bajotierra a écrit: je crois que La Fabrique, la maison d'édition, dans sa ferveur , a réédité les oeuvres dudit Blanqui lequel nous y montre comment construire une barricade et préparer un coup de force , lui qui a été d'échec en échec , bref de la daube .
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Julien, 34 ans, parti vivre en Corrèze après un doctorat à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess). Sous surveillance policière depuis plusieurs mois
Si l'échec est un signe de daube, alors les anars qui n'ont pas plus réussi que blanqui c'est aussi de la daube de la daube
POINT DE VUE SUR DE RECENTES EVOLUTIONS / NOUS OU ILS
Ci dessous deux textes de réflexion sur les évolutions récentes du mouvement anarchiste en France, parus dans le journal de nos compagnons de la CNT-AIT Toulousaine "Anarchosyndicalisme !"
Point de vue sur de récentes évolutions
Par un effet de bascule générationnel quelques vieux mythes, habillés de nouveaux oripeaux, sont de retour. Il y a de cela une décennie la CNT-AIT s’était élevée contre le confusionnisme réformiste au sein du mouvement libertaire.
Fleurissaient alors des théories possibilistes de compromission et d’alliances qui se sont développées au nom du “municipalisme libertaire” (avec participation aux élections politiques locales), du “syndicalisme différent” (différent dans l’appellation peut-être, mais prêt à des fronts communs avec toutes les raclures syndicales), de la “visibilité médiatique” (avec organisation de cortèges fortement pavoisés, recours à des fanfares, interviews dans la “grande” presse et autres forfanteries) ou de la “représentativité” (avec participation aux élections professionnelles).
Ceux qui se sont engagés dans cette voie ont réduit leur mouvement à une pacotille aussi médiatisé qu’éphémère. Dix ans après, leur échec est tellement flagrant qu’eux-mêmes ou d’autres en prennent, avec la même absence de réflexion, le contrepied.
Dans le milieu libertaroïde, le temps était hier au “syndicalisme révolutionnaire”, il est maintenant à la renaissance de l’apologie de l’insurrection. Pile et face d’une même incapacité à appréhender la lutte sociale dans sa complexité, ces deux formules ont en commun un insigne désavantage : elles enferment la lutte dans une seule option tactique, obligeant ceux qui s’y conforment à répéter les mêmes comportements jusqu’à ce que tout le monde soit convaincu de leur inefficacité.
Or, la lutte révolutionnaire, c’est justement l’inverse, c’est poursuivre une finalité et s’y atteler avec des moyens qui soient d’une part compatibles avec la fin poursuivie mais surtout qui n’enferment pas les militants dans la répétition d’un petit nombre de séquences comportementales comme un cochon d’inde dans la roue de sa cage !
Seule une analyse globale de la société dans toutes ses dimensions (économiques, politiques,culturelles, sociales) associée à une volonté de lutte qui prennent bien en compte les réalités de terrain, c’est-à-dire la démarche constitutive de l’anarchosyndicalisme, permet d’éviter cet enfermement.
N.S.
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"Nous" ou ... "Ils",
DE L’USAGE DU "NOUS"
La monarchie française était une fervente utilisatrice de la première personne du pluriel : "Nous" disait Louis XIV pour parler de lui seul. Ce grand "Nous", appelé pour cela "nous de majesté", signait la grandeur de celui qui dominait tous les autres. Le roi se distinguait ainsi du commun des mortels. Quand "Nous" avait parlé, tout était dit, les autres n’avaient qu’à la fermer.
Dans le mouvement libertaire ce pronom a aussi une histoire. Bien différente. C’est celle d’un des groupes les plus fameux de la FAI (Fédération anarchiste ibérique), le groupe "Nosotros" ("Nous", en espagnol), qui réunissait Durruti, Ascaso, Garcia Oliver et quelques autres copains. Groupe de pensée et d’action en lien étroit avec tout le mouvement social espagnol, "Nosotros" parlait et agissait. Mais uniquement en son nom et rien qu’en son nom.
Et voici que, par un de ces retours dont l’histoire a le secret, le "nous" refait une apparition, et que, contrairement au "nous" des libertaires, il est, comme par le passé royaliste, une façon d’écraser la parole des autres. Ce nouveau "nous" est le pivot rhétorique et majestueux de textes qui, sous le nom d’"Appel", sont le signe de l’émergence d’une faction [1] dans le mouvement social (ou plus exactement autour de celui-ci). Voici par exemple ce que l’on peut lire dans l’"Appel de Rouen" (25 octobre 2007) :
"Aujourd’hui jeudi 25 octobre 2007 à Rouen une Assemblée Générale a déclaré la grève, l’occupation et le blocage de l’université. Nous sommes la génération qui s’est battu dans la rue ces dernières années, ces derniers mois. Depuis plusieurs jours, nous avons observé la mobilisation des autres villes. Il nous a semblé que chacun, là où il était, attendait un signal, une étincelle, pour que tout commence. Nous n’avons plus de raison d’attendre."
A moins qu’on nous explique que ce 25 octobre aient été présents, dans un amphithéâtre de l’université de Rouen, - où est censé avoir été écrit ce texte de référence - tous ceux qui se sont battu dans la rue ces dernières années, ce qui d’évidence serait grotesque, ce "nous sommes la génération " constitue une tentative de hold-up sur la parole de millions de personnes. Surtout que, soit dit en passant, les éléments qui se sont le plus "battus dans la rue" ces dernières années (puisque tel est le critère), en l’occurrence les jeunes de banlieues, n’ont certainement pas apporté la plus minime contribution à ce texte d’une facture toute universitaire !
Alors même qu’il se camoufle derrière une phraséologie libertaire ou autonome, ce style de prose est foncièrement absolutiste. L’Appel ne cache d’ailleurs pas sa volonté de puissance, et sa "Proposition V" est de ce point de vue caractéristique [2] :
"A toute préoccupation morale, à tout souci de pureté, nous substituons l’élaboration collective d’une stratégie. N’est mauvais que ce qui nuit à l’accroissement de notre puissance. Il appartient à cette résolution de ne plus distinguer entre économie et politique. La perspective de former des gangs n’est pas pour nous effrayer ; celle de passer pour une mafia nous amuse plutôt."
Une faction qui pose en principe que n’est mauvais que ce qui nuit à sa propre puissance, voilà qui est clair et qui nous éloigne définitivement des rivages libertaires.
SUBSTITUTISME ET MÉPRIS
Mais quelle est donc cette "stratégie collective" à laquelle les rédacteurs de l’Appel font allusion ? A l’épreuve des faits, elle ressemble comme deux gouttes d’eau à une manipulation.
En effet, si par le passé les groupes autonomes qui s’organisaient se donnaient la peine de se définir aussi clairement qu’il leur était possible ; l’originalité des nouveaux adeptes du "nous" réside en ceci qu’ils ne se définissent guère, et que, ne se définissant pas, ils SE donnent le droit d’englober tout le monde, en fonction de leurs besoins tactiques.
Tantôt ce "nous" là parle au nom des étudiants, tantôt des chômeurs ou des taulards, et si par cas des vieillards se rebellaient dans les maisons de retraite,gageons qu’ils seraient aussitôt englobés, eux aussi, avec lemême enthousiasme. Tout ceci n’est qu’une nouvelle version du substitutisme qui a permis par le passé à un Parti puis à un Comité central, enfin à un seul individu, un Lénine puis un Staline ; de s’ériger au-dessus des masses. C’est ce même substitutisme qui permet au pouvoir "démocratique" de parler au nom du peuple pour mieux l’exploiter.
Certes, lorsqu’on aspire aussi clairement que cela à la "puissance", il est plus flatteur pour son propre ego de se poser en porte-parole d’une masse (la "génération qui s’est battue") plutôt que de dire honnêtement (un mot banni de leur vocabulaire) :
"Voilà, nous sommes un groupe de quelques personnes, et voici ce que nous pensons."
Ce haut sentiment de sa propre valeur s’accompagne d’un grandiose mépris pour les foules :
"Nous avons subi vos AG, nous les avons même organisées ...Cette lutte de pouvoir pour le pouvoir, par le pouvoir, nous la haïssons. Nous l’avons utilisée comme un prétexte pour arrêter le cours normal des choses, se rencontrer, partager, conspirer... Ça vous ne l’avez pas compris, vous étiez absents dans la situation, dans la vie qui se déroulait ici, parce qu’un monde nous sépare.” (Appel de Rouen, 13 décembre 2007).
On ne saurait être plus vaniteux ! Voici, dans le fond, ce qu’ils disent : "Oui, nous avons pris part à la direction du mouvement, mais, tas de crétins, vous n’avez rien compris, et c’est pour ça que l’échec est uniquement de vôtre faute, na nanère !". Il faut une bonne dose de candeur pour s’exprimer ainsi ; car le coup du "responsable mais pas coupable" n’est pas franchement nouveau. Ce procédé simpliste qui consiste à projeter la responsabilité de la faute sur "les autres" (ceux qui sont réduits au rôle de spectateurs) et à éviter ainsi toute réflexion critique sur sa propre action est une clef du fonctionnement psychique du "beauf’s" standard et une des plus vieilles astuces de tous les pouvoirs.
REPRÉSENTATION ET DÉRIVE DROITIÈRE
Forme et fond sont liés. Elles sont révélatrices de l’état d’esprit. Le mépris des autres, la volonté de les manipuler, de les mener, de les utiliser... tout cela est aux antipodes de la pensée et de l’éthique libertaires. Ces modes d’actions ont toujours été portés par des gens qui se croient au-dessus du lot, et qui historiquement ont parasité le mouvement révolutionnaire. Leurs circonvolutions littéraires plus ou moins lyriques ne sont là que pour tromper l’auditoire et s’attirer des sympathies.
Dans les textes cités ici, comme dans ceux qui se rattachent à cette faction, on reconnaît aisément l’influence des hédonistes libertariens qui nient la lutte de classe, parce que, issus des classes moyennes, ils n’ont jamais vraiment coupé le cordon ombilical avec, le tout saupoudré en permanences d’envolées prophético-mythomaniaques typiques du gauchisme le plus éculé. Les mots du prolétariat, les mots des exploités, les mots simples qui vont droit au coeur, tous ces mots là sont aussi absent de leur prose que des colonnes du Figaro Magazine.
Ce n’est pas là en effet qu’on va entendre parler de solidarité de classe, d’espoir social ! Au contraire, on se vautre dans la pourriture ambiante. Ces esthètes, aux manières de petits Nérons, n’ont aucune compassion pour la souffrance d’autrui. Ils hument avec allégresse la puanteur qui monte du système, comme si elle pouvait justifier les instincts les plus vils : "Nous admettons la nécessité de trouver de l’argent, qu’importent les moyens,..." [3] "... de l’argent, qu’importent les moyens ?", voici qu’ils nous présentent comme une de leurs trouvailles l’essence même du capitalisme : faire de l’argent par n’importe quel moyen ! Pour ça non plus le système ne les a pas attendus !
N’empêche, nous vivons un curieux paradoxe : nous sommes dans une période riche de potentialités, dans laquelle les capacités et les envies d’autooganisation collective se font de plus en plus fortes et parfois même parviennent à se concrétiser. Et voici que prétendant parler au nom de tous les révoltés, "ils" surgissent sur la scène autonome. Et, tels de petits joueurs de flutte de Hamelin, qui auraient pris soin de remplacer le trop usé air de pipeau par un verbiage aristocratico-révolutionnaire clinquant neuf, "ils" travaillent à détacher ceux qui les suivraient des luttes sociales pour les fourvoyer dans les chemins boueux d’une dérisoire "démerde" individuelle présentée comme "la vraie vie".
En tout cas, ami lecteur, exerce ton esprit critique. Derrière les grandes envolées lyriques,les propos sulfureux, la terminologie "anar","libertaire", "antiautoritaire", "autonome"... peut se cacher une pensée bien réactionnaire.
Un militant CNT-AIT
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[1] 1. J’appelle faction des gens qui visent à former un parti (c’est leur propre terme, voir l’ “Appel”) tout en parlant à la place de larges masses.
[2] _2. Le petit fascicule d’où est extrait ce paragraphe (“Appel") se présentent comme une édition clandestine, sans nom d’auteur, d’éditeur ni adresse. C’est un choix marketing : l’interdit (surtout sans risque) facilite la diffusion, au moins dans certains milieux.
[3] "L’insurrection qui vient" (p 29 -30) par un “Comité invisible” visiblement en recherche de visibilité puisqu’il a cette fois un éditeur (La Fabrique) et une publicité rédactionnelle dans Le Nouvel Observateur. La Fabrique a publié “Maintenant il faut des armes” de Blanqui, préfacé par “Quelques agents du Parti imaginaire” et s’apprête à publier une oeuvre d’un autre grand révolutionnaire, Daniel Bensaïd (le “philosophe” de la LCR). On l’aura compris, Appel, Comité invisible, et agents du Parti imaginaire sont ceux qui, sous des appellations diverses, mais avec une unité d’autant plus grande qu’ils sont probablement en partie du moins les mêmes, constituent la faction dont il est question dans cet article.
Sabotages SNCF : le bréviaire anarchiste qui intéresse les enquêteurs
L'essai retrouvé chez les gardés à vue soupçonnés de s'en être pris au réseau ferroviaire se présente comme un manuel de l'insurrection, sabotage de lignes TGV compris.
C'est un petit livre vert de 125 pages qui intéresse fortement les enquêteurs. Il a retrouvé chez les activistes présumés arrêtés mardi – et toujours en garde à vue – dans le cadre de l'enquête sur les dégradations des voies ferrées. Publié en mars 2007 aux éditions La Fabrique et téléchargeable en intégralité ici, L'Insurrection qui vient est signé par un «collectif invisible» qui se présente comme «une tendance de la subversion présente». Les enquêteurs attribuent sa rédaction au chef présumé du groupe, 34 ans, ancien doctorant en sociologie.
Au paragraphe «Renverser, de proche en proche, tous les obstacles», on trouve ces phrases : «Rutilant ou déglingué, le mobilier urbain (...) matérialise notre commune dépossession. Persévérant dans son néant, il ne demande qu’à y retourner pour de bon. (...) Pour la méthode, retenons du sabotage le principe suivant: un minimum de risque dans l’action, un minimum de temps, un maximum de dommages. (...) Comment rendre inutilisable une ligne de TGV, un réseau électrique? Comment trouver les points faibles des réseaux informatiques, comment brouiller des ondes radios et rendre à la neige le petit écran?»
Bréviaire anarchiste, l'essai se veut à la fois pamphlet contre une société «grotesque» qui accumule les symptômes de sa propre «agonie» et manuel de l'insurrection : «Nous partons d’un point d’extrême isolement, d’extrême impuissance. Tout est à bâtir d’un processus insurrectionnel. Rien ne paraît moins probable qu’une insurrection, mais rien n’est plus nécessaire.»
«Ce qu’il est important de cultiver, de diffuser, c’est cette nécessaire disposition à la fraude»
Dans les quatre derniers chapitres, le collectif appelle à le peuple à s'approprier le pouvoir localement, à s'affranchir du travail, à bloquer physiquement l'économie et à anéantir les forces de police.
Plutôt que de «s’engager dans tel ou tel collectif citoyen, dans telle ou telle impasse d’extrême gauche, dans la dernière imposture associative», le collectif appelle à se constituer en communes, «une multiplicité de communes qui se substitueraient aux institutions de la société».
Ces communes, en attendant le point d'«auto-suffisance», vivraient de «combines multiples». «Outre le RMI, il y a les allocations, les arrêts maladie, les bourses d’études cumulées, les primes soutirées pour des accouchements fictifs, tous les trafics, et tant d’autres moyens qui naissent à chaque mutation du contrôle. Il ne tient pas à nous de les défendre, ni de nous installer dans ces abris de fortune ou de les préserver comme un privilège d’initié. Ce qu’il est important de cultiver, de diffuser, c’est cette nécessaire disposition à la fraude.»
Clown a écrit:Du commentaire de la FA, seule la fin est à retenir: libération des personnes arrêtées, même si c'est une position de principe
Si d’autre que moi on vu l’émission d’Yves Calvi hier, comment n’ont il pas été scandaliser par la morgue de ces experts, réunis pour flinguer les anarchistes et nous faire passer pour des assassin !
Que la situation sociale recèle des dangers potentiels pour sa gueules, et il siffle la fin de la recrée !
barjotiera a écrit:calvi ? connait pas et je m'en tamponne de ce qu'il braille , regarde moins la télé et respires un coup
joe dalton a écrit:perso, je regarde pas tellement la telé, mais d'autre la regarde et c'est par ça qu'ils se font une idées des anarchistes, de plus l'offensive a eue lieu dans tout type de medias(presse ecrite, radio, le net..)si seul ce qui est dit, dans les organes de notre bord, doit nous concerner... perso cette entreprise de disqualification, me saoule, deja qu'on du mal a se faire entendre !
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