de conan » 21 Mai 2009, 03:18
Ouf, après un prolongement de la GAV, les compagnons sont libres tous les quatre depuis cet après-midi ! Ce soir petite fête !
C'était bien la BAC qui leur est tombé dessus. Apparemment ils étaient encore à planquer pour tenter de gauler des étudiants... Les copains et la copine ont été interrogés comme il faut, avec la pression habituelle. Ils n'ont pas de flag à proprement parler, mais les flics n'en resteront sans doute pas là... On attend les suites.
Un petit communiqué de la FA d'aujourd'hui :
Du flicage et de l’horreur publicitaire
Quatre personnes ont été interpellées dans la nuit du 18 au 19 mai, pour la présumée dégradation d’un panneau publicitaire. La pression policière ne cesse de se renforcer, depuis plusieurs mois, contre tout le milieu militant et particulièrement étudiant. Dans un contexte général de plus en plus gerbant de répression de toute forme de contestation. Quelle que soit par ailleurs l’implication réelle des quatre personnes interpellées dans les faits qui leur sont reprochés, il y a criminalisation du militantisme antipub. Cela mérite réponse immédiate.
La publicité n’est pas innocente, même lorsqu’elle est présentée sous la candide forme de « sucettes », mot infantilisant destiné à masquer l’horreur marchande. C’est une intoxication diffuse et insidieuse des esprits, une pollution visuelle et environnementale. Ce qu’impose et légitime la pub dans l’inconscient individuel et collectif, c’est la tolérance à la marchandisation de tout, à la société capitaliste dont elle est à la fois le symbole le plus flagrant, et l’aboutissement concret. Avec son cortège de fantasmes abrutissants, de corps réifiés, de gadgets idiots, de désirs frustrés, bref de déshumanisation. Reflet du miroir aux alouettes de la société spectaculaire et marchande, elle tente de nous imposer une certaine résignation au règne triomphant de la Chose, de l’inégalité sociale, du fric roi.
32 milliards d’euros… si les dépenses publicitaires en France atteignent onze fois le budget du ministère de la culture ( ! ), c’est que la pub, et bien ça marche. Pour pénétrer l’inconscient, elle recourt aux techniques les plus sophistiquées de manipulation, de conditionnement, de normalisation et de formatage mental, et se trouve à la pointe des connaissances psychologiques et sociologiques. Ce lobby du fric parmi d’autres fait pression sur la sphère politique pour obtenir toujours plus de nouveaux marchés, pour déréguler toujours plus l’espace public.
Savez-vous qu’Abribus est un concept déposé par Decaux ? Pour pénétrer dans les centres-villes jusque là interdits aux grands panneaux publicitaires, Decaux a en effet développé le « mobilier urbain », dont il est numéro un mondial, en prétendant rendre un service (protéger des gouttes de pluie, montrer un plan municipal…) contre la diffusion de sa bouillie visuelle bien juteuse. A Paris le vélib, qui est avant tout un gigantesque marché publicitaire empoché par Decaux, est un bon exemple de cette privatisation de plus de l’espace public en échange de la mise en place d’un service… qui n’a plus de public que le nom.
En ces temps de crise où pour beaucoup, le nécessaire vient à manquer, la laideur publicitaire qui s’étale sur le mobilier urbain est une véritable indécence. Et elle le sait, elle qui dans 40% des panneaux est illégale… en recourant à du verre sécurit pour se protéger d’office contre de bien compréhensibles réactions de dignité. Ces protections de verre renforcé semblent l’aveu de la véritable nature de la publicité : une absence totale de légitimité publique, un viol des esprits en toute impunité, sans possibilité de protestation populaire.
Quant aux politicards aux affaires, de dr-ouate ou de gôche, qui livrent l’espace public à ces images sordides qui polluent l’environnement visuel et mental au détriment de l’affichage libre, ils portent une responsabilité d’autant plus honteuse face à ces lobbys du fric, qu’ils légitiment la publicité par un prétendu « intérêt collectif ». Il paraîtrait que sans la pub, attention hein, on va devoir augmenter les impôts !… il paraît même que la lutte contre le grand méchant capital serait dépassée, comme le suggère à la presse m’sieur l’maire, qui n’a plus « de gauche » que la couleur rose-bonbon (sucette ?) qui orne ses affiches publicitaires, pardon, électorales…
Partout, le pouvoir tombe son masque et montre sa vraie nature de laquais du capital. Pour la pub, d’un côté il protège les gros capitalistes cyniques (vive la pub pour le fast-food devant une école) et traque pour lui, en bon milicien, ceux courageux de la populace qui résistent contre le vomi publicitaire. Utilisation du ridicule néologisme linguistique MAMesque « mouvance anarcho-autonome » (relayé depuis un certain temps par une certaine presse locale) pour mieux faire peur au populo (prononcer anarcho, comme « articho »). De l’autre côté, convocation de jeunes au comico pour avoir collé une pauvre affiche. On voit le côté grotesque de la situation. Un dispositif policier ubuesque s’acharne sur des jeunes qui sont parmi les derniers à défendre une certaine éducation publique, et planque de nuit pour le salut des « sucettes » pub. Dors bien, citoyen…
La Fédération Anarchiste de Poitiers condamne sans appel la criminalisation du mouvement social, dont la criminalisation du militantisme anti-pub est l’un des derniers avatars symptomatiques.
Fédération Anarchiste de Poitiers