http://www.libertat.org/index.php?optio ... 46&lang=oc"Depuis sa création, LIBERTAT a affiché publiquement son opposition radicale aux projets de lignes à grande vitesse (LGV) menés en Occitanie.
Contrairement à d’autres associations, mouvements ou partis, nous ne cherchons pas à trouver des tracés mieux adaptés au respect de l’environnement ou aux besoins des populations.
La LGV, dans son principe, ne peut respecter l’environnement. Elle n’est pas non plus faite pour faciliter la vie des populations.
En Provence, dans le Var notamment, nous protestons depuis des mois aux côtés des associations environnementales pour que soit abandonné le projet «Métropoles» qui veut relier Nice à Aix et Marseille par les vignes varoises.
En Languedoc : les militants de LIBERTAT ont participé aux manifestations de Toulouse, Pompignan et Castelsarrasin contre le tracé Bordeaux - Toulouse.
En Gascogne et Pays Basque, nous sommes allés à Langon, Bayonne, Hendaye, pour nous opposer à la LGV Sud Europe Atlantique.
Contrairement à ce que nous disent les politiques régionaux, ces différents projets ne sont pas faits pour nous. L’argument ridicule du désenclavement ne marche plus. D’une part, qu’est-ce que le désenclavement ? Les gens dans les Pyrénées, le Var, les Landes, se sentent-ils réellement enclavés ? D’autre part que peuvent espérer les provençaux, les landais, les basques, etc. d’un train qu’ils verront passer sous leurs yeux à 300 km/heure sans pouvoir le prendre ?
La LGV n’est pas là par hasard : elle est la volonté d’une classe politique totalement déconnectée de notre réalité. Le «progrès» n’est ni d’être relié le mieux possible à Paris ou à d’autres grandes villes, ni d’aller toujours plus vite sans savoir pourquoi.
Financés par de grands groupes privés, les projets LGV répondent à des logiques économiques qui là encore, sont bien éloignées de nos réels besoins. Dépenser des milliards pour la LGV quand on n’est pas capable d’entretenir et rénover le réseau des TER ? C’est un non sens inacceptable.
Au delà de ça, la LGV porte en elle les germes d’une société toujours plus asservissante envers les travailleurs. Les chambres de commerce et d’industrie en font un argument «social» en arguant le fait qu’avec la LGV, les travailleurs vont élargir leur champ d’activité. On ne nous fera pas croire que le progrès de l’humanité consiste à pouvoir vivre dans un endroit et aller chaque jour travailler loin et vite.
Axe majeur de la politique d’aménagement du territoire de l’État français en Gascogne (mais aussi dans plusieurs autres coins d’Occitanie : Provence, Languedoc), le projet de construction de la Ligne à Grande Vitesse Sud Atlantique entre Paris et Madrid est fortement révélateur de la situation actuelle de l’Occitanie dans l’État français.
En quoi consistent ces projets, et surtout le projet de bâtir une nouvelle ligne qui percerait tout l’ouest de l’Occitanie, de Limoges à Bayonne ? L’idée est simple, l’argumentaire efficace si l’on ne se penche pas trop sur les arguments employés par l’État et par RFF (Réseau Ferré de France, entreprise chargée de la gestion des lignes ferroviaires). Il faut, à l’heure actuelle, trois heures de train pour joindre Paris à Bordeaux ; avec la nouvelle ligne, deux heures suffiront. Dans le futur, la liaison avec Madrid serait également améliorée, et le temps de trajet fortement réduit.
Selon RFF, le «Sud-Ouest» (notion toute relative, nous le savons : Bordeaux ne se trouve pas au sud-ouest de l’Occitanie !) aurait beaucoup à gagner avec ces projets : un désenclavement (mais pour cela, il faudrait d’abord prouver que la Gascogne est enclavée), un dynamisme économique nouveau (pour les facilités de transport dont nous jouirons, et la possibilité de développement commercial avec le nord de l’Europe ; mais également pour les emplois immédiats qui se créeront avec la construction d’une LGV), enfin une bonne conscience écologique (la LGV serait un moyen de lutter contre le transport routier dont souffre actuellement la planète).
Mais si nous allons un peu plus loin que ces belles paroles, nous voyons bien que l’argumentaire est mensonger et hypocrite. Le projet de LGV ne sert pas du tout la population occitane, au contraire. Premièrement, si l’enclavement existe, ce ne sont évidemment pas les grandes villes qui en pâtissent. La LGV ne desservira pas les villes moyennes, et encore moins les villages ruinés par l’exode rural et par les difficultés de l’économie locale. Sur le point du développement économique, nous pouvons également penser que plutôt qu’aider, la LGV serait une source d’accélération de la destruction du tissu local, en facilitant la fuite des entreprises. Avec Paris à deux heures de Bordeaux, il n’y a plus de raison de conserver le siège social des entreprises en Gascogne : la LGV est une porte de délocalisation des plus dangereuses.
Les emplois immédiats promis eux-aussi, semblent proches du miroir aux alouettes : dix mille emplois par an, pendant cinq ans, selon les promesses de RFF. Dix mille emplois sous-payés et précaires, avec des ouvriers embauchés par intérim, dans des conditions de travail compliquées, pour faire profiter des entreprises venues de loin (dans le cas d’œuvres d’une telle importance, ce sont les marchés publics qui régissent le choix de l’entreprise, et les gagnants de l’appel d’offre sont déjà connus avant l’ouverture publique : Vinci, Bouygues ?), qui ne feront pas bénéficier la Gascogne des plus-values effectuées sur le compte des travailleurs occitans.
Enfin, l’argument écologique ne tient pas non plus la route : si RFF affirme vouloir lutter contre la domination des camions dans le transport de marchandises, nous savons bien que les LGV ne peuvent pas accueillir physiquement le passage de trains de marchandises. Mieux que cela, toute la politique de la SNCF depuis des années va contre ce développement de l’activité de frèt dans l’entreprise. Il ne faut donc pas croire à l’argument employé par RFF pour faire passer la pilule. Il ne faut pas non plus oublier l’impact écologique terrible de la construction d’une LGV : des millions d’hectares de forêt coupés, des millions de mètres cubes de grave extraits et transportés comme remblais, l’intensification de l’activité industrielle dans un espace naturel, sans se préoccuper des populations humaines, animales ou végétales qui vivent dans les zones touchées.
Nous le voyons, la population occitane n’a pas du tout besoin de LGV ; le capitalisme et l’État français, eux, en ont besoin, évidemment : pour développer encore la domination de Paris sur l’Occitanie; pour relier plus vite l’autre capitale de la domination du sud de l’Europe (Madrid) ; pour faire profiter ses alliés industriels d’un contrat de construction juteux.
Nous, occitans, nous avons le droit de décider : nous ne voulons pas de LGV chez nous !
La question de l’enclavement existe, évidemment, mais pas au niveau européen : des régions comme la Haute Lande ou le Médoc se trouvent aujourd’hui complétement exclues du circuit économique. Leurs populations, méprisées par quasiment tout le monde, sont forcées de quitter leur lieu de vie pour pouvoir travailler ou étudier. Dans le domaine des transports, la nécessité première est l’automobile : la vie sans voiture ne peut s’y concevoir, et ce malgré son coût économique.
La question des transports publics est donc une question de première urgence pour l’amélioration des conditions de vie. Le plus évident concerne le développement nécessaire de ce qui existe déjà : les lignes ferroviaires régionales (la politique de la région va dans ce sens, mais doit encore être maintenue et renforcée) et les réseaux de transports par autobus (systèmes à chaque fois moins employés : les lignes sont peu desservies et la communication autour de ces moyen de transport est quasiment nulle : les conseils généraux doivent se préoccuper de ces dossiers, afin de lutter contre la civilisation du tout-voiture qui pèse sur les budgets et l’organisation territoriale des zones éloignées des grandes villes).
Mais une politique ambitieuse dans le thème des transports publics doit être menée par les collectivités territoriales : nous savons par exemple que le réseau ferroviaire du début du 20ème siècle desservait la quasi totalité de la Gironde sans laisser de côté les endroits les plus éloignés de Bordeaux. L’exemple de ces lignes (entre Le Nizan et Luxey, Facture et Saint-Symphorien, Hostens et Beautiran,…) peut être employé dans le but d’une renaissance des transports pour tous dans le nord de la Gascogne. Cela constituerait un point de départ d’une politique ambitieuse et progressiste, contrairement à la construction d’une LGV qui ne servirait pas les intérêts de la population locale. Les transports doivent servir les gens qui vivent ici et les lieux où ils s’implantent. Ils doivent aider au développement économique, social et culturel et non pas encourager la fuite des énergies vers la ville, encore moins à l’exil. Pour cela, l’expansion du réseau TER s’impose comme une nécessité profonde, bien avant la construction de lignes qui nous aliènent encore plus à Paris et Madrid.
Vivre au pays, se déplacer gratuitement et facilement avec les trains régionaux, voilà ce que nous voulons !"
En gros, ils ont la LGV comme principale cible de lutte "contre le capitalisme" alors que les capitaux circulent DEJA librement par fibre optique et à la vitesse de la lumière jusqu'au Luxembourg ou un autre parasite fiscal. Comme imposture, je ne pense pas avoir vu mieux jusqu'à présent ! A quand le plombier polonais qui profiterait de la LGV pour aller manger le pain des basques ?
Après, les arguments de type écologiques ou de corruption restent entier, mais en quoi est-ce différent à l'autre bout du monde ? Comme si par chez moi on ne construisait pas des rond-points inutiles juste pour remplir les caisses des élus ! Est-ce que pour autant que je brandis un drapeau avec le blason de la ville dessus quand l'on agrandit une route nationale dans mon bled ? Bizarrement non, je dois être con. Non, c'est vrai, des étrangers pourraient en profiter pour venir me voler mon travail ! Et c'est sans compter que le siège social des mac'do de la ville pourraient émigrer plus facilement ailleurs !
Honnêtement, j'espère me tromper, mais je crois que tout ceci pue du bec, surtout quand on brandit un drapeau territorial et non pas un drapeau reflétant des idées universalistes.
Yann.