S'organiser contre la répression

Re: S'organiser contre la répression

Messagede Pïérô » 11 Juil 2009, 14:47

Moi j'appelle çà la logique du casse pipe. Une logique qui pousse souvent à des actions inconséquentes et fait que les individus se retrouvent bien souvent isolés face à la répression. Et si celà fait des "martyrs", celà fait aussi des personnes cassées qui arrêterons quelquefois de militer, et celà ne sert pas toujours notre cause. La repression ne touche pas que des révolutionnaires ou des anarchistes, la question de front de solidarité dans ce domaine me paraît nécessaire, comme pour la dénonciation d'un Etat de plus en plus policier. En ce sens l'expérience de Saint Nazaire peut apporter des éléments concrèts en terme de réponse.
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Re: S'organiser contre la répression

Messagede Raphael » 11 Juil 2009, 17:56

Tu parles de qui en prononçant l'anathème "martyr", s'il te plait ? Vas-y, fais toi plaisir, sort tous les noms que tu peux pas saquer...

De ce que j'ai vécu jusqu'ici (peu, j'en conviens), les personnes que j'ai pu croiser et qui ont arrêté de lutter sont ceux qui se sont jetés dans la vague du mouvement social et dans son tourbillon de confusion, puis qui ont intégré une école de commerce quand cela se terminait, ou qui ont pris leur carte au PS ou tout autre appendice de la paix sociale et de l'arrivisme. Mais toutes les personnes qui, s'engageant dans une lutte sans merci, ont eu affaire à la répression, je n'en connais pas une qui ait renié ses engagements précédents, ceux pour lesquels elles étaient tombées.
Alors assez de paternalisme sur les "actions suicides", sur "les p'tits totoïdes" qui comprendront dans cinq ou dix ans..Depuis quand la cohérence, la radicalité et la claire responsabilité de ce que l'on fait amène à de l'inconséquence ?
Effectivement, la répression ne touchant pas que les anarchistes, cela ne fait pas des milliers de gens à aller draguer pour les amener sur nos positions, cela fait que les anarchistes ne devraient pas attendre tel ou tel fait de répression particulière pour s'organiser afin de pouvoir renvoyer un peu de violence, et former des caisses utilisables à long terme pour parer à ça. Mais d'expérience, j'ai connu trop de ce genre de collectif anti-répression prendre la forme de véritables mouroirs de la révolte, à force de diverses concessions et sabotage de toute initiative.
On sort les copains de taules et on se calme ? On dénonce l'Etat de plus en plus policier, pour un Etat un peu moins policier ? Laisse moi rire franchement !
Raphael
 

Re: S'organiser contre la répression

Messagede Johan » 12 Juil 2009, 15:59

"Anarchiste" pour les anti-anarchiste,
"marxiste-léniniste" pour les anti-marxiste-léniniste,
... ou le Secours Rouge face à ses critiques


Historiquement créé pour le soutien aux prisonniers des CCC, l’APAPC (Association des Parents et amis des Prisonniers Communistes) s’est muée en Secours Rouge pour étendre son soutien à d’autres militants attaqués par la justice de classe pour leur engagement anti-fasciste, anti-impérialiste, ou anticapitaliste, — et cela dans le cadre d’une projet de construction d’un Secours Rouge International.
Le Secours Rouge a ainsi soutenu les syndicalistes de Clabecq, les militants révolutionnaires de Turquie et de Palestine, les dockers réprimés pour leur lutte contre Bolkenstein, le communiste libanais Georges Ibrahim Abdallah, les militants de Tarnac, le prisonnier vert-anarchiste Marco Camenisch, les inculpés du 12 février 2007 en Italie, et bien d’autres.
Le SR réunit des militants qui voient dans la justice de classe un instrument au service de l’exploitation et de l’injustice, et qui ont décidé de mettre de côté leurs divergences politiques et idéologiques dans le cadre d’une lutte anti-répression fondée sur les principes exposés dans la plate-forme du SR.
Le SR n’entend pas juger les moyens, les tactiques ou les stratégies utilisés par les camarades qu’il soutient, dès le moment où il reconnaît en eux des militants ayant lutté contre l’injustice et l’exploitation et réprimés pour leur lutte.

De la même manière, le SR n’entend pas juger les choix de ses membres dans les combats qu’ils mènent en dehors ou parallèlement à leur engagement dans le SR, tant que ces combats participent d’une démarche anti-capitaliste, anti-fasciste, anti-impérialiste, anti-raciste, anti-patriarcale.
Deux hypothèses extrêmes aideront à nous faire comprendre.
Le SR est une organisation révolutionnaire, cela signifie que nous refusons de travailler avec des membres de l’appareil de domination, et notamment des parlementaires, etc. Nous ne les invitons pas à nos activités, nous ne leur donnons pas la parole, etc. Mais si un de ses membres milite par ailleurs dans un parti ayant ou voulant avoir des élus, cet engagement ne sera pas le problème du SR.
Le SR est une organisation légale, mais si un de ses membres s’engage (en prenant soin de ne pas impliquer le SR) dans une organisation de lutte armée révolutionnaire, le SR n’a pas à se prononcer sur cet engagement.
Dans tous les cas, le SR ne demande à ses membres que de respecter, dans le travail du SR, le cadre politique du SR défini dans sa plate-forme. Le SR n’est pas un parti (ni la façade ou le satellite d’un parti) qui demanderait des comptes à ses membres sur leurs autres choix militants.

Le SR garde volontairement et ouvertement des caractères du mouvement communiste dont il est issu (ainsi une analyse de classe, marxiste, de la société) et auquel, dans cette mesure, il appartient, mais il n’est pas au service d’une ligne politique particulière.
Le cadre d’action du Secours Rouge est très simple ; il est exposé dans la plate-forme et porté par une pratique militante visible depuis des années. Malgré cela, il se heurte encore trop souvent à l’incompréhension, voire à la volonté de ne pas le comprendre.
Passons sur le PSL qui ne voit dans le SR que « les anciens CCC », passons sur le parquet fédéral qui voit dans le SR la couverture du « Parti Communiste Politico-Militaire », et penchons-nous quelques minutes sur deux documents récents attaquant le SR, documents également pitoyables et remarquablement symétriques : celui du journal Clarté et celui des anarchistes du journal Tout doit partir.

Le document du n°11 de Clarté, sobrement intitulé « Luttons classe contre classe, contre la social-démocratie, contre le démocratisme petit-bourgeois, contre l’idéologie anti-parti Pour l’unité idéologique Vive le marxisme-léninisme », fait suite à la scission survenue dans le Bloc ML précisément autour de la question du SR. La volonté d’une (courte) majorité dans le Bloc ML de ne pas respecter le cadre du SR, mais au contraire de l’instrumentaliser, de l’utiliser comme satellite et caisse de résonance, s’est heurtée à une résistance telle qu’elle a provoquée une scission dans le Bloc ML. Le document anarchiste intitulé au secours,… des rouges, publié dans le n°4 de Tout doit partir est une réflexion sur la mobilisation anti-répression à partir de l’affaire de Tarnac.

Pour le Clarté, le SR suit une ligne anarchiste et anti-parti. Pour Tout doit partir le SR suit une ligne marxiste-léniniste, simple reproduction de la ligne ML du temps de Staline.
Juxtaposer ces délires permet de prendre la mesure de leur imbécillité.
La symétrie de ces deux documents atteint en effet une sorte de perfection.

La base commune de ces deux textes est ce caractère sectaire qui se conforte dans les conflits passés. Il est évident que si on mettait en présence les rédacteurs de Clarté et ceux de Tout doit partir, ils nous rejoueraient les fusillades inter-révolutionnaires d’Ukraine, de Cronsdadt et d’Espagne, chacun accusant l’autre de « trahir la révolution » et de « faire le jeu de l’ennemi ». Nous connaissons ces discours. Les trois derniers paragraphes de la page 35 de Tout doit partir en offrent un exemple particulièrement malhonnête et nauséeux (communiste = fascisme), et certains d’entre nous ont gardé en mémoire la manière pénible dont des militants du Bloc ML ont voulu évangéliser les sans-partis du SR avec les vieilles antiennes sur "l’hitléro-trotskysme". Et naturellement, toutes ces vieilles messes stériles sont justifiées au nom de la «la mémoire historique » et « l’intégrité des principes révolutionnaires ».

Le but du SR n’est certainement pas de réconcilier marxisme-léninisme et anarchisme (ou trotskisme, etc.). Mais entre reconnaître les différences profondes entre ces deux projets révolutionnaires, et s’obstiner à ne voir dans l’autre que la copie conforme de ce qu’il était dans les années ’30, il y a une marge que les imbéciles des deux bords s’obstinent à escamoter.
Parce que ni les uns ni les autres ne font une démarche critique du passé de leur courant (Staline ou Makhno, à entendre les uns ou les autres, étant également sans peur ni reproche), ils ne conçoivent pas que, de l’autre côté, il se trouve des marxistes-léninistes et des anarchistes qui, dans le bilan des années ’30 des conflits entre anarchistes et communistes, ne pensent pas seulement en terme de "victoire" ou de "défaite", mais pensent aussi en terme de "gâchis".
Et si l’histoire ne se réécrit pas, si même les choses ne pouvaient se passer autrement qu’elles se sont passées, rien ne nous oblige à rejouer éternellement la même pièce.

Le fait que le SR s’inscrive dans la tradition du SRI n’autorise en rien à établir une égalité entre le SR des années ’30 et notre SR. Dans les années ’30, il existait un véritable Parti Communiste, qui organisait les secteurs avancés politisés et combatifs de la classe.
On peut penser ce que l’on veut de ce Parti, mais ce qui est sûr, c’est que rien de tel n’existe aujourd’hui. Il y a une multitude de groupes qui s’imaginent bien en embryon du futur Parti, mais rien d’équivalent à ce qu’était le PC des ’30. Clarté et Tout doit partir, dans un ensemble parfait, veulent ignorer cela. Le Bloc ML veut ignorer cela, qui prétendait (au nom de quelle réalité ?) établir avec le SR un rapport semblable à celui du PCB avec le SR des années ’30. Les anarchistes de Tout doit partir veulent ignorer cela, qui trouvent que "rien n’a changé" entre notre SR et le SR des années’30. A chaque fois le même déni de réalité, la même volonté de voir dans le SR autre chose que ce qu’il est.

Ce qu’est le Secours Rouge ? Le SR est la combinaison des principes de sa plate-forme, de l’identité de ses membres, de la réalité de sa pratique collective. C’est une organisation rigoureuse dans son projet et ses principes, mouvante et évolutive dans sa réalité collective.

Nous sommes une réalité. Cette réalité est le démenti vivant de leur sectarisme obtus. Là s’explique leur hostilité. Non seulement nous prétendons qu’il est possible de faire l’unité sur le front de la solidarité sans sacrifier nos identités révolutionnaires, mais nous faisons vivre pratiquement cette unité depuis des années. Et nous continuerons à suivre cette voie, à apporter notre solidarité pleine et entière aux camarades anarchistes, syndicalistes, trotskistes, antifascistes, ML, maoïstes, autonomes et autres confrontés à la répression de la bourgeoisie impérialiste, sans plus nous occuper de ceux pour qui notre existence même fait scandale.

Bruxelles, le 10 juillet 2009.
Le Secours Rouge/APAPC, en cela compris des militant(e)s communistes, des sympathisant(e)s anarchistes et communistes, des "sans-parti" progressistes et solidaires.
Johan
 

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