Dans notre imagerie, la relation à la terre est ambiguë et il existe quelques raisons historiques à cela. Le jardin ouvrier, à l’origine, au début du XIXème siècle avait un côté paternaliste et l’un des ses objectifs principaux étaient d’éloigner l’ouvrier du cabaret. Dans les année 1940, ils serviront à la doctrine pétainiste. Et enfin, le milieu rural a longtemps, et souvent à juste titre, été considéré comme conservateur.
La main d’oeuvre de la révolution, ce sont les ouvriers, pas les paysans, même si beaucoup de tentatives unitaires ont vu le jour à travers l’histoire, comme dans la région nantaise en 1968.
C’est oublier que c’est la terre qui nous fait vivre et que celui qui la possède ou qui en contrôle les moyens de productions et de distribution possède aussi un pouvoir exhorbitant.
Le capitalisme et sa recherche effréné de profits a remplacé les doctrines paternalistes et nationalistes. Il a pollué autant les esprits que la terre elle-même. L’exemple le plus criant, sur le plan politique, en est l’évolution des prétendus "écologistes". Et si vous me permettez une parenthèse, tout en ne partageant pas certains fondements de l’anarchie verte, notamment l’aspect "primitiviste", je trouve salutaire son aspect "coup de pied dans la fourmilière."
Comme dans tous les autres domaines, le capitalisme prétend qu’il n’existe pas d’alternative à son mode agricole productiviste. Mais contrairement à d’autres domaines, comme l’industrie par exemple, chacun ou presque, est en mesure d’expérimenter et de prouver le contraire. Il suffit de cultiver quelques mètres carrés de terre pour avoir la preuve que les produits de Monsanto sont non seulement mortels, mais totalement inutiles. Tout comme 90% des gadgets vendus en jardinerie, y compris les graines, puisque le système reproducteur des végétaux suffit par lui-même la plupart du temps. (Sauf, si comme l’a compris le système, on le supprime pour rendre plus dépendant les producteurs obligés d’acheter leurs semences)
L’affameur prétend être le seul capable de nourrir la planète. Avant que de pouvoir bouffer l’affameur, l’urgence est de nourrir les affamés. Nous avons les connaissances pour cela. Il nous faut la terre et le contrôle des moyens de distribution. (par distribution, j’entends échange commercial sous toutes ses formes possibles, et non seulement monétaire, mais aussi au sens premier, "faire parvenir à" )
La terre a toujours été un terrain d’affrontement politique. De Gerrard Winstanley en 1649 à [url]Reclaim the Fields[/url] Elle doit non seulement le rester mais occuper la place qui est la sienne, comme enjeu fondamentale de pouvoir ou de contre-pouvoir. Elle ne doit pas être une obole au peuple comme complément de revenus et elle n’est retour à rien du tout. Elle appartient seulement à tous et nous devons nous la réapproprier face au capitalisme , même si il est "biologique"