Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede bajotierra » 13 Nov 2008, 17:22

"Le comité invisible " .......Mais en fait trés visible et visé . C'est du blanquisme matiné de situationnisme .

Le blanquisme il a fini a la villette dans la ridicule tentative avortée de prise d'une caserne de .....pompiers .
Bref cétait déjà mal barré niveau tactique ! Maintenant, niveau idéologique Blanqui a beaucoup inspiré Lénine dans son putschisme en octobre 17 ,
je crois que La Fabrique, la maison d'édition, dans sa ferveur , a réédité les oeuvres dudit Blanqui lequel nous y montre comment construire une barricade et préparer un coup de force , lui qui a été d'échec en échec , bref de la daube .
le vernis situationniste est là pour moderniser le ragoût et attirer le bobo .

Le tout repose aujourdhui sur le bureau du juge d'instruction . Trés fort .
bajotierra
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede gyhelle » 13 Nov 2008, 17:40

bajotierra a écrit: je crois que La Fabrique, la maison d'édition, dans sa ferveur , a réédité les oeuvres dudit Blanqui lequel nous y montre comment construire une barricade et préparer un coup de force , lui qui a été d'échec en échec , bref de la daube .
.


Si l'échec est un signe de daube, alors les anars qui n'ont pas plus réussi que blanqui c'est aussi de la daube de la daube.
gyhelle
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede jean » 13 Nov 2008, 17:46

Les «anarcho- autonomes», le fantasme du réseau et la réalité des écrits

Par Jade Lindgaard Mediapart.fr

http://www.mediapart.fr/journal/france/ ... des-ecrits

«Terroriste», «leader d'ultra-gauche», «illuminé»? Parmi les suspects arrêtés et placés en garde à vue, mardi 11 novembre, dans l'enquête sur le sabotage des caténaires de la SNCF, la police détient-elle un chef clandestin de la «mouvance anarcho-autonome»? Mercredi 12 novembre, les enquêteurs se montraient prudents sur les charges éventuelles pesant contre les dix personnes retenues, en l'absence de preuve matérielle les rattachant directement aux actes de malveillance sur les caténaires de lignes ferroviaires.

Mais sans attendre les résultats de l'enquête, les médias ont, dès l'annonce des arrestations par la ministre de l'intérieur, Michel Alliot-Marie, presque tous ouvert le procès de «la mouvance anarcho-autonome». Sous le feu croisé de leurs suspicions, une des personnes placées en garde à vue: Julien, 34 ans, parti vivre en Corrèze après un doctorat à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess). Sous surveillance policière depuis plusieurs mois, il a été aperçu, selon les enquêteurs, en Seine-et-Marne, dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 novembre, aux abords d'une ligne TGV. En compagnie de son amie, il serait descendu de son véhicule et aurait observé les lieux avant de repartir. Suspecté de «terrorisme», sa garde à vue peut durer quatre jours, soit jusqu'au samedi 15 novembre.

«Mouvance anarcho-autonome», «ultra-gauche»: les mots utilisés par la police pour désigner le milieu dans lequel évolue Julien semblent le cantonner à un extrémisme idéologique nihiliste. En réalité, depuis quelques années, il élabore avec d'autres un travail intellectuel et politique qui lui a valu une modeste renommée, assez sulfureuse, dans les cercles intellectuels. Son coup d'éclat est, paradoxalement, parfaitement anonyme: avoir contribué à la rédaction d'un pamphlet néo-situationniste devenu un succès de librairie, L'Insurrection qui vient. Paru en 2007 aux éditions de la Fabrique, ce court livre est signé du nom d'un collectif imaginaire, «Le comité invisible». Ecrit depuis un point de vue de clandestinité, ce texte se présente comme sans auteurs: «Ses rédacteurs n'en sont pas les auteurs. Ils se sont contentés de mettre un peu d'ordre dans les lieux communs de l'époque, dans ce qui se murmure aux tables des bars, derrière la porte close des chambres à coucher.» Il n'a fait l'objet d'aucun contrat avec son éditeur. Aucun droit d'auteur ne doit être versé.

«On ne sait pas qui l'a écrit, ce n'est certainement pas le manifeste de leur groupe», met en garde Stéphane Passadeos, collaborateur d'Eric Hazan, le directeur de la Fabrique, injoignable mercredi matin car en déplacement à l'étranger. A ce jour, selon l'éditeur, l'ouvrage s'est vendu entre 6.000 et 7.000 exemplaires. Plus d'un an après sa sortie, il continue de trouver son public. Il est probable que personne n'en revendiquera la paternité. Son ton péremptoire et donneur de leçon en a énervé plus d'un. Son jusque boutisme a soulevé de vifs oppositions, et usque dans l'entourage de l'éditeur, certains se sont inquiétés de «l'irresponsabilité» du texte. ais son audience, inhabituelle pour ce type d'ouvrage et pour son éditeur, est le signe d'une apacité à saisir une époque.

"Il n'y a pas d'insurrection pacifique"

Récit bien écrit, L'Insurrection qui vient se déroule en deux temps. D'abord, celui d'un constat sans pitié, souvent sarcastique, contre la société de consommation, son aliénation au marketing, sa dépendance aux technologies mais aussi contre le travail et le salariat. Il est particulièrement cruel à l'égard des altermondialistes, des écologistes et de la gauche «bobo» qui prétendent «gérer la sortie du nucléaire, les excédents de CO2 dans l'atmosphère, la fonte des glaces, les épidémies...» mais ne font qu'aider le capitalisme à se maintenir. Ensuite, le temps de la solution: celui de l'appel à l'insurrection, à la dissidence, et à la sortie du système, nourri de références aux assemblées générales révolutionnaires et à la Commune.

Cette dernière partie prend très clairement le forme d'un mode d'emploi. On y lit notamment, dans le chapitre intitulé «S'organiser» : «Comment rendre inutilisable une ligne de TGV, un réseau électrique? Comment trouver les points faibles des réseaux informatiques, comment brouiller des ondes radios et rendre à la neige le petit écran?». Pour quoi s'en prendre aux lignes à grande vitesse? Parce que, selon le livre, «l'infrastructure technique de la métropole est vulnérable: ses flux ne sont pas seulement transports de personnes et de marchandises, informations et énergie circulent à travers des réseaux de fils, de fibres et de canalisations». Stopper le flux, bloquer la circulation : il s'agit de saboter«la machine sociale». Cela ressemble à une forme d'anti technologisme ou de neo-luddisme, du nom du mouvement de ses ouvriers qui cassaient leur machine pour protester contre les emplois et la technique que leur volait le progrès. Les rédacteurs du livre seraient-ils passés à l'acte?

Le livre est habité par la vision d'un soulèvement à la fois destructeur et rédempteur. Mais non sans ambiguïté. «L'insurrection qui vient est en partie métaphorique. Il n'y a pas d'insurrection pacifique, écrit le comité invisible, les armes sont nécessaires: il s'agit de tout faire pour en rendre l'usage superflu. Une insurrection est davantage une prise d'armes, une "permanence armée", qu'un passage à la lutte armée.» On est loin ici d'un appel littéral à la militarisation des mouvements sociaux. Contrairement à ce que laisse croire la qualification d'«ultra-gauche», les influences théoriques sont diverses, puisant aux sources du marxisme, du situationnisme, du luddisme, de l'anarchisme.

Dissidence, désertion, nouvelles formes de vie: cette utopie de l'exil, Julien l'a mise en pratique en partant s'installer avec des amis dans un village corrézien. Ils y ont fondé une communauté autogérée, autonome, très secrète. Loin des éditeurs parisiens, des institutions savantes et des salles de rédaction. D'autres collectifs, en France, en Espagne, en Italie, en Allemagne, parfois tout autant nourris d'aspirations intellectuelles, parfois mus par un simple désir de se rapprocher de la nature et de vivre de la terre, ont eux aussi fait le choix d'une installation rurale.

Certains sont fils de la bourgeoisie intellectuelle. D'autres non. Leurs trajectoires reflètent des aspirations collectives, minoritaires, mais sources de débats dans des cercles qui dépassent le nombre de ces néo-ruraux, sur la sortie du capitalisme, le rejet du contrôle social, la rupture d'avec la société marchande, les préoccupations écologiques. Beaucoup parmi eux se connaissent, échangent par Internet, partagent des lectures, se retrouvent de manière ponctuelle sur des manifestations ou des actions de désobéissance civile. Ces réseaux informels sont par définition internationaux. Ils ne dessinent pas pour autant un maillage terroriste du territoire.

Que Julien et son groupe soient ou non poursuivis par la justice – mercredi soir, ils n'étaient toujours pas mis en examen par manque de preuve matérielle les liant aux faits –, la tempête médiatique qui a soufflé contre le spectre de l' «ultra-gauche» témoigne de la fébrilité de l'époque. Elle révèle la difficulté des commentateurs à se défaire de la référence aux années 70 et leur usage non distancié de la notion de terrorisme.

URL source: http://www.mediapart.fr/journal/france/ ... des-ecrits
jean
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede RickRoll » 13 Nov 2008, 17:48

Je me rappelle plus si j'ai déjà donné mon avis.

Il est évident que les flics n'ont rien contre ces types, que dalle. Pas de preuve, pas de délit. Donc ils sont innocents.
Et là on les retient en GAV pour de la merde, c'est digne des USA avec le délit d'opinion politique.

On a fait beaucoup moins chier les agriculteurs quand ils saccagèrent le bureau d'une ministre, que ces autonomes qui n'ont rien fait à part être révolutionnaires.

Sur le sabotage : je soutiens le sabotage quand c'est une action collective de sabotage de leur outils de travail, décidée par les ouvriers qui les utilisent, et à des fins de lutte sociale ou de révolution.
Toute autre utilisation du sabotage est inutile, contre-productive (car elle justifie la répression des mouvements sociaux par la suite) et avant-gardiste.
Donc je ne soutiens pas ce sabotage, si tant est qu'il soit le fait de militants politiques radicaux (autonomes, organisés, individus, trotskystes, anarchistes ou quoi que ce soit d'autre).
RickRoll
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede kuhing » 13 Nov 2008, 18:04

Julien, 34 ans, parti vivre en Corrèze après un doctorat à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess). Sous surveillance policière depuis plusieurs mois


Ce que je relève de l'article de médiapart rapporté ici par Jean, c'est qu'un gars est pisté, surveillé en permanence par la police parce qu'il aurait participé simplement à la rédaction d'un écrit.

-"C'est encore loin la Birmanie papa ?"
-" Non, ce sera pas long, on arrive bientôt"
kuhing
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede bajotierra » 13 Nov 2008, 18:11

Si l'échec est un signe de daube, alors les anars qui n'ont pas plus réussi que blanqui c'est aussi de la daube de la daube


Les "anars" comme tu dis ne se posent pas en Généraux des Barricades , comme le faisait Blanqui, et ne confondent pas les fins et les moyens . C'est en cela que c'est de la daube .
Par ailleurs , même si historiquement ils vont de défaite en défaite jusqu' a la victoire finale , il faut reconnaitre que ces défaites ont eu bien plus de panache et de sens que celles de Blanqui et ses fils spirituels Lénine et Trotksy ;
bajotierra
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede joe dalton » 13 Nov 2008, 18:22

On a compris que certain tenait a être respectable !
Je ne rentrerais pas dans le débats sur le sabotage, tant cette questions m’a l’air anecdotique par rapport ce qui c’est passer, et qui est assez grave a mon gout ! C’est-à-dire le traitement médiatique diffamant, et falsificateur vis-à-vis de tout le courent anarchiste DANS SON ENSEMBLE ! On peut dire qu’en deux jours, c’est le même son de cloche qu’on a entendue partout ! Je crois que cela devrait plutôt démontrer l’illusion qu’un mouvement anarchiste puisse être respectable dans le monde capitaliste ! À croire que la grande tolérance du système, envers la diffusion de nos théories, fasse trop vite oublier à beaucoup que nous sommes ses pires ennemis ! L’état ne nous laisse déblatérer, que lorsqu’il nous juge folkloriques ! Que la situation sociale recèle des dangers potentiels pour sa gueules, et il siffle la fin de la recrée !
La tolérance ne s’exprime qu’en terme de dégrée, et est sans cesse réévaluable en fonction des circonstances !
Il est dommage que pendant la grande offensive médiatique et étatique de ses derniers jours, les solidarités ne s’énoncent qu’avec des bémols ! Pourtant c’est bien toutes les thèses anarchistes qui étaient visé par cette vaste entreprise de démolition ! En profité pour régler ses comptes, c’est bien faire le jeu du système !
Si d’autre que moi on vu l’émission d’Yves Calvi hier, comment n’ont il pas été scandaliser par la morgue de ces experts, réunis pour flinguer les anarchistes et nous faire passer pour des assassin ! Quand un des spécialistes (un seul) faisait remarquer que l’on ne pouvait pas encore parler de meurtrier, Calvi aboyait »pour le moment » ! Nos idéaux, ce contre quoi nous lutons, pas même évoqué une seule fois, comme s’il était entendus que ce n’était que des balivernes pas même digne d’etre citer du fait de leur insignifiances !
Plutôt que d’essayer d’acquérir une respectabilité par le biais d’une solidarité en demi teinte, nos grandes orgas ferait mieux d’organiser une réaction, et d’essayé d’obtenir réparation vis-à-vis de la grande campagne de diffamation qui a eue lieu !
Car je crois qu’elle a été bigrement efficace !
joe dalton
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede bajotierra » 13 Nov 2008, 18:22

POINT DE VUE SUR DE RECENTES EVOLUTIONS / NOUS OU ILS

Ci dessous deux textes de réflexion sur les évolutions récentes du mouvement anarchiste en France, parus dans le journal de nos compagnons de la CNT-AIT Toulousaine "Anarchosyndicalisme !"

Point de vue sur de récentes évolutions
Par un effet de bascule générationnel quelques vieux mythes, habillés de nouveaux oripeaux, sont de retour. Il y a de cela une décennie la CNT-AIT s’était élevée contre le confusionnisme réformiste au sein du mouvement libertaire.

Fleurissaient alors des théories possibilistes de compromission et d’alliances qui se sont développées au nom du “municipalisme libertaire” (avec participation aux élections politiques locales), du “syndicalisme différent” (différent dans l’appellation peut-être, mais prêt à des fronts communs avec toutes les raclures syndicales), de la “visibilité médiatique” (avec organisation de cortèges fortement pavoisés, recours à des fanfares, interviews dans la “grande” presse et autres forfanteries) ou de la “représentativité” (avec participation aux élections professionnelles).

Ceux qui se sont engagés dans cette voie ont réduit leur mouvement à une pacotille aussi médiatisé qu’éphémère. Dix ans après, leur échec est tellement flagrant qu’eux-mêmes ou d’autres en prennent, avec la même absence de réflexion, le contrepied.

Dans le milieu libertaroïde, le temps était hier au “syndicalisme révolutionnaire”, il est maintenant à la renaissance de l’apologie de l’insurrection. Pile et face d’une même incapacité à appréhender la lutte sociale dans sa complexité, ces deux formules ont en commun un insigne désavantage : elles enferment la lutte dans une seule option tactique, obligeant ceux qui s’y conforment à répéter les mêmes comportements jusqu’à ce que tout le monde soit convaincu de leur inefficacité.

Or, la lutte révolutionnaire, c’est justement l’inverse, c’est poursuivre une finalité et s’y atteler avec des moyens qui soient d’une part compatibles avec la fin poursuivie mais surtout qui n’enferment pas les militants dans la répétition d’un petit nombre de séquences comportementales comme un cochon d’inde dans la roue de sa cage !

Seule une analyse globale de la société dans toutes ses dimensions (économiques, politiques,culturelles, sociales) associée à une volonté de lutte qui prennent bien en compte les réalités de terrain, c’est-à-dire la démarche constitutive de l’anarchosyndicalisme, permet d’éviter cet enfermement.

N.S.

===============

"Nous" ou ... "Ils",

DE L’USAGE DU "NOUS"

La monarchie française était une fervente utilisatrice de la première personne du pluriel : "Nous" disait Louis XIV pour parler de lui seul. Ce grand "Nous", appelé pour cela "nous de majesté", signait la grandeur de celui qui dominait tous les autres. Le roi se distinguait ainsi du commun des mortels. Quand "Nous" avait parlé, tout était dit, les autres n’avaient qu’à la fermer.

Dans le mouvement libertaire ce pronom a aussi une histoire. Bien différente. C’est celle d’un des groupes les plus fameux de la FAI (Fédération anarchiste ibérique), le groupe "Nosotros" ("Nous", en espagnol), qui réunissait Durruti, Ascaso, Garcia Oliver et quelques autres copains. Groupe de pensée et d’action en lien étroit avec tout le mouvement social espagnol, "Nosotros" parlait et agissait. Mais uniquement en son nom et rien qu’en son nom.

Et voici que, par un de ces retours dont l’histoire a le secret, le "nous" refait une apparition, et que, contrairement au "nous" des libertaires, il est, comme par le passé royaliste, une façon d’écraser la parole des autres. Ce nouveau "nous" est le pivot rhétorique et majestueux de textes qui, sous le nom d’"Appel", sont le signe de l’émergence d’une faction [1] dans le mouvement social (ou plus exactement autour de celui-ci). Voici par exemple ce que l’on peut lire dans l’"Appel de Rouen" (25 octobre 2007) :

"Aujourd’hui jeudi 25 octobre 2007 à Rouen une Assemblée Générale a déclaré la grève, l’occupation et le blocage de l’université. Nous sommes la génération qui s’est battu dans la rue ces dernières années, ces derniers mois. Depuis plusieurs jours, nous avons observé la mobilisation des autres villes. Il nous a semblé que chacun, là où il était, attendait un signal, une étincelle, pour que tout commence. Nous n’avons plus de raison d’attendre."

A moins qu’on nous explique que ce 25 octobre aient été présents, dans un amphithéâtre de l’université de Rouen, - où est censé avoir été écrit ce texte de référence - tous ceux qui se sont battu dans la rue ces dernières années, ce qui d’évidence serait grotesque, ce "nous sommes la génération " constitue une tentative de hold-up sur la parole de millions de personnes. Surtout que, soit dit en passant, les éléments qui se sont le plus "battus dans la rue" ces dernières années (puisque tel est le critère), en l’occurrence les jeunes de banlieues, n’ont certainement pas apporté la plus minime contribution à ce texte d’une facture toute universitaire !

Alors même qu’il se camoufle derrière une phraséologie libertaire ou autonome, ce style de prose est foncièrement absolutiste. L’Appel ne cache d’ailleurs pas sa volonté de puissance, et sa "Proposition V" est de ce point de vue caractéristique [2] :

"A toute préoccupation morale, à tout souci de pureté, nous substituons l’élaboration collective d’une stratégie. N’est mauvais que ce qui nuit à l’accroissement de notre puissance. Il appartient à cette résolution de ne plus distinguer entre économie et politique. La perspective de former des gangs n’est pas pour nous effrayer ; celle de passer pour une mafia nous amuse plutôt."
Une faction qui pose en principe que n’est mauvais que ce qui nuit à sa propre puissance, voilà qui est clair et qui nous éloigne définitivement des rivages libertaires.

SUBSTITUTISME ET MÉPRIS
Mais quelle est donc cette "stratégie collective" à laquelle les rédacteurs de l’Appel font allusion ? A l’épreuve des faits, elle ressemble comme deux gouttes d’eau à une manipulation.

En effet, si par le passé les groupes autonomes qui s’organisaient se donnaient la peine de se définir aussi clairement qu’il leur était possible ; l’originalité des nouveaux adeptes du "nous" réside en ceci qu’ils ne se définissent guère, et que, ne se définissant pas, ils SE donnent le droit d’englober tout le monde, en fonction de leurs besoins tactiques.

Tantôt ce "nous" là parle au nom des étudiants, tantôt des chômeurs ou des taulards, et si par cas des vieillards se rebellaient dans les maisons de retraite,gageons qu’ils seraient aussitôt englobés, eux aussi, avec lemême enthousiasme. Tout ceci n’est qu’une nouvelle version du substitutisme qui a permis par le passé à un Parti puis à un Comité central, enfin à un seul individu, un Lénine puis un Staline ; de s’ériger au-dessus des masses. C’est ce même substitutisme qui permet au pouvoir "démocratique" de parler au nom du peuple pour mieux l’exploiter.

Certes, lorsqu’on aspire aussi clairement que cela à la "puissance", il est plus flatteur pour son propre ego de se poser en porte-parole d’une masse (la "génération qui s’est battue") plutôt que de dire honnêtement (un mot banni de leur vocabulaire) :

"Voilà, nous sommes un groupe de quelques personnes, et voici ce que nous pensons."

Ce haut sentiment de sa propre valeur s’accompagne d’un grandiose mépris pour les foules :

"Nous avons subi vos AG, nous les avons même organisées ...Cette lutte de pouvoir pour le pouvoir, par le pouvoir, nous la haïssons. Nous l’avons utilisée comme un prétexte pour arrêter le cours normal des choses, se rencontrer, partager, conspirer... Ça vous ne l’avez pas compris, vous étiez absents dans la situation, dans la vie qui se déroulait ici, parce qu’un monde nous sépare.” (Appel de Rouen, 13 décembre 2007).

On ne saurait être plus vaniteux ! Voici, dans le fond, ce qu’ils disent : "Oui, nous avons pris part à la direction du mouvement, mais, tas de crétins, vous n’avez rien compris, et c’est pour ça que l’échec est uniquement de vôtre faute, na nanère !". Il faut une bonne dose de candeur pour s’exprimer ainsi ; car le coup du "responsable mais pas coupable" n’est pas franchement nouveau. Ce procédé simpliste qui consiste à projeter la responsabilité de la faute sur "les autres" (ceux qui sont réduits au rôle de spectateurs) et à éviter ainsi toute réflexion critique sur sa propre action est une clef du fonctionnement psychique du "beauf’s" standard et une des plus vieilles astuces de tous les pouvoirs.

REPRÉSENTATION ET DÉRIVE DROITIÈRE

Forme et fond sont liés. Elles sont révélatrices de l’état d’esprit. Le mépris des autres, la volonté de les manipuler, de les mener, de les utiliser... tout cela est aux antipodes de la pensée et de l’éthique libertaires. Ces modes d’actions ont toujours été portés par des gens qui se croient au-dessus du lot, et qui historiquement ont parasité le mouvement révolutionnaire. Leurs circonvolutions littéraires plus ou moins lyriques ne sont là que pour tromper l’auditoire et s’attirer des sympathies.

Dans les textes cités ici, comme dans ceux qui se rattachent à cette faction, on reconnaît aisément l’influence des hédonistes libertariens qui nient la lutte de classe, parce que, issus des classes moyennes, ils n’ont jamais vraiment coupé le cordon ombilical avec, le tout saupoudré en permanences d’envolées prophético-mythomaniaques typiques du gauchisme le plus éculé. Les mots du prolétariat, les mots des exploités, les mots simples qui vont droit au coeur, tous ces mots là sont aussi absent de leur prose que des colonnes du Figaro Magazine.

Ce n’est pas là en effet qu’on va entendre parler de solidarité de classe, d’espoir social ! Au contraire, on se vautre dans la pourriture ambiante. Ces esthètes, aux manières de petits Nérons, n’ont aucune compassion pour la souffrance d’autrui. Ils hument avec allégresse la puanteur qui monte du système, comme si elle pouvait justifier les instincts les plus vils : "Nous admettons la nécessité de trouver de l’argent, qu’importent les moyens,..." [3] "... de l’argent, qu’importent les moyens ?", voici qu’ils nous présentent comme une de leurs trouvailles l’essence même du capitalisme : faire de l’argent par n’importe quel moyen ! Pour ça non plus le système ne les a pas attendus !

N’empêche, nous vivons un curieux paradoxe : nous sommes dans une période riche de potentialités, dans laquelle les capacités et les envies d’autooganisation collective se font de plus en plus fortes et parfois même parviennent à se concrétiser. Et voici que prétendant parler au nom de tous les révoltés, "ils" surgissent sur la scène autonome. Et, tels de petits joueurs de flutte de Hamelin, qui auraient pris soin de remplacer le trop usé air de pipeau par un verbiage aristocratico-révolutionnaire clinquant neuf, "ils" travaillent à détacher ceux qui les suivraient des luttes sociales pour les fourvoyer dans les chemins boueux d’une dérisoire "démerde" individuelle présentée comme "la vraie vie".

En tout cas, ami lecteur, exerce ton esprit critique. Derrière les grandes envolées lyriques,les propos sulfureux, la terminologie "anar","libertaire", "antiautoritaire", "autonome"... peut se cacher une pensée bien réactionnaire.

Un militant CNT-AIT



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[1] 1. J’appelle faction des gens qui visent à former un parti (c’est leur propre terme, voir l’ “Appel”) tout en parlant à la place de larges masses.

[2] _2. Le petit fascicule d’où est extrait ce paragraphe (“Appel") se présentent comme une édition clandestine, sans nom d’auteur, d’éditeur ni adresse. C’est un choix marketing : l’interdit (surtout sans risque) facilite la diffusion, au moins dans certains milieux.

[3] "L’insurrection qui vient" (p 29 -30) par un “Comité invisible” visiblement en recherche de visibilité puisqu’il a cette fois un éditeur (La Fabrique) et une publicité rédactionnelle dans Le Nouvel Observateur. La Fabrique a publié “Maintenant il faut des armes” de Blanqui, préfacé par “Quelques agents du Parti imaginaire” et s’apprête à publier une oeuvre d’un autre grand révolutionnaire, Daniel Bensaïd (le “philosophe” de la LCR). On l’aura compris, Appel, Comité invisible, et agents du Parti imaginaire sont ceux qui, sous des appellations diverses, mais avec une unité d’autant plus grande qu’ils sont probablement en partie du moins les mêmes, constituent la faction dont il est question dans cet article.


http://cnt.ait.caen.free.fr/forum/viewtopic.php?t=3754
bajotierra
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede kuhing » 13 Nov 2008, 18:27

L'insurrection qui vient est promu aujourd'hui par le journal Libération comme le "petit livre noir"
Le bréviaire anarchiste comme ils disent.
Dire que je ne l'avais pas lu. Je viens de le télécharger pour voir si je suis bien anarchiste...


article libé

Au cas où il ne serait plus accessible + tard :

Sabotages SNCF : le bréviaire anarchiste qui intéresse les enquêteurs

L'essai retrouvé chez les gardés à vue soupçonnés de s'en être pris au réseau ferroviaire se présente comme un manuel de l'insurrection, sabotage de lignes TGV compris.
C'est un petit livre vert de 125 pages qui intéresse fortement les enquêteurs. Il a retrouvé chez les activistes présumés arrêtés mardi – et toujours en garde à vue – dans le cadre de l'enquête sur les dégradations des voies ferrées. Publié en mars 2007 aux éditions La Fabrique et téléchargeable en intégralité ici, L'Insurrection qui vient est signé par un «collectif invisible» qui se présente comme «une tendance de la subversion présente». Les enquêteurs attribuent sa rédaction au chef présumé du groupe, 34 ans, ancien doctorant en sociologie.

Au paragraphe «Renverser, de proche en proche, tous les obstacles», on trouve ces phrases : «Rutilant ou déglingué, le mobilier urbain (...) matérialise notre commune dépossession. Persévérant dans son néant, il ne demande qu’à y retourner pour de bon. (...) Pour la méthode, retenons du sabotage le principe suivant: un minimum de risque dans l’action, un minimum de temps, un maximum de dommages. (...) Comment rendre inutilisable une ligne de TGV, un réseau électrique? Comment trouver les points faibles des réseaux informatiques, comment brouiller des ondes radios et rendre à la neige le petit écran?»

Bréviaire anarchiste, l'essai se veut à la fois pamphlet contre une société «grotesque» qui accumule les symptômes de sa propre «agonie» et manuel de l'insurrection : «Nous partons d’un point d’extrême isolement, d’extrême impuissance. Tout est à bâtir d’un processus insurrectionnel. Rien ne paraît moins probable qu’une insurrection, mais rien n’est plus nécessaire.»
«Ce qu’il est important de cultiver, de diffuser, c’est cette nécessaire disposition à la fraude»



Dans les quatre derniers chapitres, le collectif appelle à le peuple à s'approprier le pouvoir localement, à s'affranchir du travail, à bloquer physiquement l'économie et à anéantir les forces de police.

Plutôt que de «s’engager dans tel ou tel collectif citoyen, dans telle ou telle impasse d’extrême gauche, dans la dernière imposture associative», le collectif appelle à se constituer en communes, «une multiplicité de communes qui se substitueraient aux institutions de la société».

Ces communes, en attendant le point d'«auto-suffisance», vivraient de «combines multiples». «Outre le RMI, il y a les allocations, les arrêts maladie, les bourses d’études cumulées, les primes soutirées pour des accouchements fictifs, tous les trafics, et tant d’autres moyens qui naissent à chaque mutation du contrôle. Il ne tient pas à nous de les défendre, ni de nous installer dans ces abris de fortune ou de les préserver comme un privilège d’initié. Ce qu’il est important de cultiver, de diffuser, c’est cette nécessaire disposition à la fraude.»
kuhing
 

D'après France3 Limoges le "responsable" de la FA "dénonce"

Messagede georges » 13 Nov 2008, 18:31

Clown a écrit:Du commentaire de la FA, seule la fin est à retenir: libération des personnes arrêtées, même si c'est une position de principe


reçu par mail :

Réaction d'un "responsable" (sic) de la Fédération "nationale" (re-sic) Anarchiste suite aux arrestations de militants de la dite "mouvance anarcho-autonome" ... dans le journal France 3 Limoges le 11 Novembre à 19h.

Les anarchistes officiels et labellisés de la FA ne sont pourtant pas dupes des discours constamment travestis par les médias dominants (la voix des flics) ...
et c'est donc pour cela que ce "responsable" accepte de leur accorder une interview.

Quant à sa "réponse" elle est pitoyable ... (quoique prévisible de la part d'un boutiquier militant cherchant à isoler les interpelés et à "protéger" son organisation ?)

Par contre l'Etat qui n'en est pas à une manipulation près (voir par exemple "l'affaire des Irlandais de Vincennes"), vient lui de se donner les moyens d'arrêter 10 personnes, de les mettre en garde à vue (qui peut durer jusqu’à 96 heures s’agissant d’un dossier de terrorisme).

fichier audio : http://media-mobi.com/fr/?play-1h4043hg866c5ac762bt1o2yxj76tztv
georges
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede bajotierra » 13 Nov 2008, 18:32

Si d’autre que moi on vu l’émission d’Yves Calvi hier, comment n’ont il pas été scandaliser par la morgue de ces experts, réunis pour flinguer les anarchistes et nous faire passer pour des assassin !


calvi ? connait pas et je m'en tamponne de ce qu'il braille , regarde moins la télé et respires un coup .

"L'insurrection qui vient" est un tissu de conneries qui n'a rien avoir avec l'anarchisme , que ton Calvi dise le contraire c'est son probléme , pas le mien .

Que la situation sociale recèle des dangers potentiels pour sa gueules, et il siffle la fin de la recrée !


Rien du tout , tout continue au contraire .
bajotierra
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede croquemitaine » 13 Nov 2008, 18:38

En réponse à Joe : j'ai vu l'émission de Calvi aussi effectivement ça fait chier de voir des conards pareils faire semblant d'y comprendre quoi que ce soit. Pathétiques, mais en meme temps y avait deux ex flics + un politilogue ultra réac et un bureaucrate de FO ... alors ...
De toute façon tout ça c'est du flanc ça va retombé et puis rideau.
croquemitaine
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede georges » 13 Nov 2008, 18:56

Dans le contexte des arrestations du 11 novembre dernier, le texte suivant a été rédigé par plusieurs compagnons. Il peut être diffusé largement sous forme de tracts ou d’affiches. En un temps “de crise” où l’Etat arrose les capitalistes à coups de milliards, il tente une fois de plus d’isoler de “mauvais révoltés” pour mieux les éliminer. Ne rentrons pas dans ce jeu de dupes.


Du sabotage considéré comme un des Beaux Arts

Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir dans le sabotage une arme classique des exploités. Il faut vraiment avoir la mémoire courte pour oublier que, dans toute guerre sociale, nombre de révoltés n’attendent pas nécessairement que tout le monde se bouge pour exprimer leur colère.

Des émeutes de novembre 2005 à celles du CPE au printemps 2006, des occupations d’usines et séquestrations de dirigeants aux nombreux sabotages lors du mouvement cheminot de novembre 2007, il semble clair pour beaucoup que ce n’est pas en mendiant qu’on peut en finir avec une situation de misère et d’exploitation.

Dans cette société carcérale, on voudrait nous faire croire à coups de tazers ou de bulletins de vote que nous vivons dans le meilleur des mondes : la démocratie marchande. Les guerres ou l’empoisonnement de la planète au nom du fric viennent pourtant nous rappeler que le capitalisme est un système mortifère et que l’Etat est un ennemi.

Alors il faut se battre, pour détruire ce qui nous détruit. Lutter individuellement et collectivement là où l’on est, pour un monde libéré de l’exploitation et de la domination. Et ce n’est ni à leur code pénal ni à leur morale de nous dicter ce que nous avons à faire, mais à la rage et à l’éthique de chacun.

Le 11 novembre, dix personnes ont été arrêtées lors d’une nouvelle opération du Ministère de la Terreur, accusées des sabotages de caténaires de la SNCF du week-end précédent. Les journaflics et les politicards, chacals de tous bords, se sont aussitôt empressés de dénoncer un imaginaire mouvement “anarcho-autonome”. Sous ce même prétexte d’ “association de malfaiteurs à but terroriste”, trois camarades sont déjà incarcérés, parfois depuis plus de 9 mois, accusés d’une tentative d’incendie de véhicule de police à Paris (18e) en mai 2007, lors des explosions de colère venues saluer la dernière élection présidentielle.

En un temps “de crise” où l’Etat arrose les capitalistes à coups de milliards, il tente une fois de plus d’isoler de “mauvais révoltés” pour mieux les éliminer. Mais peu importe qu’ils soient coupables ou innocents, laissons ces catégories aux charognes en toge et à leurs souteneurs.

Car de même que la passion pour la liberté ne s’enferme pas dans des sigles, ce que redoute la domination c’est la multiplication diffuse et anonyme de ces attaques. Solidarité contre le terrorisme d’Etat, avec les moyens que chacun jugera adéquats...

Brisons le train-train quotidien,
12 novembre 2008
georges
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede joe dalton » 13 Nov 2008, 19:05

barjotiera a écrit:calvi ? connait pas et je m'en tamponne de ce qu'il braille , regarde moins la télé et respires un coup

perso, je regarde pas tellement la telé, mais d'autre la regarde et c'est par ça qu'ils se font une idées des anarchistes, de plus l'offensive a eue lieu dans tout type de medias(presse ecrite, radio, le net..)si seul ce qui est dit, dans les organes de notre bord, doit nous concerner... perso cette entreprise de disqualification, me saoule, deja qu'on du mal a se faire entendre !
joe dalton
 

Re: DCRI versus "MAAF" :arrestations TGV.

Messagede georges » 13 Nov 2008, 19:26

joe dalton a écrit:perso, je regarde pas tellement la telé, mais d'autre la regarde et c'est par ça qu'ils se font une idées des anarchistes, de plus l'offensive a eue lieu dans tout type de medias(presse ecrite, radio, le net..)si seul ce qui est dit, dans les organes de notre bord, doit nous concerner... perso cette entreprise de disqualification, me saoule, deja qu'on du mal a se faire entendre !


si tu pars de ce préalable " quelle image les médias vont donner de nous ?", ce n'est plus la peine de militer ...
georges
 

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