ACHTHUNG ! ACHTHUNG ! UN GLISSEMENT TOTALITAIRE EST EN TRAIN DE SE FAIRE EN NOTRE BEAU PAYS…Han RYNER avait mille fois raison de déclarer dans je ne sais lequel de ses nombreux ouvrages –et j’ai honte, bien sûr, de ne pouvoir asséner « comme un chef » la référence exacte à l’orée de ce papier !- : « Le sage évite le Tribunal comme le plus atroce des mauvais lieux, celui où se manifestent le plus clairement l’injustice et le sadisme social ».
J’ai pu mesurer le degré de véracité de cette affirmation péremptoire du Prince des Conteurs en accompagnant quelque peu mon ancienne étudiante et amie, Chantal THOMAS, lorsqu’elle fut aux prises avec l’Institution Justice pour avoir dit à sa direction des vérités qui n’auraient pas dû être dites selon l’opinion de la dite direction.
Les habitué(e)s du Lib’ se souviennent très certainement de la façon plus qu’indigne et pour le moins insolite dont l’Institution Justice avait osé « rouler dans la farine » la ci-devant citoyenne Chantal THOMAS auprès du Tribunal de la Cour d’Appel de Rennes. C’est qu’en effet, convoquée pour compara ître devant cette Cour, et s’y étant présentée, elle fut rejetée dudit Tribunal comme quantité négligeable autant qu’embarrassante au prétexte que l’audience n’aurait pas lieu. Or, on le sait, l’audience eut bien lieu et la prévenue reconnue absente par le Tribunal alors qu’elle s’y était présentée, on l’a déjà dit, et qu’un huissier avait fait, avec succès in fine, des pieds et des mains pour l’exclure du Temple de Thémis. Que l’Institution Justice puisse se permettre sans la moindre vergogne de traiter avec un tel mépris tel ou telle justiciable devrait, m’est avis, interdire à l’Etat dont l’Institution Justice s’est ainsi comportée, d’être encore considéré comme un « Etat de Droit » dans la cacophonie des bruits et des fureurs de cette Apocalypse qui nous persécute et nous malmène mondialement de par les temps qui courent. (« Apocalypse » au sens de « révélation » s’entend !)
Mais la maltraitance institutionnelle dont furent victimes Chantal THOMAS et Philippe COUTANT ne saurait, hélas ! constituer au jour d’aujourd’hui un cas d’exception.
Je suis d’autant mieux placé pour affirmer cela que nous autres, en notre capitale du Jardin de la France, depuis quelques mois, avec le Procès dit des Quatre de Tours, nous avons notre part de preuves flagrantes que Thémis est de plus en plus « agitée de la Balance » et perd complètement la boule.
LES QUATRE DE TOURS sont ces quatre militants (deux de Soif d’Utopies, à savoir : Muriel EL KOLLI et Jean-Christophe BERRIER, et deux de Réseau Education Sans Frontière 37, à savoir : Abd El Kader AÏT-MOHAMED et Chantal BEAUCHAMP) qui ont été poursuivis par le Ministre de l’Intérieur, Brice HORTEFEUX, pour avoir présenté sur un tract daté du 12 février des références historiques prétendument diffamatoires au regard de fonctionnaires dépositaires de l’autorité publique. Ces références historiques remontent au gouvernement de Vichy et portent sur les ressemblances que l’on pouvait aisément trouver entre les nouveaux principes de « base élève » dans l’Education nationale et les méthodes de chasses-aux-parents-en-marge par l’intermédiaire des enfants, méthodes mises en pratique par le gouvernement de Vichy pendant l’occupation allemande de 1940 à 1944. Une chose qui est bonne, dans cette affaire : c’est que les faits sont les faits et qu’il n’y a pas plus têtus que les faits On ne saurait barguigner là-dessus.
Mais, soit-dit en passant, il ne fut pas question de ces références sulfureuses lors de la Conférence de Presse du 18 février pour la simple et bonne raison que cette Conférence de Presse s’est tenue dans les locaux de l’Association « Chrétiens Migrants » et que les membres de cette association ne souhaitaient pas qu’elles y soient mentionnées. Il fallait donc avoir une forte volonté de nuire et d’intimider fortement les citoyennes et les citoyens qui avaient trouvé intellectuellement légitime et fondé de trouver quelques ressemblances entre les modalités de « base élève » et celles mises en place par le gouvernement de Vichy.
Le Comité de Soutien pour LES QUATRE DE TOURS a d’ailleurs bien su mettre le doigt là où le bât blesse. Pour lui « soulever des nullités de procédure est loin d’être une question purement formelle. A partir du moment où un Procureur de la République décide de poursuivre, c’est bien le moins qu’on puisse exiger d’un Tribunal qu’il dise si les garanties du Droit qui sont les fondements de l’Institution ont bien été respectées ». Or, là encore, comme toujours, lorsque l’Institution Justice est prise en flagrant délit d’injustice, que fait-elle ? Elle intimide…
Le 3 décembre dernier, le Tribunal de Tours qui était censé rendre la Justice au nom du Peuple français, en se défilant, s’est moqué de lui. Et le Comité de Soutien des Quatre d’en déduire ces deux questions majeures :
1/ A-t-on aujourd’hui, en France, le droit d’alerter l’opinion sur les abus de pouvoir de l’administration ?
2/ A-t-on aujourd’hui, en France, le droit de critiquer librement la politique d’immigration du gouvernement ?
Et de s’exclamer en toute logique et en toute légitimité républicaine : Pour la liberté d’expression et la liberté d’opinion ! Contre la censure d’Etat et la criminalisation de la solidarité. Relaxe des Quatre de Tours. Comme tout cela coule de source. Et il est parfaitement évident pour moi, en tant que sociologue, psychosociologue et autres –logues, que la liberté d’expression est bien le socle nécessaire (peut-être pas « suffisant », mais au moins « nécessaire ») pour toute société qui se voudrait ouverte et créative, progressiste donc.
La dictature démocratique (merci Serge LIVROZET pour avoir déjà imposé ce concept –si pertinent aujourd’hui- dans un livre, dès 1986*) qui nous oppresse présentement ne saurait en aucune façon accepter de facto de laisser libre cours à cette « liberté d’expression » qui permet un « développement existentiel durable » pour toute personne de bonne volonté. Mais peut-être qu’au plus haut niveau, on ne souhaite pas tellement que les humanoïdes instrumentalisés que nous sommes tous et toutes plus ou moins devenu(e)s aujourd’hui deviennent des personnes humaines à part entière. A ce propos, Le Monde.fr du jeudi 9 décembre 2010 sous la plume d’Olivier BONNET nous apprend que Sa Majesté Sarko Ier a voulu se déplacer dans l’Allier et passer par une petite commune du nom de Mayet-de-Montagne. Dans cette bourgade de 2000 habitants, 300 à 400 représentants de la force publique ont été mobilisés. C’est que des indics ont fait savoir en haut lieu qu’un redoutable groupuscule d’une bonne quinzaine de personnes avait prévu de manifester son hostilité au chef de l’Etat et à la réforme des retraites.
Mais l’une de ces personnes n’aura pas l’occasion de manifester du tout. Il s’agit d’un certain Frédéric LE MARREC, éducateur spécialisé –comme par hasard !- et militant au syndicat Sud. Grand gaillard de 42 ans, il a, comme qui dirait, une dégaine de meneur et il est de toute façon bien connu des autorités de la contrée en tant que leader syndical n’ayant pas sa langue dans sa poche.
Alors, un peu sur le mode de l’arrestation de Joseph K. dans Le Procès de KAFKA, « on avait sans doute calomnié (Frédéric LE MARREC), car, sans avoir rien fait de mal », il fut arrêté devant son lieu de travail, le 25 novembre dernier (jour de la visite du Monarque que l’on sait), à neuf heures trente, par deux gendarmes qui lui demandèrent de les suivre à la gendarmerie.
Il fut interrogé comme s’il avait été un dangereux malfaiteur sur un collage d’affiches, la veille, en faveur du nouveau parti anti-capitaliste. Le délit majeur ; le crime impardonnable, donc ! Puis, comme les deux gendarmes ne trouvaient rien d’autre à lui demander, Frédéric voulut partir pour aller gentiment à la manif’. Mais les deux gendarmes le lui déconseillèrent fortement et lui firent même la très étonnante confidence que « le Préfet lui en voulait. »
En voilà bien d’une autre ! En la monarco-république sarkozienne, une obligation nouvelle concernant le Peuple Souverain (comme on dit toujours !) est née : « Tout vilain et toute vilaine du bas Peuple devra faire tout son possible pour plaire à son Préfet et aux autres édiles municipaux, départementaux, régionaux, nationaux, ainsi, au demeurant et soit dit en passant, qu’il et/ou elle devra reconnaître en toute objectivité, la haute compétence de son patron et des cadres intermédiaires qui collaborent avec lui à la bonne marche de l’entreprise et à sa compétitivité.
Enfin, blague à part, les heures passées par Frédéric LE MARREC en véritable rétention arbitraire sont on ne peut plus limite, côté légalité. Qu’à cela ne tienne, LE MARREC a porté plainte pour abus de pouvoir du côté du Préfet. Et si le Procureur de la République ne classait pas « sans suite » ? On peut toujours rêver, comme un certain MONTESQUIEU, que la justice se rende institutionnellement en toute indépendance dans le Royaume de France…
Mais bon !… Avec, en plus, la Loi LOPPSI2 qui est en train d’avancer son groin depuis la discussion au Parlement de février dernier ; vous savez bien cette loi d’Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure, on n’a vraiment pas intérêt à dormir sur ses deux oreilles et/ou à s’étourdir de tittytainment (1) et laisser se développer durablement des restrictions graves de nos libertés publiques et individuelles. Parce que réveil et désillusions pourraient être plus que douloureux…
Gérard Lecha (alias Le Père Chat)
Notes
• La dictature démocratique, de Serge LIVROZET , est parue aux éditions Les Lettres Libres, en 1986. La Quinzaine Littéraire , entre autres, en a dit que ce livre était « Un pamphlet contre la passivité des électeurs, la décadence et l’absurdité du monde politique ».
(1) Le tittytainment est un concept forgé par Sbignew BRZEZINSKY en américain et qui a été traduit en français par Jean-Claude MICHEA par l’expression suivante : « Cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète. » (in L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes, Climats éd. ; 1999.)