La grève se durcit à l'usine Le Chameau - Cahan
« Le mouvement se durcit. Plus aucun camion ne rentre sur le site, et nous allons lancer un piquet de grève, 24 heures sur 24 », annonce Alain Lebas, pour l'intersyndicale FO-CGT (O.-F. de jeudi). Selon le syndicaliste, 47 des 55 ouvriers de production étaient en grève, hier, sur le site de Cahan. Les délégués syndicaux et la direction du site se sont entretenus au téléphone hier matin avec Romain Millet, directeur général du groupe.
« Sur notre revendication, rien n'a avancé, estime Alain Lebas. Le directeur général nous a dit de reprendre le travail pour qu'on puisse négocier. Il nous dit aussi qu'on mélangeait l'intéressement et les primes d'objectifs versées aux cadres. Mais ce que nous constatons, c'est qu'il y a de l'argent pour une certaine catégorie de personnel et pas pour les autres. »
Ambiance
C'est effectivement l'annonce d'une prime de 45 € par salarié « contre 1 500 à 3 500 pour les cadres » qui a mis le feu aux poudres, vendredi dernier. Ceci, alors que l'entreprise de fabrication de bottes se porte mieux (+ 8,8 % de chiffre d'affaires en 2012).
Le ressentiment pointe chez les salariés. « L'entreprise a beaucoup changé, assure un ancien. Ce n'est plus la même ambiance. Nous ne sommes que des pions sur une chaîne. Nous connaissons notre produit mais on ne nous demande pas notre avis quand il y a des retours de bottes. »
Les ouvriers se disent par ailleurs fatigués des nombreux changements d'encadrement. « Sans compter qu'il y a une prime de départ à chaque fois ! Pour ma part, j'ai plus de 30 ans de carrière, et je gagne 1 300 €. Alors les Restos du coeur et le Secours populaire, je connais, même avec un CDI. »
Emmanuel Lecomte, directeur industriel, regrettait hier la radicalisation du mouvement, alors que « des signes d'ouverture et de dialogue » ont été donnés : « Par téléphone, M. Millet a proposé d'avancer sa venue à lundi, pour rencontrer tous les salariés, et de donner une prime supplémentaire de qualité pour tout le monde ».
Des arguments manifestement pas suffisants pour les salariés.
