Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 14 Mai 2011, 12:14

France Télécom et Tarnac, le même mépris de l'Etat pour le droit

L'article de Karl Laske sur les écoutes de Tarnac témoigne d'un comportement de l'Etat oublieux des règles de droit à l'égard des inculpés comme à l'égard d'un technicien de France Télécom, dont ce même Etat est actionnaire majoritaire. L'actualité sociale de cette entreprise égrène les drames auxquels cet Etat semble assez étonnamment incapable de prendre des mesures énergiques qu'il sait pourtant prendre à l'égard de particuliers.

Le droit est manifestement bafoué dans ces écoutes.

Ce mépris de la loi est susceptible d'éclairer le ressenti des salariés de France Télécom à l'égard de leur actionnaire majoritaire. Les interrogations que soulève l'affaire de Tarnac permet de déceler les approximations d'un Etat et d'une direction qui ont pour défenseur un avocat qui nie l'existence de tout mal-être, pas seulement à France Télécom.

La violation des droits de l'homme et des libertés fondamentales

Le secret des correspondances garantit une liberté individuelle, le respect du droit fondamental à la vie privée et à la vie de famille (Convention européenne des droits de l'homme).

L'interception et la transcription des communications téléphoniques par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service publique agissant en dehors du cadre légal est très lourdement sanctionnée.

L'affaire des écoutes de la cellule de l'Elysée :

Crim. 30 septembre 2008, n° 07-82249

L'atteinte à la vie privée d'autrui (226-1 c. pén.) incrimine le fait de capter, enregistrer, transmettre au moyen d'un procédé quelconque des paroles prononcées, en quelque lieu que ce soit, à titre privé ou confidentiel. Ainsi, tout branchement clandestin par sa conception, son objet et sa durée porte nécessairement atteinte à l'intimité de la vie privée, quand bien même l'auteur des faits serait animé par la seule intention de rechercher des renseignements de nature professionnelle (Crim. 7 oct. 1997, Bull. crim. n° 324)

Les écoutes téléphoniques, pratiquées en violation de la procédure administrative mise en place et des directives des premiers ministres, sont illégales.

Elles entraînent la responsabilité des chefs de service les ayant ordonnées.

Elle sont sanctionnées par l'article 226-1 aggravé par l'art. 432-4 al. 1 du code pénal.

La peine maximale ainsi encourue est sept ans d'emprisonnement et 100.000 euros d'amende.

Se pose aussi les questions du manquement grave et du détournement de pouvoirs à l'égard des chefs de service. Ils ne peuvent pas invoquer des instructions reçues illégales.

Dans tel cas, ils avaient l'obligation juridique de les dénoncer au procureur de la République (Art. 40 du code de procédure pénale). Ne pas l'avoir fait est une faute.

Les écoutes téléphoniques sont réservées à la phase de l'instruction préparatoire (art. 100 à 100-7 c. pr. pén.).

Il faut vérifier si une juge d'instruction avait été désigné à ce moment et s'il a pris les réquisitions nécessaires dans les formes.

Il ne semble pas que ce fut le cas.

Voir aussi, sur le fond, si la mesure prise par le juge, contraire aux garanties de la Convetion européenne des droits de l'homme, est justifiée et proportionnée à l'atteinte à ces droits fondamentaux.

Une exception existe en matière de criminalité ou de délinquance organisée avec l'article 706-95 du code de procédure pénale prévoit que si les nécessités de l'enquête préliminaire ou de flagrance l'exigent, le juge des libertés et de la détention (JLD) peut, sur la requête du procureur de la République, autoriser l'interception, l'enregistrement et la retranscription de correspondances émises par la voie des télécommunications. Ces opérations sont réalisées sous le contrôle du JLD, qui doit être informé sans délai par le procureur de la République des actes accomplis (al. 3 du texte).

Il ne semble pas non plus que ce fut le cas.

Un motif d'inculpation injustié et disproportionné

En l'espèce, dans l'affaire de Tarnac, l'inculpation de terrorisme n'est pas justifiée. Les faits reprochés sont des dégradations de biens publics (quoique, par l'effet de la privatisation de la SNCF, la question peut se poser s'il ne s'agit pas plutôt de dégradations de biens privés, même s'ils demeurent affectés à un service public).

Le technicien de France Télécom n'a commis aucune faute :

L'exploitant d'un réseau de télécommunications désigné par un officier de police judiciaire agissant sur commission rogatoire pour installer un dispositif d'écoutes téléphoniques n'a pas à prêter serment d'apporter son concours à la justice en son honneur et en sa conscience.

Prévue par l'article 60 du Code de procédure pénale, cette prestation de serment s'impose à toutes les personnes requises de procéder à des constatations ou à des examens techniques ou scientifiques dans le cadre d'une enquête de flagrance (V. l'article 77-1 du Code de procédure pénale pour l'enquête préliminaire).

Ce texte, qui ne s'applique pas aux experts (Cass. crim., 5 août 1972, Bull. crim. n° 263 ; Cass. crim., 17 oct. 1972, Bull. crim. n° 290)
ne peut donc davantage être oposé à l'encontre du personnel habilité à procéder à l'installation – ou la désinstallation - d'un dispositif d'interception dans le cadre d'une procédure d'instruction.

Ni l'article 100-3 du Code de procédure pénale relatif à la désignation de l'exploitant par le juge d'instruction ou par l'officier de police judiciaire commis ni le décret du 28 janvier 1993 relatif à la désignation des agents qualifiés pour la réalisation des opérations matérielles nécessaires à la mise en place des interceptions de correspondances émises par la voie de télécommunications n'exigent en effet une prestation de serment de la part de l'agent désigné.

Le technicien ne saurait donc avoir commis une erreur de procédure. Il a été sanctionné abusivement par son ministre.

Cette sanction reçue de l'Etat actionnaire de la société où la dégradation des conditions de travail porte à s'interroger sérieusement sur son souci du respect l'humain montre la convergence d'une mentalité plus prompte à casser qu'à réparer.

Le rôle du parquet

Si la Cour européenne des droits de l'homme a jugé qu'il ne s'agit pas d'une autorité judiciare indépendante (Arrêt Medvedyev, Arrêt France Moulin), le procureur est tenu néanmoins à l'obligation d'impartialité, que lui imposent tant le droit français (procédure pénale, droit constitutionnel), que le droit européen et le droit international. Le Conseil supérieur de la magistrature a inscrit ce principe dans son recueil des obligations déontologiques de la magistrature (Télécharger le recueil) s'appliquant au procureur étant, en France, "un magistrat à part entière". Cette obligation d'impartialit est encore renforcée par la thèse de Madame Sylvie Josserand et les dispostions adoptées par l'ONU.

Ceci dit, il est possible de faire des observations en deux temps :

Avant la plainte des épiciers de Tarnac visés par les écoutes téléphoniques, l'article préliminaire du code de procédure pénale pose l'obligation au procureur de la République d'informer le mis en cause de la nature et de la cause des procédures diligentées pour garantir le respect des droits de la défense. Il semble que cela n'ait pass été fait.

Les écoutes téléphoniques créent donc un doute très sérieux sur le respect des dispositions de l'article préliminaire laissant suspecter une violation manifeste de l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme.

Depuis la plainte des épiciers sur ces écoutes, le parquet est tenu d'agir conformément à l'Avis du Commissaire aux droits de l'homme, Thomas Hammarberg, sur le règlement independant et efficace des plaintes contre la police.

La Cour de Strasbourg s'inspirera forcément des recommandations faites par le Commissaire européen pour apprécier la réaction et la qualité des dilligences du procureur, et donc la validité de sa procédure.

Conclusions

Il apparaît ainsi clairement que les salariés de France télécom ont effectivement fort à faire avec leur actionnaire majoritaire qui, selon l'avocat de la direction, s'apprête à faire durer les procédures, au détriment des victimes et du délai raisonnable posé, aussi, par la Convention européenne des droits de l'homme, nonobstant l'obligation de célérité à la charge de l'Etat, l'actionnaire majoritaire.

Défendant la société Loomis contre Tony Musulin, l'avocat de France Télécom rejette les explications de l'accusé en niant l'existence de tout mal être dans l'entreprise Loomis. C'est le même discours quelque soit la société. Il n'y a donc que l'argent d'objectivement quantifiable selon cet avocat. 70 milliards d'euros ont disparu chez France Télécom. En le paraphrasant, les salariés de France Télécom pourraient lui répliquer : "Il faudrait s'attacher à retracer la disparition de ces 70 milliards dans leur contexte pour vérifier ce qui a pu se passer."

L'argent, n'est-il pas finalement ce "grand forestier" ... ?
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 20 Aoû 2011, 07:51

Gauche radicale : une « affaire Tarnac » en Serbie Par Ivana Milanović Hrašovec (Vreme)

Les dégâts s’élèvent à 18 euros.

Depuis le 31 août 2009, six jeunes proches de la mouvance anarchiste sont détenus dans les prisons serbes pour avoir graffé sur l’ambassade de Grèce et lancé deux cocktails Molotov en soutien à la grève de la faim d’un anarchiste grec.

Leur procès a débuté le 17 février. Accusés de « terrorisme international », ils risquent de 3 à 15 ans de prison.

La société civile serbe, choquée, se mobilise en masse contre cette détention arbitraire. Le syndrome « Tarnac » aurait-il atteint Belgrade ?

Les « six de Belgrade »

Le pire est toujours à observer dans les milieux où « l’homme n’est ni un héros parce qu’il l’a mérité, ni un un voleur parce qu’il l’a cherché ». C’est là que tout dépend des alliances et des desseins bureaucratiques et politiques qui, comme le veut la règle, n’exercent pas leurs sentences équitablement.

C’est dans ces conditions que six jeunes, pour la plupart étudiants - Ratibor Trivunac, 29 ans, Tadej Kurepa, 25 ans, Ivan Vulović, 25 ans, Nikola Mitrović, 30 ans, Sanja Dojkić, 20 ans et Ivan Savić, 26 ans - , se sont retrouvés accusés de terrorisme international, d’avoir agi pour le compte d’un groupe organisé qui dépendrait de l’initiative anarcho-syndicaliste (ASI).

Quatre d’entre eux sont accusés d’être les auteurs de l’attentat, un est accusé d’en être l’instigateur et le dernier d’être complice. Ils ont tous été arrêtés après avoir lancé des cocktails Molotov sur l’ambassade grecque le 25 août 2009 et sont détenus depuis cinq mois et demi. Alors qu’on commençait à se demander si leur procès allait un jour débuter, l’audience a été fixée au 17 février 2010.

Pendant ce temps, des juristes, des sociologues, des professeurs d’université, des personnalités publiques, contredisent les décisions juridiques qui sans cesse rallongent la détention des accusés et condamnent l’alourdissement de l’inculpation pour terrorisme international, un chef d’accusation très grave. Ils s’expriment de diverses manières sur le comportement global de la justice. Certains la qualifient de « comédie de Nušić », d’autres y voient une démonstration de force par rapport au traitement d’actes de terrorisme international, tandis que d’autres encore y observent une forme de discrimination.

Comment en est-on arrivé là ?

À l’origine, la responsable est en fait la police grecque. En décembre 2008, la police a, selon les déclarations des témoins, tué sans raison un garçon de quinze ans. Fait qui, dans un climat d’insatisfaction nationale, a ravivé les troubles qui régnait déjà, surtout entre les anarchistes grecs et le gouvernement de droite. Un des émeutiers emprisonnés, Todoris Iliopulos, a commencé une grève de la faim et au moment où il entamait son 40ème jour de grève, de nombreuses organisations anarchistes ont réagi. Une campagne internationale qui appelait à une manifestation devant les ambassades grecques a alors été lancée. L’appel n’est arrivé jusqu’aux anarchistes serbes que tardivement.

Après le 25 août, tous ceux qui ont communiqué à propos d’une possible manifestation, par SMS, email ou téléphone ont été arrêtés. L’organisation anar a été poursuivie. Quatre des accusés sont des membres de l’ASI, deux n’en font pas partie et pour l’un de ces deux garçons, tous les autres disent ne pas le connaître.

La nuit du 24 au 25 août avait lieu à Belgrade un évènement prévu depuis bien longtemps : le concert de la reine de la pop, Madonna. Même si la ville était obnubilée par le concert, et que la rue Francuska ou se trouve l’ambassade de Grèce était vide après minuit, tout le monde n’était pas allé voir Madonna. Pas d’automobile garée, pas de passant et pas de personnel dans les locaux de l’ambassade, comme chaque nuit à cette heure.

La fille, la plus jeune du groupe, qui venait apparemment tout juste de rallier l’ASI et qui porte aujourd’hui le poids d’une accusation pour terrorisme international, a dessiné un graffiti sur le mur de l’ambassade avec le symbole anarchiste, la lettre A dans un cercle.

Les jeunes garçons, postés en face de l’ambassade, ont jeté deux bouteilles de bière d’un demi-litre remplies d’un liquide à base d’essence. Les reste d’une des bouteilles ont été retrouvés sur le trottoir sous une fenêtre, à près d’un mètre de l’ambassade, les restes de l’autre bouteille ont été retrouvés, hors de la zone délimité de l’ambassade, éloignés de celle-ci de six à sept mètres, voire même plus. Le lancer de la première bouteille a endommagé la fenêtre de l’ambassade. Il n’y a pas eu de feu. Un des jeunes s’est alors approché de la fenêtre devant laquelle la bouteille était tombée et a enflammé les restes du liquide qui s’est déversé sur le rebord de celle-ci. Ensuite, ils ont qui quitté les lieux.

Un des témoins dit s’être approché du feu et avoir éteint de sa main la petite flamme qui brûlait sur le rebord. Les contours de la fenêtre ont été noircis. L’ambassade estime les dégâts à 18 euros et les enregistrements vidéo existants ainsi que les témoins ont confirmés que les lieux étaient vides à ce moment, il n’y avait donc aux alentours rien ni personne qui aurait pu être mis en danger.

Une enquête qu’on laisse traîner volontairement

Le tribunal était loin de penser de la sorte. Les 3 et 4 septembre 2009, on a informé la population de l’arrestation des cinq assaillants de l’ambassade de Grèce et de la recherche du sixième, en fuite. Des connaissances de l’inculpé, interrogés par Vreme racontent qu’il était en vacances en Grèce et qu’il s’est rendu à la police serbe dès à son arrivée à la frontière. Depuis le début de l’enquête, le 4 septembre, l’enquête a soigneusement traîné près de deux mois. Des avocats expérimentés estiment que toute la procédure aurait pu être beaucoup plus efficace et que tout aurait pu se terminer en trois à quatre semaines, vu que les accusés ont été entendus et confrontés, que la reconstitution des faits a eu lieu et que les témoins ont aussi été entendus. Selon eux, dans ce genre de cas, normalement, tout se termine beaucoup plus vite .

L’enquête judiciaire s’est enfin terminée le 2 novembre et l’accusation de terrorisme international a alors été lancée, accusation qui peut être punie de trois à quinze ans de prison. Il a ensuite fallu attendre encore deux mois pour que cette accusation soit validée par la justice, le 31 décembre 2009. L’affaire a encore traîné un mois et demi, jusqu’à l’audience du 17 février 2010.

Pendant ce temps, les accusés sont restés emprisonnés et leurs contacts avec le monde extérieur réduits au minimum. Ils sont séparés les uns des autres, incarcérés dans des cellules de 10 à 15 prisonniers.

Ces « terroristes » sont des citoyens calmes, instruits, pour la plupart étudiants, un d’entre eux a même une moyenne de 9,6/10, et ils étaient tous inconnus des services de police - à part Trivunac qui est connus pour ses performances politiques, comme lorsqu’il brûla le drapeau américain lors de la visite du vice-président américain Joe Biden, fait qui lui a valu dix jours de prison.

Aujourd’hui, dans leurs cellules, ils sont confrontés à un choc des cultures, entourés de dealers, de tueurs, de voleurs d’automobiles, de gangsters, etc. L’un d’entre eux, Tadej Kurepa, s’est même fait racketter. Des prisonniers ont essayé d’extorquer 2.000 euros à sa famille pour payer les soins médicaux d’un mafieux atteint du Sida. Deux mois plus tard, on a constaté qu’il avait l’oeil au beurre noir, et il a été transféré dans une autre partie de la prison, après examen médical.

La détention des six jeunes plusieurs fois prolongée, pour des motifs à chaque fois différents...

Les raisons justifiant le maintien en détention des anarchistes ont changé à plusieurs reprises. Au début, on prétendait qu’ils ne pouvaient pas être en liberté pour qu’ils ne gênent pas l’enquête et qu’ils n’influencent pas les témoins. Ensuite, le procureur a estimé qu’il fallait mieux qu’ils restent en détention car les chances de récidives étaient grandes, même si Iliopoulos, l’anarchiste grec pour lequel ils ont manifesté, avait été remis en liberté.

Lorsque l’enquête a pris fin et l’accusation énoncée, une fois encore, on ne les a pas autorisés à sortir de prison car le Tribunal de première instance a estimé que les faits commis dans un lieu public, mettaient en danger les biens et la vie d’autrui. Le Tribunal estime qu’ils n’ont pas leur place en liberté, qu’il faut les garder enfermés le plus longtemps possible.

La défense n’a rien pu faire. L’appel de la décision de prolonger la détention n’a jamais abouti et l’enfermement est presque automatiquement prolongé. (...).

Pendant ce temps la société serbe est bousculée. Le groupe qui suit l’évolution du procès des six anarchistes a organisé une manifestation devant le Ministère de la Justice ou une centaine de citoyens ont réclamé que les accusés soient relâchés et que soit annulée « la scandaleuse accusation politique de terrorisme international ». Les manifestants clamaient que devant ces mêmes tribunaux, des auteurs de crimes monstrueux se défendent en liberté.

Dégâts à l'ambassade

Une table ronde a été organisée après l’annonce de l’accusation de terrorisme international et dans une lettre ouverte signée par un grand nombre de professeurs, d’artistes et de journalistes, il est dit que ce procès contre six jeunes, est en fait un procès politique.

Dans la lettre ouverte du groupe de professeurs de l’université de Belgrade et de personnalités publiques, il est souligné qu’en qualifiant de terrorisme international « le bris d’une fenêtre de l’ambassade de Grèce, vide de personnel, à l’aide de deux bouteilles enflammées qui n’ont pas déclenché d’incendie », les organes de l’État mettent ces délits au même rang (selon le code pénal de la République de Serbie) que les génocides ou les crimes de guerres.

Il n’y a pas si longtemps que ça, note la lettre, lors des manifestations organisées le 21 février 2008 après l’annonce de l’indépendance du Kosovo, l’ambassade des États-Unis à Belgrade a été incendiée. Le bâtiment de l’ambassade a été très endommagé par l’incendie et l’un des manifestants a perdu la vie. Le seul participant à ce saccage qui a été arrêté, est accusé d’avoir exécuté des faits graves contre la sécurité générale.

L’étiquette « gauche radicale » pour mieux les stigmatiser

Personne n’a été accusé de terrorisme même quand ont été visées les ambassades de Croatie, de Bosnie, du Royaume-Unis, d’Allemagne et ce lors d’actions organisées qui ont causé des dégâts bien plus importants.

Il est vrai que les liens avec la Grèce orthodoxe, déjà perturbée par les émeutes provoquées par les anarchistes, sont un peu plus particuliers.

De même, personne n’a été accusé de terrorisme lorsque la mosquée Bajrakli fut incendiée et que plusieurs automobiles garées aux alentours furent détruites. Le procureur n’a, à cette occasion, pas tenu compte de la mise en danger de la vie et des biens d’autrui.

La rigueur s’applique, comme toujours aux plus petits, à ceux qui n’ont ni influence ni hautes relations.
Des « enfants » de Vršac, à peine âgés de 18 ans, en ont eux aussi, fait les frais lorsqu’ils collaient des affiches « Liberté pour les anarchistes arrêtés » et qu’ils on été emmenés au poste et accusés d’entrave à la justice. En réaction, 30 personnalités publiques en colère, se sont délibérément accusées d’entrave à la justice pour avoir participé à la table ronde.

Comme cerise sur le gâteau, depuis le 1er janvier 2010, les six arrêtés ne dépendent plus de la Cour d’assise mais de la nouvelle Haute Cour, un nouveau juge et un nouveau procureur ont donc repris le dossier. Les inculpés eux, restent toujours enfermés pour le même motif : terrorisme international.

L’étiquette « gauche radicale » qui leur a été accolée sert à les assimiler à la véritable pathologie de cette société, nationaliste et violente : la droite radicale.

Les syndicalistes anarchistes revendiquent (contrairement aux autres) avoir pris part à diverses manifestations politiques et sociales, avoir participé aux manifestations du 5 octobre 2000, organisé les grèves étudiantes de 2006 et 2007, la Gay Pride, encouragé les grèves ouvrières, les manifestations antifascistes... etc.

Les groupes gauchistes en Serbie sont peux nombreux et sont sans réelle influence sur les évènement sociaux, à part peut-être chez les étudiants. Il n’y a aucune agression ou fait violent relaté dans leurs actions, au contraire.

En réalité, l’existence d’une extrême gauche serbe était (presque) inconnue. C’est comme si quelqu’un essayait de l’inventer, quelqu’un qui saurait en tirer des avantages, peut-être l’extrême droite ...
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 03 Sep 2011, 19:40

La farce de Tarnac UNE HISTOIRE D’IMPUISSANCE RADICALE Pierre Bance vendredi 2 septembre 2011

Dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008, en trois endroits du territoire, selon le même mode opératoire, des tiges de fer à béton sont posées sur des caténaires. Quelque 160 TGV, Thalys et Eurostar subissent des retards, parfois de plusieurs heures. Un modèle de sabotage, efficace et sans danger pour les agents comme pour les voyageurs. Une inquiétante démonstration de la vulnérabilité de ce mode de transport. La technique aurait ravi Émile Pouget qui, à n’en point douter, l’aurait prise en exemple [1].

L’État, au vu des premiers renseignements aurait pu la jouer fine, se contenter de compléter ses fiches. Il se montre balourd. Il lui fallait des coupables. Il les aura, ce ne sera un cadeau pour personne. Trois jours après les faits, dans le village de Tarnac, en Corrèze, l’antiterrorisme français montre ses muscles : routes bloquées, hélicoptères, policiers cagoulés, perquisition brutale pour arrêter devant les caméras, avec force gesticulations, une dizaine de jeunes vivant en communauté dans une ferme ; des membres de la mouvance « anarcho-autonome » selon le ministère de l’Intérieur, intentionnellement approximatif sur la qualification. La farce commence.

La logorrhée insurrectionnelle

Les preuves contre les suspects s’avèrent, au fil de l’enquête, des plus minces. La plus sérieuse, qui n’est pas une preuve, à peine un indice, est un écrit : L’insurrection qui vient ayant pour auteur un Comité invisible [2] ; l’instruction accuse Julien Coupat, présumé chef du groupe de Tarnac, d’en être le rédacteur, ce qu’il nie [3].

On y lit page 101 : « Inutile de s’appesantir sur les trois types de sabotage ouvrier : ralentir le travail, du “ va-y-mollo à la grève du zèle ; casser les machines, ou en entraver la marche ; ébruiter les secrets de l’entreprise. Élargis aux dimensions de l’usine sociale, les principes du sabotage se généralisent de la production à la circulation. L’infrastructure technique de la métropole est vulnérable : ses flux ne sont pas seulement transports de personnes et de marchandises, informations et énergie circulent à travers des réseaux de fils, de fibres et de canalisations, qu’il est possible d’attaquer. Saboter avec quelque conséquence la machine sociale implique aujourd’hui de reconquérir et réinventer les moyens d’interrompre ses réseaux. Comment rendre inutilisable une ligne de TGV, un réseau électrique ? Comment trouver les points faibles des réseaux informatiques, comment brouiller des ondes radios et rendre à la neige le petit écran ? ».

Rien d’original, rien de pénalement répréhensible. Quand bien même un des interpellés ou plusieurs en seraient les auteurs, l’intention, si elle ne s’accompagne d’un commencement d’exécution, n’est ni un crime ni un délit. D’ailleurs, ce texte plus qu’une intention traduit une observation sur la fragilité des systèmes de communication et les possibilités de leur sabotage offertes à tout intéressé.

Il n’est pas besoin d’aller à la page 101 pour deviner la tendance politique du Comité invisible. « Des rues entières de Barcelone ont brûlé en solidarité » avec les émeutiers des banlieues de novembre 2005, apprend-on dès la deuxième page. Rien ne s’est passé à Barcelone, juste quelques poubelles enflammées par des fêtards comme tous les samedis soir de botellón. Le Comité invisible est bien visible. Son texte rappelle les affiches anonymes, écrites en petits caractères, que l’on voit sur les murs des villes faisant l’éloge de l’insurrection des métropoles, appelant à des solidarités improbables, demandant la libération d’inquiétants personnages du Moyen-Orient… Plus que d’anarcho-autonomes on a affaire à des autonomes délirants ( [4], des scénaristes de science-fiction ; il faut avoir la malveillance d’un journaliste de Libération pour appeler L’insurrection qui vient un « bréviaire anarchiste » [5] ; la lecture d’Émile Pouget l’instruirait.

Le Comité invisible croit que, par l’émeute urbaine, se construit une société nouvelle. La révolte des banlieues de 2005 devient une légende, « un incendie qui n’en finit plus de projeter son ombre sur les consciences » [6] ! On se lasse rapidement de cette lecture, de cet amoncellement de formules fabriquées. Un chapitre cependant attire l’attention : « S’organiser » ; même si l’on a peu de goût pour les incantations sataniques, la métaphysique du pillage, la mystique apocalyptique et les accès de délirium sur l’implosion de la civilisation dans une guerre civile gothique, peut-être y trouvera-t-on quelques idées d’organisation puisque le mot d’ordre du Comité invisible, qui clôt le livre, est : « Tout le pouvoir aux communes ! ». L’affaire commence par une mise en garde impertinente, adolescente :

« Il n’y a pas à s’engager dans tel ou tel collectif citoyen, dans telle ou telle impasse d’extrême gauche, dans la dernière imposture associative. Toutes les organisations qui prétendent contester l’ordre présent ont elles-mêmes, en plus fantoche, la forme, les mœurs et le langage d’États miniatures. Toute les velléités de “faire de la politique autrement n’ont jamais contribué, à ce jour, qu’à l’extension indéfinie des pseudopodes étatiques » [7].

Heureusement surgit le Comité invisible pour nous montrer la route et là, les choses se gâtent. S’organiser s’est se constituer en communes. Pourquoi pas. Mais, « commune » dans le langage du Comité invisible n’a pas le sens qu’en retiennent communistes et anarchistes ; « commune » est, en fait, utilisé pour « groupe affinitaire », ce qu’est la « commune » de Tarnac. « Pourquoi les communes ne se multiplieraient pas à l’infini ? Dans chaque usine, dans chaque rue, dans chaque village, dans chaque école. […] une multiplicité de communes qui se substitueraient aux institutions de la société : la famille, l’école, le syndicat, le club sportif, etc. » [8] . En attendant la substitution miraculeuse, la commune organise le financement de son aristocratique marginalité : « Outre le RMI, il y a les allocations, les arrêts maladie, les bourses d’études cumulées, les primes soutirées par des accouchements fictifs, tous les trafics, et tant d’autres moyens » [9]. Halte au feu ! En attendant un changement du monde par la superposition des territoires autarciques sur une zone donnée [10], le si peu invisible comité nous propose de tous sauter dans un en-dehors élitiste, de s’imprégner de la mentalité du profiteur petit-bourgeois, d’envisager un autre futur en auto-organisant de minables combines de pillards opportunistes, en fédérant ponctuellement, selon le cours des événements, de douteuses communes de sangsues, certes « unités élémentaires de la réalité partisane » fonctionnant sur le mode du consensus [11]. On a déjà entendu cela après Mai 68, avec le résultat qu’on connaît : « Prendre des transgressions sur le papier pour des ruptures dans l’histoire mondiale » [12]. L’insurrection qui vient n’est que de la littérature aux formules stéréotypées et répétitives ciselées par les situationnistes, il y a cinquante ans. La brochure n’apporte rien au projet politique d’un changement radical et n’est pas même intéressante du point de vue littéraire, pas plus que la revue-sœur des autonomes désirants, Tiqqun, cocktail indigeste des théories du biopouvoir de Michel Foucault et de la société du spectacle du Guy Debors, dont l’un des rédacteurs fut Julien Coupat [13].

Il est une lecture plus effrayante de ces textes, celle des communistes libertaires qui les rattachent à la mouvance « appeliste », référence à un appel de 2003 inspiré des positions de la revue Tiqqun. Leur analyse fait apparaître « une mystique communautaire » qui entretien un « rapport réactionnaire à la “ modernité » et développe « un inquiétant fondamentalisme spirituel et moral ». Cette conception vitaliste ouvrirait la porte « à un élitisme qui séparerait les “ hommes libres des “mentalités d’esclave » [14]. Comment ne pas adhérer à ce point de vue quand, au-delà des écrits, l’observation du comportement des intéressés le confirme ?

La Sainte-Alliance du Cinquième

Venons-en à l’alliance entre médias, intellectuels et bourgeoisie parisienne pour sauver Coupat et ses ouailles. Il n’a pas fallu longtemps aux uns et aux autres pour faire de l’anecdote une affaire nationale, des hérauts de la logique insurrectionnelle de jeunes intelligences martyres d’une justice impitoyable. Hélas, les intéressés ne sont à la hauteur ni de ce qu’ils prétendent être, ni de ce que leurs avocats voudraient qu’ils soient. Ayant écrit « que les communes sont évidemment vulnérables à la surveillance et aux enquêtes policières, à la police scientifique et au renseignement » [15], on aurait pu les croire préparés à l’éventualité répressive, à une arrestation qui serait venue leur donner une légitimité révolutionnaire, affirmer leur dangerosité et conforter leur thèse du complot. Il n’en est rien. Leur suffisance leur laissait-elle penser que leur statut social, leurs relations les protégeaient de l’État honni ? Et voilà, que les dangereux agitateurs, les apologistes de la guérilla urbaine pourraient n’être que des pleurnichards.

Tout le monde conviendra que si les membres du groupe de Tarnac n’ont rien à voir dans cette affaire de sabotage, il y a une injustice, à l’aune du droit bourgeois, à les détenir puis les poursuivre. Tout le monde, sauf la police et la justice qui auront du mal à reculer après avoir commis l’erreur d’arrêter des « protégés » alors qu’il devait y avoir quelques paumés vaguement politisés dans le coin qui auraient fait l’affaire.

Dès le lendemain des arrestations la bourgeoisie du Cinquième arrondissement engage la contre-offensive pour défendre ses enfants. Elle agira dans les médias amis par journalistes interpelés et interposés. Le Monde et Libération prennent le parti des inculpés sur une trame répétitive : ils élevaient des canards, faisaient de la littérature, participaient à des manifestations, sans plus ; si l’on ne peut prouver leur responsabilité dans le sabotage qu’on les remette en liberté. Pour des affaires similaires, ils ne s’étaient jamais tant mobilisés. Un réflexe de classe pour venir au secours des leurs, des intellectuels propres, dont l’activité « politique est une activité luxueuse » ( [16], respectable puisque présumée limitée à l’écriture.

Du côté des intellectuels, le mentor de la mouvance Tiqqun, le philosophe italien Giorgio Agamben, se fend d’une tribune libre dans Libération à peine huit jours après les faits pour dénoncer la mise en œuvre abusive de la procédure et des moyens antiterroristes [17]. Le Monde ne pouvait être en reste, il publie, pour la « libération immédiate » des inculpés, un appel d’une trentaines d’intellectuels [18], non des moindres : Giorgio Agamben encore, Alain Badiou, Miguel Benasayag, Daniel Bensaïd, Luc Boltanski, Judith Butler, François Cusset, François Gèze, Jean-Luc Nancy, Jacques Rancière, Jérôme Vidal, Slavoj Žižek, etc., ne manque qu’Antonio Negri qui, plus que les autres, aurait des raisons d’être solidaire, mais son silence n’est peut être pas un hasard, les « Tiqqun » l’ayant souvent asticoté. Comment expliquer une mobilisation si rapide ? Á la solidarité de classe, s’ajoute, une solidarité de l’intelligence ( [19]. Des politiques de la bonne gauche en remettront une couche : Martine Billard, Patrick Braouezec, Daniel Cohn-Bendit, Cécile Duflot, Noël Mamère, Jack Ralite… et Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’homme ( [20]. Ce sont ensuite les éditeurs qui se manifestent pour soutenir Éric Hazan, éditeur de L’insurrection qui vient, entendu comme témoin, nouveau signe que la justice déraille [21]. Les militants aussi s’indignent, notamment anarchistes et autonomes, et réagissent par une manifestation de 1 200 personnes à Paris fin janvier 2009 [22] ; elles n’avaient pas encore compris qu’on avait – surtout – pas besoin d’elles.

Les Pieds Nickelés évangélistes

Le 29 mai 2009, Julien Coupat, dernier gardé à vue de « la nouvelle pensée insurrectionnelle » [23], est remis en liberté ; les contrôles judiciaires seront allégés en décembre. Ouf ! On a évité une nouvelle affaire Sacco et Vanzetti. Pour apprécier quel genre de révolutionnaires sont les inculpés de Tarnac, il suffira de lire Le Monde ; en 2009, outre les dizaines d’articles sur l’affaire [24], le quotidien leur a accordé pas moins de cinq tribunes libres et un long entretien avec Julien Coupat [25]. Jacques Attali, Alain Minc et même Bernard-Henri Lévi n’en reviennent pas, le record paraît indépassable [26]. Cette générosité ne gêne aucunement les intéressés.

Sans vergogne et toujours aux avant-postes, Agamben cite la réponse d’un jeune communiste aux fascistes qui l’interrogeaient pendant la guerre d’Espagne : « Je n’ai jamais été un terroriste, mais ce que vous croyez qu’un terroriste est, je le suis » [27]. Á propos de L’insurrection qui vient, le Comité invisible précise que « les rédacteurs n’en sont pas les auteurs » [28]. On comprend l’idée, c’est un classique du camouflage autonome au même titre que la cagoule ou l’anonymat des déclarations, et on s’attend à ce que dans l’affaire de Tarnac, les insurgés en devenir déclarent : « Non nous ne sommes pas les auteurs du sabotage mais nous le revendiquons ». C’eut été autrement plus crâne que « C’est pas nous. Laissez-nous sortir », accompagné d’un pathos larmoyant sur les descentes de police, les gardes à vue, les prisons, les policiers, les juges… Les militants d’Action directe sont d’une autre trempe ; ils assument sans nous demander de sortir nos mouchoirs [29].

Les petits génies qui veulent embraser la planète ont du mal à admettre qu’ils se sont fait prendre comme des Pieds Nickelés. Quand ils ne geignent pas sur leur sort, plutôt que de parler de l’affaire qui leur vaut une mise en examen, ils récitent leur catéchisme transcendantal et débitent leurs illusions kabbalistiques. Prenons un exemple de mission messianique dont ces élus se croient investis. D’abord se distinguer. Gabrielle Hallez imagine qu’on l’a relâchée avec une autre inculpée, Marion, parce qu’elles sont « blanches, issues de la classe moyenne, ayant eu l’opportunité de faire des études » [30]. Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron répondaient aussi à ces critères et aucun juge n’eut l’idée de les relâcher. Si la justice a libéré les Tarnaquoises, c’est parce qu’elle a mesuré sa bourde et qu’elles ne sont que des troisièmes couteaux de la militance communautaire. Ensuite prêcher. « Finalement, écrit Gabrielle, la prison est peut-être en passe de devenir un des rares lieux où s’opère la jonction tant redoutée par M. Sarkozy », la connexion entre les étudiants et les jeunes de banlieues Pour ceux qui n’auraient pas compris, dans une autre tribune, Benjamin Rosoux (Tarnac) et Maka Kanté (Cité du Val-d’Oise) développent le message [31]. Un récit d’une pitoyable condescendance dans lequel le fils de bourges éveille le fils d’immigrés à la conscience politique :

« Un blanc. Un Noir, Cité du Val-d’Oise. Petite village de Corrèze. Parents immigrés africains de première génération. Classe moyenne de province. Diplôme universitaire. Déscolarisation précoce. Nos histoires se croisent au hasard d’une désertion des voies tracées pour nous dans le grand cirque de la reproduction sociale. Désertion des “possibilitésˮ d’un plan de carrière universitaire et professionnel tout tracé. Désertion de la perspective de rejoindre la France qui se lève vraiment tôt, celle qu’on croise à cinq heures du soir dans le RER, celle qui nettoie la scène où la France qui compte se produira au grand jour » [32].

Le fanfaron prétentieux

Si Julien Coupat n’est pas le « chef » de la Commune de Tarnac ; certainement en est-il l’animateur intellectuel, aussi son entretien dans Le Monde du 26 mai 2009 a retenu l’attention [33]. Se dévoile un fanfaron prétentieux. Aux journalistes qui lui demandent s’il se définit « comme un intellectuel ? Un philosophe ? », il répond :

« La philosophie naît comme deuil bavard de la sagesse originaire. Platon entend déjà la parole d’Héraclite comme échappée d’un monde révolu. Á l’heure de l’intellectualité diffuse, on ne voit pas ce qui pourrait spécifier “l’intellectuelˮ, sinon l’étendue du fossé qui sépare, chez lui, la faculté de penser de l’aptitude à vivre. Tristes titres, en vérité, que cela. Mais, pour qui, au juste, faudrait-il se définir ? » [34].

Quelle action politique propose-t-il pour en finir avec « la clique sarkozyste » ? Étant entendu que la gauche est « trop compromise », que l’extrême-gauche n’a que « la grisaille soviétique à offrir » et que les bureaucraties syndicales sont « plus vendues que jamais », il ne reste que… la rue. Les réactions viscérales, les révoltes spontanées, les émeutes cruelles, les insurrections barbares, nous sauveront du pêché consumériste. Pour sa part, Coupat, ne revendique aucune action personnelle, il s’en défend même. Sorbonnard qui prêche aux autres ce qu’il se défend d’avoir fait lui-même, histoire de ménager ses arrières pour le procès à venir [35]. Imaginez-vous un si brillant rhéteur, « accrochant trois bouts de fer sur des caténaires » [36] ?

Parabole. Lors d’une manifestation, un groupe d’autonomes, adeptes de l’affrontement façon Coupat s’abritait derrière un service d’ordre syndicaliste pour lancer des projectiles divers sur le rassemblement du Parti socialiste. Lassés les militants du service d’ordre les saisissent pour les mettre hors du cortège, au contact de l’ennemi. Á la première charge de la police, ils fuirent comme une volée de moineaux et ne durent leur salut qu’aux ouvertures des lignes du service d’ordre magnanime [37].

Coupat et ses semblables viendront encore souvent se réfugier derrière un service d’ordre, aujourd’hui constitué de leurs avocats, de la presse, de la bonne société des droits de l’homme.

Conclusion

Tarnac-Le-Piteux sonne comme un rappel aux militants et aux intellectuels sur la prudence dont il faut faire preuve avec les médias pour ne pas être transformés « en troublions officialisés » [38] mais aussi pour éviter que les agissements de quelques illuminés soient une occasion pour ridiculiser l’action militante et déconsidérer le projet communiste. Sur le plan politique, il confirme que les plus radicaux sur le papier ne sont pas les plus courageux dans l’adversité, que l’on ne parviendra pas au communisme avec des écrits d’hallucinés vantant les insurrections inorganisées, la petite délinquance, l’hédonisme rural ou les pitreries devant un escadron de CRS. Ces tigres de papier encouragent d’autant à inventer une organisation efficace pour combattre et remplacer le capitalisme par une société anti-autoritaire débarrassée du parti, de l’État et du pouvoir. De cela, les intellectuels qui renouent avec l’idée du communisme ont-ils conscience ? Pour Jacques Rancière, la réponse ne fait pas de doute :

« Il s’agit de construire les lieux d’une problématisation autre du politique, des lieux vraiment autonomes qui témoignent d’une singularité forte, avec des thèses claires sur ce qu’on entend par politique, sur ce qu’on peut vouloir et que l’on pense pouvoir. Il n’y a pas besoin pour cela de l’arrogance du Comité invisible. L’ultra gauche aujourd’hui tient souvent un discours de pédagogue abrutisseur au sens jacotiste du terme en se présentant comme la dernière lueur d’intelligence critique brillant au sein d’un monde de crétins aliénés » [39].

Reste une question, et là on ne parle plus de Coupat et compagnie mais de Hard et Negri, Laclau et Mouffe, Rancière, Badiou, Žižek, Holloway… : les radicalités savantes sont-elles des guides sur le chemin d’un autre futur ?

[1] Entre de nombreuses éditions : Émile Pouget, L’Action directe (1904) suivi de Le Sabotage (1912), Marseille, Éditions Le Flibustier, 2010, 138 pages.

[2] Comité invisible, L’insurrection qui vient, Paris, La Fabrique éditions, 2007, 126 pages. Après « l’affaire », le succès inespéré de l’ouvrage a justifié une édition en anglais : The Invisible Committee, The Coming Insurrection, Los Angeles, Semiotext(e), 2009, 136 pages. Le livre précise qu’il « est signé d’un nom de collectif » (page 12).

[3] Par définition, un groupe « anarcho-autonome » n’a pas de chef.

[4] « Dépourvue de toute visée stratégique, cette violence urbaine […], mise en images télévisuelles, se donne à elle-même en spectacle. Après le spectacle stade suprême du fétichisme marchand, sonne l’heure du simulacre comme stade suprême du spectacle » ; ce passage de Daniel Bensaïd convient à la suite de l’histoire (Le Spectacle, stade ultime du fétichisme de la marchandise. Marx,Marcuse, Debord, Lefebvre, Baudrillard…, sl, Nouvelles éditions Lignes, « Fin de la philosophie », 2011, 140 pages, citation page 30).

[5] Libération, 13 novembre 2008.

[6] L’insurrection qui vient, page 8. Chaque page de ce livre trahit une fascination pour le feu qui s’avère être une rédemption par le feu.

[7] L’insurrection qui vient, page 82 ; « s’engager » est souligné dans le livre.

[8] L’insurrection qui vient, page 90.

[9] L’insurrection qui vient, page 92

[10] Contra : « On ne saurait résister à l’Empire par un projet visant à une autonomie locale et limitée », Michael Hardt et Antonio Negri, Empire (Exils, 2000), Paris, 10/18, « Fait et cause », 2004, 571 pages, citation page 259.

[11] L’insurrection qui vient, page 107

[12] Louis Pinto, Le Café du commerce des penseurs. Á propos de la doxa intellectuelle, Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant, « Savoir/agir » collection de l’association Raisons d’agir, 2009, 150 pages, citation page 44.

[13] Tiqqun, Contribution à la guerre en cours, Paris, La Fabrique éditions, 2009, 200 pages (une sélection d’articles de 1999 et 2001). Une revue « à mi-chemin entre la poésie et la philosophie politique », Adam Garuet, « Radical, chic, et médiatique », Agone, n° 41-42, Les intellectuels, la critique et le pouvoir, 2009, page 157

[14] Gaspar, Alternative libertaire Rennes, « Une mystique communautaire », Alternative libertaire, n°197, juillet-août 2010, page 22. Voir ci-après, note (39), la citation de Jacques Rancière

[15] L’insurrection qui vient, page 105.

[16] Bernard Aspe, cité par Yves Citton, « Projectiles pour une politique post-radicale », La Revue internationale des livres et des idées (RILI), n° 2, novembre-décembre 2007, page 20.

[17] Libération, 19 novembre 2008. Tout laisse à penser qu’Agamben s’est contenté d’apposer sa signature.

[18] « Non à l’ordre nouveau », Le Monde, 28 novembre 2008.

[19] « C’était un étudiant brillant, quelqu’un d’extrêmement gentil », dira de Coupat le sociologue Luc Boltanski, Le Monde, 21 novembre 2008

[20] « Tarnac ou l’antiterrorisme à grand spectacle. Il est temps que l’on revienne au respect de l’État de droit », Le Monde, 3 février 2009

[21] « De l’affaire Coupat à l’affaire Hazan ? Au nom de la lutte contre le “terrorismeˮ, la liberté d’expression est menacée », Le Monde, 21 avril 2009.

[22] Le Monde, 31 janvier 2009.

[23] La formule est de Nicolas Truong dans un article du Monde du 8 juillet 2009, documenté et ambigu comme il se doit.

[24] Comment expliquer qu’un chroniqueur du Monde des livres, Jean Birnbaum, puisse être aussi durs pour ceux qui se revendiquent du communisme (Le Monde, 5 février 2010) et aussi complaisant pour nos insurgés (Le Monde, 16 octobre 2009), autrement que par une pesée des dangers. Plus inattendues encore, Les Lettres françaises qui, par la plume d’Éric Vuillard, encensent les écrits de Tiqqun et du Comité invisible (janvier 2010, supplément à L’Humanité du 9 janvier 2010) ; décidément, les « cocos » ne sont plus ce qu’ils étaient

[25] Les titres, surtitres et sous-titres des textes ont leur importance pour faire prévaloir la victimisation. Gabrielle Hallez, « Tarnac ou les fantasme du pouvoir. Interpellation musclée, garde à vue absurde : l’une des supposés terroristes témoigne », Le Monde, 21 janvier 2009. Aria, Benjamin, Bertrand, Elsa, Gabrielle, Manon, Matthieu, Yildune, « Face à un pouvoir toujours plus absurde, nous ne dirons plus rien. Les huit co-mis en examen de Julien Coupat dans l’affaire de Tarnacˮ ont décidé de ne plus répondre au juge, jusqu’à la fin des poursuites », Le Monde, 17 mars 2009. Julien Coupat interrogé par Isabelle Mandraud et Caroline Monnot, « Entretien avec le principal suspect dans l’affaire des sabotages contre la SNCF. Julien Coupat : “ La prolongation de ma détention est une petite vengeanceˮ », Le Monde, 26 mai 2009. Yildune Lévy, « Deux ou trois choses que j’avais à vous dire. Les incohérences ubuesques du contrôle judiciaire dans l’“affaire de Tarnacˮ », Le Monde, 21-22 juin 2009. Maka Kanté, Benjamin Rosoux, « Villiers-le-Bel, Tarnac… “Fallait pas nous mettre dans la même prison !ˮ », Le Monde, 23 novembre 2009. Aria, Benjamin, Bertrand, Christophe, Elsa, Gabrielle, Julien, Manon, Matthieu, Yildune, « Pourquoi nous cessons de respecter les contrôles judiciaires. Cette société n’a pas de procès à intenter à personne, sinon à elle-même », Le Monde, 4 décembre 2009.

[26] Encore, le 25 février 2011, dans Le Monde papier est publié « Paris-Texas, une proposition politique des mis en examen de Tarnac », un texte dans lequel le Collectif fait un parallèle grossier entre le Printemps arabe et leur affaire. La complaisance du Monde est flagrante car, le même jour, un texte de la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, sur son budget, et un autre de Bernadette Groison, secrétaire générale de la Fédération syndicale unitaire (FSU), sur les services publics, doivent se contenter du Monde.fr. Quelques jours après, le 2 mars 2011, c’est le père de Julien Coupat, Gérard, médecin, qui en remettra une couche dans Libération avec sa tribune « De Tarnac à Tunis, tombeau pour une ministre ».

[27] Cité par Aude Lancelin, « Quand Julien Coupat animait “Tiqqunˮ », Le Nouvel observateur, 29 mai-3 juin 2009.

[28] L’insurrection qui vient, page 12.

[29] Ce qui n’est pas le cas de tous leurs thuriféraires ou de leurs soutiens.

[30] Le Monde, 21 janvier 2009, précité note (25).

[31] Le Monde, 23 novembre 2009, précité note (25).

[32] Faire un rapprochement avec les militants de la Confédération nationale du travail espagnole qui, avant la guerre civile de 1936, refusaient le statut de prisonniers politiques pour former les droits communs, serait oublier que c’était à une toute autre échelle, dans une toute autre situation historique, avec une toute autre mentalité et pour un tout autre projet.

[33] Lire, par exemple, le commentaire d’Olivier Duhamel dans Libération du 4 juin 2009.

[34] « Pour qui » est souligné par Coupat

[35] La Cour d’appel de Paris a rejeté, le 22 octobre 2010, la demande d’annulation de l’enquête antiterroriste visant la communauté de Tarnac. Lui a fait suite une question prioritaire de constitutionnalité déposée par Me Patrice Spinosi (Le Monde.fr, 29 mars 2011) ; elle a été rejetée par la Chambre criminelle de la Cour de cassation par un arrêt n° 2117 du 29 mars 2011 (http://www.courdecassation.fr/juris...). L’affaire suit son cours

[36] Selon les mots de Coupat dans Le Monde du 26 mai 2009

[37] Manifestation du Forum social européen, à Paris, le samedi 15 novembre 2003. Le service d’ordre est celui de la Confédération nationale du travail. Pour un compte-rendu de cet événement, Le Monde, 18 novembre 2003

[38] Nicolas Truong, Le Monde, 8 juillet 2009.

[39] Jacques Rancière, Et tant pis pour les gens fatigués. Entretiens, Paris, Éditions d’Amsterdam, 2009, 700 pages. Entretien publié dans Le Sabot, outil de liaison locale sur Rennes et ses environs, n° 4, mars 2009 ; citation page 673. Joseph Jacotot est un pédagogue qui a inspiré Le Maître ignorant, livre majeur de Jacques Rancière (Le Maître ignorant. Cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle [Fayard, 1987], Paris, 10/18, « Fait et cause », 2004, 234 pages.).
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 10 Sep 2011, 03:52

Saison 4 d’Engrenages : le tournage est lancé !

" (...)

On retrouvera les six héros de la série,(...).Ils auront à faire au milieu terroriste de l’ultra gauche, comme le dévoile le pitch de la saison diffusé par Canal+ :

Le groupe DPJ de la capitaine (...) est chargé d’élucider l’affaire d’un étudiant déchiqueté par la bombe artisanale qu’il fabriquait. L’enquête conduit les policiers à travers les réseaux de contestation citoyenne qui s’opposent publiquement à la politique d’immigration et aident les sans-papiers. Bientôt le groupe de (...) se trouvent face à quelques activistes d’une ultra gauche très radicale qui prônent la guérilla urbaine et ont pour cible directe la police.

Le cabinet d’avocat (...) survit grâce à l’aide juridictionnelle aux sans-papiers auprès de qui il s’est fait une clientèle. (...) entraînée par sa haine de la police et des institutions accepte de déborder de son rôle d’avocate et se fait piéger par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) qui surveille les activistes d’ultra gauche.

(...)"


Qui a(ura) été choisi comme conseiller au scénario :?:
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 13 Nov 2011, 00:10

JUSTICE - La procédure est ouverte pour «faux et usage de faux en écritures publiques» dans l'affaire qui vise Julien Coupat et ses amis... J.M. avec Reuters

Tarnac, le retour. Le parquet de Nanterre a ouvert une information judiciaire sur l'enquête de police visant les dix personnes accusées du sabotage de lignes de TGV en 2008 et soupçonnées d'avoir fondé un groupe à visée terroriste. La cour d'appel de Paris avait en octobre 2010 validé cette enquête contestée par les suspects de l'affaire dite de «Tarnac» mais un juge d'instruction a été chargé mercredi d'une information judiciaire pour «faux et usage de faux en écritures publiques», a déclaré ce vendredi un porte-parole du parquet.

L'enquête de police avait fait l'objet d'une vive controverse, la défense et une partie de la gauche estimant qu'elle avait été fabriquée de toutes pièces pour accréditer l'idée qu'une menace violente existerait à l'ultra-gauche. Trois juges d'instruction antiterroristes ont mené des investigations sur dix personnes censées avoir saboté des caténaires SNCF le 26 octobre 2008, puis dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 en y plaçant des fers à béton. L'enquête affirmait que le leader supposé du groupe, Julien Coupat, avait été repéré par la police le 3 novembre 2008 alors qu'il organisait des affrontements avec la police en mars d'une réunion de ministres de l'Intérieur de l'UE à Vichy.
L'autheticité de plusieurs éléments du dossier mise en cause

La cour d'appel de Paris avait rappelé que des ouvrages évoquant des actions de sabotage, ainsi que des faux papiers et du matériel pouvant, selon la police, avoir servi à fabriquer les fers à béton, avaient été retrouvés lors de perquisitions à Tarnac, village de Corrèze où vivaient Julien Coupat et la plupart des autres suspects. Libérés après le début de l'enquête, les suspects restent mis en examen pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» et pour certains «destructions en réunion», des faits passibles des assises.

Les accusés ont toujours nié les accusations et leurs avocats ont sans cesse mis en cause la police, estimant que des soupçons de falsification pèsent sur certaines pièces importantes du dossier. Ils mettent en cause notamment la régularité de certains renseignements recueillis sur Julien Coupat dans une enquête préliminaire menée avant les faits, au moyen de surveillances et d'écoutes téléphoniques. La défense met aussi en doute un témoignage recueilli "sous X", comme le permet la procédure et qui présentait les jeunes gens de Tarnac comme des activistes dangereux. L'authenticité d'un procès-verbal de filature de la police, qui dit avoir surpris le soir des faits Julien Coupat et sa compagne à proximité d'une voie ferrée sabotée, est contestée.


Tarnac : une enquête sur les enquêteurs

Selon l'un des avocats de la défense du groupe de Tarnac, une instruction criminelle a été ouverte pour faux et usage de faux. Elle concerne un PV rédigé par les enquêteurs.

L'un des avocats de la défense du groupe de Tarnac a annoncé qu'une instruction criminelle avait été ouverte mercredi pour faux et usages de faux en écriture publique.

Cette instruction ouverte auprès du TGI de Nanterre s'intéresse à un PV rédigé par les enquêteurs en novembre 2008. Un juge d'instruction est chargé d'éclairer les zones d'ombres autour de ce PV, le D104.

Incohérences dans un PV

Les avocats de la défense avaient relevé des incohérences dans ce procès verbal. Celui-ci détaille la filature de Julien Coupat et Yldune Lévy, que des policiers disent avoir menée dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008. C'est cette nuit-là que le sabotage d'un caténaire sur une ligne SNCF aurait été réalisé.

Or, le PV présentait des incohérences, notamment sur la question des horaires et des distances parcourues cette nuit-là par les enquêteurs en suivant Julian Coupat et sa compagne, principaux accusés. Par exemple, la voiture des suspects aurait dû, à un moment donné, accomplir un trajet de 27 km sur des routes de campagne à la moyenne fulgurante de 160 km/h !

Une plainte avait été déposée en 2010 par les avocats.

[Mise à jour - 11 novembre 2011 - 16h00] Par ailleurs, ces derniers ont également déposé deux autres plaintes : l'une à Clermont-Ferrand pour subornation de témoins et qui concerne les déclarations d'un témoin sous X. L'autre à Brive-la-Gaillarde et qui vise des faits d'atteinte à la vie privée.

Rappel des faits : le 11 novembre 2008, plusieurs membres d'une communauté basée à Tarnac (Corrèze) avaient été arrêtés dans le cadre d'une enquête sur des sabotages commis sur le réseau ferré français. Plusieurs personnes - dont Julien Coupat - ont été mis en examen pour association de malfaiteurs, destructions et dégradations en relation avec une entreprise terroriste.


Tarnac : un juge va enquêter pour faux après une plainte contre la police
LEMONDE.FR avec AFP, Reuters | 11.11.11 | 19h13 • Mis à jour le 11.11.11 | 19h29

"Faux et usage de faux en écriture publique" : voilà le motif pour lequel une information judiciaire a été ouverte, cette semaine à Nanterre, sur l'enquête des sabotages de TGV. Cette décision fait suite à la plainte du groupe Tarnac qui accuse la police antiterroriste d'avoir rédigé un procès-verbal mensonger pour les mettre en cause, selon un de leurs avocats.
Les faits remontent à la nuit du 7 au 8 novembre 2008 : des dégradations sont commises sur une ligne TGV dans la Seine-et-Marne. Trois jours plus tard, dix personnes sont arrêtées. Parmi elles, Julien Coupat et sa compagne Yldune Levy. Ils sont alors mis en examen dans ce dossier, instruit à Paris, notamment pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

A l'époque, la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, les avaient désignés comme "un groupe d'anarcho-autonomes", ce que réfute le groupe de Tarnac. Ils nient les accusations et leurs avocats ont toujours mis en cause la police, estimant que des soupçons de falsification pèsent sur certaines pièces importantes du dossier.

C'est dans ce contexte que l'enquête de police avait fait l'objet d'une vive controverse, une partie de la gauche, tout comme la défense, estimant qu'elle avait été fabriquée de toutes pièces pour accréditer l'idée qu'une menace violente existerait à l'ultragauche.

LE PV EST "BOURRÉ D'INVRAISEMBLANCES"

Selon les avocats du groupe de Tarnac, leur mise en cause repose notamment sur un PV de la sous-direction antiterroriste de la PJ française, faisant état d'une filature de Julien Coupat et Yldune Levy la nuit des faits, PV qui, selon eux, est un faux.

"C'est ce PV qui a permis les arrestations", explique Me Assous. "Or il est bourré d'invraisemblances qui rendent impossibles la présence de Julien Coupat et Yldune Levy à cet endroit-là et à ce moment-là", selon l'avocat qui souligne que le faux commis par un dépositaire de l'autorité publique relève de la cour d'assises. "Les enquêteurs ne cessent de clamer qu'ils avaient des éléments. Or après trois ans, il n'y a rien", affirme l'avocat convaincu que l'enquête de Nanterre conduira à la levée des mises en examen.

DEUX AUTRES PLAINTES ONT ÉTÉ DÉPOSÉES

Deux autres plaintes ont été déposées par les avocats. Des plaintes, qui selon la défense, devraient remettre en cause l'implication du groupe de Tarnac. La première a été déposée à Clermont-Ferrand, elle concerne une subornation de témoins et conteste les déclarations d'un témoin sous X les décrivant comme un "groupe sectaire" dirigé par Coupat. La seconde, déposée à Brive-la-Gaillarde, vise des faits d'atteinte à la vie privée, liée notamment à la surveillance de l'épicerie de Tarnac gérée par plusieurs des jeunes gens accusés de sabotage. Ces deux procédures en sont au stade de l'enquête préliminaire.

Libérés après le début de l'enquête, les suspects restent mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et pour certains "destructions en réunion". Des faits passibles des assises.


Tarnac : une instruction pour faux dans un PV de police 11/11/2011 | 10H16

Trois ans après l’arrestation et la mise en examen dans une procédure antiterroriste de dix personnes soupçonnées de sabotage sur une voie SNCF, un juge d’instruction va se pencher sur un procès-verbal de filature litigieux.

L'un des avocats des mis en examen de Tarnac a annoncé au journal La Montagne qu'une instruction avait été ouverte mercredi au tribunal de Nanterre pour faux et usages de faux en écriture publique concernant un PV de filature. Julien Coupat et Yldune Lévy mettent en cause la sincérité des policiers. La juge Nathalie Turquey a été désignée pour enquêter sur ce point.

En cause : le procès-verbal 104, réalisé par la Sous-direction antiterroriste (SDAT) dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008. Une vingtaine de policiers suivent alors une voiture occupée par Julien Coupat et Yldune Lévy sur les routes de Seine-et-Marne. Suite à cette filature, ils seront accusés de sabotage sur une voie SNCF.

Les avocats de la défense avaient relevé de nombreuses incohérences dans ce procès-verbal, notamment au niveau des horaires et des trajets, élaboré un mémoire de 70 pages et porté plainte avec constitution de partie civile, comme nous l’annoncions en février. Au même moment, les mis en examen déposaient deux autres plaintes pour subornation de témoin et écoutes illégales.

Le faux, s'il est commis par des personnes dépositaires de l'autorité publique, est passible de quinze ans de prison et 225 000 euros d'amende. Jérémie Assous, avocat de la défense, se félicite de l'ouverture d'une information judiciaire :

"C'est une belle victoire, une enquête objective va enfin commencer. Tous les actes à décharge que Thierry Fragnoli nous a refusés seront examinés et on verra que Julien Coupat et Yldune Lévy ont raison. Cela va aboutir à des mises en examen importantes, on ne va plus enquêter sur les gens de Tarnac mais sur les policiers."
Devant les contradictions du PV de filature, le juge d'instruction antiterroriste Thierry Fragnoli avait demandé des précisions aux enquêteurs en novembre 2009. Pour la défense, leurs réponses ne faisaient qu'ajouter à la confusion.

Camille Polloni
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 07 Déc 2011, 23:39

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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 24 Déc 2011, 23:33

" Magasin général, Tarnac " de David Dufresne, Éditions Calmann-Lévy. (l'ouvrage serait disponible en mars 2012)

Une enquête façon road movie sur les dessous de l’affaire de Tarnac.

11 novembre 2008, au petit matin. Cent cinquante policiers antiterroristes et de la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI) investissent Tarnac, un village de Corrèze. Ils sont venus arrêter Julien Coupat et ses amis, suspectés d’avoir saboté quatre lignes TGV. Les interpellations, pilotées en direct depuis le ministère de l’Intérieur, se font sous l’œil des caméras. L’instant est décisif : il s’agit de prouver à l’opinion publique l’efficacité de la DCRI, le « FBI à la Française » voulu par Nicolas Sarkozy. C’est un ordre, venu d’en haut. Et c’est le début d’une terrible déroute : quand la police se fait bras armé de la politique, le fiasco n’est jamais loin. Pendant trois ans, David Dufresne a rencontré tous les protagonistes de l’affaire. Mis en examen, policiers, magistrats, membres de cabinets ministériels ; avec le temps, tous ont accepté de se confier. Des sans-grades aux proches de Nicolas Sarkozy, jusqu’aux patrons du Renseignement français, leurs propos dessinent un portrait de la France d’aujourd’hui. Logiques à l’œuvre, guerre des polices, mensonges, fantasmes, l’enquête, écrite façon road movie, transporte le lecteur au cœur du pouvoir, et du contre-pouvoir ; chez les autonomes comme dans les arcanes des services secrets. Au fil des pages, l’affaire de Tarnac devient une affaire policière (qui surveille-t-on et comment ?), une affaire politique (qu'est-ce que le terrorisme aujourd'hui ?), une affaire personnelle (celle d’un journaliste faisant l’expérience du désenchantement) et une affaire d’utopies et de fantasmes, de part et d’autre. Enquête minutieuse oscillant dans les marais des mensonges d’État, l’ouvrage met au jour avec un style original, brillant et sensible, toutes les contradictions du quinquennat de Nicolas Sarkozy."
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Denis » 24 Déc 2011, 23:56

excellent !

merci Nico !

:v:
Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede spleenlancien » 25 Déc 2011, 11:29

L'auteur n'est pas un inconnu, ses travaux sont sérieux. En septembre 2010, il avait donné un entretien à Article XI, pour presenter son bouquin :

Image

http://www.article11.info/?David-Dufres ... ataille-de
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 10 Jan 2012, 02:57

Tarnac : la justice enquête sur des écoutes illégales menées avant l’affaire du sabotage | 09.01.12 | Laurent Borredon

C'est une nouvelle petite victoire pour les mis en examen de Tarnac (Corrèze), soupçonnés depuis novembre 2008 d'avoir saboté des lignes de la SNCF. Une information judiciaire a été ouverte dans l'affaire des écoutes sauvages de l'épicerie gérée par le petit groupe, un dossier annexe au sabotage.
La juge d'instruction de Brive-la-Gaillarde a estimé, le 3 janvier, qu'il y avait lieu à instruire sur le chef d'"atteinte au secret des correspondances" et d'"atteinte à l'intimité de la vie privée" que le procureur de la République souhaitait écarter. Pour Me William Bourdon, l'avocat de la société du Magasin général de Tarnac, qui avait porté plainte avec constitution de partie civile en février 2011, la justice rentre ainsi dans la "phase sombre du dossier".

Le 11 novembre 2008, neuf personnes appartenant à la mouvance "anarcho-autonome" sont interpellées à Tarnac (Corrèze) et Paris. Elles sont accusées d'avoir posé des crochets métalliques sur des caténaires pour désorganiser les lignes de la SNCF en octobre et novembre 2008. A l'issue de leur garde à vue, quatre d'entre elles sont remises en liberté, cinq sont placés en détention provisoire.

Tous sont mis en examen pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste", sauf Julien Coupat, considéré comme le leader du groupe, qui est mis en cause pour "direction ou organisation d'un groupement formé en vue de la préparation d'un acte terroriste". Installé dans le petit village de Corrèze depuis le début des années 2000, le groupe s'occupe d'une épicerie-bar-restaurant et élève des animaux sur les 40 hectares de la ferme du Goutailloux.

La qualification terroriste des faits, le maintien en détention de M.Coupat jusqu'en mai 2009 sont largement médiatisés ainsi que le contrôle judiciaire strict imposé dans un premier temps aux remis en liberté. La fragilité des éléments à charge de ce que la ministre de l'intérieur de l'époque, Michèle Alliot-Marie, avait qualifié d'"opération réussie" dans le "milieu de l'ultragauche" est assez vite apparue. Notamment les accusations d'un témoin sous X, rapidement démasqué par la presse et qui aurait subi des pressions des policiers.

ZONES D'OMBRE

L'affaire des écoutes, quant à elle, est antérieure aux sabotages. Tout débute en mars2008, alors que le groupe vit tranquillement à Tarnac. Gaëtan Fussi, l'un des cogérants de l'épicerie, qui ne sera pas concerné par l'affaire des sabotages, remarque que les télédéclarations de carte bancaire, par l'une des deux lignes téléphoniques du magasin, ne sont plus effectuées. La petite équipe se tourne d'abord vers sa banque. Après une série de tests et un changement de machine, toujours rien. Le problème vient de la ligne téléphonique.

Un technicien de France Télécom se rend sur place, le 4 avril. Et là, dans le local technique, surprise : un boîtier d'origine inconnue est branché, en parallèle de la ligne. M. Fussi plaisante : et si c'était la police? Le technicien répond, très sérieusement: "Ça se pourrait bien, je vais appeler mon chef, on verra bien." Après le coup de fil du technicien à son responsable, M. Fussi comprend qu'il s'agit bien d'un dispositif d'espionnage et le boîtier est débranché.

Le petit groupe a donc été écouté. Ce n'est pas forcément une surprise. En 2008, la mouvance de l'ultragauche fait l'objet de toutes les attentions du renseignement français. Trois membres du groupe de Tarnac sont fichés aux renseignements généraux dès 2002, après une occupation sur le campus universitaire de Nanterre; en 2005, la fiche de Julien Coupat est modifiée pour "mise sous surveillance"; en janvier 2008, enfin, Julien Coupat et sa compagne Yldune Lévy ont été signalés par le FBI après s'être soustraits à un contrôle d'identité à la frontière canadienne.

Pour autant, "aucun fondement juridique ne pouvait justifier une quelconque écoute", souligne Me Bourdon. L'enquête préliminaire pour "association de malfaiteurs à visée terroriste" n'a été ouverte par le parquet de Paris que le 16 avril 2008. Elle fait suite à un signalement du groupe au procureur par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire.

Sur quelles bases le groupe a-t-il été signalé à la justice, et donc surveillé de manière officielle, puis mis en cause dans l'affaire des sabotages de lignes SNCF? Si des écoutes illégales étaient à l'origine de ces procédures en cascade, c'est tout le dossier qui pourrait être touché.

Car l'instruction de Brive vient s'ajouter à une autre information judiciaire ouverte en novembre2011 par le parquet de Nanterre pour "faux et usages de faux en écriture publique" concernant un procès-verbal policier. Le "PV104" est une pièce majeure du dossier. Il s'agit du compte rendu de la filature de Julien Coupat et Yldune Lévy la nuit des sabotages sur les lignes de la SNCF, les 7 et 8 novembre 2008. Pour la police, il prouve que le couple se trouvait à proximité d'une des lignes sabotées, en Seine-et-Marne. Selon la défense, il est truffé d'incohérences, peut-être destinées à masquer la pose illégale – là encore – d'une balise sous la voiture de Julien Coupat.

Autant de zones d'ombre qui pèsent sur l'instruction principale concernant les faits de sabotage que le juge d'instruction Thierry Fragnoli devrait boucler dans les prochains mois, après d'ultimes auditions.
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 12 Jan 2012, 23:01

http://limousin.france3.fr/info/informa ... 58492.html

Tarnac (19) : l'épicerie sur écoute ?

Une information judiciaire pour atteinte à l'intimité de la vie privée et au secret des correspondances a été ouverte auprès du tribunal de Brive, dans l'affaire de Tarnac, en Corrèze.

Après l’ouverture d’une enquête sur les enquêteurs de l’affaire de Tarnac il y a quelques semaines, ce nouveau rebondissement apporte une pièce de plus au démantèlement dans les règles d’un dossier tentaculaire cumulant les zones d’ombre.

Un mois avant l’ouverture de l’enquête officielle

En février 2011, Benjamin Rosoux et Gaétan Fussi, co-gérants de la Société en nom collectif Magasin général de Tarnac déposaient plainte pour atteinte à la vie privée et atteinte au secret des correspondances auprès du tribunal de Brive par le biais de leur avocat, Me Bourdon.

Suite à un dysfonctionnement provenant de leur ligne téléphonique, un technicien de France Télécom intervenait, le 4 avril 2008, et remarquait un boîtier inhabituel et n’appartenant pas à sa société, installé dans le local technique. Un appareil que les policiers auraient utilisé pour intercepter les communications de l’épicerie entre mars et avril 2008, plusieurs mois avant les sabotages des lignes SNCF et un mois avant l’ouverture d’une enquête préliminaire dans l’affaire de Tarnac.

Des écoutes qui ne s’appuieraient donc sur aucun fondement juridique, selon l’avocat des co-gérants. « Cela permet de lever le voile sur des écoutes clandestines et peut avoir des effets juridiques importants sur tout le dossier, estimait Me Bourdon. On attend désormais que le juge d’instruction procède aux investigations nécessaires pour identifier les responsabilités. »
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 » 30 Jan 2012, 21:53

Annie Ernaux et l'affaire de Tarnac Une chronique d'Aurélie Sfez

L'écrivaine et professeure de lettres Annie Ernaux revient sur l'affaire de Tarnac. Le 11 novembre 2008, dix membres d'une communauté autonome basée à Tarnac, en Corrèze, dont le jeune Julien Coupat et sa compagne, étaient arrêtés pour sabotage de caténaires appartenant au réseau SNCF.

Fabrice Drouelle l’annonçait sur notre antenne.
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Béatrice » 24 Fév 2012, 10:43

Un homme "prétendument" proche des inculpés de Tarnac est en garde à vue depuis hier , "soupçonné" d'avoir fabriqué les crochets ayant servi
au sabotage de la ligne TGV .

( pour rappel : le procès des inculpés de Tarnac devrait se dérouler dans le courant de l'année 2012 : ceci explique cela , peut-être ... )



http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Béatrice » 24 Fév 2012, 20:37

Fin de la garde à vue de l'homme de 30 ans ( qui s'est passée dans les locaux de la SDAT ). Son père a fait l'objet d'une
perquisition de son atelier :


http://www.liberation.fr/depeches/01012 ... s-crochets
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