Non au barage de Testet! (81)

Nucléaire, OGM, projets inutiles, ZADs ...

Re: Non au barage de Testet! (81)

Messagede digger » 16 Nov 2014, 11:40

La perspective "libertaire" - même si beaucoup n'y emploieraient pas ce mot - est claire à NDDL tout comme l'est le fragile équilibre d'être d'accord pour ne pas être d'accord sur tout. C'est la force du mouvement et sans doute un des ses principaux enseignements. C'est pourquoi le pouvoir a toujours échoué dans ses tentatives de divisions.
Une perspective plus large? Je ne pense pas que ce soit dans la nature d'un tel mouvement de concevoir un programme, d'abord parce qu'il est composite, fait d'individus et d'organisations diverses qui suivent chacun-e leur propre agenda.
Le jeu de l'extrême-droite? Tout comme la violence policière n'a pas besoin de manifestations violentes pour se manifester, le FN n'a pas besoin de vitrines brisées. Et, encore une fois, se focaliser sur quelques vitrines cassées, c'est occulter 99% de la réalité.
La marginalisation ? Ce n'est pas un danger, c'est une réalité. Mais je suis d'accord avec toi si ton idée est de dire qu'il ne faut pas en faire une fin en soi.
Les luttes ouvrières? En quoi est-ce antagoniste ? Même si à NDDL est confronté au problème puisqu'un angle d'attaque est le chantage à l'emploi, qui a servi de prétexte à une manif du BTP pour le commencement des travaux.
Le rapport de forces ? A mon avis, c'est la lutte elle-même qui le détermine. Si on attend qu'il soit favorable, alors il n'y a pas de luttes possibles. A NDDL en novembre 2012, il était défavorable. La lutte l'a fait basculer. En 2015, qu'en sera t-il? C'est le terrain qui le dira. On en connaît les grandes lignes, les forces et les faiblesses de chaque côté. A Sivens, je ne sais pas.
Pour être totalement clair, et j'arrêterai là, j'ai choisi un bord où on trouve des syndicalistes de la Conf côte à côte avec quelques enturbannés, qui, outre la bêche et le marteau, manipulent aussi quelques engins détonants, parce qu'il est probable que comme par le passé, nous aurons besoin de tous ces outils. (le tracteur a montré aussi des utilisations très diverses). Après, chacun-e peut en penser ce qu'il veut, c'est la meilleure réponse que j'ai trouvé face à une situation donnée un moment donné.
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Messagede Pïérô » 16 Nov 2014, 18:19

Trouvé ça là : http://danactu-resistance.over-blog.com ... lence.html
C'est d'un évêque catholique brésilien, et ce n'est pas mon habitude de citer ce genre de référence, mais cela m'a semblé à propos dans ce débat

Image

Je disais plus haut
Pïérô a écrit: Et quelque chose qui me parait important, alors que le débat, faux-débat dans lequel voudraient nous enfermer les tenant d'un ordre établi qu'il ne faudrait pas déranger, se place encore entre violence et non violence, pseudo démocratie et terrorisme, les "terroristes" étant celles et ceux qui se placent sur le même terrain d'une violence pour moi légitime du côté de la révolte, c'est justement l'angle d'attaque politique. La culture d'une forme de radicalité qui passe par déguisements et radicalité du verbe, en plus de mise en scène aussi spectaculaires que parfois à contre-sens, ne doit pas passer à côté de cette question de fond, et qui n'est pas que de forme. C'est ce système qui est violent, et cela passe par une forme de terrorisme d'Etat. Notre révolte est légitime contre cette minorité d'exploiteurs et d'accapareurs et il est bien question de déranger l'ordre établi. Les "verts" n'ont pas envie de déranger grand chose, mais il est important justement de ne pas cultiver que mise en scène mais bien de porter à travers nos luttes multiformes du contenu et du sens si l'on veut que notre objectif révolutionnaire soit partagé par le plus grand nombre.

Je pense que luco s'emporte et pédale là à contre sens en rejoignant l'idéologie dominante dans la manière dont il pose les choses, alors que cette question repose sur des choix à la fois stratégique et tactiques qui peuvent être interrogés et débattus. Il y a d'ailleurs des axes de réflexion qui s'entremêlent ici comme le souligne digger. La diversité n'empêche pas la quête de sens et il y a là un réel enjeu au niveau collectif. Je ne suis pas rebuté par l'exercice de la violence, je l'ai pratiqué de la même manière il y a un temps, et les critiques ne sont pas nouvelles, elles étaient les mêmes à cette époque dite de "l'autonomie" après 68. De ce côté je pense que la critique sous l'angle de l'avant-gardisme me parait plus appropriée que celles qui repose sur des considérations qui renverraient dos à dos oppressé en révolte et oppresseur. Dans ce que dépeint digger à travers son expérience de la lutte de NDDL, il y a du sens collectif dans lequel la diversité s'inscrit, est accéptée, et se montre même efficace. Ce n'est pas toujours le cas, et il y a aussi des endroits ou moments où la tactique de l'affrontement direct mène à des désastres, en terme de répression, comme en terme politique au regard de cet enjeu du sens. Là je comprend luco et charlelem dans une critique d'un avant-gardisme déconnecté des réalités, et voire même du sens, tel que je le pense et que l'on peut partager.
Il y a là matière à débats, et il est possible en reprenant les diverses interventions ici de créer un topic spécifique pour se faire, en "théorie", par exemple
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Messagede Pïérô » 16 Nov 2014, 18:38



La violence s'est bien la police et l'Etat :


France. Comment le pouvoir a réécrit la mort de Rémi Fraisse
Après les révélations de Mediapart sur la mort de Rémi Fraisse, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et le patron de la gendarmerie nationale Denis Favier ont mené une contre-offensive médiatique toute la journée de jeudi. L’objectif ? Masquer le fait que les autorités savaient dès la nuit du dimanche 26 octobre qu’une grenade offensive était à l’origine de la mort du jeune botaniste. Une question demeure : quel a été le rôle de Matignon ?
... http://www.mediapart.fr/journal/france/ ... mi-fraisse
en lecture en ligne ici : http://alencontre.org/europe/france/fra ... aisse.html


COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Réactions à la manifestation de certains probarrages à Albi

Ce samedi 15 novembre, des élus du Tarn, des agriculteurs tarnais rejoints par d’autres des départements voisins et de simples citoyens manifestaient à Albi. Ils répondaient à l’Appel lancé par Tarn Ruralité (qui regroupe notamment la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs), et relayé par le président de l’association des Maires et des Elus Locaux du TARN, en faveur du barrage de Sivens. Les manifestants se mobilisaient ainsi parce que « tout le processus démocratique a été respecté pour l’élaboration de la retenue de Sivens » et pour que « les personnes et les biens soient protégés par les autorités, contres les exactions régulièrement commises ».

Certes, le projet de barrage de Sivens a bien été voté par 43 conseillers généraux sur 46 et a été validé par la Préfète du Tarn. Mais le Collectif rappelle que ceux-ci se sont appuyés sur un rapport de la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG) en mars 2009 qui a surestimé les besoins en eau, probablement dans le but de justifier un barrage volumineux dont elle avait obtenu le marché l’année précédente. Les élus et la Préfète ont donc été manipulés par la CACG et ils viennent d’en prendre conscience à la lecture du rapport des experts envoyés par Ségolène Royal. C’est pour dénoncer les mensonges de la CACG que les élus et les agriculteurs devraient manifester car elle est responsable de cette crise. En cherchant à imposer un barrage surdimensionné, entrainant une instruction longue et compliquée, la CACG n’a fait que retarder des réponses adaptées aux difficultés d’accès à l’eau de certains agriculteurs du bassin du Tescou.

Il importe également de souligner que le processus de décision a été loin d’être démocratique comme le Collectif le rappelle avec de nombreux exemples sur son site web. Les citoyens membres de nos associations et syndicats devaient-ils laisser les élus réaliser un projet surdimensionné et « médiocre », très coûteux pour les finances publiques et détruisant un patrimoine naturel d’intérêt départemental ? Pouvait-on laisser le Conseil Général et la CACG récidiver leur passage en force comme avec le barrage de Fourogue pour lequel ils n’avaient pas respecté la décision de justice leur demandant de stopper les travaux ? Un ouvrage dont la justice a retiré le statut d’intérêt général et d’utilité publique et qui coûte pourtant cher aux contribuables depuis 17 ans !

Concernant les violences, le Collectif rappelle qu’il condamne fermement tous les actes de violence, physique et matérielle, d’où qu’ils viennent et appelle tous les acteurs (pouvoirs publics, opposants et partisans du barrage, riverains…) à l’apaisement. Mais aussi que les premières violences sont venues, le 23/01/14, d’un commando probarrage, certains membres étant cagoulés, saccageant avec barres de fers et marteaux la ferme occupée par des opposants non-violents au barrage de Sivens. Que les forces de l‘ordre ont ensuite, le 27/02/14, expulsé illégalement (selon la cour d’appel de Toulouse) et avec violence une dizaine d’occupants pacifistes. Malgré la violence subie, malgré le refus du dialogue des autorités, la majorité des opposants est restée non-violente et a payé le prix fort lors du passage en force du Conseil Général sur le terrain. De nombreux mensonges concernant les occupants sont heureusement désavoués par le travail des journalistes.

Comme de nombreux élus l’ont affirmé récemment, notre Collectif considère que le temps est venu de favoriser le dialogue entre les différentes parties au lieu de s’entêter à vouloir réaliser le barrage de Sivens par la force et en gaspillant l’argent public. Le Collectif salue à nouveau l’initiative de Ségolène Royal, visant à trouver des solutions consensuelles permettant d’assurer l’avenir de l’agriculture sur le bassin du Tescou notamment à travers des réelles mesures d‘atténuation et d’adaptation au changement climatique. Ces solutions doivent désormais respecter l’environnement et utiliser au mieux les fonds publics. Chacun doit donc concentrer son énergie dans cette direction et contribuer ainsi à un apaisement bienvenu sur le territoire.

http://www.collectif-testet.org/actuali ... 11-14.html

Les travaux sont suspendus, mais la répression continue… (Communiqué de la legal team)
https://tantquilyauradesbouilles.files. ... alteam.pdf

Barrage de Sivens, usine des 1000 vaches, aéroport de Notre dame des Landes … Des grands projets inutiles et mortifères (Communiqué de la Confédération Paysanne, 14 novembre 2014)
https://tantquilyauradesbouilles.files. ... vaches.pdf

À Sivens, les zadistes se préparent à affronter l’hiver
http://www.aparté.com/2014/11/sivens-les-zadistes-se-preparent-affronter-lhiver/

Appels à mouvements dans l'éducation, universités et lycées le 20 novembre, voir sur le forum en partie "Education, culture et recherche, santé et social" : viewforum.php?f=77
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Messagede sapho » 16 Nov 2014, 18:48

A FORCALQUIER 04 ( Place du Bourguet ) samedi 22 novembre 2014 à 11h

Assemblée populaire : un mort dans une manifestation, pour qui, pour quoi ?
Infos-Débats-Témoignages-Échanges

Venez nombreu.x.ses à cette assemblée ! Apportez votre pique-nique à partager !
En soutien au Testet et à toutes les ZAD !

http://04.demosphere.eu/rv/575
sapho
 

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Messagede Nico37 » 17 Nov 2014, 00:34

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Messagede Ian » 17 Nov 2014, 01:45

digger a écrit:La question ne peut pas être abordée, comme Ian le fait en terme de "sécurisation" des manifs.
Elle ne peut l'être uniquement sur ce terrain, mais il faut bel et bien l'aborder en terme de sécurisation des manifs : si à chaque manif il y a 50 interpellations arbitraires et 50 blessés (et c'est aujourd'hui la logique du gouvernement), ça risque vite de poser souci.
Parce que l'objectif est bel et bien de construire des mouvements de masse, pas juste de compter sur une minorité marginale pour s'affronter au gouvernement et plus généralement au capitalisme. En clair si tout le monde a peur d'aller aux manifs en raison de la répression et des violences policières, ce sera vite un très gros problème.

Pour le reste, je suis d'accord avec l'essentiel de ce que tu dis, même si le débat légalisme ou pas n'a pas grand chose à voir avec le débat violence/non-violence (nombre d'actions non-violentes sont illégales - mais légitimes, c'est même la grande majorité des actions illégales).
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Re: Non au barage de Testet! (81)

Messagede Pïérô » 17 Nov 2014, 19:15

admin : J'ai copié la partie débat pour pouvoir continuer sur cette question, plus large que celui du terrain du testet, en "débats de société", avec pour titre qu'il est possible de changer "De l'utilisation de la violence contre la violence d'Etat" : viewtopic.php?f=70&t=11207
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Re: Non au barage de Testet! (81)

Messagede Pïérô » 17 Nov 2014, 19:54

Violences et mensonges d’Etat au service de l’ordre et de la croissance :
https://tantquilyauradesbouilles.files. ... -monde.pdf


Grenades, flashballs, militarisation du maintien de l’ordre, comment se protègent les « zadistes » ?
« On ne veut pas devenir un bataillon de martyrs », expliquent-ils, après la mort de Rémi Fraisse, le militant écologiste, tué par une grenade offensive lancée par un gendarme, alors qu’il participait à la « zone à défendre » contre le projet de barrage de Sivens. Face à la guerre psychologique, aux violences policière et à l’emploi de plus en plus courant d’armes « non létales », des « zadistes » racontent comment ils tentent de se protéger de manière non-violente. Reportage autour d’un café, dans les tranchées champêtres et derrière les barricades forestières.
... http://www.bastamag.net/Grenades-flashb ... tarisation


La ZAD de Sivens : une expérience libertaire dans le Tarn

Depuis vingt ans que j’ai posé le pied dans le Tarn, tout en gardant l’autre à Athènes, je n’ai jamais vu se développer de projets libertaires de grande envergure dans ce département. Les initiatives importantes sont plutôt du genre Amap, sel, modèles économiques alternatifs, zones de gratuité, souvent à l’initiative du groupe Attac, assez actif et radical par rapport à beaucoup de ceux que j’ai pu rencontrer en tournant en France. Pas mal de mobilisations ponctuelles aussi, notamment sur des actions de solidarité, par exemple les alertes RESF. Mais rien de tout ça, jusqu’ici, n’était à proprement parler libertaire. Rien ne remettait profondément en question la relation au pouvoir au point d’envisager sa destruction et de repenser toute la société.
Les différentes tentatives d’initier quelque chose depuis vingt ans n’avaient pas attiré grand monde : conférence sur Bakounine, débat sur l’anarchisme social, Ferrer raconté aux enfants et Reclus à ma grand-mère. Bref, on tournait plutôt en rond, et sans le moindre A dedans ! Les seuls rendez-vous attirant vraiment du monde, c’était bien sûr l’histoire de l’anarchisme en Espagne, le Tarn étant proche de la frontière, et, plus récemment, les projections-débats sur Exarcheia, le quartier libertaire d’Athènes, mais plus par copinage sans doute.
Une résistance s’est progressivement mise en place, au point de faire sans forcément le dire ce que nous disions jusque-là sans parvenir à le faire.
Tout a changé en un an. Oui, vous avez bien lu : un an seulement. Pourquoi ? Parce que l’expérience née de la nécessité a pris le relais des débats théoriques. Un vent vif, frais et fraternel souffle sur le Tarn, depuis la forêt de Sivens dans le nord-ouest jusqu’à la montagne Noire (joli nom, n’est-ce pas ?) au sud-est. Une résistance s’est progressivement mise en place, au point de faire sans forcément le dire ce que nous disions jusque-là sans parvenir à le faire.
Je ne vais pas revenir ici sur le projet de barrage proprement dit, ses décideurs hautains et leurs conflits d’intérêts sur le plan politique et financier, son parti-pris pour la culture intensive du maïs sur le plan économique et agricole, ou encore son désintérêt de ce que peut représenter une zone humide sur le plan écologique, notamment zoologique, aquatique et climatique. Je vous invite à aller jeter un œil directement sur les excellents sites des deux collectifs de lutte 1.
Deux sites, deux collectifs, car cette lutte a une double histoire, en parallèle, qui a convergé ces derniers temps sans jamais totalement fusionner, et pour cause. Le collectif initial s’appelle Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet. Il est principalement animé par Ben Lefetey, un écologiste passionné doublé d’un homme de dossier qui déploie toute son énergie et sa minutie depuis trois ans pour motiver une opposition au projet de barrage en diffusant d’innombrables informations et arguments.
Le Collectif Testet, comme on le surnomme, c’est aussi un conseil d’administration, avec des personnes engagées par ailleurs, notamment à Attac, et souvent sympathisantes des principaux partis politiques situés localement dans l’opposition de gauche à la suprématie historique du PS (dont est membre Thierry Carcenac, le président du conseil général) : surtout le PG et EELV. Bref, même si les membres du Collectif Testet sont très généreux de leur temps, au fait des dossiers, actifs pour diffuser et relayer les infos, et prêts à pratiquer la grève de la faim et la désobéissance « civique », on reste néanmoins dans la logique organisationnelle d’une structure à étages, avec processus de délégation entre chacun d’eux, comme dans la plupart des associations loi 1901.
Suite à la circulation de l’information hors du Tarn, puis au durcissement de la situation locale, un collectif d’occupation s’est créé en complément du Collectif Testet, il y a exactement un an 2 : Tant qu’il y aura des bouilles, surnommé « les bouilles », ou encore, pour certains, « les zadistes », ce qui ne reflète pas toute la réalité puisqu’une bonne partie des bouilles n’est pas présente sur la ZAD, mais la soutient diversement aux alentours, de Toulouse à Nîmes.

Tous égaux, tous différents

Chez les bouilles, pas de représentant, pas de bureau, pas de conseil des anciens, tout le monde participe aux assemblées très fréquentes : au moins hebdomadaires et souvent quotidiennes. Tout le monde peut venir, sauf les infiltrés, flics ou fachos, qui sont traqués et parfois virés. Tout le monde peut participer aux décisions, même celles et ceux qui débarquent pour la première fois et ne font, peut-être, que passer. Les règles de parole et d’écoute sont celles des indignés : les codes gestuels précis permettent de réagir silencieusement, parfois en nombre, sans couper la parole. Le but de la discussion, sur chaque sujet, est le consensus, même si le vote à la majorité peut, parfois, s’avérer nécessaire. Tout propos autoritaire ou phallocrate est banni.
Par contre, actions non-violentes et actions insurrectionnelles cohabitent sans difficulté, de même que véganisme et régime alimentaire omnivore. Tous égaux, tous différents. Ceux qui portent des projets, après validation par l’assemblée, sont souvent invités à animer leurs mises en œuvre, cela notamment pour favoriser la liberté et la créativité des camarades, copains ou compagnons de lutte (les trois principaux termes employés), mais aussi pour mettre en place, dès lors, un cloisonnement de l’information dans le cadre d’actions de résistance connues dans l’idée, mais secrètes dans leurs déclinaisons, d’un bout à l’autre de la ZAD : déplacement des repères de niveau des bûcherons diminuant ainsi la zone à défricher, cloutage sur certains arbres et utilisation de fil de fer barbelé pour user plus rapidement voire endommager les machines, enfouissement de carcasses d’électroménager dans le sol pour compliquer le curage de l’humus, créations de nouvelles caches, barricades, cabanes suspendues, et d’autres choses encore, que je ne rapporterai pas ici.
La jeunesse enthousiaste de la majorité des bouilles n’a d’égal que sa maturité et son courage dans l’initiative permanente et l’effort quotidien de lutter à armes inégales contre un pouvoir ultraviolent et suréquipé. David contre Goliath, ou plutôt Gaza contre Tsahal, David étant devenu palestinien ces derniers temps, de même qu’il est devenu un peu tarnais, breton, macédonien, catalan et piémontais, entre autres territoires mobilisés autour de zones à défendre.
Une convergence des luttes anticapitalistes, antiproductivistes et antifascistes
La plupart de ces ZAD rassemblent formidablement ce qui était épars jusque-là, non seulement à travers un phénomène de mobilisation lié à la notion de territoire, à sauver de la rapacité croissante et tyrannique du pouvoir, mais, surtout – bonne nouvelle –, dans une convergence des luttes anticapitalistes, antiproductivistes et antifascistes. Les écologistes les plus candides et « fleur bleue » comprennent mieux sur ces ZAD que le productivisme ne peut se combattre qu’à travers une puissante résistance locale et globale au capitalisme. Les anticapitalistes se découvrent une fibre écolo, par-delà les clichés et les railleries, et les plus naïfs politiquement prennent en pleine figure la réalité de la collaboration fasciste avec le pouvoir capitaliste.
L’antifascisme affirmé du collectif des bouilles a d’ailleurs été renforcé après les exactions nocturnes des fachos dans les parages de la ZAD (destructions des véhicules, agressions contre les zadistes isolés et chasses à l’homme dans les bois à plusieurs reprises, avec des barres de fer et des armes à feu), ainsi que la confusion, politiquement très nuisible, générée par divers superstitieux et conspirationnistes, qui ont aimablement été appelés à remettre un peu d’ordre dans leurs pensées et à ne pas obscurcir la lucidité de la résistance collective en fabriquant d’innombrables peurs et leurs lots d’épouvantails fantasmagoriques, qui sont autant de diversions utiles au pouvoir.
Outre l’absence totale de hiérarchie et les décisions prises en assemblées, le fonctionnement des bouilles est basé sur l’autogestion : l’assemblée liste les besoins (pharmacie, alimentation, outillage, pièce juridique…) et chacun se met en quête, en réseau avec les bouilles non zadistes, à l’extérieur de la zone, ainsi que des membres généreux et solidaires du collectif Testet qui amènent fréquemment des cartons de nourriture et de médicaments. Car la cerise sur le gâteau de cette expérience libertaire dans le Tarn, c’est bien le rayonnement de celle-ci auprès de personnes distantes voir méfiantes au départ. La ZAD du Testet dans la forêt de Sivens est devenue un lieu d’éducation populaire où de nombreuses personnes, jeunes et moins jeunes, viennent chasser leurs idées reçues sur l’anarchisme, la désobéissance et la décroissance.
Sous le drapeau noir de Gazad ou celui rouge et noir de la Métairie Neuve
En arrivant sur les lieux, les uns et les autres découvrent, sous le drapeau noir de « Gazad » ou celui rouge et noir de la Métairie neuve, des visages inconnus 3 mais fraternels, des sourires accueillants et généreux, des regards profonds, parfois tristes mais jamais abattus, des corps fourbus mais toujours d’attaque, des mains calleuses d’avoir trop creusé d’innombrables tranchées, des pieds abimés trop mal protégés par des chaussures usées, des ventres creusés par la faim parfois choisie parmi d’autres façons de lutter, des cuisses tatouées de bleus par les tirs de flash-ball et les dos par les coups de matraques, des toux chroniques dues à l’exposition quotidienne aux gaz lacrymogènes, des bras griffés par les ascensions dans les arbres ou les traversées rapides de ronces impénétrables, des cœurs gros comme ça par amour de la Terre et de la vie.
Une vie qui est là plus que nulle part ailleurs, parmi ceux qui luttent et expérimentent notre façon d’articuler l’individu et le collectif. Passer du « je » au « nous » sans se mettre à genoux, passer du nous au jeu sans se voir nuageux. Transformer les mots liberté, égalité et fraternité en actes quotidiens, en les arrachant aux frontispices mensongers des monuments publics où ils pourrissent et servent de paravent à une organisation politique et sociale totalement inverse. Choisir la vie, loin des compromissions, collaborations et soumissions qui rongent les cervelles et sèment la résignation.
Sur la ZAD de Sivens, j’ai vu l’anarchie en actes et son intense capacité à rayonner, bien au-delà des convaincus, sans peur ni dédain vis-à-vis des autres formes d’opposition et de résistance. J’ai vu l’anarchie confiante en elle-même s’imposer simplement par l’exemple, en laissant de côté les conflits d’étiquettes et les cicatrices de l’Histoire. J’ai vu l’anarchie fraternelle accueillir celles et ceux qui venaient à elle en constituant la première ligne de front sans jamais s’opposer aux formes voisines engagées dans la même lutte. Sur la ZAD de Sivens, seule l’expérience a parlé et elle a bien parlé.

Yannis Youlountas

1. http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com et http://www.collectif-testet.org.
2. Créé le 13 octobre 2013 à la Métairie neuve, l’un des lieux emblématiques de la ZAD.
3. Mais aussi des visages plus connus, comme ceux de Noël Godin, Raoul Vaneigem, Sergio Ghirardi, Jean-Henri Meunier ou encore Alessandro Di Giuseppe, venus soutenir la résistance durant les journées Grozad, rencontres festives et libertaires, en septembre dernier.

http://www.monde-libertaire.fr/passe-et ... ns-le-tarn


Lisle-sur-Tarn le 17 novembre 2014

À Monsieur Samuel Cèbe, du Parti Socialiste tarnais :

Bonjour,

Si, pendant le processus de dialogue annoncé pour Sivens, un membre du collectif d’occupation s’asseoyait à la table des négociations, sans se faire gazer, frapper, estropier, jeter des grenades dessus, déjà nous aurions fait un grand progrès. Ce que Samuel Cèbe devrait arriver à comprendre un jour, le plus tôt sera le mieux, c’est que par la violence (jusqu’au 26/10) et le mépris (depuis le 4/11, jour où La ministre a refoulé du ministère un membre du collectif d’occupation), il n’y aura aucune solution possible. Monsieur Cèbe, vous nous traitez avec violence et mépris, et vous pensez que c’est une attitude qui conduit à un rassemblement des Tarnais zé des Tarnaises ?

Aussi, quand vous déclarez que « tout l’enjeu est de créer les conditions d’un dialogue social » et que « actuellement, le débat est ouvert« , vous êtes un menteur parce que le PS fait exactement le contraire : les membres du collectif d’occupation sont totalement ignorés, ostracicés, discriminés, écartés du dialogue social. C’est refuser la possibilité même d’existence de portions entières du peuple, c’est leur enlever tout droit théorique et pratique. Puisqu’ils n’ont plus de droits, doit-on s’attendre à une rafle bientôt Monsieur Cèbe ?

Collectif Tant qu’il y aura des bouilles

ref : Sivens : « Ce qui compte, c’est de rassembler les Tarnais, non de les diviser« , déclare Samuel Cèbe (PS) http://www.letarnlibre.com/2014/11/17/1 ... -cebe.html

https://tantquilyauradesbouilles.wordpr ... -novembre/
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Re: Non au barage de Testet! (81)

Messagede Nico37 » 18 Nov 2014, 01:58

A Albi, les pro-barrage défilent contre les « zadistes » de Sivens avec AFP, AP, Reuters 17/11

C'était la première grande manifestation en faveur du barrage sur le site de Sivens, dans le Tarn. Entre 2 200 et 4 000 partisans du projet ont défilé samedi 15 novembre dans les rues d'Albi pour demander le retour de « l'ordre républicain » sur le site occupé par des opposants à l'ouvrage, endeuillés par la mort d'un jeune écologiste et autobaptisés « zadistes ».
Les travaux de la retenue d'eau ont été suspendus pour une durée indéterminée le 31 octobre dernier par le conseil général du Tarn, porteur du projet, après la mort du jeune militant écologiste Rémi Fraisse, tué par une grenade lancée par les gendarmes.

Cet événement a suscité un fort émoi dans tout le pays, des associations, des syndicats et des proches de Rémi Fraisse accusant les autorités d'avoir caché pendant 48 heures la vérité sur les circonstances de son décès.

« Une question de survie »

Depuis, deux rassemblements organisés en sa mémoire à Toulouse ont dégénéré en affrontements violents avec les forces de l'ordre. Sur le site du chantier, les opposants au projet ont renforcé l'occupation de la « zone à défendre » (ZAD) du Testet en installant de nouveaux campements, malgré l'intervention de la ministre de l'écologie Ségolène Royal qui a appelé à l'évacuation du terrain, après avoir promis une solution alternative au barrage d'ici la fin de l'année.

Dans le cortège, qui défilait à l'appel du collectif Tarn Ruralité, Laurent Viatgé, éleveur de canards, explique que « pour les agriculteurs qui ont de petites exploitations, cette retenue est une question de survie ». Pascale Puibasset, secrétaire générale de l'association « Vie eau Tescou », qui regroupe plusieurs agriculteurs, pêcheurs et habitants de la vallée, fustige « le climat menaçant et violent qui règne depuis plus d'un an sur la zone » du chantier. « Nous sommes en démocratie, il y a des modes et des temps pour s'exprimer. User de la violence pour faire valoir ses points de vue, ce n'est pas un procédé démocratique », dit-elle.

Le député PS du Tarn, Jacques Valax, qui a menacé de démissionner de son mandat de conseiller général si le barrage n'était pas construit, s'est dit « satisfait » samedi de la mobilisation, révélatrice selon lui de « la détermination de cette majorité silencieuse qui s'exprime pour la première fois ». Pour lui, ce projet, voté à la majorité des conseillers généraux, « est indispensable pour l'équilibre économique et écologique de la vallée ».
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Re: Non au barage de Testet! (81)

Messagede Nico37 » 19 Nov 2014, 01:17

Assemblée populaire : un mort dans une manifestation, pour qui, pour quoi ? Infos-Débats-Témoignages-Échanges

Samedi 25 octobre, plusieurs milliers de personnes venues de toute la France, se sont rassemblées au Testet (Tarn) en opposition au projet de barrage et à la répression violente des opposant-e-s qui a lieu sur place depuis plusieurs mois. Des affrontements violents ont opposé une partie des militant-e-s aux gendarmes jusqu'à tard dans la nuit.

Flashball, lacrymos et grenades de désencerclement ont blessé plusieurs opposant-e-s aux abords du chantier.

Lors de ces affrontements Rémi, 21 ans, est décédé. Ce mort par les forces dites de l'ordre est le dernier en date d'une longue série. Il fait suite aussi aux nombreuses mutilations subies lors de différentes mobilisations les dernières années. Rien qu'à Nantes le 22 février, trois personnes ont perdu un œil par des tirs de flash ball.

Le mouvement existant contre les grands projets nuisibles imposés, cristallisé dans les ZAD, ces Zones à Défendre, se doit de répondre à cette situation.

Le collectif ZAD Partout-Idées fixes (sous-section Les Ami-e-s de Christophe) vous invite à venir vous informer et échanger sur ce sujet, et d'autres, samedi 22 novembre, place du Bourguet 04 Forcalquier autour d'un pique-nique de 11h00 à 15h00.

Plus d'infos sur : http://zad.nadir.org & http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com & http://mediaslibres.org

Venez nombreu.x.ses à cette assemblée ! Apportez votre pique-nique à partager ! En soutien au Testet et à toutes les ZAD !
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Re: Non au barage de Testet! (81)

Messagede Nico37 » 20 Nov 2014, 00:01

Rassemblements à venir partout en France, manif du 22 novembre et autre :

Marseille : 20 novembre, cf affiche ci-dessous
Albi : vendredi 21 novembre 20h30 bar le Cosy, place Patus Crémat ; Café-débat au Cosy : Vivre avec les animaux ou nous en libérer ? Invitée : Jocelyne Porcher, éleveuse et chercheuse. Elle a écrit notamment Vivre avec les animaux. Une utopie pour le XXIe siècle (La découverte)
Millau : Manifestation-action contre les violences policières le vendredi 21. RV à 11h place du Mandarous (prévoir un pique-nique).
Foix : le 22 novembre 2014, 10h au jardin pour enfant, rassemblement contre les violences policières
Poitiers : samedi 22 novembre 2014 à 14 heures, place du Maréchal Leclerc ; Manifestation : Mort à Sivens, matraqué·e·s à Poitiers : Luttons contre les violences d’État !
Albi : samedi 22 novembre 14h, place du Vigan. Rassemblement contre les violences policières
Tours ; samedi 22 novembre , 15h, place Saint-Paul, au Sanitas ; manifestation bruyante le 22, journée de mobilisation nationale contre les violences policières
Forcalquier : assemblée populaire le 22/11, place du Bourguet 11h-15h !
St Etienne : Rv à 14h, place de l’Hotel de Ville.
Paris : Pique nique contre les violences le 22 novembre, place de la Réunion dans le 20ième.
Chalon sur Saône : le 22/11, rassemblement à 17h devant la Mairie.
Gap : le 22/11, RV à 11h, Esplanade de la paix. Appel.
Guéret : rassemblement le 22 place Bonnyaud. Affiche.
Nancy : Contre la répression et les violences policières, concert de la chorale des sans noms le 22 à 16h, place Maginot.
Béziers : pique nique allées Paul riquet à 12h, le 22/11
Nantes : 22/11, 14h sur le parvis du palais de l’INjustice. Tract.
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Re: Non au barage de Testet! (81)

Messagede Nico37 » 20 Nov 2014, 15:38

L'Europe devrait lancer une procédure d'infraction contre le barrage de Sivens 18/11

Les anti-barrage ont semble-t-il de bonnes raisons d'espérer

Pour le gouvernement, il était urgent d'attendre sur l'affaire du barrage de Sivens afin de faire retomber la pression. Mais la procédure d'infraction que s'apprête à lancer Bruxelles pourrait signer la fin du projet avant l'heure.

En effet, selon LCP Assemblée Nationale, la commission européenne devrait lancer cette semaine une procédure pour violation des directives environnementales sur le projet de barrage du Tarn. Le 31 octobre, cinq jours après le décès du jeune Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive lancée de nuit par un gendarme, le conseil général du Tarn a décidé de suspendre le projet sine die. L'Europe va-t-il l'enterrer définitivement ? C'est fort possible.
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Re: Non au barage de Testet! (81)

Messagede spleenlancien » 21 Nov 2014, 11:23

Pour compléter les infos postées par Nico ci-dessus.

Le site de la chaîne LCP a annoncé le 19 novembre que la Commission Européenne pourrait lancer une procédure de mise en demeure de la France concernant le barrage de Sivens.

Cette décision, qui n’est pas encore arrêtée, est la suite logique des cinq interpellations déposées auprès de la Commission par la députée européenne (EELV) Catherine Grèze avant 2014. Elle n’est plus députée dans le nouveau Parlement.
Elle a envoyé un courriel à Reporterre.


Catherine Grèze, pour Reporterre a écrit:Le feuilleton commence le 6 octobre 2011 : Alertée par les associations du Tarn, et après examen du dossier, des cartes, je dépose une première question auprès de la Commission, l’ informant du projet, rappelant le rôle fondamental des zones humides et ce en quoi le projet de barrage est contraire à la Directive-cadre sur l’eau de « bon état » écologique et chimique de toutes les eaux communautaires d’ici 2015. L’enquête publique n’a pas encore eu lieu.

Puisqu’il doit être co-financé par l’Etat, la Région, l’Union Européenne, l’Agence Adour-garonne, le Conseil Général et… l’Union Européenne, celle-ci a son mot à dire. Après argumentation je pose donc la question suivante : « La Commission approuve-t-elle de financer un projet qui conduirait à noyer une zone humide à protéger ? »

Réponse de la Commission à cette première question : "Les projets sélectionnés en vue d’un financement européen doivent être conformes aux règles communautaires. (…) La construction de barrage (…) est règlementée par la Directive 85/337/CEE (évaluation de projets sur l’environnement) et par la Directive 2000/60/CEE directive cadre sur l’eau.

Le barrage de Sivens va faire l’objet d’une étude d’impact environnemental et d’une enquête publique… Toute modification…d’une masse d’eau susceptible de causer une détérioration de son état tel qu’un barrage, n’est possible que si les conditions de l’article 4 sont remplies. Il est de la compétence des Etats membres de s’assurer que les conditions soient respectées."

La Commission pourrait intervenir si des éléments précis permettaient d’identifier une violation du droit de l’Union justifiant l’ouverture d’une procédure d’infraction. Stade précoce, projet non encore autorisé, aucune décision de financement prise, la Commission ne voit pas de raisons d’intervenir.

Cette interpellation survient très en amont – trop – mais le cadre et les conditions sont posés et la commission alertée, et le rappel du commissaire à l’Environnement, Janez Potocnik, très clair.

En juin 2013, l’ enquête publique s’est conclue par un avis favorable sous réserve de l’avis favorable du Conseil national de protection de la nature et du Conseil scientifique régional du patrimoine national. Ces avis, rendus plus tard, sont défavorables. Malgré cela, vote favorable au projet, le 17 mai, par le Conseil Général du Tarn.

En ce qui concerne la Directive Cadre sur l’eau, et sur la question de la modification de la masse d’eau, les avis de l’ONEMA (Office national de l’eau et des milieux aquatiques) sont défavorables. Mais ils n’ont pas été intégré dans l’enquête publique !

Le 24 juin 2013, je pose à la Commission une nouvelle question sur le financement d’un projet qui conduirait à noyer une zone humide et donc contraire aux textes européens.

Réponse de la Commission : Le projet a fait l’objet d’une étude d’impact et d’une enquête publique. La décision d’autorisation n’a pas encore été prise . La Commission ne dispose pas à ce jour d’éléments suffisants…

Autrement dit : « C’est encore trop tôt, Madame Grèze, mais nous suivons le dossier ».

8 octobre 2013 : troisième interpellation. Je rappelle les faits. Et souligne qu’une consultation a été lancée par la DREAL au sujet de la demande de dérogation à la protection d’espèces protégées. Elle prend fin le 7 octobre 2013. Mais huit jours avant, le Préfet du Tarn a pris un arrêté d’intérêt général. Déni de démocratie.

Réponse de la Commission à cette troisième question : le dossier a fait l’objet d’une étude d’impact et d’une enquête publique, la décision d’autorisation a été prise.
« Compte tenu des informations que vous apportez, la Commission a décidé de demander des information aux autorités françaises pour s’assurer que les objectifs… de la directive cadre… ne sont pas menacés. »

C’est une première victoire : la Commission ouvre une enquête.

10 janvier 2014 : alors que le déboisement de la zone humide est planifié pour février 2014, je reviens vers la Commission pour savoir si elle a pu obtenir les informations recherchées auprès des autorités françaises et quelles suites vont être données

Réponse de la Commission à cette quatrième question : la Commission a demandé aux autorités françaises de lui fournir les informations nécessaires…. La Commission attend la réponse. Une fois reçue, la Commission l’ évaluera, et prendra, le cas échéant, toute mesure nécessaire pour assurer une application correcte de la législation environnementale de l’UE.

En clair la Commission attend toujours la réponse de la France.

24 février 2014 : sur le terrain, la tension monte, je reviens donc une cinquième fois vers la Commission, afin de savoir si elle a obtenu une réponse de la part des autorités françaises.

Je mentionne un autre aspect problématique au dossier : la mesure 125B1 (« soutien aux investissements collectifs d’hydraulique agricole » des fonds FEADER est sollicitée pour ce projet. Le taux d’aide publique dépend de l’augmentation ou non des zones irriguées. Or la Compagnie des Coteaux de Gascogne prévoit un financement public à hauteur de… 80 % (50 par l’Agence de l’eau et 30 par le FEADER). Le barrage de Sivens entraînerait une augmentation des surfaces irriguées : la Commission prévoit-elle de s’opposer à ce financement FEADER au regard du non respect des règles en vigueur ?

Réponse de la Commission : « Les autorités françaises ont communiqué les éléments demandés le 7 mars 2014. La Commission évalue actuellement ces éléments et l’opportunité de prendre des mesures ». En ce qui concerne les mesures financées par le FEADER, le contrôle du respect des règles appartient aux services nationaux.

Vendredi 14 novembre 2014 : Le représentant de la Région Midi-Pyrénées (notre conseiller régional Alain Ciekanski) assiste à la réunion de la CSRPN (Conseil scientifique régional du Patrimoine Régional). Le représentant de la DREAL fait part de la la décision de la Commission Européenne du 28 juillet 2014 de rejeter la réponse de la France sur ce dossier ! Décision qui n’est cependant pas publique.

Je tiens ici, sur ce dossier à remercier tout particulièrement deux personnes : Fanny Thibert qui a été une collaboratrice d’exception et dont la qualité du travail est parfaitement illustrée dans le suivi de ce dossier et Ben Lefetey, qui a été le relais associatif sans faille et qui a démontré que l’opposition politiques / associatifs n’est pas inéluctable.

En attendant avec impatience la décision des commissaires sur une procédure qui, rappelons-le, mettrait fin au financement européen sur ce dossier et surtout pourrait contraindre la France à des dédommagements financiers pour non respect de la Directive Cadre Eau,


http://www.reporterre.net/spip.php?article6593
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Re: Non au barage de Testet! (81)

Messagede Nico37 » 22 Nov 2014, 03:47

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Re: Non au barage de Testet! (81)

Messagede Nico37 » 23 Nov 2014, 02:05

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