Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers et suites

Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede charlelem » 05 Nov 2009, 18:45

Pïérô a écrit:relevé sur le site de l'OCL dans les commentaires ( http://oclibertaire.free.fr/spip.php?ar ... 9#forum498 ) :

Comme toi, j'ai lu cet article sur le site de l'ocl et il me parait très pertinent mais (car il y a toujours un mais) qu'est ce qui est le plus "condannable" l'utilisation qui a été faite dans les médias de cette action ou l'action elle même.
Et là perso j'ai pas de réponse.
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede raspoutine » 06 Nov 2009, 03:52

charlelem a écrit:) qu'est ce qui est le plus "condannable" l'utilisation qui a été faite dans les médias de cette action ou l'action elle même.
Et là perso j'ai pas de réponse.

je ne sais pas ce qu'il y a de condamnable, et je suis pas juge pour ma part !
mais par contre ce qui est lamentable, c'est que c'est toujours l'agenda mediatique qui dicte l'agenda des anarchistes ! 13 pages ici, la même sur tout les autres forum... 4 vitrine brisée et on dirais que le monde c'est arrêter sur poitier ! les nanards(et les "revolutionnaire") se regarde trop le nombril ! c'etait la même avec tarnac ! je dis pas que poitier n'as pas révéler des questions de fond, mais il y a peut être d'autre biais pour les aborder qu'un événement monté en épingle par les médias, et ou a mon avis seule la solidarité devrait être mis avant !
d'ailleurs, pour les larmes de crocodile versée par tout ceux qui déplorent comment cela c'est passé, je rappelle que le tract "officiel" montre des gens avec masques et cagoules, en disant "tout le monde est invité", alors il faudrait plutôt s'interroger sur le manque de sens de nos actions, et comment la lutte politique se résume a du racolage avant de geindre !
d'ailleurs poitier ce qui pus le plus, c'est les textes de 20 pages écrit a la photocopieuse sortis le lendemain même, par totos et orgas !
edit : sur le coup les debats sont plus interressant là(du moins au debut) : http://cnt.ait.caen.free.fr/forum/viewtopic.php?f=25&t=5562
les forums : c'est vraiment de la merde !
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede Pïérô » 07 Nov 2009, 00:39

Je suis aussi partagé que toi charlelem. Sinon, je pense que pour que les média utilisent cette action, il faut qu'il y en ait une. Donc au départ il y a bien ce que je nomme une connerie politique. Mais il est clair que ce qu'il faut condamner et en plus de l'utilisation médiatique c'est la politique repressive du Pouvoir.


Et un troisième site pour le soutien... :gratte: : "tous-pensants-tous-coupables" : http://tous-pensants-tous-coupables.over-blog.com/
Samedi 7 novembre à 14h30
Demain samedi à 14H30 à Poitiers, salle Jouhaud à la maison du peuple (rue Arsène Orillard) aura lieu une conférence de presse sur les événements du 10 octobre, avec des personnes ayant subi des arrestations, des gardes à vue, dont certaines ont encore des procès prévus.
Il s'agira aussi de débattre des suites de la mobilisation. Cette réunion sera suivie d'actions de sensibilisation, pour poursuivre la mobilisation de la population poitevine et d'ailleurs contre la répression judiciaire. Venez nombreuses-eux !
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede Pïérô » 08 Nov 2009, 19:06

Un peu de lecture...finalement il y a des totos qui aiment bien les médias et s'y mettre en scène...Dans "Le Monde" : "L'archipel des autonomes" et " Le Black Bloc ou " la stratégie de la disparition " : http://www.lemonde.fr/archives/article/ ... 159_0.html et http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html . Y est dépeint notamment la tactique préparée et utilisée à Poitiers...

Patrick a vu la deuxième demande de mise en libertée refusée et continue de croupir en taule.

mobilisation en cours, éléments, Comité Poitevin Contre la Répression des Mouvements Sociaux, http://antirepression.unblog.fr/ :

Non à la répression des mouvements sociaux !

Relaxe de tous les inculpés des 10 et 17 octobre à Poitiers !

Abandon des poursuites et des instructions en cours !


Le 10 octobre dernier à Poitiers, la manifestation organisée dans le cadre d’une Journée anticarcérale contre l’ouverture de la nouvelle prison à Vivonne s’est conclue par des bris de vitrines appartenant à des multinationales de la télécommunication, des banques et des assurances, ainsi que par le gazage du marché Notre-Dame qu’a opéré la police alors que le cortège s'était déjà dispersé. Pendant plus de cinq heures a également eu lieu au « 23 », lieu culturel et artistique, une répression policière sauvage et gratuite, et cette journée s’est achevée par l’arrestation de 18 personnes servant visiblement de boucs émissaires.

Après quarante-huit heures de garde à vue, 8 d’entre elles sont passées en comparution immédiate, et, du fait du battage médiatico-politique autour de ce qui était devenu le « saccage du centre-ville », toutes ont été condamnées à des peines – dont quatre mois de prison ferme pour Patrick, et un mois pour Samuel et Jean-Salvy. De plus, le parquet a fait appel – ce qui ne présage rien de bon pour la suite si rien ne vient infléchir le cours de cette « justice ».

Diverses mobilisations ont déjà eu lieu à Poitiers et à Tours : manif du 17 octobre à l’appel du Comité de soutien à Sam et Jean-Salvy (qui s’est soldée par 3 nouvelles arrestations) ; manif du 19 et soirée débat-concert du 22 organisées par le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux en soutien à tous les inculpés ; manif du 24 octobre appelée par le Comité de soutien à Sam et Jean-Salvy et rassemblement du 31 octobre appelé par diverses organisations dont le Comité antirépression de Tours, en solidarité avec Patrick…

Ces mobilisations – de même que les nombreuses distributions de tracts ou les pétitions réalisées – ont montré leur utilité, car Samuel et Jean-Salvy ont finalement été remis en liberté en attendant le procès en appel qui aura lieu le 10 décembre. Mais Patrick est resté en prison : le tribunal a considéré que ses garanties de représentation en justice et de non-réitération de son geste étaient insuffisantes.

Libération immédiate de Patrick Dubreucq !

Patrick, alias Patoche, « militant de toutes les bonnes causes » comme il se définit lui-même, a été condamné non seulement à huit mois de prison dont quatre ferme mais, comble du comble, à une obligation de soins psychiatrique et à une amende pour avoir jeté un projectile en direction des forces de l’ordre sans que personne n’ait été blessé. Ce projectile serait une pile (au moins atomique !) qui aurait atteint par ricochet un commissaire – lequel a obtenu des dommages et intérêts de 800 euros.

Parce qu’il vit de minima sociaux, parce qu’il fait partie des « exclus », Patrick ne pourrait être libéré… Alors qu’à 50 ans passés il n’a jamais été condamné, il est présenté comme susceptible de réitérer un acte dit « violent », mais exceptionnel, en direction des forces de police. Affirmer qu’il est dangereux pour l’ordre public est une sinistre farce – mais bien dans la logique d’un pouvoir qui réprime particulièrement cette partie de nos concitoyens.

Se révolter contre cette société pourrie est ainsi une maladie mentale, et la psychiatrie la cinquième roue du magnifique carrosse de la paix sociale et du système répressif étatique. L’avocat de Patrick a fait appel de ce jugement inique, et un nouveau procès aura lieu le 19 novembre.

Exigeons l’acquittement de Patrick, celui de Jean-Salvy et de Samuel – dont les procès en appel se dérouleront le 10 décembre – ainsi que celui de Charles et de Léo– dont leur date de procès n’est pas encore connue.

Exigeons de même la relaxe pour tous les inculpés des 10 et 17 octobre, et l’arrêt de toutes les procédures en cours – notamment celle qui menace de fermeture le « 23 ».

D’autres actions de solidarité sont prévues. Venez vous y joindre :

- les 18 novembre à 18 heures et 19 novembre dans la journée, rassemblements devant le palais de justice pour assurer Patrick de notre solidarité face à son procès en appel ;

- le 28 novembre à 14 heures, manifestation pacifique pour la justice et le respect des droits de l'homme, à l'initiative du Comité de soutien aux inculpé-e-s du 10 octobre ;

- le 5 décembre de 14 heures à 23 heures (horaires à confirmer, lieu et programme à préciser), Forum de soutien et d'échanges sur la répression organisé par le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux ;

- Le procès en appel de Samuel et Jean-Salvy est repoussé à une date ultérieure.

Ne laissons pas bafouer les droits d’expression et de manifestation !

Opposons-nous à toute forme de répression des mouvements sociaux !



Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux
http://antirepression.unblog.fr/ Contact : antirep@free.fr

Signez et faites signer massivement la pétition demandant la libération de Patrick et la relaxe de tous les inculpés. http://3cites.free.fr/spip.php?article18

Apportez un soutien financier : chèques à l'ordre d'ACRATIE – à envoyer à ACRATIE, 86310 La Bussière (avec la mention « Solidarité Poitiers » au dos).

Ecrivez à Patrick : Centre pénitentiaire de Poitiers Vivonne, Patrick Dubreucq, n° d'écrou 145, Champ de Grolles, 86370 Vivonne.
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede Diogène » 09 Nov 2009, 19:35

On a une heure de précise pour le procès en appel (heure de rassembelement par exp, etc) ?
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede Nico37 » 09 Nov 2009, 19:43

De Tarnac à Poitiers, dans l’autonomie du journalisme nébuleux

Le Monde consacre la une de son édition datée d’aujourd’hui à un dossier intitulé « De Tarnac à Poitiers, dans la nébuleuse autonome ». Rédigée par Isabelle Mandraud et Caroline Monnot, cette enquête revient, entre autres, sur le phénomène des « black-blocs », la menace de l’ultra-gauche et l’affaire Julien Coupat. En lisant cet article, nous avons de sérieuses raisons de penser qu’il marque une nouvelle étape dans la confusion que fait depuis longtemps Le Monde entre ses lecteurs et des pigeons.

« Ce sont des silhouettes entraperçues au milieu de bris de vitrines, lors d’une manifestation à Poitiers, de heurts et de barricades enflammées, au sommet anti-OTAN de Strasbourg, ou d’opérations policières, comme à Tarnac, un dossier dans lequel, depuis un an, neuf personnes sont poursuivies, suspectées par la justice de sabotages de voies ferrées. Ils surgissent de manière sporadique à la “une” des journaux, le plus souvent à la façon “Black Bloc”, vêtus de noir. Des autonomes, dit-on ? Les autonomes n’existent pas. C’est en tout cas ce qu’ils opposent lorsqu’on les rencontre : les étiqueter, c’est déjà un “travail de flicage”, contestent-ils. Ils n’existent pas, et pourtant comme le dit l’un d’entre eux : “On va nous voir de plus en plus. En face, il y a des gens trop sûrs d’eux et qui n’ont de prise sur rien.” »

Ce n’est pas tous les jours que des journalistes annoncent dès l’introduction de leur article qu’ils vont informer leurs lecteurs sur un phénomène qui, selon les principaux intéressés, n’existe pas. L’aveu mérite d’être relevé : nous, le journal Le Monde, inexplicable fer de lance de la presse française de qualité, nous informons notre aimable clientèle que nous tenons pour un sujet de première importance, digne de faire la « une » de notre édition du week-end, “quelques silhouettes entraperçues”, à savoir des “autonomes qui n’existent pas”, mais que pourtant, on va “voir de plus en plus”. Ah bon ? Comment ? Par quel miracle, des fantômes indéfinis et sans nom vont-ils devenir plus visibles ? L’article a le mérite de fournir (probablement involontairement) un début de réponse : où va-t-on les voir, ces inexistants invisibles ? Eh bien ! ils vont surgir “de manière sporadique à la "une" des journaux”.

C’est rassurant, à deux titres. D’abord, parce que cela confère à ces fantômes un trait qui permet de les identifier. Ensuite, parce que tant que les autonomes déclareront être ceux qui n’existent pas, ils représenteront effectivement un danger majeur pour toute la population. Qu’on en juge ! La police débarque chez vous un matin, pour vous arrêter, parce qu’ils pensent que vous êtes un autonome. Pour vous défendre, vous dites : “Mais non, enfin, je ne suis pas un autonome !” –––– “Ah Ah ! répondra l’inspecteur : vous venez de passer aux aveux ! Car c’est justement à ça qu’on vous reconnaît : les autonomes sont ceux qui disent qu’ils ne le sont pas !” –––– Grâce à la finesse d’analyses comme celles d’Isabelle Mandraud et Caroline Monnot, il devient presque légitime d’arrêter toute la population, puisque :

- soit vous dites que vous êtes un autonome, donc vous revendiquez que vous l’êtes.

- soit vous dites que nous n’êtes pas un autonome, donc c’est bien la preuve que vous l’êtes.

La police et les médias viennent de découvrir (certes avec 2700 ans de retard), tous les usages répressifs que l’on pouvait faire du célèbre paradoxe du menteur (parfois attribué à Épiménide le Crétois : “Un homme disait qu’il était en train de mentir. Ce que l’homme disait est-il vrai ou faux ?”)

“Les “totos” sont loin d’être d’accord sur tout.”

À un tel degré de performance, le travail de terrorisme journalistique pourrait s’arrêter. Mais nous n’en sommes pourtant qu’au tout début. Faute d’essayer de comprendre qui sont ces autonomes qui n’existent pas, on va désormais prouver aux braves lecteurs du Monde pourquoi ils n’existent pas –––– ou plutôt, prouver que l’on a conscience au moins de ne pas savoir de quoi l’on parle :

« Tous les casseurs ne sont pas des autonomes et tous les autonomes ne sont pas des casseurs, mais certains le revendiquent (...) Les autonomes, les “totos”, sont loin d’être d’accord sur tout et de former un ensemble homogène. Cette nébuleuse compterait un millier de personnes en France. Impossible de les rattacher à une organisation structurée, de type parti ou syndicat, c’est une forme qu’ils rejettent. Difficile de les situer : ils haïssent la droite, la gauche et méprisent l’extrême gauche, ils refusent le label "ultragauche" qui pourrait leur correspondre le mieux. »

Mais pour définir une chose, pour conclure à la choséité de ce dont on parle, il faut trouver un point nécessairement commun à tous les objets que l’on classe dans un même ensemble. Quel est donc le point commun de nos autonomes ? Merveilleux syllogisme de nos journalistes : le point commun des autonomes, c’est qu’ils n’ont pas de point commun ! Ce qui donne, en quelques lignes, une liste d’attributs que l’on peut s’amuser à dresser ainsi :

- Les autonomes ne sont pas des casseurs.
- Les casseurs ne sont pas des autonomes.
- Les autonomes ne forment pas un ensemble, on ne peut les rattacher à aucune caractéristique précise.
- On ne saurait non plus les rattacher à un quelconque discours politique précis.

Mais alors, au juste, de qui et de quoi nous parle-t-on ? Patience ! Un début de réponse se trouve dans le paragraphe qui suit :

« La plupart des autonomes sont jeunes, très souvent étudiants. “Ils étaient lycéens en 2006 au moment du mouvement contre le CPE, puis, en 2007, lors de la LRU, ce qui a favorisé une radicalité”, souligne Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo de Poitiers et animateur d’un collectif antirépression, qui a pu observer dans sa ville le parcours de quelques-uns de ses élèves. »

Stupéfiante découverte : cette mouvance qui menace l’ordre public en France, ce serait donc les élèves de Jean-François Chazerans, prof de philo dans un lycée de Poitiers ? Sérieusement ? S’il en faut aussi peu pour menacer les bases de la république qu’une année d’initiation en Terminale aux textes les plus simplissimes de Platon, Descartes, Rousseau, Sartre et Freud, on est saisi d’effroi devant les pieds d’argile de ladite république...

Bref, les autonomes ne sont pas structurés, nous a-t-on dit plus haut. C’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît. Ils ne sont pas structurés et ils n’ont pas un discours politique facile à identifier. Mais, à présent, l’article fait un virage à 180 degrés, et on lit avec étonnement :

« Ceux-là se sont structurés pendant les années Sarkozy, d’abord contre un ministre de l’intérieur honni, puis contre le même, devenu président de la République, qui, pour eux, incarne plus que d’autres l’ordre policier. Dans les jours qui ont suivi son élection, plusieurs voitures ont été incendiées, dont l’une devant le Fouquet’s, le restaurant où le chef de l’État avait fêté sa victoire... “La clique au pouvoir est en train de foutre en l’air tout ce qui peut faire encore la matière d’une existence digne d’être vécue”, justifie Barnabé. “Tant que la droite sera au pouvoir, ça ne peut que monter”, juge de son côté Sébastien Schifres, doctorant en sciences politiques et militant. »

Mais alors, ils sont donc structurés ? Et leur discours politique est identifiable (ils n’aiment pas Sarkozy !) –––– le lecteur est un peu perdu, et ce n’est pas la déclaration de Sébastien Schifres qui va le rassurer : “ça ne peut que monter” — ah bon ? ça ne peut que monter, mais quoi, ça ?

“Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente.”

Quelques éclaircissements vont pourtant nous être donnés. Si l’on ne comprend rien à cet article, à ces autonomes, à qui ils sont, à ce qu’ils font, à ce qu’ils pensent... c’est peut-être tout simplement lié à leur méthode de travail. En effet, la teneur assez hermétique de leurs revendications trouve peut-être son origine dans la façon dont ils écrivent leurs communiqués :

« Le père d’un militant autonome de Montreuil confirme : “La rhétorique est très importante. Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente. Et puis ils votent.” »

Ici, tout s’éclaire –––– en une phrase, les journalistes ont trahi l’identité de leurs autonomes. Relisez bien : “Pour rédiger un communiqué, ils se mettent à trente.” La clé de l’énigme ne vous saute pas aux yeux ? Le chiffre 30, cela ne vous dit rien ? Réfléchissez...

Mais enfin, 30, c’est le nombre moyen d’élèves dans une classe de lycée ! J’avais donc mille fois raison de supposer que ces dangereux terroristes étaient bel et bien les élèves de Monsieur Chazerans, prof de philo dans un lycée de Poitiers !

Chazerans ou pas, essayez tout de même d’écrire un communiqué à trente. Si vous arrivez encore à faire entendre un discours cohérent, vous êtes assurément assez doué pour renverser le vieux monde. Ensuite, votez votre texte (mais votez sur quoi ? Le contenu du communiqué ? Mais alors, cela veut dire qu’on le rédige à nouveau –––– c’est peut-être cette procédure compliquée qui explique que Le Monde n’ait pas pu se procurer un seul communiqué pour étayer son enquête...)

“Une forme d’encerclement des villes par les campagnes.”

« A sa façon, Tarnac est un autre îlot. C’est une ferme - et non un squat - en zone rurale, comme il en existe dans les Cévennes et en Ariège, où l’on s’écarte de la société marchande en faisant de l’autoproduction. “Une forme d’encerclement des villes par les campagnes”, s’amuse un ancien mao qui les fréquente. Une “utopie pirate”, une de ces “zones d’autonomie temporaire” échappant aux “arpenteurs de l’État”, comme le théorisait Hakim Bey, très lu à la fin des années 1990 dans le milieu. »

S’il est surprenant de lire que les campagnes de France ne sont désormais plus sous l’autorité de l’État, il est amusant d’apprendre que le militantisme radical consiste aujourd’hui à encercler les villes par les campagnes. Car, jusqu’à preuve du contraire, toutes les villes du monde ayant toujours été encerclées par des campagnes (à l’exception de quelques rares exemples de campagnes encerclées par les villes –––– à savoir les jardins publics !), on se demande pourquoi l’insurrection tarde tant à venir.

Cela étant dit, que les fermiers et tous ceux qui vivent à la campagne pardonnent au Monde, les voici transformés par nos journalistes apprentis-sorciers en pirates, corsaires, flibustiers écumeurs des réseaux de subversion rhizomique ! Mais enfin, nous aurons au moins appris quelque chose, le concept de "Zone Autonome Temporaire", qui intriguait nombre d’esprits rationnels pour la bonne raison qu’il ne signifiait rien de précis, vient de nous être expliqué avec précision, les T.A.Z, ce sont en fait les Zones de revitalisation rurale, ces ensembles de communes reconnues comme fragiles et bénéficiant à ce titre d’aides fiscales ! [1]

“Le collectif n’en pense rien.”

Ici, il faut marquer une pause et se demander : par quelles méthodes, sans doute fort élaborées, par quelles techniques d’infiltration et d’investigation dont elles doivent avoir le secret, Isabelle Mandraud et Caroline Monnot ont pu se procurer autant d’informations sensibles ? Nos journalistes du Monde lèvent un coin de voile :

« On demande à discuter avec un autonome, il vient rarement seul. A Poitiers, après deux mois de négociations et plusieurs intermédiaires, Le Monde en rencontrera six autour d’une table, après qu’ils ont débattu entre eux du principe du rendez-vous. A une question sur la signification de tags, la réponse fusera : “Le collectif n’en pense rien.” »

Ce qui a du donner, concrètement, quelque chose comme ça :

— Allô, je suis bien chez les autonomes ?

— Non, nous n’existons pas.

— Ah ! parfait, c’est bien vous que je cherchais ! Nous voudrions faire une enquête sur vous pour le journal Le Monde...

— Attendez, je dois consulter mes 29 collègues et demander à mon ancien prof de philo ce qu’il en pense et je vous rappelle, d’accord ?

Deux mois plus tard :

— Allô ? Oui, c’est nous les autonomes, euh... vous nous aviez téléphoné il y a deux mois pour faire une enquête...

— Ah, euh... ah oui, ça y est ! Alors vous êtes d’accord pour répondre à nos questions ?

— Non, nous acceptons de vous rencontrer mais nous ne répondrons pas à vos questions. Nos conditions sont les suivantes — et pas d’embrouilles, sinon on disparaitra dans la nature sans laisser de traces — donc on veut...

— Quoi ? Un hélicoptère ? –––– des armes ? –––– de l’argent ?

— Euh, non, le collectif veut qu’on discute autour d’une table. Vous entendez, pas d’embrouilles, hein ? Pas de canapé, pas de bar, pas de resto, pas de pique-nique, on exige d’être assis autour d’une table !

— Bon... bon... c’est louche de s’asseoir à une table pour une interview, mais enfin, puisque ce sont vos conditions, on accepte.

Bref, après cette rencontre si difficilement négociée, les journalistes repartiront avec des précieuses révélations pour alimenter leur article. Notamment :

« Les “insurrectionnalistes” mettent l’accent sur la théorie du chaos et les vertus de l’émeute. “Moi, je vis là-dedans, dans l’insurrection permanente”, explique Pascal qui était, entre autres, présent à Poitiers et à Strasbourg. “Nous, ce qu’on veut, c’est qu’il y ait un mouvement unitaire, que les gens viennent et que cela débouche sur une révolte.” »

Ici, une explication s’impose pour les non-scientifiques. En effet, nous venons d’apprendre que les insurrectionnalistes (ceux qui disaient plus haut collectivement qu’ils “ne pensaient rien”) ont du goût pour la théorie du chaos. Tout le monde n’étant pas familier avec cette complexe théorie physique, nous nous permettons de renvoyer nos lecteurs vers l’article de Wikipédia sur le sujet [2]. Après s’être dégrossi, notre lecteur se demandera sans doute quel est le rapport entre la théorie du chaos et les vertus de l’émeute ? Cela reste un mystère cabalistique dont on trouvera peut-être la clé dans une formule hébraïque ou latine :

« A l’intérieur de ces deux grandes familles, certains sont plutôt “lutte de classes”, d’autres plutôt “autonomie désirante”. Des nuances difficiles à saisir pour le non-initié. (...) Le tag latin “Onmnia sunt communia” (“Tout est commun”) remarqué sur le baptistère de Poitiers, entraîne ce commentaire amusé d’un autonome : “C’est forcément un tiqqunien pour écrire un truc comme ça !” La citation est érudite : elle se réfère à... Thomas Müntzer, un dissident luthérien qui guida sous cette bannière la révolte des paysans allemands au XVIe siècle. »

Astrophysiciens, latinistes, philosophes... ces autonomes sont des génies prodigieusement doués. Des intelligences supérieures. C’est peut-être ce qui leur permet de faire de telles actions-commando dignes des meilleurs services secrets, et de disparaitre ensuite dans la nature sans laisser de traces (alors que quiconque a un peu fréquenté les anarchistes savent qu’ils seraient relativement mal à l’aise dans ce genre d’opération militaire. Et ils risqueraient de laisser des traces : papier à cigarettes OCB, autocollants ou tracts...). C’est sans doute leur grande polyvalence dans les exercices de haut-vol scientifiques qui explique que nos autonomes n’ont pas besoin de beaucoup se préparer pour leurs opérations coup-de-poing :

« Il y a un minimum de préparation lors de certaines manifestations. Mais il n’y a pas de concertation globale : “Ça, c’est un fantasme de flic.” “T’apprends que tel groupe va bouger, bon, tu te dis qu’il va y avoir du monde, mais on ne sait jamais ce que font les autres, raconte-t-il. Chacun vient avec son truc, on prévient ou pas.” Son truc ? Du matériel, tels que des fumigènes, des cocktails, des barres, que chacun a pris soin de disposer à l’avance dans des caches le long de l’itinéraire prévu. “Il sert, ou pas. Ça dépend de l’ambiance. Il y a un côté adrénaline. C’est politique, mais il faut être honnête, on y trouve un certain charme.” Pascal a fait du Black Bloc, qui est une technique et non un groupe constitué de manière permanente comme souvent on le pense. “C’est appropriable par tout le monde”, souligne Barnabé, militant parisien. (...) Depuis Poitiers, où elle a été vivement critiquée, la police est à l’affût du moindre événement qui pourrait donner lieu à des actions d’éclat des autonomes. A ce titre, elle a porté une grande attention à la manifestation anticarcérale qui devait être organisée dimanche 8 novembre à Paris. »

Prêtez une attention toute particulière au paragraphe ci-dessus. Nous allons enfin savoir qui sont les autonomes, comment ils communiquent entre eux, comment ils se donnent des rendez-vous, se renseignent pour s’équiper, etc. Tous ceux qui s’intéressent à l’espionnage connaissent la fameuse technique dite “boîte aux lettres morte” : il s’agit d’un emplacement permettant à des agents secrets d’échanger des messages ou des objets sans avoir besoin de se rencontrer physiquement. Eh bien, voici dévoilé où se trouve la boîte aux lettres morte des autonomes : c’est tout simplement la « une » du quotidien Le Monde ! Qu’est-ce qu’ils sont forts, ces services secrets autonomes : ils ont infiltré les colonnes du plus grand quotidien de France. Ils y font passer en douce leurs messages (rendez-vous à la manif anticarcérale organisée demain dimanche 8 novembre à Paris ; apportez le matériel — des fumigènes, des cocktails, des barres —, chacun amène son truc, ça servira ou pas, mais n’oubliez pas de bien planquer votre matos dans des caches le long de l’itinéraire prévu. C’est appropriable par tout le monde : les nouveaux-venus sont invités à participer à la fiesta ! il va y avoir de l’adrénaline !)

Vraiment, avec des autonomes services secrets aussi farceurs, on n’a pas fini de s’amuser, et l’on se dit que finalement, cette société de surveillance et de criminalisation a tout de même ses bons côtés.

Arsène Lupin

Notes

[1] Pour en savoir plus sur les Zones de revitalisation rurale.
[2] “La théorie du chaos” sur Wikipédia.
Nico37
 
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede JPD » 10 Nov 2009, 09:16

Post repris à un autre forum et introduit magistralement. Le texte vous donne une idée du contenu politique de l'un des deux comités soutenu par des libertaires !
JPD


Si un jour je vais en prison ne laissez pas ma famille s'occuper du comité de soutien...

Bonjour,

Il y a quelques jours, vous avez peut-être signé notre appel pour la libération de Samuel Bastard et Jean-Salvy Compte, injustement condamnés suite aux violences qui se sont déroulées le samedi 10 octobre, à Poitiers. Vous avez peut-être également participé à un ou plusieurs de nos rassemblements...

Aujourd'hui, Samuel et Jean-Salvy sont libres. Mais la mobilisation ne doit pas s'arrêter pour autant : leur innocence n'est toujours pas reconnue.
Quant à Patrick Dubreucq, il est toujours incarcéré.

La situation est grave. Le mouvement doit encore se poursuivre et s'amplifier !
Pour continuer à manifester notre soif de justice dans le pays, nous vous proposons de participer à l'opération :

« 1000 lettres pour les droits de l'homme »...

Lors de notre rassemblement du Samedi 28 novembre, nous espérons envoyer 1000 lettres (et plus...) à l'Elysée.
Soyons nombreux à alerter ainsi nos élu-e-s !

● Vous avez 1 minute devant vous ?

ACTION 1 : Signez la lettre que nous avons rédigé au Président de la République : http://5447.lapetition.be/.

● Vous avez 10 minutes devant vous ?

ACTION 2 : Écrivez un courrier au Président de la République. Vous avez carte blanche, mais vous pouvez aussi recopier, adapter ou vous inspirer de la lettre-type que nous vous proposons ci-joint.

Envoyez votre courrier, avant le 25 novembre, à l'adresse suivante : Justice pour Tous - BP 90232 - 86006 Poitiers Cedex

Le 28 novembre, lors de notre manifestation pour la Justice et le Respect des Droits de l'Homme, nous rassemblerons tous les courriers reçus, avant de les envoyer par La Poste au Président de la République.

A cette occasion, quelques messages les plus significatifs pourront être lus anonymement.

● Vous avez davantage de temps ?

ACTION 3: Sensibilisezégalement vos élus (maires, députés, sénateurs, ...) par courrier ou par mail.

ACTION 4 : Affichezdans votre village, dans votre quartier, dans votre lieu d'études ou de travail, l'affiche « 1000 lettres pour la Justice », que vous pouvez télécharger en .pdf sur notre blog et imprimer autant de fois que vous le souhaiterez.

ACTION 5: Faites connaître notre blog et nos actionsauprès de vos contacts internet, de vos amis, de votre familles, ... Aidez-nous à les relayer auprès des médias.

Nous sommes tous concernés !
C'est ensemble et nombreux que nous pourrons faire entendre notre volonté de vivre dans un pays de justice et de droits !

http://www.justicepourtous.org

Lettre-type :
Monsieur le Président de la République*,

Par votre statut, vous êtes le garant du bon fonctionnement de nos institutions.
Or, ce qui se passe à Poitiers depuis les évènements du samedi 10 octobre me semble extrêmement grave dans un état où sont sensés être respectés les Droits de l'Homme...
Cette situation m'incite à vous interpeller sur plusieurs points :

Les évènements du samedi 10 octobre à Poitiers ont entraîné l’arrestation et la condamnation de plusieurs personnes absolument étrangère aux violences. Parmi elles, Jean-Salvy Compte et Samuel Bastard, étudiants militants, ont été arrêtées plusieurs heures après la manifestation, « parce qu'on en a marre de voir vos gueules de cons dans les manifs » ont déclaré les fonctionnaires de Police.
Comment, dans un État de droit, peut-on être arrêté simplement pour avoir participé pacifiquement à des manifestations ? Ou parce que votre visage ne revient pas aux forces de l'ordre ?

Le Ministre de l'intérieur est venu à Poitiers le jour du procès, lundi 12 octobre, et s'est exprimé publiquement : « J'espère que la justice sanctionnera, et durement ». Après 48 heures de garde à vue dans des conditions inhumaines, 8 prévenus sont ainsi passés en comparution immédiate, ce qui, ajouté au battage médiatico-politique, n’a pas permis à la justice de s’exercer sereinement. Tous ont été condamnés à des peines très lourdes dont de la prison ferme pour trois d’entre eux.
Comment, dans un État de droit, pouvons-nous accepter de telles conditions de garde à vue ? Par ailleurs, n'est-il pas possible d'envisager, dans un État de droit, une justice sereine et indépendante ?

Aujourd'hui, deux des trois condamnés, Samuel et Jean-Salvy ont été remis en liberté après 12 jours de détention, en attendant leur procès en appel, le 10 décembre. Patrick est resté en prison. La Justice a considéré que ses garanties de représentation en justice et de non réitération étaient insuffisantes. Patrick Dubreucq n’a pas bénéficié de remise en liberté. Parce qu’il vit de minima sociaux, parce qu’il fait partie de ces "exclus", Patrick devrait rester enfermé...
Comment, dans un État de droit, peut-on envisager de ne pas considérer équitablement tous les citoyens quels qu'ils soient ?

En conséquence, je vous demande, Monsieur le Président de la République, d'agir dès aujourd'hui :

- pour la relaxe de tous les inculpés du 10 octobre et l’arrêt de toutes les procédures les concernant.

- pour que soit déterminée l'échelle de responsabilité qui nous a conduit à de telles injustices, et que tous les indignes responsables de cette situation soient sanctionnés.

- pour que tout soit mis en oeuvre pour que de telles injustices ne puissent plus avoir lieu dans notre pays.

- contre la répression des mouvements sociaux et pour que la liberté d'expression et de manifestation à laquelle nous sommes tous attachés soit garantie dans ce pays.


* OU: Monsieur le Premier Ministre,
Madame la Ministre ou Monsieur le ministre,
Madame la députée ou Monsieur le député,
Madame ou Monsieur le Maire...
Mesdames et Messieurs les élu-e-s de la République...

soutiensametjeansalvy@gmail.com
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede berneri » 11 Nov 2009, 20:15

salut,
un texte qu'il ma paru intéressant de publier ici et qui fait lien avec les "évenements" de Poitiers

http://rebellyon.info/Apres-avoir-tout-brule.html


Après avoir tout brûlé...

Publié mercredi 9 septembre 2009
# Note

Ce texte et les réponses qui suivent sont écrits au “je”, comme si ils reflétaient les pensées d’une personne et les réponses d’une série d’autres. En fait ces personnes n’existent pas. Chacun de ces textes contiennent des voix diverses qui ont fusionné. Le premier provient de discussions qui se sont déroulées après les actions contre l’OTAN à Strasbourg en 2009, et d’extraits d’écrits de différentes personnes à différents moments. Les réponses sont compilées à partir de discussions et de correspondances avec des personnes qui avaient lu le premier texte.

Ces textes se présentent comme un projet collectif, mais il n’y a pas réellement de groupe ou de collectif derrière ces écrits. Il n’y a pas de réunion ou de projet commun qui ont abouti à la mise en place de ces idées. Beaucoup d’entre nous, dont les idées sont exprimées ici étions à Strasbourg en avril 2009, et probablement que nos chemins se sont croisés à différents autres moments, derrière des banderoles et des barricades, ou dans divers espaces libérés à travers l’Europe. Ce que nous partageons tous est le besoin de générer et participer à des débats autour des actions qui se sont déroulés à Strasbourg pendant le sommet de l’OTAN, et au-delà.

Cette manière d’écrire a été choisie pour se libérer des polarisations politiques qui structurent notre pensée à propos d’une idée ou d’une approche. C’est un exercice qui requiert un niveau de confiance et d’acceptation de pensées “autres”, inhabituel dans une culture politique qui tend à valider ou rejeter un argument en fonction de la position idéologique sur laquelle nous percevons qu’il repose. Les doutes et questions soulevés par les personnes qui ont vécu différents moments des actions à Strasbourg (durant les quatre journées et pas seulement le samedi) et qui venaient de différents pays, contextes, genres, avec différentes expériences de luttes, étaient bien sûr très variées et parfois contradictoires. Nous avons choisi de les traiter, non comme des positions uniquement conflictuelles, mais comme des doutes internes, des questionnements, des contradictions et des ambivalences, qui peuvent potentiellement se retrouver au sein d’un même mouvement ou même coexister dans un seul esprit.

Cette manière d’écrire a été choisie pour aller à l’encontre de la tendance à considérer les questionnements comme des menaces. La diversité d’idées exprimée signifie qu’il y a très peu de chances que de quelconques consensus émergent autour de ces textes. De plus il n’y a pas ici de prise de position définitive et sans appel face à laquelle nous devrions défendre nos groupes ou nos actions.

Penser à la manière de présenter ces questions a été un processus collectif lent et difficile, ce qui explique que ces textes ne soient publiés que trois mois après Strasbourg. Toutefois, nous pensons que les problématiques soulevées ici risquent de rester pertinentes pendant un moment encore, et nous espérons que la manière dont ils sont écrits aidera à alimenter des réflexions et à créer des débats autour des dynamiques d’actions et de relations dans le cadre de nos luttes pour la liberté.

Ces textes ont été publié sur Indymedia en Juillet 2009.

# Lettre…

Pendant dix ans, j’ai couru avec le black bloc, saisissant chaque opportunité, chaque moment où nous étions suffisamment forts pour mener des émeutes, et remplir l’air du son des vitres cassées et des moulinets de bâtons, des odeurs tenaces de l’adrénaline, de l’essence, de la testostérone et des gaz lacrymogènes. Pendant dix ans, j’ai pris parti pour la “diversité tactique” et poussé à la radicalisation : des mouvements sociaux aux luttes sociales et à la guerre sociale. Alors il est difficile pour moi d’écrire ce texte…

Pendant les journées contre l’OTAN à Strasbourg, j’étais toujours à l’intérieur ou à proximité des actions de type black bloc, parce que c’est là que va mon affinité. Selon moi, il était approprié de réagir à la complicité policière dans une nouvelle mort au cours des manifs du G20 à Londres. Nous avions raison d’être véners de la manière dont la manifestation avait été reléguée dans une zone industrielle et coupée en deux par des milliers de flics sur la frontière franco-germanique. J’ai soutenu la décision de combattre la police pour essayer de briser l’espace dans lequel ils nous avaient enfermés avec leurs négociations et leur armes de contrôle des foules, et d’essayer ainsi de mener nos actions quelque part où cela faisait plus de sens, et cela m’a remplie de joie de voir le poste-frontière brûler.

Même l’action à l’Hôtel Ibis m’a réjouit. C’est un sujet plus complexe : je ne pense pas que nos actions de ce samedi (et peut-être en général) vaillent de prendre le risque de blesser grièvement des personnes. Mais quoi qu’il en soit, j’ai compris que personne n’avait été blessé dans cette action, et il est important de se remémorer que l’hôtel en question était partie prenante du sommet de l’OTAN. C’était un des 5 hôtels qui avait été publiquement mis de côté pour loger les milliers de journalistes qui étaient là pour couvrir les “célébrations”, ainsi qu’un lieu d’où la police espionnait les manifestants. Donc même en ignorant les profits qu’Ibis fait sur les expulsions de sans-papiers, il est difficile de dire que ce n’était pas une cible légitime.

Mais malgré tout cela, les expériences de cette semaine m’ont laissé un sentiment de malaise et de confusion. Nous avons pris le dessus sur une marche pacifiste pour la faire ressembler à une guerre… Nous avons utilisé l’espace du campement, bouffé à la cuisine collective et chié dans les toilettes. Mais comparé aux évènements et campements autogérés auxquels j’ai participé auparavant, notre implication dans le village s’est limitée cette fois ci principalement à boire des bières, à nous retrouver discrètement pour de petites réunions d’actions fermées, ou à combattre les flics autour du campement, construire des barricades enflammées, et à faire que ça ressemble à une guerre… Et à travers tout ça je me suis retrouvée à me questionner de plus en plus sur la manière dont nos actions se reliaient à nos visions politiques, à nous-mêmes, à nos rencontres avec d’autres et à nos “valeurs”.

Je ne dis pas que nous avions tort d’agir de la manière dont nous l’avons fait. Je suis critique depuis fort longtemps de notre tendance à mettre tellement d’énergie à construire “une industrie de services activistes” (soutien légal, équipes médicales, organisation du campement, médias indépendants…), jusqu’à ce qu’il n’y ait pratiquement plus personne pour mener à bien les actions (qui deviennent à la fin de plus en plus symboliques). Dans ce sens, Strasbourg offrait en partie un changement plutôt bienvenu. Mais notre arrogance m’a perturbée. Je ne voyais pas d’intérêt autour de moi à participer au reste, à expliquer, ou au minimum à montrer une simple reconnaissance du fait de faire partie d’une dynamique commune. Une dynamique commune dans laquelle des gens qui se préoccupent de différents éléments permettent à une action globale de se mettre en place et d’avoir une force de frappe. La focalisation, peut-être le seul intérêt était dans la confrontation violente. Et nous semblions regarder de haut toute personne qui le questionnait où ne semblait pas immédiatement comprendre pourquoi nous agissions et pensions de cette manière.

Comme d’habitude, dans les journées qui ont suivi la manifestation de Strasbourg, les leaders des partis politiques momifiés de la gauche ont dénoncé et se sont dissociés de la “minorité violente”. Les pacifistes ont de leur côté expliqué que leurs actions avaient été ruinées par des hooligans “apolitiques”. C’est toujours frustrant de lire ce genre de commentaires, et cela crée facilement la division entre “eux” et “nous”, qui nous permet à notre tour de descendre en flammes les “démocrates” et les “réformistes” qui mènent leur actions pacifiques et retournent ensuite à leur confortable vie bourgeoise. Mais dans le même temps j’étais gênée par le manque de respect ou d’intérêt montré par les participants aux black blocs pour les autres participants aux actions anti-OTAN, tout particulièrement parce que si un certain nombre d’entre eux auraient pu mener leurs actions à bien sans nous, nous ne pouvions entreprendre nos actions sans eux.

Bien sûr, nous sommes “sexy”, tous en noir, offrant une nouvelle pose de riot-porn aux caméras. Mais nous n’étions qu’une petite partie d’un ensemble. C’est d’ailleurs assez ironique que les participants aux black-blocs qui critiquent tellement les médias, soient aussi les premiers à accepter la tendance à faire du bris de vitrine et de l’incendie de poubelle, l’unique focus de la journée. Il est pourtant important de reconnaitre que sans l’infrastructure mise en place par les organisateurs du campement (que nous avons surtout consommé), sans le boulot extrêmement tendu de l’équipe légale qui a pu nécessité certaines négociations avec les flics et le fait de créer des pressions politiques et juridiques (ce que nous méprisions), et sans la protection physique et politique offerte par la présence de milliers de manifestants dont beaucoup avaient des visions politiques et des manières d’agir différentes des nôtres, il n’aurait pas été possible de brûler la frontière, de détruire les caméras ou d’attaquer la police de la manière dont nous l’avons fait.

J’ai vu des groupes de pacifistes, des personnes plus vieilles, des gens avec des enfants qui courraient dans tous les sens terrifiés par les lacrymos, les flash-balls, mais aussi les pierres qui leur tombaient dessus (parce qu’il y a toujours des personnes qui ne regardent pas vraiment où elles lancent, ou des idiots qui tirent sur les premiers rangs depuis l’arrière.). Et pour la première fois je me suis demandé ce que l’on pouvait ressentir quand on était à l’extérieur du black bloc.

Nous nous sommes organisés en réunions chuchotées, en petits groupes fermés et paranoïaques. Si vous n’êtes pas à l’intérieur, il n’y a quasiment aucune possibilité de participer. Toutefois nous portons nos actions au sein d’espaces (comme la manif) où elles affectent directement des personnes qui n’ont pas eu d’opportunités de dialoguer, de douter, de débattre, ou de décider. Et nous attendons d’eux qu’ils en assument les conséquences. Nous attendons d’eux qu’ils ne critiquent pas publiquement, mais nous ne leur donnons que peu d’opportunités pour critiquer en privé. Nous attendons d’eux qu’ils ne se dissocient pas de quelque chose dont ils n’ont pu, de fait, s’emparer, ni dans la préparation ni dans la mise en acte. Nous attendons d’eux qu’ils respectent nos positions politiques et nos formes d’actions, tandis que nous nous comportons souvent d’une manière qui suggère que nous n’avons ni respect ni intérêt quant aux leurs.

Je ne suis pas une hippie. Je ne suis pas une pacifiste. Je ne crois pas que les États, les multinationales, les armées et la police, vont un jour, si elles sont confrontées à suffisamment d’information et de persuasion, être convaincue de baisser les armes, de renoncer à leurs pouvoirs et leurs assauts à l’encontre de la terre et de ceux qui la peuplent. Je ne pense pas que les manifestations pacifiques “marchent”. En fait, je ne suis pas non plus convaincue que les actions violentes “marchent”, puisque notre violence sera toujours moindre que la leur, du fait de leur accès aux nouvelles technologies, à la main d’œuvre et aux armements. Mais je suis prête à faire les deux puisque nous devons nous battre de toute manière ou baisser les bras.

... suite ci après
berneri
 
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede berneri » 11 Nov 2009, 20:16

... suite

Je ressens que je suis sûrement plus vieille que beaucoup des personnes qui ont participé aux black blocs à Strasbourg. Je viens de la génération qui a pris les rues et a combattu dans une sorte de pure joie démente au milieu des années 90. J’imagine que je viens d’une période d’innocence : avant la mort de Giuliani, avant qu’ils nous appellent des terroristes, avant que toute notre créativité soit absorbée dans le spectacle du “mouvement de masse” aux blocages d’Heiligendamm, où dans le vide politique des forums sociaux. Je me remémore un temps, où nous croyions dans l’avenir et où nous sentions même quelquefois que nous avions des choses à gagner. Dans ce contexte, la “diversité tactique” renvoyait à une volonté de prendre en considération toutes les formes d’actions possible pour atteindre nos buts. Mais pour ça il nous fallait des buts.

Une des choses qui m’a perturbée à Strasbourg était le sentiment de ne plus être vraiment sûre de quels étaient nos buts. Les personnes impliquées dans les tactiques de type black bloc ne semblaient pas intéressées par le blocage du sommet, ou dans la mise en place d’actions moins prévisibles, mais seulement par la manifestation. Selon nos propres analyses, les manifestations sont souvent un maigre substitut à l’”action directe”. Mais nous avons concentré notre énergie à créer l’espace ou la situation au sein desquels nous pourrions faire une émeute (même si le seul endroit où nous pouvions le faire était une zone industrielle située à des kilomètres de tout). Le succès ou l’échec de l’action, semblait-il, pourrait se mesurer au nombre de pierres lancées, de poubelles brûlées, de vitres cassées, où de flics blessés.

Les émeutes cessent alors d’être une tactique et deviennent une fin en soi. Dans ce cadre, nous n’avons pas besoin d’argumentation politique pour défendre ou définir nos actions. Nos actions sont notre argumentation politique : elles ne requièrent pas plus de contextualisation que le capitalisme lui-même dans toutes ses formes, et elles s’auto-définissent et parlent pour elles-mêmes.

Cela a des aspects positifs. La politique devrait venir des tripes et pas seulement de la tête. Mais si nous nous référons seulement des appels aux armes poético-insurrectionalistes comme “Appel” où “A couteaux tirés” pour définir ce que nous faisons, nous finissons par abstraire nos actions de la réalité. Quand je suis revenue à la maison j’ai relu un livre que j’avais entamé il y a longtemps, l’”amant du démon : sur la sexualité du terrorisme”, de Robin Morgan (une ex-wheathermen). Elle y décrit un certain processus de radicalisation des luttes :

« [celui-ci] conduit à une dynamique de “la fin justifie les moyens”. Comme les abstractions se mettent à proliférer, les thématiques originelles de luttes sont enclines à être oubliée entièrement… De la rhétorique, un territoire, des outils, des armes, des uniformes deviennent les fétiches de la combattivité masculine… L’orientation – de vivre pour une cause – par exemple combattre pour une meilleure qualité de vie – se referme vers le fait de mourir pour une cause. La violence. Ceux qui la remettent en question sont des traîtres. Une politique de l’espoir devient une politique du désespoir. Le but devient maintenant beaucoup trop abstrait pour être atteint et la virilité ne peut se satisfaire de moins. Le cynisme surgit, tout comme les stratégies orientées sur la provocation et la polarisation. Ce qui visait autrefois à un triomphe humain se dirige maintenant vers une défaite de puriste. L’État ne peut que nous en être reconnaissant. »

Le tableau qu’elle décrit est sombre, elle voie la violence politique comme une impasse. Selon elle, en étreignant la violence, nous nous condamnons à reproduire les schémas du patriarcat, de l’autoritarisme et des systèmes de valeur masculins dans nos actions, nos relations et nos collectifs jusqu’à une fin amère. J’ai rejeté ce bouquin comme de la merde pacifiste quand je l’ai lu pour la première fois, mais aujourd’hui certains de ses arguments me font réfléchir.

Quelquefois, je ressens que nos faiblesses, notre manque de direction et de projections, crée une culture où nous nous enfermons dans une esthétique politique (pas même une idéologie !) et où nous limitons nos actes et nos paroles aux formes d’actions qui sont perçues comme suffisamment combattives/guerrières pour être acceptables. Nous devenons imperméables à la complexité. Nous ne laissons pas de place aux doutes ou aux questionnements. Il n’y a pas d’assemblées ouvertes, pas de forums, pas de portes-paroles et notre seule forme de communication politique se situe dans nos actions et les images qu’elles projettent. Nous nous structurons dans l’image de la guérilla en bande sombres, nous donnons un sens symbolique à ce qui n’est souvent que de l’action violente indirecte (et s’oppose parfois à l’action directe non-violente)… Mais nous devrions être capable d’être honnête et sincère quant au contenu de ce que nous faisons ou nous allons finir par n’être plus constitué que d’images..

Sous l’ombre d’un chêne, nous communiquons par des chuchotements. Ma mâchoire est tendue par le frisson de la conspiration…et par la fierté. Le secret et l’importance que se donne ce groupe est contagieuse. Dans ma frustration, cloîtrée par le désert de l’existant, je suis gagné par leur pouvoir, leur langage et leur conviction arrogante d’avoir raison. Mon besoin de faire quelque chose, quoi que ce soit, est séduit par leur combattivité. Alors j’apprends vite, à parler ce langage de la violence, avec confiance et en cachant mes doutes et mes ambivalences, comme ils le font…. mais aujourd’hui j’observe les visages de mes compagnons, les lèvres serrées et promptes à désapprouver, prompts à condamner ceci et cela, cette brèche dans la sécurité ou cet échec dans la combattivité, ou de simples démonstrations de faiblesse. Et je ressens un besoin inattendu, obstiné et anti-autoritaire de dire à voix haute “J’ai peur”.

Et peut-être est-ce parce que je vieillis (et que je vois que les visages autour de moi changent : certains camarades qui se fatiguent, dépriment, disparaissent tandis que l’âge moyen de ceux qui prennent les rues reste identique), où peut-être est-ce parce que derrière ma cagoule, je suis toujours une femme. Et que ça vous plaise ou non, en tant que femme dans nos milieux j’ai travaillé dur pour obtenir mes “qualifications au combat”, pour dire les choses justes, et pour me prouver à moi-même et aux autres régulièrement à l’épreuve du feu. Mais même à présent, les valeurs de l’insurrection au masculin, de la conviction idéologique inébranlable et de la capacité à faire mal pour la cause ne me viennent pas toujours “naturellement”.

Et si nous ne sommes pas honnêtes avec nous-même, si nous cachons continuellement nos sentiments et nos faiblesses, nos déprimes et nos intimités derrière des masques et des postures guerrières, alors nous nous auto-limitons. Nous nous empêchons d’analyser notre position réelle et de savoir ainsi dans quelle direction aller ensuite. Dans ce cas nous ne sommes plus en train de gagner mais de perdre. C’est seulement en reconnaissant et en comprenant les problèmes que nous traversons que nous pouvons commencer à chercher des solutions. J’écris ce texte parce que je ressens que nous avons besoin de communiquer quelque chose de plus que l’arrogance de la jeunesse et des images de guerre.

J’ai trouvé excitant d’être dans les rues avec les gars de la banlieue d’à coté, qui speedaient et donnaient la direction sur leurs scooters, confortés par notre présence dans le fait de prendre les rues à ce moment là aussi. C’était fort et cela faisait sens de se confronter aux flics ensemble. La violence peut (et c’était le cas en l’occurrence) unir et aider à construire des liens. Je doute en l’occurrence que ces gars auraient été très intéressés si nous avions déambulé dans un défilé pacifique à travers leur quartier en distribuant des tracts sur l’OTAN.

Toutefois, j’étais aussi perturbée à d’autres moments par un type de tranchant que je ressentais dans l’atmosphère. C’était parfois présent dans la rue, et peut-être encore plus dans le campement, où aiguisé par l’alcool, cela ressortait en petits combats de chiens macho se confrontant pour établir la hiérarchie de la journée… Peut-être que je ne suis pas assez nihiliste mais je me débat avec les contradictions que cela fait surgi en moi.

J’ai envie de sortir de nos milieux pour rentrer en contact, interagir et agir avec d’autres, pour trouver les terrains communs qui nous permettent de détruire ensemble la prison de néon et de plastique dans laquelle se comprime notre quotidien. Mais si nous nous mettons à fétichiser sans recul critique la combattivité des bandes, des “banlieues”, l’incarnation de la “rage du peuple”, si nous orientons nos actions vers certains type de violence sans leur donner plus de contenu, alors nous ne devenons pas si différents des supporters de foot et des gangs qui se donnent un temps et un lieu pour un combat prévu (samedi après-midi à la manif, au lieu d’après le match !). Pour le dire simplement, il y a des dynamiques, des valeurs et des attitudes qu’il ne m’intéressent pas de reproduire, quel que soit leur authenticité de “rue”.

Cela m’intrigue de comprendre pourquoi certaines personnes sont attirées par un type particulier de pensée politique et d’actions. Je sais pour ma part combien je trouve séduisant l’”uniforme” des autonomes, comment je me sens stimulée par un black bloc, et combien j’aime les actions secrètes. Mais quelles sont les valeurs esthétiques, culturelles et genrées sur lesquelles reposent cette attraction ? D’où viennent-elles ? Où mènent-elles et qui servent-elles ?

Je ne suis pas en train de suggérer que nous devrions quitter la voie dans laquelle nous nous trouvons, pas le moins du monde, seulement que nous la poursuivions avec précaution, considération et une compréhension de la manière dont elle agit sur nous. Nous devrions constamment pouvoir analyser la manière dont nous réagissons à nos actes, ce que nous avons besoin de mettre en place collectivement et personnellement pour les mener à bien et la manière dont cela affecte nos relations et attitudes envers les autres.

La violence – quels que soit ceux qui l’utilisent – a des répercussions sur la “santé” affective, pas seulement de ceux qui vont la recevoir au final, mais aussi de ceux qui la génèrent, quel que soit leurs objectifs et leur idéologie. Je n’ai aucune sympathie pour le pacifisme en tant qu’idéologie. Je ressens par contre un besoin à ce que nous nous entraidions à combattre ardemment pendant plus longtemps et avec une meilleure “santé” personnelle et collective. Le fait de choisir le chemin de la violence aux prix de risques personnels et collectifs, implique de se donner une culture de sécurité dont certaines des caractéristiques inhérentes sont l’exclusion, la paranoïa, les non-dits et un tissage relationnel au sein duquel des parties importantes de votre vie doivent rester cachées et ne peuvent être partagées. Cela entraîne des tensions et des sentiments particuliers (de la jalousie, de l’insécurité, le fait de se donner des critères de valorisation parfois très réduits, ou de ne pouvoir partager ce que l’on fait). C’est une voie dans laquelle on peut parfois paradoxalement se retrouver à traiter les gens dont les visages nous sont pourtant familiers, non comme des camarades, mais comme des ennemis potentiels. Je pense que cela a un impact important sur nous : sur la manière dont nous considérons les autres et nous mêmes.

J’ai peur que de poser ces doutes et ces questions entraîne que je sois rejetée. Mais des valeurs aussi “non-guerrières” que l’empathie, l’ambivalence, la réflexion, et le fait d’ancrer nos comportements dans le personnel et le réel, sont politiques aussi. Je vais donc prendre le risque de ce rejet et écrire. J’espère que ce texte sera pris comme une auto-critique et pas comme une attaque. J’espère que quelques unes de ces idées trouveront un terrain fertile pour générer des débats : pour briser nos images et scruter la substance en deçà.

Nous vivons des temps passionnants. La résistance devient de plus en plus évidente face aux crises économiques, écologiques, sociales et politiques qui ébranlent le monde, et il semble que les États et corporations ne cherchent même plus à dissimuler la figure véritable du capitalisme, de la guerre et du contrôle social. Le changement (dans un sens ou dans un autre) pourrait bien s’avérer inévitable et il va nous falloir combattre en son sein, que nous aimions cela ou pas. Dans ce contexte, j’écris avec espoir et avec le désir de rechercher des réponses à la question posée par des amis grecs au pic des révoltes de décembre 2008 :

“et après avoir tout brûlé ?…”

# Réponses / morceaux choisis…

« (…) Je suis venue combattre le sommet de l’OTAN à Strasbourg, pleine de l’espoir que ça allait vraiment clacher. Je cherchai des gestes forts de résistance qui expriment dans notre présence une remise en cause du système dans son ensemble. Et nous avons claché… Même si cela peut renvoyer aux lacunes de certaines de nos luttes quotidiennes, même si il y a sans doute là dedans une part de tromperie politique et d’illusion spectaculaire, il m’est inutile de nier le plaisir et la force de ces moments collectifs débordants ou pendant quelques minutes ou quelques heures, « en masse », nous ne sommes plus encerclées par l’hégémonie du “nous ne pouvons rien changer, de toute façon”.

Toutefois, mes expériences autour du pont de l’Europe à Strasbourg le samedi laissent place à certains malaises et frustrations. La stratégie policière, à ce qu’il semblait, était d’isoler la manifestation, et avec elle le “black-bloc”, sur une friche industrielle atteignable seulement par des ponts, sur une route pour nulle part. Et leur stratégie a fonctionné de ce point de vue. Malgré les tentatives du groupe de blocage parti à l’aube, l’intérieur de la ville est resté calme et tranquille. Tandis que je marchai à travers le centre ville plus tard cet après-midi là, je pouvais voir des délégations et convois de l’OTAN défiler devant moi en voiture à travers les rues sans être attaqués, et je ne pouvais m’empêcher de penser que nous aurions peut être réussi à créer plus de troubles pertinents à l’écart du champs de bataille sur lequel nous étions attendu.

Cela m’a donc intéressé de lire ton texte et d’y trouver des pistes pour mettre en forme mes propres questionnements, sans tomber dans les dénonciations aussi typiques que stupide du genre “le black bloc travaille avec la police.”. Il y a quand même certains de tes arguments qui me perturbent, alors histoire de continuer à faire progresser le débat, je t’ai écrit une réponse.

Tout d’abord, je pense qu’il est important d’insister sur le fait que le contenu des actions initiées samedi – la destruction de banques, du poste frontière, de l’hôtel ibis, de caméras de vidéo-surveillance et autres outils de domination n’étaient pas déconnectées de la présence de l’OTAN dans la ville. Ces actions marquaient un lien entre les politiques de l’OTAN et les banques, multinationales, institutions étatiques et complexes industriels et militaires qui entouraient le sommet. Elles visaient, au-delà de l’institution et de sa cérémonie, l’architecture globale de sécurité, que l’OTAN annonce mettre en œuvre en réponse aux soulèvements et aux actions directes qui se multiplient face à la “crise” du capitalisme et du système post-colonial.

Dans un contexte où les États français et allemands avaient posé le défi que rien ne se passe par une débauche de moyens policiers, il y avait un enjeu politique fort à montrer que quel soit le nombre de flics, d’hélicos, de contrôles, de propagande pour effrayer la population, cela peut encore déborder, faire émerger des rencontres et alliances… et ce pari risqué a marché. Ce qui ne signifie pas pour autant que ce soit toujours le plus pertinent d’aller se frotter au corps à corps là où ils concentrent leur force. L’important c’est aussi d’arriver à rester imprévisible, et de ne pas rentrer dans des systématismes. (…) »
***

« (…) Comme ton texte se réfère à un “nous”, il me semble nécessaire de préciser ce qu’il peut définir. Aussi vague et contradictoire soit-il, ce “nous” me semble renvoyer à des regroupements multiformes qui visent à dépasser l’État et le capitalisme, l’oppression patriarcale et post-coloniale sur des bases anti-autoritaires, par le biais d’actions directes d’attaques et d’autonomisation, et sans dogme non-violent. C’est une manière de le dire, il y en aurait 2000 autres. Et comme ce “nous” d’une certaine “internationale révolutionnaire” n’est pas un parti et n’a pas d’existence formelle figée, on peut s’en sentir plus ou moins partie prenante et on peut le délimiter ou le percevoir de manière très différente. Certains vont se référer à un “nous” comme interconnecté à une échelle internationale par des réseaux, organisations, voyages, actions, échanges stratégiques, relations amoureuses et amicales… D’autres auront du mal à ressentir un “nous” au-delà d’un ancrage local, plus restreint et contextualisé. Certains se sentent aisément partie prenante d’un mouvement et d’une histoire commune, d’autres seront beaucoup plus réticents à partir d’un ensemble aussi hétéroclite et divisé, sans définition politique plus précise. (…) »
***

« Quand tu évoques un “nous” , ton texte peut donner l’impression faussée qu’il y aurait eu un black bloc à Strasbourg, plus ou moins organisé comme un ensemble, formé de groupes et personnes qui se reconnaissent dans cette identité et porteraient une histoire commune à travers cette tactique. Mais le black bloc n’est pas un groupe. C’est un terme beaucoup trop simpliste qui rassemble à un moment donné des groupes qui peuvent porter par ailleurs des stratégies de confrontation et des visions politiques différentes. Il n’est jamais inutile de rappeler que les tactiques de type black bloc et la présence au contre-sommet ne sont qu’une des formes, souvent marginales, de l’action politiques des personnes qui y participent. Beaucoup des personnes qui pouvaient être considérées à ce moment là comme faisant partie du “black bloc” participent quotidiennement à des luttes, des formes d’autonomisation et des espaces de vie de beaucoup d’autres manières. Beaucoup de ceux qui peuvent se retrouver dans ces tactiques émeutières font aussi le choix politique de ne pas venir à des contre-sommets du type de Strasbourg. Un certain nombre de personne perçoivent peut-être effectivement une histoire et une ligne politique commune qui peut se retracer maladroitement à travers les apparitions multiformes et communiqués de « black blocs » dans les actions anticapitalistes de cette dernière décennie et au delà. Mais beaucoup de celles et ceux qui ont choisi ces tactiques à Strasbourg ou ailleurs ne se représentent pas en tant que black bloc et critiquent même cette étiquette et ses postures comme un piège identitaire et une case médiatique. Une étiquette qui risque avant tout de créer des barrières avec des personnes avec qui il serait possible de partager ce type d’actions. Il n’y avait en tout cas pas de coordination unitaire des tactiques de “Black blocs” à Strasbourg, mais des groupes plus ou moins larges qui se sont préparés pour un certain type d’actions dans ce contexte, et des connexions basées sur diverses affinités. (…)

Le fait de ne pas se refermer autour d’une identité “black bloc” est particulièrement important parce que cette diversité des personnes partageant des tactiques offensives risque d’aller croissant. La “crise” que tu évoques signifie surtout un ré-agencement de la domination capitaliste où la situation sociale et le contrôle vont se durcir ; ainsi que, espérons le aussi, des mouvements de résistance. Des groupes et mouvements divers font ressurgir dans leurs luttes quotidiennes des tactiques illégales et conflictuelles telles que la séquestration de patrons, la menace d’exploser leurs usines, les blocages de l’économie, les auto-réductions, les occupations, les sabotages et les manifestations offensives. En Europe (et notamment par le biais de l’OTAN et de l’harmonisation et de la coordination des politiques de sécurité), les armées et polices collaborent et se préparent à réagir plus fort vis à vis des mouvements sociaux parce qu’ils s’attendent explicitement à ce que ceux-ci s’intensifient et que les gens expriment de plus en plus leur rage dans la rue. Ce contexte va mettre au défi notre intelligence stratégique, notre capacité à ne pas sombrer dans dynamiques avant-gardistes, messianiques ou identitaires, et notre capacité à créer et maintenir des connexions depuis l’intérieur des mouvements sociaux, avec toute leurs complexités, leurs diversités tactiques et leurs débats contradictoires. (…) »
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« (…) Dans le contexte de Strasbourg la culpabilité du fait d’avoir “détourné” la manifestation me semble quelque peu déplacée. Il est vrai que nous l’avons rendu plus offensive et contribué à mettre dans l’impossibilité ceux qui le souhaitaient de marcher pacifiquement dans une zone industrielle isolée, ou de tenter de négocier un passage à travers les lignes policières. Mais ceux d’entre nous qui ont rejoint cette marche “pacifiste” avec le visage masqué et une volonté de confrontation n’étaient pas une petite minorité. Nous étions plusieurs milliers. Cette manifestation était aussi “notre” manifestation.

Lors du G8 à Gênes en 2001 et en diverses autres occasions, beaucoup de personnes du “black bloc” vivaient dans les “campements citoyens et pacifistes” pour ne pas se faire directement réprimer et isoler par la police. Par comparaison, et même si beaucoup de gens ont (malheureusement) dédaigné de contribuer d’une manière ou d’une autre à son organisation, le campement de Strasbourg donnait beaucoup plus le sentiment d’être à “nous”. Beaucoup des personnes au campement étaient anarchistes ou révolutionnaires avec des approches diverses. Et cette position offensive s’est reflétée dans les actions qui en sont parties aux cours de la semaine. Cette lutte est aussi notre lutte, et une bonne partie (beaucoup plus que lors de précédents sommets à ce que j’en ai ressenti) des personnes participant à la manifestation étaient soit activement impliquées dans des tactiques confrontationelles, soit à minima dans un soutien plus passif aux actions offensives qui ont été initiées. (…) »
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« Il est intéressant, quand tu évoques l’incendie de l’hôtel, que tu te demandes si cela valait le coup de prendre le risque de blesser grièvement quelqu’un pour une de nos actions. Posée de manière aussi générale, cette question me gêne. De fait beaucoup des actions que nous initions (tout comme beaucoup de choses moins politiques dans la vie) entraînent que nous prenions ce risque. Quand nous prenons parti contre le militarisme et le contrôle social, nous nous attaquons à certaines des institutions les plus brutales et puissantes dans le monde. A chaque fois que nous portons cette critique dans les rues, surtout si nous ne nous contentons pas de défiler passivement, il y a des risques pour que nos compagnons ou d’autres personnes soient blessés, arrêtées ou plombées affectivement par les évènements de la journée. Chaque personne participant à une manifestation devrait être consciente que quelles que soient nos actions, il y a de toute façon toujours des risques pour que nous nous fassions attaquer par la police (qui ne s’est d’ailleurs pas gênée pour gazer et matraquer les manifestants non-violents le matin même). Toutefois le niveau de violence que nous sommes prêt à assumer ou créer dans chaque contexte et situation ne devrait jamais être un sujet évident. Notre éthique, le niveau de répression auquel nous devrons faire face, et le soutien que nous pouvons recevoir en dépendent.

Ceci est un sujet profond et complexe, mais peut-être peut on se risquer à l’aborder par quelques considérations simples (simplistes ?). Par exemple, il est possible de dire qu’il y a une différence assez claire en terme de rapport à la prise de risque entre ceux d’entre nous qui ont volontairement choisi une situation de combat et s’y sont préparés (comme “nous” ou à l’autre extrême les flics sur-protégés et qui sont là dans le but de nous bloquer et de nous attaquer), et des passants ou compagnons de manifs qui n’ont pas choisi ces tactiques et ne se sont pas préparés à des situations de conflits violents. Et il y a une différence à faire entre prendre le risque de blesser un flic lors d’une action et même s’attaquer volontairement à eux quand ils barrent notre route, ou prendre le risque de blesser quelqu’un qui se trouvait là plus ou moins au mauvais endroit et au mauvais moment. Ce qui ne signifie pas pour autant que blesser un flic puisse devenir en soi et pour soi un objectif politique très intéressant, à moins de chercher simplement à reproduire en négatif la logique punitive de l’État.

De manière générale, les décisions et processus d’actions qui tendent à transformer les manifestations en zone de combat nécessitent des considérations prudentes. Le fait dans une action ou manif, d’avoir divers blocs divisés suivant les tactiques privilégiées a parfois relativement bien marché dans le passé, tout comme le fait de se donner des moments différents pour différents types de manifestation. Pourtant cela fait sens aussi que la conflictualité physique puisse venir de partout et ne soit pas isolée dans un coin où un temps séparé. C’est un choix tactique qui peut trouver son efficacité dans le fait qu’il soit alors beaucoup plus difficile pour la police de contenir le chaos et qu’il peut permettre aussi à plus de gens de s’emparer de cette conflictualité. Ce sont aussi les imprévus et élans spontanés qui déboulent avec plus ou moins de bonheur et peuvent changer la donne quel qu’aient été les prévisions. Quoi qu’il en soit, le fait de rejeter les formes politiques de la gauche traditionnelle, avec ses discours vides, ses manifestations sans buts et son évitement permanent du conflit, ne devrait pas signifier pour autant que l’on abandonne une solidarité basique, qui implique de s’organiser pour protéger les personnes qui sont du même coté que nous mais qui ne veulent ou ne peuvent pas assumer de tels niveaux de risques et de répression. »
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« Durant la manifestation contre le G8 à Rostock en 2007, j’ai dû prendre la décision de rejoindre le black bloc ou de rester avec un ami proche qui s’était récemment brisé le dos et ne pouvait nous rejoindre par peur de s’endommager la colonne vertébrale, et parce qu’il était bloqué par le fait que son corps, auparavant fort et invincible, lui ait fait tout à coup défaut. J’ai rejoint le black bloc, mais ce n’était pas un choix facile. Cela m’a fait réaliser que nos possibilités d’engagement physique confrontationnel dans la guerre sociale peuvent être fragiles. Cela m’a conforté dans le fait de chercher des formes d’engagement radical sur le long terme qui aillent au-delà de la création de ghetto pseudo-militaires ou de terrain de jeux pour des révolutionnaires de vingt ans. Quelquefois j’ai le sentiment que pour un participant au black bloc de 25 ans, le fait d’avoir 40 ans ou d’être handicapé semble très loin, improbable ou juste foutrement embarrassant. Dans ce cas, cela semble encore plus improbable d’atteindre cet âge en étant toujours impliqué dans des formes de luttes radicales.

Les niveaux de risques ne sont pas simplement une question d’idéologie politique. Des personnes qui risquent la prison pour d’autres actions, vivent sans papiers, des parents et leurs gosses, ou ma grand-mère peuvent vouloir prendre le risque de se rendre à certaines manifestations tout en essayant de rester en dehors des troubles. Sans se paralyser dans nos actions sous prétexte qu’elles ne conviendront sûrement pas à tout le monde, il n’est pas nécessairement “contre-révolutionnaire” de chercher des moyens et des temps pour que des communautés de différents âges et horizons puissent se retrouver ensemble à se battre, de travailler ensemble à comprendre nos forces et faiblesses, et d’essayer de se protéger et de briser certaines barrières face un ennemi commun.

Cette recherche, dans le sens en tout cas d’une assise matérielle et solidaire, a pu notamment prendre forme dans les structures collectives que nous avons développés au fils des ans – soutien légal, équipes médicales, cantines, transports, organisation de campement, communication et médias indépendants, soutien face aux traumatismes…. Elles sont une preuve que nous avons une capacité à apprendre de nos expériences et à croître en tant que mouvement. Si elles ne se transforment pas en service séparé et qu’elles restent partie prenantes des choix sur les objectifs d’actions, elles sont constitutives de notre force. A la lumière de la rébellion grecque, et dans un contexte de mécontentement social croissant, je pense que l’utilisation et la multiplication de ces structures vont devenir de plus en plus importantes.(…) »
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« (…) Dans ton texte tu décris un piège, un paradoxe par lequel une critique implacable d’un présent désertique, totalement aliéné, peut finir par aboutir paradoxalement à une abstraction de nos luttes qui les vide de sens immédiat et d’objectifs tangibles. La projection messianique centrée sur le point d’aboutissement de l’insurrection globale, tend à instaurer une forme de pensée qui dédaigne ou nie tous les entre-deux, processus, victoires concrètes, les revendications ou les luttes spécifiques, comme ennuyeuses et forcément parties prenantes d’un militantisme réformiste qui ne ferait au final que préserver la paix sociale…. C’est parfois comme si toute amélioration partielle et concrète de nos vies devient suspecte de reculer l’effondrement du système. A force de dénicher le citoyennisme dans quasi toutes les formes de contestation, on en arrive à oublier leurs aspects conflictuels, leurs forces et leurs évolutions potentielles jusqu’à réduire drastiquement les formes d’actions et les alliances possibles. Selon moi, un processus révolutionnaire devrait s’intéresser au contraire à des résistances sans doutes fragmentaires et lacunaires mais qui peuvent néanmoins transformer d’ores et déjà la vie des personnes concernées, et voire dans quelle formes de radicalisation ces résistances peuvent s’inscrire et se relier à une perspective globale. Nous avons souvent besoin de points de départ spécifiques, d’ancrage thématiques, de murs à abattre, de petits victoires concrètes…que l’on finisse ou non par parvenir à un point d’insurrection généralisée. Les exemples de mouvement large qui se sont tenus dans cette double dynamique sont nombreux. On peut avoir en tête le mouvement des roads protests en Angleterre dans les années 90 qui est parti de luttes et de victoires très spécifiques, “sur le terrain”, et qui est parvenu à évoluer à partir de là vers une dynamique anticapitaliste plus globale, ou encore la manière dont le mouvement autonome italien des années 70 a pu allier à une vision révolutionnaire globale, des revendications et luttes spécifiques sur les questions du logement, des conditions de travail, du l’auto-réduction des factures…tout en parvenant à éviter jusqu’à un certain point qu’un aspect se retrouve mis en opposition avec l’autre. »
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« Le fait de transformer en une identité des tactiques adaptées à répondre à une situation spécifique a été un problème récurrent dans un partie des mouvements anticapitalistes de cette dernière décennie. Nous avons démarré les groupes de percussions (comme l’Infernal Noise Brigade aux USA ou le groupe de samba pour le 18 juin à Londres en 1999) en tant que tactique pour faire monter la tension dans l’atmosphère et ruser la police en mettant des foules en mouvements là où les sounds-systems dans des vans étaient trop lents ou pas assez flexibles. Plus tard, de nouvelles personnes qui n’avaient pas participé à la réflexion tactique et politique initiale s’y sont retrouvées impliquées et l’idée que la samba était radicale et révolutionnaire en soi et pour soi a pu finir par émerger, quel que soit ce que fassent les groupes de samba lors des manifs. La même chose s’est passée avec les clowns…l’idée de base derrière l’”armée des clowns” et quoique l’on puisse en penser, s’appuyait au moins sur une pensée tactique et politique, pas sur l’idée que les clowns sont révolutionnaires quel que soit le contexte. Il se pourrait que l’on perçoive plus aisément à travers ces exemples quand des tactiques commencent à s’abstraire de leurs objectifs, parce que celles-ci pouvaient nous sembler plus discutables à la base. Mais on peut parfois dire la même chose de méthodes plus confrontationelles comme de se cagouler, de brûler des poubelles ou de péter des vitrines. On se souvient par exemple du black bloc de 4h du mat’ qui est parti du camp de Retterlich pendant le G8 de 2007 et qui est allé brûler des poubelles et construire des barricades dans un minuscule village à des kilomètres de quoi que ce soit. J’y étais et c’était profondément déprimant !.

Mais je pense que malgré la pertinence des critiques de certains gestes et postures, ceux-ci offrent néanmoins un moyen de faire face à nos peurs et de ne pas s’y enfermer, à une époque où il y a de bonnes raisons d’avoir peur et où nous voulons être capable de les dépasser et d’agir. Je suis très critique de la tendance actuelle de la société capitaliste à promouvoir et instrumentaliser une certaine perspective de la victime comme la seule voie de la vérité. Comme si les formes possibles de reconnaissance de la domination devaient nous amputer dans le même temps des moyens de lutter de manière forte et autonome, comme si la lutte devait paradoxalement se structurer seulement dans notre fragilité. Bien sûr nous savons et cela ne fait pas de doute que la fétichisation de la force physique et martiale est au mieux proto-fasciste. Mais je crois à la nécessité de prendre une bonne respiration et d’essayer de croire sérieusement à notre capacité d’agir de manière forte, massive et sauvage. J’ai aussi besoin aussi d’entretenir une capacité à rire (en notre for intérieur et entre nous) de nos postures belliqueuses. Il y a pour moi une différence fondamentale entre partir d’une situation où l’on décide qu’il est nécessaire de dépasser nos peurs, tout en étant capable d’en rire et de ne pas se prendre trop au sérieux, et avoir une approche sans critique de cette même posture belliqueuse.

J’ai vu beaucoup de nouvelles personnes (hommes et femmes) rejoindre nos “bandes” et tomber directement dans certains des rôles virils que nous utilisons pour dépasser nos peurs. Souvent, ils apprennent à se positionner dans les structures de pouvoirs que nous créons (et qui miment bien trop souvent les structures de pouvoir que nous cherchons à abattre) et s’immergent dans une certaine culture héroïsante du “combattant de la guerilla urbaine”. (d’autres exemples de cette culture de héros dans nos mouvements peuvent inclure le “super-squatter Do It Yourself” ou le “théoricien intransigeant”). Ils apprennent ces rôles sociaux d’autonomes et d’anarchistes plus âgés, qui ont parfois une vision plus critique de l’utilisation de ces façades identitaires, mais qui rendent rarement ces critiques explicites ou visibles.

Les jeunes gars auront peut-être plus tendance à étreindre sans critique des processus de “compétition militante/guérrière” récompensé par un statut social dans le mouvement. Je suspecte que ce soit, tout comme c’est le cas pour d’autre système patriarcaux de valorisation, parce que c’est plus aisé pour eux d’en tirer profit. La promotion des tactiques de violence politique met en jeu, parfois à l’extrême, des comportements qui se nourrissent et entretiennent des conditionnements de genre et de pouvoir, et nous confronte, il faut bien l’avouer, au risque constant de créer nos propres monstruosités !(…) »
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« (…) Il n’est pas tout à fait vrai que le “black bloc” fonctionne seulement en “groupes fermés et paranoïaques”. Peut-être était-ce plus le cas à Strasbourg où la structuration en groupes affinitaires était plus marquée, que durant des mouvements sociaux et “émeutes spontanées” de ces dernières années, où il a pu être parfois relativement aisé de se rencontrer dans le feu de l’action et d’agir ensemble. Mais même dans le black bloc à Strasbourg, je sais que des personnes qui ne se connaissaient pas se sont retrouvées à agir ensemble spontanément sur telle ou telle action, comme l’a illustré notamment la manif du jeudi avec les gens du quartier d’à coté. La paranoïa et les groupes fermés existent, mais ils existent aussi du fait de menaces réelles de répression policière, d’infiltration ou d’arrestations, en ce qui concerne certains types d’actions tout au moins. Ce qui ne devrait pas empêcher de chercher activement à maintenir des espaces et formes de luttes beaucoup plus accessibles. Néanmoins, toute tentative d’être plus ouvert et franc, de soulever des questions et réflexions sur des sujets dont nous ne parlons habituellement pas doit tenir compte de ce contexte. Tout comme ton texte et le mien doivent être écrit anonymement !

Il est difficile de trouver un espace de débat critique où nous ne prenons pas le risque de créer des divisions et des impressions de dissociation, ou de révéler des points faibles ou d’autres informations qui pourraient être utiles à nos ennemis. Les critiques en général, surtout les auto-critiques sur notre rapport à la “violence” sont particulièrement dures à entendre. Elle s’inscrive dans un moment historique où la parole qui prime est une condamnation forte de tous moyens considérés comme “violents” de se confronter à l’État et à la violence économique. On nous répète que c’est une impasse, que c’est contradictoire, que cela va juste attirer la répression… A un moment où l’État essaie de définir toute action qui pourrait fragiliser les tenants du pouvoir, comme “terroriste”, et à créer une ligne de fracture nette entre les militants pacifiques acceptables et les “hooligans déchaînés”, les “sauvageons des banlieues” ou les “anarcho-autonomes”, il y a un enjeu crucial à maintenir des options ouvertes et une diversité d’outils de lutte, et à ne pas se retrouver totalement désarmés. C’est alors logique que nous nous focalisions sur la nécessité de défendre la possibilité d’utiliser des tactiques violentes quant cela est nécessaire. Au vu des attaques auxquelles nous devons faire face de toute part, il est assez logique que nous soyons réticents à y ajouter de nouveaux doutes. Pourtant on peut aussi espérer que la formulation, depuis notre position au sein du mouvement de critiques « bienveillantes », puissent aussi rapprocher des personnes souvent maintenue à distance par l’impression d’avoir à faire face à un rempart idéologique.

Dans cette atmosphère tendue de paranoïa parfois justifiée, nous ne devons pas accepter de nous enfermer dans des cases. Il n’y a que très peu de moment de réunions ou d’assemblées dans nos cercles où nous n’ayons pas des parti pris figés, où nous nous sentions libres de discuter les réflexions et relations complexes que nous entretenons à nos manières d’agir et la manière dont cela affecte les autres, où nous puissions exprimer la passion et l’emportement aussi bien que les doutes et les sentiments de futilité qui surgissent parfois. Nous sommes prompts à condamner et à mettre des étiquettes dans notre quête assoiffée d’identité et de force, et dans ce contexte beaucoup d’entre nous sont très prudents quand à ce qu’ils expriment, parce que nous croyons dans la confrontation, parce que nous voulons participer à la guerre sociale et parce que nous ne voulons pas nous voir marginalisé de ce “milieu”, où la mise en avant de doutes peut rapidement valoir d’être perçu comme un « pacifiste” ou un “traître”.

Mais la surenchère radicale peut aussi s’avérer finalement assez contre-productive si il s’agit de dépasser nos peurs à plus long terme. Un pourcentage élevé de personnes disparaissent tranquillement de nos mouvements partout en Europe : trop de gens sont vidés où lâchent, quelquefois dès la première rencontre réelle avec la peur ou la répression. C’est ce qui peut en fin de compte arriver quand nous poussons notre rhétorique au-delà de ce que nous nous sommes donné les moyens d’assumer dans nos actions, quand nous censurons nos peurs plutôt que de les dépasser. Tant et si bien que l’on continue à évoquer des plans, mais qu’il y a parfois mystérieusement de moins en moins de personnes pour les mettre en oeuvre le moment venu.

Transformer la rhétorique sur la nécessité d’intensifier ”la guerre civile mondiale” en action concrète signifie plus que de recréer momentanément les images des parties glorieuses et excitantes de la guerre, comme le fait n’importe quel film hollywoodien. La lucidité stratégique exige que nous ne cristallisions pas seulement nos luttes à travers leurs points d’orgue spectaculaires mais que nous nous penchions aussi sur la complexité des étapes, des hésitations, des préalables et des rencontres qui permettent l’existence de ces résistances et leur donne sens. Sans nier la réalité de la guerre sociale, nous ne pouvons oblitérer le fait qu’un certain accroissement de sa violence ne porte pas seulement des germes d’intensité émancipatrice. Elle pousse généralement aussi, dans chaque camp, à s’enfermer dans des logiques de vengeance stérile, à pas mal d’ennui, de stupidité, à une tendance à la cruauté arbitraire, ainsi qu’à des confrontations souvent douloureuse à la peur et à la mort… Ces “évidences” n’apparaissent pas plus émancipatrices qu’attirantes et nous ne devrions ni les glorifier ni les passer sous silence.

On peut sans doute vite se paralyser dans l’auto-critique, à attendre trop de cohérence dans nos gestes, plutôt que d’arriver aussi à saisir là où ils peuvent faire levier. D’autant plus que nous sommes nés dans un environnement individualiste avec un rapport déjà ténu à l’engagement collectif et à la foi dans la possibilité d’un processus révolutionnaire, dans la possibilités d’autres formes d’organisation sociale. Mais si nous arrivons, depuis notre position et sa fragilité post-moderne, à reconstruire néanmoins de l’implication têtue et de la force sans retomber dans les pièges idéologiques et religieux des mouvements révolutionnaires du passé, il se peut que nous trouvions, sur cette lige de crête, les moyens de nous tenir dans la durée et d’éviter certaines des désillusions, déprimes, désertions et retournements de veste qu’ont connu massivement les générations qui nous ont précédées. (…) »

# Annexe…

Voici un communiqué de “quelques “casseurs” d’un groupe affinitaire parmi les black blocs” publié le 8 avril 2009 sur Indymedia avec un “florilège de citations bien pensantes”. Ils nous semblait intéressant de le proposer en complément des textes précédents. Il est aussi disponible en brochure sur infokiosques.net à l’adresse suivante http://infokiosques.net/spip.php?ar
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OTAN en emportent les black blocs…

Notes sur la journée strasbourgeoise du 4 avril 2009

« L’insurrection désoriente les partis politiques. Leur doctrine, en effet, a toujours affirmé l’inefficacité de toute épreuve de force et leur existence même est une constante condamnation de toute insurrection »

Frantz Fanon, Les damnés de la terre, 1961.

1

Ce qui s’est passé à Strasbourg était relativement prévisible, et relativement inévitable. Pourtant, comme après chaque contre-sommet qui donne lieu à de belles émeutes, de gauche à droite on hurle au scandale, on accuse les uns et les autres d’avoir laissé faire les émeutier-e-s, de les avoir incité-e-s, ou, encore plus fort, d’avoir machiavéliquement organisé tout ça, dans l’ombre.

Tous les partis politiques, y compris à l’extrême-gauche, se font les porte-voix de discours sécuritaires tous plus puants les uns que les autres, déplorant explicitement ou implicitement l’impuissance policière face aux actes émeutiers (voir plus bas, le florilège de citations bien pensantes).

Au final, c’est toujours le même cinéma, avec dans le fond une idée commune à l’UMP et au Parti Socialiste, d’Attac jusqu’au Front National : il est impossible que des gens soient révoltés au point de se lancer d’eux-mêmes dans des pratiques émeutières. Il faut forcément, pour cela, que ces gens soient d’une manière ou d’une autre manipulés.

2

Comme cela a pu être fait en juillet 2001 suite aux grandes émeutes de Gênes lors du sommet du G8, nous le répétons : nous n’avons besoin de personne pour nous révolter et pour lutter. Ce samedi 4 avril 2009, à Strasbourg, si nous avons cassé des vitrines ou mis le feu à des bâtiments qui sont au service de l’État et du capitalisme (douane, banques, station essence, office de tourisme, hôtel Ibis, etc.), si nous avons saccagé des caméras de vidéo-surveillance et des panneaux publicitaires, si nous nous sommes attaqué-e-s à la police, ce n’est pas parce qu’une organisation occulte nous y a poussé, mais parce que nous l’avons choisi délibérément.

3

Si nous avons eu autant de facilité à agir, c’est que nous étions plusieurs centaines à le faire, peut-être même plusieurs milliers (les fameux black blocs internationaux !).

C’est aussi parce que les flics ne sont pas totalement des robots. Ce sont des humains, eux aussi peuvent ressentir la peur, par exemple.

Et dans une « démocratie », aussi sarkozyste soit-elle, ça ferait mauvais genre de tuer des manifestant-e-s. Parce qu’une des possibilités pour la police de faire taire les émeutes plus rapidement aurait été de tirer à vue. Et autre chose que des gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes et des tirs de flash-ball… Le 8 avril 2009, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a déclaré que « la priorité du gouvernement était qu’il n’y ait pas de mort ». Parce que leur « démocratie » ne se sent pas encore trop en danger.

4

Si nous n’avons pas pu agir ailleurs que dans les quartiers pauvres du port autonome de Strasbourg, c’est parce que nous n’avons eu ni la force ni la finesse de parvenir jusqu’au centre-ville. La police et l’armée ont protégé la fameuse « zone rouge », autrement dit le centre-ville et les quartiers bourgeois de Strasbourg. Mais personne n’est dupe : nous aurions été bien plus redoutables dans ces quartiers riches…

Par ailleurs, personne n’est dupe non plus sur le fait que seuls des bâtiments institutionnels ou commerciaux ont été attaqués. Les biens de la population locale n’ont pas été touchés.

Nous luttons contre le pouvoir, pas contre celles et ceux qui le subissent.

5

Le discours médiatico-politicien cherche à donner une image de « casseurs nihilistes et sanguinaires » aux black blocs. Pourtant, les pratiques des black blocs ne se limitent pas à des actes de destruction (tout comme nos existences ne se limitent pas aux black blocs, qui ne sont que des modes ponctuels et contextuels de manifestation). Les black blocs pratiquent l’entraide et la complicité avec tou-te-s les manifestant-e-s, dans l’affrontement, l’auto-défense et la fuite face à l’ennemi policier.

Dans l’émeute, se créé une solidarité spontanée et anonyme, authentique au sens où chaque geste n’attend rien en retour.

Il y a là deux mondes qui s’opposent dans leurs démarches mêmes : d’un côté, des manifestant-e-s déterminé-e-s qui sont là pour leurs convictions, leurs désirs, leur rage de vivre, gratuitement et pleinement. De l’autre côté, des flics assermentés qui sont là par contrainte et obéissance, pour l’ordre et pour l’argent, ils sont payés pour réprimer et doivent réfléchir le moins possible à ce qu’ils font (le risque de démission serait trop important).

6

Ce qui se discutait lors du sommet de l’OTAN à Strasbourg nous concerne tou-te-s. Les guerres post-colonialistes menées par les puissances occidentales nous font gerber et la guerre aux « ennemis intérieurs » nous révulse également. Contrôle des populations, gestion des flux migratoires, renforcement des polices, perfectionnement du renseignement et du fichage, c’est contre tout cela que nous nous sommes soulevé-e-s.

7

L’enjeu principal, pour le pouvoir, est de continuer à imposer à tou-te-s la démocratie capitaliste comme unique organisation sociale possible. Et malgré les vies de merde qui sont les nôtres, malgré l’aspect chancelant du capitalisme ces derniers temps, force est de constater que les perspectives révolutionnaires semblent tellement lointaines qu’on ne les imagine qu’avec difficulté. Pourtant, la résignation profondément contre-révolutionnaire de notre époque n’est pas une fatalité. C’est un bel enjeu que celui de réussir à s’émanciper du capitalisme, par la lutte et l’entraide. Et de fait, cette émancipation ne peut co-exister avec le pouvoir capitaliste et étatique.

8

Sachant qu’un autre monde ne peut être possible sans l’anéantissement de la démocratie capitaliste mondialisée, sachant que « toutes les classes dominantes ont toujours défendu leurs privilèges jusqu’au bout avec l’énergie la plus acharnée » (Rosa Luxembourg, Que veut Spartacus ?, 1918), semer le chaos et la destruction (pour reprendre les termes spectaculaires des médias) au sein de ce monde d’oppression et de contrôle social ne nous pose pas de problème. Cela nous semble même insuffisant.

Toute possibilité de transformation révolutionnaire de ce monde ne peut avoir lieu sans rapport de force tangible. C’est aux dominé-e-s de poser de nouvelles bases de vie sociale, sans attendre l’assentiment des dominant-e-s.

9

Ces dernières années ont été traversées par des soulèvements qui inquiètent le pouvoir : émeutes des quartiers pauvres en novembre 2005, mouvement anti-CPE au printemps 2006, émeutes anti-Sarko lors des élections présidentielles de 2007, mouvements étudiants et lycéens de 2007-2008, et dernièrement la quasi insurrection grecque.

Pour ces mouvements comme pour les black blocs qui ont agi à Strasbourg, les médias focalisent sur la jeunesse de ces mouvements, comme pour enfermer la révolte dans un phénomène générationnel (avec toutes les remarques condescendantes qui vont avec : « vous verrez, dans dix ans, vous aurez oublié tout ça et vous serez résigné-e-s comme tout le monde »).

Nous pensons qu’il y a là un danger à dépasser absolument. Une insurrection ne peut être uniquement le fait de la jeunesse (une révolution encore moins) mais, comme la lutte des classes, elle doit être traversée et vécue par tou-te-s, au-delà des différences d’âge, de couleur de peau, de genre, de corporation, etc. Avec une conscience pleine des dominations et des exploitations.

10

Si nous sommes parti-e-s du constat que pour renverser le pouvoir, il ne sert pas à grand chose de se contenter de manifester calmement, aussi nombreux soit-on, même à plusieurs millions de personnes, nous sommes également conscient-e-s que s’attaquer à la police et vandaliser des propriétés de l’État et/ou du capital à quelques milliers ne suffit pas non plus.

A quelques millions, ça aurait déjà plus de gueule. Toutes les technologies de contrôle et de répression pourraient s’avérer insuffisantes à maintenir la colère généralisée.

Mettons en place et répandons des pratiques communes de résistance, des solidarités concrètes, des moyens de lutte hors la loi et des perspectives révolutionnaires… Tout un programme pour en finir avec le vieux monde et ses technologies d’un futur déjà bien moisi !

Quelque part en fRance, le 8 avril 2009, quelques « casseurs » d’un groupe affinitaire actif parmi les black blocs du 4 avril 2009 à Strasbourg

# Florilège de citations bien pensantes…

« Ils viennent exclusivement pour casser et sont au stade ultime de la bêtise (…). Ils n’ont pas d’autre idéologie que la violence. Ceux sont des voyous qui auraient même pu devenir des criminels quand on voit certaines images. »

Robert Herrmann, premier adjoint au maire (PS) de Strasbourg, cité par Philippe Wendling dans un article de 20 Minutes, 3 avril 2009.

« Mais surtout, j’ai de la colère, parce que des gens qui seront présentés comme des militants anti-OTAN alors qu’ils ne méritent que le nom d’imbéciles, ont commis des actes très graves qui méritent une condamnation claire et sans ambiguïté. Ces gens ne sont pas des nôtres, ce ne sont pas des militants pacifistes et nous refusons que leurs actes soient rapprochés d’une manière ou d’une autre de la manifestation pour la paix à laquelle les communistes ont participé. »

Marie-George Buffet, communiqué du Parti Communiste Français, 4 avril 2009

« Le PCF du Bas-Rhin condamne avec la plus grande fermeté les violences gratuites des groupes venus au nom de prétextes fallacieux pour casser. Ces gens là n’ont rien à voir avec les mouvements démocratiques qui organisaient le Contre-sommet de l’OTAN. Ces groupes font le jeu des Sarkozy, Merkel, Berlusconi, Brown etc… qui dominent l’Europe et qui l’ont conduite dans l’ornière de la crise économique et sociale d’aujourd’hui… »

Communiqué de la fédération du Bas-Rhin du Parti Communiste Français, 4 avril 2009

« L’objectif du gouvernement était clair, faire passer pour des casseurs tous ceux et celles qui souhaitaient manifester leur opposition à l’OTAN. »

Communiqué du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), 4 avril 2009

« On voit bien aujourd’hui de quel côté se situent l’extrémisme et la violence : à gauche ! Le Front National dénonce le saccage de Strasbourg par des bandes de voyous venus principalement d’Allemagne. »

Bruno Gollnisch, vice-président exécutif du Front National, 4 avril 2009

« Avant même le début de la manifestation, et pendant de longs moments, des casseurs venus de toute l’Europe se sont livré à des actes criminels dont les premières victimes sont les habitants du quartier du port du Rhin. Ces actes intolérables ont durement touché des strasbourgeois parmi les plus modestes, et contribué à empêcher l’expression pacifique de nombreux européens à la politique de l’OTAN.

Poste de douane, pharmacie, hôtel ont été incendiés, une Église investie, le mobilier urbain complètement saccagé, et l’école du quartier elle même n’a pu être préservée que par la mobilisation spontanée des habitants du quartier.

Nous condamnons ces actes sans ambiguïté. Leurs auteurs méritent d’être poursuivis et jugés conformément à la Loi.

Ces événements tragiques ont pu se produire en dépit de l’important déploiement policier et nous ne pouvons pas ne pas nous interroger sur la responsabilité de l’État et la stratégie qui a été la sienne durant ces heures éprouvantes. »

Communiqué du Groupe des élu-e-s Verts de Strasbourg, 5 avril 2009

« L’UNSA-POLICE – Le Syndicat Unique condamne les émeutes d’une rare violence commises par des groupes de casseurs en marge de la manifestation organisée à Strasbourg à l’occasion du sommet de l’OTAN (…).

L’UNSA-POLICE – Le Syndicat Unique rappelle la difficulté d’exercer le métier de policier dans un climat de plus en plus tendu et une nouvelle fois réclame l’abandon des suppressions d’effectifs prévues jusqu’en 2012.

L’UNSA-POLICE – Le Syndicat Unique apporte son soutien aux agents blessés et félicite l’ensemble des policiers pour l’exemplarité de leur conduite et du professionnalisme dont ils ont fait preuve. ».

Communiqué de l’UNSA-Police, 5 avril 2009

« Les élus du Mouvement populaire ne peuvent comprendre que des responsables politiques participent à l’incitation à la violence à des fins politiciennes. Inciter à la révolte ou à la rébellion, ne peut constituer un programme politique crédible et n’est pas digne des grands partis républicains.

L’UMP veut par ailleurs rendre hommage au professionnalisme des forces de l’ordre qui font un travail remarquable et ne doivent pas être la cible de quelques délinquants.

Il faut donc adopter la plus grande fermeté avec ces individus, comme avec les casseurs qui cherchent coûte que coûte à troubler l’ordre public. »

Eric Ciotti (UMP), Secrétaire national à la sécurité, 6 avril 2009

« Ce que je souhaite, c’est que les casseurs soient punis avec une extrême sévérité. »

Nicolas Sarkozy, président de la République, cité par Arnaud Leparmentier dans un article du Monde, 6 avril 2009.

« Tous les partis politiques condamnent cette violence, ces casseurs, ces voyous. »

Bernard Accoyer (UMP), président de l’Assemblée Nationale, cité par Arnaud Leparmentier dans un article du Monde, 6 avril 2009.

« Des groupes ultraminoritaires et ultraviolents qu’il faut sanctionner sans aucune faiblesse ».

Laurent Fabius (PS), cité par Arnaud Leparmentier dans un article du Monde, 6 avril 2009.

« Le pouvoir instrumentalise les violences qu’il a lui-même orchestrées pour tenter d’occulter le caractère massif de la protestation contre le sommet de l’OTAN qu’il n’a pu qu’entraver mais pas empêcher. »

Communiqué du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), 6 avril 2009

« Des grenades lacrymogènes ont été tirées pendant les prises de parole sans la moindre justification, contraignant la manifestation à se former dans la confusion et l’urgence, permettant à des groupes violents de s’infiltrer dans le cortège ;

Ces éléments violents ont pu passer les frontières alors que le dispositif Schengen avait été levé (…)

Les forces de l’ordre ont laissé ces mêmes éléments violents, au demeurant peu nombreux, (dont le Ministère de l’Intérieur se targue pourtant de connaître les identités) détruire l’ancien poste de douane sans intervenir (…) ; comment interpréter les autres destructions que les forces de l’ordre, pourtant en surnombre dans Strasbourg, n’ont pas su ( ?) empêcher ? Incompétence ou volonté de laisser faire ?

Les forces de l’ordre, comme c’est leur mission lors d’une manifestation autorisée, n’ont pas assuré la sécurité des manifestants, mais l’ont, au contraire délibérément compromise en laissant les éléments violents agir à leur guise »

Communiqué d’Attac France, Attac Strasbourg et Attac Vosges du Nord, 6 avril 2009

« le dispositif policier était au point, de l’aveu même d’Alliot-Marie, et le maire de Strasbourg, qui adopte une posture de dénonciation, était dans la confidence depuis le début, il s’agit donc purement et simplement d’une combinaison cynique dont les habitants d’un quartier défavorisé, plus faciles à punir et à surveiller que les flux de capitaux, ont fait les frais ».

Communiqué de la Fédération Anarchiste, 6 avril 2009

« La lumière doit être faite sur les raisons qui expliquent que les casseurs ont pu avoir le terrain libre pendant près d’une heure, leur permettant d’incendier le bâtiment des douanes, un bâtiment abritant une pharmacie et l’office de tourisme et l’hôtel Ibis. »

Roland Ries, maire (PS) de Strasbourg, cité dans un article de nouvelobs.com, 7 avril 2009

Ce texte et les réponses qui suivent sont écrits au “je”, comme si ils reflétaient les pensées d’une personne et les réponses d’une série d’autres. En fait ces personnes n’existent pas. Chacun de ces textes contiennent des voix diverses qui ont fusionné. Le premier provient de discussions qui se sont déroulées après les actions contre l’OTAN à Strasbourg en 2009, et d’extraits d’écrits de différentes personnes à différents moments. Les réponses sont compilées à partir de discussions et de correspondances avec des personnes qui avaient lu le premier texte.

Ces textes ont été publié sur Indymedia en Juillet 2009
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede JPD » 12 Nov 2009, 12:04

Pardon de squatter ce forum (l'autre étant en passe) pour un rapport sur la solidarité poitiers
merci donc à tous et toutes ainsi qu'au forum anarchiste

la "collecte" continue (chèques à Acratie) merci

JPD



BILAN CAISSE DE SOLIDARITE DU COMITE POITEVIN CONTRE LA REPRESSION
DES MOUVEMENTS SOCIAUX. (11.10.09)

Recettes
Anti rep Rennes/Tours 270,00
Un militant PC (au nom du PC Poitiers ? Je ne sais pas) 50,00
Un militant Vert (au nom des Verts ? je ne sais pas) 40,00
Bénéfice soirée de soutien 1586,26
Forum anarchiste ( 215,00
CGT Impôts Poitiers 100,00
1 militant Poitiers 20,00
1 militant Poitiers 20,00
1 militant Poitiers 100,00
OCL Poitou 100,00
Un squatt solidaire Nantes 175,00
1 militant La Roche 20,00
1militant Poitiers 15,00
1 militant Poitiers 30,00
OCL + Mouette enragée Boulogne sur Mer 25,00
Alternatifs Poitiers 50,00
Interco CNT 51 200,00
OCL Reims 100,00
Repas solidarité Marseille 60,00

TOTAL 3176,26

Dépenses
Ronan 200,00
Groupe K’Bine 250,00
Compagne Patrick 200,00

Reste en caisse : 2526,26

Qui sont répartis comme suit :
Jean-François : 1456,26
Compte Acratie : 1070,00

250 euros seront versés à l’autre groupe de musique lors de son passage à Bressuire.
Du fric sera versé aux condamnés au printemps / hiver dernier (à voir avec elle et eux)
Certains ont avancé du fric pour l’organisation des débats au 23 et qui a très peu rapporté (pour cause…), il faudra participer.
Pour le reste on attend les frais d’avocats (qui semblent élevés, trop élevés à notre goût), les acceptations de l’aide judiciaire, les appels etc.

Remarque :
• évidemment les bénéfices de la soirée de soutien l’on été en grande partie en liquide, il est donc impossible de détailler. Le reste sur Acratie a été en grande partie des chèques.
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede Pïérô » 12 Nov 2009, 20:08

Je trouve que c'est bien de faire justement un compte rendu de ce type, qui montre comment le soutien est utilisé et combien il est important de récolter du fric.

Petit rappel donc :
Apportez un soutien financier : chèques à l'ordre d'ACRATIE – à envoyer à ACRATIE, 86310 La Bussière (avec la mention « Solidarité Poitiers » au dos).


Le 18 nov appel à manifester à 18h à Poitiers, et à Tours aussi :

Patrick, le tourangeau emprisonné à Poitiers, passe en appel au tribunal le jeudi 19 Novembre 2009.
Malgré 2 demandes de libération provisoire, il a été maintenu en détention pour des faits dérisoires.

Les organisations SUD Solidaires, le Collectif départemental de soutien aux sans-papiers, NPA, Alternative Libertaire et les Amis de Demain Le Grand Soir appellent à un nouveau rassemblement le mercredi 18 Novembre à 18h Place Jean Jaurès à Tours ( un rassemblement de soutien sera organisé à la même heure à Poitiers ).

Elles proposent aux tourangelles et tourangeaux qui le peuvent de participer au Procès en appel qui se tiendra le jeudi 19 Novembre à 16h30 à Poitiers.
Un rendez-vous pour départ en covoiturage est prévu le 19 novembre à 14h30 Place de la Liberté, m'envoyer un MP pour réservation
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede JPD » 12 Nov 2009, 21:30

appel relayé sur la liste du comité anti remp de Poitiers. L'OCL s'associe à cet appel
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede Pïérô » 15 Nov 2009, 17:07

il y a relance du débat ? sur le site de l'OCL relevé en commentaires, http://oclibertaire.free.fr/spip.php?ar ... 9#forum502, une question :

QUELLE ACTION GLOBALE ET GENERALE EST SUSCEPTIBLE DE BLOQUER LES FLUX TOUT EN EVITANT FLASHBALL ET MEDIAGOCHE ?

L’évènement de POITIERS intervient dans un contexte social et politique hyper-tendu.

On y a vu plusieurs phénomènes :

un collectif contre la prison de VIvonne

l’éventail : débat, manif, concert

des coucous

une arrestation de masse ( comment appeler autrement ce qui s’est produit au 23 en soirée ?)

Les médias et en particulier LE MONDE

Des invectives sur internet

Poitiers ne fut pas un échec. Ce fut la révélation des nouvelles ruses d’une police politique décidément très impliquée.

Celle-ci comprend deux tentacules majeures : FLASHBALL ou tout ce qui relève de HEURTEFEUX et MEDIAGOCHE ou tout ce qui relève de l’illusion et de la manipulation de masse.

Apres quelques débats sereins sur des forums pas trop trollés, voici la question à laquelle nous convie la situation :

QUELLE ACTION GLOBALE ET GENERALE EST SUSCEPTIBLE DE BLOQUER LES FLUX TOUT EN EVITANT FLASHBALL ET MEDIAGOCHE ?

Groupes de tous les pays, REPONDEZ A CETTE QUESTION !

Vos divergences de praxis seront alors secondaires.


:gratte:
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede berneri » 15 Nov 2009, 19:52

" ga bu zo meu" aurait dit un shadock : propos abscon et hermetique destiné à un public averti ... ça fait genre langage codé de scouts .............. je note qu' au passage on tient le langage infantile de "l'empire du mal contre les gentils " et on élude la pratique autoritaire des "coucous"...
je vous laisse choisir l'illustration:
http://web.univ-pau.fr/~puiseux/enseign ... index.html

:gratte:
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Re: Journée anticarcerale le 10 Octobre a Poitiers

Messagede Pïérô » 16 Nov 2009, 13:48

Le " Comité Poitevin contre la Répression des Mouvements Sociaux" communique :

Suite aux événements du 10 octobre survenus à Poitiers, Patrick Dubreucq a été incarcéré à la prison de Vivonne. Jugé coupable d’avoir lancé une pile en direction des forces de l’ordre, il a été condamné à huit mois de prison, dont quatre mois ferme. Parce qu’il vit de minima sociaux, la justice n’a pas considéré qu’il présentait les garanties nécessaires à sa remise en liberté. Son procès en appel aura lieu le jeudi 19 novembre à 16 h 30 au palais de justice de Poitiers.

Le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, composé d’individus soutenus par des associations, des syndicats et des partis politiques (Alternatifs Poitiers, les Verts-Vienne, le Nouveau parti anticapitaliste, l’Organisation communiste libertaire, le Parti de gauche 86, la section de Poitiers du Parti communiste français, SUD Education 86 et SUD Etudiants Poitiers), ainsi que le Collectif Justice pour tous appellent à deux nouveaux rassemblements :

le 18 novembre à 18 heures devant le palais de justice de Poitiers, pour exiger l’acquittement de Patrick ;

le 19 novembre, toujours au palais de justice, pour lui témoigner notre soutien lors de ce nouveau procès.


A Tours, les organisations SUD Solidaires, le Collectif départemental de soutien aux sans-papiers, le NPA, Alternative libertaire et les Amis de Demain le grand soir appellent également à un rassemblement mercredi 18 novembre, à 18 heures, place Jean-Jaurès. Elles proposent aux Tourangeaux qui le peuvent de participer au rassemblement et au procès en appel le lendemain à Poitiers en organisant un covoiturage.

Le procès en appel de Samuel Bastard et de Jean-Salvy Compte - qui, comme Patrick Dubreucq, avaient été écroués après leur procès le 12 octobre dernier - devait se dérouler le 10 décembre prochain ; il a été reporté au 14 janvier 2010. Comme Patrick Dubreucq, ces deux étudiants sont des boucs émissaires ; ils ont été condamnés à six mois de prison, dont un ferme, mais, contrairement à Patrick, Samuel et Jean-Salvy ont été remis en liberté le 23 octobre. Trois autres personnes (Charles, Léo et Candice), condamnées à de lourdes peines de prison avec sursis pour des faits aussi dérisoires que les trois précédemment citées, passeront en appel ce même 14 janvier.

Enfin, le 5 janvier 2010 aura lieu le procès d’une mineure, et, le 23 février, celui de Sarah et d’Angel pour refus de prélèvement d’ADN. Quant aux trois personnes qui ont été arrêtées le 17 octobre, on ignore toujours le sort qui leur est réservé.

Pour la justice, contre la répression, continuons la mobilisation !
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