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Re: Z.A.D (Zones a Défendre) Info projet....

MessagePosté: 09 Nov 2017, 20:32
de Pïérô
Toulouse, vendredi 10 novembre 2017

Rencontre avec Jean-Baptiste Vidalou autour de son livre Être forêts : habiter des territoires en lutte, paru aux éditions Zones.

Depuis une dizaine d'années, que ce soit sur la ZAD du bois du Tronçay dans le Morvan, dans les bois de Sivens, à Notre-Dame-des-Landes, dans la forêt de Chambaran à Roybon, à Bure ou dans les Cévennes, mais aussi dans bien d'autres parties du monde, il est évident qu'il se passe quelque chose du côté de la forêt. Certains ont commencé à habiter ces espaces avec la détermination de sortir du monde mortifère de l'économie. Un tout autre rapport au territoire s'y bâtit, à l'opposé de cette science militaire qu'est l'aménagement du territoire - ici contre un barrage, là contre un centre de loisirs, un aéroport, ou une extraction de biomasse.

Partout ces luttes résonnent de cette même idée : la forêt n'est pas un gisement de biomasse, une zone d'aménagement différé, une réserve de biosphère, un puits de carbone ; la forêt c'est un peuple qui s'insurge, c'est une autodéfense qui s'organise, ce sont des imaginaires qui s'intensifient.

Entrée libre

à 19h, Librairie Terra Nova, 18 rue Gambetta, Toulouse

http://www.librairie-terranova.fr/289-a ... dalou.html

Re: Z.A.D (Zones a Défendre) Info projet....

MessagePosté: 27 Nov 2017, 15:44
de bipbip
Déclaration commune d’habitant.e.s de territoires en lutte face au sommet climat du 12 décembre à Paris

Le 12 décembre à Paris, à l’occasion du du second anniversaire de la COP 21, se tiendra un sommet international sur l’économie et la transition énergétique. Face à cette nouvelle opération de marketing vert, des habitant.e.s de territoires en lutte - de Bure à Roybon en passant par Notre Dame des Landes, des collines aveyronnaises, en passant par le plateau de Millevaches, à la ceinture maraîchère dijonnaise ou les côtes du finistère - se sont regroupé.e.s pour une déclaration commune. Il s’agit de rendre visible - avant, pendant et après le sommet - la manière dont le gouvernement Macron poursuit en réalité un ensemble de projets d’amènagement destructeurs et nuisibles. Cette déclaration met en avant la vitalité des résistances en cours face à ces projets mortifères et porte un calendrier commun tout au long du mois de décembre pour continuer à densifier ces luttes.

Urgence dans les territoires comme dans la rue !

Habitant.es de zones menacées ou à défendre, nous nous sommes réuni.es à plusieurs reprises pour décréter ensemble un mois d’urgence des luttes de territoire. En effet, le mois de décembre qui approche risque fort de recouvrir un sens particulier pour nous, à au moins deux titres.

D’abord, ce sera l’occasion pour le gouvernement Macron – le 12 décembre – de célébrer les deux ans de la farce tragique que fut la COP21. Nul doute que notre Banquier national se fera une joie de se revendiquer héritier de l’accord sur le climat, et de se poser en champion incontesté de la "croissance verte", à peine un mois après avoir soutenu publiquement un projet destructeur de mine d’or en Guyane, et pris position, par la voix de son ministre, en faveur de l’enfouissement des déchets radioactifs.

De la COP 21, nous retenons pour notre part l’amertume d’avoir vu les principaux responsables du saccage climatique se rassembler impunément fin 2015 et prétendre avoir les solutions à leur propre folie, et la colère d’avoir vu nos manifestations interdites sous couvert d’état d’urgence. Mais nous nous rappelons aussi l’arrivée à Versailles et la joie débordante d’une tracto-vélo venue de Notre-Dame-des-Landes et rendant superflue commune après commune l’application stricte de ce nouveau régime d’exception…

Deux ans plus tard, le souvenir de ces convois venus de l’Ouest, mais aussi de l’Est et du sud-Est est encore bien vivace, d’autant plus que décembre 2017 pourrait bien être un mois charnière dans la lutte contre le projet d’aéroport. Il verra en effet se clore la "médiation" à l’issue de laquelle le gouvernement devrait statuer sur le sort de Notre-Dame-des-Landes. Qui sait, alors, si nous ne devrons pas retourner chercher les bâtons que nous avions plantés symboliquement près de la ferme de Bellevue en octobre 2016 pour, de nouveau, défendre la ZAD ? Qui sait si, en cas d’abandon, Notre-Dame-des-landes ne servira pas à faire mieux accepter une expulsion violente du Bois Lejuc, à Bure, ou de la forêt occupée de Roybon ? Quelque part dans ce champ de possibles, un moment historique se jouera dans tous les cas et nous nous tenons prêt.es à le saisir au vol.

L’heure de la convergence

C’est donc depuis ce double contexte que nous parlons, et que nous prétendons mettre le doigt sur ce qui, au-delà de la singularité de nos luttes, nous tient ensemble et nous anime. Quoi de commun en effet entre un éco-quartier à Dijon, un aéroport à Notre-Dame, une poubelle nucléaire à Bure, un transformateur électrique à Saint-Victor, une usine à pellets sur le plateau de Millevaches, une centrale à Biomasse à Gardanne, des forages miniers en pleine forêt amazonienne, une autoroute à Strasbourg, une autre entre Saint-Étienne et Lyon, une usine à gaz à Landivisiau, des mines en Centre Bretagne, de l’extraction de sable en baie de Lannion, etc. ? Sans doute beaucoup plus qu’il n’y paraît, en réalité.

En bloquant des logiques d’aménagement capitaliste du territoire, nous partageons au moins un certain amour des bocages, des montagnes, des plateaux, des plages, de la mer et des forêts. Nous partageons aussi une volonté de réappropriation de savoir-faire divers et, à travers eux, une intuition de ce que serait une vie plus indépendante des logiques de contrôle et de profit. Enfin, nous avons en commun d’être aux prises avec un certain type de discours écologique institutionnel, tel que celui porté par la COP21 : celui-là même qui maquille l’accumulation énergétique en "transition", qui promeut le nucléaire comme une énergie décarbonée donc "propre", qui verdit grossièrement aéroports et Center Parcs pour les rendre acceptables, qui vend sous les termes de smart et de green une dépossession totale de nos vies par des métropoles devenues intelligentes et connectées.

C’est assez pour nous convaincre de la possibilité d’une déclaration commune et de la nécessité d’un calendrier commun. Et c’est pourquoi nous, habitant.es de divers territoires en lutte, affirmons :

• que nous ne sommes pas dupes des grand-messes environnementales et de leurs commémorations ; • que nous lutterons partout contre la destruction des terres agricoles et des forêts, que ce soit à la campagne (comme à Bure, à Roybon, à NDDL ou sur le plateau de Millevaches), autour des villes (comme à Strasbourg ou Gonesse) ou dans leur sein même (comme à Dijon) ; • que le gouvernement ne se débarrassera pas discrètement de la question de NDDL, et que c’est sous notre regard et à portée de nos voix qu’il devra se prononcer ; • qu’en cas de maintien de l’aéroport, nous sommes encore prêt.es à venir défendre la ZAD depuis nos territoires respectifs ; • qu’en cas d’abandon, celui-ci ne sera ni la pilule faisant accepter d’autres projets, ni une vitrine sympathique pour l’expulsion violente d’autres zones occupées. Nous appelons à la plus grande vigilance quant à la situation à Bure et à Roybon, tout au long de l’hiver !

Nous nous affirmons donc solidaires les un.es des autres, et prêt.es à nous soutenir mutuellement tout le long du mois de décembre et au-delà !

Calendrier commun des territoires en lutte :

2 décembre : Manifestation à Saint-Affrique contre le transformateur électrique RTE de Saint-Victor-et-Melvieu (plus d’infos : douze.noblogs.org) 6 – 12 décembre : pour la Saint-Nicolas, appel de Bure à une semaine d’actions décentralisées en réaction aux annonces d’Hulot. (plus d’infos : burestop.eu / vmc.camp) 9 décembre : Manifestation sur le plateau de Millevaches contre l’usine à pellets de Carbon Ingen’r Bugeat Viam (CIBV) (contact : biomassecritique@riseup.net) 16 décembre : Fête de la forêt de Roybon (plus d’infos : zadroybon.wordpress.com)

Pour des événements annoncés ultérieurement, il sera possible de consulter tout au long du mois de décembre l’agenda de zad.nadir.org , entre autre.

En parallèle de ce calendrier, d’autres événements organisés par ailleurs :

8 décembre : Journée européenne contre les Grands Projets Inutiles et Imposés (événements à Lyon, Nièvre, Toulouse, le Havre...) 10 décembre : Tribunal des peuples à Paris (plus d’infos : pasuneurodeplus.info) 12 décembre : Actions à l’occasion de l’anniversaire de l’accord de Paris : sommet climatique à l’île Seguin

Premiers Signataires :
AVEYRON = L’Amassada (cabane et mouvement de lutte contre le transfo aux mille éoliennes) BRETAGNE = Grain de sable dans la machine (baie de Lannion) / Collectif Monts d’Arré BURE = Plein de chouettes hiboux de Bure / Bure Stop 55 / L’EODRA (association d’élus opposés à Cigéo – Bure) / CEDRA (Collectif haut-marnais contre l’enfouissement) CENTER PARCS = Center Parcs Ni Ici Ni Ailleurs (coordination contre les Center Parcs de Roybon, de Poligny et du Rousset) / Des habitant.es de la forêt de Roybon / comité de rédaction de De Tout Bois (revue de lutte contre le Center Parcs de Roybon) / Assemblée d’opposant.es à Center Parcs (Jura) / Collectif jurassien d’opposant.es à Center Parcs / Collectif Geai du Rousset 71 / Groupe libertaire 71 / SOS Forêt Franche-Comté / CÉVENNES = Bogues / DIJON = Quartier libre des Lentillères / LYON = Collectif ZAD Lyon / MONTAGNE LIMOUSINE / PLATEAU DE MILLEVACHES = Collectif Biomasse critique / NDDL = Des habitant.es de la zad et opposant.es à l’aéroport de nddl et son monde / SAINT-ETIENNE = Assemblée de lutte contre l’A45 / le collectif ZAD 31 ... et plus encore


https://zad.nadir.org/spip.php?article4909

Re: Z.A.D (Zones a Défendre) Info projet....

MessagePosté: 26 Déc 2017, 18:11
de bipbip
Habiter les territoires en lutte

Rencontre avec Jean-Baptiste Vidalou autour d’Être Forets et de la lutte contre RTE et son monde

Suite à sa lecture enthousiaste de Être forêts, bravant le froid, un de nos reporters est parti à la rencontre de Jean-Baptiste Vidalou. Par un heureux concours de circonstances, se tenait aussi ces jours-là, une manifestation contre RTE et son monde. Reportage.



https://www.youtube.com/watch?v=PNWLsrGhXNI

Re: Z.A.D (Zones a Défendre) Info projet....

MessagePosté: 03 Fév 2018, 19:41
de bipbip
Notre-Dames-des-Landes, et après ?

Depuis la forêt occupée de Roybon

Aujourd’hui on se réjouit, on danse, on se serre dans les bras et on fait tourner la nouvelle : le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est abandonné. Ainsi c’est donc possible de bloquer ces foutus « grands projets » ! Et contrairement à ce que dit Retaillleau (sénateur de Vendée et conseiller régional des Pays de la Loire), ce ne sont pas « les zadistes qui ont gagné », ce sont les paysan.nes, les habitant.es, celles et ceux qui se battent depuis plus de quarante ans contre cette absurdité. Ce sont aussi celles et ceux qui, poussé.es par leur révolte, sont allé.es s’installer là-bas et se sont fait paysan.nes à leur tour, habitant.es, gardien.nes. Ce sont ces liens, cette solidarité et cette force dont nous nous réjouissons aujourd’hui. Le gouvernement a annoncé, en même temps que le retrait de l’aéroport, que « les squatteurs devront partir d’ici le printemps prochain ». Quelle illusion de croire qu’il sera possible d’arracher ces liens, ces vies construites à Notre-Dame depuis plusieurs années et ancrées aussi profondément dans le sol !

Face à ceux qui prétendent décider de nos vies, nous résisterons, comme toujours. Nous serons à Notre-Dame pour défendre la ZAD, nous serons dans les villes pour crier notre colère, nous serons à Bure, à l’Amassade, à Roybon, partout où il faudra lutter. Ce « nous », ce ne sont pas les « mercenaires des luttes » que dépeignent les médias, ce sont tous ces humains qui ont encore un peu de bon sens. Tou.tes celles et ceux qui sentent qu’il y a un truc qui cloche dans ces projets d’aménagement pharaoniques et polluants, qui brisent nos liens aux autres et au monde. Nous répétons que l’abandon de l’aéroport ne sera pas l’occasion d’expulser d’autres lieux occupés. Si des négociations sont mises en place à Notre-Dame pour conserver les terres, nous accordons notre confiance à TOU.TES celles et ceux qui y habitent, et nous serons à l’affût de toute tentative de scission ou de traitements inégaux. Nous comprenons le besoin de pérenniser certains espaces, autant que nous comprenons le refus du « retour à l’état de droit » (Puisque l’état central cherche à nous aménager et que son droit n’est pas juste) .

Nous rappelons aussi que la construction d’une poubelle nucléaire, d’un méga-centre commercial (Gonnesse) ou d’une LGV (Lyon-Turin) ne sont pas négociables. Ce sera non, toujours non. Partout en fRance des gens se battent, occupent, bloquent des projets absurdes. De ces refus naissent des mondes nouveaux. On bâtit, on cultive, on organise nos vies ensemble. Nous avons cessé de croire que « la croissance va reprendre et le chômage baisser », que « demain ça ira mieux »… Nos vies sont belles MAINTENANT. Nous ne sommes pas dans le refus de tout, bien au contraire : nous défendons un certain rapport aux autres, à la terre et au monde. Nous ne voulons ni « exploiter » ni « aménager », nous voulons « faire avec ». Cela bouleverse tout, de notre intimité jusqu’à notre organisation politique, et c’est pour cela que nous dérangeons.

Ici à Roybon nous étions venu empêcher la construction d’une usine à touristes et la destruction de ce milieu forestier, dénoncer les magouilles de Pierre et Vacances et leurs fausses promesses. Comme à Notre-Dame nous nous sommes installé.es et avons tissé des liens. Et après l’abandon du projet de Center Parcs, nous ne savons pas encore comment, mais nous resterons. Pour continuer à bâtir des vies autres, et pour que cette lutte ne soit pas effacée par l’histoire officielle.

Ceci est un cri de victoire.
Ceci est une invitation à se retrouver à Roybon, à Notre-Dame ou ailleurs.
Ceci est un encouragement à résister, à bâtir, à vivre.

Assemblée de lutte contre Center Parcs


https://grenoble.indymedia.org/2018-02- ... s-et-apres

Re: Z.A.D (Zones a Défendre) Info projet....

MessagePosté: 14 Juin 2018, 13:52
de bipbip
La Borie est expulsable

http://www.midilibre.fr/2018/06/12/sain ... 685222.php

Pour mémoire, La Borie est un lieu rural occupé depuis près de trente ans, à la suite des luttes anti-barrages de la toute fin des années 80. Pareil, les projets ont été abandonnés à l'époque, mais les occupations, de leur plein gré ou autrement, n'ont pas survécu à la logique de propriété et à la hargne aussi des notables locaux qui avaient vu passer sous leur nez leur rêve d'aménagements et de loisirs commerciaux.

https://nantes.indymedia.org/articles/41882

Re: Z.A.D (Zones a Défendre) Info projet....

MessagePosté: 22 Sep 2018, 11:13
de bipbip
Vague d’expulsion des ZADs et mort d’un militant à Hambach : symptomatique d’un capitalisme extractiviste qui ne peut tolérer les alternatives et les rêves

Après deux vagues d’expulsion à la ZAD de Notre Dame des Landes, qui n’ont pas réussi à faire rentrer tou.te.s les militant.e.s dans les normes, la Macronie continue dans sa lancée en réprimant des opposant.e.s au projet CIGEO (Centre Industriel de stockage Géologique) à Bure et en expulsant les occupant.e.s de la ZAD contre le GCO (Grand Contournement Ouest). La France, exemplaire en termes de violence policière, du néolibéralisme au service des actionnaires des plus grosses entreprises et de l’incapacité d’entamer une transition énergétique pourtant plus que nécessaire, est copiée de près par ses voisines, la Belgique et l’Allemagne. A l’heure où tous ces exemples témoignent d’une détermination à faire taire les oppositions et d’une incapacité de remise en question du modèle économique et énergétique suicidaire de la part des grandes puissances industrielles, différentes luttes appellent à les rejoindre.

Moulin (France)

Mercredi 12 septembre, le maire de la ville de Kolbsheim fait parler de lui en brûlant son écharpe bleu-blanc-rouge devant les caméras : « J’ai honte de ma France » [1], déclare-t-il après s’être fait gazer par les forces de l’ordre avec de nombreux/ses eurodéputé.e.s et militant.e.s. Ils et elles s’opposent depuis plusieurs années à la construction du GCO qui détruirait, entre autres, une importante zone humide d’Alsace. Comme la démission de Nicolas Hulot laissait entendre, la décision d’évacuer la ZAD pour commencer les travaux autoroutiers fut prise avant même que François de Rugy, son successeur au gouvernement, ne prenne la parole sur la question [2]. Les grands projets au service du capital sont bel et bien prioritaires à la façade démocratique et à l’écologie, à la vie, aux quelques écosystèmes représentant les derniers espoirs d’une transition dans l’effondrement en cours.

Cette expulsion s’inscrit dans une vague de répression des ZADs sans précédent. D’une part pour mener à bien ces projets souvent prometteurs de juteux profits pour les quelques actionnaires de ces quelques entreprises privées (dans le cas du GCO…VINCI encore et toujours) au détriment de la nature et des finances publiques. D’autre part, les luttes qui s’y développent incarnent des critiques radicales au système capitaliste actuel.

Notre Dame des Landes (France)

À Notre Dame des Landes, après des décennies de lutte contre un projet d’aéroport d’un autre temps, les militant.e.s ont réussi à arracher une demi victoire au gouvernement et au géant VINCI : pas d’aéroport, mais la menace d’une normalisation de la zone et de ses modes de vies et projets porteurs d’espoirs précisément car ils avaient – avec ses habitant.e.s hétérogène – pu se développer hors des normes. Rentrer dans les cadres à travers les fameuses C.O.Ps ou « projets habitats » promettent de mettre à mal la fragile perspective d’une zone autonome et subversive construite au fil des années. Sans rentrer dans les importants débats idéologiques mettant en lumières les limites de la légalisation, les projets agricoles concernés risquent de faire face aux normes productivistes et à l’endettement paysan meurtrier maintenant ordinaire dans le monde de l’agriculture (le suicide est la cause de mortalité principale des paysan.e.s françai.se.s, endetté.e.s jusqu’à 500.000 euros pour des petites exploitations [3]). La violence des opérations policières a marqué les esprits, et la troisième phase, prévue pour début octobre, aura pour mission d’exterminer ce qu’il reste de la lutte « contre son monde » en expulsant les derniers/ères occupant.e.s refusant de se plier aux normes de l’État français. Il n’est pas trop tard pour converger vers NDDL et continuer à reconstruire, inventer et résister.

Bure (France)

Durant la même période du printemps 2018, ce sont les militant.e.s anti-CIGEO à Bure qui ont fait face et continuent aujourd’hui à faire face à la répression : expulsions, perquisitions, procès, bavures policières et enfermements, autant de mesures qui témoignent de l’obsession du pouvoir en place de continuer à investir dans l’impasse nucléaire et de faire taire les critiques. L’ANDRA [4] s’apprête à commencer les travaux alors même que l’autorisation n’a pas encore été donnée [5] et des arrêtés préfectoraux particulièrement restrictifs [6] sont en vigueur dans le département, un déni de démocratie devenu usuel dans la région. Le site d’information écologiste et sociale indépendant Reporterre produit une bonne analyse de la situation sociétale et économique, citant Jean-Bernad Levy, le PDG d’EDF : « Si je devais utiliser une image pour décrire notre situation, ce serait celle d’un cycliste qui, pour ne pas tomber, ne doit pas s’arrêter de pédaler. [7] ». Une image appropriée, nous lui devons ça ! Mais où nous mène cette course effrénée ? Ne vaudrait-il pas mieux laisser les géants nucléaires tomber pour ensuite réussir à se relever, ensemble, vers un futur économiquement et écologiquement soutenable, plutôt que de fermer les yeux face au gouvernement qui continue à sponsoriser ce coureur voué à perdre en fin de course, nous entraînant tou.te.s dans sa chute ? Au delà de la dette écologique inhérente au nucléaire (aussi bien envers les populations du Sud pillées de leurs ressources ou irradiées suite aux essais nucléaires qu’au Nord où les déchets radioactifs ont des conséquences inconnues s’étalant sur des milliers d’années), l’énergie nucléaire est une source d’endettement financier public et privé colossale (coûts de construction colossaux amortis par le public et par la surfacturation des ménages fournis en électricité, exonérations fiscales, subsides indirects, coûts des démantèlements assumés par le public) [8]. Un cycle sans fin dont la sortie ne semble que peu probable dans le paysage politique français actuel. Des exemples, pourtant, nous montrent qu’en se rassemblant, on peut empêcher les plus grands projets du capital (l’aéroport de NDDL, le Larzac, la centrale de Plogoff, la Trans Mountain Pipeline,..) et faire plier son bras armé, l’État : continuons le combat contre la poubelle nucléaire et son monde !

La forêt de Hambach (Allemagne)

Alors que l’Allemagne, elle, prétend si bien s’atteler à la transition énergétique, les autorités semblent trouver approprié d’envoyer 3.500 policier.s cagoulés dissimulant leurs numéros d’identification pour violemment expulser les 150 militant.e.s qui, depuis six ans, protègent les 10% restant d’une forêt primaire (!) menacée par l’insatiable appétit en charbon du géant de l’énergie allemande : RWE.

RWE, classée première pollueuse d’Europe et 12e entreprise allemande avec un chiffre d’affaires de 61,8 milliards d’euros en 2015, semble peu concernée par l’urgence climatique et la prochaine sortie du charbon annoncée hypocritement par l’Allemagne [9]. En effet, RWE recevra du gouvernement allemand des centaines de millions d’euros de compensation pour la sortie du nucléaire accélérée et compte bien, dés le 1er octobre, abattre 100 hectares de forêt pour pouvoir exploiter les sous-sols avant que la commission pour la sortie du charbon rende son verdict sur les modalités de cette sortie. La France, signataire des accords de Paris, n’est pas épargnée par cette hypocrisie. En effet, alors que la Caisse des dépôts et consignations est concernée par les impératifs de lutte contre le changement climatique, celle-ci à investit des milliards d’euros dans l’entreprise RWE, provenant notamment des Fonds de réserve pour les retraites [10] ! Un scandale à l’heure où la baisse des retraites est une réalité, tout comme l’urgence climatique.

« C’est un combat très symbolique, contre le capitalisme, contre ces entreprises qui détruisent la planète, explique Sara, une militante francophone [déjà en janvier 2018]. RWE promet de créer une nouvelle forêt un peu plus loin, mais il faudra très longtemps pour qu’un écosystème équivalent à celui de Hambach s’y développe » [11].
En effet, la forêt de Hambach regorge de biodiversité, dont des espèces protégées. Alors que nous vivons de plein fouet une vague d’extinction, l’accumulation capitaliste basée sur la destruction des écosystèmes et l’exploitation par le travail n’est toujours pas fondamentalement remise en question par les gouvernements. Le verdict en faveur du géant prononcé par la justice allemande après des années de batailles avec la société civile, ainsi que les opérations policières d’évacuation en témoignent. Ende Gelände déclare : “C’est un scandale que le gouvernement régional protège ici les profits des entreprises et non le climat. » [12]. Comme en France, les forces du désordre sont au service du capital : « Après l’opération, nous surveillerons les individus et les véhicules qui tenteront de venir ici afin d’empêcher la reconstruction de ce qui a été si péniblement démantelé », a déclaré Paul Kemen, porte-parole des forces dites de l’ordre [13]. Quelques jours après cette déclaration, Steffen, militant et photojournaliste, est décédé suite à une intervention policière le 19 septembre [14]. Malgré la répression brutale, les résistances s’organisent pour entraver l’avancée des travaux et appellent à rejoindre le terrain. Suite a la mort de Steffen, l’arrêt immédiat des opérations est exigé.

Haren (Belgique)

En Belgique, ce sont les militant.e.s de la ZAD de Haren qui se sont fait.e.s évacuer cet été des 18 hectares de terres cultivables qu’ils et elles protègent d’un méga-complexe pénitentiaire qui coûterait près de 3 milliards au gouvernement fédéral et donc aux contribuables. Là encore, nous sommes témoins d’une incapacité de remettre en question les grandes lignes du système capitaliste et « démocratique ». Au delà du non-sens économique de cette méga-prison (qui profitera surtout aux constructeurs et fournisseurs – l’emprisonnement est une réel business et le consortium des entreprises engagées sur ce projet ne s’en cachent pas du tout), la justification – c’est à dire construire plus de prisons pour faire face à la surpopulation carcérale – ne tient pas debout : il serait beaucoup moins cher et beaucoup plus souhaitable du point de vue de la réintégration sociale d’investir dans des alternatives aux prisons (comme en témoigne l’expérience suédoise [15], ce qui ne résout pas le débat plus général sur l’enfermement), qui se remplissent de plus en plus par des personne condamnées pour des peines mineures et donc ré-aménageables, ou condamnées à cause du nombres de lois répressives et de la précarisation grandissantes. Là encore, les résistances s’organisent et les collectifs engagés dans la lutte appellent à converger à Haren pour divers rendez-vous.

Conclusion

Quelle analyse tirer de ces expulsions répétitives ? Deux constats sont évidents.

Premièrement, le fait que ni le capital ni l’État ne renonceront d’eux même à un modèle économique insoutenable, destructeur et meurtrier : tout dépendra de nous. José Bové s’exprime sur le sujet : « Aujourd’hui, le projet du GCO revient à ajouter une autoroute à une autoroute existante : quand on a un problème de circulation, plutôt que de se demander comment le réduire, on se demande comment l’absorber, donc on double. Mais comme en même temps ça ne règle rien pour l’entrée à Strasbourg, on veut augmenter les voies, ce qui fait venir encore plus de camions. Au contraire, il faut inverser la logique du transport, et même se demander son intérêt et le type d’économie que cela induit. C’est un modèle global de mobilité qui est en jeu dans ce grand contournement. [16] ». En effet, il s’agit de dénoncer ces projets individuellement , mais surtout d’y voir une logique globale d’accumulation capitaliste qui se base sur l’extractivisme pour la création d’une illusion de plus-value à court terme. Sortir du système dette qui continue à soumettre des peuples et détruire des vies, tout comme affronter l’effondrement écologique, nécessite de fondamentalement remettre en question le fonctionnement de la société. De nombreux mouvements, comme le CADTM et des centaines d’autres à travers le monde proposent des alternatives viables à cette impasse. Les luttes contres ces grands projets, et plus particulièrement les communautés et collectifs qui s’y implantent font partie de ces alternatives [17].

L’acharnement de l’État Français, suivi de ses voisins, à attaquer ces « zones à défendre » sur tous les fronts en même temps, incarne le deuxième constat. Plus que résultant de la pression de divers lobbys non négligeables, il s’agit d’essouffler et d’étouffer ces luttes, qui osent remettre en cause la sacro-sainte croissance économique, et osent non seulement clamer, mais démontrer, qu’un autre monde est possible.

L’ennemi est de taille, certes, mais la force de la répression et la hâte employées pour la réalisation de ces projets dévoilent également un point faible. Des luttes similaires, anti-extractivistes, anti-capitalistes et mettant en pratique des alternatives existent aux quatre coins du mondes, en Asie, en Amérique Latine, en Europe, et en Afrique. Ce que les États tentent de détruire ne fait qu’agrandir notre détermination et la prise de conscience que nous sommes nombreux.ses à résister leurs logiques, et c’est cela, dont ils ont le plus peur. À nous de jouer !

Merci à Jérémie Cravatte et Robin Delobel pour la relecture.

Camille Bruneau

N.B : la mort de Steffen (dont la France est complice) est survenue après l’écriture de cet article, d’où le peu de lignes dédiées au regretté camarade qui s’ajoute à la trop longue liste des militant.e.s et/ou simples citoyen.e.s mort.e.s et assassiné.e.s dans le combat pour la nature et contre le capitalisme. À laquelle s’ajoute la longue liste des victimes de féminicides, d’intoxications, de la pauvreté, de la faim, du manque d’entretien d’infrastructures, des coupes budgétaires dans la santé, et autres instruments du système dette.

Pour soutenir ces luttes, vous pouvez vous informer sur :
https://zad.nadir.org/
https://zadresist.antirep.net/HomePage
https://manif-est.info/+-Bure-+.html
Sur la répression : https://manif-est.info/Brief-legal-en-c ... n-711.html
http://zaddumoulin.fr/
https://hambacherforst.org/
https://www.facebook.com/ZadHarenPatatistes/
http://haren.luttespaysannes.be/?lang=fr


Notes

[1] Franceinfo : ZAD du GCO de Strasbourg : “J’ai honte de ma France”, lance le maire de Kolbsheim en brûlant son écharpe
https://france3-regions.francetvinfo.fr ... 39466.html

[2] Hervé Kempf (2018) “José Bové : « Le GCO, c’est comme Notre-Dame-des-Landes : un projet dépassé vieux de 40 ans »”
https://reporterre.net/Jose-Bove-Le-GCO ... e-vieux-de

[3] Chiara Filoni et Camille Bruneau (2017) : “Deuxième journée de l’ESU pour l’équipe du CADTM !”
http://www.cadtm.org/Deuxieme-journee-de-l-ESU-pour-l

[4] Agence Nationale pour la gestion des Déchets RadioActifs

[5] Manif-est (2018) : “Début septembre à Bure : une semaine pour se retrouver et se préparer !”
https://manif-est.info/Debut-septembre- ... r-707.html

[6] Manif-est (2018) : https://manif-est.info/Viens-a-Bure-mais-sans-718.html

[7] https://reporterre.net/En-France-le-nuc ... ion-d-Etat

[8] Robin Delobel (2017) : “Les dettes que nous laisse le nucléaire” http://www.cadtm.org/Les-dettes-que-nous-laisse-le

[9] Valérie Laramée de Tannenberg (2018) : https://www.euractiv.fr/section/energie ... u-charbon/

[10] Amélie Canonne et Clémence Dubois (2018) : https://reporterre.net/La-France-est-co ... -a-Hambach

[11] Violette Bonnebas (2018) : https://reporterre.net/Le-charbon-menac ... -Allemagne

[12] Violette Bonnebas (2018) : “Pour permettre l’extension d’une mine de charbon, la police allemande évacue la Zad de Hambach” https://reporterre.net/Pour-permettre-l ... -evacue-la

[13] Zonebourse(2018) : RWE, https://www.zonebourse.com/RWE-436529/a ... -27257093/

[14] Violette Bonnebas (2018) : https://reporterre.net/Il-s-appelait-St ... nt-lors-de

[15] Suède : Quand la prison visa la rehabilitation : https://blogs.mediapart.fr/observatoire ... bilitation
https://www.liberation.fr/planete/2015/ ... nt_1204515
https://oip.org/analyse/suede-fermer-de ... rmination/

[16] Hervé Kempf (2018) “José Bové : « Le GCO, c’est comme Notre-Dame-des-Landes : un projet dépassé vieux de 40 ans »” https://reporterre.net/Jose-Bove-Le-GCO ... e-vieux-de

[17] Camille Bruneau (2017) : “Dans l’ombre des Grands Projets Nuisibles et Imposés : l’esquisse d’un monde sans dette ?”
http://www.cadtm.org/Dans-l-ombre-des-Grands-Projets


http://www.cadtm.org/Vague-d-expulsion- ... tique-d-un