COP, Construire un contre-sommet climat
Posté: 20 Mai 2015, 03:39
COP21, Paris 2015 : Construire un contre-sommet climat
http://www.alternativelibertaire.org/?N ... ques-VingtNégociations climatiques : Vingt-deux, v’là la Cop 21
La conférence annuelle de l’Onu sur le climat a eu lieu début décembre 2014 à Lima au Pérou. Cette « Cop 20 » était la répétition générale de la Cop 21 qui se tiendra à Paris en décembre 2015, et pendant laquelle les gouvernements du monde entier devraient signer un grand accord sur le climat.
La Cop 20 a connu le même déroulement que les précédentes : des négociations difficiles, qui débouchent sur un accord minimum juste bon à maintenir un cadre de négociation. Principaux points de discorde : fixer des objectifs contraignants aux pays en développement qui ont moins de responsabilité dans le changement climatique que les pays industrialisés ; comment financer et utiliser le « fonds vert pour l’environnement », ou encore quelle méthodologie adopter pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre (GES) ? Ces questions qui troublent les négociations depuis des années révèlent l’impossibilité structurelle des états à s’attaquer à la crise climatique. Car derrière le caractère international de cette crise, ce sont bien des États qui négocient, et qui défendent avant tout leurs intérêts économiques.
Lima a aussi confirmé l’omniprésence des multinationales dans les négociations. Avec des pavillons dans l’enceinte officielle du sommet et des minisommets parallèles, les multinationales, notamment du secteur énergétique, sont les principales actrices des négociations et bénéficiaires des mesures prises par les gouvernements : soutien à la croissance verte, recherche de solutions technologiques, privatisation de la nature, foi absolue en les mécanismes de marché et les engagements volontaires des multinationales pour résoudre les problèmes écologiques.
Réchauffement de 4 °C
Pendant ce temps, la Chine construit des centrales à charbon à tour de bras, les États-Unis se ruent sur les gaz de schiste, le Canada détruit sa forêt boréale pour accéder aux sables bitumineux, et la France construit des aéroports inutiles. Nous restons donc sur un scénario « pessimiste » où les émissions de GES continuent d’augmenter, ce qui déboucherait sur un réchauffement supérieur à 4 °C d’ici la fin du siècle selon le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec). Et encore, certains phénomènes ne sont pas pris en compte. Exemple : le réchauffement de la planète entraîne la fonte du pergélisol, vaste étendue de terre gelée qui se trouve au Canada et en Russie. Cette fonte, qui a déjà commencé et devrait s’accélérer dans les prochaines décennies, libère le CO2 et le méthane contenu dans le sol, ce qui contribue à son tour au réchauffement climatique. Ce type de « rétroactions positives », dans le jargon climatique, pourrait entraîner un réchauffement encore bien supérieur à celui prévu.
Les négociations internationales et le capitalisme ont montré depuis longtemps qu’ils ne permettaient pas d’éviter la crise écologique qui se prépare. Bien au contraire, ils l’alimentent.
Jocelyn (AL Gard)
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La mascarade des négociations internationales convainc de moins en moins, et les mobilisations pour le climat prennent de l’ampleur. D’où l’importance de se préparer à une mobilisation massive à Paris en décembre 2015.
Les mobilisations pour l’écologie, et le climat en particulier, n’ont cessé de grossir ces dernières années. Le contre-sommet lors de la Cop15 à Copenhague en 2009 (où les gouvernements avaient échoué à trouver un accord) avait rassemblé cent mille personnes.
La marche internationale pour le climat de septembre 2014 a rassemblé des centaines de milliers de personnes partout dans le monde. Et à Lima, au Pérou, 400.000 personnes ont défilé, soit la plus grosse manifestation « écolo » en Amérique latine.
En même temps, les revendications se radicalisent à mesure que l’hypocrisie des gouvernements ne peut plus être déguisée et que les luttes sociales et écologiques s’imbriquent de plus en plus. Les slogans et mouvements plus radicaux, tel que le « System change not climate change », semblent prendre le pas sur les courants environnementalistes qui s’accommodent très bien du système.
Une déclaration émanant du Forum social mondial de 2013 identifie ainsi clairement le capitalisme comme responsable de la crise écologique, les états comme les valets du capitalisme, et en appelle (sans grande proposition politique, certes) aux initiatives citoyennes pour reprendre les choses en main.
Des centaines de milliers de manifestants
Une unité nouvelle s’est aussi dégagée parmi les ONG, syndicats et organisations sociales qui participent aux négociations climatiques internationales. Lassées du poids des lobbies et de l’inaction des gouvernements, bon nombre de ces structures quittèrent les négociations lors de la Cop19 en 2013 à Varsovie, et déclarent aujourd’hui, par exemple au travers de la coalition Climat 21, qu’il n’y a rien à attendre des négociations et qu’il faut compter sur la mobilisation citoyenne.
Il y a donc fort à parier que la mobilisation sera massive lors de la Cop21 à Paris en décembre 2015. Il faut s’attendre à des centaines de milliers de personnes, dans un climat de contre-sommet probablement tendu, surtout vu l’attitude du gouvernement français face aux mobilisations sociales et écolos.
La coalition Climat 21, qui regroupe plus de 80 ONG, syndicats et organisations françaises, dispose de moyens logistiques énormes pour préparer le contre-sommet, mais sa diversité l’empêche de définir une ligne politique commune précise. Il est donc probable qu’elle n’appelle qu’à une grosse manifestation, le choix de mener d’autres actions revenant à chaque structure.
Le réseau Alternatiba (qui participe à la coalition) sera aussi mobilisé en 2015. Un tour en vélo sillonnera la France à partir du printemps, l’édition de Paris se tiendra en septembre, et il est question d’organiser un Alternatiba international pendant la Cop. Cette dynamique très mobilisatrice met en avant des alternatives concrètes pour changer notre mode de vie, mais ne représente pas (encore ?) un pôle politique vraiment cohérent.
Quelle place pour les anticapitalistes ?
Il manque donc dans ces mobilisations une dynamique radicale qui n’ait pas peur de la politique, et qui pourrait se coordonner avec les autres dynamiques pour certains événements et organiser ses propres initiatives à d’autres moments, notamment pour occuper l’espace public. Il est évident que de nombreux radicaux, y compris internationaux, seront présents lors de la Cop 21 et organiseront des actions, mais un espace de coordination pourrait être utile pour avoir plus d’impact et resserrer les liens entre les différents courants et pays.
La dynamique Climat social, à laquelle participe Alternative libertaire, souhaiterait être cet espace, mais elle aura besoin d’être grandement renforcée, notamment par les libertaires, pour avoir les moyens d’exister réellement.
Jocelyn (AL Gard)