Du jardin ouvrier au jardinage guerilla

Nucléaire, OGM, projets inutiles, ZADs ...

Du jardin ouvrier au jardinage guerilla

Messagede digger » 28 Aoû 2011, 11:49

Dans notre imagerie, la relation à la terre est ambiguë et il existe quelques raisons historiques à cela. Le jardin ouvrier, à l’origine, au début du XIXème siècle avait un côté paternaliste et l’un des ses objectifs principaux étaient d’éloigner l’ouvrier du cabaret. Dans les année 1940, ils serviront à la doctrine pétainiste. Et enfin, le milieu rural a longtemps, et souvent à juste titre, été considéré comme conservateur.

La main d’oeuvre de la révolution, ce sont les ouvriers, pas les paysans, même si beaucoup de tentatives unitaires ont vu le jour à travers l’histoire, comme dans la région nantaise en 1968.
C’est oublier que c’est la terre qui nous fait vivre et que celui qui la possède ou qui en contrôle les moyens de productions et de distribution possède aussi un pouvoir exhorbitant.
Le capitalisme et sa recherche effréné de profits a remplacé les doctrines paternalistes et nationalistes. Il a pollué autant les esprits que la terre elle-même. L’exemple le plus criant, sur le plan politique, en est l’évolution des prétendus "écologistes". Et si vous me permettez une parenthèse, tout en ne partageant pas certains fondements de l’anarchie verte, notamment l’aspect "primitiviste", je trouve salutaire son aspect "coup de pied dans la fourmilière."

Comme dans tous les autres domaines, le capitalisme prétend qu’il n’existe pas d’alternative à son mode agricole productiviste. Mais contrairement à d’autres domaines, comme l’industrie par exemple, chacun ou presque, est en mesure d’expérimenter et de prouver le contraire. Il suffit de cultiver quelques mètres carrés de terre pour avoir la preuve que les produits de Monsanto sont non seulement mortels, mais totalement inutiles. Tout comme 90% des gadgets vendus en jardinerie, y compris les graines, puisque le système reproducteur des végétaux suffit par lui-même la plupart du temps. (Sauf, si comme l’a compris le système, on le supprime pour rendre plus dépendant les producteurs obligés d’acheter leurs semences)

L’affameur prétend être le seul capable de nourrir la planète. Avant que de pouvoir bouffer l’affameur, l’urgence est de nourrir les affamés. Nous avons les connaissances pour cela. Il nous faut la terre et le contrôle des moyens de distribution. (par distribution, j’entends échange commercial sous toutes ses formes possibles, et non seulement monétaire, mais aussi au sens premier, "faire parvenir à" )

La terre a toujours été un terrain d’affrontement politique. De Gerrard Winstanley en 1649 à [url]Reclaim the Fields[/url] Elle doit non seulement le rester mais occuper la place qui est la sienne, comme enjeu fondamentale de pouvoir ou de contre-pouvoir. Elle ne doit pas être une obole au peuple comme complément de revenus et elle n’est retour à rien du tout. Elle appartient seulement à tous et nous devons nous la réapproprier face au capitalisme , même si il est "biologique"
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Re: Du jardin ouvrier au jardinage guerilla

Messagede Pïérô » 30 Aoû 2011, 01:06

J'ai un peu de mal à partager cette présentation, même s'il me semble qu'on partage du même sens. "L'anarchie verte", pour exemple qui me fait le plus sursauter, et le primitivisme porte tout autre chose car elle pose un projet dit anticivilisationnel qui n'est pas ce qui nous mène, et je pense que le terme anarchisme est là en plus complètement déplacé et dévoyé. Il y a sur cette question du primitivisme quelques topics dans la partie "Débats théoriques" du forum. La question paysanne est prise en compte depuis longtemps dans le mouvement anarchiste, et pas que depuis 68 (et en tout cas la commune de Nantes en 68 est évidemment interessante), et Kropotkine en parle d'ailleurs beaucoup dans son analyse sur la révolution de 1789 entres autres (dans "La Grande Révolution" et ailleurs), et évidemment il y a une dimension paysanne en Ukraine pendant la révolution russe, puis en Espagne 36-39. Aujourd'hui on se penche beaucoup sur les questions de production bio, de relocalisation, de filières courtes, d'AMAPs, et les jardins collectifs fleurissent en alternatives locales autogestionnaires.
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Re: Du jardin ouvrier au jardinage guerilla

Messagede Chubaka » 26 Mai 2012, 04:21

Je suis d'accord avec Piérô. Les jacqueries du Moyen-âge étaient aussi violentes que les révoltes industrielles du XIXe siècle. Le système cherche à broyer l'autonomie paysanne comme il a broyé celle du prolétariat industriel par l'organisation du travail. Personnellement, je ne crois pas qu'il y ait un sujet révolutionnaire particulier. Il faut 3 conditions : le sujet doit avoir intérêt à la révolution, avoir une autonomie substantielle et avoir conscience de la situation. L'ouvrier a actuellement une autonomie amoindrie et pas forcément de conscience de la situation bien qu'il ait intérêt à la révolution. Le paysan, quand il cherche à défendre son autonomie, développe une conscience de la situation et commence à voir un intérêt dans la révolution. Tout cela pour dire qu'il y a un à priori non justifié dans la présentation de Digger.
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