapelle serait interdite aux femmes par la présence de trop nombreux hommes dans la rue, pour ne pas parler des réfugiés. L'article est immédiatement repris par les médias, comme RTL, France Info... Et vendredi 19 mai 2017 le collectif SOS La Chapelle, des élus LR et Valérie Pécresse se réunissent aux pieds du métro La Chapelle pour en appeler a l'intervention immédiate du nouveau gouvernement. Valérie Pécresse propose aussi une aide a la sécurité a tous ceux qui ont peur. Un budget sorti tout droit des caisses du Conseil régional d'Ile de France et dont la Mairie de Paris ne voudrait pas selon Mme Pécresse. Bref, le feu aux poudres.
Pourtant les habitantes ne reconnaissent pas leur quartier dans ces propos et "ne se sentent pas concernées". Elle expriment être "mal à l'aise" non pas par la présence des migrants, qui sont discrets et plutôt protecteurs envers les femmes, mais vis à vis des cette polémique qui a pris une dimension nationale en quelques heures. Elles ne comprennent pas ce qu'elles nomment être une "manipulation" dont les visées sont "clairement politiciennes à l'approche des législatives", et dont les propos sont étonnement repris par tous les média sans contre-enquête.

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Re: Féminisme et lutte contre l'islamophobie

Messagede Pïérô » 27 Mai 2017, 14:05

Héloïse Mary : « Si on veut parler des violences faites aux femmes, on met des projets sur la table »

Situation des migrants, des LGBT… Co-fondatrice du Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants, féministe et juriste, Héloïse Mary commente la polémique autour du quartier de La Chapelle à Paris et l’affaire Hanouna…

Image------------ Demain Le Grand Soir --------- --------- C’est dans la rue qu'çà s'passe --------
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Re: Féminisme et lutte contre l'islamophobie

Messagede bipbip » 28 Mai 2017, 14:55

Retour sur le rassemblement à La Chapelle du 25 mai 2017

Jeudi 25 mai 2017, un rassemblement était appelé dans le quartier de La Chapelle pour répondre aux attaques racistes et anti-pauvres lancées dans le quartier par les républicains, relayées par l’article du Parisien et entretenues par la mairie de Paris. 
Environ 300 personnes étaient présentes dont beaucoup d’habitantes et d’habitants du quartier de tous âges.

... https://paris-luttes.info/retour-sur-le ... -a-la-8221
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