Nucléaire le gouffre financier

Nucléaire, OGM, projets inutiles, ZADs ...

Nucléaire le gouffre financier

Messagede Pïérô » 04 Fév 2012, 14:31

Le rapport sur les coûts du nucléaire publié ce mardi 31 janvier par la Cour des Comptes jette un pavé dans la mare des débats sur le nucléaire. Ce rapport, publié par une juridiction indépendante, met à mal le mythe du nucléaire bon marché et des coûts maîtrisés de l’atome.


Coûts du nucléaire : la fin du mythe

Un nucléaire… en réalité bien plus cher !
Le verdict est sans appel : en établissant le coût moyen du nucléaire en 2010 à 49,5€ le MwH et celui de l’EPR de 70 à 90€ le MwH, le rapport de la Cour des Comptes met ainsi en évidence l’envolée des coûts de construction des nouveaux réacteurs et enterre définitivement l’EPR.

Le vieillissement des centrales, un gouffre financier
Les investissements de maintenance sont eux aussi condamnés à augmenter, renchérissant de 10 à 15 % le prix de production. D’après les chiffres d’EDF, ce sont 3,7 milliards d’€ qui devront être consacrés annuellement à la maintenance des réacteurs et au renforcement des normes de sûreté, une somme à revoir à la hausse sachant que toutes les conclusions des évaluations de sûreté post-Fukushima sont loin d’avoir été tirées, et que l’ASN, pourtant peu sévère, considère elle-même les chiffres fournis par EDF comme bien optimistes.

Le nucléaire, l’unique technologie dont le coût augmente avec le temps
La Cour des Comptes ne s’y risque pas, mais il n’est pas interdit d’en tirer des conclusions sur la compétitivité croissante des énergies renouvelables, dont les coûts de production décroissent dans le temps. Des études montrent d’ailleurs que les courbes des coûts de production du nucléaire et du solaire se sont croisées voilà déjà quelques années .

Nous savions déjà que le coût de l’électricité devait augmenter. Il est temps d’arrêter d’incriminer les renouvelables : c’est bien le nucléaire qui est responsable de cette hausse ! Les incertitudes et zones de flou pointées par la Cour des Compte en disent long sur l’escalade à venir des coûts.

L’incalculable coût du démantèlement
Ainsi, la Cour des Comptes se refuse à valider les 18,4 milliards d’€ estimés pour le démantèlement des 58 réacteurs actuellement en fonctionnement, du fait de l’absence de recul et de l’existence de coûts incomparablement plus élevés dans d’autres pays.

Déchets : le budget “oublié“
L’estimation de 28 milliards d’€ prévus pour la gestion à long terme des déchets (hors combustibles usés) est qualifiée de « fragile ». Surtout, les sommes nécessaires pour faire face à ces dépenses ne sont pas provisionnées : sur les 27,8 milliards nécessaires pour les coûts à venir, seuls 18,2 sont disponibles… et EDF a eu recours à un tour de passe-passe pour approvisionner les fonds, en y transférant des actifs normalement destinés à l’entretien des réseaux ! Ce ne sont pas les exploitants – qui ne sont pas à l’abris des aléas économiques ni d’opérations financières malheureuses - qui financeront la différence, mais bien l’Etat… et donc les contribuables.

Un rapport exigent, mais limité
Si rigoureux soit-il, il convient toutefois de rappeler les limites de cet exercice, réalisé à la demande du président de la République dans un délai bien trop restreint au regard de l’ampleur du sujet, et de l’espace temps des probables conséquences de ce rapport. Cette étude est comparable à une photographie : elle comporte de nombreuses zones de flou… mais surtout, le cadrage choisi exclut de nombreux enjeux cruciaux.

La gestion des déchets omet de prendre en compte tant les résidus miniers (qui représentent des milliers de tonnes de matières polluantes) que l’uranium appauvri, au prétexte que celui-ci serait une matière valorisable.

L’accident est certes évoqué, et la Cour des Comptes sonne certes l’alerte sur la nécessité d’une ratification urgente de la Convention de Paris, qui permettrait de faire passer à 200 millions d’€ les sommes à charge de l’exploitant en cas d’accident. Mais ce montant reste dérisoire face au coût d’un accident grave de type Fukushima, que la Cour des Comptes s’est refusée à prendre en compte.

Il est regrettable que la Cour des Comptes ne fasse qu’effleurer la question des externalités négatives liées au nucléaire, que le Réseau "Sortir du nucléaire" avait suggéré de prendre en compte lorsqu’il avait été auditionné par la juridiction. La destruction des zones où s’implantent les mines d’uranium, la pollution des cours d’eau et de l’environnement, les impacts sanitaires pour les travailleurs et les riverains, ont un coût non négligeable pour la société.

Enfin, nous constatons que la Cour des Comptes n’a pas touché mot du nucléaire militaire, dont l’existence est pourtant à l’origine de celle du nucléaire civil.

Nous sommes à la croisée des chemins et les conclusions du rapport arrivent à point dans les débats présidentiels. Puisque la Cour des Comptes alerte sur les coûts exponentiels de l’EPR et le poids à venir du démantèlement, deux choix se présentent aux décideurs.

Soit ils choisissent de prolonger indéfiniment l’exploitation des réacteurs existants, en assumant les risques bien réels, inhérents au vieillissement du parc et en exposant la population à la menace d’un accident dont les coûts pourraient dépasser ceux de la construction du parc nucléaire.

Au contraire, ils peuvent choisir d’amortir au plus vite la transition vers d’autres énergies, infiniment moins polluantes, créatrices de centaines de milliers d’emplois, et dont les coûts, eux, ne cessent de baisser.

Le statu quo n’est plus possible, et dans tous les cas il faudra faire un choix. Plutôt que d’engloutir des milliards d’€ par an dans un insuffisant rafistolage de centrales vieillissantes, investissons-les dans les économies d’énergie et les renouvelables. Déjà, en 2006, une étude montrait que, dans la région du Grand Ouest, on aurait pu assurer tout aussi bien les besoins en électricité si on avait consacré les 3,3 milliards d’€ que coûtait alors l’EPR aux alternatives énergétiques. Des scénarios de sortie du nucléaire existent, appliquons-les avant qu’il ne soit trop tard !


Source : Réseau sortir du nucléaire

http://danactu-resistance.over-blog.com ... 26698.html
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede Pïérô » 05 Fév 2012, 01:18

beaucoup d'éléments là dedans :

Nucléaire, explosion des prix !

A la lumière du rapport de la Cour des Comptes qui vient de paraître, on découvre l’étendue de la facture nucléaire, rapport encore bien éloigné de la réalité.

227,8 milliards d’euros, c’est le chiffre annoncé par la Cour des Comptes dans un rapport accablant concernant les investissements dans l’électricité nucléaire en France, ajoutant qu’il reste de grosses zones d’incertitude. lien : http://www.liberation.fr/terre/01012387 ... ds-d-euros

Les dépenses passées se montent à 188 milliards d’euros, 121 milliards c’est le cout du parc actuel des 58 réacteurs, 12 milliards c’est ce qu’a coûté « Superphénix », 19 milliards, c’est le coût du cycle du combustible, et 55 milliards correspondent aux investissements en matière de recherche et de développement (lien : http://www.dna.fr/fr/images/8E1A5EE8-E0 ... afp%29.jpg) sauf que pour « super » phénix, il manque une donnée essentielle, le cout du démantèlement

Rappelons que cette installation qui se voulait révolutionnaire n’a fonctionné que 176 jours en dix ans et qu’elle est en cours de démantèlement.

Sa construction a coûté 12 milliards d’euros, et sa déconstruction, estimée à l’époque à 900 millions d’euros, coutera en fin de compte entre 9 et 18 milliards d’euros, comme l’avait écrit Isabelle Barrédans un article récent du « Canard Enchaîné », soit beaucoup plus que prévu. lien : http://www.jp-petit.org/sauver_la_Terre ... phenix.pdf

Or, constatant l’écart entre la prévision et la réalité, si on applique une simple règle de trois aux 19 centrales nucléaires françaises, leur démantèlement coutera autant que leur construction, c’est-à-dire au moins 121 milliards d’euros.

La Cour des Comptes avoue d’ailleurs avoir eu de la peine a estimer ce chiffre faute d’expérience, et s’en est tenu modestement à 31,9 milliards.

De plus, les dépenses de maintenance sont estimées de 1,7 milliard à 3,7 par an, et là aussi, avec les demandes récentes de l’ASN, on peut facilement déduire que ces chiffres sont encore très optimistes(lien), car c’est sans compter avec l’évolution des dépenses de maintenance des installations qui va plus que doubler entre 2011 et 2025. lien : http://www.leparisien.fr/societe/cour-d ... 838594.php

Les exigences de l’ASN (autorité de sûreté nucléaire) entraineront en effet au moins un surcoût de 10 milliards au delà des investissements déjà programmés. lien : http://www.la-croix.com/Actualite/S-inf ... -04-754111

Devant la publication de ces chiffres, Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez en a profité pour critiquer les tarifs pratiqués par EDF. lien : http://www.latribune.fr/entreprises-fin ... rance.html

Le ministre de l’industrie, Eric Besson, a été d’ailleurs pris en flagrant délit de mensonge au sujet du prix de l’électricité, lors d’un débat avec Eva Joly en novembre dernier. lien : http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite ... ge-432097/

Ne parlons pas du stockage des déchets et de l’éventuel traitement lorsqu’une solution acceptable sera trouvée.

L’enfouissement des déchets, prévu à Bure est inacceptable, si l’on veut respecter les générations futures, puisque ces déchets seront dangereux pendant au moins 100 000 ans, et lorsqu’ils seront mis en container de béton, il parait difficile de garantir leur étanchéité si longtemps. lien : http://www.dissident-media.org/infonucl ... e_net.html

Ceux qui imagineraient envoyer les 672 000 tonnes de déchets dangereux dans l’espace devraient rapidement déchanter, car sachant qu’une fusée Ariane 5 ne peut envoyer plus de 10 tonnes en orbite, et que chaque vol coute 160 millions d’euros, l’addition des 67 000 vols se monterait à plus de 10 000 milliards d’euros. lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ariane_5

Il faut aussi s’étonner de ne pas voir figurer dans ce rapport de la Cour des Comptes des coûts induits, relatifs à la santé.

Sachant que la moitié des cancers sont imputables à l’industrie nucléaire, et que ceux-ci coutent mensuellement entre 3000 et 6000 euros, soit pour la totalité des dépenses liées au cancer un cout annuel de 30 milliards d’euros en France, (lien) pour quelles raisons n’en tiendrions-nous pas compte dans le prix du nucléaire ?

En conclusion, le rapport de la Cour des Comptes, même s’il est déjà inquiétant, reste donc assez éloigné de la réalité, vu la faible estimation du démantèlement et de la maintenance, sans oublier les conséquences en matière de santé, (leucémie et cancers), ni le financement du traitement des déchets, difficile à estimer, dont on sait déjà que le contestable projet d’enfouissement à Bure est passé de 15 milliards d’euros à plus de 35 milliards en quelques années. lien : http://www.latribune.fr/entreprises-fin ... picks=true

D’ailleurs dans un rapport de 1999, Jean Michel Charpin, Benjamin Dessus et René Pellat avaient chiffré le dossier nucléaire (recherche, développement, exploitation) dans une fourchette entre 418 et 446 milliards d’euros. lien : http://hondschoote-debat.over-blog.org/ ... 45335.html

Si l’on prend comme référence la centrale EPR en Finlande chiffré à l’origine à 3,3 milliard, et qui a plus que doublé aujourd’hui, on devine les écarts considérables qu’il peut y avoir entre les prévisions et la réalité.

Mais le plus grave, c’est le possible accident surtout si l’on songe que la catastrophe d’AZF a coûté 2 milliards d’euros, et que celle de Fukushima coutera, selon Michèle Rivasi, de 100 à 500 milliards d’euros. lien : http://www.leparisien.fr/societe/rappor ... 838469.php

Or EDF est assuré pour tout accident à hauteur de seulement 91 millions d’euros.

Et puis il ne faut jamais perdre de vue que les 58 réacteurs français couvrent un territoire de 500 000 km2, en n’oubliant pas qu’en cas d’accident majeur, il y aurait au moins un territoire perdu pendant un bon siècle, dans un rayon d’au moins 30 km autour de la centrale.

C’est l’occasion pour chacun d’entre nous de voir qui serait menacé en cas d’accident majeur nucléaire en France. lien : http://www.terraeco.net/Et-vous-ou-etes ... 40096.html

Or Bernard Laponche a beau démontrer qu’il y a une forte probabilité d’accident nucléaire majeur enFrance, rares sont les élus qui en admettent la possibilité, sur le modèle de l’autocrate présidentiel français, droit dans ses bottes, qui se refuse à cette éventualité. lien : http://www.telerama.fr/monde/bernard-la ... ,70165.php

Pourtant, comme l’explique Benjamin Dessus, on peut sortir du nucléaire sans plonger dans le chaos.

Démontrant toute la désinformation maniée par le lobby pro-nucléaire, qui a coup d’annonces spectaculaires mensongères : 1 million d’emplois perdus, perte de l’indépendance énergétique du pays, tente d’affoler le public, Benjamin Dessus fait une critique constructive mettant en évidence les contradictions des tenants du nucléaire. lien : http://www.lesechos.fr/opinions/points_ ... 250840.php

Comme chacun sait, même si par les temps passés, on utilisait de l’uranium extrait en France, celui qui alimente aujourd’hui les réacteurs nucléaires ne nous assure aucune indépendance. lien : http://resosol.org/InfoNuc/technique/uraniumF.html

Du coté de Fukushima, malgré le silence complice des grands médias, rien ne s’arrange et au fil des mois, les promesses de TEPCO s’envolent, et les difficultés s’accumulent.

Une nouvelle complication pointe son vilain museau, puisque on apprend aujourd’hui qu’à part les réacteurs détruits, il existe un autre lieu à haut risque : une piscine commune aux 6 réacteurs de Fukushima Daiichi qui se situe à une cinquantaine de mètres à l’ouest de l’unité 4.

D’un volume de 3828 m3, large de 12 mètres et longue de 29 mètres, elle ne possède pas d’enceinte de confinement et elle sert au stockage du combustible usagé, le gardant immergé pendant une période variant de 10 à 20 ans, afin de lui faire perdre une partie de sa radioactivité, ce combustible usagé ayant d’abord effectué un court séjour d’environ 19 mois dans les piscines attenantes aux réacteurs.

Or, Lors du tremblement de terre du 11 mars 2011, la bordure ouest de la piscine a été abimée, et il est indispensable que cette piscine reste totalement étanche, car si Tepco n’est pas très bavard sur son contenu, on sait quand même qu’il y aurait stocké là près de 1000 tonnes de combustible usagé, ce qui correspond à 6375 assemblages, rassemblant plus de 400 000 barres qui ne doivent surtout pas s’entrechoquer. lien : http://fukushima.over-blog.fr/article-l ... 86919.html

Au-delà de cette situation préoccupante, on apprend qu’une nouvelle fuite de 8500 litres d’eau radioactive s’est produite (lien) et n’aurait, d’après TEPCO, pas atteint l’Océan, obligeant l’exploitant à suspendre les opérations de refroidissement. lien : http://www.actualites-news-environnemen ... shima.html

D’autres difficultés surgissent, puisqu’on a appris le 1 février, que des fuites d’eau concernant le réacteur n°4 s’étaient produites, confirmant les dires de Ryusaki Tanaka, journaliste indépendant, lequel a rapporté, après une réunion avec la NISA (agence de sécurité nucléaire et industrielle) : « l’accident nucléaire n’est pas fini ». lien : http://bistrobarblog.blogspot.com/2012/ ... -2012.html

Quant aux réacteurs détruits, après avoir percé un trou dans la cuve de confinement du réacteur 2,TEPCO a constaté la disparition du combustible fondu, et le professeur Tadahiro Katsuta, à déclaré « il y a la possibilité que le combustible fondu tombé au fond de la cuve ne soit pas correctement recouvert par l’eau ». lien : http://www.washingtonsblog.com/2012/01/ ... ssing.html

Une caméra endoscopique à pu être introduite dans la cuve de ce réacteur. lien : http://www.20min.ch/ro/news/monde/story ... x-11912874

On s’interroge aussi sur la disparition de 840 travailleurs pour lesquels TEPCO n’a pas d’explication à fournir, affirmant être à leur recherche (lien) mais on est sur qu’à terme la catastrophe nucléaire japonaise aura des conséquences graves sur la santé de milliers de japonais, et d’ailleurs. lien : http://www.youtube.com/watch?v=2qWjOjSI ... bedded#%21

Le décompte macabre des premiers morts est sur ce lien : http://fukushima.over-blog.fr/article-l ... 15727.html



Comme dit un vieil ami musicien et africain : « je suis aveugle, mais on trouve toujours plus malheureux que soi : j’aurais pu être noir ».

Merci à Corinne Py, Mick, Orion, gaijin pour leur aide efficace.

Olivier Cabanel


http://www.bbec.lautre.net/www/spip_tru ... rticle2542
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede Pïérô » 12 Fév 2012, 12:44

LEMONDE.FR | 10.02.12 | 16h39

Le nucléaire est-il vraiment un atout en période de grand froid ?

Alors que l'Europe grelotte, le débat sur le nucléaire s'embrase. En France, le grand froid est l'occasion pour EDF de promouvoir la fiabilité de son parc, tandis que les opposants à l'atome dénoncent une dépendance à un mode de production qui implique la nécessité de vendre une énergie surabondante. Le nucléaire s'avère-t-il davantage un atout ou une faiblesse lorsque le thermomètre plonge ?


Le nucléaire permet-il à la France de répondre à la forte demande d'électricité liée au grand froid ?

"EDF a mis en service 55 de ses 58 réacteurs, (…) les capacités hydroélectriques sont pleinement mobilisées et seules 5 centrales thermiques sont à l'arrêt", s'est félicité le ministre de l'énergie, Eric Besson, alors que la France a battu un nouveau record de consommation électrique, mercredi 8 février à 19 heures, avec un pic de 101 700 mégawatts (MW). La mobilisation du parc nucléaire est "essentielle", précise le ministre, puisqu'"à lui seul, le nucléaire représentait 63 % de l'électricité consommée à 19 heures".


"Le nucléaire a un énorme avantage : c'est une énergie disponible en abondance, de manière stable et fiable, au moment où l'on en a le plus besoin, contrairement à l'éolien ou au solaire, qui sont intermittents et difficilement stockables", justifie Bruno Comby, ingénieur en génie nucléaire et président de l'Association des écologistes pour le nucléaire.

Une énergie abondante ou surabondante ? C'est la question que posent les anti-atome, pour lesquels le parc français est "surdimensionné". "Après avoir créé un grand nombre de centrales, la France a mis en place une politique d'incitation massive à l'installation de convecteurs électriques pour parvenir à vendre son électricité, explique Sophia Majnoni, responsable de la campagne nucléaire de Greenpeace. Résultat : on a suscité nous-mêmes une demande électrique très importante, créant de fait l'instabilité de notre système, qui produit trop quand nous n'en avons pas besoin et trop peu quand nous en avons besoin", puisque dans les périodes critiques, la France est obligée d'importer de l'électricité.


L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie évalue ainsi à 33 % la part des résidences principales françaises équipées de chauffage électrique, et 80 % pour les logements construits en 2009, contre moins de 4 % en Allemagne. La France se révèle donc plus "électrosensible" au froid que ses voisins européens : quand la température baisse de 1 °C, la consommation augmente de 5 000 MW pour toute l'Europe, avec pour la France une part de 2 300 MW, contre 600 MW en Grande-Bretagne, 500 MW en Allemagne et 300 MW en Italie. En France, le recours au nucléaire est donc tant la conséquence que la cause de la forte demande en électricité.


Doit-on construire plus de centrales pour éviter d'importer de l'électricité de l'étranger ?

Lors du pic de consommation de mardi, le nucléaire français a répondu à 58,5 % de la demande, selon les chiffres du Réseau de transport d'électricité (RTE), complété par l'hydraulique (11,5 %), les énergies fossiles (5 % pour le fioul, 4,7 % pour le charbon et 3,2 % pour le gaz), l'éolien (3,6 %) et diverses cogénérations et autres productions thermiques diffuses (5,6 %). Pour pallier les 8 % manquant (8 000 mégawatts), la France a dû importer de l'électricité, notamment d'Allemagne, à un moment où le prix du mégawattheure flambait, frôlant les 2 000 euros contre une cinquantaine d'euros d'ordinaire. "Cela prouve qu'il faut construire de nouvelles centrales nucléaires pour répondre en intégralité à la demande", estime Bruno Comby.

"Elargir le parc français aggraverait le cercle vicieux, rétorque Roger Beaufort, consultant spécialiste de l'énergie au cabinet d'études Bureau Horizons. Construire une nouvelle centrale pour fonctionner peu serait excessivement coûteux. Il faudrait développer encore les équipements électriques dans le pays pour parvenir à vendre de l'électricité, et encore à un prix très élevé." Car selon les calculs de RTE, les moments où la demande franchit le seuil des 90 000 MW — au-delà duquel des risques de coupure de courant peuvent survenir — ne dépassent pas 50 heures dans l'année.

La solution réside donc dans la sortie du tout électrique, selon l'expert. "Il faut d'abord mieux isoler les logements afin de limiter les importantes déperditions de chaleur, aspect sur lequel on avait peu insisté par le passé en raison d'une électricité bon marché et largement subventionnée, complète Sophia Majnoni. Il s'agit ensuite de remplacer le chauffage électrique par une source de chaleur ayant un meilleur rendement thermique, telle que le biogaz, la biomasse ou la géothermie, comme c'est le cas dans les pays nordiques."


L'Allemagne parvient-elle à répondre à sa demande malgré sa sortie progressive de l'atome ?

Mercredi, la nouvelle a fait le tour des sites d'informations : l'Allemagne, confrontée dans certaines régions à des températures atteignant - 20°C, avait dû réactiver certaines centrales nucléaires, en dépit de sa sortie de l'atome annoncée au printemps 2011. En réalité, l'information était erronée : Berlin a seulement activé deux centrales à gaz, qualifiées de "réserves froides" ainsi que d'anciennes centrales à charbon, considérées comme non rentables en temps normal. Preuve qu'elle est loin du black-out, l'Allemagne se paye même le luxe de continuer à exporter son électricité, notamment vers la France.

Surtout, Berlin a réalisé ce tour de force sans recourir davantage aux énergies fossiles, les plus polluantes. Le mix énergétique allemand est ainsi aujourd'hui composé à 18 % de nucléaire (soit une baisse de 23 % entre 2010 et 2011 avec la fermeture de 8 centrales sur 17), à 58 % d'énergies fossiles, avec le charbon, fioul et gaz (en baisse de 2 %) et à 20 % d'énergies renouvelables, avec le solaire, l'éolien et la biomasse (en hausse de 19 %). L'Allemagne a aussi dû, toutefois, réduire ses exportations de 20 % vers l'ensemble de ses voisins.

"La sortie progressive du nucléaire n'entraîne donc pas de difficultés majeures ni de pollution supplémentaire en ces temps de grand froid", conclut Andreas Rudinger, chercheur associé à l'Institut du développement durable et des relations internationales et membre de l'association Global chance. Les émissions de CO2 allemandes restent malgré tout largement supérieures à celles françaises – respectivement 300 millions de tonnes par an contre 60 millions – du fait de la part du charbon dans la production d'électricité allemande.


La France est-elle indépendante d'un point de vue énergétique grâce au nucléaire ?

"La dépendance de l'Europe au gaz russe est un vrai problème. Je me félicite que 65 % de l'électricité consommée ce soir soit nucléaire, c'est une manifestation de notre indépendance énergétique", déclarait, lundi 6 février, Eric Besson. De fait, la dépendance au gaz russe comporte une part réelle de risques, tant en raison des tensions récurrentes entre Moscou et Kiev – le gaz russe emprunte des gazoducs ukrainiens –, que du prix de cette énergie, qui a tendance à flamber lors des vagues de froid. Mais qu'en est-il des autres ressources énergétiques ?

"L'uranium, même s'il est enrichi en France, n'est plus du tout extrait dans l'Hexagone. Il est importé des mines du Niger, à 35 %, ainsi que du Kazakhstan, du Canada et de l'Australie", rappelle Sophia Majnoni. Le charbon, lui, provient d'Afrique du Sud et de Colombie. En cas de conflit dans l'un de ces pays, la France ne serait donc pas à l'abri de problèmes d'approvisionnement.

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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede Béatrice » 27 Aoû 2012, 08:10

Et bien selon Montebourg , se serait plutôt une "filière d'avenir" !

Déclarations de Montebourg sur le nucléaire : "une provocation" pour Mamère

Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a dit dimanche sur BFM TV que "le nucléaire est une filière d'avenir" tout en reconnaissant qu'il fallait qu'il soit "rééquilibré". Les Verts ont vu rouge.

Sons de cloches dissonants au sein de la gauche. Dimanche soir, Arnaud Montebourg a créé la surprise au sein d'Europe Ecologie Les Verts au sujet de l'épineux débat concernant le nucléaire. Invité sur le plateau de BFMTV, le ministre du redressement productif a qualifié le nucléaire de "filière d'avenir" tout en reconnaissant qu'il fallait "le rééquilibrer". Une petite phrase qui a irrité dans les rangs des écologistes.

Interrogé sur BFM TV à propos des promesses du candidat François Hollande de réduire le nucléaire en France, Arnaud Montebourg a répondu que "la réduction (du nucléaire) se conjugue dans une équation à deux chiffres: la quantité de ce que l'on consomme chaque année, qui augmente, et l'offre". "Nous avons besoin d'énergie et pas trop chère", a-t-il dit, et "la France a un atout extraordinaire entre ses mains (avec ses centrales nucléaires, ndlr) qui lui a permis de bâtir son industrie".
Grâce au nucléaire, l'industrie française a pu "passer les épreuves, y compris les chocs pétroliers, la crise...", a-t-il ajouté, "c'est une énergie abordable". "Notre choix d'avoir une énergie pas chère, abordable et en quantité est stratégique", a-t-il insisté rappelant que plusieurs pays européens revenaient au nucléaire, "même le Royaume uni, droite, gauche confondues". "Nous participerons aux appels d'offres", a-t-il assuré.

"Il s'agit d'une provocation"

Le discours n'a pas plu aux écologistes même s'ils n'y ont vu que des "propos isolés". "Nous réagissons en n'attachant pas plus d'importance que cela" au propos d'Arnaud Montebourg "que nous connaissions déjà comme étant pro-nucléaire", a déclaré à l'AFP Jean-Philippe Magnen, porte-parole d'EELV. "Le président a annoncé un grand débat national sur l'énergie. Il a pris un certains nombres d'engagements de réduire la part du nucléaire", a-t-il ajouté.

Moins mesuré, Noël Mamère (EELV), lui, y a vu lundi une "provocation" dans la déclaration pro-filière nucléaire du ministre Arnaud Montebourg, ce qui peut conduire les écologistes à "s'interroger" sur la validité des accords qui les lient au PS. "Je pense qu'il s'agit là d'une provocation", a déclaré sur Europe 1 le député-maire de Bègles. "C'est très inquiétant de voir ces déclarations de quelqu'un qui n'est pas isolé, qui est un membre important du gouvernement, qui est le ministre de l'industrie qui a la responsabilité de tout ce qui concerne le secteur de l'énergie", a insisté le responsable Europe Ecologie-Les Verts. "S'il n'y a pas d'explication et s'il n'y a pas de remise en cause des déclarations de M. Montebourg, nous serons en droit, nous, écologistes, de nous interroger sur la validité des accords que nous avons passés dans cette majorité", a encore dit M. Mamère.

Des accords obsolètes ?

Durant la campagne présidentielle, François Hollande avait promis d'engager "la réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% à l'horizon 2025", conformément à l'accord électoral qui avait été négocié dans la douleur entre le PS et les écologistes d'EELV. Ces derniers défendaient une sortie du nucléaire. Mais le président a déclaré, avant et après son élection, qu'il fermerait durant son quinquennat une seule centrale, celle de Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne du parc nucléaire hexagonal.

Et les Verts risquent de s'interroger sous peu. Delphine Batho, ministre de l'Ecologie et de l'Energie a affirmé qu'il n'avait "jamais été question ni de sortir, ni d'abandonner le nucléaire". La ministre avait également affirmé le 25 juillet dernier à l'Assemblée Nationale que "tous les emplois de la filière seraient maintenus", tout en précisant qu'en matière de démantèlement des installations nucléaires, il y avait "une filière industrielle que nous devons développer".


http://www.metrofrance.com/info/declara ... rXWMpsvig/
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Louise Michel
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede digger » 27 Aoû 2012, 17:54

Et pas que pour Montebourg. C'est le PS entier qui va se rallier. Mais est-ce vraiment surprenant ?
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Re: Nuclaire le gouffre financier

Messagede Ulfo25 » 28 Aoû 2012, 12:48

digger a écrit:Et pas que pour Montebourg. C'est le PS entier qui va se rallier. Mais est-ce vraiment surprenant ?


Je rajouterais même que les "écolos" ne bougeront pas le petit doigt pour empêcher ce genre d'actions gouvernementales. EELV, selon moi, est un nid d'opportunistes ne recherchant que des places confortables et sans aucune convictions écologistes pures.
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede Flo » 28 Aoû 2012, 13:18

digger a écrit:Et pas que pour Montebourg. C'est le PS entier qui va se rallier.


Que que-ce-que tu disais ? Ah oui...

Manuel Valls soutient Arnaud Montebourg sur le nucléaire

PARIS (Reuters) - Plusieurs responsables socialistes ont soutenu lundi la position du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg pour qui le nucléaire est une "filière d'avenir", des propos qui provoquent un tollé chez les écologistes.

"C'est une filière d'avenir, incontestablement", a dit le ministre de l'Intérieur sur Europe 1, tout en rappelant les engagements de François Hollande en matière de réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% d'ici à 2025.

Manuel Valls a également réaffirmé que la centrale alsacienne de Fessenheim serait fermée au cours du quinquennat.

"Il y a besoin de renouveler nos centrales nucléaires, ses différentes filières", a dit le ministre de l'Intérieur, précisant que des débats sur le sujet auraient lieu au sein du gouvernement et dans le cadre de la conférence environnementale, en septembre.

Le président PS de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a également défendu les propos d'Arnaud Montebourg, estimant qu'ils étaient une "évidence", en raison notamment des démantèlements à venir.

Que le nucléaire soit une filière d'avenir, "c'est une évidence, à partir du moment où l'annonce qui a été faite par le président de la République c'est de dire 50% dans le cadre du mix énergétique en 2025", a-t-il dit lundi sur RTL.

"Il faut que toutes les centrales qui seront encore en place pour assurer ce 50% d'énergie d'origine nucléaire en 2025 soient à la pointe du progrès", a-t-il ajouté. "En même temps, vous allez avoir tous les nouveaux emplois liés aux démantèlements."

"NOUVELLE PROVOCATION"

Réagissant aux propos d'Arnaud Montebourg, le député écologiste de Gironde Noël Mamère a parlé de "nouvelle provocation" et dénoncé une "entorse très sérieuse" à l'accord entre le PS et EELV, appelant le ministre à "revoir sa copie" et le Premier ministre à démentir ses propos.

Mais la plupart des dirigeants d'Europe écologie-Les Verts ont voulu y voir des propos "isolés".

"Ce n'est pas le gouvernement qui s'est exprimé hier, c'est un ministre qui a donné son point de vue personnel", a estimé lundi sur i>TELE François de Rugy, co-président du groupe écologiste à l'Assemblée nationale.

"Nous savons depuis toujours qu'Arnaud Montebourg a toujours été un pro-nucléaire de choc (...) c'est pour ça que nous ne donnons pas plus d'importance que cela à ces propos qui sont quand même très isolés, qui n'ont jamais été repris au sein du gouvernement", a-t-il ajouté.

Pour Yannick Jadot, député européen d'EELV, qui dit attendre une mise au point du Premier ministre, "les propos de Manuel Valls ou d'Arnaud Montebourg sont en contradiction avec les engagements" de François Hollande sur la réduction de la part du nucléaire dans la consommation d'électricité.

Dans le cadre des élections législatives de juin dernier, le Parti socialiste et EELV ont signé un accord qui prévoyait, entre autres, la réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité française.

Les écologistes ont deux ministres au gouvernement.

Pour le réseau "Sortir du nucléaire", les propos d'Arnaud Montebourg "ne font que confirmer les signaux donnés par François Hollande, qui a repoussé la fermeture de la centrale Fessenheim aux calendes grecques et demande l'accélération des travaux de la mine d'uranium d'Imouraren au Niger".

"Alors que de nombreux pays européen ont décidé d'abandonner cette énergie, les ministres français restent campés sur une position archaïque", écrit-il dans un communiqué.

Chine Labbé et Gérard Bon édité par Patrick Vignal

http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/ ... eaire.html



C'est à vomir.
"La société à venir n'a pas d'autre choix que de reprendre et de développer les projets d'autogestion qui ont fondé sur l'autonomie des individus une quête d'harmonie où le bonheur de tous serait solidaire du bonheur de chacun". R. Vaneigem
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede sebiseb » 28 Aoû 2012, 13:31

Il a raison Montebourg, le nucléaire est une filière d'avenir...


...pour les actionnaires d'Areva ! Enfin jusqu'à ce qu'ils soient eux aussi atomisés :hehe:
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Re: Nuclaire le gouffre financier

Messagede Béatrice » 28 Aoû 2012, 22:45

Communiqué du réseau " Sortir du nucléaire " contre les propos tenus par Arnaud Montebourg et ses compères gouvernementaux :

Arnaud Montebourg, ministre du passé !

Le Réseau "Sortir du nucléaire" proteste contre les propos d’Arnaud Montebourg et d’autres membres du gouvernement sur le nucléaire, qui témoignent une fois de plus, avant même la "conférence environnementale" de septembre prochain, que la remise en cause de cette technologie n’est pas à l’ordre du jour.

Des propos mensongers

Dimanche 26 août, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, a déclaré sur BFM TV que le nucléaire était une "filière d’avenir" et "une énergie pas chère et abordable".

Comment qualifier d’"énergie d’avenir" une technologie du siècle dernier, qui écrase les vraies énergies de demain que sont les énergies renouvelables et empêche la mise en oeuvre de mesures massives d’économie d’énergie ? Une technologie génératrice de déchets ingérables dont les générations futures porteront le fardeau pendant des millénaires ? Une technologie dont les impacts sanitaires, au Japon comme en Biélorussie, plomberont des territoires pour des siècles ? Comment parler d’énergie "pas chère" au regard des coûts vertigineux, en partie attestés par la Cour des Comptes, dont on commence tout juste à cerner les contours, de la gestion des déchets et du démantèlement des centrales ?

Montebourg aujourd’hui contredit Montebourg hier

On appréciera la souplesse intellectuelle de M. Montebourg, qui déclarait lors de la campagne des primaires socialistes vouloir "dépasser le nucléaire", qui n’était alors selon lui, "comme toutes les autres sources d’énergie non reproductibles" (lire "renouvelables") qu’une "solution transitoire" dont "chacun sait bien qu’on en sortira, à un moment ou un autre." Montebourg appelait alors à "ne plus [faire du nucléaire] la base de notre production énergétique que l’on complète par des énergies renouvelables." Il concluait : "Il faut donc hisser notre société par-dessus l’horizon du nucléaire et envisager la suite car le nucléaire est dépassable."[1]

Il aurait évidemment fallu tout ignorer des liens privilégiés de M. Montebourg avec l’industrie nucléaire pour prendre de tels propos pour argent comptant. L’ex-député de Châlon-sur-Saône, commune où est implanté un important site de production d’Areva, s’est-il depuis fait remonter les bretelles ? Ou bien est-il tout simplement revenu de son plein gré à ses convictions profondes ?

Pourquoi débattre si on ne peut toucher au nucléaire ?

Les derniers propos d’Arnaud Montebourg ne font que confirmer les signaux donnés par François Hollande, qui a repoussé la fermeture de la centrale Fessenheim aux calendes grecques et demande l’accélération des travaux de la mine d’uranium d’Imouraren au Niger. Manuel Valls a apporté son soutien au ministre, tandis que Delphine Batho, ministre de l’écologie, a réaffirmé qu’il n’a "jamais été question ni de sortir ni d’abandonner le nucléaire". Alors que de nombreux pays européen ont décidé d’abandonner cette énergie, les ministres français restent campés sur une position archaïque.

Les orientations pronucléaires du gouvernement ne sont certes pas une surprise (et à ce titre, on peut se demander ce qu’espèrent encore les quelques ministres écologistes). Toutefois, dans ce contexte, on peut se demander à quoi est censée servir la conférence environnementale qui sera organisée en septembre prochain, et le débat sur l’énergie qui en découlera. À quoi bon réunir les associations, syndicats et élus si les décisions sont déjà prises et annoncées par le gouvernement ?

Par son immobilisme, le gouvernement se coupe de la population, qui est majoritairement favorable à une sortie du nucléaire. Le 13 octobre prochain, des mobilisations dans plusieurs villes de France fourniront une occasion de rappeler que nous souhaitons en finir définitivement avec le risque nucléaire [2] !

Réseau Sortir du nucléaire - 27 août 2012

Notes :

[1] http://www.arnaudmontebourg2012.fr/cont ... -nucleaire [2] http://groupes.sortirdunucleaire.org/13octobre2012
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede bipbip » 27 Oct 2013, 15:03

Suite
"Nucléaire bon marché" : la Cour des Comptes brise le mythe

Dernière mise à jour : octobre 2013

A l’issue de 7 mois de recherche, des impasses, des trouvailles et beaucoup d’incertitudes

Proposée par le WWF en mai 2011, l’idée d’un audit des coûts du nucléaire a enchanté Nicolas Sarkozy, qui y voyait une occasion en or de démontrer, à l’approche de la période électorale, le caractère prétendument bon marché de son énergie préférée. L’étude a débuté en juillet 2011, pour une publication fin janvier 2012. Un délai très restreint pour un thème aussi vaste et aussi épineux, même si cette juridiction indépendante s’était déjà penchée précédemment sur les coûts du démantèlement et de la gestion des déchets.

En si peu de temps, et compte tenu du secret qui entoure les données, de la mauvaise volonté des industriels, ou tout simplement de l’impossibilité de prévoir l’avenir, faire toute la lumière sur le sujet était impossible. Des impasses (regrettables) ont été effectuées, et une grande partie des chiffres obtenus sont à prendre avec des pincettes, la Cour elle-même soulignant les énormes incertitudes sur de nombreuses questions. Toutefois, contredisant les espérances de Nicolas Sarkozy, le travail effectué a aussi permis d’épingler certains coûts colossaux. Citons par exemple celui de la recherche dans le nucléaire, depuis le début du programme atomique, qui s’élève à 55 milliards d’euros ; celui de l’accompagnement des convois de déchets nucléaires, qui est de 4,5 millions d’euros par an (dont 4 restant à la charge des gendarmeries), celui du réacteur Superphénix (12 milliards d’euros en tout). D’autres sont inquiétants par leur faible montant, comme celui de l’assurance. Si un accident survenait maintenant, seuls 90 millions d’euros seraient à la charge de l’exploitant, alors qu’une catastrophe comme celle de Fukushima se chiffre en milliers de milliards d’euros…

Déchets et démantèlement : même minimisée, la note est salée !

Déchets nucléaires : un fardeau calculé de manière incomplète.
La Cour des Comptes, s’en tenant à la très restrictive définition officielle des déchets nucléaires en France, n’a pas calculé le coût de la gestion de certaines matières. Aucun chiffrage de la prise en charge des 260 000 tonnes d’uranium appauvri qui s’entassent sur différents sites, ni des 82 tonnes de plutonium stockées à La Hague : les exploitants considèrent qu’elles peuvent être réutilisées dans un futur hypothétique et qu’il ne s’agit pas de déchets. Pas de calcul non plus pour les 50 millions de tonnes de résidus miniers qui continuent de polluer les anciens sites d’extraction… Mais les chiffres obtenus pour la gestion des autres déchets dénotent des devis à la hausse et de sérieuses querelles en perspective. Ainsi, l’enfouissement des déchets les plus dangereux ne coûterait « que » 14,4 milliards d’euros selon EDF… mais 36 milliards selon l’Andra !

Démantèlement dément.

Les dépenses pour le démantèlement des 58 réacteurs français en fonctionnement – sans inclure la dépollution des sites - sont estimées à 18,4 milliards d’euros, suite à un calcul d’EDF que la Cour des Comptes refuse de cautionner. Elle se livre d’ailleurs à une comparaison instructive, appliquant aux 58 réacteurs français les méthodes de calcul utilisées dans d’autres pays. Les coûts obtenus sont systématiquement supérieurs, voire triplent si on retient la démarche utilisée en Allemagne. Rappelons également qu’en Suisse, 17,5 milliards d’euros sont prévus pour le démantèlement de… 5 réacteurs. Doit-on en déduire que les Français sont très économes… ou qu’EDF bluffe de manière éhontée ?

Qui paiera la fin de vie du nucléaire ?

Même minimisées, ces sommes ne sont toujours pas couvertes par les industriels. Sur les 79 milliards d’euros estimés pour le démantèlement et la gestion des déchets, moins de la moitié est provisionné. Pour trouver les sommes disponibles, EDF n’a pas hésité à recourir à des tours de passe-passe aux limites de la légalité, par exemple en transférant des actifs de RTE dans le fonds destiné au démantèlement. Surtout, les provisions d’EDF sont particulièrement vulnérables aux aléas économiques : leur pérennité est tributaire d’une rentabilité suffisante des placements financiers d’EDF, qui ont déjà beaucoup souffert de la crise économique de 2008. Il devient évident que les contribuables devront voler au secours des industriels pour couvrir ces coûts…

Le nucléaire de demain, un fardeau

Très cher EPR. Alors que le solaire et l’éolien voient leurs coûts de production diminuer au fur et à mesure que la filière se développe, chaque nouveau modèle de réacteur nucléaire coûte plus cher que le précédent. Avec un MWh compris entre 70 et 90 euros, l’EPR explose tous les records.

La prolongation des réacteurs existants entraînera également des coûts impressionnants. Selon EDF, il serait nécessaire d’investir pour cela 50 milliards d’€ sur quinze ans, et 55 milliards si l’on intègre les dépenses prévues pour améliorer la sûreté suite à Fukushima. Cela nécessiterait d’investir 3,7 milliards d’euros par an. Cette évaluation, réalisée alors que les devis des travaux à effectuer ne sont pas encore connus, est considérée comme très optimiste par l’Autorité de Sûreté Nucléaire elle-même. Néanmoins, elle porte le coût de production du MWh nucléaire à 54 euros, soit bien plus que son prix de vente actuel (42 euros).

Les alternatives sont compétitives : telle est la conclusion que la Cour des Comptes aurait pu tirer si elle avait entrepris une comparaison entre énergies. Rappelons que selon différentes études, le prix de production de l’électricité renouvelable serait désormais inférieur, subventions déduites, à celui du nucléaire [1]. On se souviendra par ailleurs qu’en 2006, le rapport « Courant Alternatif pour le Grand Ouest » avait démontré qu’il aurait été possible de répondre deux fois mieux aux besoins en énergie de la grande région normande si on avait consacré les 3,3 milliards d’€ que devait alors coûter l’EPR de Flamanville aux alternatives énergétiques. Que serait-il maintenant possible de réaliser si les 3,7 milliards à investir annuellement pour la prolongation des réacteurs étaient consacrés aux économies d’énergie et aux renouvelables ?

L’heure des choix est venue

Nous n’aurons ici qu’une évaluation partielle des coûts du nucléaire. Les dépenses à venir sont minimisées, et omettent de nombreux aspects (ainsi, quid d’une éventuelle suppression de la sous-traitance, qui ferait grimper les coûts de la main-d’œuvre ?). Ce rapport ne nous dit pas non plus à quel prix – humain, sanitaire et environnemental - les centrales fonctionnent et l’uranium est extrait.
Toutefois, même cette évaluation incomplète brise le mythe du nucléaire pas cher. Au vu des dépenses à venir, il faut s’attendre à une hausse importante du prix de l’électricité, qu’il deviendra grotesque de mettre sur le dos des renouvelables.
Plus de statu quo possible : deux choix se présentent maintenant en matière de politique énergétique. Soit prolonger indéfiniment l’exploitation des réacteurs existants, en engloutissant des milliards dans un insuffisant rafistolage des centrales ; assumer les risques inhérents à leur vieillissement, et choisir d’exposer la population à la menace d’un accident dont les coûts pourraient dépasser ceux de la construction du parc nucléaire. Soit amorcer au plus vite la transition vers d’autres énergies, infiniment moins polluantes, créatrices de centaines de milliers d’emplois, et dont les coûts, eux, ne cessent de baisser. N’attendons plus pour changer de cap !


Notes
[1] Solar and Nuclear Costs – The Historic Crossover, Dr. John Blackburn, juillet 2010.

http://groupes.sortirdunucleaire.org/Couts-du-nucleaire
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede Pïérô » 07 Mar 2014, 14:05

Prolonger les réacteurs nucléaires : « hors de prix », selon Greenpeace

Pousser les 58 réacteurs nucléaires français au-delà de 40 ans, comme le souhaite EDF, nécessite des « opérations complexes, potentiellement très coûteuses et dont la faisabilité réglementaire et technique n'est pas acquise ».
Telle est la conclusion d'un rapport réalisé, à la demande de Greenpeace, par le cabinet de conseil WISE-Paris, spécialisé dans le nucléaire. L'organisation écologiste demande, en conséquence, que la loi sur la transition énergétique qui doit être débattue avant l'été « fixe la limite d'âge des 40 ans comme durée de vie maximale des réacteurs français ».
... http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... _3244.html

Le rapport : http://out-of-age.eu/executive-summary?lang=fr
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede bipbip » 01 Juin 2014, 11:44

"Nucléaire bon marché" : la Cour des Comptes brise le mythe

Nouveau rapport de la Cour des Comptes : qui parlait de nucléaire pas cher ?

La Cour confirme la tendance à la hausse du coût de production du nucléaire : en 3 ans, passant de 49,6 € le MWh à 59,8€ le MWh, celui-ci a crû de 21% ! Il est nécessaire d’en tirer les enseignements qui s’imposent : renoncer au plus vite à une énergie chère et dangereuse.

Une maintenance qui explose

Une partie notable de ces coûts est dûe aux opérations de maintenance et aux réparations à effectuer dans le contexte post-Fukushima. Dans la perspective à venir du "Grand Carénage", il y a du souci à se faire : l’ASN alerte déjà sur le fait qu’EDF est débordé par les travaux de maintenance et note des non-qualités de maintenance dues à la perte de transmission de savoir-faire. Il est donc inéluctable que ce poste de dépense explose, au prix d’une augmentation de la facture pour les consommateurs. Rappelons que le programme du Grand Carénage ne résoudra pas les problèmes de sûreté liés au vieillissement inéluctable de certains équipements non remplaçables. Il risque en revanche de se traduire par des coûts accrus et des conditions de travail inacceptables pour les intervenants.

Le nucléaire n’est plus compétitif

Il est regrettable que la Cour des Comptes se soit interdit d’enquêter sur une comparaison des coûts entre nucléaire et énergies renouvelables, celle-ci ayant pu se révéler fort instructive. Le nucléaire est en effet la seule technologie au monde dont les coûts de production vont croissant, malgré des dépenses de recherche qui ont crû de 10% en 3 ans, alors que le coût du MWh renouvelable ne cesse de baisser. Il faut s’attendre à un croisement imminent des courbes des prix de production, notamment avec l’éolien terrestre. Un rapport allemand publié par le think tank Agora Energiewende a d’ailleurs récemment montré qu’un mix électrique à base de solaire et d’éolien s’avèrerait 21% moins cherqu’un système équivalent à base de nucléaire nouvelle génération. En pleine période de crise économique et d’austérité, il relèverait de la responsabilité des pouvoirs publics d’opter pour une réelle transition énergétique basée sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables plutôt que de continuer à parier sur une technologie aux coûts croissants.

La zone d’ombre des coûts à venir

La Cour continue de souligner que les prix à venir restent difficiles à déterminer et qu’ils seront supportés par les générations futures, une grande partie des coûts étant reportés après la période de production. Il est inacceptable que François Hollande puisse prétendre s’engager pour la jeunesse tout avalisant la poursuite du nucléaire, qui fera peser un lourd fardeau sur les épaules des futurs contribuables.

http://www.sortirdunucleaire.org/Nouvea ... omptes-qui
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede bipbip » 07 Fév 2016, 11:38

Nucléaire : l’addition qu’on nous cache

EDF doit rénover ses centrales vieillissantes, voler au secours d’Areva et, enfin, construire deux EPR en Grande-Bretagne. Tout cela pèse sur les prix. Mais un autre nuage va plomber un peu plus les comptes d’EDF : le démantèlement des centrales nucléaires.

L’électricité à bon marché en France, c’est déjà du passé. Dans les années qui viennent, EDF va devoir augmenter ses tarifs de 30 à 50% pour relever des défis énormes.
1 - L’entreprise va financer la rénovation du parc des centrales nucléaires actuelles. Une ardoise estimée à 55 milliards d’euros.
2 - Elle va participer au plan de sauvetage d’Areva en rachetant une partie son capital, soit 2,7 milliards d’euros.
3 - A cela, il faut rajouter la construction de deux EPR en Grande Bretagne. Une facture estimée à 18 milliards d’euros !

Mais le démantèlement du parc des centrales nucléaires va aussi peser sur ses comptes.

... http://www.franceinfo.fr/actu/societe/a ... che-764051
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede Pïérô » 20 Aoû 2016, 11:40

Nucléaire : une bombe financière et fiscale à retardement

Pendant des décennies l'Etat et le lobby nucléaire ont servit un mensonge à la population, notamment sur le faible coût supposé de la production d'électricité par la destruction atomique. Aujourd'hui la manipulation se révèle aussi au travers du fiasco financier et économique de EDF et de Areva dont la maison-mère est le Commissariat à l'Energie Atomique. Le nucléaire est moins compétitif financièrement que les énergies renouvelables. Dans les 3 domaines du prix, de l'indépendance énergétique et de l'emploi c'est le fiasco. Pour maintenir à flot les producteurs de la bombe atomique et l'illusion d'une modernité technologique, EDF-Areva et l'Etat prennent des risques que les contribuables devront assumer. Un patron livre son analyse...

... http://coordination-antinucleaire-sudes ... etardement
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Re: Nucléaire le gouffre financier

Messagede bipbip » 29 Sep 2016, 12:38

Deux milliards de dollars : ce que coûte l’éclatement d’un seul fût de déchets nucléaires

En février 2014, un fût de déchets radioactifs éclate dans le centre d’enfouissement de Carlsbad, aux États-Unis. Il libère notamment du plutonium et de l’américium. Cet accident, supposé ne devoir jamais arriver, coûtera deux milliards de dollars et sept ans de travaux.

... https://reporterre.net/Deux-milliards-d ... de-dechets
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