Catastrophe nucléaire au Japon à Fukushima

Nucléaire, OGM, projets inutiles, ZADs ...

Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Nico37 » 25 Avr 2011, 14:53

Tchernobyl: la controverse des chiffres et le syndrome japonais 23 Avril 2011 Par Les invités de Mediapart

Enseignant-chercheur à l'École des hautes études en sciences sociales, Alfredo Pena-Vega critique l'attitude des technocrates qui veulent faire de la catastrophe de Tchernobyl un «non-événement»: il dénonce «l'absence de pensée réflexive» qui entoure encore, 25 ans après, la question des risques engendrés par la production de l'énergie nucléaire.

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On ne pourra passer cette fois-ci sous silence la commémoration des vingt-cinq années de l'accident de Tchernobyl! La crise multidimensionnelle qui vient de frapper Fukushima montre que Tchernobyl est plus que jamais présent. Un quart de siècle plus tard, la controverse autour des chiffres des victimes de Tchernobyl ne s'est pas éteinte. Les «tcherno-révisionnistes» réclament encore des preuves de l'augmentation des leucémies d'enfants suite aux irradiations de Tchernobyl. Les pro-nucléaires de tout poil vont-ils réclamer des chiffres du nombre de contaminés à Fukushima? Vont-ils poursuivre le jeu dangereux, le déni, la dissimulation les mensonges qui jalonnent l'histoire depuis la découverte de la radioactivité et de son impact?

Quel est le nombre exact de décès, de personnes contaminées par l'accident de Tchernobyl? La controverse continue à faire rage(1). Les organismes «compétents» évoquent quelques centaines de décès; les médias annoncent quelques milliers. Certains ont même avancé le chiffre de quarante-six décès consécutifs à l'accident. Certains scientifiques avancent des commentaires hasardeux, sans avoir mis les pieds sur les lieux de la catastrophe. James Lovelock n'a-t-il pas déclaré «beaucoup pensent que des dizaines de milliers, voire des millions de personnes sont mortes à cause de l'accident [de Tchernobyl]. Or nous verrons qu'il y en a eu soixante-quinze jusqu'aujourd'hui(2)». Ces propos sont emblématiques de la vision de certains bureaucrates scientifiques ou politiques, dont la vision peut être qualifiée de «fondamentaliste», sans recul, guidée par une «croyance» du non-événement que serait l'accident de Tchernobyl.

Pour les tenants de ce postulat, toute allusion à une réalité autre qu'un diagnostic minimaliste semble appartenir au domaine de l'irrationnel. Moins caricatural, mais toujours dans le même esprit, le rapport des Nations Unies donne une réponse quasi définitive: «Quelque 4 000 cas de cancer de la thyroïde, essentiellement chez des enfants et des adolescents au moment de l'accident sont imputables à la contamination, et au moins neuf enfants en sont morts ; à en juger par l'expérience du Belarus, le taux de survie parmi les patients atteint de ce type de cancer atteint presque 99 % (3)». Dans un rapport datant de 2005, l'AOM et l'AIE faisaient état d'un nombre de 50 liquidateurs décès et 9000 décès «potentiels, au total» attribuables à la contamination radioactive.

À l'opposé, il y a ceux qui divergent radicalement du discours officiel. «Sur les milliers de pompiers intervenus le premier jour, 31 sont morts dans les semaines qui suivirent. Sur les 600 000 liquidateurs, les personnes ayant participé de près ou de loin à la gestion immédiate du sinistre, 10 % auraient reçu des doses de plus de 250 millisievert et un nombre élevé de leucémies aurait été observé. Soixante-sept pour cent de ces liquidateurs auraient en outre présenté des maladies diverses. Nombre d'entre eux seraient morts», c'est ce qu'a déclaré la vice-présidente de la Santé en Ukraine [...] «Plus exactement à Kiev, le ministre de la Santé a fait d'état de 15 000 morts et de 500 000 enfants souffrant de troubles divers (4).»

En 2010, un ouvrage scientifique a été publié sur la nature et l'étendue des dommages subis par les humains et par l'environnement(5). Selon Alison Katz, cet ouvrage «met à la disposition de tous une grande quantité d'études collectées dans les pays les plus touchés: le Belarus, la Russie et l'Ukraine». Les auteurs estiment que: les émissions radioactives du réacteur en feu ont atteint dix milliards de curie, soit deux cent fois les retombés des bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki; que les décès dans le monde attribuables aux retombés de l'accident, entre 1986 et 2004, est de 985 000; que 112 000 à 125 000 des 830 000 liquidateurs intervenus sur le site, sont morts

L'absence de pensée réflexive

La catastrophe de Tchernobyl n'a pas donné lieu aux recherches pluridisciplinaires, qui étaient pourtant nécessaires, et aucune leçon n'a été tirée. Elle appelle des développements nouveaux. Par exemple, le principe d'incertitude doit être intégré dans les réflexions sur le nucléaire civil et dans notre compréhension de la nature du monde -la nature même de la vie. Le Strontium 90 libéré dans l'atmosphère par les désastres atomiques de Tchernobyl et de Fukushima revient sur la Terre avec les pluies ou sous la forme de poussières, pénètrent dans le sol, dans les végétaux comestibles, puis dans le corps humain, où il se loge dans les os. Définitivement. C'est ce processus inexorable que des milliers de Japonais sont en train de subir, comme naguère les habitants du Belarus, de Russie et d'Ukraine.

Les controverses sur l'impact de la catastrophe de Tchernobyl sont liées au climat scientifique imposé par l'industrie de l'atome et fondé sur le dogme du tout-nucléaire. Elles sont alimentées par les affrontements entre les critiques d'une rationalité technologique unique et les défenseurs d'une pensée unidimensionnelle. Le silence doit être brisé, afin que le monde sache les douleurs et les combats de milliers des femmes et d'hommes qui se battent pour la santé de leurs enfants. Afin aussi qu'un tel cauchemar ne se reproduise jamais.

Enfin et surtout, il faut lancer des initiatives européennes et des forums sur le futur du nucléaire dans la société pour connaître les chiffres exacts des conséquences des retombées atomiques, pour identifier à qui profite l'opacité, pour discuter de l'avenir des installations existantes et du futur du système énergétique mondial.

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1) Quel a été l’impact de l’accident de Tchernobyl sur la santé ? www.greenfact.org.
2) James Lovelock, La revanche de Gaia, page 171.
3) Voir rapport de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, 2005, Vienne, Autriche.
4) Voir, Dominique Belpomme (en collaboration avec Bernard Pascuito), Ces maladies crées par l’homme. Comment la dégradation de l’environnement met en péril notre santé. Albin Michel, page 55, 2004.
5) Yablokov Alexey, Nesterenko Vassili, Nesterenko Alexey, 2010. Chernobyl: consequences of the catastrophe for people and the environment. Annals of the New York academy of sciences, vol 1181, Wiley-Blackwell, april 2010, 300 p.
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Anti-K » 26 Avr 2011, 16:40

Voici un bref retour sur les actions qui ont eu lieu le 23 avril en Basse-Normandie et un petit tour non exhaustif de ce qui s’est fait ailleurs ce même jour et les jours suivants :

Samedi midi à Raids près de Périers dans la Manche, environ 80 personnes sont réunies autour d’un pique-nique offensif. A cet endroit, est construit un post électrique déjà bien avancé qui servira au nouveau tracé THT lié à la construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville.

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Après un repas convivial et sous surveillance de la gendarmerie et de la police politique (DCRI), les pique-niqueurs prennent comme annoncé la direction de pylône THT pour jouer au grand jeu de pâques de la « chasse aux boulons ». La gendarmerie décide tout d’abord de laisser faire pensant à tord qu’un seul boulon sera retiré symboliquement. Finalement, ce sont plusieurs boulons qui sont successivement déboulonnés symboliquement et fragilisant ainsi l’édifice. Le but : montrer à RTE, mais surtout aux populations hostiles au projet que celui-ci est bien plus fragile qu’il n’y paraît.

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Au cours de l’action, la gendarmerie se sentant bernée change d’attitude et devient plus agressive. Elle tente de pousser les personnes et les banderoles qui leur barre le passage jusqu’aux déboulonneurs. Mais leurs poussettes et leur faible nombre ne leur permet pas de faire grand-chose. Ils se reprennent lorsque le déboulonnage d’un second pylône est envisagé. Là ils campent sur chacun des 4 pieds, contraignant les déboulonneur-se-s à user de la force pour procéder à l’action. Finalement les gens renoncent à déboulonner ce second pylône.

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A15h, à Diellette à quelques pas de l’école de voile et du chantier EPR, déjà bien avancé, ce sont quelques 800 personnes qui se retrouvent pour une manifestation. Là ont lieu quelques prises de paroles de militants locaux (nouvelle coordination régionale antinucléaire, ACRO).Une militante d’origine japonaise vivant en France a également fait le point sur la situation avant de déposer une gerbe sur la stèle dédiée aux irradiés inconnus.

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Devant la centrale ce sont des sceaux d’eau censés représenter l’aspect dérisoire de la lutte japonaise contre le désastre en cours qui sont lancés sur la pancarte du site. Pour un manifestant c’est bien la rage qui submerge. Il balance con sceau sur un des flics, très présents et qui n’on t eu de cesse de photographier les manifestant-e-s.
Et ici en terre hautement nucléarisée, où chacun est particulièrement tenu par le nucléaire et son poids économique ça a encore une autre signification qu’ailleurs. Ca veut dire ferme ta gueule et soit invisible !

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Il ne faut pas rêver, de tels rassemblements avec leurs lots d’actions symboliques et de sentiment d’impuissance face au désatre en cours ne pourront à eux seuls enrayer la machine nucléaire, mais ils ont au moins le mérite de nous réunir, de permettre de commencer à discuter, et peut-être de nous donner bien plus de rage et de force dans les semaines et les mois qui viennent !


Photo sur résistances.
http://www.resistances-caen.org/photos, ... -2011.html

La suite ici :

http://www.anartoka.com/cran/viewtopic.php?t=448
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Anti-K » 26 Avr 2011, 17:24

Texte distribué lors du rassemblement de Flamanville.

FUKUSHIMA :
LE RETOUR D’EXPERIENCE C’EST NOUS !


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Depuis le 11 mars dernier le Japon a été confronté à une série de séismes et un tsunami. Au milieu du désastre ambiant plusieurs réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima ont successivement explosé, libérant dans l’atmosphère leurs particules radioactives et de nombreux produits chimiques.

Toujours prisonniers de leur culture du mensonge en matière de nucléaire TEPCO, l’Etat japonais et les Etats nucléaristes n’ont eu de cesse dans un premier temps de minimiser les conséquences du drame. Ainsi, des dizaines d’employés de la firme nucléaire nippone sont-ils envoyés sur place pour endiguer la fusion du combustible qui n’est plus refroidi, se transformant à l’occasion, comme leurs prédécesseurs soviétiques à Tchernobyl, en liquidateurs de la catastrophe. Ici comme ailleurs, ce sont des travailleurs qui sont envoyés au casse-pipe, parce que dans cette guerre ci, comme dans toutes les autres guerres, ce ne sont jamais ceux qui décident des guerres qui en meurent ! D’ailleurs au quotidien, au japon comme en France, ce sont des travailleurs précaires, les intérimaires, qui sont les plus exposés aux radiations et contaminations. Au Japon, TEPCO recrute depuis des années des travailleurs démunis, sans attache. Ceux-là sont les principaux sacrifiés de la catastrophe*.
En quelques jours seulement ce sont des milliers de kilomètres carrés qui sont contaminés, tandis que la situation ne cesse d’être critique. Quelques dizaines d’heure seulement après la catastrophe, des traces de Césium 137 sont déjà trouvées par les russes dans la presqu’île sibérienne proche d’Hokkaido. Aujourd’hui les premières conséquences sont perceptibles sur les liquidateurs, les populations avoisinantes, l’alimentation, l’eau. TEPCO liquide le drame en balançant des tonnes d’eaux contaminées en mer. Et pendant que le Césium 137, auquel il faut 30 ans pour perdre la moitié de sa nocivité, souille les rues de Tokyo, les medias japonais nous claironnent que rien ne se passe de grave.

Alors qu’ils se présentent comme à leur habitude comme d'éminents techniciens responsables, les nucléocrates bricolent à coup de lances à incendies, d’hélicoptères… Le problème, c’est que nous sommes tous et toutes, japonais et japonaises en première ligne, les cobayes de l’expérience en cours, avec toutes les conséquences que l’on devine : malformations, leucémies, attente abominable d’éventuelles conséquences, terres souillées pour des millénaires, déplacements de population, etc.
Autour de la centrale, des dizaines de milliers de personnes ont été appelées à se confiner chez elles. Livrées à elles-mêmes, elles attendent que les autorités les aident. Mais comme une mafia chasse l’autre, sur place, les yakusa, maffia japonaise, organise discrètement l’aide aux sinistrés (source AFP).
Et chacun est sommé d’obéir aux ordres. Parce que comme le soulignaient déjà Roger et Bella Belbéocq au moment de Tchernobyl, la catastrophe discipline, d’autant qu’elle ne laisse au quidam d’autres choix que de s’en remettre aux autorités et experts de tous poils…
A noter qu’en France, des plans de gestion de catastrophe sont aussi étudiés, notamment au sein du Codirpa*. La catastrophe c’est la militarisation des conditions d’existence. En plus d’être contaminé, chacun est trié, mesuré, déplacé au gré des interventions expertes. Et, l’on peut présager, si la situation était venue à se dégrader encore un peu plus, comme lors de l’ouragan Katrina de 2003, que si certain-es avaient tenté de s’organiser pour survivre en pillant, l’Etat n’aurait pas hésité à tirer !

Bien évidemment, les Etats nucléaristes, associés dans leur entreprise de sauver leurs propres programmes électronucléaires, n’ont eu de cesse de minimiser le drame et de le naturaliser. La catastrophe ne serait due qu’à un aléa sismique. Que ce séisme et le tsunami qui l’ai suivi ait été d’une violence inimaginable et donc difficilement prévisible pour nos spécialistes en sûreté nucléaire ne doit pas nous faire oublier qu’en matière de prédiction nos apprentis sorciers n’en sont pas à leur coup d’essai. A Forsmark, en Suède, en 2006, les systèmes de refroidissement de la centrale avaient déjà flanché. Là, pas de tsunami, mais un court-circuit électrique qui aurait pu provoquer la fusion du réacteur. Au Blayais en 1999, c’est la tempête qui là aussi crée une vague non imaginée par les autorités de sûreté, vague qui envahit la centrale*…
Ce jeu terrifiant d’apprentis sorcier se vérifie au quotidien, dans la gestion même du nucléaire. Ce sont plusieurs centaines de ce qu’ils nomment pudiquement « incidents » quiont lieu chaque années. Certains exposant les travailleurs, souvent les intérimaires, d’autres les populations avoisinantes comme lors des rejets de la centrale du Tricatin dans la Drôme en 2008*.
Mais au-delà de ces « incidents », le nucléaire en fonctionnement dit « normal » dissémine déjà la mort. L’excès de leucémies révélé par l’épidémiologiste JF Viel autour du centre de retraitement de La Hague en 95 restera par exemple lettre morte*, démenti par une étude de commande pro-nucléaire, la commission Sugier. Les exemples sont légions tout comme les moyens plus ou moins subtils de se débarrasser de déchets faiblement ou plus significativement radioactifs : fabrication de casseroles à Feursmetal, dissémination de remblais pour les routes, construction de munitions à uranium appauvri*…
Ici comme ailleurs, en matière de nucléaire la main qui contrôle via les autorités de sûreté est la même que celle qui assassine, de l’OMS à l’AIEA en passant par l’ASN*.
Loin de remettre en cause le désastre ces incidents deviennent une sorte de routine nucléaire. Dès lors, comme pour le Rhinocéros de Ionesco, si d’abord la maladie qui transforme les protagonistes du drame en Rhinocéros préoccupe et inquiète, très rapidement elle devient un décor familier du quotidien.
D’autant plus qu’en matière de nucléaire les conséquences des drames ne se voient pas et sont reportées dans l’avenir et qu’il n’y a d’autres choix que de s’en remettre aux experts ou contre-experts de tous poils et à leurs litanies plus ou moins obscures.

Malgré l’omerta dont les tenants de l’industrie nucléaire recouvre le drame, il semble que la donne est en partie changée depuis la stratégie ouvertement mensongère de Tchernobyl. Au silence s’est substitué le bruit. Très rapidement les autorités nucléaires surcommuniquent sans nier le caractère préoccupant et grave de l’accident en cours. Il n’y a guère que Besson pour maintenir le cap de l’accident maîtrisable… tandis que sous ses yeux pètent un à un les réacteurs, l’urgence consiste à sauver le soldat nucléaire.
La situation est d’autant plus critique que les mesures prises sont dérisoires au regard de la catastrophe en cours. Comment faire avaler la pilule d’iode quand on sait déjà que partout se disséminent les radioéléments à vie longue ? Prendre la parole et laisser filtrer quelques bribes de la catastrophe pour que les interlocuteur-
trice-s ne soient pas les antinucléaires.
Depuis Tchernobyl, les nucléocrates se sont entourés de chargés de communication qui n’ont eu dès lors de cesse de nous faire gober que l’industrie mortifère qui les rémunère grassement serait dorénavant transparente, et d’associer en bon « démocrates » de leurs adversaires à leur entreprise : débats publics, conférences de consensus, commissions d’expertise ou d’information (CORE, Codirpa,Sage…), etc*. Entreprise que les plus crétins ou les plus serviles se sont empressés de rejoindre.
Le véritable objectif de cette « perestroïka » est double : regagner la confiance de l’opinion et se donner un verni démocrate d’une part, et d’autre part se présenter de nouveau comme des interlocuteurs responsables. Sarkozy annonce lors de sa visite au Japon fin mars la couleur. AREVA et les nucléocrates français interviendront au Japon et en France. Les dispositifs de sécurité seront renforcés sur les sites nucléaires. Comme pour toute crise, les pompiers pyromanes reprennent les affaires en main.
Fukushima offre également à nos destructeurs de monde l’occasion d’affirmer une stratégie déjà rodée lors de la gestion post-accidentelle de Tchernobyl : nous apprendre à vivre en zone contaminée. Ce n’est plus la possibilité de l’accident qui est niée. L’accident nucléaire est soudainement présenté comme un accident industriel comme un autre, contingent à nos modes de vie, un coût à payer pour que le monde continue de tourner comme il tourne.
Et sur ce marché de la vie amputée, de la sécurité nucléaire à la pseudo-dépollution, nos entreprises du nucléaire, d’AREVA à Vinci en passant par Bouygues, se positionnent déjà. La catastrophe est un marché comme un autre.
Et comme après chaque accident majeur, les seuils de contamination et d’irradiation radioactifs deviennent plus difficiles à tenir, leur dernière trouvaille eu égard à l’accident est de relever les seuils de contamination des aliments*.
Quant à la menace terroriste, elle ne servit il y a de cela quelques mois qu’à élargir l’étendue du secret défense en matière de nucléaire et ainsi faire taire toute opposition.

Le but est bel et bien de faire durer la petite entreprise nucléaire telle qu’elle tourne au désastre. Et Sarkozy , avec le même zèle que ses prédécesseurs de gauche comme de droite, se transforme en VRP du nucléaire et des intérêts économiques colossaux de ses industriels. Et il n’est pas en reste en matière de défense du complexe militaro-industriel nucléaire. Il faut dire que les frontières entre civil et militaire sont souvent bien poreuses.
Le nucléaire c’est un Monde qui dépasse ses simples installations et leur nuisances. Il se prolonge bien au-delà de leur environnement immédiat, des lignes THT, au développement des lignes TGV, en passant par nos décors high-tech, nos villes illuminées, sans oublier bien évidemment le soutien de dictatures qui permettent de récupérer de l’uranium comme au Niger, et les guerres avec leurs menaces atomiques permanentes et leurs résidus d’uranium appauvri.
Avec sa continuation et sa relance il s’agit surtout de prolonger la société qui ne cesse de nous broyer avec ses flux de marchandises et d’énergie, ses OGM, ses nanotechnologies, ses centres de rétention, ses rapports de pouvoir et d’exploitation…
Les tenants du nucléaire tentent de nous faire accepter ces cauchemars comme une fatalité, une sorte de nouvelle religion.

Face au désastre, les écologistes n’en appellent qu’à une meilleure gestion de l’existantet une sortie longue du programme nucléaire. Le réseau sortir du nucléaire demande la fermeture des centrales les plus vieilles dont le lobby tente de prolonger la durée de vie. Mais quid des autres centrales, de leurs rejets quotidiens et des menaces qu’elles font peser sur nos têtes ?
Europe écologie, suivant en la circonstance la douce pente déjà empruntée par les Verts et ses jeux d’alliances politiciennes, continue de promouvoir des réformes qui ne sont que suites de défaites et de compromis. De l’abstention au Conseil régional de Basse-Normandie en 2004 sur l’EPR au vote de crédits au nouveau pôle de compétitivité nucléaire Nucléopolis basé à Caen en passant par le « 1€ pour ITER, 1€ pour le renouvelable » de la région PACA *, cette voie n’a pourtant jamais arrêté de montrer son véritable visage. Aujourd’hui encore ils nous proposent une sortie en 30 ans et des audits sur les centrales associant des experts indépendants… comme si le nucléaire entre temps allait soudainement cesser d’être dangereux.
Et tout ça pour que continue de tourner la machine capitaliste et sa voracité énergétique.
Que le moins mauvais des mondes où l’on nous enferme ne nous permette de choisir qu’entre charbon, nucléaire ou éoliennes industrielles montre bien dans quelle impasse nous sommes, et ce à quoi cette écologie nous intime de renoncer : à changer ce monde.
Rien d’étonnant de retrouver dans ces sauveteurs transformés en promoteurs de la gestion du désastre, les écologistes entrepreneuriaux de Greenpeace ou l’hélicologiste sponsorisé par EDF, Nicolas Hulot. Ceux et celles-là ne cherchent pas tant à renverser ce monde qu’à le prolonger un peu plus longtemps et à faire fructifier les marchés juteux du capitalisme vert.
Dès lors, les écologistes d’Etat rivalisent d’imagination avec les nucléocrates pour que surtout tout reste entre leurs mains : du côté des nucléocrates l’acceptation, du leur la contestation. Et les luttes ne sont plus que lobbying, demande à l’Etat, jeu électoral et institutionnel. Ne nous faisons pas d’illusions, ils nous demanderons sûrement de nous mobiliser au moment de la campagne présidentielle tout en propageant aujourd’hui le désert sur le front des luttes antinucléaires. Au sinistre répond le cynisme.

L’autre piège tendu par la situation et dans lequel s’engouffrent nombre d’écologistes sincères est celui d’imposer un référendum. Pas seulement parce qu’il serait organisé dans de mauvaises conditions sous l’égide des medias, tous liés au lobby nucléaire, ni parce que comme le traité européen s’il s’avérait négatif pour le pouvoir, il serait immédiatement remis en cause; mais surcout parce que cette demande s’intègre parfaitement à la stratégie des promoteurs du nucléaire en ce qui concerne la démocratie et la transparence. Que sur ce terrain les nucléocrates auraient beau jeu de nous offrir un succédané de démocratie via des débats publics, des conférences citoyennes, tout ce fatras publicitaire visant à nous faire taire. Leur démocratie c’est cause toujours…

Face au nucléaire et au monde dans lequel il ne cesse de proliférer, nous n’avons d’autres alternatives que de nous mobiliser. Parce que face au désastre, il ne suffit pas de s’indigner. Les « révoltes arabes » comme les récents mouvements contre les mesures d’austérité en Europe nous ont montré qu’il existe un audelà de la résignation et que le goût de la liberté reste bien vivant.
Nous auto-organiser dans des assemblées, mettre en place des actions qui permettent de montrer que derrière la machine nucléaire, il y a des hommes et des choix, contrecarrer les gestionnaires du désastre, voilà ce que nous entendons faire et ce que nous appelons à faire partout ▪

▪ Assemblée antinucléaire de Caen,
Avril 2011

* Infos complémentaire sur http://www.anartoka.com/cran/
Pour nous contacter : CRAN@no-log.org
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Nico37 » 27 Avr 2011, 21:50

Une employée de Tepco exposée à des radiations supérieures à la norme

Cette femme qui travaillait sur le site de Fukushima a reçu des doses de radioactivité trois fois plus élevées que la limite légale autorisée.

Une femme ayant travaillé sur le site de la centrale accidentée de Fukushima a reçu des doses de radioactivité trois fois plus élevées que la limite légale autorisée, a annoncé mercredi l’opérateur Tokyo Electric Power, cible de vives critiques de la part du gouvernement.

Cette femme, qui s’occupait de tâches logistiques, a reçu des radiations de 17,55 millisieverts, alors que la limite maximale autorisée pour les femmes est de 5 millisieverts sur trois mois. Cette limite est inférieure à celle des hommes, en raison des risques potentiels pour le bébé en cas de grossesse.

Comme l’ensemble de la vingtaine de femmes employées sur ce site par Tepco, elle a quitté les lieux le 23 mars, douze jours après le début de l’accident nucléaire.
Tepco a fait cette annonce après avoir analysé l’historique des niveaux d’exposition de ses employés à la centrale qui a été endommagée à la suite du séisme et du tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon le 11 mars.

«C’est une erreur. Nous le regrettons», a déclaré à la presse un responsable de Tepco, reconnaissant que la gestion de l’exposition aux radiations aurait dû être plus rigoureuse.

«C’est extrêmement regrettable», a réagi de son côté Hidehiko Nishiyama, porte-parole de l’Agence japonaise de sûreté nucléaire. «Nous allons enquêter et voir pourquoi et comment cela a pu arriver», a-t-il ajouté, précisant qu’il entendait demander «des réponses complètes» à Tepco.

Enquête

La limite légale de radiations autorisées pour les hommes travaillant dans le nucléaire en temps de crise a été relevée à 250 millisieverts par an depuis l’accident de Fukushima, contre 100 auparavant. Une exposition annuelle à plus de 100 millisieverts augmente les risques ultérieurs de cancer, d’autant que la radioactivité «absorbée» se cumule avec les expositions futures.

Goshi Hosono, conseiller spécial du Premier ministre Naoto Kan, a critiqué mercredi en termes très vifs l’attitude de l’opérateur de la centrale. «Tepco est un groupe très conservateur qui n’aime pas le changement», a-t-il lancé au cours d’une conférence de presse.

«La préparation de Tepco face au tsunami et à la perte d’électricité devra faire l’objet d’une enquête», a-t-il estimé. «Le résultat de cette enquête devra être acceptable pour la communauté internationale», a-t-il ajouté, jugeant «bien sûr possible» que des experts étrangers y participent.

L’opérateur Tepco estime qu’il faudra trois mois pour que le niveau de radiations commence à baisser et encore trois à six mois supplémentaires pour réduire les fuites radioactives à un niveau «très bas».

(Source AFP)
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Nico37 » 02 Mai 2011, 22:30

Société nucléaire, Société totalitaire ! CGA Montpellier - Un Autre Futur

Alors que le Japon a subi une catastrophe majeure, la centrale de Fukushima est toujours confrontée à un accident nucléaire dont le niveau de gravité a atteint celui de Tchernobyl en terme de pollution radioactive et donc de nocivité à court comme à long terme.

Nucléaire l'Etat garde le cap

Alors que dans le monde entier s'élèvent à nouveau les voix remettant en cause le nucléaire, la classe politique française et le complexe militaro-industriel nucléaire font preuve d'un déni comparable à ceux qui, en 1986, prétendaient que le « nuage radioactif s'était arrêté aux frontières », ou comparaient les opposants au nucléaire à des partisans du « retour à la bougie ». Alors que les gouvernements allemands et suisses craignant les réactions de leurs opinions publiques ont déjà pris de timides mesures pour geler leur programme nucléaire, les élites nucléocrates françaises ont choisi la fuite en avant en affirmant que la catastrophe de Fukushima ne remettait absolument pas en cause la prolifération nucléaire qu'ils ont décidée. Ainsi le gouvernement français continuera à maintenir voire augmenter le parc actuel de centrales sur le sol français tout en tentant de vendre des réacteurs à l'étranger, pour plus grand bonheur des actionnaires d'Areva.
Ainsi, ils veulent continuer à nous faire payer le coût financier de l'exploitation des centrales, des sous-marins et porte-avions qu'ils construisent et à hypothéquer notre avenir en entassant les déchets radioactifs dont le potentiel mortel se calcule en dizaines voire en centaines de milliers d'années. Ainsi, ils voudraient que les populations de pays comme le Niger continuent, elles aussi, à payer le coût économique, politique et écologique de l'extraction de l'uranium pour alimenter leurs réacteurs qui sont autant de bombes en puissance. Et pour ce faire, leur discours consiste à faire passer les antinucléaires pour des défenseurs du lobby pétrolier, ou comme des obscurantistes sans alternative.

Halte aux énergies mortifères, Ni gaz de schiste ni nucléaire

De la même façon les pétroliers et l'État cherchent à développer l'extraction de gaz et d'huile de schiste, devenue rentable avec l'explosion des prix des matières pétrolières. Cette industrie comme le nucléaire est génératrice de mort puisqu'elle conduit à la pollution massive des nappes phréatiques, la fracturation incontrôlée des sols, la destructuration massive des territoires concernées...
Comme pour le nucléaire, nous refusons le développement de l'industrie d'exploitation du gaz et d'huile de schiste ici comme ailleurs.
Pour en finir avec le désordre écologique, détruisons le capitalisme, construisons le communisme libertaire
Pourtant, la revendication que nous portons, la sortie immédiate du nucléaire, est beaucoup plus rationnelle que la fuite en avant dans laquelle veulent nous entrainer les défenseurs du nucléaire. Elle s'articule avec la revendication historique de gestion directe et de contrôle de la production par les travailleuses et les travailleurs, qui permettrait sa réorganisation rationnelle, rompant ainsi avec la logique énergivore du capitalisme tout en préservant les conditions de vie de l'immense majorité de la population. C'est en décidant collectivement « que produire, comment, pour qui, et où ? », que nous pourrons inverser la courbe énergétique, sans pour autant que les classes populaires en paient le prix.

Cette logique de décision collective en matière de choix énergétique et d'organisation de la production et de la distribution de biens, est en contradiction directe avec la logique étatique et capitaliste, qui réserve à une élite ces choix, et dont le complexe militaro-industriel nucléaire français est une illustration. Elle permettrait de briser la fausse alternative « pétrole ou nucléaire », par le développement d'énergies renouvelables et la maîtrise collective de la production, sans hypothéquer les conditions de vie des générations futures.
Sortie immédiate du nucléaire, civil et militaire !
Gestion directe de la production et de la distribution, décision collective en matière d'énergie !
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Nico37 » 15 Mai 2011, 15:12

Alors que des experts indépendants nous ont dit pendant des semaines qu’il existait des preuves qu’une catastrophe nucléaire était en cours à Fukushima, confirmation par les autorités japonaises qui a été absent de l’histoire officielle au cours des deux derniers mois.
Aujourd’hui, tout change avec l’annonce que les travailleurs du réacteur nucléaire ont finalement entré dans le réacteur n ° 1 du bâtiment pour trouver dès les 5 premiers mètres les barres de combustible de 13 pieds de long qui avait complètement fondu dans un bassin de lave en fusion qui se trouve maintenant sur le fond de la enceinte de confinement du réacteur.

Temps comprimé des séquences vidéos des réacteurs nucléaires de Fukushima enfumés:


Fusion nucléaire à l’usine de Fukushima

L’un des réacteurs de la centrale paralysé de Fukushima Daiichi a subi un effondrement nucléaire, les responsables japonais l’a admis pour la première fois aujourd’hui, décrivant une piscine de combustible fondu au fond de la cuve de confinement du réacteur.

En Ryall Julian dans Paris PM Tokyo le 12 mai 2011 02:01
Les ingénieurs de la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) est entré dans le réacteur n ° 1 à la fin de la semaine dernière pour la première fois et j’ai vu les cinq premiers pieds ou de tiges du noyau de carburant de 13 pied de long qui avait été exposée à l’air et fondu vers le bas.
Auparavant, Tepco avait estimé que le coeur du réacteur avait été submergé dans l’eau suffisamment pour maintenir sa stabilité et que seulement 55 pour cent de la base avait été endommagé.
Maintenant, l’entreprise craint que le bain de fusion du combustible radioactif peut avoir brûlé un trou dans le fond de la cuve de confinement, ce qui provoquerait des fuites d’eau.
« Nous allons devoir revoir nos plans», a déclaré Junichi Matsumoto, un porte-parole de Tepco. « Nous ne pouvons pas nier la possibilité qu’un trou dans la cuve sous pression ait causé des fuites d’eau ».
Tepco n’a pas précisé quels obstacles il y a d’autres pour arrêter une fuite de combustible radioactif si le bâtiment de confinement en acier a été percé. Greenpeace a déclaré que la situation pourrait rapidement dégénérer si « la lave fond par le navire ».
[...]

Source: The Telegraph



« Le réacteur N ° 1 est dans un état d’effondrement »
Tokyo Electric Power Company affirme que le réacteur n ° 1 à l’usine de Fukushima Daiichi de l’énergie nucléaire est suspecté d’être dans un état de « crise ».

La compagnie d’électricité, a déclaré jeudi que la plupart des barres de combustible sont susceptibles d’avoir fondu et était tombée au fond du réacteur. Plus tôt dans la journée, elle a constaté que l’eau de refroidissement dans le réacteur est à un niveau qui exposerait complètement les barres de combustible nucléaire si elles étaient dans leur position normale.

La société estime que le combustible fondu est refroidi, à en juger par la température de surface du réacteur.

Mais elle soupçonne l’effondrement créé par un ou plusieurs trous dans le fond du réacteur provoquant des fuites d’eau dans la cuve de confinement.

Il soupçonne aussi que l’eau s’infiltre dans le bâtiment du réacteur.

[...]

Source: NHK


Mise à jour:

Last update / Dernières mises à jours effectuées le Friday 13 May 2011 à 18:23

Alerte_Radiation_Fukushima_Japon_Centrale_nucleaire 13 05 2011

Dernières informations :

Divulgations de TEPCO : Réacteur n°1, enveloppe inox 304L fissurée et cuve percée suite à l’effondrement et à la fusion des barres de combustibles, très importantes fuites hautement radioactives, refroidissement impossible, eau à moins 5 mètres, le cœur du réacteur est maintenant exposé à l’air, le devenir devient problématique et incertains aussi pour les réacteurs n°2,3 et 4, le calendrier du plan de stabilisation de TEPCO totalement remise en cause, créations de sarcophages d’encapsulage des bâtiments réacteurs en béton accrochés sur le rocher à moins 50 mètres en étude d’urgence avec de la zéolite pour absorber les matières radioactives.
Toute dernière information sous réserve et qui reste à être confirmée : le bâtiment du réacteur N° 4 se serait incliné, des travaux de consolidation d’urgence seraient en cours (cette information US est aussi visuelle, en principe pas d’effet d’optique, si elle est confirmée, pourrait signifier de graves développements). Rappel : la confirmation de cette information est en attente.
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Nico37 » 16 Mai 2011, 20:30

Un ouvrier est mort sur le site de la centrale de Fukushima

Hier, un ouvrier âgé d’une soixantaine d’années a eu un malaise alors qu’il travaillait au premier étage de la centrale de Fukushima. Il est décédé peu de temps après.

D’après TEPCO cela n’aurait rien à voir avec le taux de radioactivité puisqu’il n’aurait reçu qu’un débit dose de 0,17 millisieverts.

Toujours est-il que le drame a eu lieu et que cet homme, apparemment en bonne santé, est mort.

De plus, alors que TEPCO avait annoncé avoir fait baisser le taux de radioactivité dans le bâtiment du réacteur n°1 grâce au système de ventilation, des nouvelles données ont montré des taux extrêmement élevés.

En effet, 700 millisieverts par heure ont été enregistré à l’étage du bas et 1000 millisieverts par heure au premier étage. Et dans la partie sud-est du bâtiment le niveau de radiation atteint 2000 millisieverts par heure, soit un taux de radioactivité près de 18 millions de fois supérieur au niveau normal.

Toujours concernant le réacteur n°1 de Fukushima, l’association Greenpeace a déconseillé à TEPCO de noyer le réacteur sous l’eau car le contact entre l’eau froide et le combustible fondu risquerait de provoquer une explosion brisant l’enceinte du réacteur.

TEPCO nie la possibilité d’une telle explosion mais va tout de même revoir son idée de noyer le réacteur.

Une nouvelle affaire dans laquelle TEPCO a caché des informations a été révélé hier. Il s’agit d’informations concernant la situation du réacteur n°3 avant les explosions d’hydrogène du 14 mars qui avaient blessé 7 ouvriers.

Le 13 mars des taux de 300 millisieverts par heure à la porte d’entrée du réacteur avaient été enregistrés, et un taux équivalent voire supérieur avait été enregistré au nord de la porte.

Ces données n’ont jamais été rendues publiques alors que des travailleurs tentaient de reprendre le contrôle du réacteur. TEPCO disposait également d’informations concernant une forte concentration en hydrogène alors que la compagnie tentait d’injecter de l’eau de mer.

Par ailleurs, TEPCO a fait savoir hier que les mesures du niveau de l’eau dans les réacteurs n°2 et 3 ne sont plus considérées comme fiables.
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Buenaventura » 21 Mai 2011, 20:51

Comment se débarrasser de l'eau contaminée?
Dans l'improvisation la plus totale qui caractérise la (non-)gestion de la catastrophe par la compagnie TEPCO, les solutions parmi les plus tirées par les cheveux ne sont pas à dédaigner.
La dernière idée en date afin de glisser sous le tapis les dizaines de millers de tonnes d'eau contaminée par le refoirdissement du réacteur: le stockage en mer dans des barges http://www.leparisien.fr/tsunami-pacifique/fukushima-une-barge-geante-pour-stocker-l-eau-radioactive-21-05-2011-1460561.php
Proprement hallucinant!
Buenaventura
 
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede bipbip » 26 Mai 2011, 13:31

Ce 25 mai, la CRIIRAD publie la carte qui prouve que la France a été contaminée dès le 22 mars 2011 :
http://www.criirad.org/actualites/dossi ... 2_mars.pdf

1/ les masses d’air contaminé par les rejets radioactifs de la centrale nucléaire de fukushima daiichi sont arrivées 2 jours avant la date indiquée par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) ;

2/ elles ont affecté les trois quarts de la France (et non pas le seul sommet du Puy-de-Dôme) ;

3/ l’activité de l’iode 131 particulaire était plus de 20 fois supérieure à celle annoncée pour le 24 mars.

Ni l’IRSN, ni les grands exploitants du nucléaire, ne pouvaient l’ignorer. Omission involontaire (mais invraisemblable) ou délibérée… mais dans quel but ?

La CRIIRAD a saisi ce jour, le Premier ministre et le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire d’une demande d’enquête sur la chronologie des faits et les différents niveaux de responsabilités.




Catastrophe nucléaire majeure au Japon
Alors que les médias en parlent de moins en moins, la situation au Japon reste très grave. La catastrophe nucléaire de Fukushima est toujours en cours, et les rejets massifs de radioactivité continuent.
http://groupes.sortirdunucleaire.org/Ca ... majeure-au

L’un des pires accidents nucléaires de l’histoire est en cours depuis le 11 mars 2011. Prévisible, car le Japon se situe sur une faille sismique, mais imprévu par les autorités de régulation et l’exploitant, cette catastrophe rappelle au monde entier une évidence : le nucléaire sûr n’existe pas. Il y aura un avant et un après Fukushima.

Le 11 mars 2011, à 14h46, un séisme de magnitude 9 secoue la côte nord-est d’Honshu, la principale île du Japon. À 250 kilomètres de Tokyo, dans la centrale de Fukushima Daiichi (c’est-à-dire Fukushima n°1), les trois réacteurs en fonction, trois autres étant en arrêt de maintenance, se mettent en arrêt d’urgence : la réaction en chaîne est en théorie interrompue. Les réacteurs ne sont pas pour autant « éteints » : il faut continuer à refroidir le combustible qu’ils contiennent, ainsi que les piscines où sont stockés les assemblages de combustibles usagés. 2500 tonnes d’uranium et de plutonium se trouvent alors sur le site. [1] [2] L’alimentation électrique du site ayant été mise hors service par la secousse, des diesels de secours sont mis en marche... Mais dans l’heure qui suit, un tsunami meurtrier ravage les côtes et noie la centrale et ses diesels. Celle-ci n’était pas planifiée pour résister à une vague de plus de 6 mètres.[3]



Perte de refroidissement

« Il s’agit de l’accident le plus redouté : la perte de refroidissement, explique Jean-Marie Brom, physicien des particules et directeur de recherche au CNRS. Dans les réacteurs comme dans les piscines, le combustible chauffe, et l’eau s’évapore. Les barres se retrouvent à l’air libre dans les réacteurs et commencent à fondre. De la vapeur radioactive et de l’hydrogène sont produits par leur dégradation... Dans les jours qui suivent, pour éviter une surpression, ces produits sont relâchés hors de l’enceinte de confinement du réacteur et produisent une série d’explosions. »

Le toit du bâtiment du réacteur n°1 est ainsi soufflé le matin du 12 mars. Un premier nuage radioactif s’élève. L’évacuation est ordonnée dans un périmètre de 10 puis de 20 kilomètres. Le 14 et le 15 mars, des explosions et incendies endommagent également les réacteurs 2, 3 et la piscine du réacteur 4. D’importantes émissions d’iode 231, du césium 137, mais aussi de plutonium en quantité plus faible, se produisent... Tout le personnel est alors évacué à l’exception d’un nombre limité d’employés, les liquidateurs, qui vont travailler dans des conditions difficiles et héroïques. Les débits de dose sur le site atteignent en effet des niveaux considérables[4].

Dans un pays dévasté - 25 000 personnes sont mortes ou disparues-, l’exploitant japonais TEPCO, aidé par l’armée japonaise puis américaine, tente alors désespérément de refroidir les réacteurs en larguant par camion-citerne et hélicoptère de l’eau de mer enrichie en bore.



Le bourbier radioactif

Plus de deux mois après l’accident, les rejets radioactifs se poursuivent.

Les combustibles des réacteurs 1, 2 et 3 ont fondu à des niveaux compris entre 55 et 30% selon l’exploitant[5] et à 100% selon Mishio Ishikawa, pro-nucléaire et fondateur du Japan Nuclear Technology Institute[6]. L’accident semble même maximal pour le réacteur n°1 puisque la cuve est percée en de multiples endroits[7]. De plus, il n’a toujours pas été possible de rétablir un refroidissement en circuit fermé... 90 000 tonnes d’eau radioactive font du site un véritable bourbier qui menace de déborder constamment[8]. Une grave fuite d’eau en provenance du réacteur n°2 a eu lieu du 2 au 6 avril, relâchant plusieurs centaines de tonnes d’eau fortement radioactive[9]. Plusieurs dizaines de milliers de tonnes d’eau radioactive ont par ailleurs été volontairement déversées dans l’océan. Enfin, les rejets de vapeur radioactive continuent...

Selon les estimations publiées par l’Agence japonaise de sûreté nucléaire le 12 avril, l’accident aurait dispersé l’équivalent de 10% de la radioactivité issue de Tchernobyl.[10] « Cette estimation est très incertaine, précise David Boilley, physicien nucléaire et président de l’ACRO (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest). Il est vraisemblable que les rejets ont été pour l’instant moins importants qu’à Tchernobyl, mais ils vont se produire sur une période plus longue... On ne peut exclure qu’au final, plus de rejets soient provoqués par Fukushima. »

Lors d’une catastrophe nucléaire, la contamination des populations passe en effet par différentes phases : l’exposition directe au panache radioactif et l’exposition aux dépôts sur les plantes, qui sont toutes deux limitées dans le temps, puis l’exposition issue de la contamination de toute la chaîne alimentaire par le transfert aux végétaux, qui, elle, peut durer très longtemps. À Fukushima s’ajoute par ailleurs une donne nouvelle et inquiétante : une pollution marine très conséquente.[11]

« Nul ne peut prévoir aujourd’hui les conséquences de cette catastrophe, juge Yves Lenoir, président des Enfants de Tchernobyl-Belarus. À Tchernobyl, les impacts sur la santé ont commencé à être établis deux ans après la catastrophe. » Ainsi, si les seules victimes directes se trouvent pour l’heure parmi les liquidateurs[12], nul doute que le Japon va avoir à gérer un grave problème de santé publique pendant des décennies. Le professeur et expert en radiations Chris Busby estime à plus de 400 000 le nombre de cas de cancers qui pourraient être imputables à l’accident dans les années à venir.[13] Il faudra aussi assumer l’abandon de territoires, les confinements et d’innombrables déchets. Un coût humain et financier inquantifiable.



Des autorités dépassées ou incompétentes ?

L’attitude de TEPCO a d’abord concentré toutes les critiques : absence de dosimètres, mauvaise information des sous-traitants sur les risques, irradiation de sous-traitants, erreurs de calculs, sous-estimation des risques, équipements et procédures pour les situations d’urgence défaillants. « Il est facile d’accuser TEPCO, estime Jean-Marie Brom. En France, où un accident de cette gravité est possible, on se ne serait pas mieux débrouillé ! »

Le manque de transparence et la volonté systématique de l’opérateur de présenter toujours le scénario le plus optimiste sont aussi montrés du doigt. Ainsi, jusqu’au milieu du mois de mai, l’explication officielle de la catastrophe passera par la seule thèse de la perte du système de refroidissement due à la vague du tsunami. Les réacteurs auraient très bien résisté au seul séisme... « Il s’avère en fait que la structure des réacteurs a été endommagée par les secousses, précise David Boilley. De même, contrairement à ce qui a été dit, les réactions en chaine ont peut être repris de façon périodique, à cause de la présence de combustible fondu au fond de la cuve. »

L’attitude du gouvernement japonais fait de même l’objet de nombreuses et graves interrogations. Le classement au niveau maximal de l’accident sur l’échelle internationale INES n’est pas intervenu avant le 12 avril, en dépit des recommandations en ce sens de la plupart des autorités de sûreté. « La gravité de cette catastrophe est sous-estimée ! réagit Yves Lenoir. La carte de la radioactivité gamma récemment publiée montre à l’évidence, comparée avec celles des retombées de Tchernobyl en juin 86, que l’évacuation des populations aurait dû être plus rapide et d’une zone plus étendue. » En effet, les quelques mesures indépendantes effectuées, notamment par Greenpeace ou l’ACRO en mars et avril ont toutes deux témoigné de niveaux de contamination importants et bien au-delà de la zone évacuée. À 40 kilomètres de la centrale, le village contaminé d’Iitate symbolise à lui seul ces errances : les habitants ont été livrés à eux-mêmes un mois entier avant que soit décidée leur évacuation.

Est également alarmante et scandaleuse la décision de porter de 1 à 20 millisieverts par an la dose admissible pour la population, enfants compris. « Le gouvernement japonais n’a pas tiré les leçons de Tchernobyl et d’une littérature scientifique pourtant explicite ! ajoute Yves Lenoir. Les enfants sont les plus vulnérables. Au lieu de les protéger en évacuant la zone des 20 millisieverts, ils ont relevé la dose ! »



Les leçons de Fukushima

Avant le 11 mars, la planète était censée se convertir au nucléaire au nom de la lutte contre les changements climatiques... Dans les jours qui suivent l’accident, l’Allemagne annonce la suspension provisoire de la prolongation d’activités de 17 centrales[14] et se prononce pour la sortie complète du nucléaire.[15] L’Italie donne un coup d’arrêt à son retour au nucléaire et annonce une nouvelle stratégie énergétique. [16]. Etats-Unis et Chine annoncent une révision de la sécurité des centrales. Le gouvernement japonais annonce quant à lui une révision de la politique nucléaire du pays.[17]

En France, en revanche, deux jours après la catastrophe, Mme Kosciusko-Morizet, Ministre de l’Environnement, se félicite du « retour d’expériences qui va permettre d’améliorer la sûreté des centrales en France ».[18] À la centrale de Gravelines, le 3 mai, Nicolas Sarkozy déclare : « on n’a pas le droit de jouer sur des peurs moyenâgeuses pour remettre en cause des choix qui font la puissance de notre pays". [19] Les chantiers se poursuivent... Et dans le processus de révision des tests de sécurité enclenché au niveau européen, Paris se bat, au grand dam du Commissaire à l’énergie, pour ne pas inclure le risque d’une action terroriste parmi les critères à prendre en compte... [20] L’histoire montre pourtant que les systèmes de sécurité prévus sont toujours pris en défaut par des concours de circonstances par définition imprévisibles.


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[1] Le site comporte au total 7354 assemblages de combustible, l’équivalent de 25 cœurs de réacteurs. Source : Japan Atomic Industrial Forum, « 16th may 2011 Status ».

[2] Le Monde.fr, 12 mai 2011 « Deux mois après le tsunami, quelle est la situation à Fukushima ? »

[3] Reuters, 29 mars 2011 « Tepco n’a pas tenu compte de mises en garde sur Fukushima »
http://fr.reuters.com/article/topNews/i ... LD20110329

[4] Le débit de dose radioactive est la dose radioactive reçue par unité de temps. Il se mesure en sievert et ses sous-multiples par heure. Des débits de 400 mSv/heure ont été atteints sur le site le 15 mars.

[5] Japan Atomic Industrial Forum, op cit.

[6] Vidéo : Mishio Ishikawa estime que les coeurs des réacteurs 1,2 et 3 auraient fondu à 100%.
http://groupes.sortirdunucleaire.org/Ca ... majeure-au

[7] Kyodo News, 12 mai 2011. « Nuclear fuel at Fukushima No. 1 unit melted after full exposure ».
http://english.kyodonews.jp/news/2011/05/90715.html

[8] Le Monde.fr. 12 mai 2011. Op cit.

[9] AFP, 6 avril 2011. « Fukushima : la fuite d’eau radioactive dans l’océan colmatée »
http://www.ladepeche.fr/article/2011/04 ... matee.html

[10] AFP, 12 avril 2011 « Fukushima jugé aussi grave que Tchernobyl mais en voie de stabilisation. »
http://www.lemainelibre.fr/actualite/ar ... ualite.Htm

[11] IRSN, Impact sur le milieu marin des rejets radioactifs consécutifs à l’accident nucléaire de Fukushima-Daiichi, 4 avril 2011.

[12] Le 11 avril, TEPCO annonce que 19 travailleurs ont subi une exposition de 100 à 180 mSv, moins que la limite de 250 mSV, prévu pour les situations d’urgence. http://sciences.blogs.liberation.fr/hom ... tifs-.html

[13] Chris Busby, The health outcome of the Fukushima catastropheInitial analysis from risk model of the European Committee on Radiation Risk, ECRR. Green Act, 30 mars 2011.

[14] Le Monde.fr, 14 mars 2011. La chancelière Angela Merkel renonce au dégel du nucléaire allemand.
http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html

[15] Courier International. 13 mai 2011. « Allemagne : Fin du nucléaire en 2021 ? »
http://www.courrierinternational.com/br ... re-en-2021

[16] Liberation. 20 avril 2011. « Nucléaire : l’Italie fera sans »
http://www.liberation.fr/terre/01012332 ... -fera-sans

[17] Actu environnement. 11 mai 2011. « Tour du monde des politiques nucléaires après Fukushima »
http://www.actu-environnement.com/ae/ne ... 12546.php4

[18] Journal télévisé de France 2, le 13 mars 2011.

[19] http://lci.tf1.fr/science/environnement ... 32402.html

[20] Le Monde.fr. 12 mai 2011 « Désaccord européen sur les stress tests nucléaires »
http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede bipbip » 28 Mai 2011, 10:36

Samedi 11 juin 2011 – 3 mois de Fukushima
"Opération carton rouge pour le nucléaire"


Appel du réseau sortir du nucléaire:

Appel à actions

"Opération carton rouge pour le nucléaire"

Alors que la catastrophe de Fukushima dure maintenant depuis 2 mois et que la situation est toujours très instable, les gouvernements et l’industrie nucléaire ne semblent pas prendre la mesure de l’urgence. Pire, tout est fait pour masquer la situation sur place et pour poursuivre coûte que coûte dans la fuite en avant atomique.

Censure et contrôle de l’information, mensonges, mise en danger délibérée de la population japonaise, et des travailleurs du nucléaire, simulacre de tests sur le parc nucléaire mondial, la mafia nucléaire montre son vrai visage.

Pourtant, l’accident de Fukushima est bel et bien là... faisant s’effondrer le mythe d’un nucléaire sûr, et venant rappeler au monde l’absolue nécessité de mettre en œuvre une politique énergétique alternative, fondée sur les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables.

Au Japon et dans le monde, le mouvement antinucléaire se mobilise et les rassemblements et actions se multiplient. Le 11 juin, les japonais appellent à de grandes manifestations, le Réseau "Sortir du nucléaire" relaie en France cet appel et invite ses militants, groupes et sympathisants à organiser une journée d’action. Il appelle également les associations, syndicats et partis politiques à rejoindre la mobilisation.

Samedi 11 juin 2011 – 3 mois de Fukushima
"Opération carton rouge pour le nucléaire"

Organisez des actions, happening et rassemblements
Informez, sensibilisez
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Nico37 » 29 Mai 2011, 22:39

Rhétorique et réalité
Les neuf lieux communs du partisan du nucléaire Par Frank Schirrmacher, Frankfurter Allgemeine Zeitung, 28 mars 2011

Des décennies de débat sur le nucléaire ont perverti la langue. Les phrases que nous entendons pendant le moratoire [de fonctionnement des centrales nucléaires en Allemagne, décidé après les accidents de Fukushima] sont des manœuvres de diversion. Elles formulent des thèses qui n’en sont pas et sont des insultes à l’intelligence. Voici une analyse des éléments de langage les plus importants.

1. Les centrales atomiques allemandes sont les plus sûres du monde.

Cela ressemble à une affirmation technique, mais ce n’est en vérité qu’une comparaison morale. Elle dit seulement que, par comparaison avec ce que font les autres, ce que nous faisons est le meilleur. Elle ne compare rien de technique. Le message devrait donc être : même dans le pire des cas, notre uranium ne rayonne que quelques heures et non des centaines d’années. Naturellement, c’est absurde. Cette comparaison est un leurre : elle n’a rien à voir avec ce qui se passerait dans le pire des cas, mais seulement avec ce que les hommes peuvent prévoir dans le meilleur des cas.
Par définition, l’accident atomique majeur, le pire des cas, est caractérisé par le fait qu’il ne peut se comparer qu’à lui-même. Comme on ne peut pas exclure le risque résiduel, la formule simple pour un moratoire est : même les centrales atomiques les plus sûres du monde ne sont pas sûres ; ou bien : même les centrales atomiques les plus sûres ne sont sûres que dans la mesure où elles sont sûres.

2. La sécurité absolue n’existe pas

Une inversion classique, une tromperie. Car le fait est justement qu’ une certitude absolue existe : nous savons en fait exactement ce qui arrive quand le cœur nucléaire entre en fusion, combien de temps dure la radioactivité, quels sont les effets du césium et de l’iode sur les gens et l’environnement, combien de générations futures auront à en souffrir dans le pire des cas. C’est la certitude absolue d’un processus physique qu’on peut mettre en rapport avec l’insécurité relative des centrales, reconnue par les opérateurs eux-mêmes.

3. Le risque fait partie de la vie

Cette phrase est une tautologie. La vie est toujours un risque. Si les risques font effectivement partie de la vie, la vie procède de l’évaluation des risques. La perfidie de la phrase tient dans ce qu’elle insinue qu’il faut rappeler aux gens l’existence de risques. En vérité, la vie toute entière n’est qu’une gestion des risques, qui commence le matin quand on ouvre la porte de sa maison, mais ne finit pas le soir quand on regarde le journal télévisé. Les hommes du vingt-et-unième siècle vivent dans une évaluation permanente des risques, non pas parce qu’ils sont des fanatiques du risque, mais parce que le risque est devenu la norme. C’est ainsi, par exemple, que personne ne traverse une rue passante sans avoir regardé à droite et à gauche. Pourtant les gens traversent les rues, mais pas les autoroutes en général.

De même, courir un risque signifie toujours calculer ses chances. Gerd Gigerenzer a défini dans un autre contexte l’heuristique appliquée par les gens pour évaluer de tels risques : « éviter les situations dans lesquelles de nombreuses personnes perdent la vie à un moment donné. » La phrase « le risque fait partie de la vie » signifie en fait, dans le cas de l’accident atomique majeur : tu dois envisager que toi, ta famille et des descendants éventuels serez un jour écrasés d’un coup. Cela n’a plus rien à voir avec le risque, mais avec le destin, auquel il ne nous reste qu’à nous abandonner. De ce point de vue, la chance de l’énergie atomique ne tient pas à une énergie moins chère, mais à la chance que l’accident maximal ne s’est pas encore produit jusqu’ici. C’est peu de chance, en regard du risque.

Hartmut Gründler, malheureusement oublié aujourd’hui, dénonçait il y a des décennies, dans le magazine littéraire des Éditions Rowohlt, Die Sprache des großen Bruders (La langue de Big Brother), la manipulation par le langage dans l’ère atomique. Il proposait déjà à l’époque de remplacer la tournure euphémique « Chances et risques de l’énergie nucléaire » par la tournure appropriée : « Chances et dégâts par l’énergie nucléaire ».

4. Un cas comme celui de Fukushima ne pourrait pas se produire en Allemagne

Le tour de passe-passe consiste à comparer des choses que personne ne compare l’une à l’autre et à laisser de côté les choses comparables. Naturellement, un cas pareil à celui de Fukushima ne pourrait pas se produire en Allemagne. Mais ce n’est vrai que pour les faits déclencheurs. La nature même de l’accident atomique majeur comporte son caractère invraisemblable. Il ne peut être comparé qu’avec lui-même. D’autres risques potentiels s’ajoutent dans d’autres pays, c’est pourquoi personne ne plaide pour des digues anti-tsunami [en Allemagne].

Mais il ne s’agit pas de cela. Bien sûr, un cas comme celui de Fukushima pourrait se produire, comme chacun le ressent. Il faut faire la distinction entre la survenue de l’accident atomique majeur, qui peut se produire partout, et l’incapacité des hommes à en venir à bout. L’un est l’exception, alors que l’autre, comme nous le voyons pour la troisième fois [après Harrisburg en 1979 et Tchernobyl en 1986], est la règle. Fukushima montre que les hommes ne peuvent pas interrompre les processus atomiques qu’ils ont déclenchés lors d’un accident majeur. Or, c’est une compréhension de nature normative : ce que nous voyons à Fukushima peut se produire partout dans le monde.

5. Même si nous [en Allemagne] sortons du nucléaire, nous restons entourés de centrales atomiques

C’est peut-être l’argument le plus minable, car il dénote le suicide de la politique. On peut transférer l’argumentation à titre expérimental à la prolifération des armes atomiques ou au traité de non-profilération nucléaire. Même si nous n’avons pas d’arme atomique, les autres en auront. Dans le passé, ce n’était pas une raison de s’en procurer mais au contraire d’empêcher d’autres d’en fabriquer.

6. Le courant ne sort pas de la prise

Cette affirmation appartient, comme celle du point 2, aux arguments d’infantilisation qui présentent les critiques comme des naïfs, des utopistes ou des nantis. Variante de la phrase : « les légumes ne poussent pas chez Aldi, mais dans les champs ». Les opposants à l’énergie atomique parlent de l’ensemencement, du fumage et des conditions de formation des légumes. Ils veulent décider de la culture.

7. La chance / le risque d’arriver à un accident atomique majeur est extrêmement invraisemblable

La chance d’avoir six numéros et le complémentaire au loto est de 1 sur 139 millions. Pourtant il tombe à intervalles réguliers. Évidemment, c’est lié au grand nombre de joueurs. De même la chance d’un accident majeur devient d’autant plus vraisemblable qu’il y a davantage de centrales atomiques. Malgré la probabilité infinitésimale de gagner au loto, les chances sont réelles de devoir partager le jackpot. La probabilité est absolument certaine de faire partager par tous et leurs descendants les conséquences de l’accident majeur. Nous ne parions pas qu’il ne se produira pas, mais seulement qu’il ne se produit pas maintenant. Il se produira pour un nombre assez élevé de parieurs.

8. Fukushima n’a absolument rien changé pour nous

Toute une civilisation technique, des semaines après l’événement, ne sait ni ce qui s’est réellement passé, ni ce qu’elle peut faire. C’est une nouveauté historique. Que nous n’ayons pas été atteints physiquement ne change rien à la généralisation [de cette leçon] à l’ensemble de la culture technico-scientifique. Jochen Hörich l’explique depuis des années avec l’exemple de Tchernobyl : l’explosion étonne l’expert, mais pas l’étudiant qui distribue des tracts devant le restaurant universitaire. Il s’y est attendu. Fukushima a changé quelque chose pour nous, parce qu’il est arrivé ce qu’aucun expert n’a prévu, mais que tout le monde a envisagé.

9. Prophètes de malheur! L’humanité a survécu à bien d’autres choses, elle survivra à ça aussi

Le gouvernement américain a instauré il y a des années une commission qui devait réfléchir à la façon de munir d’avertissements les décharges de déchets atomiques ultimes. Le problème est que le danger mortel persistera des millions d’années. Les hommes sauront-ils encore au moins lire ? Comprendront-ils nos signes ? Que signifiera une tête de mort ? Faut-il construire des pyramides ? La commission, composée d’anthropologues, d’ethnologues et d’écrivains a échoué en fait. Conclusion : que nous survivions à quelque chose ne signifie pas que nos enfants y survivront.
Il n’existe aucune technologie, autre que l’atomique, avec laquelle nous pouvons nous projeter aussi loin dans l’avenir. Les décharges ultimes du temps de la naissance du Christ, s’il y en avait déjà eu, n’auraient perdu aujourd’hui qu’une petite fraction de leur dangerosité. Peut-être ce danger se serait-il confirmé au dix-neuvième siècle qui a remué le sol comme aucun autre… Goethe en tant que directeur des mines [à Ilmenau en Thuringe] aurait apprécié. Nous n’aurions alors pas à nous poser la question de la survie, puisque nous n’existerions pas, au moins sans déformation.
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede bipbip » 03 Juin 2011, 00:35

première liste des initiatives et rassemblements du 11 juin : http://groupes.sortirdunucleaire.org/sp ... ge-actions
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Pïérô » 09 Juin 2011, 08:35

communiqué de presse STOP-NUCLEAIRE

Tchernobyl, Fukushima, à qui le tour ?

Le 11 juin 2011, la société civile japonaise appelle à une journée d’action internationale pour la sortie du nucléaire… IMMEDIATEMENT !
En solidarité avec les antinucléaires japonais, nous soutenons ces rassemblements partout où ils auront lieu.*

Devant l’intolérable tragédie de Fukushima, devant l’indigence des propositions des partis politiques de tous bords ou des ONG « écologistes », le temps est venu de rappeler que depuis des années, existe en France un point de vue antinucléaire dissident pour un arrêt immédiat du nucléaire.

Nous ne pouvons nous satisfaire d’une proposition d’accompagnement de la sortie du nucléaire sur 10 ans, 20 ans, 30 ans ou plus, ni des négociations de certains partis politiques visant à des compromis électoralistes qui au final, ne tiennent aucun compte de la dangerosité inacceptable de cette industrie.

Qui pense encore que la catastrophe nucléaire est impossible en France alors que les autorités s’y préparent, que des scénarios de gestion existent depuis quelques années pour la « phase d’urgence », et maintenant pour une stratégie de gestion post-accidentelle à long terme (le CODIRPA) pour les territoires français dont le sol serait durablement contaminé après la fin des rejets ?

Faut-il attendre un nouveau désastre avec ses dramatiques conséquences sanitaires, sociales, économiques, pour sortir de cette impasse nucléaire ? Combien de morts, de territoires contaminés, de centaines de milliers de tonnes de déchets radioactifs légués aux générations futures avant que le cauchemar ne prenne fin ?

L’arrêt immédiat du nucléaire ne relève pas d’un délire irrationnel, ni d’une utopie. L’arrêt immédiat du nucléaire, c’est du concret, c’est applicable, c’est possible maintenant ! Nous n’avons pas à attendre un développement hypothétique des énergies renouvelables en courant tous les jours le risque d’une catastrophe.

Des solutions existent : arrêt de la production d’électricité pour l’export, de l’auto-consommation de la filière nucléaire, utilisation maximum des capacités hydroélectriques et des centrales thermiques classiques existantes (charbon, fioul, gaz). Nous savons que de nouvelles centrales thermiques au gaz ou charbon peuvent être construites très rapidement, et que le remplacement des centrales nucléaires par du thermique classique n’influera que très marginalement sur les émissions globales de gaz à effet de serre.

Mettre fin au danger des centrales nucléaires n’est pas un problème technique, mais un problème politique qui dépend de l’exigence de la population vis-à-vis de ses représentants.

L’incontournable urgence n’est malheureusement pas d’attendre un changement de société ou de modèle économique pour un monde meilleur. L’urgence est de sauver nos vies !

STOP-NUCLEAIRE ©
Arrêt immédiat, inconditionnel et définitif du nucléaire


Premiers signataires : Stop-Nogent, Collectif Antinucléaire 13, Infonucléaire, Stop Nucléaire 31 l’Antidette, Sortir du Nucléaire Cornouaille, Collectif Antinucléaire de Saône et Loire, Sortir du Nucléaire nord-Franche-Comté, Collectif Antinucléaire 84… ...

Contact : stop.nucleaire@yahoo.fr – 06 82 45 13 89

* Paris : 14h30, Place de la République ; Marseille, 11h Réformés (haut de la Canebière) ; Toulouse, 14h30 face à Bioasis Balma, M°Gramont ; Quimper, 10h30 Halles St François ; Montceau-les-Mines, 9h30 parking de l’Embarcadère ; Pont Saint-Esprit, 10h marché du Rond-Point de l’Europe ; Avignon, 14h30 Place de l’Horloge.
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Pïérô » 11 Juin 2011, 11:06

Pour rappel, c'est aujourd'hui, appel international "Opération carton rouge pour le nucléaire"
liste des initiatives et rassemblements du 11 juin : http://groupes.sortirdunucleaire.org/sp ... ge-actions
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Re: Catastrophe nucléaire au Japon

Messagede Nico37 » 12 Juin 2011, 15:27




Le Japon marque les trois mois depuis la catastrophe dans le nord-est

TOKYO - Le Japon a marqué samedi les trois mois écoulés depuis la catastrophe survenue le 11 mars dans le nord-est, par une minute de silence à la mémoire des 23.500 morts et des manifestations antinucléaires.

Les survivants des villes et villages dévastés de la côte du Tohoku (nord-est) se sont recueillis à 14H46 (05H46 GMT), heure exacte à laquelle s'est produite un séisme de magnitude 9 au fond de l'océan Pacifique qui a déclenché un tsunami géant.

Quelque 23.500 personnes ont péri dans la catastrophe, bien qu'environ 8.000 corps n'aient pas encore été retrouvés. Plus de 90.000 survivants vivent toujours entassés dans des centres d'accueil et désespérent de pouvoir un jour rentrer chez eux.

Le tsunami a également gravement endommagé la centrale nucléaire Fukushima Daiichi (N°1), dont les réacteurs continuent de disséminer des particules radioactives.

Plusieurs milliers de manifestants ont défilé samedi à Tokyo et dans d'autres villes de l'archipel pour réclamer la fermeture des centrales nucléaires nippones.

Il est temps de passer aux sources d'énergie renouvelables, a déclaré Kumi Naidoo, directeur de l'organisation écologiste et antinucléaire Greenpeace, lors d'un rassemblement dans le parc Yoyogi de Tokyo. Les manifestants ont ensuite marché dans les rues de la capitale en tenant à la main des tournesols et des marguerites.

Un autre cortège a défilé devant le siège de Tokyo Electric Power (Tepco), opérateur de la centrale de Fukushima, en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire Nous ne voulons pas de centrales nucléaires.

Selon les médias, une centaine d'autres manifestations antinucléaires se sont déroulées dans le pays.

Le Premier ministre japonais Naoto Kan, 64 ans, accusé d'avoir mal géré la catastrophe et dont les jours au sommet de l'Etat sont comptés, avait choisi de se rendre dans le port de Kamaishi (nord-est) pour discuter de la reconstruction.

Je suis décidé à transformer en mesures pratiques ce que j'ai entendu aujourd'hui, y compris avec une rallonge budgétaire, a-t-il promis lors d'une rencontre avec des responsables locaux.

Le journal Yomiuri a estimé dans un éditorial que l'aide fournie aux autorités des régions dévastées n'a pas été suffisante. Le nettoyage des débris a pris beaucoup trop de retard et la construction de logements temporaires pour les évacués n'est pas encore terminée.

La reconstruction dans la zone côtière du Tohoku, recouverte de 25 millions de tonnes de débris et quelque 16 millions de tonnes de boue, prendra des années et pourrait coûter des centaines de milliards d'euros, selon des experts.

Autour de la centrale de Fukushima, une zone interdite de 20 km de rayon a été décrétée, mais d'autres villes ou villages situées au-delà continuent de recevoir des particules radioactives. (AFP / 11 juin 2011 12h43)
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