Révoltes et répression à la prison de Roanne, été 2012
Interview d’un ex-prisonnier, sorti récemment de Roanne :
http://juralib.noblogs.org/2012/10/26/r ... de-roanne/
http://lenumerozero.lautre.net/article2526.htmlSoirée anti-carcérale
Repas délicat et boom de soutien
Un ami et frère est à présent enfermé en Haute Savoie. Il encourt 15 ans de prison avec différentes accusations (cambriolage, vol…).
Nous avons besoin de lui envoyer ses premiers mandats !
Pour un frère enfermé,
Un ami et frère est actuellement détenu provisoirement en Haute Savoie. Il risque 15 ans avec plusieurs chefs d’inculpations (cambriolage, vol...).
Il vient de changer d’avocat après que le premier lui ait demandé 2500€ en lui laissant 4 jours pour payer. Il est désormais suivi un autre avocat de confiance.
Il n’a pas encore de parloir ni de mandat. Sa situation nécessite un soutien de la part de toutes celles et ceux qui pourraient le faire.
C’est l’affaire du siècle en Haute Savoie. Notre but est de tout faire pour qu’il présente des garanties lors de l’appel et du renouvellement de son mandat de dépôt. Nous tentons d’organiser une solidarité autour de lui et ses proches afin de ne pas laisser l’isolement carcérale briser leurs vies et celles de leurs familles.
Actuellement nous mettons en place une récolte de fonds pour notre ami afin de lui envoyer ses premiers mandats. La détention coûte très cher aux détenus et à leurs proches, les frais de justice également, c’est pourquoi nous sollicitons l’aide du plus grand nombre.
Pour A.
La solidarité est une arme efficace, venez nombreux !
A La Gueule Noire, 16 rue du Mont, Saint Etienne
19h : Repas aux plats variés et raffinés, desserts gourmets
Houmous, caviar d’aubergine, feta et pomme au miel
Pomme-de-terre chaudes à la sauce algérienne (tomates, piments légers au choix)
Nougats et calissons d’Aix
Sur fond de Rebetiko (musique des révoltés grecs), et guitare/oud algérien
22h : Disco party, teuf et son, restez danser et boire !
Contact : pourlasolidarite[at]riseup.net
http://lenumerozero.lautre.net/article2617.htmlRetour sur les révoltes de l’été dans les prisons françaises
Entre "émulation" et "scènes de guerre", cinq prisonniers de Châteaudun sont jugés ce jeudi 19 septembre à 13h30 au tribunal de Chartres suite à la mutinerie au centre pénitentiaire.
Des prisonniers se sont mutinés dans différentes prisons cet été. "S’ils ont souhaité s’exprimer" l’administration pénitentiaire et le ministère ont tenté à chaque fois de minimiser ces révoltes en parlant "de phénomènes d’émulation". Quant aux syndicats de matons, source d’informations numéro 1 des médias pour tout ce qui concerne la prison et les détentions, ils ont tout intérêt à décrire bout à bout des "camps de vacances" et des "scènes de guerre". Ces temps de révoltes servent à l’expression de leurs revendications corporatistes1 et à la stigmatisation des prisonniers.
Ainsi, de source médiatique nous apprenons que le mardi 20 août une vingtaine de détenus du centre de détention de Châteaudun se sont révoltés, auraient fait tomber du grillage, tenter d’incendier un poste de surveillance et réussissent à gagner les toits. Mais ce sont les prisonniers qui ramassent : outre l’usage des flash-ball par les surveillants, il y a l’intervention des Equipes Régionales d’Intervention et de Sécurité (ERIS) venus en renfort de Paris et Dijon avec leur matos (balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes et grenades de désencerclement. Malgré leur présence, une trentaine de détenus se révoltent une nouvelle fois, font tomber un grillage et caillassent des surveillant... La répression continue : plusieurs placements au mitard, une vingtaine de transferts et des prisonniers placés en garde à vue avec une comparution immédiate refusée par certains et on l’espère par tous. Il y a déjà eu deux audiences où 6 prisonniers ont pris des peines de 12 à 18 mois. Cinq autres seront jugés "pour des faits de rebellions en réunion et de dégradation au préjudice de l’administration pénitentiaire" ce jeudi 19 septembre au tribunal de Chartres, à 13h30. Ils encourent jusqu’à sept ans. Cela participe au processus d’allongement des peines par le fait même d’être enfermé.
On sait que l’AP durcit alors la détention. La seule information que nous avons à ce propos provient d’une radio locale et date du 23 août "le jeudi 22 août, les détenus ont été interdits de sortie". Monsieur David Daems, secrétaire national de FO-Pénitentiaire, ne ment-il pas quand il estime "qu’il aurait dû y avoir des sanctions. Au lieu de ça, ils ont réintégré leur cellule comme si de rien n’était." ? Un détenu réussira à parler dans le journal télévisé de France 3. Mais deux poids deux mesures, l’interview ne dure qu’une minute. En comparaison, le décompte du temps de parole se voit en faveur des matons dans tout les médias confondus est de plusieurs heures. Le prisonnier dit "qui sème le vent récolte la tempête".
La veille ces deux mutineries, il y a celle de la maison d’arrêt de Blois qui donne lieu à un transfert massif d’une quarantaine de prisonniers vers Fresnes et Châteaudun (tiens !). Au détour d’un article, on apprend très succinctement qu’il y a eu un renforcement de la discipline ces derniers mois comme s’il ne s’agissait que d’un détail. Là encore des prisonniers désarmés face à des surveillants et des ERIS surarmés morflent pour s’être révoltés suite à la mort d’un jeune de 24 ans en cellule, Mounir Benlhoussine. Ça, on le sait parce qu’un prisonnier fera son possible pour le faire savoir à l’extérieur et réussira à prendre contact avec un journaliste du quotidien local. "Allô, La NR ? Dites-le dans le journal qu’ils ont tué Mounir. Il était malade. Toute la nuit, son copain de cellule a tapé à la porte pour demander du secours. On a tous entendu cogner. C’est pour çà qu’on est en colère. Personne n’est venu, je te jure ! On l’a trouvé mort ce matin. Non, ce n’était pas un gars d’ici. Il venait de Dreux. On l’avait transféré voici deux mois". La famille de Mounir a pris un avocat et a porté plainte contre X pour "homicide involontaire", "traitement inhumain et dégradant" et "non-assistance à personne en péril". On apprend aussi que le codétenu de Mounir a crié toute la nuit pour obtenir de l’aide...
Avant même que la famille ait les résultats de l’autopsie, David Daems (encore lui) affirme le jour même de la mutinerie soit quelques heurs après le décès que "le détenu est décédé de mort naturelle, mais ils (les prisonniers) contestent le diagnostic".
Cette histoire n’est pas sans rappeler celles de Gordana 37 ans et Papi 33 ans morts respectivement à la MAF de Fleury-Mérogis et au CD de Bourg-en-Bresse suite à une absence délibérée de soins, ignorés par l’AP et le service médical. Morts comme des chiens pendant que leurs codétenus respectifs appellent à l’aide pendant des heures, en vain. Bien souvent dans ce genre d’histoire, déposer plainte contre l’AP apparaît comme la seule forme de lutte. Avec la mort de Mounir, la mutinerie des prisonniers de Blois ont réagi autrement, par rage, par colère, pour hurler eux-mêmes ce qu’ils vivent et le faire savoir.
A Bourg-en Bresse, là où le 1er août des prisonniers se sont retranchés dans une aile et ont détruits du mobilier et du matériel de vidéo-surveillance. Les ERIS de Dijon sont intervenus. L’administration pénitentiaire occulte les vrais causes de la révolte. Si elle parle d’une anodine interdiction du port du short pendant le sport -mesure infantilisante- des détenus réussissent à se faire entendre et à donner leur version. Un courrier est alors publié sur Indymedia, ils racontent le ras-le-bol des décisions sévères prises par le juge d’application locale des peines (tiens ça nous rappelle les événements du centre de détention de Roanne en 2012 !), la complicité Matonnerie-AP-Tribunal quand il s’agit de casser les détenus et les pressions quotidiennes endurées.
Ces événements auraient donné lieu à un mouvement de solidarité à la MA de la Talaudière. Mais nous n’en savons pas plus pour le moment.
Enfin à la MA de Bois d’Arcy dont on ne sait que très peu de chose malheureusement : le malaise d’un détenu pendant le sport, des équipes médicales qui tardent à intervenir et un début de mutinerie. Gordana, Papi, Mounir, etc. Et l’administration pénitentiaire, à l’AFP, qui prétend encore que les détenus prétextent, s’émulent... Et puis l’intervention des ERIS, un prisonnier au mitard. "Sans casse" dit la matonnerie...
Alors non, les prisonniers ne reçoivent pas des messages d’impunité de la part de Christiane Taubira contrairement au l’affirmation mensongère du Snepap. La nouvelle loi pénitentiaire qui se dessine ne va pas moins réprimer ni enfermer.
Ce livre s'appuie sur des sources nombreuses et variées pour dire la prison dans une période cruciale qui voit éclater, dans le sillage de Mai 68, des révoltes de prisonniers audibles par l'opinion publique.
Après un état des lieux de la vie quotidienne dans l'institution carcérale, l'auteur analyse les répercussions de l'« établissement » involontaire des maos dans les prisons françaises, puis la création du Groupe information prisons (GIP) et le rôle des intellectuels qui y participent. Suivent la présentation des premières révoltes de prisonniers (1971-1973), puis un tour de France des mutineries de l'année 1974, souvent très médiatisées, qui entraînent la réforme « libérale » d'Hélène Dorlhac (1975). Mais les lendemains déchantent vite, et le pouvoir contrebalance ces timides avancées par la création des quartiers haute sécurité (QHS) et l'affirmation du droit de punir avec le ministère d'Alain Peyreffite.
D'hier à aujourd'hui, le livre s'attache enfin aux conséquences de l'enfermement sur le corps des détenus et sur la situation des femmes en prison. Il est complété par un entretien avec maître Henri Leclerc.
Livre d'enquête sur la situation carcérale durant ces années de révoltes, il est aussi le médiateur de la parole ordinairement inaudible des détenus.
Journaliste et sociologue, membre de l'Observatoire international des prisons, Anne Guérin est également l'auteure de Les Pollueurs. Luttes sociales et pollution industrielle (Seuil, 1980).
"Le 11 décembre 1971, les insurgés occupent la quasi totalité de la centrale Ney à Toul. La situation semble bloquée en leur faveur. Des prisonniers, surtout les jeunes, prennent d'assaut les toitures aux cris de « À bas la dictature ». Des tuiles devant servir de projectiles sont arrachées, les prisonniers s'accrochant à ce qui reste, à savoir la charpente. Ils chantent L'Internationale mais aussi La Marseillaise. Ces prisonniers dominent la ville, sinon la situation. Les photos de presse les montrent sur les toits. C'est une première. Car depuis que la prison existe, les corps et les visages de ses occupants sont invisibles, dissimulés derrière de hauts murs et de solides portes. D'objets, voilà qu'ils deviennent sujets. Et qu'ils parlent. Ainsi, ils tentent de s'expliquer, du haut de leur perchoir, auprès de la foule massée au pied des murs d'en- ceinte. Ils racontent leur vie en détention. « Nous ne pouvons plus vivre comme ça. » « Nous voulons que tout se passe dans le calme. Mais si c'est nécessaire, nous sommes prêts à y laisser notre peau. "
D’abord il y a ces mots : prison, détention, maison d’arrêt, peine, incarcéré, isoloir, parloir, mitard. Ces mots qui font peur, qu’on laisserait bien volontiers le plus loin possible de soi. Derrière des murs ornés de verre. De barbelés.
Et puis ensuite viennent les échos. Car à l’intérieur s’y trouvent des hommes et des femmes. S’y passent des vies. A l’arrêt. Dans un mélange assourdissant de bruits de portes, de grilles, clés, charriots, cris aussi, et le silence de cellules capitonnées d’où ne parviennent parfois même plus les derniers appels au secours avant d’en finir avec une vie de bête en cage.
Et ces échos, lorsque l’on tend l’oreille, lorsque l’on prend le temps d’écouter ce qui vient de l’intérieur de ces enclaves et non plus ce que de l’extérieur on nous assène, nous disent des choses insoupçonnées sur notre société, sur notre capacité à juger, vite, enfermer, longtemps, à tort le plus souvent, et payer le prix fort ensuite de ne pas réussir autrement qu’en excluant de notre espace de liberté celles et ceux qui d’un droit chemin se sont écartés, parfois juste un instant. En sachant bien que du droit chemin marchent à côté les puissants, en toute liberté. Eux.
Alors on découvre qu’il existe une parole. De celles et ceux qui vivent en prison. Un journal, entre autres : L’Envolée ; anticarcéral, c’est comme ça qu’il se définit. Et que de ces paroles on a peut être fort à apprendre. Sur ces nouvelles prisons notamment, dont on nous dit tant de bien et dont on aurait peu de raisons de penser du mal. Ce peu de raisons, c’est le faible écho qui parvient jusqu’à nous quand on écoute la parole des détenus, quand on découvre les arcanes économiques abjectes derrière les 3 P de “partenariat public privé”, régle d’or désormais admise pour la gestion des ces nouvelles prisons, quand on voit le nombre de suicides augmenter dans ces geoles d’où même un tout petit bout de ciel n’est plus visible.
C’est ce peu de raisons qui nous invite à aller voir un peu plus loin. Derrière les barreaux. De l’extérieur vers l’intérieur. Et discuter de cela. Comme si la prison, de loin ou de près, ça nous regardait toutes et tous un peu.
C’est pour toutes ces raisons que nous avons voulu organiser cet événement, en soutien au journal L’Envolée (entendez par là qu’on leur refilera les quelques sous récoltés), les 11 & 12 Octobre prochain. Ca se passe à la ferme du Petit Lierne, le programme est juste dessous.
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